Difference between revisions of "Les noms du père"

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
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séance du 20 novembre 1963, il s'agit d'un point pivot dans l'oeuvre
 
séance du 20 novembre 1963, il s'agit d'un point pivot dans l'oeuvre
 
de Lacan : le séminaire interrompu en tant que tel, - il va proposer
 
de Lacan : le séminaire interrompu en tant que tel, - il va proposer
le reste de l'année 63-64 "Les fondements de la psychanalyse" à
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le [[reste]] de l'année 63-64 "Les fondements de la [[psychanalyse]]" à
 
l'E.N.S. - suite aux relations conflictuelles entre la Société
 
l'E.N.S. - suite aux relations conflictuelles entre la Société
psychanalytique de Paris et la Société Française de
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psychanalytique de [[Paris]] et la Société Française de
 
psychanalyse, et à l'interdiction votée la nuit précédente
 
psychanalyse, et à l'interdiction votée la nuit précédente
de poursuivre ce séminaire à Sainte-Anne.</font></font></sup></b>
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de poursuivre ce séminaire à [[Sainte-Anne]].</font></font></sup></b>
 
<br><b><sup><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">A l'origine, le
 
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titre choisi par Lacan est "Le nom du père<a></a>", au singulier.</font></font></sup></b>
 
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qui nous ont été transmises telles.</font>
 
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<br><font size="-1">Un certain nombre de mots manquent. Les remarques et
 
<br><font size="-1">Un certain nombre de mots manquent. Les remarques et
la lecture de quelques-un(e)s dans le groupe Lutecium ont permis de proposer
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la lecture de quelques-un(e)s dans le groupe [[Lutecium]] ont permis de proposer
 
cette transcription, sous la forme qui suit, sans garantie par rapport
 
cette transcription, sous la forme qui suit, sans garantie par rapport
 
à ce qui fut énoncé par Lacan le 20 nov. 1963.</font>
 
à ce qui fut énoncé par Lacan le 20 nov. 1963.</font>
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<font size="-1">Je n'ai pas l'intention aujourd'hui de me livrer à
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aucun jeu qui ressemble à un coup de théâtre, je n'attendrai
 
aucun jeu qui ressemble à un coup de théâtre, je n'attendrai
pas la fin de ce séminaire pour vous dire que ce séminaire
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pas la fin de ce séminaire pour vous [[dire]] que ce séminaire
 
est le dernier que je ferai. Aussi bien pour certains, initiés aux
 
est le dernier que je ferai. Aussi bien pour certains, initiés aux
 
choses qui se passent, ceci ne sera-t-il pas une surprise, pour les autres,
 
choses qui se passent, ceci ne sera-t-il pas une surprise, pour les autres,
 
c'est par égard pour leur présence que je ferai cette déclaration.
 
c'est par égard pour leur présence que je ferai cette déclaration.
 
Jusqu'à la nuit dernière très tard... une certaine
 
Jusqu'à la nuit dernière très tard... une certaine
nouvelle m'a été annoncée... J'ai pu croire que je
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nouvelle m'a été annoncée... J'ai pu [[croire]] que je
 
vous donnerai cette année ce que je vous donnais depuis dix ans,
 
vous donnerai cette année ce que je vous donnais depuis dix ans,
 
il était préparé, je ne ferai rien de mieux que de
 
il était préparé, je ne ferai rien de mieux que de
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<br><font size="-1">Pas possible de le faire entendre : pourquoi ce pluriel
 
<br><font size="-1">Pas possible de le faire entendre : pourquoi ce pluriel
 
concernant les noms ? Ce que j'entendais apporter de progrès dans
 
concernant les noms ? Ce que j'entendais apporter de progrès dans
une notion que j'ai amorcée dès la troisième année
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une [[notion]] que j'ai amorcée dès la troisième année
de mon Séminaire, quand j'ai abordé le cas Schreber, la fonction
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de mon Séminaire, quand j'ai abordé le cas [[Schreber]], la [[fonction]]
 
des Noms du Père ponctuer dans mon enseignement passé les
 
des Noms du Père ponctuer dans mon enseignement passé les
repères où vous avez pu voir se fonder les linéaments
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repères où vous avez pu [[voir]] se fonder les linéaments
 
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<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - premièrement, 15, 22, 29
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - premièrement, 15, 22, 29
janvier et 5 février 1958, la&nbsp;<a name="metapa"></a><b><a href="../../unar/logisi2.htm#metapa">métaphore
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janvier et 5 février 1958, la&nbsp;<a [[name]]="metapa"></a><b><a href="../../unar/logisi2.htm#metapa">[[métaphore]]
 
paternelle</a></b>.</font>
 
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la&nbsp;<a name="nompro"></a><b>fonction du nom propre.</b></font>
 
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<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - troisièmement, les séminaires
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - troisièmement, les séminaires
de mai de mon année sur le transfert concernant ce qui est intéressé
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de mai de mon année sur le [[transfert]] concernant ce qui est intéressé
 
du drame du père dans la trilogie claudélienne.</font>
 
du drame du père dans la trilogie claudélienne.</font>
 
<p><font size="-1">Vous référer à ces séminaires
 
<p><font size="-1">Vous référer à ces séminaires
pour voir dans quelle direction je voulais poursuivre mon discours ...
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pour voir dans quelle direction je voulais poursuivre mon [[discours]] ...
 
Il y a là, d'une façon déjà très avancée
 
Il y a là, d'une façon déjà très avancée
dans sa structuration, quelque chose qui eût pu me permettre de faire
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dans sa [[structuration]], quelque [[chose]] qui eût pu me permettre de faire
 
le pas suivant. Ce séminaire s'enchaîne à celui sur
 
le pas suivant. Ce séminaire s'enchaîne à celui sur
l'angoisse. Avant d'aller plus loin, ce qu'a apporté mon séminaire
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l'[[angoisse]]. Avant d'aller plus loin, ce qu'a apporté mon séminaire
sur l'angoisse... On a pu donner tout leur poids à des formules
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sur [[l'angoisse]]... On a pu donner tout leur poids à des formules
telles que <i>l'angoisse est un affect du sujet</i>. L'ordonner en fonction
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telles que <i>l'angoisse est un [[affect]] du [[sujet]]</i>. L'ordonner en fonction
aussi de la structure, celle du sujet défini comme le sujet qui
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aussi de la [[structure]], celle du sujet défini comme le sujet qui
parle, qui se fonde, qui se détermine dans un effet du signifiant.
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parle, qui se fonde, qui se détermine dans un effet du [[signifiant]].
Où et à quel temps, référence au niveau de
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Où et à quel [[temps]], référence au niveau de
la synchronie, à quel temps ce sujet est-il affecté de l'angoisse
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la [[synchronie]], à quel temps ce sujet est-il affecté de l'angoisse
 
?</font>
 
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</p><center><font size="-1">voir le schéma cerné au tableau :</font>
 
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</p><p><font size="-1">Ce dont, quel que soit ce temps, ce temps sur lequel nous
 
</p><p><font size="-1">Ce dont, quel que soit ce temps, ce temps sur lequel nous
 
allons nous étendre, ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté,
 
allons nous étendre, ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté,
c'est vous ai-je dit, par le désir de l'Autre. Il en est affecté
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c'est vous ai-je dit, par le [[désir]] de l'[[Autre]]. Il en est affecté
 
d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable
 
d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable
 
et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne
 
et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne
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dessiner dans ce qui ne trompe pas à quel niveau plus radical -
 
dessiner dans ce qui ne trompe pas à quel niveau plus radical -
 
que tout ce qui a été dérivé dans le discours
 
que tout ce qui a été dérivé dans le discours
de Freud - s'inscrit sa fonction de signal. Pas moyen de situer cette fonction,
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de [[Freud]] - s'inscrit sa fonction de [[signal]]. Pas moyen de [[situer]] cette fonction,
 
sinon à ce niveau. A le poser ainsi se confirme et reste valable
 
sinon à ce niveau. A le poser ainsi se confirme et reste valable
 
comme Freud lui-même l'a ressenti assez pour le maintenir, que toutes
 
comme Freud lui-même l'a ressenti assez pour le maintenir, que toutes
 
les premières formulations qu'il a données de l'angoisse,
 
les premières formulations qu'il a données de l'angoisse,
transformation directe de la libido, etc. restent encore compréhensibles.
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transformation directe de la [[libido]], etc. restent [[encore]] compréhensibles.
 
Que n'ai-je dit d'autre part concernant l'angoisse, m'opposant à
 
Que n'ai-je dit d'autre part concernant l'angoisse, m'opposant à
la tradition psychologisante qui distingue l'angoisse de la peur de par
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la [[tradition]] psychologisante qui distingue l'angoisse de la peur de par
 
ses corrélats, spécialement corrélat de la réalité,
 
ses corrélats, spécialement corrélat de la réalité,
je change ici les choses, disant de l'angoisse : <i>elle n'est pas sans
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je [[change]] ici les choses, disant de l'angoisse : <i>elle n'est pas sans
objet</i>. Cet objet <i>a
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[[objet]]</i>. Cet objet <i>a
 
</i>dont j'ai dessiné aussi bien que j'ai
 
</i>dont j'ai dessiné aussi bien que j'ai
 
pu les formes fondamentales : ce qui est chu du sujet dans l'angoisse,
 
pu les formes fondamentales : ce qui est chu du sujet dans l'angoisse,
cet objet a, qui est la (? <font color="#ff0000">cause</font>) que je désigne
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cet [[objet a]], qui est la (? <font color="#ff0000">[[cause]]</font>) que je dé[[signe]]
 
comme la cause du désir.</font>
 
comme la cause du désir.</font>
 
</p><p><font size="-1">A l'angoisse, à l'angoisse qui ne trompe pas se
 
</p><p><font size="-1">A l'angoisse, à l'angoisse qui ne trompe pas se
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était réservé pour l'avenir - et que vous ne perdrez
 
était réservé pour l'avenir - et que vous ne perdrez
 
pas tout à fait, car vous le trouverez dans un livre à paraître
 
pas tout à fait, car vous le trouverez dans un livre à paraître
dans six mois, c'est à ceci qu'est suspendue la fonction de l'acte
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dans six mois, c'est à ceci qu'est suspendue la fonction de l'[[acte]]
 
et encore quelque chose d'autre. L'année dernière et pour
 
et encore quelque chose d'autre. L'année dernière et pour
 
l'instant ce à quoi je me suis tenu : la fonction de ce petit <i>a</i>
 
l'instant ce à quoi je me suis tenu : la fonction de ce petit <i>a</i>
  
dans le fantasme, dans la fonction qu'il prend d'être le soutien
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dans le [[fantasme]], dans la fonction qu'il prend d'être le soutien
 
du désir, du désir en tant que ce qu'il est donné
 
du désir, du désir en tant que ce qu'il est donné
 
au sujet d'atteindre de plus intensif dans sa réalisation de sujet
 
au sujet d'atteindre de plus intensif dans sa réalisation de sujet
au niveau de la conscience... c'est par cette chaîne que s'affirme
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au niveau de la [[conscience]]... c'est par cette chaîne que s'affirme
 
une fois de plus sa dépendance au désir de l'Autre, du désir.</font>
 
une fois de plus sa dépendance au désir de l'Autre, du désir.</font>
</p><p><font size="-1">Ai-je besoin, ne suis-je pas trop tenté de rappeler
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</p><p><font size="-1">Ai-je [[besoin]], ne suis-je pas trop tenté de rappeler
 
pour qu'il n'y ait pas trop de confusion, le caractère radical,
 
pour qu'il n'y ait pas trop de confusion, le caractère radical,
 
tout à fait restructurant, qu'ont ces conceptions tant du sujet
 
tout à fait restructurant, qu'ont ces conceptions tant du sujet
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et nous nous détachons de toute conception du sujet qui en fait
 
et nous nous détachons de toute conception du sujet qui en fait
 
un pur corrélat de l'intelligent à l'intelligible, du nous
 
un pur corrélat de l'intelligent à l'intelligible, du nous
antique, de toute foi faite à la connaissance. Ici, l'angoisse se
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antique, de toute foi faite à la [[connaissance]]. Ici, l'angoisse se
montre en position cruciale. Dans Aristote, pour la tradition antique,
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montre en [[position]] cruciale. Dans Aristote, pour la tradition antique,
 
[<i>agonia</i>], <i>pathos</i> local qui s'apaise dans l'impassibilité
 
[<i>agonia</i>], <i>pathos</i> local qui s'apaise dans l'impassibilité
 
du Tout. Il reste quelque chose de la position antique jusque dans la pensée
 
du Tout. Il reste quelque chose de la position antique jusque dans la pensée
positiviste, celle sur laquelle se fonde et vit maintenant encore la science
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positiviste, celle sur laquelle se fonde et vit maintenant encore la [[science]]
 
dite psychologique.</font>
 
dite psychologique.</font>
 
</p><p><font size="-1">Assurément quelque chose y reste fondé de
 
</p><p><font size="-1">Assurément quelque chose y reste fondé de
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n'est pas autre dans son fondement que l'intelligence animale ; - cf. les
 
n'est pas autre dans son fondement que l'intelligence animale ; - cf. les
 
théories de l'évolution, les progrès de l'intelligence,
 
théories de l'évolution, les progrès de l'intelligence,
son adaptation -.</font>
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son [[adaptation]] -.</font>
 
<br><font size="-1">Ceci nous permet une théorie partant de cet intelligible
 
<br><font size="-1">Ceci nous permet une théorie partant de cet intelligible
 
supposé dans les données des faits, de déduire que
 
supposé dans les données des faits, de déduire que
ce procès se reproduit chez chaque individu, hypothèse même
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ce procès se reproduit chez chaque [[individu]], hypothèse même
 
pas aperçue de la pensée positiviste, c'est que ces faits
 
pas aperçue de la pensée positiviste, c'est que ces faits
 
soient intelligibles. L'intelligence, dans cette perspective, n'est rien
 
soient intelligibles. L'intelligence, dans cette perspective, n'est rien
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manquant</font>).</font>
 
manquant</font>).</font>
  
<br><font size="-1">D'où cette psychologie de tireuses de cartes,
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<br><font size="-1">D'où cette [[psychologie]] de tireuses de cartes,
 
même du haut des chaires universitaires. L'affect n'est ici qu'intelligence
 
même du haut des chaires universitaires. L'affect n'est ici qu'intelligence
 
obscure ; il n'y a qu'une chose qui échappe à celui qui reçoit
 
obscure ; il n'y a qu'une chose qui échappe à celui qui reçoit
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des sujets en mal d'emploi entrés courbés sous l'étalon
 
des sujets en mal d'emploi entrés courbés sous l'étalon
 
du psychologue dans les cadres de la société existante.</font>
 
du psychologue dans les cadres de la société existante.</font>
</p><p><font size="-1">L'essence de la découverte de Freud est à
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</p><p><font size="-1">L'[[essence]] de la découverte de Freud est à
 
ceci, dans une opposition radicale. Les premiers pas de mon enseignement
 
ceci, dans une opposition radicale. Les premiers pas de mon enseignement
ont cheminé dans les pas de la dialectique hégélienne
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ont cheminé dans les pas de la [[dialectique]] hégélienne
 
; étape nécessaire pour faire brèche dans ce monde
 
; étape nécessaire pour faire brèche dans ce monde
 
dit de la positivité. La dialectique hégélienne se
 
dit de la positivité. La dialectique hégélienne se
 
ramène à des racines logiques, déficit intrinsèque
 
ramène à des racines logiques, déficit intrinsèque
de la logique de la prédication : à savoir que l'universel
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de la logique de la prédication : à [[savoir]] que l'[[universel]]
ne se fonde que de la négation ; que le particulier seul à
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ne se fonde que de la [[négation]] ; que le particulier seul à
y trouver l'existence y apparaît comme contingent. Toute la dialectique
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y trouver l'[[existence]] y apparaît comme [[contingent]]. Toute la dialectique
 
hégélienne faite pour combler cette faille y montre - dans
 
hégélienne faite pour combler cette faille y montre - dans
 
une prestigieuse transmutation - comment l'universel, par la voie de la
 
une prestigieuse transmutation - comment l'universel, par la voie de la
 
scansion : thèse, antithèse, synthèse, peut arriver
 
scansion : thèse, antithèse, synthèse, peut arriver
 
à se particulariser. Mais quels qu'en soient les effets de prestige
 
à se particulariser. Mais quels qu'en soient les effets de prestige
de la dialectique hégélienne, que par Marx elle soit entrée
+
de la dialectique hégélienne, que par [[Marx]] elle soit entrée
dans le monde, achevant ce qui de Hegel était la signification,
+
dans le monde, achevant ce qui de [[Hegel]] était la [[signification]],
par la subversion d'un ordre politique et social fondé sur l'ecclésial,
+
par la [[subversion]] d'un [[ordre]] politique et [[social]] fondé sur l'ecclésial,
 
l'Eglise quelle que soit sa nécessité, la dialectique hégélienne
 
l'Eglise quelle que soit sa nécessité, la dialectique hégélienne
est fausse et contredite tant par l'observation des sciences de la nature
+
est fausse et contredite tant par l'observation des [[sciences]] de la [[nature]]
 
que par le progrès historique de la science fondamentale, à
 
que par le progrès historique de la science fondamentale, à
 
savoir des mathématiques.</font>
 
savoir des mathématiques.</font>
 
</p><p><font size="-1">C'est ici que l'angoisse est le signe comme l'a vu tout
 
</p><p><font size="-1">C'est ici que l'angoisse est le signe comme l'a vu tout
aussitôt un contemporain du développement du système
+
aussitôt un contemporain du [[développement]] du système
de Hegel, Kierkegaard, l'angoisse est pour nous le témoin d'une
+
de Hegel, [[Kierkegaard]], l'angoisse est pour nous le témoin d'une
béance essentielle qui porte le témoignage que la doctrine
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béance essentielle qui porte le témoignage que la [[doctrine]]
 
freudienne est celle qui en donne l'éclaircissement.</font>
 
freudienne est celle qui en donne l'éclaircissement.</font>
 
</p><p><font size="-1">Cette structure du rapport de l'angoisse au désir,
 
</p><p><font size="-1">Cette structure du rapport de l'angoisse au désir,
cette double béance du sujet à l'objet chu de lui où
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cette [[double]] béance du sujet à l'objet chu de lui où
au-delà de l'angoisse il doit trouver son instrument, la fonction
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au-delà de l'angoisse il doit trouver son [[instrument]], la fonction
 
initiale de cet objet perdu sur lequel insiste Freud, là est la
 
initiale de cet objet perdu sur lequel insiste Freud, là est la
 
faille qui ne nous permet pas de traiter du désir dans l'immanence
 
faille qui ne nous permet pas de traiter du désir dans l'immanence
 
logicienne.</font>
 
logicienne.</font>
</p><p><font size="-1">De la seule violence comme dimension à forcer les
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</p><p><font size="-1">De la seule [[violence]] comme [[dimension]] à forcer les
 
impasses de la logique, là Freud nous ramène au coeur de
 
impasses de la logique, là Freud nous ramène au coeur de
 
ce quelque chose sur quoi fonder les bases de ce qui était pour
 
ce quelque chose sur quoi fonder les bases de ce qui était pour
lui l'illusion, qu'il appelait selon le mode de son temps l'alibi, la Religion,
+
lui l'[[illusion]], qu'il appelait selon le mode de son temps l'alibi, la [[Religion]],
 
que j'appelle quant à moi l'Eglise.</font>
 
que j'appelle quant à moi l'Eglise.</font>
</p><p><font size="-1">C'est sur ce champ même par lequel l'Eglise tient
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</p><p><font size="-1">C'est sur ce [[champ]] même par lequel l'Eglise tient
 
intacte et dans tout l'éclat que vous lui voyez, contre la révolution
 
intacte et dans tout l'éclat que vous lui voyez, contre la révolution
 
hégélienne, c'est là que Freud s'avance au fondement
 
hégélienne, c'est là que Freud s'avance au fondement
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combien sur le père il dit peu de choses. Il a su nous parler du
 
combien sur le père il dit peu de choses. Il a su nous parler du
 
Fils et combien du Saint-Esprit mais je ne sais quelle fuite se produit,
 
Fils et combien du Saint-Esprit mais je ne sais quelle fuite se produit,
automaton sous sa plume quand il s'agit du père. Comment ne pas
+
[[automaton]] sous sa plume quand il s'agit du père. Comment ne pas
protester, chez un esprit si lucide, contre l'attribution radicale à
+
protester, chez un esprit si lucide, contre l'[[attribution]] radicale à
 
Dieu du terme de <i>causa sui</i>. Absurdité ponctuée qu'à
 
Dieu du terme de <i>causa sui</i>. Absurdité ponctuée qu'à
 
partir du relief de ceci que je vous ai dit, qu'il n'y a de cause qu'après
 
partir du relief de ceci que je vous ai dit, qu'il n'y a de cause qu'après
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</p><p><font size="-1">Qu'on y trouve un <i>je suis celui qui suis</i> dit Saint
 
</p><p><font size="-1">Qu'on y trouve un <i>je suis celui qui suis</i> dit Saint
 
Augustin - déjà en français sonne faux et boiteux
 
Augustin - déjà en français sonne faux et boiteux
- par quoi Dieu s'affirme identique à l'Etre, ce Dieu, au moment
+
- par quoi Dieu s'affirme identique à l'Etre, ce Dieu, au [[moment]]
 
où Moïse parle, ne serait qu'une pure absurdité.</font>
 
où Moïse parle, ne serait qu'une pure absurdité.</font>
 
</p><p><font size="-1">Voici donc le sens de cette fonction du petit <i>a</i>
 
</p><p><font size="-1">Voici donc le sens de cette fonction du petit <i>a</i>
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<dir><font size="-1">Dans l'angoisse, l'objet petit <i>a</i> choit. Cette
 
<dir><font size="-1">Dans l'angoisse, l'objet petit <i>a</i> choit. Cette
chute est primitive ; la diversité des formes que prend cet objet
+
chute est [[primitive]] ; la diversité des formes que prend cet objet
 
de la chute est dans une certaine relation au mode sous lequel s'appréhende
 
de la chute est dans une certaine relation au mode sous lequel s'appréhende
 
pour le sujet le désir de l'Autre. C'est ce qui explique la fonction
 
pour le sujet le désir de l'Autre. C'est ce qui explique la fonction
de l'objet oral. Elle ne se comprend - j'y ai longtemps insisté
+
de l'objet [[oral]]. Elle ne se comprend - j'y ai longtemps insisté
- que si cet objet, le sein, que le sujet lâche, dont il se détache,
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- que si cet objet, le [[sein]], que le sujet lâche, dont il se dé[[tache]],
 
cet objet fondamentalement est de son appartenance.</font>
 
cet objet fondamentalement est de son appartenance.</font>
  
 
<dir>&nbsp;</dir>
 
<dir>&nbsp;</dir>
 
<font size="-1">Si à ce moment-là cet objet s'introduit dans
 
<font size="-1">Si à ce moment-là cet objet s'introduit dans
la demande à l'Autre, dans l'appel vers la mère elle dessine
+
la [[demande]] à l'Autre, dans l'appel vers la mère elle dessine
 
sous un voile l'au-delà où se noue le désir de la
 
sous un voile l'au-delà où se noue le désir de la
 
mère : étonné le bébé renverse la tête
 
mère : étonné le bébé renverse la tête
 
en se détachant du sein.</font>
 
en se détachant du sein.</font>
 
<p><font size="-1">Ce sein, il n'est qu'apparemment appartenance à
 
<p><font size="-1">Ce sein, il n'est qu'apparemment appartenance à
l'Autre ; voir les références biologiques, le complexe nourricier
+
l'Autre ; voir les références biologiques, le [[complexe]] nourricier
se constitue différemment dans un contexte animal. Ici le sein est
+
se constitue différemment dans un contexte [[animal]]. Ici le sein est
 
une partie profonde et une partie plaquée au thorax de la mère.</font>
 
une partie profonde et une partie plaquée au thorax de la mère.</font>
</p><p><font size="-1">Une seconde forme : l'objet anal. Phénoménologie
+
</p><p><font size="-1">Une seconde forme : l'objet [[anal]]. Phénoménologie
 
du cadeau, du don : en lâchant les fèces, lui concédant
 
du cadeau, du don : en lâchant les fèces, lui concédant
 
comme à un ordre dominant la demande de l'Autre évidemment
 
comme à un ordre dominant la demande de l'Autre évidemment
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niveau de l'acte génital. Par ailleurs c'est là que l'enseignement
 
niveau de l'acte génital. Par ailleurs c'est là que l'enseignement
 
de Freud d'une traduction qui s'en conserve nous situe la béance
 
de Freud d'une traduction qui s'en conserve nous situe la béance
de la castration.</font>
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de la [[castration]].</font>
 
</p><p><font size="-1">L'année dernière j'ai insisté sur
 
</p><p><font size="-1">L'année dernière j'ai insisté sur
 
ceci que tout ce que Freud a dit nous montre, c'est que l'orgasme n'est
 
ceci que tout ce que Freud a dit nous montre, c'est que l'orgasme n'est
pas seulement ce que les psycho-biologistes de son époque ont appelé
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pas seulement ce que les [[psycho]]-biologistes de son époque ont appelé
 
le mécanisme de la détumescence. Il faut savoir articuler
 
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que ce qui compte de l'orgasme représente exactement la même
 
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fonction, quant au sujet, que l'angoisse. L'orgasme est en lui-même
 
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angoisse, pour autant qu'à jamais par une faille centrale le désir
 
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est séparé de la jouissance.</font>
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est séparé de la [[jouissance]].</font>
 
</p><p><font size="-1">Qu'on ne nous objecte pas les moments de paix, de fusion
 
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du couple, où chacun même peut se dire que l'autre est bien
 
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content. Nous analystes allons y regarder de plus près pour voir
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ce qu'il y a dans ces moments d'alibi fondamental : un alibi phallique.</font>
 
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<br><font size="-1">La femme se sublime en quelque sorte, dans sa fonction
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et reste infiniment au dehors. C'est pourquoi je vous ai longtemps commenté
 
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bien faut-il indiquer ce qui se voit de traces de cet au-delà inentamé
 
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de la jouissance féminine dans le mythe masculin de son prétendu
 
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masochisme.</font>
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[[masochisme]].</font>
 
</p><p><font size="-1">Plus loin, symétrique, comme sur une ligne courbe
 
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redescendante par rapport à ce sommet de la béance du désir
 
redescendante par rapport à ce sommet de la béance du désir
 
- jouissance au niveau génital - j'ai ponctué la fonction
 
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du petit <i>a</i> dans la pulsion scopique.</font>
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du petit <i>a</i> dans la [[pulsion]] scopique.</font>
  
 
</p><p><font size="-1">Son essence est résumée en ceci que plus
 
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mythe d'Oedipe est l'équivalent de l'organe à castrer. Ce
 
mythe d'Oedipe est l'équivalent de l'organe à castrer. Ce
 
n'est pourtant pas tout à fait de cela qu'il s'agit. Dans la pulsion
 
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scopique où le sujet rencontre le monde comme spectacle qu'il possède,
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scopique où le sujet rencontre le monde comme [[spectacle]] qu'il possède,
il rit... que ce leurre par quoi ce qui sort de lui et ce qu'il affronte,
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il rit... que ce [[leurre]] par quoi ce qui sort de lui et ce qu'il affronte,
est, non pas ce vrai petit <i>a, </i>mais son complément l'<i>i(a),</i>
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est, non pas ce [[vrai]] petit <i>a, </i>mais son complément l'<i>i(a),</i>
son image spéculaire, voilà ce qui paraît être
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son [[image]] spéculaire, voilà ce qui paraît être
 
chu de lui.</font>
 
chu de lui.</font>
 
</p><p><font size="-1">Il est pris, il se réjouit, il s'esbaudit dans
 
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comme concupiscence des yeux. Il croit désirer parce qu'il se voit
 
comme concupiscence des yeux. Il croit désirer parce qu'il se voit
 
comme désirant et qu'il ne voit pas que ce que l'Autre veut lui
 
comme désirant et qu'il ne voit pas que ce que l'Autre veut lui
arracher, c'est son regard. La preuve, c'est ce qui arrive dans le phénomène
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arracher, c'est son [[regard]]. La preuve, c'est ce qui arrive dans le phénomène
de l'<i>Unheimlich : </i>chaque fois que soudain, par quelque incident
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de l'<i>[[Unheimlich]] : </i>chaque fois que soudain, par quelque incident
 
fomenté par l'Autre, cette image de lui dans l'Autre apparaît
 
fomenté par l'Autre, cette image de lui dans l'Autre apparaît
 
au sujet comme privée de son regard ; ici se défait toute
 
au sujet comme privée de son regard ; ici se défait toute
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plus fondamentale, le rapport du sujet au petit<i> a</i> et l'<i>Aleph</i>
 
plus fondamentale, le rapport du sujet au petit<i> a</i> et l'<i>Aleph</i>
  
sera là pour nous aider à le symboliser.</font>
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sera là pour nous aider à le [[symboliser]].</font>
 
<br><font size="-1">Je n'ai pas encore dépassé la pulsion scopique,
 
<br><font size="-1">Je n'ai pas encore dépassé la pulsion scopique,
 
le franchissement que je désigne de ce qui s'y manifeste et va à
 
le franchissement que je désigne de ce qui s'y manifeste et va à
 
y pointer vers l'imposture : ce fantasme que j'ai articulé sous
 
y pointer vers l'imposture : ce fantasme que j'ai articulé sous
le terme de l'<i>agalma</i>, sommet de l'obscurité où le
+
le terme de l'<i>[[agalma]]</i>, sommet de l'obscurité où le
 
sujet est plongé dans la relation du désir, l'<i>agalma</i>
 
sujet est plongé dans la relation du désir, l'<i>agalma</i>
 
est cet objet dont il croit que son désir le vise et il porte à
 
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son extrême la méconnaissance de cet objet comme cause du
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son extrême la [[méconnaissance]] de cet objet comme cause du
 
désir.</font>
 
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</p><p><font size="-1">Telle est la frénésie d'Alcibiade et le
 
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de cause mortelle. "Fais ton deuil de cet objet ; alors tu connaîtras
 
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les voies de ton désir, car moi, Socrate je ne sais rien ; c'est
 
les voies de ton désir, car moi, Socrate je ne sais rien ; c'est
la seule chose que je connais de la fonction de l'Eros".</font>
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la seule chose que je connais de la fonction de l'[[Eros]]".</font>
 
</p><p><font size="-1">C'est ainsi que je vous ai menés à la porte,
 
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cinquième terme de cette fonction du petit <i>a</i>, par quoi va
 
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j'aurais pu l'éclairer aux journées sur la paranoïa,
 
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je me suis abstenu. A savoir ce dont il s'agissait, à savoir de
 
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la voix.</font>
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la [[voix]].</font>
 
</p><p><font size="-1">La voix de l'Autre doit être considérée
 
</p><p><font size="-1">La voix de l'Autre doit être considérée
comme un objet essentiel. Tout analyste sera appelé à lui
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comme un objet essentiel. Tout [[analyste]] sera appelé à lui
donner sa place, ses incarnations diverses, tant dans le champ de la psychose
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donner sa [[place]], ses incarnations diverses, tant dans le champ de la [[psychose]]
que dans la formation du sur-moi.</font>
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que dans la [[formation]] du sur-moi.</font>
 
</p><p><font size="-1">Ceci, abord phénoménologique, ce rapport
 
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de la voix à l'Autre, le petit <i>a</i> comme chu de l'Autre, nous
 
de la voix à l'Autre, le petit <i>a</i> comme chu de l'Autre, nous
 
pouvons en épuiser la fonction structurale à porter l'interrogation
 
pouvons en épuiser la fonction structurale à porter l'interrogation
 
sur ce qu'est l'Autre comme sujet. Par la voix, cet objet chu de l'organe
 
sur ce qu'est l'Autre comme sujet. Par la voix, cet objet chu de l'organe
de la parole, l'Autre est le lieu où ça parle. Ici nous ne
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de la [[parole]], l'Autre est le lieu où ça parle. Ici nous ne
 
pouvons plus échapper à la question : qui ?, au-delà
 
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de celui qui parle au lieu de l'Autre, et qui est le sujet, qui y a-t-il
 
de celui qui parle au lieu de l'Autre, et qui est le sujet, qui y a-t-il
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</p><p><font size="-1">C'est bien pourquoi l'un de ceux que j'ai formés
 
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comme j'ai pu a parlé à propos d'un travail, qui n'est point
 
comme j'ai pu a parlé à propos d'un travail, qui n'est point
sans mérite, de la "question du père".</font>
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sans mé[[rite]], de la "question du père".</font>
  
 
</p><p><font size="-1">Cette formule était mauvaise, c'est même
 
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d'avant la question.</font>
 
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</p><p><font size="-1">Or Freud, cela, il l'a admirablement ressenti. Puisque
 
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le père est ce chef de horde.</font>
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</p><p><font size="-1">Ce nom dans l'Exode au Chapitre VI, l'Elohim qui parle
 
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Chardin, j'ai cru que je le ferai pleurer, cet homme.</font>
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Chardin, j'ai cru que je le ferai pleurer, cet [[homme]].</font>
 
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - Est-ce que vraiment vous me parlez
 
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sérieusement ?</font>
 
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mais Sarah est restée inféconde jusqu'à l'âge
 
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de quatre-vingt-dix ans. Ismaël est né du couchage du patriarche
 
de quatre-vingt-dix ans. Ismaël est né du couchage du patriarche
avec une esclave.</font>
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avec une [[esclave]].</font>
 
</p><p><font size="-1">Le son déjà de la primauté d'El Chaddaï,
 
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celui qui a tiré Abraham du milieu de ses frères et de ses
 
celui qui a tiré Abraham du milieu de ses frères et de ses
Line 571: Line 571:
 
</p><p><font size="-1">Sarah meurt quelque temps après. Beaucoup de monde
 
</p><p><font size="-1">Sarah meurt quelque temps après. Beaucoup de monde
 
se trouve là et Ismaël fait sa rentrée. Après
 
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la mort de Sarah, Abraham, ce patriarche, va se montrer tel qu'il est,
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un formidable géniteur. Il épouse et aura cinq enfants, mais
 
un formidable géniteur. Il épouse et aura cinq enfants, mais
 
ce n'est pas des enfants qui ont reçu la baraka de Sarah. Cette
 
ce n'est pas des enfants qui ont reçu la baraka de Sarah. Cette
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avec Dieu, quand l'ange dit "n'étends pas", Abraham dit :</font>
 
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<br><font size="-1">"Si c'est ainsi, je suis venu ici pour rien ; je vais
 
<br><font size="-1">"Si c'est ainsi, je suis venu ici pour rien ; je vais
lui faire au moins une légère blessure pour te faire plaisir,
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lui faire au moins une légère blessure pour te faire [[plaisir]],
 
Elohim...".</font>
 
Elohim...".</font>
  
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</p><p><font size="-1">Quant à ce qu'est ce bélier, c'est là-dessus
 
</p><p><font size="-1">Quant à ce qu'est ce bélier, c'est là-dessus
 
que je voudrais terminer. Car il n 'est pas vrai que l'animal paraisse
 
que je voudrais terminer. Car il n 'est pas vrai que l'animal paraisse
comme métaphore du père au niveau de la phobie. La phobie
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comme métaphore du père au niveau de la [[phobie]]. La phobie
 
n'est qu'un retour ; c'est ce que Freud disait en se référant
 
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au Totem. L'homme n'a pas tellement à être fier d'être
 
au Totem. L'homme n'a pas tellement à être fier d'être
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honorables et nous en sommes encore là : il lui faut un ancêtre
 
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Avot</i>"<sup><nobr><a href="#10">(10)</a></nobr></sup>&nbsp; - beaucoup
 
Avot</i>"<sup><nobr><a href="#10">(10)</a></nobr></sup>&nbsp; - beaucoup
 
moins important que le Talmud - traduit en français par Rachi, il
 
moins important que le Talmud - traduit en français par Rachi, il
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pour ce qu'il est : un Elohim. Ce n'est pas celui dont le nom est imprononçable,
 
pour ce qu'il est : un Elohim. Ce n'est pas celui dont le nom est imprononçable,
 
mais tous les Elohim. Celui-là est reconnu comme l'ancêtre
 
mais tous les Elohim. Celui-là est reconnu comme l'ancêtre
de la race de Sem - donc des origines -.</font>
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de la [[race]] de Sem - donc des origines -.</font>
  
 
</p><dir>&nbsp;</dir>
 
</p><dir>&nbsp;</dir>
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chose se manifeste qui, comme étant le désir, met essentiellement
 
chose se manifeste qui, comme étant le désir, met essentiellement
 
en valeur cette<i> </i>béance qui sépare la jouissance du
 
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désir et le symbole en est que, c'est dans le même contexte
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désir et le [[symbole]] en est que, c'est dans le même contexte
 
la relation d'<i>El Chaddaï</i> à Abraham, la circoncision
 
la relation d'<i>El Chaddaï</i> à Abraham, la circoncision
 
signe de l'alliance du peuple celui qu'il a élu, la circoncision
 
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désigne ce petit morceau de chair tranchée à l'énigme
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désigne ce petit morceau de [[chair]] tranchée à l'énigme
 
duquel je vous avais amené par quelques hiéroglyphes, ce
 
duquel je vous avais amené par quelques hiéroglyphes, ce
 
petit <i>a</i>.</font></dir>
 
petit <i>a</i>.</font></dir>
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s'est montré véritablement dans sa fonction de groupe mené
 
s'est montré véritablement dans sa fonction de groupe mené
 
deci-delà aux tourbillons aveugles. Un de mes élèves
 
deci-delà aux tourbillons aveugles. Un de mes élèves
a essayé de sauver un débat confus au niveau analytique,
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il a cru devoir parler... que la vérité, que la véritable
 
il a cru devoir parler... que la vérité, que la véritable
 
pièce, le sens de mon enseignement, c'est qu'on ne l'attrape jamais.
 
pièce, le sens de mon enseignement, c'est qu'on ne l'attrape jamais.
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tromperie, car le transfert n'est pas autre chose, tant qu'il n'y a pas
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[[tromperie]], car [[le transfert]] n'est pas autre chose, tant qu'il n'y a pas
 
de nom au lieu de l'Autre, inopérant. Si ma marche est progressive,
 
de nom au lieu de l'Autre, inopérant. Si ma marche est progressive,
 
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prudente, n'est-ce pas tout ce que j'ai tenté de promouvoir dans
 
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cette voie contre quoi j'ai toujours à me prononcer, sans quoi elle
risque de glisser vers la voie de l'imposture.</font>
+
risque de [[glisser]] vers la voie de l'imposture.</font>
 
<br><font size="-1">Depuis deux ans, ayant confié à d'autres
 
<br><font size="-1">Depuis deux ans, ayant confié à d'autres
 
le maniement intérieur d'un groupe, pour laisser la pureté
 
le maniement intérieur d'un groupe, pour laisser la pureté
Line 682: Line 682:
 
<p><a name="1bis"></a><font size="-1">1bis. Il s'agirait de Sir Allan H.
 
<p><a name="1bis"></a><font size="-1">1bis. Il s'agirait de Sir Allan H.
 
Gardiner (et non comme l'indiquent les notes utilisées de <i>Sir
 
Gardiner (et non comme l'indiquent les notes utilisées de <i>Sir
Spaky</i>). Suggestion de Diana Estrin, groupe Lutecium.</font>
+
Spaky</i>). [[Suggestion]] de Diana Estrin, groupe Lutecium.</font>
 
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Latest revision as of 00:43, 26 May 2019

LES NOMS DU PERE

Jacques Lacan

20 novembre 1963

<dir>"Les Noms du Père", séance du 20 novembre 1963, il s'agit d'un point pivot dans l'oeuvre de Lacan : le séminaire interrompu en tant que tel, - il va proposer le reste de l'année 63-64 "Les fondements de la psychanalyse" à l'E.N.S. - suite aux relations conflictuelles entre la Société psychanalytique de Paris et la Société Française de psychanalyse, et à l'interdiction votée la nuit précédente de poursuivre ce séminaire à Sainte-Anne.
A l'origine, le titre choisi par Lacan est "Le nom du père<a></a>", au singulier. <dir> <dir>

<dir> <dir>



Texte non relu par Lacan, il s'agit juste de notes photocopiées qui nous ont été transmises telles.
Un certain nombre de mots manquent. Les remarques et la lecture de quelques-un(e)s dans le groupe Lutecium ont permis de proposer cette transcription, sous la forme qui suit, sans garantie par rapport à ce qui fut énoncé par Lacan le 20 nov. 1963. <dir> </dir> </dir> </dir> </dir> </dir> Je n'ai pas l'intention aujourd'hui de me livrer à aucun jeu qui ressemble à un coup de théâtre, je n'attendrai pas la fin de ce séminaire pour vous dire que ce séminaire est le dernier que je ferai. Aussi bien pour certains, initiés aux choses qui se passent, ceci ne sera-t-il pas une surprise, pour les autres, c'est par égard pour leur présence que je ferai cette déclaration. Jusqu'à la nuit dernière très tard... une certaine nouvelle m'a été annoncée... J'ai pu croire que je vous donnerai cette année ce que je vous donnais depuis dix ans, il était préparé, je ne ferai rien de mieux que de vous donner le premier : j'ai annoncé que je vous parlerai cette année des Noms du Père.
Pas possible de le faire entendre : pourquoi ce pluriel concernant les noms ? Ce que j'entendais apporter de progrès dans une notion que j'ai amorcée dès la troisième année de mon Séminaire, quand j'ai abordé le cas Schreber, la fonction des Noms du Père ponctuer dans mon enseignement passé les repères où vous avez pu voir se fonder les linéaments


    - premièrement, 15, 22, 29 janvier et 5 février 1958, la <a name="metapa"></a><a href="../../unar/logisi2.htm#metapa">métaphore paternelle</a>.


    - deuxièmement, les séminaires du 20 décembre 1961 et ceux qui suivent, janvier 62, concernant la <a name="nompro"></a>fonction du nom propre.
    - troisièmement, les séminaires de mai de mon année sur le transfert concernant ce qui est intéressé du drame du père dans la trilogie claudélienne.

Vous référer à ces séminaires pour voir dans quelle direction je voulais poursuivre mon discours ... Il y a là, d'une façon déjà très avancée dans sa structuration, quelque chose qui eût pu me permettre de faire le pas suivant. Ce séminaire s'enchaîne à celui sur l'angoisse. Avant d'aller plus loin, ce qu'a apporté mon séminaire sur l'angoisse... On a pu donner tout leur poids à des formules telles que l'angoisse est un affect du sujet. L'ordonner en fonction aussi de la structure, celle du sujet défini comme le sujet qui parle, qui se fonde, qui se détermine dans un effet du signifiant. Où et à quel temps, référence au niveau de la synchronie, à quel temps ce sujet est-il affecté de l'angoisse ?

voir le schéma cerné au tableau :

<img src="ndpa.gif" height="91" width="185">





Ce dont, quel que soit ce temps, ce temps sur lequel nous

allons nous étendre, ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté, c'est vous ai-je dit, par le désir de l'Autre. Il en est affecté d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne trompe pas.

Je vous ai dit de l'angoisse dont vous voyez ainsi se

dessiner dans ce qui ne trompe pas à quel niveau plus radical - que tout ce qui a été dérivé dans le discours de Freud - s'inscrit sa fonction de signal. Pas moyen de situer cette fonction, sinon à ce niveau. A le poser ainsi se confirme et reste valable comme Freud lui-même l'a ressenti assez pour le maintenir, que toutes les premières formulations qu'il a données de l'angoisse, transformation directe de la libido, etc. restent encore compréhensibles. Que n'ai-je dit d'autre part concernant l'angoisse, m'opposant à la tradition psychologisante qui distingue l'angoisse de la peur de par ses corrélats, spécialement corrélat de la réalité, je change ici les choses, disant de l'angoisse : elle n'est pas sans objet. Cet objet a dont j'ai dessiné aussi bien que j'ai pu les formes fondamentales : ce qui est chu du sujet dans l'angoisse, cet objet a, qui est la (? cause) que je désigne comme la cause du désir.

A l'angoisse, à l'angoisse qui ne trompe pas se

substitue pour le sujet ce qui doit s'opérer au moyen de cet objet a, il peut s'opérer plus d'une chose ... ceci est suspendu, - ce qui était réservé pour l'avenir - et que vous ne perdrez pas tout à fait, car vous le trouverez dans un livre à paraître dans six mois, c'est à ceci qu'est suspendue la fonction de l'acte et encore quelque chose d'autre. L'année dernière et pour l'instant ce à quoi je me suis tenu : la fonction de ce petit a

dans le fantasme, dans la fonction qu'il prend d'être le soutien du désir, du désir en tant que ce qu'il est donné au sujet d'atteindre de plus intensif dans sa réalisation de sujet au niveau de la conscience... c'est par cette chaîne que s'affirme une fois de plus sa dépendance au désir de l'Autre, du désir.

Ai-je besoin, ne suis-je pas trop tenté de rappeler

pour qu'il n'y ait pas trop de confusion, le caractère radical, tout à fait restructurant, qu'ont ces conceptions tant du sujet que de l'objet.
Bien sûr, nous-mêmes parlons depuis longtemps et nous nous détachons de toute conception du sujet qui en fait un pur corrélat de l'intelligent à l'intelligible, du nous antique, de toute foi faite à la connaissance. Ici, l'angoisse se montre en position cruciale. Dans Aristote, pour la tradition antique, [agonia], pathos local qui s'apaise dans l'impassibilité du Tout. Il reste quelque chose de la position antique jusque dans la pensée positiviste, celle sur laquelle se fonde et vit maintenant encore la science dite psychologique.

Assurément quelque chose y reste fondé de

cette correspondance de l'intelligence à l'intelligible et ce n'est pas sans fondement qu'elle peut nous montrer que l'intelligence humaine n'est pas autre dans son fondement que l'intelligence animale ; - cf. les théories de l'évolution, les progrès de l'intelligence, son adaptation -.
Ceci nous permet une théorie partant de cet intelligible supposé dans les données des faits, de déduire que ce procès se reproduit chez chaque individu, hypothèse même pas aperçue de la pensée positiviste, c'est que ces faits soient intelligibles. L'intelligence, dans cette perspective, n'est rien de plus qu'un affect parmi d'autres, un affect fondé sur un (?mot manquant).


D'où cette psychologie de tireuses de cartes, même du haut des chaires universitaires. L'affect n'est ici qu'intelligence obscure ; il n'y a qu'une chose qui échappe à celui qui reçoit cet enseignement : c'est son effet d'obscurantisme subsistant de cette perspective. C'est une entreprises de technocrates, étalonnage psychologique des sujets en mal d'emploi entrés courbés sous l'étalon du psychologue dans les cadres de la société existante.

L'essence de la découverte de Freud est à

ceci, dans une opposition radicale. Les premiers pas de mon enseignement ont cheminé dans les pas de la dialectique hégélienne

étape nécessaire pour faire brèche dans ce monde

dit de la positivité. La dialectique hégélienne se ramène à des racines logiques, déficit intrinsèque de la logique de la prédication : à savoir que l'universel ne se fonde que de la négation ; que le particulier seul à y trouver l'existence y apparaît comme contingent. Toute la dialectique hégélienne faite pour combler cette faille y montre - dans une prestigieuse transmutation - comment l'universel, par la voie de la scansion : thèse, antithèse, synthèse, peut arriver à se particulariser. Mais quels qu'en soient les effets de prestige de la dialectique hégélienne, que par Marx elle soit entrée dans le monde, achevant ce qui de Hegel était la signification, par la subversion d'un ordre politique et social fondé sur l'ecclésial, l'Eglise quelle que soit sa nécessité, la dialectique hégélienne est fausse et contredite tant par l'observation des sciences de la nature que par le progrès historique de la science fondamentale, à savoir des mathématiques.

C'est ici que l'angoisse est le signe comme l'a vu tout

aussitôt un contemporain du développement du système de Hegel, Kierkegaard, l'angoisse est pour nous le témoin d'une béance essentielle qui porte le témoignage que la doctrine freudienne est celle qui en donne l'éclaircissement.

Cette structure du rapport de l'angoisse au désir,

cette double béance du sujet à l'objet chu de lui où au-delà de l'angoisse il doit trouver son instrument, la fonction initiale de cet objet perdu sur lequel insiste Freud, là est la faille qui ne nous permet pas de traiter du désir dans l'immanence logicienne.

De la seule violence comme dimension à forcer les

impasses de la logique, là Freud nous ramène au coeur de ce quelque chose sur quoi fonder les bases de ce qui était pour lui l'illusion, qu'il appelait selon le mode de son temps l'alibi, la Religion, que j'appelle quant à moi l'Eglise.

C'est sur ce champ même par lequel l'Eglise tient

intacte et dans tout l'éclat que vous lui voyez, contre la révolution hégélienne, c'est là que Freud s'avance au fondement même de la tradition ecclésiale, qu'il nous permet de tracer le clivage d'un chemin qui aille au-delà, infiniment plus loin, structuralement plus loin que la borne qu'il a posée sous la forme de mythe du meurtre du père.

C'est sur ce terrain scabreux, mouvant, que là,

cette année, je voulais m'avancer avant de reprendre l'ordre ecclésial. Car, pour ce qui est du père, leur père, les servants de l'Eglise, les pères de l'Eglise, qu'ils me laissent leur dire que sur le père je ne les ai pas trouvés suffisants. Certains savent que je pratique depuis mon âge pubertaire la lecture de Saint-Auqustin. De Trinitate,il y a à peu près dix ans que j'en ai pris connaissance. Je l'ai rouvert ces jours-ci pour ne pouvoir que m'étonner combien sur le père il dit peu de choses. Il a su nous parler du Fils et combien du Saint-Esprit mais je ne sais quelle fuite se produit, automaton sous sa plume quand il s'agit du père. Comment ne pas protester, chez un esprit si lucide, contre l'attribution radicale à Dieu du terme de causa sui. Absurdité ponctuée qu'à partir du relief de ceci que je vous ai dit, qu'il n'y a de cause qu'après l'émergence du désir.

Ce qui est cause et cause du désir - pas équivalent

de l'antinomie cause et cause de soi - ne pourrait être en aucune façon tenu pour équivalent antinomique de la cause pour lui. Augustin contre toute piété intellectuelle, fléchit sur ce que je voulais vous articuler avec toutes sortes d'exemples : Acher Ehyé<nobr><a href="#1">(1)</a></nobr>, l'hébreu. Je suis ce que je suis, ego sum qui sum, je suis.

Qu'on y trouve un je suis celui qui suis dit Saint

Augustin - déjà en français sonne faux et boiteux - par quoi Dieu s'affirme identique à l'Etre, ce Dieu, au moment où Moïse parle, ne serait qu'une pure absurdité.

Voici donc le sens de cette fonction du petit a

dans les formes diverses dont je vous ai parlé l'an [dernier ? mots manquants, ...elle s'arrêtait].

<dir>

<dir> <dir> <dir> <dir> <dir> </dir> </dir> </dir> </dir> </dir> </dir> </dir>

<dir>Dans l'angoisse, l'objet petit a choit. Cette chute est primitive ; la diversité des formes que prend cet objet de la chute est dans une certaine relation au mode sous lequel s'appréhende pour le sujet le désir de l'Autre. C'est ce qui explique la fonction de l'objet oral. Elle ne se comprend - j'y ai longtemps insisté - que si cet objet, le sein, que le sujet lâche, dont il se détache, cet objet fondamentalement est de son appartenance.

<dir> </dir> Si à ce moment-là cet objet s'introduit dans la demande à l'Autre, dans l'appel vers la mère elle dessine sous un voile l'au-delà où se noue le désir de la mère : étonné le bébé renverse la tête en se détachant du sein.

Ce sein, il n'est qu'apparemment appartenance à l'Autre ; voir les références biologiques, le complexe nourricier se constitue différemment dans un contexte animal. Ici le sein est une partie profonde et une partie plaquée au thorax de la mère.

Une seconde forme : l'objet anal. Phénoménologie

du cadeau, du don : en lâchant les fèces, lui concédant comme à un ordre dominant la demande de l'Autre évidemment imposteur, non pas la demande à l'Autre, un temps plus avant, ce qui chez l'Autre est encore ambigu, le désir. Comment les auteurs n'ont-ils pas reconnu que c'est là que s'accroche le support de ce qu'on appelle oblativité, que c'est par une véritable ambiguïté, par un escamotage révélateur de fuite panique devant une angoisse qu'on a pu situer la conjonction oblative au niveau de l'acte génital. Par ailleurs c'est là que l'enseignement de Freud d'une traduction qui s'en conserve nous situe la béance de la castration.

L'année dernière j'ai insisté sur

ceci que tout ce que Freud a dit nous montre, c'est que l'orgasme n'est pas seulement ce que les psycho-biologistes de son époque ont appelé le mécanisme de la détumescence. Il faut savoir articuler que ce qui compte de l'orgasme représente exactement la même fonction, quant au sujet, que l'angoisse. L'orgasme est en lui-même angoisse, pour autant qu'à jamais par une faille centrale le désir est séparé de la jouissance.

Qu'on ne nous objecte pas les moments de paix, de fusion

du couple, où chacun même peut se dire que l'autre est bien content. Nous analystes allons y regarder de plus près pour voir ce qu'il y a dans ces moments d'alibi fondamental : un alibi phallique.
La femme se sublime en quelque sorte, dans sa fonction de gaine, elle résout quelque chose, quelque chose qui va plus loin et reste infiniment au dehors. C'est pourquoi je vous ai longtemps commenté ce passage d'Ovide où se fabule le mythe de Tirésias. Aussi bien faut-il indiquer ce qui se voit de traces de cet au-delà inentamé de la jouissance féminine dans le mythe masculin de son prétendu masochisme.

Plus loin, symétrique, comme sur une ligne courbe

redescendante par rapport à ce sommet de la béance du désir - jouissance au niveau génital - j'ai ponctué la fonction du petit a dans la pulsion scopique.

Son essence est résumée en ceci que plus

qu'ailleurs le sujet est captif de la fonction du désir. C'est qu'ici, l'objet est étrange, l'objet a pour ceux qui ne m'ont pas suivi dans ma première approximation, c'est cet oeil qui dans le mythe d'Oedipe est l'équivalent de l'organe à castrer. Ce n'est pourtant pas tout à fait de cela qu'il s'agit. Dans la pulsion scopique où le sujet rencontre le monde comme spectacle qu'il possède, il rit... que ce leurre par quoi ce qui sort de lui et ce qu'il affronte, est, non pas ce vrai petit a, mais son complément l'i(a), son image spéculaire, voilà ce qui paraît être chu de lui.

Il est pris, il se réjouit, il s'esbaudit dans

ce que Saint-Augustin dénonce et désigne d'une façon si sublime - j'eusse voulu aussi vous faire parcourir ce texte - désigne comme concupiscence des yeux. Il croit désirer parce qu'il se voit comme désirant et qu'il ne voit pas que ce que l'Autre veut lui arracher, c'est son regard. La preuve, c'est ce qui arrive dans le phénomène de l'Unheimlich : chaque fois que soudain, par quelque incident fomenté par l'Autre, cette image de lui dans l'Autre apparaît au sujet comme privée de son regard ; ici se défait toute la trame de la chaîne dont le sujet est captif dans la pulsion scopique et c'est le retour à l'angoisse la plus basale, l'Aleph de l'angoisse. Tel est ce à quoi se rassemble dans sa structure la plus fondamentale, le rapport du sujet au petit a et l'Aleph

sera là pour nous aider à le symboliser.
Je n'ai pas encore dépassé la pulsion scopique, le franchissement que je désigne de ce qui s'y manifeste et va à y pointer vers l'imposture : ce fantasme que j'ai articulé sous le terme de l'agalma, sommet de l'obscurité où le sujet est plongé dans la relation du désir, l'agalma est cet objet dont il croit que son désir le vise et il porte à son extrême la méconnaissance de cet objet comme cause du désir.

Telle est la frénésie d'Alcibiade et le

renvoi que lui fait Socrate: "occupe-toi de ton âme", de ce que Platon fera plus tard : ".. ton âme et occupe-toi de cet objet que tu poursuis, ce n'est que ton image"; cet objet dans sa fonction de visée et de cause mortelle. "Fais ton deuil de cet objet ; alors tu connaîtras les voies de ton désir, car moi, Socrate je ne sais rien ; c'est la seule chose que je connais de la fonction de l'Eros".

C'est ainsi que je vous ai menés à la porte,

cinquième terme de cette fonction du petit a, par quoi va se montrer l'éventail, l'épanouissement, de ce petit a dans le rapport prégénital à la demande de l'Autre.


Nous allons voir le petit a venir de l'Autre, seul témoin, de ce lieu de l'Autre qui n'est pas seulement le lieu du mirage, ce petit a, je ne l'ai pas nommé ; pourtant je l'ai montré dans une des réunions de notre société, j'aurais pu l'éclairer aux journées sur la paranoïa, je me suis abstenu. A savoir ce dont il s'agissait, à savoir de la voix.

La voix de l'Autre doit être considérée

comme un objet essentiel. Tout analyste sera appelé à lui donner sa place, ses incarnations diverses, tant dans le champ de la psychose que dans la formation du sur-moi.

Ceci, abord phénoménologique, ce rapport

de la voix à l'Autre, le petit a comme chu de l'Autre, nous pouvons en épuiser la fonction structurale à porter l'interrogation sur ce qu'est l'Autre comme sujet. Par la voix, cet objet chu de l'organe de la parole, l'Autre est le lieu où ça parle. Ici nous ne pouvons plus échapper à la question : qui ?, au-delà de celui qui parle au lieu de l'Autre, et qui est le sujet, qui y a-t-il au-delà dont le sujet, chaque fois qu'il parle, prend la voix ?

Il est clair que si Freud, au centre de sa doctrine, met

le mythe du père, c'est en raison de l'inévitabilité de cette question. Il n'est pas moins clair que, si toute la théorie et la praxis de la psychanalyse nous apparaissent aujourd'hui comme en panne, c'est pour n'avoir pas osé sur cette question, aller plus loin que Freud.

C'est bien pourquoi l'un de ceux que j'ai formés

comme j'ai pu a parlé à propos d'un travail, qui n'est point sans mérite, de la "question du père".

Cette formule était mauvaise, c'est même

un contresens sans qu'on puisse le lui reprocher. Il ne peut être question de la question du père, pour la raison que nous sommes au-delà de la formule que nous puissions formuler comme question.

Comment nous aurions pu aujourd'hui dessiner l'abord du

problème ici introduit ? Il est clair que l'Autre ne saurait être confondu avec le sujet qui parle au lieu de l'Autre, ne fût-ce que par sa voix, l'Autre, s'il est ce que je dis, le lieu où ça parle, il ne peut poser qu'une sorte de problème : celui du sujet d'avant la question.

Or Freud, cela, il l'a admirablement ressenti. Puisque

je dois à partir d'aujourd'hui rentrer dans un certain silence, je ne manquerai pas de vous signaler ici qu'un de mes élèves, Conrad Stein, a dans ce champ, tracé la voie. Je vous eusse priés de vous reporter à son travail, car il est bien satisfaisant.

Ce qu'il a fait, comment malgré tout l'erreur et

la confusion du temps, Freud a mis le doigt sur ce qui mérite de rester malgré toute la critique sans doute fondée du spécialiste, sur la question du Totem, cf. Lévi-Strauss. Il n'en reste pas moins, et Freud est la vivante démonstration, combien celui qui est au niveau de la recherche de la vérité peut dépasser de haut tous les avis du spécialiste. Qu'en resterait-il sinon qu'il doit s'agir du sujet d'avant la question ?

Si mythiquement le père ne peut être qu'un

animal, le père primordial, le père d'avant l'interdit de l'inceste ne peut être avant l'avènement de la culture, et conformément au mythe de l'animal sa satisfaction est sans fin : le père est ce chef de horde.

Mais qu'il l'appelle Totem, et justement à la lumière

des progrès apportés par la critique de l'anthropologie structurale de Lévi-Strauss qui met en relief l'essence classificatoire du Totem, ce qu'il faut en second terme, c'est mettre au niveau du père la fonction du nom (référez-vous à un certain de mes séminaires, celui où j'ai défini le nom propre.)
Le nom, c'est cette marque, déjà ouverte à la lecture, c'est pour cela qu'elle se lira de même en toutes les langues, y est imprimé quelque chose, peut- être un sujet qui va parler. Bertrand Russel s'y trompe quand il dit on pourrait appeler John un point géométrique sur un tableau, il peut toujours l'interroger avec l'espoir qu'il lui réponde !

J'avais aussi marqué comme référence

les caractères que A.Gardiner<a href="#1bis">1bis</a> a découverts sur des poteries phéniciennes de Haute-Egypte, antérieures à la découverte de l'alphabet, ceci pour illustrer que la poterie n'a jamais pris la parole pour dire sa marque de fabrique, mais qu'il y a dans le signifiant ce côté qui attend la lecture et que c'est à ce niveau que se situe le nom. Ici je vous désigne quelque chose de la direction à suivre, voyez quel apport nous donne maintenant la voie que nous abordons.

Car ce père, est-ce que nous ne pouvons pas nous,

aller au-delà du mythe pour prendre comme repère ce qu'implique le mythe dans ce registre que donne notre progrès sur ces trois termes de la jouissance, du désir et de l'objet. Car tout de suite nous verrons concernant le père, le père pour que Freud trouve ce singulier équilibre, cette sorte de con... conformité de la loi et du désir vraiment conjoints, nécessités l'un par l'autre dans l'inceste, sur la supposition de la jouissance pure du père comme primordiale.
Mais ceci, qui est censé nous donner l'empreinte de la formation du désir chez l'enfant dans son procès normal, est-ce que ce n'est pas là qu'il vaut qu'on se pose la question de savoir pourquoi ça donne des névroses.

C'est ici que l'accent aussi que j'ai permis de mettre

sur la fonction de la perversion quant à sa relation au désir de l'Autre comme tel qui représente la mise au pied du mur de la prise au pied de la lettre de la fonction du Père - être suprême, cf. Sade - sens toujours voilé et insondable. Mais de son désir comme intéressé dans l'ordre du monde, c'est là le principe où pétrifiant son angoisse, le pervers s'installe comme tel.

Arcature première : comment se composent et se

conjuguent le désir dit normal et celui qui se pose au même niveau, Ie désir pervers ? Position d'abord de cette arche d'où par la suite, pour comprendre un éventail de phénomènes qui vont depuis la névrose inséparable à nos yeux d'une fuite devant le terme du désir du père, auquel on substitue le terme de la demande, celui du mysticisme aussi, dans toutes les traditions, sauf celles vous verrez ascèse, assomption plongées vers la jouissance de Dieu.

Ce qui fait l'entrave dans le mysticisme juif et plus

encore dans le chrétien, et plus encore pour l'amour, c'est l'incidence du désir de l'Autre.

Je ne peux pas vous quitter sans avoir au moins prononcé

le nom, le premier nom, par lequel je voulais introduire l'incidence spécifique de la tradition judéo-chrétienne, pas celle de la jouissance, mais du désir d'un Dieu, le dieu Elohim.

C'est devant ce Dieu premier terme, que Freud sûrement

au-delà de ce que nous transmet sa plume, s'est arrêté. Ce Dieu dont le nom n'est que le nom Chaddaï<nobr><a href="#2">(2)</a></nobr> que je n'aurais jamais prononcé.

Ce nom dans l'Exode au Chapitre VI, l'Elohim qui parle

dans le buisson ardent qu'il faut concevoir comme son corps, qu'on traduit par la voix et dont on n'a pas voulu vous expliquer qu'il est bien autre chose, ce Dieu parlant à Moïse lui dit à ce moment :
"Quand tu iras vers eux, tu leur diras que je m'appelle Je suis, Ehyé<nobr><a href="#3">(3)</a></nobr>, Je suis ce que je suis".

La propriété de ces termes : désigner

des lettres qui composent le nom, toujours certaines lettres choisies parmi les consonnes. Je suis, je suis le cortège, il n'y a aucun autre sens à accorder à ce Je suis que d'être le nom : Je suis.

Mais ce n'est pas sous ce nom que je me suis annoncé

à vos ancêtres. "Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et non Dieu des philosophes et des savants", dit Pascal en tête des Pensées. De celui-là, on peut dire qu'un Dieu ça se rencontre dans le réel, comme tout réel est inaccessible, ça se signale par ce qui ne trompe pas : l'angoisse. Ce Dieu qui s'est annoncé à Abraham, d'abord, l'a fait par un nom de l'Elohim au buisson ardent

El Chaddaï <nobr><a href="#4">(4)</a></nobr>,

les Grecs, ceux qui ont fait la traduction des Septantes étaient

beaucoup plus au courant que nous.

</dir>

<dir>Ils n'ont pas traduit Ehyé par : je suis celui qui suis, comme Saint-Augustin, mais par l'étant,

<nobr><a href="#5">(5)</a></nobr>[eimi to on], et non pas [einai]<nobr><a href="#6">(6)</a></nobr>, l'être ; ça a un sens, ils ont pensé comme des Grecs que Dieu, c'est l'étant suprême, on ne détache pas les gens de leurs habitudes. Ils ne l'ont pas traduit comme de nos jours par Tout-Puissant mais prudemment par theos. Tout le reste étant seigneur, kirios, le chem, le nom qu'on ne prononce pas.
Qu'est-ce qu'El Chaddaï ?


Il n'était pas prévu que je vous le dise aujourd'hui. Je ne forcerai pas la porte, fût-elle de l'enfer, pour vous le dire, mais j'entends introduire ce que j'eusse pu vous dire par quelque chose d'essentiel : - rendez-vous à Kierkegaard - la Akeda, le sacrifice d'Abraham sous la forme où l'on pénètre dans une tradition où les images ne sont pas interdites, - la figuration de ces choses est interdite chez les Juifs - pourquoi de temps en temps dans le  , on a quelque fièvre à s'en débarrasser ? Voir les images d'Epinal, Michelet, etc. Ce qu'on voit sur les images à ce niveau, tout ce qu'il faut en somme, non pas pour suppléer à mon séminaire car les noms n'y sont pas, mais les images y sont, en éventail de tout ce que je vous ai dit. J'ai assez avancé pour que vous y retrouviez ce que j'ai annoncé de la métaphore paternelle.
Il y a un fils, la tête bloquée contre le petit autel de pierre (tableau de Caravage), il grimace, il souffre, le couteau d'Abraham est levé au-dessus de lui, l'ange qui est là, présence de celui dont le nom n'est pas prononçable.
L'ange, un ange, qu'est-ce qu'un ange ? Ces anges, comment les supprimerez-vous de la bible ? disais-je à un père éminent, je l'ai rendu fou. Mon dernier dialogue avec le père Teilhard de Chardin, j'ai cru que je le ferai pleurer, cet homme.
    - Est-ce que vraiment vous me parlez sérieusement ?
    - Oui, mon père, il s'agit des textes. Avec son nominateur de la planète, qu'est-ce qu'il faisait des anges ?</dir>

<dir>Cet ange retient le bras d'Abraham et sans le consentement du père Teilhard, quoiqu'il en soit de cet ange, c'est bien au titre d'El Chaddaï qu'il est là. Toujours vu traditionnellement là. C'est bien à ce titre que se déroule tout le pathétique du drame où nous entraîne Kierkegaard. Avant ce geste qui retient, Abraham est venu là pour quelque chose. Dieu lui a donné un fils et lui donne I'ordre d'amener son garçon pour un mystérieux rendez-vous, les mains aux pieds liées comme à une brebis, pour le sacrifier. Avant de nous émouvoir, nous pourrions nous souvenir que, d'aller sacrifier son petit garçon à l'Elohim du coin à l'époque, c'était courant. Ca a continué si tard qu'il a fallu pour que ça cesse que l'ange et les prophètes arrêtassent les Israélites sur la voie de recommencer.

Voyons plus loin, ce fils me direz-vous, c'est son fils unique. Ce n'est pas vrai, Ismaël a déjà quatorze ans, mais Sarah est restée inféconde jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Ismaël est né du couchage du patriarche avec une esclave.

Le son déjà de la primauté d'El Chaddaï,

celui qui a tiré Abraham du milieu de ses frères et de ses pères, il y avait tellement de pères qui vivaient encore

Sem qui a vécu cinq cents ans, et, dans toutes les lignées,

ils ont eu des enfants vers l'âge de trente ans - quoiqu'il en soit cet El Chaddaï s'il est bien pour quelque chose dans cet enfant du miracle de Sarah qui dit : "je suis flétrie" - cherchez du côté du corps jaune, la ménopause existait à l'époque ! -, on peut concevoir qu'Abraham y tenait donc à Isaac, c'est l'enfant de la promesse.

Sarah meurt quelque temps après. Beaucoup de monde

se trouve là et Ismaël fait sa rentrée. Après la mort de Sarah, Abraham, ce patriarche, va se montrer tel qu'il est, un formidable géniteur. Il épouse et aura cinq enfants, mais ce n'est pas des enfants qui ont reçu la baraka de Sarah. Cette toute puissance tombe à la limite même du territoire de son peuple. Un autre élohim d'à côté donne le bon truc pour repousser l'envahisseur, El Chaddaï y décampe avec les tribus qui l'ont amené à l'assaut.

El Chaddaï est celui qui élit et promet

et fait passer par son nom une certaine alliance transmissible d'une seule façon par la baraka paternelle, c'est celui qui fait attendre un fils même à une femme de quatre-vinqt-dix ans et bien autre chose encore.

Un petit livre qui date de la fin du XIè siècle

de Scholomo Ben Isaac de Troyes, un ashkénaze, vous lirez d'étranges commentaires du malheur d'Abraham. Dans la Michna, il y a un dialogue d'Abraham avec Dieu, quand l'ange dit "n'étends pas", Abraham dit :
"Si c'est ainsi, je suis venu ici pour rien ; je vais lui faire au moins une légère blessure pour te faire plaisir, Elohim...".

Ce n'est pas tout ce qu'on peut voir sur l'image d'Epinal,

il y a encore autre chose, à droite et à gauche dans le tableau de Caravage, cette tête de bélier que j'introduis sous la forme du schofar, la corne lui est incontestablement arrachée.

Quant à ce qu'est ce bélier, c'est là-dessus

que je voudrais terminer. Car il n 'est pas vrai que l'animal paraisse comme métaphore du père au niveau de la phobie. La phobie n'est qu'un retour ; c'est ce que Freud disait en se référant au Totem. L'homme n'a pas tellement à être fier d'être le dernier venu de la création, celui qu'on a fait avec de la boue, ce qui n'est dit d'aucun être. Il va se chercher des ancêtres honorables et nous en sommes encore là : il lui faut un ancêtre animal.
Dans la "Sentence des pères", le "Pirké Avot"<nobr><a href="#10">(10)</a></nobr>  - beaucoup moins important que le Talmud - traduit en français par Rachi, il est dit catégoriquement que selon la tradition rabbinique, le bélier dont il s'agit est le bélier primordial. Il était là - Hassé Mimé Berechit - <nobr><a href="#11">(11)</a></nobr> - dès les six jours de la création, ce qui le désigne pour ce qu'il est : un Elohim. Ce n'est pas celui dont le nom est imprononçable, mais tous les Elohim. Celui-là est reconnu comme l'ancêtre de la race de Sem - donc des origines -.

<dir> </dir>

Alors cette tête de bélier aux cornes emmêlées dans une haie qui l'arrête, ce lieu de la haie, je voudrais vous le commenter, le texte même fait sentir qu'il se rue sur le lieu du sacrifice. De quoi vient-il avidement se repaître, quand celui dont le nom est imprononçable
le désigne, lui, pour le sacrifice ?
Ce qu'Elohim désigne pour sacrifice à Abraham à la place d'lsaac, c'est son ancêtre, le dieu de sa race.
Ici se marque le tranchant entre la jouissance de Dieu et ce qui d'une tradition le désigne comme désir, désir de quelque chose dont il s'agit de provoquer la chute, c'est l'origine biologique. Ici est la clé de ce mystère où se lie la version à l'égard de la tradition judaïque, la pratique des rites métaphysico-sexuels, au regard de ce qui unit la communauté dans la fête eu égard à la jouissance de Dieu. Quelque chose se manifeste qui, comme étant le désir, met essentiellement en valeur cette béance qui sépare la jouissance du désir et le symbole en est que, c'est dans le même contexte la relation d'El Chaddaï à Abraham, la circoncision signe de l'alliance du peuple celui qu'il a élu, la circoncision désigne ce petit morceau de chair tranchée à l'énigme duquel je vous avais amené par quelques hiéroglyphes, ce petit a.</dir>

<dir>Je vais vous quitter ici. Avant de vous quitter, je vous dirai que si j'interromps ce séminaire je ne le fais pas sans m'excuser auprès de ceux qui depuis des années ont été mes fidèles auditeurs, ceux qui, nourris des mots, des termes, des voies et des chemins appris ici, comme ceux qui retournent cette empreinte contre moi. Dans les débats récents et confus, un groupe s'est montré véritablement dans sa fonction de groupe mené deci-delà aux tourbillons aveugles. Un de mes élèves a essayé de sauver un débat confus au niveau analytique, il a cru devoir parler... que la vérité, que la véritable pièce, le sens de mon enseignement, c'est qu'on ne l'attrape jamais. Quel incroyable contresens ! Quelle impatience enfantine au mieux.

Est-ce là pour autant justifier une fonction métonymique de la vérité ? Où a-t-on vu, comme en mathématique, que chaque chapitre renvoie au suivant ? Je m'approchais à un certain point de la densité où vous ne pouviez pas parvenir - il n'y a pas que les attributs de l'infatuation et de la sottise, esprit en forme d'épluchure, comité de rédaction, il y a autre chose - j'ai en effet cherché ; je la trouve parfois la vérité de la praxis qui s'appelle psychanalyse. Quelle est sa vérité?

<dir> </dir>

Si quelque chose s'y avère décevant, cette praxis doit s'avancer vers une conquête du vrai par la voie de la tromperie, car le transfert n'est pas autre chose, tant qu'il n'y a pas de nom au lieu de l'Autre, inopérant. Si ma marche est progressive, prudente, n'est-ce pas tout ce que j'ai tenté de promouvoir dans cette voie contre quoi j'ai toujours à me prononcer, sans quoi elle risque de glisser vers la voie de l'imposture.
Depuis deux ans, ayant confié à d'autres le maniement intérieur d'un groupe, pour laisser la pureté à ce que j'ai à vous dire : pas de différence entre le oui et le non.


<img src="ndpb.gif" alt="CARAVAGE. Le Sacrifice d' Isaac, Musée des Offices, Florence." height="332" width="429">


CARAVAGE. "Le Sacrifice d' Isaac", Musée des Offices,

Florence.


<a name="1"></a>1. <img src="ndp4.gif" alt="ndp 4" height="35" width="170">

<a name="1bis"></a>1bis. Il s'agirait de Sir Allan H. Gardiner (et non comme l'indiquent les notes utilisées de Sir Spaky). Suggestion de Diana Estrin, groupe Lutecium.
<a name="2"></a>2.<img src="ndp1.gif" alt="ndp1" height="35" width="51">
<a name="3"></a>3.<img src="ndp5.gif" alt="ndp5" border="0" height="35" width="106">
<a name="4"></a>4.<img src="ndp8.gif" alt="ndp8" border="0" height="30" width="84">
<a name="5"></a>5. [eimi to on] : je suis l'être
<a name="6"></a>6. [einai] : être
<a name="7"></a>7. ...
<a name="8"></a>8. <img src="ndp3.gif" alt="ndp3" height="35" width="50">

nom


<a name="9"></a>9. <img src="ndp7.gif" alt="ndp7" height="35" width="86">

ligature


<a name="10"></a>10. <img src="ndp9.gif" alt="ndp9" height="35" width="159">

sentence des pères


<a name="11"></a>11.<img src="ndp2.gif" alt="ndp2" height="35" width="281">

actes des jours de la création<a></a><a></a><a></a>