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Je vous souhaite la bonne année

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no edit summary


<font size="+2">séminaire oral du 8 janvier 1974</font>
<p><font size="+2">Jacques Lacan</font>

<br><font size="+2">1973-74</font></p></center>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>

<center><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144"></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">En rapport avec les documents sonores
disponibles en archives au groupe
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
le texte proposé sur cette page est une transcription écrite
intégrale de la séance, relue à l'aide de la bande
son, ( janvier 2002).</font></font>
</p><center>
<hr size="3" width="80%"><font color="#10073f"><font size="+1">transcription
de la version sonore originale</font></font></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;</font> <font size="-1">Je
vous souhaite la bonne année, hein, quoique naturellement plusieurs
personnes, j'imagine, l’aient ici, l'aient ici commencée mal. J'en
suis, d'ailleurs. Je suis de ceux-là. De sorte qu'après tout,
mon envie était de m'excuser sur le fait que le mardi par lequel
a commencé l’an<a></a><a></a>née n'était de ce fait pas un vrai
mardi et de vous renvoyer au suivant. C'aurait été une bonne
façon de me débarrasser de mon devoir d'aujourd'hui...</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'en reste encore,
il faut le dire, très tenté, il n'y a qu'une seule chose
qui me retient, faut vous le dire, c'est qu'aujourd'hui, vous êtes
moins nombreux. Je vous en suis si reconnaissant que c'est peut-être
ce qui va me pousser, comme ça, cahin-caha, à énoncer
quelques-unes des choses que, forcément, je continue à cogiter,
comme ça sur cette habitude. Le fait aussi que ce matin, on a beaucoup
dérangé ma secrétaire, pour demander si je le faisais,
bien effectivement, et comme je ne lui ai fait aucune confidence, elle
a répondu oui. Parmi ceux-là, mon Dieu, il y en avait quelques-uns
qui étaient plutôt parmi les meilleurs, si j'en crois certains
noms qu'on m'a rapportés. Alors comme ils se sont dérangés
aussi, ceux-là, les meilleurs, je vais essayer d'y aller.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors partons
de ceci, partons de ceci auquel je ne tiens pas particulièrement
à savoir que les mots aient un sens, et que ce soit un fait, quoique
le problème soit à partir de ce fait, de savoir où
les loger. C'est bien ce que j'ai... - loger ces mots bien sûr, il
faut quand même vous mâcher les choses - c'est bien l'effort
que j'ai fait, que j'ai fait la dernière fois, à partir de
l'amour. C'est un fait que je partais de ça : que le mot existe.
Et c'est en quoi la chose, la chose est à concevoir comme possible.
Ce qui se traduit dans mon dire de ce qu'elle se fonde, la chose, la chose
amour, qu'elle ne se fonde - puisqu'il s'agit seulement de sa possibilité
- elle se fonde comme je l'ai dit de cesser de s'écrire. C'est-à-dire,
de ce qu'il en reste de ça, qu'elle cesse de s'écrire. Ce
qu'il en reste, je l'ai articulé, depuis ce temps, depuis ce temps,
presque infini pour moi, que je me répète, à savoir
la lettre d'<i>a</i>mur. La lettre d'<i>a</i>mur en tant que, enfin, ça
ne fait rien d'autre qu'un tas. Un petit tas, d'habitude, pas beaucoup
plus. C'est au moins comme ça que j'ai lu, traduit en Italien, mon
fameux objet avec lequel ce petit <i>a</i> des lettres d'<i>a</i>mur n'a
bien entendu que le plus mince rapport.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ça
n'empêche pas que je dis des choses qui prennent leur air de sérieux
de ce que je traduis du sériel. C'est un fait aussi, que j'échange
l'ordre de la série qui se répète, soit ce qu'on appelle
l'ordinaire. Tout est-il là, de mon dire, de changer l'ordre ordinaire
? C'est à quoi je voudrais aujourd'hui apporter argument.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Argument propre
à donner sens à des fonctions plus purement cardinales. C'est
ce que j’essaie de faire avec mon noeud borroméen. Vous le savez,
cette distinction du cardinal et de l'ordinal, elle... le pas n'a été
franchi seulement grâce à la théorie des ensembles,
c'est-à-dire grâce à Cantor. En quoi ça peut-il
nous servir pour ce qu'il en est de l'exploration d'un discours nouveau,
vous le savez, c'est ainsi que je désigne le discours analytique.
Lequel discours s'est annoncé d'un décantage du sens.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que
ça veut dire
<i>décantage</i>, dans l'occasion ? C'est proprement,
et c'est en cela que la métaphore du décantage ici se soutient,
c'est proprement de la condensation de ce qui, du sens, se concentre par
ce discours de ceci que le sens, le sens des mots, ne fait qu'appareil
pour ce que nous appellerons si vous le voulez bien rien de plus : le coït
sexuel. C'est ça le nouveau du discours analytique. Et c'est ce
qu'il faut bien dire, si c'est bien ce qui, de ce discours, est nécessaire,
il n'est nécessaire qu'en ceci, et c'est bien pourquoi j'infléchis
ainsi le sens du
<i>nécessaire</i>, c'est que sa caractéristique,
dans ce discours, c'est que ce discours ne cesse pas de l'écrire.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que c'est
vrai pour autant ? C'est vrai de cette sorte de vérité qu'instaure
ce discours, à savoir d'une vérité du moyen, si tant
est que certains se souviennent de la façon dont la dernière
fois, et justement, concernant l'amour, j'ai distingué par ce qu'il
en est du noeud borroméen, la fonction du moyen comme tel. Le moyen
justement, c'est ce qui ne fait noeud qu'à ce qu'il y ait un ordre.
A savoir que, pour prendre ces "uns" que constituent, disons sans plus,
les ronds de ficelle, il n'y en a qu'un des trois qui, tranché,
libère les deux autres, c'est ce que vous voyez dans une chaîne
à trois, à trois chaînons ordinaires, il n'y en a qu'un
des trois qui libère les deux autres. La distinction qu'il y a entre
cette chaîne, cette chaîne dont, semble-t-il, il est sensible
que ce soit là l'ordre du Symbolique : un sujet, un verbe, et ce
que vous voudrez, un complément... un, deux, trois, peut, ayant
cet ordre, cet ordre qu'il y a quelque chose qui fait moyen, et c'est cela
même qu'on appelle, avec l’ambiguïté de ce mot, le verbe,
on peut commencer par le complément et finir par le sujet, mais
c'est le verbe qui fait moyen.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En quoi il s'entrevoit,
à la limite, que le langage, lui, n'est pas fait de mots ; car c'est
le lien par quoi du premier au dernier, le moyen établit cette unité
qui seule est à rompre pour que le sens disparaisse : c'est bien
ce qui montre que le langage n'est pas fait de mots, et en quoi ce qu'on
appelle, car c'est cela et rien de plus qu'on appelle une proposition,
une proposition c'est l’effacement au moins relatif, je dis ça "au
moins relatif" pour vous faciliter l'accès aux choses, c'est l'effacement
du sens des mots.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qui n'est
pas vrai de la langue,
<i>lalangue</i> comme ritournelle, vous savez que
je l'écris en un mot, <i>lalangue</i>. Si elle en est faite, du
sens, à savoir comment, par l’ambiguïté de chaque mot,
elle prête, elle prête à cette fonction que le sens
y ruisselle. Il ne ruisselle pas dans vos dires. Certes pas. Ni dans les
miens non plus. C'est bien en quoi, c’est bien en quoi le sens ne s'atteint
pas si facilement. Et ce ruissellement dont je parle, comment l'imaginer
? C'est le cas de le dire. Comment l'imaginer si c'est un ruissellement
qu'arrêtent enfin des coupelles ? Car <i>lalangue</i>, c'est ça.
Et c’est même là le sens à donner à ce qui cesse
de s'écrire. Ce serait le sens même des mots, qui dans ce
cas se suspend. C’est en quoi le mode du possible en émerge. Qu'en
fin de compte, quelque chose qui s'est dit cesse de s'écrire, c'est
bien ce qui montre qu'à la limite tout est possible par les mots,
justement de cette condition qu'ils n'aient plus de sens.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et cela même
que je vise cette année, c'est à ce que vous ne confondiez
pas les mots avec les lettres, puisque ce n'est que des lettres que se
fonde le nécessaire, comme l'impossible, dans une articulation qui
est celle de la logique. Si ma façon de situer les modes est correcte,
à savoir que ce qui ne cesse pas de s'écrire, le nécessaire,
ce qui ne cesse pas de s'écrire, le nécessaire, c'est cela
même qui nécessite la rencontre de l'impossible, à
savoir ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire, qui ne peut s'aborder
que par les lettres. C'est bien là ce que, ce que ne permet d'aborder
par quelque dire que la structure que j'ai désignée de celle
du noeud borroméen, c'est en quoi, la dernière fois, l'amour
était un bon test de la précarité de ces modes. Il
est porté à l'existence, cet amour, ce qui est bien le fait
de son sens même, par l’impossible du lien sexuel avec l'objet, l'objet
quelle qu'en soit l'origine, l'objet de cette impossibilité. Il
y faut, si je puis dire, cette racine d'impossible. Et c'est là
ce que j'ai dit en articulant ce principe : que l'amour, c'est l'amour
courtois.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est
évident que l’(a)musant, si je puis m'exprimer ainsi, c'est là-dedans
l'amour du prochain en tant qu'il se soutient de vider l'amour de son sens
sexuel. C'est en cessant d'écrire le sens sexuel de la chose, qu’on
la rend, comme c'est sensible, qu'on la rend possible. C'est-à-dire
pour autant, il faut bien le dire, qu'on cesse de l'écrire. Une
fois arrivée, la chose, l'amour, il est évident que c'est
à partir de là qu'elle s'imagine nécessaire. C'est
bien le sens de la lettre d'amour, qui ne cesse pas de s'écrire
mais seulement pour autant qu'elle garde son sens, c'est-à-dire
pas longtemps.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est bien en
quoi intervient la fonction du Réel. Ainsi l'amour s'avère
dans son origine être contingent et du même coup s'y prouve
la contingence de la vérité au regard du Réel. Car
ces modes sont véritables et même définissables en
fait par notre épinglage de l'écriture. Ils écartèlent,
si je puis dire, la vérification de l'amour et d'une façon
qui par une des ses faces, c'est certain, fonde ce qu'on appelle sagesse.
A ceci près que la sagesse ne peut être d'aucune façon
ce qui résulte de ces considérations sur l'amour. La sagesse
n'existe que d'ailleurs. Car dans l'amour, elle ne sert à rien.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour mon noeud
dit borroméen et le fait que je m'efforce d'égaler mon dire
à ce qu'il comporte, si ce qu'il noue comme je l'énonce,
c'est proprement l'Imaginaire, le Symbolique et le Réel, ceci ne
tient qu'à ce qu'il commande que j'énonce de ce seul fait,
que je les noue du noeud borroméen, que chacun des trois ne se produise
que d'une consistance qui est la même pour les trois. A savoir que
sous l'angle où je les prends cette année dans mon dire,
il n'y a que l'écriture qui les distingue. Ce qui est ici, tautologie,
s'ils ne sont pas écrits tous les trois, je viens de dire qu'ils
sont les mêmes, il n'y a que l'écriture qui les fait trois.
Ce qu'il faut bien articuler, c'est que c'est dans l'écriture du
noeud même, car réfléchissez bien, ce noeud, ce ne
sont que des traits écrits au tableau, c'est dans cette écriture
même que réside l'événement de mon dire.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mon dire pour
autant que cette année je pourrais l'épingler de faire ce
que nous appellerions votre éducation, si tant est que c'est à
mettre l’accent sur le fait que les non-dupes errent, ce qui n'empêche
pas que ça ne veut pas dire que n'importe quelle duperie n'erre
pas, mais que c'est à céder à cette duperie d'une
écriture pour autant qu'elle est correcte que peuvent se situer
avec justesse les divers thèmes de ce qui surgit, surgit comme sens,
justement du discours analytique.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faudrait
que là-dessus j'y aille tout de suite, si quelque chose ne me disait
pas que vous êtes de ce dire si... sonnés dirai-je, sonnés
déjà qu'il faut bien que je fasse d'abord un filtre, ce qui
est un mode d'écriture précisé par la mathématique
au principe même de la topologie, un filtre dont ces mots retrouvent
leur sens, je veux dire ce comme quoi ils fonctionnent dans l'ordre sexuel,
lequel ordre, c'est patent, n'est que le principe d'un ordinaire. En d'autres
termes justifier, non eux les termes de cet ordre, mais cet ordre d'eux,
à ceci près, vous allez le voir car c'est là ce qu'aujourd'hui
j'ai à dire ne sachant pas qui me suivra, le noeud a une fonction
tout autre, tout autre que de fonder cet ordre, l'ordre quelconque dans
lequel vous pourriez enchâsser le Symbolique, l'Imaginaire et le
Réel. Ce qu'il nous faut trouver, ce n'est pas la diversité
de leur consistance, c'est cette consistance même, à savoir
ce qu'on ne peut pas dire, cette consistance même en tant qu'elle
ne les diversifie pas, mais seulement qu'elle les noue.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour vous affranchir,
donc, puisque je présume non sans raison vous avoir sonnés,
il faut que je vous raie-, r,a,i,e, tiret,<i> </i>sonne. C'est-à-dire
que j'en remette.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L’imaginaire
se distingue en sens... de ce qu'il s'imagine, comme qui dirait, si tant
est qu'ils disent peut-être parmi vous, il faut quand même
que vous y regardiez de plus près, (bruits de craie au tableau)
pour dire alors que cela ne va pas de soi, et pour cette raison que peut-être
vous manqueriez, que ce n'est pas le privilège de l'Imaginaire.
Car le Symbolique, qu'est-ce que je fais d'autre que de tenter de vous
le faire imaginer ? Laissez-moi croire que j'y parviens. Quant au Réel,
ben, ça va, c'est de ça qu'il s'agit cette année,
il s'agit de voir ce qu'il y a de Réel, justement dans le noeud
borroméen.</font></font>

</p><p><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est pourquoi
j'ai commencé, commencé dans ma deuxième articulation
devant vous, dans mon deuxième séminaire, qu'on appelle ça,
j'ai commencé par dire qu'il n'y a pas d'initiation.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il n'y a pas
d'initiation, je veux dire qu'il n'y a que le voile du sens, qu'il n'y
a de sens que ce qui s'opercule, si je puis dire, d'un nuage :
<i>nuptiae</i>
ne s’articule en fin de compte que de <i>nubes.
</i>C'est ce qui voile
la lumière qui est tout ce en quoi les <i>nuptiae,
</i>les rites
du mariage, soutiennent leur métaphore.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il n'y a rien
d'autre derrière que ce en quoi il faut s’en tenir, au support du
semblant. Certes, en tant que ce semblant est semblable à l'articulation
de ce qui ne peut se dire que sous la forme d'une vérité
énoncée.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C’est-à-dire
que comme dévoilement nécessaire, c'est-à-dire incessant.
L'articulation, c'est le noeud, en tant que la lumière ne l'éclaire
pas, qu'il n'y a nul éclaircissement, bien plus qu'il rejette toute
lumière dans l'Imaginaire. Et ce que j'énonce, ce qui est
ma visée cette année, c'est justement de vous dire que l'Imaginaire
parce qu'il est lui-même de l'ordre du voile, n'en noircit pas pour
autant. La consistance est d'un autre ordre que l'évidence. Elle
se construit de quelque chose dont je pense qu'à le supporter des
ronds de ficelle, il passera quelque chose de ceci que je vous <nobr>dis
:</nobr> que c'est bien plutôt l'évidement.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le cercle, lui,
fait intuition, il rayonne. Il ne s'agit pas de l'obscurcir. C'est lui
qui fait l'Un. Il s'agit, du nœud, d'en recevoir l'effet. De recevoir l'effet
comme de son Réel, à savoir qu'il n'est pas Un. Le nœud,
le noeud borroméen, son Réel, c'est de ne tenir qu'à...&nbsp;
je n'ose pas dire être, il n'est pas trois, il fait tresse. Il fait
tresse, et c'est là qu'il faut voir en quoi ce que j'ai avancé
tout à l'heure, à savoir que l'ordre n'y est pas essentiel,
est là le point important.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut que
vous sentiez bien ceci : c’est que de les ranger à trois, en tant
que nombre cardinal, je vous demande pardon de l'aridité de ce que
j'ai à vous dire aujourd'hui, ceci, qui est propre au trois, ceci
n'implique nulle ordination. Quoi qu'il vous en semble, à savoir
que 1, 2, 3, ça commence à Un, quoi qu'il vous en semble,
il n'est pas possible de bien ordonner 1, 2, 3 à cette seule condition
que ça se répète, et c'est ce qui se produit dans
le nœud borroméen. Mais ça n'est pas seulement à cause
du nœud borroméen, c'est à cause du nombre cardinal, 1, 2,
3, qu'ils soient noués ou pas.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que
ça veut dire ce que je viens de dire ?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est que à
trois cardinal, on ne peut faire, à cette seule condition qu'il
n'y en ait pas deux mêmes à la suite, on ne peut faire à
les écrire que de trouver tous les ordres tels qu'ils seraient cogitables
par une combinatoire.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Écrivez
au tableau 1, 2, 3&nbsp; - 1, 2, 3, rien ne vous empêche de les lire,
à cette seule condition de les prendre dans l'ordre palindromique,
c'est-à-dire à l'envers, de gauche à droite, au lieu
de... de droite à gauche au lieu de gauche à droite : 1,
3, 2.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ceci veut dire,
à partir du nœud, du nœud borroméen, ceci, que je vais tâcher
de vous mettre au tableau,
<i>donnez-moi une craie, </i>voilà comment
je le simplifie le nœud borroméen.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il vous suffira,
pour voir que c'est bien de cela qu'il s'agit, de le compléter ainsi,
à savoir ce qui se résume à ces trois traits centraux
pour autant que ce sont eux qui marquent comment le nœud se tient.</font></font>
</p><center>
<p><img src="ndup5a.gif" alt="nondup 5a ... ce qui se résume à ces trois traits centraux pour autant que ce sont eux qui marquent comment le noeud se tient." height="155" width="165"></p></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce nœud, je le
retourne.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que
ça va donner ? Le propre d'un nœud, quand il est mis à plat,
dimension essentielle, car le nœud borroméen, je pense vous l'avoir
fait remarquer quand je vous ai montré une petite construction en
cube que je vous avais apportée je ne sais plus quelle fois, la
fois dernière ou je crois plutôt l'avant-dernière...
<sup><a href="#1">1.</a></sup>

c'est fait comme ça.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et pour m'éviter
le casse-tête de faire les petites interruptions qu'il convient,
notez qu'il se complète de ceci, c'est ça qui le constitue,
il a dans, disons, les trois plans, dans lesquels se situait ma petite
construction, il a dans les trois plans la symétrie complète...&nbsp;
voyez bien qu'ici celui-là est à mettre, à bien faire
sentir comme étant au-dessous de celui qui le coupe, c'est d'une
mise à plat que procède l'autre écriture que j'ai
donnée du nœud borroméen.</font></font>
</p><center><img src="ndup5b.gif" alt="nondup 5b une petite construction en cube" height="234" width="210"></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'en dire à
partir du moment où, de l'avoir mis à plat, je le retourne
?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut au simple
fait lié au fait que l'écriture implique que I'<i>over-crossing</i>,
le croisement supérieur soit écrit ainsi, à savoir
qu'il coupe ce qui est le <i>under-crossing,

</i>le croisement par en-dessous,
qu'est-ce que ça va donner si nous le retournons ? Ce qui était
par en dessous vient en dessus. Eh bien, je pense qu’il ne sera pas nécessaire
que je complète, que je complète ces trois traits pour que
vous voyiez bien que, à retourner le nœud, le nœud borroméen,
ce que vous allez trouver au bout du compte, c'est quelque chose qui se
distingue de ceci : que ça n'est pas son image en miroir que vous
allez trouver, bien sûr, comme ce serait, par exemple, pour l'orientation
de chacun de ces cercles, si vous les orientiez, je ne m'y avance pas encore,
si vous orientiez... un cercle quelconque, si vous le retournez, ce que
vous avez, c'est son image dans le miroir.</font></font>
</p><center>
<p><img src="ndup5c.jpg" alt="nondup 5c" height="95" width="164"></p></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">Bien loin de là, quand vous
retournez le nœud borroméen,</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">(cris fond de la salle)... bien
loin de là, quand vous retournez le nœud borroméen, vous
avez une... un tout autre aspect qui en aucun cas ne représente
l'image en miroir du premier aspect. Loin que le sens, l'orientation telle
qu'elle se définit, par exemple, tout simplement, de la montre,
c'est le cas de le dire, le sens des aiguilles d'une montre, si vous retournez
la montre, ça devient le sens inverse, c'est-à-dire l'image
en miroir. Au contraire, le nœud borroméen reste ce qu'il est, à
l'avoir retourné, c'est à savoir que la seconde image, l'image
retournée, est exactement dans le même sens que la première,
c'est-à-dire lévogyre.</font></font>
</p><center><img src="ndup5d.gif" alt="nondup 5d sens lévogyre" height="186" width="170"></center>

<p><font color="#10073f"><font size="-1">Vous comptez bien qu'il peut y avoir
un autre sens, à savoir celui-ci, qui serait dextro, c'est-à-dire
le sens des aiguilles d'une montre.</font></font>
</p><center><img src="ndup5e.gif" alt="nondup 5e sens dextrogyre" border="0" height="127" width="215"></center>
<font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Etant donné
ce que je vous ai fait remarquer tout à l'heure, à savoir
que l'ordre dans le trois, et du fait que justement d'1, 2, 3, il suffit
de renverser le sens, d'aller dans le sens palindromique pour y trouver
n'importe quel ordre, vous trouvez là une distinction de l'effet
d'ordre avec ce que vous me permettrez d'appeler l'effet du nœud, ou autrement
l'effet de nodalité.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est en ceci
qu'il convient, qu'il convient que vous souveniez de ce que j'ai énoncé
d'abord, à savoir que du nœud c'est la ternarité pure et
simple, à savoir que la portée de cette ternarité
ne se soutient que de ceci : nous ne les avons faits, d'abord... nous ne
les avons pris que sous l'angle de ce qui ne les distingue entre eux par
aucune qualité qu'il n'y a aucune diversification de l'Imaginaire
par rapport au Symbolique et au Réel, que leur substance n'est pas
diverse, que nous n’en faisons pas des qualités, que simplement
nous les considérons sous l'espèce de cette consistance qui
les fait chacun un.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Puisque j'ai
employé le mot de qualité qui est un nom féminin,
est-ce que je dirai que leur qualité est <i>une</i>, ce serait une
bonne occasion d'emmancher là autour de l'Un ce qu'il en est de
<i>un</i>
si nous le prenons comme qualificatif.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que lalangue,
lalangue en tant qu'elle a un sens, est-ce que lalangue permet d'égaler
<i>un</i>
à
<i>une</i> ?</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que <i>une</i>
n'est pas un mode différent de <i>un</i> ?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce serait un
biais, il faut le dire, assez comique, de faire rentrer au niveau de l'un
la dualité.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>Yad'lun</i>,
ai-je dit, mais aussi quand je l'ai dit que c'est là dont se fonde
quoi ? Uniquement, c'était le sens de ce que j'ai avancé
à la fin de mon séminaire de l'année dernière,
uniquement l’énumérable, à savoir l'aleph zéro,
et rien de plus, c'est-à-dire ce qui se dit être un <i>Un</i>,
mais en tant qu'à dire <i>c'est un Un</i>, c'est le couper de toute
ordination. C'est ne le prendre et c'est ce que seul permet Cantor, sous
son aspect purement cardinal.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Certes, me direz-vous,
il ne peut le faire, si tant est que vous me disiez quelque chose, il ne
peut le faire qu'à aliéner son unité dans l'ensemble,
moyennant quoi les éléments ne gardent plus rien de cette
unité, qu'à être ouverts à ce qu'on en fasse
le compte, c'est-à-dire la computation subjective, ce qui n'empêche
pas que l'objectivité de l'un, je dirai, ne fait question qu'à
ceci que c'est qu'elle n'est sûrement pas sans réponse. Et
cette réponse, c'est justement en quoi j'énonce qu'elle est
dans le trois.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que
le trois fait d'un, s'il n'y a pas le deux ?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que simplement
à ce qu'il y en ait trois, l'aleph zéro est déjà
là ?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est certain
que si j'énonce que de deux il n'y a pas, parce que ça serait
inscrire du même coup dans le Réel la possibilité du
rapport tel qu'il se fonde du rapport sexuel, est-ce que ce n'est que par
le trois et, comme je l'ai écrit l'autre fois au tableau par la
différence de un à trois que procède ce deux, est-ce
que tout ceci nous porte à poser la question qu'il a fallu, pour
que nous fassions ce pas, qu'aleph zéro ait cessé de ne pas
s'écrire ?</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Autrement dit
que c'est la contingence, l'événement du dire de Cantor qui
nous permet seulement d'avoir un aperçu sur ce qu'il en est, non
pas du nombre, mais de ce que constitue dans sa ternarité le rapport
du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel, faut-il que de sa contingence
donc, à ce dire de Cantor, nous passions au nécessaire de
ce qu'il ne cesse plus, cet aleph zéro, de s'écrire, qu'il
ne cesse plus de s'écrire désormais pour que subsiste quoi
? rien d'autre qu'une notion de vérité.</font></font>
<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La vérité,
en effet, jusqu'à présent dans la logique, n'a pu consister
jamais qu'à contredire. Elle est dans le dualisme du vrai et du
faux. Le vrai n'étant que supposé au savoir, en tant que
le savoir s'imagine, c'est là son sens, comme connexion de deux
éléments. Et c'est justement en quoi il est imaginaire. Si
l'Un, si un Un, un Un tiers ne vient pas le connecter au prix d'y faire
rajout. Rajout pas du même cercle catégorique, pas du même
ordre, disais-je tout à l'heure, mais provenant de la nodalité.</font></font>

<br><font color="#10073f"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Eh bien, puisque,
aujourd'hui, il a fallu que je me force pour vous mener jusque là,
vous me permettrez de m'y tenir et après tout, s'il y en a que ça
a découragé, je n'y vois pour moi aucun inconvénient,
puisque la seule raison pour laquelle je vous ai parlé aujourd'hui,
c'est que vous étiez moins nombreux.</font></font>
<p>
</p><hr size="3" width="80%">
<br><font color="#10073f"><font size="-1">1.&nbsp;<a name="1"></a> (à
57'40, brève coupure et vif bruit de fond musique)<a></a><a></a></font>









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