Difference between revisions of "La signification du phallus"
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− | Die Bedeutung des Phallus | + | Die [[Bedeutung]] des [[Phallus]] |
− | Jacques Lacan, 1958 | + | Jacques [[Lacan]], 1958 |
Nous donnons ici sans modification de texte la conférence que nous avons prononcée | Nous donnons ici sans modification de texte la conférence que nous avons prononcée | ||
en allemand le 9 mai 1958 à l'institut Max-Planck de Munich où | en allemand le 9 mai 1958 à l'institut Max-Planck de Munich où | ||
− | le professeur Paul Matussek nous avait invité à parler.</font></font></font> | + | le professeur [[Paul]] Matussek nous avait invité à parler.</font></font></font> |
<br><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">On y mesurera, | <br><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">On y mesurera, | ||
à condition d'avoir quelques repères sur les modes mentaux | à condition d'avoir quelques repères sur les modes mentaux | ||
régissant des milieux pas autrement inavertis à l'époque, | régissant des milieux pas autrement inavertis à l'époque, | ||
la façon dont les termes que nous étions le premier à | la façon dont les termes que nous étions le premier à | ||
− | avoir extraits de Freud, "l'autre scène" pour en prendre un ici | + | avoir extraits de [[Freud]], "l'[[autre]] scène" pour en prendre un ici |
cité, pouvaient y résonner.</font></font></font> | cité, pouvaient y résonner.</font></font></font> | ||
<br><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">Si l'après-coup | <br><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">Si l'après-coup | ||
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</dir> | </dir> | ||
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− | <font color="#330000"><font size="-1">On sait que le complexe de castration | + | <font color="#330000"><font size="-1">On sait que le [[complexe]] de [[castration]] |
− | inconscient a une fonction de nœud :</font></font> | + | [[inconscient]] a une [[fonction]] de nœud :</font></font> |
− | <p><font color="#330000"><font size="-1">1° dans la structuration dynamique | + | <p><font color="#330000"><font size="-1">1° dans la [[structuration]] dynamique |
− | des symptômes au sens analytique du terme, nous voulons dire de ce | + | des symptômes au sens [[analytique]] du terme, nous voulons [[dire]] de ce |
− | qui est analysable dans les névroses, les perversions et les <nobr>psychoses | + | qui est analysable dans les névroses, les perversions et les <nobr>[[psychoses]] |
;</nobr></font></font> | ;</nobr></font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">2° dans une régulation | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">2° dans une régulation | ||
− | du développement qui donne sa ratio à ce premier rôle | + | du [[développement]] qui donne sa ratio à ce premier rôle |
− | à savoir l'installation dans le sujet d'une position inconsciente | + | à [[savoir]] l'installation dans le [[sujet]] d'une [[position]] inconsciente |
− | sans laquelle il ne saurait s'identifier au type idéal de son sexe, | + | sans laquelle il ne saurait s'[[identifier]] au type idéal de son sexe, |
ni même répondre sans de graves aléas aux besoins de | ni même répondre sans de graves aléas aux besoins de | ||
son partenaire dans la relation sexuelle, voire accueillir avec justesse | son partenaire dans la relation sexuelle, voire accueillir avec justesse | ||
− | ceux de l'enfant qui s'y procrée.</font></font> | + | ceux de l'[[enfant]] qui s'y procrée.</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il y a là une antinomie interne | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il y a là une antinomie interne | ||
− | à l'assomption par l'homme (Mensch) de son sexe : pourquoi doit-il | + | à l'assomption par l'[[homme]] (Mensch) de son sexe : pourquoi doit-il |
n'en assumer les attributs qu'à travers une menace, voire sous l'aspect | n'en assumer les attributs qu'à travers une menace, voire sous l'aspect | ||
− | d'une privation ? On sait que Freud, dans Le malaise de la civilisation, | + | d'une [[privation]] ? On sait que Freud, dans Le malaise de la civilisation, |
a été jusqu'à suggérer un dérangement | a été jusqu'à suggérer un dérangement | ||
− | non pas contingent, mais essentiel de la sexualité humaine et qu'un | + | non pas [[contingent]], mais essentiel de la sexualité humaine et qu'un |
de ses dernier articles porte sur l'irréductibilité à | de ses dernier articles porte sur l'irréductibilité à | ||
− | toute analyse finie (endliche), des séquelles qui résultent | + | toute [[analyse]] finie (endliche), des séquelles qui résultent |
− | du complexe de castration dans l'inconscient masculin, du penisneid dans | + | du [[complexe de castration]] dans [[l'inconscient]] masculin, du penisneid dans |
− | l'inconscient de la femme.</font></font> | + | l'inconscient de la [[femme]].</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette aporie n'est pas la seule, | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette aporie n'est pas la seule, | ||
Line 59: | Line 59: | ||
non pas seulement parce que celui-ci est en lui-même discutable, | non pas seulement parce que celui-ci est en lui-même discutable, | ||
mais parce qu'il laisse le problème <nobr>intact :</nobr></font></font> | mais parce qu'il laisse le problème <nobr>intact :</nobr></font></font> | ||
− | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">quel est le lien du meurtre du père | + | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">quel est le lien du meurtre du [[père]] |
au pacte de la loi primordiale, s'il y est inclus que la castration soit | au pacte de la loi primordiale, s'il y est inclus que la castration soit | ||
− | la punition de l'inceste ?</font></font> | + | la punition de l'[[inceste]] ?</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est seulement sur la base des | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est seulement sur la base des | ||
− | faits cliniques que la discussion peut être féconde. Ceux-ci | + | faits cliniques que la [[discussion]] peut être féconde. Ceux-ci |
démontrent une relation du sujet au phallus qui s'établit | démontrent une relation du sujet au phallus qui s'établit | ||
− | sans égard à la différence anatomique des sexes et | + | sans égard à la différence anatomique des [[sexes]] et |
qui est de ce fait d'une interprétation spécialement épineuse | qui est de ce fait d'une interprétation spécialement épineuse | ||
chez la femme et par rapport à la femme, nommément sur les | chez la femme et par rapport à la femme, nommément sur les | ||
quatre chapitres <nobr>suivants :</nobr></font></font> | quatre chapitres <nobr>suivants :</nobr></font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">1° de ce pourquoi la petite | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">1° de ce pourquoi la petite | ||
− | fille se considère elle-même, fût-ce pour un moment, | + | fille se considère elle-même, fût-ce pour un [[moment]], |
comme castrée, en tant que ce terme veut dire privée de phallus, | comme castrée, en tant que ce terme veut dire privée de phallus, | ||
et par l'opération de quelqu'un, lequel est d'abord sa mère, | et par l'opération de quelqu'un, lequel est d'abord sa mère, | ||
point important, et ensuite son père, mais d'une façon telle | point important, et ensuite son père, mais d'une façon telle | ||
− | qu'on doive y reconnaître un transfert au sens analytique du terme | + | qu'on doive y reconnaître un [[transfert]] au sens analytique du terme |
;</font></font> | ;</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">2° de ce pourquoi plus primordialement, | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">2° de ce pourquoi plus primordialement, | ||
Line 80: | Line 80: | ||
pourvue du phallus, comme mère phallique ;</font></font> | pourvue du phallus, comme mère phallique ;</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">3° de ce pourquoi corrélativement | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">3° de ce pourquoi corrélativement | ||
− | la signification de la castration ne prend de fait (cliniquement manifeste) | + | la [[signification]] de la castration ne prend de fait (cliniquement manifeste) |
− | sa portée efficiente quant à la formation des symptômes, | + | sa portée efficiente quant à la [[formation]] des symptômes, |
qu'à partir de sa découverte comme castration de la mère | qu'à partir de sa découverte comme castration de la mère | ||
;</font></font> | ;</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">4° ces trois problèmes | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">4° ces trois problèmes | ||
culminant dans la question de la raison, dans le développement, | culminant dans la question de la raison, dans le développement, | ||
− | de la phase phallique. On sait que Freud spécifie sous ce terme | + | de la [[phase]] phallique. On sait que Freud spécifie sous ce terme |
− | la première maturation génitale en tant d'une part qu'elle | + | la première [[maturation]] génitale en tant d'une part qu'elle |
− | se caractériserait par la dominance imaginaire de l'attribut phallique, | + | se caractériserait par la dominance [[imaginaire]] de l'attribut phallique, |
− | et par la jouissance masturbatoire, - que d'autre part il localise cette | + | et par la [[jouissance]] masturbatoire, - que d'autre part il localise cette |
jouissance chez la femme au clitoris, promu par là à la fonction | jouissance chez la femme au clitoris, promu par là à la fonction | ||
du phallus, et qu'il semble exclure ainsi dans les deux sexes jusqu'au | du phallus, et qu'il semble exclure ainsi dans les deux sexes jusqu'au | ||
Line 96: | Line 96: | ||
génitale.</font></font> | génitale.</font></font> | ||
− | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette ignorance est très | + | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette [[ignorance]] est très |
− | suspecte de | + | suspecte de mé[[connaissance]] au sens [[technique]] du terme, et d'autant |
plus qu'elle est parfois controuvée. Ne s'accorderait-elle qu'à | plus qu'elle est parfois controuvée. Ne s'accorderait-elle qu'à | ||
la fable où Longus nous montre l'initiation de Daphnis et Chloë | la fable où Longus nous montre l'initiation de Daphnis et Chloë | ||
Line 103: | Line 103: | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est ainsi que certains auteurs | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est ainsi que certains auteurs | ||
ont été amenés à considérer la phase | ont été amenés à considérer la phase | ||
− | phallique comme l'effet d'un refoulement, et la fonction qu'y prend l'objet | + | phallique comme l'effet d'un [[refoulement]], et la fonction qu'y prend l'[[objet]] |
phallique comme un symptôme. La difficulté commence quand | phallique comme un symptôme. La difficulté commence quand | ||
− | il s'agit de savoir quel symptôme : phobie, dit l'un, perversion, | + | il s'agit de savoir quel symptôme : [[phobie]], dit l'un, [[perversion]], |
dit l'autre, et parfois le même. Il apparaît à ce dernier | dit l'autre, et parfois le même. Il apparaît à ce dernier | ||
cas que rien ne va plus : non pas qu'il ne se présente d'intéressantes | cas que rien ne va plus : non pas qu'il ne se présente d'intéressantes | ||
transmutations de l'objet d'une phobie en fétiche, mais précisément | transmutations de l'objet d'une phobie en fétiche, mais précisément | ||
si elles sont intéressantes, c'est pour la différence de | si elles sont intéressantes, c'est pour la différence de | ||
− | leur place dans la structure. Demander aux auteurs de formuler cette différence | + | leur [[place]] dans la [[structure]]. Demander aux auteurs de formuler cette différence |
dans les perspectives présentement en faveur sous le titre de la | dans les perspectives présentement en faveur sous le titre de la | ||
relation d'objet, serait prétention vaine. Ceci en la matière, | relation d'objet, serait prétention vaine. Ceci en la matière, | ||
− | faute d'autre référence que la notion approximative d'objet | + | faute d'autre référence que la [[notion]] approximative d'objet |
− | partiel, jamais critiquée depuis que Karl Abraham l'introduisit, | + | partiel, jamais critiquée depuis que Karl [[Abraham]] l'introduisit, |
bien malheureusement pour les aises qu'elle offre à notre époque.</font></font> | bien malheureusement pour les aises qu'elle offre à notre époque.</font></font> | ||
− | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il reste que la discussion maintenant | + | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il [[reste]] que la discussion maintenant |
délaissée sur la phase phallique, à en relire les | délaissée sur la phase phallique, à en relire les | ||
textes subsistants des années 1928-32, nous rafraîchit par | textes subsistants des années 1928-32, nous rafraîchit par | ||
− | l'exemple d'une passion doctrinale, à laquelle la dégradation | + | l'exemple d'une [[passion]] doctrinale, à laquelle la dégradation |
− | de la psychanalyse, consécutive à sa transplantation américaine, | + | de la [[psychanalyse]], consécutive à sa transplantation américaine, |
ajoute une valeur de nostalgie.</font></font> | ajoute une valeur de nostalgie.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">A seulement en résumer le | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">A seulement en résumer le | ||
débat, on ne pourrait qu'altérer la diversité authentique | débat, on ne pourrait qu'altérer la diversité authentique | ||
des positions prises par une Hélène Deutsch, une Karen Horney, | des positions prises par une Hélène Deutsch, une Karen Horney, | ||
− | un Ernest Jones, pour nous limiter aux plus éminents.</font></font> | + | un Ernest [[Jones]], pour nous limiter aux plus éminents.</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">La succession des trois articles | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">La succession des trois articles | ||
que ce dernier a consacrés au sujet, est spécialement suggestive | que ce dernier a consacrés au sujet, est spécialement suggestive | ||
ne serait-ce que de la visée première sur laquelle il bâtit | ne serait-ce que de la visée première sur laquelle il bâtit | ||
− | et que signale le terme par lui forgé d'<i>aphanisis</i>. Car posant | + | et que signale le terme par lui forgé d'<i>[[aphanisis]]</i>. Car posant |
très justement le problème du rapport de la castration au | très justement le problème du rapport de la castration au | ||
− | désir, il y rend patente son incapacité à reconnaître | + | [[désir]], il y rend patente son incapacité à reconnaître |
ce que pourtant il serre de si près que le terme qui nous en donnera | ce que pourtant il serre de si près que le terme qui nous en donnera | ||
tout à l'heure la clef, semble y surgir de son défaut lui-même.</font></font> | tout à l'heure la clef, semble y surgir de son défaut lui-même.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">On s'y amusera surtout de sa réussite | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">On s'y amusera surtout de sa réussite | ||
− | à articuler sous le chef de la lettre même de Freud une position | + | à articuler sous le chef de la [[lettre]] même de Freud une position |
− | qui lui est strictement opposée : vrai modèle en un genre | + | qui lui est strictement opposée : [[vrai]] modèle en un genre |
difficile.</font></font> | difficile.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Le poisson ne se laisse pas noyer | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Le poisson ne se laisse pas noyer | ||
− | pour autant, semblant narguer en Jones sa plaidoirie pour rétablir | + | pour autant, [[semblant]] narguer en Jones sa plaidoirie pour rétablir |
l'égalité des droits naturels (ne l'emporte-t-elle pas au | l'égalité des droits naturels (ne l'emporte-t-elle pas au | ||
point de la clore du : Dieu les créa homme et femme, de la Bible | point de la clore du : Dieu les créa homme et femme, de la Bible | ||
?) De fait qu'a-t-il gagné à normaliser la fonction du phallus | ?) De fait qu'a-t-il gagné à normaliser la fonction du phallus | ||
− | comme objet partiel, s'il lui faut invoquer sa présence dans le | + | comme [[objet partiel]], s'il lui faut invoquer sa présence dans le |
− | corps de la mère comme objet interne, lequel terme est fonction | + | [[corps]] de la mère comme objet interne, lequel terme est fonction |
− | des fantasmes révélés par Mélanie Klein, et | + | des fantasmes révélés par Mélanie [[Klein]], et |
− | s'il ne peut d'autant se séparer de la doctrine de cette dernière, | + | s'il ne peut d'autant se séparer de la [[doctrine]] de cette dernière, |
rapportant ces fantasmes à la récurrence jusqu'aux limites | rapportant ces fantasmes à la récurrence jusqu'aux limites | ||
− | de la prime enfance, de la formation œdipienne.</font></font> | + | de la prime [[enfance]], de la formation œdipienne.</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">On ne se trompera pas à reprendre | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">On ne se trompera pas à reprendre | ||
la question en se demandant ce qui pouvait imposer à Freud le paradoxe | la question en se demandant ce qui pouvait imposer à Freud le paradoxe | ||
évident de sa position. Car on sera contraint d'admettre qu'il était | évident de sa position. Car on sera contraint d'admettre qu'il était | ||
− | mieux qu'aucun guidé dans sa reconnaissance de l'ordre des phénomènes | + | mieux qu'aucun guidé dans sa reconnaissance de l'[[ordre]] des phénomènes |
inconscients dont il était l'inventeur, et que, faute d'une articulation | inconscients dont il était l'inventeur, et que, faute d'une articulation | ||
− | suffisante de la nature de ces phénomènes, ses suiveurs étaient | + | suffisante de la [[nature]] de ces phénomènes, ses suiveurs étaient |
voués à s'y fourvoyer plus ou moins.</font></font> | voués à s'y fourvoyer plus ou moins.</font></font> | ||
Line 162: | Line 162: | ||
à certains résultats : au premier chef, à promouvoir | à certains résultats : au premier chef, à promouvoir | ||
comme nécessaire à toute articulation du phénomène | comme nécessaire à toute articulation du phénomène | ||
− | analytique la notion du signifiant, en tant qu'elle s'oppose à celle | + | analytique la notion du [[signifiant]], en tant qu'elle s'oppose à celle |
− | du signifié dans l'analyse linguistique moderne. De celle-ci, née | + | du signifié dans l'analyse [[linguistique]] moderne. De celle-ci, née |
depuis Freud, Freud ne pouvait faire état, mais nous prétendons | depuis Freud, Freud ne pouvait faire état, mais nous prétendons | ||
que la découverte de Freud prend son relief justement d'avoir dû | que la découverte de Freud prend son relief justement d'avoir dû | ||
Line 170: | Line 170: | ||
la découverte de Freud qui donne à l'opposition du signifiant | la découverte de Freud qui donne à l'opposition du signifiant | ||
et du signifié la portée effective où il convient | et du signifié la portée effective où il convient | ||
− | de l'entendre à savoir que le signifiant a fonction active dans | + | de l'entendre à savoir que le signifiant a fonction [[active]] dans |
− | la | + | la dé[[termination]] des effets où le signifiable apparaît |
comme subissant sa marque, en devenant par cette passion le signifié.</font></font> | comme subissant sa marque, en devenant par cette passion le signifié.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette passion du signifiant dès | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Cette passion du signifiant dès | ||
− | lors devient une dimension nouvelle de la condition humaine en tant que | + | lors devient une [[dimension]] nouvelle de la condition humaine en tant que |
ce n'est pas seulement l'homme qui parle, mais que dans l'homme et par | ce n'est pas seulement l'homme qui parle, mais que dans l'homme et par | ||
l'homme ça parle, que sa nature devient tissée par des effets | l'homme ça parle, que sa nature devient tissée par des effets | ||
− | où se retrouvent la structure du langage dont il devient la matière, | + | où se retrouvent la structure du [[langage]] dont il devient la matière, |
et que par là résonne en lui, au-delà de tout ce qu'a | et que par là résonne en lui, au-delà de tout ce qu'a | ||
− | pu concevoir la psychologie des idées, la relation de la parole.</font></font> | + | pu concevoir la [[psychologie]] des idées, la relation de la [[parole]].</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est ainsi qu'on peut dire que | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est ainsi qu'on peut dire que | ||
les conséquences de la découverte de l'inconscient n'ont | les conséquences de la découverte de l'inconscient n'ont | ||
− | même pas encore été entrevues dans la théorie, | + | même pas [[encore]] été entrevues dans la théorie, |
si déjà son ébranlement s'est fait sentir dans la | si déjà son ébranlement s'est fait sentir dans la | ||
praxis plus loin qu'on ne le mesure encore, même à se traduire | praxis plus loin qu'on ne le mesure encore, même à se traduire | ||
Line 192: | Line 192: | ||
du phallus par sa position qualifiée par Freud de féministe. | du phallus par sa position qualifiée par Freud de féministe. | ||
Ce n'est pas du rapport de l'homme au langage en tant que phénomène | Ce n'est pas du rapport de l'homme au langage en tant que phénomène | ||
− | social qu'il s'agit, n'étant même pas question de quelque | + | [[social]] qu'il s'agit, n'étant même pas question de quelque |
− | chose qui ressemble à cette psychogenèse idéologique | + | [[chose]] qui ressemble à cette psychogenèse idéologique |
qu'on connaît, et qui n'est pas dépassée par le recours | qu'on connaît, et qui n'est pas dépassée par le recours | ||
péremptoire à la notion toute métaphysique, sous sa | péremptoire à la notion toute métaphysique, sous sa | ||
− | pétition de principe d'appel au concret, que véhicule dérisoirement | + | pétition de principe d'appel au [[concret]], que véhicule dérisoirement |
− | le nom d'affect.</font></font> | + | le nom d'[[affect]].</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il s'agit de retrouver dans les | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il s'agit de retrouver dans les | ||
− | lois qui régissent cette autre scène (<i>eine andere Schauplatz</i>) | + | lois qui régissent cette autre scène (<i>[[eine andere Schauplatz]]</i>) |
− | que Freud à propos des rêves | + | que Freud à propos des rêves dé[[signe]] comme étant |
celle de l'inconscient, les effets qui se découvrent au niveau de | celle de l'inconscient, les effets qui se découvrent au niveau de | ||
la chaîne d'éléments matériellement instables | la chaîne d'éléments matériellement instables | ||
− | qui constitue le langage : effets déterminés par le double | + | qui constitue le langage : effets déterminés par le [[double]] |
− | jeu de la combinaison et de la substitution dans le signifiant, selon les | + | jeu de la combinaison et de la [[substitution]] dans le signifiant, selon les |
deux versants générateurs du signifié que constituent | deux versants générateurs du signifié que constituent | ||
− | la métonymie et la métaphore ; effets déterminants | + | la métonymie et la [[métaphore]] ; effets déterminants |
− | pour l'institution du sujet. A cette épreuve une topologie, au sens | + | pour l'institution du sujet. A cette épreuve une [[topologie]], au sens |
mathématique du terme, apparaît, sans laquelle on s'aperçoit | mathématique du terme, apparaît, sans laquelle on s'aperçoit | ||
− | bientôt qu'il est impossible de seulement noter la structure d'un | + | bientôt qu'il est [[impossible]] de seulement noter la structure d'un |
symptôme au sens analytique du terme.</font></font> | symptôme au sens analytique du terme.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Ça parle dans l'Autre, disons-nous, | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Ça parle dans l'Autre, disons-nous, | ||
Line 216: | Line 216: | ||
Si ça parle dans l'Autre, que le sujet l'entende ou non de son oreille, | Si ça parle dans l'Autre, que le sujet l'entende ou non de son oreille, | ||
c'est que c'est là que le sujet, par une antériorité | c'est que c'est là que le sujet, par une antériorité | ||
− | logique à tout | + | logique à tout é[[veil]] du signifié, trouve sa place |
signifiante. La découverte de ce qu'il articule à cette place, | signifiante. La découverte de ce qu'il articule à cette place, | ||
c'est-à-dire dans l'inconscient, nous permet de saisir au prix de | c'est-à-dire dans l'inconscient, nous permet de saisir au prix de | ||
− | quelle division (<i>Spaltung</i>) il s'est ainsi constitué.</font></font></p></dir> | + | quelle [[division]] (<i>[[Spaltung]]</i>) il s'est ainsi constitué.</font></font></p></dir> |
<dir><font color="#330000"><font size="-1">Le phallus ici s'éclaire | <dir><font color="#330000"><font size="-1">Le phallus ici s'éclaire | ||
− | de sa fonction. Le phallus dans la doctrine freudienne n'est pas un fantasme, | + | de sa fonction. Le phallus dans la doctrine freudienne n'est pas un [[fantasme]], |
s'il faut entendre par là un effet imaginaire. Il n'est pas non | s'il faut entendre par là un effet imaginaire. Il n'est pas non | ||
plus comme tel un objet (partiel, interne, bon, mauvais etc.) pour autant | plus comme tel un objet (partiel, interne, bon, mauvais etc.) pour autant | ||
que ce terme tend à apprécier la réalité intéressée | que ce terme tend à apprécier la réalité intéressée | ||
dans une relation. Il est encore bien moins l'organe, pénis ou clitoris, | dans une relation. Il est encore bien moins l'organe, pénis ou clitoris, | ||
− | qu'il symbolise. Et ce n'est pas sans raison que Freud en a pris la référence | + | qu'il [[symbolise]]. Et ce n'est pas sans raison que Freud en a pris la référence |
au simulacre qu'il était pour les Anciens.</font></font> | au simulacre qu'il était pour les Anciens.</font></font> | ||
<p><font color="#330000"><font size="-1">Car le phallus est un signifiant, | <p><font color="#330000"><font size="-1">Car le phallus est un signifiant, | ||
− | un signifiant dont la fonction, dans l'économie intrasubjective | + | un signifiant dont la fonction, dans l'économie [[intrasubjective]] |
de l'analyse, soulève peut-être le voile de celle qu'il tenait | de l'analyse, soulève peut-être le voile de celle qu'il tenait | ||
dans les mystères. Car c'est le signifiant destiné à | dans les mystères. Car c'est le signifiant destiné à | ||
Line 238: | Line 238: | ||
de cette présence. Ils sont d'abord d'une déviation des besoins | de cette présence. Ils sont d'abord d'une déviation des besoins | ||
de l'homme du fait qu'il parle, en ce sens qu'aussi loin que ses besoins | de l'homme du fait qu'il parle, en ce sens qu'aussi loin que ses besoins | ||
− | sont assujettis à la demande, ils lui reviennent aliénés. | + | sont assujettis à la [[demande]], ils lui reviennent aliénés. |
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déviant, erratique, excentré, voire scandaleux, par où | déviant, erratique, excentré, voire scandaleux, par où | ||
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pour ne pas s'être imposé de toujours aux moralistes dignes | pour ne pas s'être imposé de toujours aux moralistes dignes | ||
de ce nom. Le freudisme d'antan semblait devoir donner à ce fait | de ce nom. Le freudisme d'antan semblait devoir donner à ce fait | ||
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</p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est pourquoi il nous faut articuler | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">C'est pourquoi il nous faut articuler | ||
ici ce statut en partant de la demande dont les caractéristiques | ici ce statut en partant de la demande dont les caractéristiques | ||
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Line 272: | Line 272: | ||
quoi ils sont satisfaits. Ce privilège de l'Autre dessine ainsi | quoi ils sont satisfaits. Ce privilège de l'Autre dessine ainsi | ||
la forme radicale du don de ce qu'il n'a pas, soit ce qu'on appelle son | la forme radicale du don de ce qu'il n'a pas, soit ce qu'on appelle son | ||
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de la demande. Elle y reparaît en effet, mais conservant la structure | de la demande. Elle y reparaît en effet, mais conservant la structure | ||
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− | renversement qui n'est pas simple négation de la négation, | + | renversement qui n'est pas simple [[négation]] de la négation, |
la puissance de la pure perte surgit du résidu d'une oblitération. | la puissance de la pure perte surgit du résidu d'une oblitération. | ||
A l'inconditionné de la demande, le désir substitue la condition | A l'inconditionné de la demande, le désir substitue la condition | ||
"absolue" : cette condition dénoue en effet ce que la preuve d'amour | "absolue" : cette condition dénoue en effet ce que la preuve d'amour | ||
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n'est ni l'appétit de la satisfaction, ni la demande d'amour, mais | n'est ni l'appétit de la satisfaction, ni la demande d'amour, mais | ||
la différence qui résulte de la soustraction du premier à | la différence qui résulte de la soustraction du premier à | ||
− | la seconde, le phénomène même de leur refente (<i>Spaltung</i>).</font></font> | + | la seconde, le phénomène même de leur [[refente]] (<i>Spaltung</i>).</font></font> |
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C'est qu'il est le champ fait pour que s'y produise l'énigme que | C'est qu'il est le champ fait pour que s'y produise l'énigme que | ||
− | cette relation provoque dans le sujet à la lui "signifier" doublement | + | cette relation provoque dans le sujet à la lui "[[signifier]]" doublement |
retour de la demande qu'elle suscite, en demande sur le sujet du besoin | retour de la demande qu'elle suscite, en demande sur le sujet du besoin | ||
− | ; ambiguïté présentifiée sur l'Autre en cause | + | ; ambiguïté présentifiée sur l'Autre en [[cause]] |
dans la preuve d'amour demandée. La béance de cette énigme | dans la preuve d'amour demandée. La béance de cette énigme | ||
avère ce qui la détermine, dans la formule la plus simple | avère ce qui la détermine, dans la formule la plus simple | ||
Line 311: | Line 311: | ||
pour la résoudre par la maturation de la tendresse (c'est-à-dire | pour la résoudre par la maturation de la tendresse (c'est-à-dire | ||
du seul recours à l'Autre comme réalité), toute pieuse | du seul recours à l'Autre comme réalité), toute pieuse | ||
− | qu'en soit l'intention, n'en est pas moins une escroquerie. Il faut bien | + | qu'en soit l'[[intention]], n'en est pas moins une escroquerie. Il faut bien |
dire ici que les analystes français, avec l'hypocrite notion d'oblativité | dire ici que les analystes français, avec l'hypocrite notion d'oblativité | ||
génitale, ont ouvert la mise au pas moralisante, qui au son d'orphéons | génitale, ont ouvert la mise au pas moralisante, qui au son d'orphéons | ||
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peut viser à être entier (à la "personnalité | peut viser à être entier (à la "personnalité | ||
totale", autre prémisse où se dévie la psychothérapie | totale", autre prémisse où se dévie la psychothérapie | ||
− | moderne), dès lors que le jeu de déplacement et de condensation | + | moderne), dès lors que le jeu de déplacement et de [[condensation]] |
où il est voué dans l'exercice de ses fonctions, marque sa | où il est voué dans l'exercice de ses fonctions, marque sa | ||
relation de sujet au signifiant.</font></font> | relation de sujet au signifiant.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Le phallus est le signifiant privilégié | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Le phallus est le signifiant privilégié | ||
− | de cette marque où la part du logos se conjoint à l'avènement | + | de cette marque où la part du [[logos]] se conjoint à l'avènement |
du désir.</font></font> | du désir.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">On peut dire que ce signifiant est | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">On peut dire que ce signifiant est | ||
− | choisi comme le plus saillant de ce qu'on peut attraper dans le réel | + | choisi comme le plus saillant de ce qu'on peut attraper dans le [[réel]] |
− | de la copulation sexuelle, comme aussi le plus symbolique au sens littéral | + | de la copulation sexuelle, comme aussi le plus [[symbolique]] au sens littéral |
(typographique) de ce terme, puisqu'il y équivaut à la copule | (typographique) de ce terme, puisqu'il y équivaut à la copule | ||
− | (logique). On peut dire aussi qu'il est par sa turgidité l'image | + | (logique). On peut dire aussi qu'il est par sa turgidité l'[[image]] |
− | du flux vital en tant qu'il passe dans la génération.</font></font> | + | du flux vital en tant qu'il [[passe]] dans la génération.</font></font> |
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− | cette Aufhebung elle-même qu'il inaugure (initie) par sa disparition. | + | cette [[Aufhebung]] elle-même qu'il inaugure (initie) par sa [[disparition]]. |
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surgit dans le moment même où dans le mystère antique, | surgit dans le moment même où dans le mystère antique, | ||
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de la Villa de Pompéi).</font></font></p></dir> | de la Villa de Pompéi).</font></font></p></dir> | ||
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− | la progéniture bâtarde de sa | + | la progéniture bâtarde de sa concaté[[nation]] signifiante.</font></font> |
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de complémentarité dans l'instauration du sujet par le signifiant | de complémentarité dans l'instauration du sujet par le signifiant | ||
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elle s'achève.</font></font> | elle s'achève.</font></font> | ||
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en ce qu'il veut être aimé pour lui-même, mirage qui | en ce qu'il veut être aimé pour lui-même, mirage qui | ||
ne se réduit pas à être dénoncé comme | ne se réduit pas à être dénoncé comme | ||
− | grammatical (puisqu'il abolit le discours) ;</font></font> | + | [[grammatical]] (puisqu'il abolit le [[discours]]) ;</font></font> |
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le fait kleinien que l'enfant appréhende dès l'origine que | le fait kleinien que l'enfant appréhende dès l'origine que | ||
la mère "contient" le phallus.</font></font> | la mère "contient" le phallus.</font></font> | ||
− | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Mais c'est dans la dialectique de | + | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Mais c'est dans la [[dialectique]] de |
la demande d'amour et de l'épreuve du désir que le développement | la demande d'amour et de l'épreuve du désir que le développement | ||
s'ordonne.</font></font> | s'ordonne.</font></font> | ||
Line 401: | Line 401: | ||
au complexe de castration ne prend effet. Ici se signe la conjonction du | au complexe de castration ne prend effet. Ici se signe la conjonction du | ||
désir en tant que le signifiant phallique en est la marque, avec | désir en tant que le signifiant phallique en est la marque, avec | ||
− | la menace ou nostalgie du manque à avoir.</font></font> | + | la menace ou nostalgie du [[manque]] à avoir.</font></font> |
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Bien sûr, c'est de la loi | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Bien sûr, c'est de la loi | ||
introduite par le père dans cette séquence que dépend | introduite par le père dans cette séquence que dépend | ||
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</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Mais on peut, à s'en tenir | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Mais on peut, à s'en tenir | ||
− | à la fonction du phallus, pointer les structures auxquelles seront | + | à la fonction du phallus, pointer les [[structures]] auxquelles seront |
soumis les rapports entre les sexes.</font></font> | soumis les rapports entre les sexes.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Disons que ces rapports tourneront | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Disons que ces rapports tourneront | ||
Line 417: | Line 417: | ||
qui se substitue à l'avoir, pour le protéger d'un côté, | qui se substitue à l'avoir, pour le protéger d'un côté, | ||
pour en masquer le manque dans l'autre, et qui a pour effet de projeter | pour en masquer le manque dans l'autre, et qui a pour effet de projeter | ||
− | entièrement les manifestations idéales ou typiques du comportement | + | entièrement les manifestations idéales ou typiques du [[comportement]] |
− | de chacun des sexes, jusqu'à la limite de l'acte de la copulation, | + | de chacun des sexes, jusqu'à la limite de l'[[acte]] de la copulation, |
dans la comédie.</font></font> | dans la comédie.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Ces idéaux prennent vigueur | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Ces idéaux prennent vigueur | ||
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essentielle de la féminité, nommément tous ses attributs | essentielle de la féminité, nommément tous ses attributs | ||
dans la mascarade. C'est pour ce qu'elle n'est pas qu'elle entend être | dans la mascarade. C'est pour ce qu'elle n'est pas qu'elle entend être | ||
− | désirée en même temps qu'aimée. Mais son désir | + | désirée en même [[temps]] qu'[[aimée]]. Mais son désir |
à elle, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui à | à elle, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui à | ||
qui s'adresse sa demande d'amour. Sans doute ne faut-il pas oublier que | qui s'adresse sa demande d'amour. Sans doute ne faut-il pas oublier que | ||
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convergent sur le même objet une expérience d'amour qui comme | convergent sur le même objet une expérience d'amour qui comme | ||
telle (cf. plus haut) la prive idéalement de ce qu'il donne, et | telle (cf. plus haut) la prive idéalement de ce qu'il donne, et | ||
− | un désir qui y trouve son signifiant. C'est pourquoi on peut observer | + | un désir qui y trouve son signifiant. C'est pourquoi on peut [[observer]] |
que le défaut de la satisfaction propre au besoin sexuel, autrement | que le défaut de la satisfaction propre au besoin sexuel, autrement | ||
dit la frigidité, est chez elle relativement bien tolérée, | dit la frigidité, est chez elle relativement bien tolérée, | ||
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femme" qui peut signifier ce phallus à divers titres, soit comme | femme" qui peut signifier ce phallus à divers titres, soit comme | ||
vierge, soit comme prostituée. Il en résulte une tendance | vierge, soit comme prostituée. Il en résulte une tendance | ||
− | centrifuge de la pulsion génitale dans la vie amoureuse, qui rend | + | centrifuge de la [[pulsion]] génitale dans la vie amoureuse, qui rend |
chez lui l'impuissance beaucoup plus mal supportée, en même | chez lui l'impuissance beaucoup plus mal supportée, en même | ||
temps que la <i>Verdrängung </i>inhérente au désir est | temps que la <i>Verdrängung </i>inhérente au désir est | ||
plus importante.</font></font> | plus importante.</font></font> | ||
− | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il ne faut pas croire pour autant | + | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Il ne faut pas [[croire]] pour autant |
− | que la sorte d'infidélité qui | + | que la sorte d'infidélité qui apparaî[[trait]] là |
− | constitutive de la fonction masculine, lui soit propre. Car si l'on y regarde | + | constitutive de la fonction [[masculine]], lui soit propre. Car si l'on y regarde |
de près le même dédoublement se retrouve chez la femme, | de près le même dédoublement se retrouve chez la femme, | ||
à ceci près que l'Autre de l'Amour comme tel, c'est-à-dire | à ceci près que l'Autre de l'Amour comme tel, c'est-à-dire | ||
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</i>inhérente | </i>inhérente | ||
à la marque phallique du désir, a la curieuse conséquence | à la marque phallique du désir, a la curieuse conséquence | ||
− | de faire que chez l'être humain la parade virile elle-même | + | de faire que chez l'être [[humain]] la parade virile elle-même |
paraisse féminine.</font></font> | paraisse féminine.</font></font> | ||
</p><p><font color="#330000"><font size="-1">Corrélativement s'entrevoit | </p><p><font color="#330000"><font size="-1">Corrélativement s'entrevoit | ||
la raison de ce trait jamais élucidé où une fois de | la raison de ce trait jamais élucidé où une fois de | ||
plus se mesure la profondeur de l'intuition de Freud : à savoir | plus se mesure la profondeur de l'intuition de Freud : à savoir | ||
− | pourquoi il avance qu'il n'y a qu'une libido, son texte montrant qu'il | + | pourquoi il avance qu'il n'y a qu'une [[libido]], son texte montrant qu'il |
la conçoit comme de nature masculine. La fonction du signifiant | la conçoit comme de nature masculine. La fonction du signifiant | ||
phallique débouche ici sur sa relation la plus profonde : celle | phallique débouche ici sur sa relation la plus profonde : celle | ||
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<dir> | <dir> | ||
− | <hr size="5" width="100%"><a name="1"></a><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">1. | + | <hr size="5" width="100%"><a [[name]]="1"></a><font face="Arial"><font color="#800000"><font size="-1">1. |
Le démon de la Pudeur.<a></a><a></a><a></a><a></a><a></a></font> | Le démon de la Pudeur.<a></a><a></a><a></a><a></a><a></a></font> | ||
Latest revision as of 23:57, 25 May 2019
Die Bedeutung des Phallus Jacques Lacan, 1958
Nous donnons ici sans modification de texte la conférence que nous avons prononcée
en allemand le 9 mai 1958 à l'institut Max-Planck de Munich où
le professeur Paul Matussek nous avait invité à parler.
On y mesurera,
à condition d'avoir quelques repères sur les modes mentaux
régissant des milieux pas autrement inavertis à l'époque,
la façon dont les termes que nous étions le premier à
avoir extraits de Freud, "l'autre scène" pour en prendre un ici
cité, pouvaient y résonner.
Si l'après-coup
(Nachtrag), pour reprendre un autre de ces termes du domaine du bel esprit
où ils courent maintenant, rend cet effort impraticable, qu'on l'apprenne
- ils y étaient inouïs.
<dir> <dir> <dir> <dir> <dir> </dir> </dir> </dir> </dir> On sait que le complexe de castration inconscient a une fonction de nœud :
1° dans la structuration dynamique des symptômes au sens analytique du terme, nous voulons dire de ce qui est analysable dans les névroses, les perversions et les <nobr>psychoses
- </nobr>
2° dans une régulation
du développement qui donne sa ratio à ce premier rôle à savoir l'installation dans le sujet d'une position inconsciente sans laquelle il ne saurait s'identifier au type idéal de son sexe, ni même répondre sans de graves aléas aux besoins de son partenaire dans la relation sexuelle, voire accueillir avec justesse ceux de l'enfant qui s'y procrée.
Il y a là une antinomie interne
à l'assomption par l'homme (Mensch) de son sexe : pourquoi doit-il n'en assumer les attributs qu'à travers une menace, voire sous l'aspect d'une privation ? On sait que Freud, dans Le malaise de la civilisation, a été jusqu'à suggérer un dérangement non pas contingent, mais essentiel de la sexualité humaine et qu'un de ses dernier articles porte sur l'irréductibilité à toute analyse finie (endliche), des séquelles qui résultent du complexe de castration dans l'inconscient masculin, du penisneid dans l'inconscient de la femme.
Cette aporie n'est pas la seule,
mais elle est la première que l'expérience freudienne et la métapsychologie qui en résulte, aient introduite dans notre expérience de l'homme. Elle est insoluble à toute réduction à des données biologiques : la seule nécessité du mythe sous-jacent à la structuration du complexe d'œdipe, le démontre assez.
Ce n'est qu'un artifice d'invoquer
à cette occasion un acquis amnésique héréditaire, non pas seulement parce que celui-ci est en lui-même discutable, mais parce qu'il laisse le problème <nobr>intact :</nobr>
quel est le lien du meurtre du père
au pacte de la loi primordiale, s'il y est inclus que la castration soit la punition de l'inceste ?
C'est seulement sur la base des
faits cliniques que la discussion peut être féconde. Ceux-ci démontrent une relation du sujet au phallus qui s'établit sans égard à la différence anatomique des sexes et qui est de ce fait d'une interprétation spécialement épineuse chez la femme et par rapport à la femme, nommément sur les quatre chapitres <nobr>suivants :</nobr>
1° de ce pourquoi la petite
fille se considère elle-même, fût-ce pour un moment, comme castrée, en tant que ce terme veut dire privée de phallus, et par l'opération de quelqu'un, lequel est d'abord sa mère, point important, et ensuite son père, mais d'une façon telle qu'on doive y reconnaître un transfert au sens analytique du terme
2° de ce pourquoi plus primordialement,
dans les deux sexes, la mère est considérée comme pourvue du phallus, comme mère phallique ;
3° de ce pourquoi corrélativement
la signification de la castration ne prend de fait (cliniquement manifeste) sa portée efficiente quant à la formation des symptômes, qu'à partir de sa découverte comme castration de la mère
4° ces trois problèmes
culminant dans la question de la raison, dans le développement, de la phase phallique. On sait que Freud spécifie sous ce terme la première maturation génitale en tant d'une part qu'elle se caractériserait par la dominance imaginaire de l'attribut phallique, et par la jouissance masturbatoire, - que d'autre part il localise cette jouissance chez la femme au clitoris, promu par là à la fonction du phallus, et qu'il semble exclure ainsi dans les deux sexes jusqu'au terme de cette phase, c'est-à-dire jusqu'au déclin de l'œdipe, tout repérage instinctuel du vagin comme lieu de la pénétration génitale.
Cette ignorance est très
suspecte de méconnaissance au sens technique du terme, et d'autant plus qu'elle est parfois controuvée. Ne s'accorderait-elle qu'à la fable où Longus nous montre l'initiation de Daphnis et Chloë subordonnée aux éclaircissements d'une vieille femme?
C'est ainsi que certains auteurs
ont été amenés à considérer la phase phallique comme l'effet d'un refoulement, et la fonction qu'y prend l'objet phallique comme un symptôme. La difficulté commence quand il s'agit de savoir quel symptôme : phobie, dit l'un, perversion, dit l'autre, et parfois le même. Il apparaît à ce dernier cas que rien ne va plus : non pas qu'il ne se présente d'intéressantes transmutations de l'objet d'une phobie en fétiche, mais précisément si elles sont intéressantes, c'est pour la différence de leur place dans la structure. Demander aux auteurs de formuler cette différence dans les perspectives présentement en faveur sous le titre de la relation d'objet, serait prétention vaine. Ceci en la matière, faute d'autre référence que la notion approximative d'objet partiel, jamais critiquée depuis que Karl Abraham l'introduisit, bien malheureusement pour les aises qu'elle offre à notre époque.
Il reste que la discussion maintenant
délaissée sur la phase phallique, à en relire les textes subsistants des années 1928-32, nous rafraîchit par l'exemple d'une passion doctrinale, à laquelle la dégradation de la psychanalyse, consécutive à sa transplantation américaine, ajoute une valeur de nostalgie.
A seulement en résumer le
débat, on ne pourrait qu'altérer la diversité authentique des positions prises par une Hélène Deutsch, une Karen Horney, un Ernest Jones, pour nous limiter aux plus éminents.
La succession des trois articles
que ce dernier a consacrés au sujet, est spécialement suggestive ne serait-ce que de la visée première sur laquelle il bâtit et que signale le terme par lui forgé d'aphanisis. Car posant très justement le problème du rapport de la castration au désir, il y rend patente son incapacité à reconnaître ce que pourtant il serre de si près que le terme qui nous en donnera tout à l'heure la clef, semble y surgir de son défaut lui-même.
On s'y amusera surtout de sa réussite
à articuler sous le chef de la lettre même de Freud une position qui lui est strictement opposée : vrai modèle en un genre difficile.
Le poisson ne se laisse pas noyer
pour autant, semblant narguer en Jones sa plaidoirie pour rétablir l'égalité des droits naturels (ne l'emporte-t-elle pas au point de la clore du : Dieu les créa homme et femme, de la Bible ?) De fait qu'a-t-il gagné à normaliser la fonction du phallus comme objet partiel, s'il lui faut invoquer sa présence dans le corps de la mère comme objet interne, lequel terme est fonction des fantasmes révélés par Mélanie Klein, et s'il ne peut d'autant se séparer de la doctrine de cette dernière, rapportant ces fantasmes à la récurrence jusqu'aux limites de la prime enfance, de la formation œdipienne.
On ne se trompera pas à reprendre
la question en se demandant ce qui pouvait imposer à Freud le paradoxe évident de sa position. Car on sera contraint d'admettre qu'il était mieux qu'aucun guidé dans sa reconnaissance de l'ordre des phénomènes inconscients dont il était l'inventeur, et que, faute d'une articulation suffisante de la nature de ces phénomènes, ses suiveurs étaient voués à s'y fourvoyer plus ou moins.
C'est à partir de ce pari
- que nous mettons au principe d'un commentaire de l'œuvre de Freud que nous poursuivons depuis sept ans - que nous avons été amené à certains résultats : au premier chef, à promouvoir comme nécessaire à toute articulation du phénomène analytique la notion du signifiant, en tant qu'elle s'oppose à celle du signifié dans l'analyse linguistique moderne. De celle-ci, née depuis Freud, Freud ne pouvait faire état, mais nous prétendons que la découverte de Freud prend son relief justement d'avoir dû anticiper ses formules, en partant d'un domaine où l'on ne pouvait s'attendre à reconnaître son règne. Inversement c'est la découverte de Freud qui donne à l'opposition du signifiant et du signifié la portée effective où il convient de l'entendre à savoir que le signifiant a fonction active dans la détermination des effets où le signifiable apparaît comme subissant sa marque, en devenant par cette passion le signifié.
Cette passion du signifiant dès
lors devient une dimension nouvelle de la condition humaine en tant que ce n'est pas seulement l'homme qui parle, mais que dans l'homme et par l'homme ça parle, que sa nature devient tissée par des effets où se retrouvent la structure du langage dont il devient la matière, et que par là résonne en lui, au-delà de tout ce qu'a pu concevoir la psychologie des idées, la relation de la parole.
C'est ainsi qu'on peut dire que
les conséquences de la découverte de l'inconscient n'ont même pas encore été entrevues dans la théorie, si déjà son ébranlement s'est fait sentir dans la praxis plus loin qu'on ne le mesure encore, même à se traduire en effets de reculs.
Précisons que cette promotion
de la relation de l'homme au signifiant comme telle n'a rien à faire avec une position "culturaliste" au sens ordinaire du terme, celle sur laquelle Karen Horney par exemple se trouvait anticiper dans la querelle du phallus par sa position qualifiée par Freud de féministe. Ce n'est pas du rapport de l'homme au langage en tant que phénomène social qu'il s'agit, n'étant même pas question de quelque chose qui ressemble à cette psychogenèse idéologique qu'on connaît, et qui n'est pas dépassée par le recours péremptoire à la notion toute métaphysique, sous sa pétition de principe d'appel au concret, que véhicule dérisoirement le nom d'affect.
Il s'agit de retrouver dans les
lois qui régissent cette autre scène (eine andere Schauplatz) que Freud à propos des rêves désigne comme étant celle de l'inconscient, les effets qui se découvrent au niveau de la chaîne d'éléments matériellement instables qui constitue le langage : effets déterminés par le double jeu de la combinaison et de la substitution dans le signifiant, selon les deux versants générateurs du signifié que constituent la métonymie et la métaphore ; effets déterminants pour l'institution du sujet. A cette épreuve une topologie, au sens mathématique du terme, apparaît, sans laquelle on s'aperçoit bientôt qu'il est impossible de seulement noter la structure d'un symptôme au sens analytique du terme.
Ça parle dans l'Autre, disons-nous,
en désignant par l'Autre le lieu même qu'évoque le recours à la parole dans toute relation où il intervient. Si ça parle dans l'Autre, que le sujet l'entende ou non de son oreille, c'est que c'est là que le sujet, par une antériorité logique à tout éveil du signifié, trouve sa place signifiante. La découverte de ce qu'il articule à cette place, c'est-à-dire dans l'inconscient, nous permet de saisir au prix de
quelle division (Spaltung) il s'est ainsi constitué.
</dir>
<dir>Le phallus ici s'éclaire de sa fonction. Le phallus dans la doctrine freudienne n'est pas un fantasme, s'il faut entendre par là un effet imaginaire. Il n'est pas non plus comme tel un objet (partiel, interne, bon, mauvais etc.) pour autant que ce terme tend à apprécier la réalité intéressée dans une relation. Il est encore bien moins l'organe, pénis ou clitoris, qu'il symbolise. Et ce n'est pas sans raison que Freud en a pris la référence au simulacre qu'il était pour les Anciens.
Car le phallus est un signifiant, un signifiant dont la fonction, dans l'économie intrasubjective de l'analyse, soulève peut-être le voile de celle qu'il tenait dans les mystères. Car c'est le signifiant destiné à désigner dans leur ensemble les effets de signifié, en tant que le signifiant les conditionne par sa présence de signifiant.
Examinons dès lors les effets
de cette présence. Ils sont d'abord d'une déviation des besoins de l'homme du fait qu'il parle, en ce sens qu'aussi loin que ses besoins sont assujettis à la demande, ils lui reviennent aliénés. Ceci n'est pas l'effet de sa dépendance réelle (qu'on ne croie pas retrouver là cette conception parasite qu'est la notion de dépendance dans la théorie de la névrose), - mais bien de la mise en forme signifiante comme telle et de ce que c'est du lieu de l'Autre qu'est émis son message.
Ce qui ainsi se trouve aliéné
dans les besoins constitue une Urverdrängung de ne pouvoir, par hypothèse, s'articuler dans la demande mais qui apparaît dans un rejeton, qui est ce qui se présente chez l'homme comme le désir (das Begehren). La phénoménologie qui se dégage de l'expérience analytique, est bien de nature à démontrer dans le désir le caractère paradoxal, déviant, erratique, excentré, voire scandaleux, par où il se distingue du besoin. C'est même là un fait trop affirmé pour ne pas s'être imposé de toujours aux moralistes dignes de ce nom. Le freudisme d'antan semblait devoir donner à ce fait son statut. Paradoxalement pourtant la psychanalyse se retrouve en tête de l'obscurantisme de toujours et plus endormant à dénier le fait dans un idéal de réduction théorique et pratique du désir au besoin.
C'est pourquoi il nous faut articuler
ici ce statut en partant de la demande dont les caractéristiques propres sont éludées dans la notion de frustration (que Freud n'a jamais employée).
La demande en soi porte sur autre
chose que sur les satisfactions qu'elle appelle. Elle est demande d'une présence ou d'une absence. Ce que la relation primordiale à la mère manifeste, d'être grosse de cet Autre à situer en deçà des besoins qu'il peut combler. Elle le constitue déjà comme ayant le "privilège" de satisfaire les besoins, c'est-à-dire le pouvoir de les priver de cela seul par quoi ils sont satisfaits. Ce privilège de l'Autre dessine ainsi la forme radicale du don de ce qu'il n'a pas, soit ce qu'on appelle son amour.
C'est par là que la demande
annule (aufhebt) la particularité de tout ce qui peut être accordé en le transmuant en preuve d'amour, et les satisfactions même qu'elle obtient pour le besoin se ravalent (sich erniedrigt) à n'être plus que l'écrasement de la demande d'amour (tout ceci parfaitement sensible dans la psychologie des premiers soins, à quoi nos analystes-nurses se sont attachés).
Il y a donc une nécessité
à ce que la particularité ainsi abolie reparaisse au-delà de la demande. Elle y reparaît en effet, mais conservant la structure que recèle l'inconditionné de la demande d'amour. Par un renversement qui n'est pas simple négation de la négation, la puissance de la pure perte surgit du résidu d'une oblitération. A l'inconditionné de la demande, le désir substitue la condition "absolue" : cette condition dénoue en effet ce que la preuve d'amour a de rebelle à la satisfaction d'un besoin. C'est ainsi que le désir n'est ni l'appétit de la satisfaction, ni la demande d'amour, mais la différence qui résulte de la soustraction du premier à la seconde, le phénomène même de leur refente (Spaltung).
On conçoit comment la relation
sexuelle occupe ce champ clos du désir, et va y jouer son sort. C'est qu'il est le champ fait pour que s'y produise l'énigme que cette relation provoque dans le sujet à la lui "signifier" doublement retour de la demande qu'elle suscite, en demande sur le sujet du besoin
- ambiguïté présentifiée sur l'Autre en cause
dans la preuve d'amour demandée. La béance de cette énigme avère ce qui la détermine, dans la formule la plus simple à la rendre patente, à savoir que le sujet comme l'Autre, pour chacun des partenaires de la relation, ne peuvent se suffire d'être sujets du besoin, ni objets de l'amour, mais qu'ils doivent tenir lieu de cause du désir.
Cette vérité est au
cœur, dans la vie sexuelle, de toutes malfaçons qui soient du champ de la psychanalyse. Elle y fait aussi la condition du bonheur du sujet et camoufler sa béance en s'en remettant à la vertu du "génital" pour la résoudre par la maturation de la tendresse (c'est-à-dire du seul recours à l'Autre comme réalité), toute pieuse qu'en soit l'intention, n'en est pas moins une escroquerie. Il faut bien dire ici que les analystes français, avec l'hypocrite notion d'oblativité génitale, ont ouvert la mise au pas moralisante, qui au son d'orphéons salutistes se poursuit désormais partout.
De toute façon, l'homme ne
peut viser à être entier (à la "personnalité totale", autre prémisse où se dévie la psychothérapie moderne), dès lors que le jeu de déplacement et de condensation où il est voué dans l'exercice de ses fonctions, marque sa relation de sujet au signifiant.
Le phallus est le signifiant privilégié
de cette marque où la part du logos se conjoint à l'avènement du désir.
On peut dire que ce signifiant est
choisi comme le plus saillant de ce qu'on peut attraper dans le réel de la copulation sexuelle, comme aussi le plus symbolique au sens littéral (typographique) de ce terme, puisqu'il y équivaut à la copule (logique). On peut dire aussi qu'il est par sa turgidité l'image du flux vital en tant qu'il passe dans la génération.
Tous ces propos ne font encore que
voiler le fait qu'il ne peut jouer son rôle que voilé, c'est-à-dire comme signe lui-même de la latence dont est frappé tout signifiable, dès lors qu'il est élevé (aufgehoben) à la fonction de signifiant.
Le phallus est le signifiant de
cette Aufhebung elle-même qu'il inaugure (initie) par sa disparition. C'est pourquoi le démon de l'Aïdos (Scham) <a href="#1">1</a> surgit dans le moment même où dans le mystère antique, le phallus est dévoilé (cf. la peinture célèbre
de la Villa de Pompéi).
</dir>
<dir>Il devient alors la barre qui par la main de ce démon frappe le signifié, le marquant comme la progéniture bâtarde de sa concaténation signifiante.
C'est ainsi que se produit une condition de complémentarité dans l'instauration du sujet par le signifiant laquelle explique sa Spaltung et le mouvement d'intervention où elle s'achève.
A savoir :
1. que le sujet ne désigne
son être qu'à barrer tout ce qu'il signifie, comme il apparaît en ce qu'il veut être aimé pour lui-même, mirage qui ne se réduit pas à être dénoncé comme grammatical (puisqu'il abolit le discours) ;
2. que ce qui est vivant de cet
être dans l'urverdrängt trouve son signifiant à recevoir la marque de la Verdrängung du phallus (par quoi l'inconscient est langage).
Le phallus comme signifiant donne
la raison du désir (dans l'acception où le terme est employé comme "moyenne et extrême raison" de la division harmonique).
Aussi bien est-ce comme un algorithme
que je vais maintenant l'employer, ne pouvant sans gonfler indéfiniment mon exposé, faire autrement que de me fier à l'écho de l'expérience qui nous unit, pour vous faire saisir cet emploi.
Que le phallus soit un signifiant,
impose que ce soit à la place de l'Autre que le sujet y ait accès. Mais ce signifiant n'y étant que voilé et comme raison du désir de l'Autre, c'est ce désir de l'Autre comme tel qu'il est imposé au sujet de reconnaître, c'est-à-dire l'autre en tant qu'il est lui-même sujet divisé de la Spaltung
signifiante. Les émergences qui apparaissent dans la genèse psychologique, confirment cette fonction signifiante du phallus.
Ainsi d'abord se formule plus correctement
le fait kleinien que l'enfant appréhende dès l'origine que la mère "contient" le phallus.
Mais c'est dans la dialectique de
la demande d'amour et de l'épreuve du désir que le développement s'ordonne.
La demande d'amour ne peut que pâtir
d'un désir dont le signifiant lui est étranger. Si le désir de la mère est le phallus, l'enfant veut être le phallus pour le satisfaire. Ainsi la division immanente au désir se fait déjà sentir d'être éprouvée dans le désir de l'Autre, en ce qu'elle s'oppose déjà à ce que le sujet se satisfasse de présenter à l'Autre ce qu'il peut avoir de réel qui réponde à ce phallus, car ce qu'il a ne vaut pas mieux que ce qu'il n'a pas, pour sa demande d'amour qui voudrait qu'il le soit.
Cette épreuve du désir
de l'Autre, la clinique nous montre qu'elle n'est pas décisive en tant que le Sujet y apprend si lui-même a ou non un phallus réel, mais en tant qu'il apprend que la mère ne l'a pas. Tel est le moment de l'expérience sans lequel nulle conséquence symptomatique (phobie) ou structurale (Penisneid) qui se réfère au complexe de castration ne prend effet. Ici se signe la conjonction du désir en tant que le signifiant phallique en est la marque, avec la menace ou nostalgie du manque à avoir.
Bien sûr, c'est de la loi
introduite par le père dans cette séquence que dépend son avenir.
Mais on peut, à s'en tenir
à la fonction du phallus, pointer les structures auxquelles seront soumis les rapports entre les sexes.
Disons que ces rapports tourneront
autour d'un être et d'un avoir qui, de se rapporter à un signifiant, le phallus, ont l'effet contrarié de donner d'une part réalité au sujet dans ce signifiant, d'autre part d'irréaliser les relations à signifier.
Ceci par l'intervention d'un paraître
qui se substitue à l'avoir, pour le protéger d'un côté, pour en masquer le manque dans l'autre, et qui a pour effet de projeter entièrement les manifestations idéales ou typiques du comportement de chacun des sexes, jusqu'à la limite de l'acte de la copulation, dans la comédie.
Ces idéaux prennent vigueur
de la demande qu'ils sont en pouvoir de satisfaire, qui est toujours demande d'amour, avec son complément de la réduction du désir à la demande.
Si paradoxale que puisse sembler
cette formulation, nous disons que c'est pour être le phallus, c'est-à-dire le signifiant du désir de l'Autre, que la femme va rejeter une part essentielle de la féminité, nommément tous ses attributs dans la mascarade. C'est pour ce qu'elle n'est pas qu'elle entend être désirée en même temps qu'aimée. Mais son désir à elle, elle en trouve le signifiant dans le corps de celui à qui s'adresse sa demande d'amour. Sans doute ne faut-il pas oublier que de cette fonction signifiante, l'organe qui en est revêtu, prend valeur de fétiche. Mais le résultat pour la femme reste que convergent sur le même objet une expérience d'amour qui comme telle (cf. plus haut) la prive idéalement de ce qu'il donne, et un désir qui y trouve son signifiant. C'est pourquoi on peut observer que le défaut de la satisfaction propre au besoin sexuel, autrement dit la frigidité, est chez elle relativement bien tolérée, tandis que la Verdrängung inhérente au désir est moindre que chez l'homme.
Chez l'homme par contre, la dialectique
de la demande et du désir engendre les effets dont il faut admirer une fois de plus avec quelle sûreté Freud les a situés aux joints mêmes dont ils relevaient sous la rubrique d'un ravalement (Erniedrigung) spécifique de la vie amoureuse.
Si l'homme trouve en effet à
satisfaire sa demande d'amour dans la relation à la femme pour autant que le signifiant du phallus la constitue bien comme donnant dans l'amour ce qu'elle n'a pas, - inversement son propre désir du phallus fera surgir son signifiant dans sa divergence rémanente vers "une autre femme" qui peut signifier ce phallus à divers titres, soit comme vierge, soit comme prostituée. Il en résulte une tendance centrifuge de la pulsion génitale dans la vie amoureuse, qui rend chez lui l'impuissance beaucoup plus mal supportée, en même temps que la Verdrängung inhérente au désir est plus importante.
Il ne faut pas croire pour autant
que la sorte d'infidélité qui apparaîtrait là constitutive de la fonction masculine, lui soit propre. Car si l'on y regarde de près le même dédoublement se retrouve chez la femme, à ceci près que l'Autre de l'Amour comme tel, c'est-à-dire en tant qu'il est privé de ce qu'il donne, s'aperçoit mal dans le recul où il se substitue à l'être du même homme dont elle chérit les attributs.
On pourrait ici ajouter que l'homosexualité
masculine conformément à la marque phallique qui constitue le désir, se constitue sur son versant, - que l'homosexualité féminine par contre, comme l'observation le montre, s'oriente sur une déception qui renforce le versant de la demande d'amour. Ces remarques mériteraient d'être nuancées d'un retour sur la fonction du masque pour autant qu'elle domine les identifications où se résolvent les refus de la demande.
Le fait que la féminité
trouve son refuge dans ce masque par le fait de la Verdrängung inhérente à la marque phallique du désir, a la curieuse conséquence de faire que chez l'être humain la parade virile elle-même paraisse féminine.
Corrélativement s'entrevoit
la raison de ce trait jamais élucidé où une fois de plus se mesure la profondeur de l'intuition de Freud : à savoir pourquoi il avance qu'il n'y a qu'une libido, son texte montrant qu'il la conçoit comme de nature masculine. La fonction du signifiant phallique débouche ici sur sa relation la plus profonde : celle par où les Anciens y incarnaient le Nous et le Logos.
<dir>
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<a name="1"></a>1.
Le démon de la Pudeur.<a></a><a></a><a></a><a></a><a></a>
http://perso.wanadoo.fr/espace.freud/topos/psycha/psysem/phallus.htm