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Bon, eh bien, j'espérais

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no edit summary



<font size="+2">séminaire oral du 15 janvier 1974</font></ul>
</ul>

</ul>
</ul>
</ul>
</ul>

<center><font size="+2">Jacques Lacan</font>
<br><font size="+2">1973-74</font>
<p><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144"></p><a></a><a></a></center>

<p><font size="-1">En rapport avec les documents sonores disponibles en archives
au groupe
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
le texte proposé sur cette page est une transcription écrite
intégrale de la séance, relue à l'aide de la bande
son, (2002).</font>
</p><center>
<p><font size="+1">transcription de la version sonore originale</font></p></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Voilà vous m'avez vu la dernière
fois un petit peu dépassé par votre nombre, comme il est...
ça me laisse l'espoir qu'il se réduise, alors je continue.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp; L'inconvénient de ce nombre, c'est
que, j'y pensais tout à l'heure, je suis... je suis amené,
enfin, à chaque fois, à… à pencher, enfin, vers ceci
que si je vous parle, ça ne peut être que pour la première
fois. C'est-à-dire que c'est une notion d'ordre. Cette notion d'ordre
évidemment me gêne et c'est d'où j'essaie de sortir
en vous montrant autre chose, c'est à savoir qu'il y a la nodalité.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour le dire, n'est-ce pas, la question
est de savoir ce que le savoir inconscient, là, forcément,
je vois bien que... je vois bie<a></a><a></a>n que j'enchaîne, à savoir
que, le savoir inconscient, je le pose. Je le pose comme ce qui travaille.
Et ce qui travaille peut travailler, il n'y a de prise quelconque du travail,
il n'y a de prise quelconque du travail que dans un discours. Il s'agit
de fonder ce qui travaille dans le discours analytique.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; S'il n'y avait pas de lien social,
et de lien social en tant qu'il est fondé par un discours, le travail
serait insaisissable. Disons, avec I'ironie que ça comporte, que
dans la nature, ça ne travaille pas. Alors, il semble bien, enfin,
que, c'est d'ailleurs ce qui la fonde, la nature, l'idée que nous
en avons, c'est le lieu, c'est le lieu où ça ne travaille
pas.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le savoir, le savoir en tant qu'inconscient,
en tant qu'en nous "ça travaille", semble donc impliquer une supposition.
C'est une supposition, me direz-vous, pour laquelle nous n'avons pas besoin
de nous forcer, puisqu'en somme, c'est nous-même le sujet, I'<i><font face="Symbol">upokeimenon</font></i>,
tout ça, ça veut dire exactement la même chose, à
savoir qu'on "suppose" que quelque chose existe, qui s'appelle, que j'ai
désigné comme l'être parlant, ce qui est un pléonasme,
parce qu'il n'y a d'être que de parler, s'il n'y avait pas le verbe
être, il n'y aurait pas d'être du tout.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Néanmoins, néanmoins,
nous... nous savons bien que le mot <i>d'exister</i> a pris un certain
poids. Un poids en particulier par le quanteur, le quanteur de l'existence.
Le quanteur de l'existence, en réalité, a tout à fait
déplacé le sens de ce mot ex-sister, et si même je
peux l'écrire comme je l'ai écrit <i>ex, tiret, sister</i>,
<i>ex-sister</i>
c'est justement là en quoi... en quoi se... en quoi se marque l'originalité
de ce quanteur.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Seulement, voilà. L'originalité
ne fait que déplacer l'ordre, à savoir que ce qui ex-siste,
c'est cela qui serait originaire. C'est à partir de l'ex-sistence
que nous nous trouvons ré-interroger ce qu'il en est, ce qu'il en
est de la supposition.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Simple déplacement, en somme.
Et ce que j'essaie, ce que j'essaie de, ce que j'essaie de faire cette
année, hein, avec mes non-dupes, c'est de voir de quoi en somme
il faut être dupe pour que tout ça tienne, que ça tienne
dans une consistance.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est en quoi j'introduis ce ternaire
ou plus exactement je m'aperçois qu'à partir, à être
parti de ce ternaire, du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel,
je pose une question, ou plus exactement, comme pour toute question, pour
toute question c'est de la réponse qu'elle est partie... de la réponse
qui, à maintenir, à maintenir comme distinct, le Réel,
nous fait nous poser la question : où se situe ce savoir, ce savoir
inconscient que... dont nous sommes travaillés dans le discours
analytique. Il est bien certain que c'est le discours qui nous fait coller,
le discours analytique qui nous fait coller à ce savoir d'une façon
qui n'a pas de précédent, n'a pas de précédent
dans l'Histoire.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi après tout ne pourrions-nous
pas considérer ce discours lui-même comme contingent puisqu'il
part d'un dire, d'un dire qui fait événement, celui que j'essaie
de... que j'essaie de prolonger devant vous, et la question de la contingence
de ce dire, c'est bien autour de celle-là que nous tournons. Si
ce dire n'est que contingent, et aussi bien c'est de cela qu'il faut rendre
compte, où se situe le Réel ? Est-ce que le Réel n'est
jamais que supposé ?</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans ce noeud, ce noeud que je profère,
dans ce noeud, ce noeud fait du Symbolique et de l'Imaginaire en tant que
c'est seulement quelque chose qui avec, avec… fait trois, qui les noue,
c'est du Réel qu'il s'agit.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'ils soient trois, c'est à
cela que tient le Réel.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi le Réel est-il trois
? C'est une question que je fonde, que je justifie de ceci : qu'il n'y
a pas de rapport sexuel. En d'autres termes, que je le précise,
que je le précise de ceci, qui puisse s'écrire, moyennant
quoi, moyennant quoi ce qui s'écrit, c'est que, par exemple, il
n'existe pas de "f", de "f" tel qu'entre x et y qui, ici, signifient le
fondement de tels des êtres parlants, à se choisir comme de
la partie mâle ou femelle, ceci, cette fonction qui ferait le rapport,
cette fonction de l'homme par rapport à la femme, cette fonction
de la femme par rapport à l'homme, il n'en existe pas qui puisse
s'écrire.</font>
</p><center><img src="ndup6a.jpg" alt="Non dupes 6 a : Il n'existe pas une fonction f telle que f (x,y)" height="43" width="165"></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est ça la chose, la chose
que je produis devant vous, c'est ce que, quelque part, car je me répète,
comme tout le monde, il n'y a que vous pour ne pas vous en apercevoir,
c'est ça que j'ai déjà énoncé sous le
nom de <i>Chose freudienne</i>, ça y est en long et en large, et
bien sûr, c'est tout à fait passé inaperçu,
pour une simple raison, c'est que nous en restons dans cet Imaginaire.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cet Imaginaire qui est justement
ce que met en question la moindre expérience du discours analytique,
c'est qu'il n'y a rien de plus flou que l'appartenance, que l'appartenance
à un de ces deux côtés : celui que je désigne
de x et l'autre de y, justement en ceci que du même coup il faut
que je marque qu'il n'y a nulle fonction qui les relie.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors, il s'agit de savoir comment,
tout de même, ça fonctionne, à savoir que, tout de
même, ça baise là-dedans.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En énonçant cela, ceci,
il faut quand même que je décolle de quelque chose qui est
une... une supposition, une supposition que, il y ait un sujet, mâle
ou femelle.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est une supposition que l'expérience
rend très évidemment intenable, et qui implique que ce que
j'avance, que ce que j'avance en énoncé par mon énonciation,
par l'énonciation dont je ne suis le sujet que pour autant que dans
le discours analytique je travaille moi-même, qu'il faut que je ne
mette pas de sujet sous cet x et sous cet y. Il faut donc que l'énoncé,
et rien que déjà écrire ceci au tableau, il faut donc
que mon énoncé n'implique pas de sujet.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; S'il y a quelque chose, s'il y a quelque
chose qui se trouve là écrit, c'est que de sujet, il n'est
question que dans la fonction, et justement que ce que j'écris,
c'est que sous cette fonction, justement de ce qu'elle soit niée,
il n'y a nulle existence.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le "il n'existe pas" veut dire ça,
il n'y a pas de fonction.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dont il s'agit, ce dont il s'agit,
c'est de démontrer, c'est de démontrer que cette fonction,
si elle n'a pas d'existence, ce n'est pas seulement affaire contingente,
c'est affaire d'impossible.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est affaire d'impossible et pour
le démontrer, ce n'est pas une petite affaire.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce n'est pas une petite affaire simplement
pour ceci : c'est que à simplement l'écrire, à simplement
l'énoncer, même seulement dans l'écriture, la chose
ne tient que jusqu'à preuve du contraire, à savoir jusqu'au
moment, jusqu'au moment où quelque chose de contingent s'inscrive
en faux contre ce dire, et par bonheur, si je puis dire, <i>bon heur</i>,
les deux mots séparés, s'écrive f, x, virgule y...
il y a une fonction qui noue le x et le y, et que ça a cessé
de ne pas s'écrire.</font>

</p><center><font size="-1">f (x,y)</font></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour que ça ait cessé
de ne pas s'écrire, il faudrait que ça soit possible, et
jusqu'à un certain point ça le reste, puisque ce que j'avance,
c'est que ça a cessé de s'écrire. Pourquoi ça
ne recommencerait-il pas ?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non seulement il est possible, il
est possible qu'on écrive F... F, x et y, mais il est clair qu'on
ne s'en est pas privés.</font>
</p><center><font size="-1">f (x,y)</font></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour démontrer donc l'impossible,
il faut prendre fondement ailleurs.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ailleurs que dans ces écritures
précaires puisqu'après tout, elles ont cessé, et qu'à
partir du moment où elles ont cessé, on pourrait croire que
ça peut reprendre. C'est bien le rapport du possible et du contingent.</font>

</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A prendre appui sur le noeud pour que
quelque chose de l'impossible se démontre, qu'est-ce que je fais
?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je prends appui peut-être, la
question mérite qu'on la soulève, sur une topologie.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Puisque pour ce qui est de l'ordre,
eh bien, on peut dire que c'est bien ce qui, jusqu'à présent,
n'a pas manqué, à savoir que c'est à mettre de l'ordre
qu'on supporte tout ce qui a pu s'avancer du rapport dit sexuel. Il est
vrai que cet ordre, on s'y embrouillait un tant soit peu les pattes, et
qu'il est certain que ce n'est pas le même, ce n'est pas le même
ordre, en tout cas, qu'instaure, qu'instaure ce que le discours analytique
avance, ou paraît avancer de ce qui concerne le rapport sexuel.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'ordre 1,2,3, ben, il y en a un qui
vient le premier, et ce n'est pas par hasard, on ne sait d'ailleurs pas
lequel vient le premier, ce n'est pas par hasard que ce soit le 1, puisque
le second le seconde, comme on dit, et que le troisième résulte
de leur addition, simplement.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça fait une suite qu'on a pu
qualifier de naturelle.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qui laisse à rêver.
Ce qui laisse à rêver d'autant plus que la dernière
fois je vous ai fait la remarque qu'à les écrire à
la suite, le privilège de ces trois premiers, c'est qu'il suffit
de les prendre à revers pour que tous les ordres soient possibles.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il suffit en effet qu'il y ait 1,2,3,
ou 1,3,2, c'est ça que j'appelle le... les prendre à revers,
pour que les six autres façons d'arranger le 1,2,3, soient possibles.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'idée de successeur, n'est-ce
pas, et que, de successeur, il n'y en ait qu'un, qu'un dans la suite naturelle
des nombres, c'est une idée qui ne s'est dégagée que
tard, ce qui est assez curieux, parce qu'il semblait bien que c'était
là la chose la plus tangible, la plus réelle qui soit, concernant
la suite naturelle.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi n'y aurait-il pas, de successeurs,
une multitude ?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ca ne va pas de soi. Nous avons une
foule d'exemples, celle de l'arbre notamment, de l'arbre que nous rencontrons
partout, vers notre descendance comme vers notre ascendance, pourquoi l'idée
de successeur serait-elle inhérente à une suite privilégiée
de successeurs se fondant sur ceci : qu'il n'y en a qu'un ?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'il y en ait trois dans tel
cas, tel cas privilégié, a certainement rapport à
ce qu'il y ait de l'Un.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; "Yad'lun", c'est comme ça que
je me suis exprimé. Mais il est tout à fait imaginable que
le trois ne soit pas pris dans l'ordre.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça, c'est pas nouveau, hein
le fameux triangle dont les Grecs ont tiré parti, le parti que vous
savez, repose là-dessus, et avec, et avec lui, toute la géométrie
qu'ils en ont extraite, et par quoi longtemps l'idée claire a été
première au regard du distinct. L'idée claire et distincte,
qu'on dit !</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Moyennant quoi c'est
<i>more geometrico</i>,
qu'on a démontré pendant des siècles et que ça
a été un idéal et que ça le reste encore. Le
lien de la mesure avec le phénomène de l'ombre, je souligne
phénomène, c'est-à-dire avec l'Imaginaire, en tant
qu'il suppose la lumière, a instauré cet ordre, qu'on appelle
"harmonique", a instauré, fondé, tout ce qu'il en est de
la proportion, d'une proportion qui était le seul fondement de la
mesure, et instauré un ordre, un ordre qui a servi à construire
une Physique.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est de là qu'est partie cette
idée de la supposition.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Parce que, à fonder les choses
sur cet Imaginaire, il fallait qu'il y ait derrière autre chose
: une substance, c'est la même chose, c'est le même mot que
supposition, sujet et tout ce qui s'ensuit.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Toute cette affaire était par
trop, si je puis dire, par trop phénoménale.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quand je témoigne, quand je
dis que le noeud, c'est ça qui me cogite, et que mon discours, pour
autant qu'il est le discours analytique, que mon discours en témoigne,
il se trouve que, parce que j'ai fait quelques pas de plus que vous, il
est borroméen, en l'occasion, ce noeud, mais il pourrait être
autre. Même s'il était autre, ma question, ma question de
savoir, savoir en quoi ça a rapport avec ce qui distingue la topologie,
avec ce qui distingue la topologie de l'espace fondé par les Grecs,
l'espace en tant qu'il a donné une première matière
à décoller de la supposition, qu'est-ce que suppose la topologie
?</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La topologie ne suppose, ne suppose,
dans ce qu'il en est de l'espace, qu'une consistance, vous le savez ou
vous ne le savez pas, en tous les cas, je n'peux pas vous faire un cours
de topologie, mais rien n'exclut que vous vous reportiez au texte mathématique
où s'est élaborée cette notion, à partir de
l'abandon de la mesure comme telle, à savoir quelle qu'en soit,
de cette mesure la relativité, puisqu'aussi bien elle ne se produit
que d'homothétie, pour savoir l'heure et la hauteur du soleil, nous
n'avons rien que le rapport de l'ombre avec le piquet qui la projette,
que c'est sur un triangle que tout repose concernant la mesure, la topologie,
elle, élabore un espace qui ne part que de ceci : de la définition
du voisinage, de la proximité, ça a le même sens, c'est
une définition du proche, qui part de... d'un axiome, c'est à
savoir que tout ce qui fait partie d'un espace topologique, s'il est à
mettre dans un voisinage, implique qu'il y a quelque chose d'autre qui
soit dans le même voisinage.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La notion pure de voisinage implique
donc, déjà, triplicité, et ne se fonde, ne se fonde
sur rien qui unisse chacun des éléments triples, si ce n'est
d'appartenir au même voisinage. C'est un espace qui ne se supporte
que de la continuité qui s'en déduit, car il n'y a pas, dans
le topologique, d'autres rapports dits continus que fondés sur le
voisinage et qui du même coup impliquent ce que j'appellerai la malléabilité.
C'est ce qu'ils appellent, eux, les mathématiciens, la déformation
continue.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous voyez que la référence
au continu est dans le mot, et joint, accolé, au mot déformation,
lequel pour être plus correct s'énonce : transformation continue.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce sont des images aussi. Mais il
faut le dire, elles se saisissent moins bien. Le fait que je parle de saisir,
<i>Beqriff</i>,
<i>begrifflich</i>, implique une référence à ce qui
se saisit bien, c'est-à-dire le solide. Le souple se saisit moins
bien, à prendre dans la main. L'idée, l'idée qui fonde
la topologie mathématiquement définie, est d'aborder ce qu'il
en est de ce qu'elle supporte, c'est la topologie qui, là, supporte,
ce n'est pas un sujet qui lui est supposé, hein.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce que la topologie supporte, l'idée,
c'est de l'aborder sans image, de ne leur supposer, de ne leur supposer,
à ces lettres, telles qu'elles fondent la topologie, [... petite
coupure son : de ne leur supposer que le Réel.]</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le Réel en tant qu'il n'ajoute...&nbsp;
est-ce que vous vous apercevez que ce terme est encore de trop, puisqu'il
évoque l'addition ? qu'il n'ajoute, à ce que nous savons
distinguer comme l'Imaginaire, cette souplesse liée au corps, ou
comme Symbolique le fait de dénommer le voisinage, la continuité,
qu'il n'ajoute que quelque chose, le Réel, et non pas de ce qu'il
soit troisième, mais de ça, qu'à eux tous, ils fassent
trois. Et que c'est tout ce qu'ils ont de RéeI, rien de plus. Je
veux dire : tout un chacun. C'est tout ce qu'ils ont de Réel. Ça
a l'air peu, mais ce n'est pas rien.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce n'est pas rien puisque, on l'a si
bien senti de toujours, que c'est justement là-dessus que, que le
Réel était supposé. Il s'agit de le débusquer
de cette position de supposition qui en fin de compte le subordonne, le
subordonne à ce qu'on imagine ou à ce qu'on symbolise.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ce qu'ils ont de Réel,
c'est que ça fasse trois. Là, trois n'est pas une supposition
grâce au fait que nous avons, grâce à la théorie
des ensembles, élaboré le nombre cardinal comme tel.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qu'il faut voir, ce qu'il faut
que vous supportiez, c'est ceci : c'est de mettre en question, de mettre
en question que ce n'est pas un modèle, ce qui serait de l'ordre
de l'Imaginaire. Ce n'est pas un modèle parce que, parce que par
rapport à ce trois, vous êtes non pas son sujet, l'imaginant
ou le symbolisant, vous êtes, vous êtes coincés : vous
n'êtes que... en tant que sujets, vous n'êtes que les patients
de cette triplicité.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous êtes les patients, d'abord,
parce que, parce que c'est déjà dans la langue. Or il n'y
a pas de langue où le trois ne s'énonce. C'est dans la langue
et c'est aussi dans le fonctionnement qui s'appelle le langage.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire la structure logique
telle que, tout naïvement, enfin, le premier qui ait commencé
là-dedans, par exemple le premier à notre connaissance, bien
sûr, le premier à notre connaissance, à savoir Aristote,
enfin, celui dont on a justement des écrits, il a bien fallu qu'il
manipule la chose avec des petites lettres, et ça ne peut pas se
manipuler sans qu'il y en ait trois. A part ceci, bien sûr, à
part ceci bien sûr qu'il y restait quelque chose de la supposition
du Réel, et que ce Réel, il n'a pas cru pouvoir le supporter
d'autre chose que le particulier, le particulier dont il s'imagine que
c'est l'individu, aIors que justement, en le situant dans la logique comme
particulier, il montre bien que de l'individu, il ne se faisait que...
une notion tout imaginaire, le particulier est une fonction logique, et
que... il lui ait donné pour support le corps individuel est très
précisément, enfin, le signe qu'il lui fallait une supposition.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Un dire qui ne suppose rien, sinon
que triple est le Réel, j'ai dit triple, c'est-à-dire trois,
non pas troisième, c'est en quoi consiste le dire que je me trouve
contraint d'avancer par la question du non-rapport, du non-rapport en tant
qu'il touche spécifiquement à ce qu'il en est de la subjectivation
du sexuel. Mon dire consiste en ce Réel, en ce Réel qui est
ce dont le trois insiste, insiste au point de s'être marqué
dans la langue.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il ne s'agit pas là d'une pensée,
puisqu'en tant que pensée, elle est, si je puis dire, encore <nobr>vierge.</nobr></font>
<br><font size="-1"><nobr>&nbsp;&nbsp;&nbsp; E</nobr>t aussi bien la pensée,
au regard de ce qui se supporte de cette avancée du trois, du trois
comme nœud, et comme rien d'autre, la pensée n'est que ce que j'ai
appelé tout à l'heure ce qui se cogite, c'est-à-dire
un rêve noir, celui dans lequel, communément, vous habitez.
Car s'il y a quelque chose à quoi nous initie l'expérience
analytique, c'est que ce qu'il y a de plus près du vécu,
du vécu comme tel, c'est le cauchemar. Il n'y a rien de plus barrant
de la pensée, même de la pensée qui se veut claire
et distincte : apprenez à lire Descartes comme un cauchemar, ça
vous fera faire un petit progrès. Comment même pouvez-vous
ne pas apercevoir que ce type qui se dit "Je pense donc je suis", c'est
un mauvais rêve ?</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'événement, lui ? l'événement
ne se produit que dans l'ordre du Symbolique. Il n'y a d'événement
que de dire.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je pense que, au siècle où
vous vivez, vous devez vous apercevoir, quand même, de ça
tous les jours. Cette pluie d'informations, si je puis dire, au milieu
de... desquelles on a pu s'étonner que vous subsistiez encore, que
vous gardiez votre jugeote, à savoir que vous ne vous en fassiez,
finalement, pas trop, hein, de ce que le journal vous annonce tous les
matins, ben, Dieu merci, ça vous passe, comme on dit, comme de l'eau
sur les plumes d'un canard... Sans ça, où iriez-vous ?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut tout de même bien qu'il
y ait quelque chose de fallacieux qui... dans lequel, hélas, le
malentendu de mon dire, je veux dire celui-même que je vous tiens
ici, pour autant que j'en suis moi-même la victime, auquel il faut
donc qu'un certain dire, le dire sur le dit, ait contribué, pour
que vous puissiez croire que dans ce qui fait tenir votre corps, c'est
une circulation d'informations parties de je ne sais quels endroits, de
prime abord de l'ADN, qu'on nous dit, ou du DN je ne sais pas quoi, que
c'est de ça que vous vous supportiez, que tout ne soit, en somme,
que... une information dont heureusement on nous avertit enfin, que cette
information ne tient qu'à violer un des fondements mêmes de
ce qui par ailleurs s'édifie comme énergétique, est-ce
que tout cela n'est pas aussi de l'ordre de la cogitation ? Est-ce que,
dans d'autres termes, nous sommes obligés d'en tenir compte quand
ce à quoi, dans le politique, ce à quoi nous avons affaire,
c'est à un type d'informations dont le sens n'a d'autre portée
que l'impératif, à savoir le signifiant Un. C'est pour nous
commander, autrement dit, pour que le bout du nez suive, que toute information,
à notre époque, est déversée comme telle.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans donc ce que je vous énonce
d'un certain dire, l'important n'est rien que les conséquences qu'il
peut avoir. Encore faut-il pour qu'il ait ces conséquences, que
je m'en donne la peine.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dire n'est véritable, ici,
je le profère pour le cas plus que probable où vous ne vous
en seriez pas aperçus - il n'est véritable qu'en tant qu'il
fait limite à la portée, à la portée de ce
qui nous intéresse au premier chef, nous autres, dans le discours
analytique de ce qu'il fait limite à la portée de la vérité.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y avait, autrefois comme ça
un... un garçon de bureau qui poussait des cris après chacun
de mes séminaires, cris qui se résumaient dans&nbsp; "Pourquoi
est-ce qu'il ne dit pas le vrai sur le vrai ?"</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce personnage est bien connu, on lui
a même confié le soin d'un Vocabulaire... Je n'ai pas à
dire le vrai sur le vrai, pour la raison que je ne peux en dire que ceci
: c'est que le vrai c'est ce qui contredit le faux. Mais par contre je
peux dire, je peux dire, mais encore fallait-il que j'y mette le temps,
car il y a un temps pour tout, je peux dire la vérité sur
la vérité.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La vérité, c'est qu'on
ne peut la dire, puisqu'elle ne peut que se mi-dire.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La vérité ne se fonde,
je viens de le dire que sur la supposition du faux : elle est contradiction.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Elle ne se fonde que sur le non. Son
énoncé n'est que la dénonciation de la non-vérité.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Elle se dit rien que par le mi-. Disons
le mot, elle est mi-métique : elle est de l'imaginaire. Et c'est
bien pour ça que nous sommes forcés d'en passer par là
à mon avis. Elle est de l'Imaginaire en tant que l'Imaginaire, c'est
le faux deuxième, par rapport au Réel, en tant que le mâle,
chez l'être parlant, n'est pas la femelle ; et qu'il n'a pas d'autre
biais par où se poser. Seulement, ce ne sont pas là des...
des biais dont nous puissions nous satisfaire. C'en est au point qu'on
peut dire que l'inconscient se définit de ceci et rien que de ceci
: qu'il en sait plus que cette vérité, et que l'homme n'est
pas la femme.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Même Aristote n'a pas osé
mouffeter ça ! Comment est-ce qu'il aurait fait, d'abord hein ?</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dire "aucun homme n'est femme", ça,
ça aurait été vachement culotté, alors, surtout
à son époque ! Alors il ne l'a pas fait… S'il avait dit "tout
homme n'est pas femme"... Hein ? Eh bien, vous voyez, hein, voyez le sens
que ça prend : celui d'une exception ; il y en a quelques-uns qui
ne le sont pas. C'est en tant que tout, qu'il n'est pas femme. A, là,
le "A" du quanteur, hein, "A" de x, x un point, et y, barré :</font>
</p><center><img src="ndup6b.jpg" alt="Non dupes 6 b : tout homme n'est pas femme" height="17" width="51"></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Seulement, l'ennuyeux, c'est que c'est
pas vrai du tout et que ça saute aux yeux que ce ne soit pas vrai,
hein !</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La seule chose... La seule chose qu'on
pourrait écrire, c'est que... il n'existe pas de x dont on puisse
dire...</font>
<br><font size="-1">qu'il ne soit pas vrai qu'être homme, ce n'est
pas être femme :</font>
</p><center><img src="ndup6c.jpg" alt="Non dupes 6 c : il n'existe pas de x dont on puisse dire qu'il ne soit pas vrai qu'être homme ce n'est pas être femme" height="30" width="75"></center>

<p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ceci, bien sûr, il faut
le noter au passage, suppose que le Un est triple.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A savoir que, il y a le Un dont on
fait le tout, à savoir ce qui s'unifie comme tel, il y a le Un qui
veut dire l'un quelconque, à savoir ce que je vous dirai tout à
l'heure, et puis il y a le Un, mais unique, qui seul fonde le tout.<b><sup><a href="#1">1.</a></sup></b></font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Nier l'Un unique, c'est là
le sens de la barre sur le quanteur de l'existence.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour ce qui est de l'un quelconque,
il nous faut bien le considérer comme un vide pur.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Que le savoir inconscient soit topologique,
c'est-à-dire qu'il ne tienne que de la proximité, du voisinage,
non de l'ordre, c'est en quoi j'essaie de dire, de fonder là-dessus
qu'il est nodal. Ce qui est à traduire de ceci, qu'il s'écrit
ou ne s'écrit pas. Il s'écrit quand je l'écris, que
je fais le nœud borroméen, et... quand vous essayez à cet
instant de voir comment ça tient, c'est-à-dire que vous en
faites... que vous en cassez un, les deux autres se baladent. Il ne s'écrit
plus. Et c'est là que se voit, que s'amorce la convergence <b>du
nodal et du modal</b>.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Donc ce savoir inconscient ne se supporte
pas de ce qu'il insiste, mais des traces que cette insistance laisse.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non pas de la vérité,
mais de sa répétition en tant que c'est en tant que vérité
qu'elle se module.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ici, il faut que j'introduise ce dont
se fonde le voisinage comme tel. Le voisinage comme tel se fonde de la
notion d'ouvert.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ceci, la topologie en abat tout de
suite la carte. C'est d'ensembles en tant qu'ouverts, qu'elle se fonde.
Et c'est bien en quoi elle aborde, elle aborde par le bon biais ceci :
que la classe ne se ferme pas. C'est-à-dire qu'elle accepte le paradoxe,
le paradoxe qui n'est paradoxe que d'une logique prédicative, à
savoir que si la logique renonçait simplement à l'être,
c'est-à-dire que soit rayée purement et simplement la logique
propositionnelle, il n'y aurait pas de problème, le problème,
s'il y en a un, problème désigné de paradoxe, étant
seulement celui-ci que la classe Homme n'est pas un homme.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tous les paradoxes se ramènent
à ça.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce que ça veut dire
?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Sinon qu'à la rigueur ce que
nous pouvons désigner d'Homme est un ensemble ouvert, ce qui saute
aux yeux.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors voyons bien ceci : la vérité
a une limite d'un côté, et c'est pour ça qu'elle est
mi-dire.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais de l'autre elle est sans limite,
elle est ouverte. Et c'est bien en quoi peut l'habiter le savoir inconscient,
parce que le savoir inconscient, c'est un ensemble ouvert.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous voyez, vous voyez, je l'étale,
hein, que l'amour ça me tracasse.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous aussi, bien sûr. Mais pas
comme moi ! Hum...</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est même pour ça que,
une parenthèse, votre nombre me gêne : depuis quelques temps,
je ne peux plus vous identifier à une femme. Ça m'emmerde.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bon l'amour, dirai-je donc, puisque,
vous me pardonnerez que ça me tracasse, l'amour, c'est la vérité,
mais seulement en tant que c'est à partir d'elle, à partir
d'une coupure que commence un autre savoir que le savoir propositionnel,
à savoir le savoir inconscient.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est la vérité en tant
qu'elle ne peut être dite du sujet, en tant que ce qui est supposé,
que ce qui est supposé pouvoir être connu du partenaire sexuel.
L'amour, c'est deux mi-dire qui ne se recouvrent pas. Et c'est ce qui en
fait le caractère fatal. C'est la division irrémédiable.
Je veux dire à quoi on ne peut pas remédier, ce qui implique,
ce qui implique que le "médier" serait déjà possible.
Et justement, c'est non seulement irrémédiable, mais sans
aucune médiation.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est la connexité entre deux
savoirs en tant qu'ils sont irrémédiablement distincts. Quant
ça se produit, ça fait quelque chose de... de tout à
fait privilégié. Quand ça se recouvre, les deux savoirs
inconscients, ça fait un sale méli-mélo.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et là, je vais avancer, en
fin de ce laïus, c'est bien le nom qui convient, je vais avancer quelque
chose qui... est comme ça, enfin, qui tranche : le savoir masculin,
chez l'être parlant, est irrémédiablement une erre/unaire
?</font>
<br><font size="-1">il est coupure, amorçant une fermeture, justement,
celle du départ, c'est pas son privilège mais il part pour
se fermer, et c'est de ne pas y arriver qu'il finit par se clore sans s'en
apercevoir.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce savoir masculin, chez l'être
parlant, c'est le rond de ficelle. Il tourne en rond. En lui il y a de
l'Un au départ, comme trait qui se répète d'ailleurs
sans se compter, et de tourner en rond il se clôt, sans même
savoir que de ces ronds, il y en a trois.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Comment peut-il, comment pouvons-nous
supposer qu'il y arrive, à en connaître un bout, de cette
distinction élémentaire ?</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ben, heureusement, pour ça
il y a une femme. Je vous ai déjà dit que la femme, naturellement
c'est ce qui résulte de ce que j'ai déjà écrit
au tableau, que la femme ça n'existe pas... Mais une femme, ça...
ça peut se produire, quand il y a nœud, ou plutôt tresse.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Chose curieuse, la tresse, elle ne
se produit que de ce qu'elle imite l'être parlant mâle, parce
que... elle peut l'imaginer, elle le voit strangulé par ces trois
catégories qui l'étouffent. Il n'y a que lui à ne
pas le savoir, jusque-là. Elle le voit imaginairement, mais c'est
une imagination de son unité, à savoir de ce à quoi
l'homme lui-même s'identifie.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Non pas de son unité comme
savoir inconscient, parce que le savoir inconscient, il reste plutôt
ouvert. Alors, avec cette unité, elle boucle une tresse. Pour faire
un nœud borroméen, je vous l'ai dit que, il faut faire six gestes
et six gestes grâce à quoi, grâce à quoi ils
sont dans le même ordre, à ceci près que justement,
rien ne permet de les reconnaître. C'est bien pour ça qu'il
faut en faire six, à savoir épuiser l'ordre des permutations
deux à deux, et savoir d'avance qu'il ne faut pas en faire plus,
sans quoi on se trompe. C'est bien en quoi, enfin, une femme n'est pas
du tout forcément tressée, de sorte que c'est pas du tout
forcément avec le même élément qu'elle fait
le rond au bout du compte.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est même pourquoi elle reste
une femme, entre autres, puisqu'elle est définie par la tresse dont
elle est capable, eh bien, cette tresse, il n'est pas du tout forcé
qu'elle sache que ça soit qu'au bout de six que ça tienne
le coup pour faire un nœud borroméen. C'est pas du tout sûr
que... elle sache non plus que le trois ça a rapport au Réel,
il peut lui en manquer la distinction, de sorte que ça fait un nœud,
si je puis dire, encore plus noué, d'une unité encore plus
une.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans le meilleur cas, hein, dans le
meilleur cas, il se peut que ça... ça n'en fasse qu'une,
de corde, de rond de ficelle, au bout du compte, il suffit que vous imaginiez,
n'est-ce pas, que le 1,2,3, se raboute au 2,3,1. Ça fera un nœud,
encore bien plus beau, si je puis m'exprimer ainsi, n'est-ce pas...</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je veux dire que tout se continue
dans tout, et après tout, ça n'en reste pas moins un nœud,
parce que si vous avez fait une tresse, ça donne forcément
quelque chose, quelque chose qui en noue forcément au moins deux,
et si deux des brins se rejoignent, eh bien, ça fera quelque chose
qui se nouera ou ne se nouera pas au troisième, mais la question
n'est pas là.</font>

</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le ratage, si je puis dire, dans cette
affaire, c'est-à-dire ce par quoi <i>la</i> femme n'existe pas,
c'est bien en quoi, cela même, elle arrive à réussir
l'union sexuelle. Seulement c'te union, c'est l'union de un avec deux ou
de chacun avec chacun de chacun de ces trois brins. L'union sexuelle, si
je puis dire, est interne à son filage.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est là qu'elle joue son
rôle, à bien montrer ce que c'est qu'un nœud, c'est ce par
quoi l'homme, lui, réussit à être trois. C'est-à-dire
à ce que l'Imaginaire, le Symbolique et le Réel ne se distinguent
que d'être trois, tout brut.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire que... sans que
son sujet s'y retrouve, c'est à partir de cette triplicité,
dont une femme parfois fait sa réussite en la ratant, c'est-à-dire
dont elle se satisfait comme réalisant en elle-même l'union
sexuelle, c'est à partir de là que l'homme commence à
prendre d'une petite jugeote l'idée qu'un nœud ça sert à
quelque chose.</font>
</p><p><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je vous avais dit que l'hystérique
fait l'homme. Mais c'est formé par l'hystérique que l'homme
part de l'idée, l'idée première, la bonne, celle qui
lui laisse une petite chance, part de l'idée qu'il ne sait rien.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce qui est son cas, à elle,
d'ailleurs, puisqu'elle fait l'homme. Elle ne sait pas que l'union sexuelle
n'existe qu'en elle et par hasard. Elle ne sait rien, mais il se trouve
en contrecoup apercevoir ce nœud.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et ça donne chez lui un résultat
second qui est tout différent en somme : c'est qu'à refuser
son savoir ouvert, du même coup, il le ferme. Il constitue le correct
nœud borroméen. Que le seul Réel qu'est le 3, il y accède,
il sait, il sait que... il sait qu'il parle pour ne rien dire, mais pour
obtenir des effets, qu'il imagine à tour de bras que ces effets
sont effectifs, encore qu'ils tournent en rond, et que le Réel il
le suppose, comme il convient, puisque le supposer n'engage à rien,
à rien qu'à conserver sa santé mentale.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est-à-dire être conforme
à la norme de l'homme, à la norme de l'homme qui consiste
en ceci qu'il sait qu'il y a de l'impossible et comme disait cette charmante
femme enfin, que je vous ai déjà citée : "Rien pour
l'homme n'est impossible, ce qu'il ne peut pas faire, il le laisse". C'est
ce qu'on appelle la santé mentale.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Notamment que de n'écrire jamais
le rapport sexuel en lui-même, sinon dans le manque de son désir,
lequel n'est rien que son serrage dans le nœud borroméen. C'est
pourquoi je l'ai exprimé pour la première fois, il y a un
temps ; mais il y a des gens qui ne s'en sont avertis que maintenant, j'ai
pu le constater - il est vrai que c'est quelqu'un qui, qui n'avait que
des notes, enfin pour s'informer "Je te demande de refuser ce que je t'offre,
parce que ça n'est pas ça". Pas ça que je désire
que tu acceptes, ni d'arriver à quoi que ce soit de cette espèce,
car je n'ai affaire qu'à ce nœud-même.</font>
</p><p>
</p><hr width="100%">
<p><a name="1"></a>1. Il s'agit de l'<b><i>Einheit</i></b> et de l'<b><i>Einzigkeit</i></b>

<br>Cf. un extrait de <a href="../identifi/identi10.htm"><i>L'identification</i>,
21 février 1962</a>
<br>&nbsp;
</p><dir><font size="-1">Donc, cet UN, son paradoxe, c'est justement ceci : c'est
que plus il ressemble, je veux dire plus tout ce qui est de la diversité
des semblances s'en efface, plus il supporte, plus il incarne, dirai-je,
si vous me passez ce mot, la différence comme telle. Le renversement
de la position autour de l'Un fait que de
<i>l'<b>Einheit</b></i> kantienne,
nous considérons que nous passons à <i>l'Einzigkeit</i> à
l'unicité exprimée comme telle. Si c'est par là, si
je puis dire, que j'essaie pour emprunter une expression à un titre,
j'espère, célèbre pour vous, d'une improvisation littéraire
de Picasso, si<b> </b>c'est par là que j'ai choisi cette année
d'essayer de faire ce que j'espère vous amener à faire, à
savoir d'attraper le désir par la queue, si c'est par là,
c'est-à-dire non pas par la première forme d'identification
définie par Freud, qui n'est pas facile à manier, celle de
<i>l'<b>Einverleibung</b></i>,
celle de la consommation, de l'ennemi, de l'adversaire du père,
si je suis parti de la seconde forme de l'identification, à savoir
de cette fonction du trait unaire, c'est évidemment dans ce but
; mais vous voyez où est le renversement, c'est que cette fonction,
(je crois que c'est le meilleur terme que nous ayons à prendre parce
que c'est le plus abstrait, c'est le plus souple, c'est le plus à
proprement parler signifiant, c'est simplement un grand F), si la fonction
que nous donnons à l'Un n'est plus celle de <i>l'<b>Einheit</b></i>

mais <i>l'<b>Einzigkeit</b></i>, c'est que nous sommes passés -
ce qu' il conviendrait quand même que nous l'oublions pas, qui est
la nouveauté de l'analyse - des vertus de la norme aux vertus de
l'exception. Chose que vous avez retenue quand même un petit peu
et pour cause : la tension de la pensée, qui s'en arrange en disant
:"l'exception confirme la règle". Comme beaucoup de conneries, c'est
une connerie profonde. Il suffit simplement de savoir la décortiquer.
N'aurais-je fait que de reprendre cette connerie tout à fait lumineuse
comme un de ces petits phares qu'on voit au sommet des voitures de la police
que ce serait déjà un petit gain sur le plan de la logique.<a></a><a></a></font>








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