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Bon, je vais d'abord

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no edit summary




éminaire oral
du 23<nobr><font color="#000066"> avril 1974</font></nobr></font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><nobr><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000066"><font size="+2">Jacques
Lacan</font></font></font></nobr>
<br><nobr><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000066"><font size="+2">1973-74</font></font></font></nobr></p></center>

<blockquote>
<center><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" height="100" width="144"></center>
</blockquote>
<font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">En rapport avec les documents
sonores disponibles en archives au groupe
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
le texte proposé sur cette page est une transcription écrite
intégrale de la séance énoncée le 23 avril
74, relue à l'aide de la bande son, (février 2004).</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
<center>
<p><font face="Arial,Helvetica"><font size="+1">transcription de la version
sonore originale</font></font></p></center>

<p><br>

<br>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Bon, je vais
d'abord, en commençant trois minutes avant l'heure, je vais d'abord
m'acquitter d'un devoir que je n'ai pas rempli la dernière fois.
Je ne l'ai pas fait parce que, parce que j'ai cru que ça se ferait
tout seul, mais comme même dans mon école j'ai vu que personne
n'avait franchi ce pas, alors ça m'incite à en provoquer
d'autres à le franchir. Il y a un livre qui vient de paraître,
qui vient de paraître au <i>Champ freudien</i>, comme on dit, hein,
c'est une collection dont il se trouve que je la dirige.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si c'est
paru dans cette collection, je n'y suis évidemment pas pour rien,
il a même fallu que j'y force l'entrée. Ce livre s'appelle,
c'est un titre, autant celui-là vaut qu'un autre, s'appelle : <i>L'Amour
du censeur</i>.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est
du nommé Pierre Legendre, qui se trouve être professeur à
la Faculté de Droit. Voilà. Alors, j'incite vivement ceux
qui, ceux qui, je ne sais pas trop pourquoi, enfin, s'accumulent ici autour
de ce que je dis, je les incite vivement à ce qu'on appelle en prendre
connaissance, c'est-à-dire à le lire, à le lire avec
un peu de soin parce qu'ils en apprendront quelque chose. Voilà.
Là-dessus je commence.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je commence
ou plutôt je recommence. C'est bien ce qui m'étonne le plus.
Je veux dire que j'ai l'occasion à chaque fois de m'apercevoir que
si j'ai parlé de l'espoir dans certains termes, à propos
d'une question qui m'était posée, kantienne : "que je puisse...
que puis-je espérer ?" et j'avais dit que l'espoir, j'avais rétorqué
que l'espoir c'était une chose propre à chacun. Il n'y a
pas d'espoir commun. C'est tout à fait inutile d'espérer
un commun espoir. Alors moi je vais vous avouer le mien, c'est celui qui
me possède toute la semaine jusqu'au matin où je me réveille
à votre intention, c'est-à-dire par exemple ce matin même,
jusqu'à ce moment, je, j'ai toujours l'espoir que ce sera la dernière
fois, que je pourrai vous dire n-i-ni : fini. Le fait que je sois là,
parce que le jour où je le dirai, ça sera avant, ce sera
avant de commencer, le fait que je sois là vous prouve que, tout
particulier que me soit cet espoir, il est déçu.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bon, alors,
moyennant quoi, en me réveillant, j'ai naturellement pensé
à, à tout autre chose que, que ce que j'avais fomenté
pour vous le dire, il m'est surgi comme ça, enfin que s'il y a,
je l'ai déjà dit enfin, mais il faut bien que je le répète,
que s'il y a, que s'il y a quelque chose dont l'analyse a découvert
la vérité, c'est l'amour du savoir. Puisque tout au moins
si ce que je vous fais remarquer a quelque accent, accent qui vous émeuve,
le transfert révèle la vérité de l'amour et
précisément en ceci qu'il s'adresse à ce que j'ai
énoncé du sujet supposé savoir.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça
pourrait vous paraître, après ce que j'ai énoncé
la dernière fois, avec je crois quelque accent, au moins je me l'imagine,
enfin j'espère que vous vous en souvenez, non seulement j'ai avancé
qu'il n'y avait pas de désir de savoir, mais j'ai même parlé
de quelque chose qui, que j'ai articulé effectivement de <font color="#000000">l'horreur</font>
de savoir. Voilà.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Alors comment,
comment rejoindre ça, si je puis dire ?</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Ben justement,
ça ne se rejoint pas. C'est le <i>Mariage du Ciel</i> <i>et de l'Enfer</i>.
Il y a un nommé William Blake, vous savez, qui a, dans son temps,
à son époque, avec ses, avec son petit matériel à
lui, qui n'était pas mince, a remué ça ; il lui a
même donné exactement ce titre. Voilà. Alors peut-être
que ce que je suis en train de vous dire, c'est que, c'est que le mariage
en question n'est pas tout à fait ce qu'on croit. Ce qu'on croit,
à lire William Blake, précisément. Ouais. Ceci ne
fait que, que réaccentuer quelque chose que je vous ai dit ailleurs,
quelque chose qu'implique en tout cas notre expérience et l'expérience
analytique que je ne suis ici que pour, que pour situer.</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'est-ce
qu'une vérité, sinon, sinon une plainte ? Au moins est-ce
là ce qui répond à ce que, à ce que nous nous
chargeons, analystes, si tant est qu'il y en ait du, du psychanalyste,
ce que nous nous chargeons de recueillir. Nous ne la recueillons pas tout
de même sans remarquer que la division la marque. Marque la vérité.
Qu'elle ne peut pas-toute être dite. Voilà. C'est notre voie,
la voie, il y a longtemps que de ça, on parle, hein. Et si on la
met en premier dans un énoncé que, qui je l'espère
enfin est en train de vous corner aux oreilles, si on la met en premier,
c'est bien que c'est de ça qu'il s'agit en premier quoique les solutions
qui s'en sont avancées diffèrent entre elles, et de beaucoup.
Il s'agirait de, d'avoir une petite idée de la nôtre. Et puis
tout de suite après, quand on énonce ce terme, la voie, tout
de suite après on parle de la vérité qui, si elle
est ce que je viens de dire, est quelque chose comme une planche pourrie
et puis en tiers, on ose ! Enfin quelqu'un, en tout cas, a, a osé,
comme ça : un dénommé saint-Jean, il a parlé
de la vie. Ce sont... d'imprudentes émissions. Emissions de quoi
? de voix. De voix à écrire tout autrement v-o-i-x, celles-là.
Ce sont d'imprudentes émissions de voix qui énoncent ces
couplages.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous
pouvez remarquer que ce... que le couplage dans l'occasion ça va
par trois. Et qu'est-ce que c'est que la vie, dans l'occasion ? C'est bien
quelque chose qui, qui dans ce trois, alors, fait… fait… fait un trou,
hein. Je sais pas si vous savez ce que c'est que la vie, hein, mais c'est
tout de même curieux que, que ça fasse problème.
<b><i>Lavie</i></b>
que pour l'occasion j'écrirais bien comme j'ai fait, comme j'ai
fait de <b><i>lalangue</i></b> en un seul mot. Ce ne serait que pour suggérer
que, que nous n'en savons, nous n'en savons pas beaucoup de choses sinon
qu'elle s'lave. C'est à peu près la seule marque sensible
de ce qui rentre dans
<i>lavie</i>.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Enfin
ces couplages, qu'est-ce que je suggère ici, à partir de
l'expérience qui se définit d'analytique, qu'est-ce que je
suggère ici ?</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce...
ces couplages de les penser ? Ouais.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si c'était
ça, ça serait, enfin, cette espèce de, de bascule,
qui serait chute dans le discours universitaire. C'est là qu'on
pense. C'est-à-dire qu'on baise. Bon, je vous fais remarquer que,
que dans ce discours, je ne suis, comme ça, c'est un petit test,
simplement, c'est pas du tout que, que je m'en targue, je ne suis pas reçu,
je suis plutôt, plutôt supporté, oui, toléré,
tout ça nous ramène au statut, au statut de, de ce que j'énonçais
la dernière fois enfin lié à notre rapport, de vous,
de moi et que je mettais en suspens entre la voix et l'acte de dire.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'ose
espérer que l'acte de dire y a plus de poids, quoique c'est de cela
que je puisse douter puisque ce doute c'est ce que la dernière fois
j'ai émis comme tel. Si c'est l'acte de dire, c'est celui-là
que je reçois d'une expérience codifiée. J'ai aussi
énoncé, vous voyez, j'insiste à me répéter,
j'ai aussi énoncé ceci : que faut-il, au sens de qu'est-ce
qui manque pour que cette expérience codifiée, elle ne soit
pas, elle ne soit pas à la portée de tout le monde ?</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est
pas une question de division du travail, à savoir que tout le monde
ne puisse pas s'employer à analyser le reste. C'est pas à
la portée de tout le monde, d'un fait de... de structure dont j'ai
essayé de rappeler la dernière fois ou tout au moins d'indiquer
à quoi j'entends l'emmancher. Il ne peut pas être à
la portée de tout le monde de remplir cet office que j'ai défini
à l'instant de recueillir la vérité comme plainte.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quel est
le statut de ce mariage que j'ai évoqué tout à la
suite, en le mettant sous le patronage de, de William Blake ? Quand je
dis que ce n'est pas à la portée de tout le monde, ça
va loin, ça implique qu'il y en a à qui c'est de fait interdit.
Et quand j'énonce les choses ainsi, j'entends me, me démarquer
de ce qu'il y aurait de ceci, de ceci qu'avance Hegel quelque part, de
ce rejet, inscrit dit-il dans ce qu'il appelle "la loi du coeur", ce rejet
du désordre du monde. Hegel montre que si ça se fait, c'est
facile. Et il a bien raison. Il ne s'agit pas de produire ici le désordre
du monde, il s'agit d'y lire le pas-tout !</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce
là substitution à l'idée de l'ordre ? C'est très
précisément ce que, ce dans quoi je me propose aujourd'hui
d'avancer, d'avancer avec cette question laissée à l'instant
de ce qui m'y pousse. Ce qui m'y pousse à en témoigner.</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce pas-tout,
en quoi consiste-t-il ? Il est évident qu'il ne peut se rapporter
à, à ce qui ferait tout, à... à un monde harmonieux.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors
le pas-tout, faut-il le saisir quelque part dans un élément
? Un élément qui pèche justement de n'y pas être
harmonisé ? Est-ce que ça suffit à ce que, à
ce que tout y soit acquis, permettez-moi là de l'avancer, à
la bifurcation, à l'arbre. Ouais. Je vous fais remarquer que là,
comme ça mine de rien, à vous poser la question comme ça,
cette bifurcation, c'est, c'est aussi bien ce que je viens de faire, un
signe, un y, de quelque chose qui, qui est sensible, enfin avec quoi nous
frayons : y a l'arbre, y a le végétal, il fait branche, c'est
son mode de présence. Et je vois pas pourquoi j'irais pas à
patauger là, dans, dans quelque chose qui quand même se recommande
à notre attention, parce que c'est le fait de l'écriture,
hein : la vieille <i>Urscene</i>, la scène primitive, telle qu'elle
s'inscrit de la Bible, au début de la dite Genèse. Le tentateur,
hein. Et puis la gourde, n'est-ce pas la, la nommée Eve, et puis
le connard des connards n'est-ce pas, l'Adam premier ? Et puis ce qui circule,
là, le machin qui lui reste en travers de la gorge, la pomme qu'on
dit. Pis c'est pas tout, hein : y a le grand-papa qui rapplique et puis
qui les, qui les sonne. Moi je suis pas contre, de lire ça.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je suis
pas contre puisque c'est plein de sens. C'est bien justement ce dont il
faudrait le nettoyer. Peut-être que si on grattait tout le sens hein,
on aurait une chance d'accéder au Réel. C'est même
ça que je suis en train de vous enseigner. C'est que c'est pas le
sens de la plainte qui nous importe, c'est ce qu'on pourrait trouver au-delà,
de définissable comme du Réel, ouais. Seulement pour nettoyer
le sens, il faudrait pas en oublier, parce que sans ça c'est ça
qui fait rejet, hein, et dans tout ça y a quelque chose qu'on oublie.
Et c'est justement l'arbre. Ce qui est énorme, c'est qu'on ne s'aperçoive
pas que c'était ça qui était interdit. C'est pas le
serpent, c'est pas la pomme, c'est pas la connasse, c'est pas le connard
: c'était l'arbre dont il fallait pas approcher ! Et à lui
personne ne pense plus, c'est admirable ! Mais lui, l'arbre, qu'est-ce
qu'il en pense ? Là je fais un saut parce que qu'est-ce que ça
veut dire "qu'est-ce qu'il en pense ?" ça ne veut rien dire que
ceci, qui est en suspens, et qui est très précisément
ce qui me fait suspendre tout ce qui peut se dire au titre de la vie, de
la vie qui se lave. Parce que malgré que l'arbre ne se lave pas,
ça, ça se voit, est-ce que malgré cela, l'arbre jouit
? C'est une question que j'appellerai essentielle. Non pas qu'il y ait
d'essence en dehors de la question : la question c'est l'essence, il n'y
a pas d'autre essence que de question. Comme il n'y a pas de question sans
réponse, je vous le serine depuis longtemps, ça veut dire
que l'essence aussi en dépend, de la réponse. Seulement là,
elle manque. Impossible de savoir si l'arbre jouit, quoiqu'il ne soit pas
moins certain que l'arbre, c'est la vie. Ouais.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je vous
fais mes excuses d'avoir comme ça imaginé ça, imaginé
de vous présenter ça, comme ça, à l'aide de
la Bible. Moi, la Bible, ça ne me fout pas la trouille. Et je dirai
même plus, j'ai pour ça une raison. C'est que y a des gens
comme ça qui, qui en ont été formés, hein,
les Juifs qu'on les appelle généralement. On peut pas dire
qu'ils aient pas cogité sur le machin, la Bible. Je dirai même
plus tout prouve, tout prouve dans leur histoire (à Madame Gloria
Gonzalès :<i> Donnez moi un cigare !</i>) tout prouve dans leur
histoire qu'ils ne se sont pas occupés de la nature, qu'ils ont
talmudisé comme on dit c'te Bible. Eh bien je dois reconnaître
que ça leur a réussi. Et à quoi est-ce que je le touche
? Je le touche à ceci, oui, qu'ils ont vraiment bien contribué,
quand c'est venu à leur portée, à ce domaine qui m'intéresse,
quoi que ce ne soit pas le mien, le mien au sens de domaine de l'analyse,
qu'ils ont vraiment contribué, avec une particulière astuce,
au domaine de la science. Qu'est-ce que ça veut dire, ça
? C'est pas eux qui l'ont, qui l'ont inventée.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; L'histoire
de la science est partie d'une interrogation sur la (mettez ça entre
guillemets, je vous en prie) sur la "nature", sur la - à propos
de quoi Monsieur Heidegger se tortille les circonvolutions.<font color="#cc0000">
</font>Qu'est-ce que c'était que la nature pour les Grecs, s'interroge-t-il
! La nature, ils s'en faisaient une idée. Il faut bien le dire que,
que l'idée qu'ils s'en faisaient - comme le même Heidegger
le suggère - elle est, elle est bien perdue. Elle est perdue, perdue,
perdue, perdue. Je vois pas pourquoi on la regretterait ! Puisqu'elle est
perdue, hein ? Eh ben, on n'a pas un tellement grand deuil à en
faire puisqu'on en sait même plus ce que c'est. Ouais. On sait même
plus ce que c'est parce qu'il est bien évident que si la science
a réussi, a réussi, a réussi à surgir, il semble
pas, d'ailleurs, que les Juifs y aient au départ mis beaucoup d'eux-mêmes.
C'est après coup, dans la timbale une fois décrochée,
qu'ils sont venus mettre leur grain de sel, hein, et qu'on s'est aperçu
que, que c'est clair, enfin quoi l'Einstein à en remettre au grand
machin de Newton, c'est lui qui tient le bon bout. Et puis il est pas le
seul, il y en a d'autres, que je vous nommerai à l'occasion, mais
je ne peux pas parler de tous à la fois, parce qu'ils pullulent
et puis qu'ils sont pas tous dans le même coin. Ce qu'il y a de certain
c'est que, c'est quand même frappant que, qu'il ait suffi de ce,
de ce sacré machin-là, écrit, l'Ecriture par excellence,
qu'on dit ! - qu'il ait suffi de ça pour qu'ils rentrent dans le
truc de ce que, de ce que les Grecs ont préparé et préparé
par quelque chose qui n'est à distinguer de l'écriture, de
l'écriture en tant que la spécifie, enfin, que ce soit possible
à lire, que quand ça se lit, ça fait un dire - un
dire à dormir debout, naturellement, comme je vous l'ai raconté
tout à l'heure à propos de cette scène à la
mords-moi-le-doigt, un dire à dormir debout, mais un dire ! Il est
tout à fait clair que si le Talmud a un sens, ça consistait
précisément à vider de sens ce dire, c'est-à-dire
à n'étudier que la lettre. Et de cette lettre induire des
combinaisons absolument loufoques, dans le genre d'équivalence de
la lettre et du nombre, par exemple, mais c'est tout de même curieux
que ça soit ça qui les ait formés et qu'ils se trouvent
à la page quand ils ont affaire à la science... Ouais.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors
c'est ce qui m'autorise, je dirai, je dirai à faire comme eux, à
ne pas considérer comme un champ interdit ce que j'appellerai la
mousse religieuse, à laquelle je recourais tout à l'heure.
Ce que j'appelle "la mousse", là, c'est le sens, tout simplement
! le sens à propos de quoi je, je, j'essayais justement de faire,
de faire le nettoyage, en posant la question, la question de l'arbre :
qu'est-ce qu'il est, l'arbre ? Et qu'est-ce qu'il est sur un point très
précis que j'ai désigné, parce que je reste pas en
l'air : est-ce qu'il jouit ? La mousse religieuse peut donc, enfin, être
aussi bien du matériel de laboratoire ! Et pourquoi pas, et pourquoi
pas nous en servir puisque, puisqu'elle nous vient avec ce que j'appelle,
ce que j'appelle en la faisant basculer tout entière d'un côté,
ce que j'appelle la vérité, parce que bien sûr, c'est
pas la vérité vidée, hein, c'est la vérité
comme ça foisonnante. Voilà...</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Voilà.
Je peux quand même bien vous indiquer que, que c'est pas pour rien,
enfin, qu'il y a, qu'il y a des Juifs biologistes, hein. Moi, je viens
de lire un truc dont aussi bien je vous donnerai le titre... je vous donnerai
le titre, enfin, c'est, c'est, c'est le bouquin, là, sur la sexualité
et les bactéries. Il y a une chose qui, qui m'a frappé, enfin,
à la lecture de ce livre que j'ai lu avec passion de bout en bout,
parce que c'était dans mon, dans mon fil, comme ça, c'est
que si, c'est que si l'amibe, hum... Cette petite saloperie, là,
que vous regardez au microscope, là, hein, et puis qui manifestement
frétille, hein, elle vous bouffe des trucs... elle bon. Ça
c'est sûr qu'elle jouit !</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Eh ben
pour la bactérie, je m'interroge ! Est-ce que la bactérie
jouit ?</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ben,
c'est marrant hein, la seule chose qui puisse, enfin nous en suggérer
l'idée, c'est, je peux quand même pas dire que c'est dans
Jacob que je l'ai découvert, faut pas exagérer, j'avais eu
comme ça, une rumeur... bon, mais dans ce Jacob, qui d'ailleurs
est dans l'occasion associé à un nommé Wollman, ce
qui m'a véritablement fasciné, hein, c'est ce qui est la
caractéristique de ladite bactérie, c'est qu'il y a rien
de tel au monde qu'une bactérie pour pouvoir être infectée.</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est
pour tout dire que la bactérie ne nous apporterait absolument rien
s'il n'y avait pas le bactériophage. Et le lien que fait, que fait
! il fait pas, ça se dégage mais enfin c'est certain que,
le fait que, comme son nom l'indique Jacob soit juif, c'est certainement
pas pour rien que son rapport, rapport d'expériences accumulées,
minutieuses, foisonnantes enfin, que son rapport sur ce qu'il se passe
entre la bactérie et le bactériophage, ce soit là
que nous puissions prendre le "sentiment", disons que de l'infection, de
son infection par le bactériophage, la bactérie jouisse,
éventuellement.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et si
on y regarde de bien près, enfin reportez-vous au texte, moi je
vous l'indique, ça va en faire un second qu'il va vous falloir vous
fourrer dans les poches, seulement celui-là il est très difficile
à trouver, il est archi-épuisé ce machin-là,
il est paru en Amérique... C'est emmerdant ! Ce serait tout de même
pas mal que vous vous en fassiez tirer des photocopies. Il y en a aussi
peut-être un en français qui circule, mais je peux pas vous
dire, moi, je ne m'y suis pas précipité puisque j'ai lu la
chose en anglais, enfin, il y en a aussi un en français dont je
sais même pas encore s'il se trouve : vous voyez quelle est ma bienfaisance,
je vous l'indique au moment où vous allez donc me faire la plus
effroyable concurrence si je veux me le procurer. Enfin tant pis, il y
a toujours la photocopie...</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><a href="#1"><sup><font size="-2">1.</font></sup><font size="-1">[début
coupure son 60']</font></a></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000099"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
C'est en fin de compte de là que se touche le joint, un joint qui
est très particulier. Si Jacob par là manifeste qu'il y a
sexe au niveau de la bactérie, il ne le manifeste que de ceci, lisez
bien le livre qu'entre deux mutations de bactéries de la même
lignée, soit de ce fameux <i>escherichia coli </i>qui a servi de
matériel de laboratoire à ce niveau-là, qu'entre deux
mutations de bactéries de la même provenance, ce qui constitue
le sexe, c'est qu'entre elles, ces mutations, il n'y ait pas de rapport
possible. Ceci veut dire qu'une lignée de bactéries dont
la mutation consiste en une possibilité de foisonnement plus grande
que dans l'autre, alors que c'est au niveau de cette possibilité
de foisonnement que l'autre se distingue : foisonnement-plus, <i>fertility</i>
qu'ils appellent ça en anglais, foisonnement-moins. Les foisonnantes-plus,
quand elles se rencontrent avec les foisonnantes-moins, les font muter
du côté du foisonnement. Alors que les foisonnantes-moins,
quand elles vont aux foisonnantes-plus, elles ne les font pas muter du
côté du foisonnant-moins. C'est donc essentiellement du non-rapport
entre deux rameaux - nous le retrouvons notre petit arbre ! - c'est donc
du non-rapport entre deux rameaux d'un même arbre, que pour la première
fois se suggère, au niveau de la bactérie, l'idée
qu'il y a une spécification sexuelle.</font></font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000099"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Alors vous voyez dans quelle note ça, ça, ça peut
me toucher, parce que, de retrouver ce non-rapport à un tout autre
niveau de la prétendue évolution de la vie, qui est celui
dont je spécifie l'être parlant, c'est quand même quelque
chose qui enfin, qui est bien fait pour me retenir et pour du même
coup essayer aussi de vous mettre un peu au parfum... Parce qu'en somme,
ce que ça veut dire, c'est que dans sa première apparition
- qui n'a d'ailleurs, strictement rien à faire avec sa seconde apparition
qui est une pure homologie - la sexualité, ce n'est pas du tout
la même chose, mais que ça puisse être à l'occasion
à un niveau de l'arbre, une chose liée à l'infection
et à rien d'autre, c'est quand même, c'est quand même
digne de nous retenir. Bien sûr, ça ne veut pas dire non plus
nous précipiter, hein, faut pas se précipiter, surtout, parce
que c'est, c'est la meilleure façon de se foutre le doigt dans l'œil
! Mais enfin, c'est sensible. Et que, que la question de la jouissance
se suggère dès l'infection, sexualité à portée
limitée, c'est aussi digne de nous retenir. Bon. Quand je dis ne
pas se précipiter, hein, ça veut dire aussi : ne pas se laisser
mener par le bout du nez.</font></font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000099"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Y a-t-il - je fais rupture ici, je prends les choses par un autre bout
- y a-t-il du savoir dans le Réel ? Il est essentiel qu'ici je rompe,
puisque sinon moi du moins vous vous êtes jusqu'ici laissés
mener par le bout du nez, c'est-à-dire que vous vous arrêtez
là où je m'arrête moi-même, pour ne pas me laisser
mener du même bout. Poser la seconde question, celle que j'avance
maintenant, après m'être laissé mener dans la mousse
religieuse, en quoi cela a-t-il de l'intérêt, que maintenant
je reparte ? C'est quand même, c'est pas difficile à, à
sentir, n'est-ce pas, la jouissance, elle fait éruption
<i>(sic)
</i>dans
le Réel. Et qu'il y aura un moment - qui sera plus tard, parce qu'il
faut quand même bien sérier les choses, hein, où la
question se retourne. Le Réel, qu'a-t-il à répondre,
si la jouissance l'interroge ? Et c'est en quoi je commence - là
vous voyez le lien - en quoi je commence à poser la question : le
savoir, c'est pas pareil que la jouissance. Je dirai même plus, s'il
y a un point où, où je vous ai menés, enfin, en partant
de ce savoir qui s'inscrit de l'inconscient, c'est bien que le savoir,
c'est pas forcé qu'il jouisse de lui-même.</font></font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1"><font color="#000099">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Et c'est bien pourquoi, maintenant, rupture,&nbsp; je re-</font> [<font color="#000000"><a href="#1">fin
coupure du son]</a></font></font><font color="#000000"><sup><font size="-2"><a href="#1">1.</a></font></sup><font size="-1">-</font></font><font size="-1">prends
un fil d'un autre bout, dont aucun terme ne se rencontre dans ce que j'ai
avancé d'abord. Je reprends le fil par un autre bout et je fais
question du savoir dans le Réel. Il est bien clair que cette question
comme toutes les autres ne se pose que de la réponse. Je dirai même
plus : de la réponse telle que je viens de l'accentuer. L'inconscient
au sens de Freud, c'est au nom de quoi je pose la question du savoir dans
le Réel. Mais je ne la pose pas en donnant à l'inconscient
de Freud toute sa portée. Je dis seulement que l'inconscient ne
se conçoit d'abord que de ceci : que c'est un savoir. Mais je me
limite à ça. C'est au nom de ça que la question du
savoir dans le Réel prend son sens.</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Y en
a. Et il n'y a pas besoin de l'inconscient de Freud pour qu'il y en ait.
Y en a selon toute apparence, sans quoi le Réel ne marcherait pas.
Voilà d'où je pars qui vous le voyez est d'une tout autre
allure. D'une allure grecque, celle-là, justement. Le Réel,
c'est comme le discours du maître : c'est le discours grec. Le Réel,
il faut que ça marche. Et on ne voit pas comment ça marcherait,
sans qu'il y ait dans le Réel du savoir. Alors là aussi hein,
ne pas se précipiter. Là c'est plus de se laisser mener par
le bout du nez qu'il s'agit, là, c'est de s'engluer, avec ce pas.
Il faut bien en trancher le cadre. Si j'ai fait ce pas dans le Réel,
il faut que je découpe le... toute la glu tout autour, pour pas
y rester collé, hein. Et ça dans le Réel, c'est, si
j'ose dire, ce qui ne veut rien dire hors d'un sens.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans le
Réel, ça veut dire : ce qui ne dépend pas de l'idée
que j'en ai. Un pas de plus avec la même colle aux pieds : ce à
quoi, que j'y pense, n'importe pas. Que je pense à lui, comme ça,
le Réel, c'est ce qui s'en fout. Et c'est bien pourquoi que la première
fois que j'ai essayé de faire vibrer cette catégorie, enfin,
aux oreilles de mes auditeurs, ceux de Sainte-Anne, je peux pas dire que
j'ai pas été gentil, hein, je leur ai dit : le Réel
c'est, c'est ce qui revient toujours à la même place. Ce qui
est justement le mettre en place. La notion de place, elle surgit de là.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Alors,
en disant ça, je mets le Réel, je le situe justement, je
le mets à sa place, d'un sens, ne l'oublions pas, d'un sens en tant
<nobr>que su : </nobr>le sens se sait. C'en est même au point qu'on
est étonné hein, vu le génie de lalangue qu'on n'en
ait pas fait un seul mot, hein, qu'on ait, qu'on ait pataugé : le
sensé, le sensible, tout ce qu'on veut, mais que ça n'ait
pas fini par se cristalliser : le sensu. Faut croire que ça avait
des échos qui ne nous plaisaient guère.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce que
je suis en train de dire par là, en tout cas de vous avancer concernant
le Réel, c'est ça d'abord, c'est que le savoir dont il s'agit
dans la question : y a-t-il savoir dans le Réel, est tout à
fait à séparer de l'usage du su dans le sensu. C'est du sens
à partir de là que je détache le réel, mais
ça n'est pas du même savoir que je questionne pour savoir
s'il y a du savoir dans le Réel. Le savoir dont il s'agit dans la
question n'est pas cet ordre de savoir qui porte sens ou plus exactement,
qui, du sens, est porté.</font></font>
</p><p><font size="-1"><font face="Arial,Helvetica">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et je
vais tout de suite l'illustrer. <font color="#000000">L'illustrer, l'illustrer
d'Aristote. Il est tout à fait frappant que dans sa <i>Physique</i>,
Aristote ait depuis un bon bout de temps enfin fait le saut, le saut par
quoi, par quoi se démontre que sa Physique n'a strictement rien
à faire avec la </font></font><font color="#000000"><font face="Symbol">fusiz</font><font face="Arial,Helvetica">&nbsp;

dont Heidegger essaie de nous faire resurgir le fantôme. C'est que
ce à quoi il s'en prend, il s'en prend pour répondre à
la question qui est celle que je pose maintenant : y a-t-il du savoir dans
le Réel ? Il s'en prend au savoir de l'artisan. C'est que les Grecs
n'avaient pas le même rapport à l'écriture. La fleur
de ce qu'ils ont produit, c'est des dessins, c'est de tirer des plans.
C'est leur idée de l'intelligence. Il ne suffit pas d'avoir une
idée de l'intelligence pour être intelligent. Ça vous
est spécialement adressé, cette recommandation. Et il est
surprenant que ce soit Aristote qui nous le prouve.</font></font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000000"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Cet artisan, Dieu sait ce qu'il lui impute, c'est le cas de le dire. Il
lui impute, d'abord, de savoir ce qu'il veut : ce qui quand même
est raide ! Où est-ce qu'on a vu que quelqu'un qui se dépêtre,
en artisan, sache ce qu'il veut ?</font></font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est
Aristote qui lui, qui, qui lui flanque ça sur le dos. Grâce
à Aristote, l'artisan <i>cause final</i>. Et puis aussi, pendant
qu'il y est, je ne vois vraiment pas ce qui l'arrête, n'est-ce pas,
il <i>cause formel</i> aussi, il a de l'idée, comme on dit. Et puis
après ça, il, il, il <i>cause</i> <i>cause</i>, il <i>cause</i>

même
<i>moyen</i>,&nbsp; enfin, il cause <i>efficient</i> pour tout
dire et c'est encore heureux si Aristote laisse un bout de rôle à
la matière. Là c'est elle, elle <i>cause</i> <i>matériel</i>,
ça cause, ça cause, ça cause même à tort
et à travers.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Parce
que pour prendre les choses comme ça, au niveau d'où ça
sort, c'est-à-dire le pot, c'est comme ça que c'est sorti,
non pas bien sûr qu'ils savaient faire que ça, les Grecs,
ils savaient faire des machins beaucoup plus compliqués, mais tout
ça, ça sort du pot. Quand je pose la question : s'il y a
du savoir dans le Réel, c'est précisément pour exclure
de ce Réel ce qu'il en est du savoir de l'artisan. Non seulement
le savoir de l'artisan ne cause pas, mais c'est exactement cet ordre de
savoir auquel l'artisan sert parce qu'un autre artisan lui a appris à
faire comme ça.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et loin
que le pot ait une fin, une forme, une efficacité et même
une matière quelconque, le pot, c'est un mode du jouir. On lui a
appris à jouir à faire des pots ! Et si on lui achète
pas son pot - et ça c'est le client qui l'a à sa jugeote
- si on lui achète pas son pot, ben il en est pour sa jouissance,
c'est-à-dire qu'il reste avec et que ça ne va pas très
loin. C'est un mode qu'il est essentiel de détacher de ce dont il
s'agit quand je pose la question : s'il y a du savoir dans le Réel.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faudrait
quand même seulement qu'il y en ait ici quelques-uns qui ont été,
qui ont été, je sais pas, à l'Exposition des Fouilles
chinoises archéologiques qu'on appelait ça, des fouilles
chinoises qui étaient ce que, ce qu'avait trouvé de mieux
à nous envoyer le pays de Mao. Là vous pouvez voir, à
ce niveau-là parce qu'il y a des raisons pour que, dans cette, dans
cette zone enfin, on puisse encore voir les pots au moment de leur surgissement.
Il est tout à fait clair que ces pots absolument saisissants, admirables,
n'est-ce pas, ces pots du temps de l'apparition des mots, quand pour la
première fois, on a fait des pots. On leur fout trois pieds comme
par hasard mais c'est des pieds qui sont pas des pieds, des pieds qui se
vissent, vous comprenez, c'est des pieds qui sont là dans la continuité
du pot. C'est des pots qui ont, qui ont, qui ont des becs dont on peut
dire que toute bouche est indigne à l'avance. C'est des pots qui
sont eux-mêmes, dans leur avènement enfin des choses devant
quoi on se prosterne.</font></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce
que vous croyez que ce surgissement-là, c'est quelque chose qui
ait quoi que ce soit à faire avec la décomposition aristotélicienne
? Ces pots, il suffit de les regarder pour voir qu'en somme ils peuvent
servir à rien. Mais il y a une chose certaine, c'est que ça
a poussé, ça a poussé comme une fleur. Qu'Aristote
enfin les, les décompose, enfin n'est-ce pas, les <i>con-cause</i>
de quatre causes, au moins, différentes, c'est quelque chose qui,
qui à soi seul enfin démontre que les pots sont d'ailleurs.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais pourquoi
est-ce que je vous en parle puisque justement je les mets ailleurs ? Je
vous en parle parce que si c'est le client qui, qui finalement a à
juger du pot, faute de quoi le potier enfin, il peut se mettre la ceinture,
ça nous démontre quelque chose, c'est que c'est le client
qui non seulement achète le pot, mais qui, l'artisan, le <i>potière</i>,
si je puis m'exprimer ainsi. Et il suffit de voir la suite de cette liaison
qu'il y a entre le fait que le pot enfin soit si bien fait </font><sup><font size="-2"><a href="#2">2.</a></font></sup><font size="-1">que
le potier est porté au pinacle et pour s'apercevoir que cette vieille
histoire, c'est exactement la même que celle d'où a surgi
la notion de dieu, c'est si bien fait que, qu'on imagine que Dieu est un
potier, exactement tout comme l'artisan. Le Dieu dont il s'agit, c'est,
c'est... autrefois enfin mon vieil ami André Breton avait cru prononcer
un blasphème en disant que, en disant que Dieu est un porc. C'est
pas pour rien que la dernière fois je vous ai dit que j'ai jamais
encouragé les surréalistes. Non pas du tout que moi j'abrégerais
et je dirais que Dieu est un pot ; Dieu est un empoté ! Dieu est
le potier, c'est vrai, mais le potier aussi est un empoté. C'est
le sujet, enfin du, du savoir supposé à son art.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais c'est
pas de ça qu'il s'agit quand je vous pose la question : y a-t-il
du savoir dans le Réel ? Parce que ça, c'est ce qu'on a rencontré
le jour où du Réel on a réussi à arracher un
brin, c'est-à-dire au moment de Newton, où quand même
c'est arrivé et que là, pour que le Réel fonctionne,
le Réel au moins de la gravitation, c'est-à-dire pas rien
quand même, parce que nous y sommes tous vissés à cette
gravitation et rien de moins que par notre corps, jusqu'à nouvel
ordre, non pas que c'en soit une propriété, comme l'a bien
démontré la suite, mais on y est vissés à ce
Réel. Et là, qu'est-ce que c'est enfin qui a tracassé
les gens au moment de Newton ? Ça n'est rien moins que ceci, que
cette question dont je dirai enfin qu'elle concernait ce dont il s'agissait,
c'est-à-dire "les masses", c'est le cas de le dire. Les masses.
Comment ces masses pouvaient-elles savoir à quelle distance elles
étaient des autres masses pour qu'elles observent la loi de Newton
? Il est absolument clair que, que, qu'il faut Dieu, là. On peut
pas tout de même prétendre que, que les masses, les masses
comme telles, c'est-à-dire définies par leur seule inertie,
par où leur viendrait la notion de la distance à laquelle
elles sont des autres masses ? Et qui plus est, de ce qu'il en est de ces
masses elles-mêmes pour se conduire correctement ? Au temps frais
où cette élucubration newtonienne est sortie, ça n'a
échappé à personne ! C'était la seule notion
enfin que… la seule notion qu'on pouvait lui opposer, c'était, c'étaient
les tourbillons de Descartes, malheureusement les tourbillons de Descartes,
ils existaient pas et tout le monde pouvait très bien s'en apercevoir.
Alors il fallait Dieu pour, pour informer, enfin n'est-ce pas, à
tout instant enfin, c'est même au point que non seulement il fallait
qu'il soit là pour informer à tout instant les masses de
ce qu'il en était des autres, mais... on supposait même qu'il
n'avait peut-être pas d'autre moyen que de les pousser du doigt les
masses, lui-même... Ce qui, ce qui bien sûr était exagéré
enfin, était exagéré parce qu'il est clair que du
moment qu'il y a l'accélération inscrite déjà
dans la formule, le temps aussi y était, donc il n'y avait pas besoin
du doigt de Dieu ! Mais pour l'information le savoir dans le réel,
ça quand même, c'était difficile de, difficile de l'exclure.
Et ce dont je vous parle moi ici, c'est du savoir dans le Réel.</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><sup><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <a href="#3.">3.</a>&nbsp;
</font></sup><font size="-1">Fin texte de la bande son.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><sup><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
<a href="#4">4.</a>&nbsp; </font></sup><font color="#000099"><font size="-1">Faut
pas vous imaginer que, que parce qu'Einstein est venu après et en
a remis un bout, hein, faut pas vous imaginer que ça va mieux, hein,
parce qu'il y a quand même une drôle d'histoire, n'est-ce pas,
c'est que cette relativité de l'espace, désormais désabsolutisé,
car enfin il y a un bout de temps, enfin qu'on avait pu le dire que, enfin,
que, après tout Dieu c'était l'espace absolu, enfin ça
c'est, c'est des badinages, bon. Mais la relativation de cet espace par
rapport à, à la lumière, ça vous a une drôle
de touche de <i>fiat lux</i>, et ça, ça a tout l'air de recommencer
à, à se foutre le cul dans la mousse religieuse. Alors, n'exagérons
rien. C'est peut-être là, vous comprenez, que c'est comme
ça en tout cas que pour aujourd'hui je me limiterai, enfin à
ce que fait surgir l'analyste. Vous avez bien senti, senti, hein, que tout
ça provient de ce fait enfin c'est que nous n'avons parlé
jusque ici que de ce qui vient du ciel. Tout ce que nous avons de Réel
un tant soit peu sûr, y compris nos montres, hein, c'est, c'est,
c'est, c'est uniquement, uniquement descendu du ciel. Si ce n'est pas de
là qu'on était parti pour ce qui revient toujours à
la même place, définition que je donne du Réel, nous
n'aurions aujourd'hui ni montre, ni télévision, ni toutes
ces choses charmantes grâce à quoi vous êtes non seulement
minutés, mais si j'ose dire, "secondés". Vous êtes
tellement bien secondés que vous n'avez même plus la place
de vivre.</font></font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000099"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Heureusement qu'il y a de l'analyste, hein. L'analyste, je vais terminer
sur une métaphore : l'analyste, c'est le feu-follet. C'est une métaphore
qui elle ne fait pas <i>fiat lux</i>. C'est tout ce que j'ai à dire
pour l'excuser. Je veux dire qu'elle s'oppose aux étoiles d'où,
d'où tout est descendu de ce qui vous encombre et vous range ici
si bien, enfin, pour écouter mon discours, n'est-ce pas. C'est-à-dire
que ça n'a absolument rien à faire avec ce dans quoi vous
viendrez vous plaindre chez moi dans un instant.</font></font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000099"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;
Le seul avantage que je trouve à ce feu-follet, c'est que ça
ne fait pas <i>fiatlux</i>. Le, le, le feu-follet n'éclaire rien,
il sort même ordinairement de quelque pestilence. C'est sa force.
C'est ce qu'on peut dire, à partir du feu-follet, dont j'essaierai
de reprendre le fil, le fil follet, la prochaine fois.</font></font></font>
<br>
</p><hr align="right" width="85%"><font face="Arial,Helvetica"></font>
<p><a name="1"></a><font face="Arial,Helvetica">1. <font size="-1">début
coupure à 60'. Le texte est celui de la version papier C.B.:&nbsp;
de "<font color="#3333ff">C'est en fin de compte de là que se touche
le joint [...]"</font><font color="#000000"> à : </font><font color="#3333ff">"Et
c'est bien pourquoi, maintenant, rupture, </font>je reprends un fil d'un
autre bout [...]"</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>

</p><p><a name="2"></a><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">2. Phrase
qui ne figure pas sur la version C.B. (à 86'20) : que le potier
est porté au pinacle et pour s'apercevoir que cette vieille histoire,
c'est exactement la même que celle d'où a surgi la notion
de dieu, c'est si bien fait que, [qu'on imagine...]</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><a name="3."></a><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">3. . A partir
de là, la bande son jusqu'à la fin (90' à 99'26) n'est
plus pertinente (reprise d'un passage énoncé avant de 14'30
à 20')</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">Ce sont... d'imprudentes
émissions. Emissions de quoi ? de voix. De voix à écrire
tout autrement v-o-i-x, celles-là. Ce sont d'imprudentes émissions
de voix qui énoncent ces couplages.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous
pouvez remarquer que ce... que le couplage dans l'occasion ça va
par trois. Et qu'est-ce que c'est que la vie, dans l'occasion ? C'est bien
quelque chose qui, qui dans ce trois, alors, fait… fait… fait un trou,
hein. Je sais pas si vous savez ce que c'est que la vie, hein, mais c'est
tout de même curieux que, que ça fasse problème.
<b><i>Lavie</i></b>
que pour l'occasion j'écrirais bien comme j'ai fait, comme j'ai
fait de <b><i>lalangue</i></b> en un seul mot. Ce ne serait que pour suggérer
que, que nous n'en savons, nous n'en savons pas beaucoup de choses sinon
qu'elle s'lave. C'est à peu près la seule marque sensible
de ce qui rentre dans
<i>lavie</i>.</font></font>

<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Enfin
ces couplages, qu'est-ce que je suggère ici, à partir de
l'expérience qui se définit d'analytique, qu'est-ce que je
suggère ici ?</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce...
ces couplages de les penser ? Ouais.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si c'était
ça, ça serait, enfin, cette espèce de, de bascule,
qui serait chute dans le discours universitaire. C'est là qu'on
pense. C'est-à-dire qu'on baise. Bon, je vous fais remarquer que,
que dans ce discours, je ne suis, comme ça, c'est un petit test,
simplement, c'est pas du tout que, que je m'en targue, je ne suis pas reçu,
je suis plutôt, plutôt supporté, oui, toléré,
tout ça nous ramène au statut, au statut de, de ce que j'énonçais
la dernière fois enfin, lié à notre rapport, de vous,
de moi et que je mettais en suspens entre la voix et l'acte de dire.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-2">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'ose
espérer que l'acte de dire [...] (fin).</font></font><font face="Arial,Helvetica"></font>
</p><p><a name="4"></a><font size="-1"><font face="Arial,Helvetica">4. La fin
du texte de cette séance n'est pas sur la bande son, c'est le texte
proposé sur la version C.B</font>.<a></a><a></a></font>







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