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Propos sur la causalité psychique

34,306 bytes added, 22:02, 30 August 2006
no edit summary
http://aejcpp.free.fr/lacan/1946-09-282.htm
http://perso.orange.fr/espace.freud/topos/psycha/psysem/causpsy1.htm


<div align="left"><font face="Arial"><font size="+2">1. <a
href="#critique%20Ey">Critique
d'une th&eacute;orie organiciste de la folie,</a><a
href="#critique%20Ey">l'organo-dynamisme d'Henri
Ey</a></font></font></div>
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<div align="left"><font face="Arial"><font size="+2">2. <a
href="causpsy2.htm">La causalit&eacute;
essentielle de la folie</a></font></font></div>
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<div align="left"><font face="Arial"><font size="+2">3. <a
href="causpsy3.htm">Les effets
psychiques du mode imaginaire</a></font></font>
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<hr width="100%"><br>
<font face="Arial"><font color="#000080"><font size="-1">Ces lignes ont
&eacute;t&eacute; prononc&eacute;es le 28 septembre 1946 au titre d'un
rapport, aux<i> </i>journ&eacute;es psychiatriques &agrave; Bonneval.
Henry
Ey avant mis &agrave; l'ordre du jour de ces entretiens le th&egrave;me
de "la Psychogen&egrave;se". L'ensemble des rapports et de la
discussion
a &eacute;t&eacute; publi&eacute; en un volume intitul&eacute; : Le <i>Probl&egrave;me
</i>de
<i>la
psychogen&egrave;se des</i> <i>n&eacute;vroses </i>et des&nbsp; <i>psychoses,
</i>paru chez Descl&eacute;e de Brouwer. Le rapport pr&eacute;sent a
ouvert
la r&eacute;union.</font></font></font>
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<font size="+2">I. Critique d'une th&eacute;orie organiciste de la
folie,
l'organo-dynamisme d'Henri Ey.</font><a name="critique Ey"></a>
<p><font size="-1">Invit&eacute; par notre h&ocirc;te, il y a
d&eacute;j&agrave;
trois ans, &agrave; m'expliquer devant vous sur la causalit&eacute;
psychique,
je suis mis dans une position double. Je suis appel&eacute; &agrave;
formuler
une position radicale du probl&egrave;me : celle qu'on suppose
&ecirc;tre
la mienne et qui l'est en effet. Et je dois le faire dans un
d&eacute;bat
parvenu &agrave; un degr&eacute; d'&eacute;laboration o&ugrave; je n'ai
point concouru. Je pense r&eacute;pondre &agrave; votre attente en
visant
sur ces deux faces &agrave; &ecirc;tre direct, sans que personne puisse
exiger que je sois complet.</font>
<br>
<font size="-1">Je me suis &eacute;loign&eacute; pendant plusieurs
ann&eacute;es
de tout propos de m'exprimer. L'humiliation de notre temps, sous les
ennemis
du genre humain, m'en d&eacute;tournait, et je me suis abandonn&eacute;
apr&egrave;s Fontenelle &agrave; ce fantasme d'avoir la main pleine de
v&eacute;rit&eacute;s pour mieux la refermer sur elles. J'en confesse
le
ridicule, parce qu'il marque les limites d'un &ecirc;tre au moment
o&ugrave;
il va porter t&eacute;moignage. Faut-il d&eacute;noncer l&agrave;
quelque
d&eacute;faillance &agrave; ce qu'exige de nous le mouvement du monde,
si de nouveau me fut propos&eacute;e la parole, au moment m&ecirc;me
o&ugrave;
s'av&eacute;ra pour les moins clairvoyants qu'une fois encore
l'infatuation
de la puissance n'avait fait que servir la ruse de la Raison ? Je vous
laisse de juger ce qu'en peut p&acirc;tir ma recherche.</font>
<br>
<font size="-1">Du moins ne pens&eacute;-je point manquer aux exigences
de la v&eacute;rit&eacute;, en me r&eacute;jouissant qu'ici elle puisse
&ecirc;tre d&eacute;fendue dans les formes courtoises d'un tournoi de
la
parole.</font>
<br>
<font size="-1">C'est pourquoi je m'inclinerai d'abord devant un effort
de pens&eacute;e et d'enseignement qui est l'honneur d'une vie et le
fondement
d'une oeuvre, et si je rappelle &agrave; notre ami Henri Ey que par nos
soutenances th&eacute;oriques premi&egrave;res, nous sommes
entr&eacute;s
ensemble du m&ecirc;me c&ocirc;t&eacute; de la lice, ce n'est pas
seulement
pour m'&eacute;tonner de nous retrouver si oppos&eacute;s aujourd'hui.</font>
<br>
<font size="-1">A vrai dire, d&egrave;s la publication, dans l'<i>Enc&eacute;phale</i>
de 1936, de son beau travail en collaboration avec Julien Rouart, l'<i>Essai
d'application des principes de Jackson a une conception dynamique de la
neuropsychiatrie</i>, je constatais - mon exemplaire en porte la trace
- tout ce qui le rapprochait et devait le rendre toujours plus proche
d'une
doctrine du trouble mental que je crois incompl&egrave;te et fausse et
qui se d&eacute;signe elle-m&ecirc;me en psychiatrie sous le nom
d'organicisme.</font>
<br>
<font size="-1">En toute rigueur l'organo-dynamisme de Henri Ey
s'inclut
valablement dans cette doctrine par le seul fait qu'il ne peut
rapporter
la gen&egrave;se du trouble mental en tant que tel, qu'il soit
fonctionnel
ou l&eacute;sionnel dans sa nature, global ou partiel dans sa
manifestation,
et aussi dynamique qu'on le suppose dans son ressort, &agrave; rien
d'autre
qu'au jeu des appareils constitu&eacute;s dans l'&eacute;tendue
int&eacute;rieure
au t&eacute;gument du corps. Le point crucial, &agrave; mon point de
vue,
est que ce jeu, aussi &eacute;nerg&eacute;tique et int&eacute;grant
qu'on
le con&ccedil;oive, repose toujours en derni&egrave;re analyse sur une
interaction mol&eacute;culaire dans le mode de l'&eacute;tendue "<i>partes
extra partes</i>" o&ugrave; se construit la physique classique, je veux
dire dans ce mode, qui permet d'exprimer cette interaction sous la
forme
d'un rapport de fonction &agrave; variable, lequel constitue son
d&eacute;terminisme.</font>
<br>
<font size="-1">L'organisme va s'enrichissant des conceptions
m&eacute;canistes
aux dynamistes et m&ecirc;me aux gestaltistes, et la conception
emprunt&eacute;e
par Henri Ey &agrave; Jackson pr&ecirc;te, certes &agrave; cet
enrichissement,
&agrave; quoi sa discussion m&ecirc;me a contribu&eacute; : il ne sort
pas des limites que je viens de d&eacute;finir; et c'est ce qui, de mon
point de vue, rend sa diff&eacute;rence n&eacute;gligeable avec la
position
de mon ma&icirc;tre Cl&eacute;rambault ou de M. Guiraud, - &eacute;tant
pr&eacute;cis&eacute; que la position de ces deux auteurs a
r&eacute;v&eacute;l&eacute;
une valeur psychiatrique qui me para&icirc;t la moins
n&eacute;gligeable,
on verra en quel sens.</font>
<br>
<font size="-1">De toute fa&ccedil;on, Henri Ey ne peut r&eacute;pudier
ce cadre o&ugrave; je l'enferme. Fond&eacute; sur une
r&eacute;f&eacute;rence
cart&eacute;sienne qu'il a certainement reconnue et dont je le prie de
bien ressaisir le sens, ce cadre ne d&eacute;signe rien d'autre que ce
recours &agrave; l'&eacute;vidence de la r&eacute;alit&eacute;
physique,
qui
vaut pour lui comme pour nous tous depuis que Descartes l'a
fond&eacute;e
sur la notion de l'&eacute;tendue. Les "fonctions
&eacute;nerg&eacute;tiques",
aux termes de Henri Ey, n'y rentrent pas moins que "les fonctions
instrumentales"</font><b><sup><font size="-2"><a href="#1">1</a></font></sup></b><font
size="-1">
, puisqu'il &eacute;crit "qu'il y a non seulement possibilit&eacute;
mais
n&eacute;cessit&eacute; de rechercher les conditions chimiques,
anatomiques,
etc. du processus "c&eacute;r&eacute;bral g&eacute;n&eacute;rateur,
sp&eacute;cifique
de la maladie" mentale, ou encore les l&eacute;sions qui affaiblissent
les processus &eacute;nerg&eacute;tiques n&eacute;cessaires au
d&eacute;ploiement
des fonctions psychiques.</font>
<br>
<font size="-1">Ceci va de soi au reste, et je ne fais ici que poser
en mani&egrave;re liminaire la fronti&egrave;re que j'entends mettre
entre
nous.</font>
<br>
<font size="-1">Ceci pos&eacute;, je m'attacherai d'abord &agrave; une
critique de l'organo-dynamisme de Henri Ey, non pour dire que sa
conception
ne puisse se soutenir, comme notre pr&eacute;sence &agrave; tous ici le
prouve suffisamment, mais pour d&eacute;montrer dans l'explicitation
authentique
qu'elle doit tant &agrave; la rigueur intellectuelle de son auteur
qu'&agrave;
la qualit&eacute; dialectique de vos d&eacute;bats, qu'elle n'a pas les
caract&egrave;res de l'id&eacute;e vraie.</font>
<br>
<font size="-1">On s'&eacute;tonnera peut-&ecirc;tre que je passe outre
&agrave; ce tabou philosophique qui frappe la notion du vrai dans
l'&eacute;pist&eacute;mologie
scientifique, depuis que s'y sont diffus&eacute;es les th&egrave;ses
sp&eacute;culatives
dites pragmatistes. C'est que vous verrez que la question de la
v&eacute;rit&eacute;
conditionne dans son essence le ph&eacute;nom&egrave;ne de la folie, et
qu'&agrave; vouloir l'&eacute;viter, on ch&acirc;tre ce
ph&eacute;nom&egrave;ne
de la signification par o&ugrave; je pense montrer qu'il tient &agrave;
l'&ecirc;tre m&ecirc;me de l'homme.</font>
<br>
<font size="-1">Pour l'usage critique que j'en ferai &agrave; l'instant
je resterai pr&egrave;s de Descartes en posant la notion du vrai sous
la
forme c&eacute;l&egrave;bre que lui a donn&eacute;e Spinoza : <i>Idea
vera
debet cum suo ideato convenire</i>. Une id&eacute;e vraie doit
(l'accent
est sur ce mot qui a le sens de : c'est sa n&eacute;cessit&eacute;
propre),
doit &ecirc;tre en accord avec ce qui est id&eacute;&eacute; par elle.</font>
<br>
<font size="-1">La doctrine de Henri Ey fait la preuve du contraire,
en ceci qu'&agrave; mesure de son d&eacute;veloppement elle
pr&eacute;sente
une contradiction croissante avec son probl&egrave;me originel et
permanent.</font>
<br>
<font size="-1">Ce probl&egrave;me dont c'est le m&eacute;rite
&eacute;clatant
d'Henri Ey que d'en avoir senti et assum&eacute; la port&eacute;e,
c'est
celui qui s'inscrit encore aux titres de ses productions les plus
r&eacute;centes
: le probl&egrave;me des limites de la neurologie et de la psychiatrie,
- qui certes n'aurait pas plus d'importance que concernant toute autre
sp&eacute;cialit&eacute; m&eacute;dicale, s'il n'engageait
l'originalit&eacute;
propre &agrave; l'objet de notre exp&eacute;rience J'ai nomm&eacute; la
folie : comme je loue Ey d'en maintenir obstin&eacute;ment le terme,
avec
tout ce qu'il peut pr&eacute;senter de suspect par son antique relent
de
sacr&eacute; &agrave; ceux qui voudraient le r&eacute;duire de quelque
fa&ccedil;on &agrave; l'<i>omnitudo realitatis</i>.</font>
<br>
<font size="-1">Pour parler en termes concrets, y a-t-il rien qui
distingue
l'ali&eacute;n&eacute; des autres malades, si ce n'est qu'on l'enferme
dans un asile, alors qu'on les hospitalise ? Ou encore
l'originalit&eacute;
de notre objet est-elle de pratique - sociale ou de raison -
scientifique
?</font>
<br>
<font size="-1">Il &eacute;tait clair qu'Henri Ey ne pourrait que
s'&eacute;loigner
d'une telle raison, d&egrave;s lors qu'il allait chercher dans les
conceptions
de Jackson. Car celles-ci, si remarquables qu'elles soient pour leur
temps
par leurs exigences totalitaires quant aux fonctions de relation de
l'organisme,
ont pour principe et pour fin de ramener &agrave; une &eacute;chelle
commune
de dissolutions, troubles neurologiques et troubles psychiatriques.
C'est
ce qui s'est pass&eacute; en effet, et quelque subtile
orthop&eacute;die
qu'ait apport&eacute;e Ey &agrave; cette conception, ses
&eacute;l&egrave;ves
Bonnaf&eacute; lui d&eacute;montrent ais&eacute;ment qu'elle ne permet
pas de distinguer essentiellement l'aphasie de la d&eacute;mence,
l'algie
fonctionnelle de l'hypochondrie, l'hallucinose des hallucinations, ni
m&ecirc;me
agnosie de tel d&eacute;lire.</font>
<br>
<font size="-1">Et je lui pose moi-m&ecirc;me la question &agrave;
propos,
par exemple, du malade c&eacute;l&egrave;bre de Gelb et Goldstein, dont
l'&eacute;tude a &eacute;t&eacute; reprise s&eacute;par&eacute;ment
sous
d'autres angles par B&eacute;nary et par Hochheimer : ce malade atteint
d'une l&eacute;sion occipitale d&eacute;truisant les deux calcarines,
pr&eacute;sentait
autour d'une c&eacute;cit&eacute; psychique, des troubles
&eacute;lectifs
de tout le symbolisme cat&eacute;gorial, tels qu'une abolition du
comportement
du montrer en contraste avec la conservation du saisir, - des troubles
agnosiques tr&egrave;s &eacute;lev&eacute;s qu'on doit concevoir comme
une asymbolie de tout le champ perceptif, - un d&eacute;ficit de
l'appr&eacute;hension
significative en tant que telle, manifest&eacute; par
l'impossibilit&eacute;
de comprendre l'analogie dans un mouvement direct de l'intelligence,
alors
qu'il pouvait la retrouver dans une sym&eacute;trie verbale, par une
singuli&egrave;re
"c&eacute;cit&eacute; &agrave; l'intuition du nombre (selon le terme
d'Hochheimer),
qui ne l'emp&ecirc;chait pas pour autant d'op&eacute;rer
m&eacute;caniquement
sur eux, par une absorption dans l'actuel, qui le rendait incapable de
toute assomption du fictif, donc de tout raisonnement abstrait,
&agrave;
plus forte raison lui barrait tout acc&egrave;s au sp&eacute;culatif.</font>
<br>
<font size="-1">Dissolution vraiment uniforme, et du niveau le plus
&eacute;lev&eacute;,
qui, notons-le incidemment, retentit jusque dans son fond sur le
comportement
sexuel, o&ugrave; l'imm&eacute;diatet&eacute; du projet se
refl&egrave;te
dans la bri&egrave;vet&eacute; de l'acte, voire dans sa
possibilit&eacute;
d'interruption indiff&eacute;rente.</font>
<br>
<font size="-1">Ne trouvons-nous pas l&agrave; le trouble
n&eacute;gatif
de dissolution globale et apicale &agrave; la fois, cependant que
l'&eacute;cart
organo-clinique me para&icirc;t suffisamment repr&eacute;sent&eacute;
par
le contraste entre la l&eacute;sion localis&eacute;e &agrave; la zone
de
projection visuelle et l'extension du sympt&ocirc;me &agrave; toute la
sph&egrave;re du symbolisme ?</font>
<br>
<font size="-1">Me dira-t-il que le d&eacute;faut de r&eacute;action
de la personnalit&eacute; restante au trouble n&eacute;gatif, est ce
qui
distingue d'une psychose ce malade &eacute;videmment neurologique ? Je
lui r&eacute;pondrai qu'il n'en est rien. Car ce malade, au-del&agrave;
de l'activit&eacute; professionnelle routini&egrave;re qu'il a
conserv&eacute;e,
exprime, par exemple, sa nostalgie des sp&eacute;culations religieuses
et politiques qui lui sont interdites. Dans les &eacute;preuves
m&eacute;dicales,
il arrive &agrave; atteindre par la bande certains des objectifs qu'il
ne comprend plus, en les mettant "en prise" en quelque sorte
m&eacute;caniquement,
quoique d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment, sur les comportements
demeur&eacute;s
possibles : et plus frappante que la mani&egrave;re dont il parvient
&agrave;
fixer sa somatognosie, pour retrouver certains actes du montrer, est la
fa&ccedil;on dont il s'y prend par t&acirc;tonnements avec le stock du
langage pour surmonter certains de ses d&eacute;ficits agnosiques. Plus
path&eacute;tique encore, sa collaboration avec le m&eacute;decin
&agrave;
l'analyse de ses troubles, quand il fait certaines trouvailles de mots
(<i>Anhalts</i> <i>punkte</i>, prises, par exemple) pour nommer
certains
de ses artifices.</font>
<br>
<font size="-1">Je le demande donc &agrave; Henri Ey : en quoi
distingue-t-il
ce malade d'un fou ? A charge pour moi, s'il ne m'en donne pas la
raison
dans son syst&egrave;me, que je puisse la lui donner dans le mien.</font>
<br>
<font size="-1">Que s'il me r&eacute;pond par les <i>troubles
no&eacute;tiques
des dissolutions fonctionnelles</i>, je lui demanderai en quoi ceux-ci
sont diff&eacute;rents de ce qu'il appelle <i>dissolutions globales</i>.</font>
<br>
<font size="-1">En fait, c'est bien la r&eacute;action de la
personnalit&eacute;
qui dans la th&eacute;orie d'Henri Ey appara&icirc;t comme
sp&eacute;cifique
de la psychose, quoi qu'il en ait. Et c'est ici que cette
th&eacute;orie
montre sa contradiction et en m&ecirc;me temps sa faiblesse, car
&agrave;
mesure qu'il m&eacute;conna&icirc;t plus syst&eacute;matiquement toute
id&eacute;e de psychogen&egrave;se, au point qu'il avoue quelque part
ne
m&ecirc;me plus pouvoir comprendre ce que cette id&eacute;e signifie</font><b><sup><font
size="-2"><a href="#2">2</a></font></sup></b><font size="-1">,
on le voit alourdir ses expos&eacute;s d'une description "structurale"
toujours plus surcharg&eacute;e de l'activit&eacute; psychique,
o&ugrave;
repara&icirc;t plus paralysante encore la m&ecirc;me interne
discordance.
Comme je vais le montrer en le citant.</font>
<br>
<font size="-1">Pour critiquer la psychogen&egrave;se, nous le voyons
la r&eacute;duire &agrave; ces formes d'une id&eacute;e qu'on
refl&egrave;te
d'autant plus facilement qu'on va les chercher chez ceux qui en sont
les
adversaires. J'&eacute;num&egrave;re avec lui : le choc
&eacute;motionnel
- con&ccedil;u par ses effets physiologiques ; les facteurs
r&eacute;actionnels
- vus dans la perspective constitutionnaliste ; les effets traumatiques
inconscients - en tant qu'ils sont abandonn&eacute;s selon lui par
leurs
tenants m&ecirc;mes ; la suggestion pathog&egrave;ne enfin, en tant (je
cite) "que les plus farouches organicistes et neurologues - passons les
noms - se r&eacute;servent cette soupape et admettent &agrave; titre
d'exceptionnelle
&eacute;vidence une psychogen&egrave;se qu'ils expulsent
int&eacute;gralement
de tout le reste de la pathologie".</font>
<br>
<font size="-1">Je n'ai omis qu'un terme dans la s&eacute;rie, la
th&eacute;orie
de la r&eacute;gression dans l'inconscient, retenue parmi les plus
s&eacute;rieuses,
sans doute parce qu'elle pr&ecirc;te au moins apparemment &agrave; se
r&eacute;duire,
je cite encore, "&agrave; cette atteinte du moi qui se confond encore
en
derni&egrave;re analyse avec la notion de dissolution fonctionnelle".
Je
retiens cette phrase, r&eacute;p&eacute;t&eacute;e sous cent formes
dans
l'oeuvre d'Henri Ey, parce que j'y montrerai la d&eacute;faillance
radicale
de sa conception de la psychopathologie.</font>
<br>
<font size="-1">Ce que je viens d'&eacute;num&eacute;rer r&eacute;sume,
nous dit-il, les "faits invoqu&eacute;s" (termes textuels) pour
d&eacute;montrer
la psychogen&egrave;se. Il est aussi facile pour Ey de remarquer qu'ils
sont "plut&ocirc;t d&eacute;monstratifs de tout autre chose"
qu'&agrave;
nous de constater qu'une position si ais&eacute;e ne lui donnera pas
d'embarras.</font>
<br>
<font size="-1">Pourquoi faut-il qu'aussit&ocirc;t, s'enqu&eacute;rant
des tendances doctrinales auxquelles &agrave; d&eacute;faut des faits
il
faudrait rapporter "une psychogen&egrave;se - je le cite - si peu
compatible
avec les faits psychopathologiques", il croie devoir les faire
proc&eacute;der
de Descartes en attribuant &agrave; celui-ci un dualisme absolu
introduit
entre l'organique et le psychique. Pour moi j'ai toujours cru, et Ey
dans
nos entretiens de jeunesse semblait le savoir aussi, qu'il s'agissait
plut&ocirc;t
du dualisme de l'&eacute;tendue et de la pens&eacute;e. On
s'&eacute;tonne
au contraire qu'Henri Ey ne cherche point appui dans un auteur pour qui
la pens&eacute;e ne saurait errer que pour autant qu'y sont admises les
id&eacute;es confuses que d&eacute;terminent les passions du corps.</font>
<br>
<font size="-1">Peut-&ecirc;tre en effet vaut-il mieux qu'Henry Ey ne
fonde rien sur un tel alli&eacute;, &agrave; qui j'ai l'air d'assez
bien
me fier. Mais de gr&acirc;ce, qu'apr&egrave;s nous avoir produit des
psychog&eacute;n&eacute;tistes
cart&eacute;siens de la qualit&eacute; de MM. Babinski,
Andr&eacute;-Thomas
et Lhermitte, il n'identifie pas "l'intuition cart&eacute;sienne
fondamentale",
&agrave; un parall&eacute;lisme psycho-physiologique plus digne de
Monsieur
Taine que de Spinoza. Un tel &eacute;loignement des sources nous
donnerait
&agrave; croire l'influence de Jackson encore plus pernicieuse qu'il
n'y
para&icirc;t d'abord.</font>
<br>
<font size="-1">Le dualisme imput&eacute; &agrave; Descartes
&eacute;tant
honni, nous entrons de plain-pied, avec une "th&eacute;orie de la vie
psychique
incompatible avec l'id&eacute;e d'une psychogen&egrave;se des troubles
mentaux", dans le dualisme d'Henri Ey qui s'exprime tout dans cette
phrase
terminale, dont l'accent rend un son si singuli&egrave;rement
passionnel
"les maladies mentales sont des insultes et des entraves &agrave; la
libert&eacute;,
elles ne sont pas caus&eacute;es par l'activit&eacute; libre,
c'est-&agrave;-dire
purement psycho-g&eacute;n&eacute;tiques."</font>
<br>
<font size="-1">Ce dualisme d'Henri Ey me para&icirc;t plus grave en
ce qu'il suppose une &eacute;quivoque insoutenable dans sa
pens&eacute;e.
Je me demande en effet si toute son analyse de l'activit&eacute;
psychique
ne repose pas sur un jeu de mots entre son libre jeu et sa
libert&eacute;.
Ajoutons-y la cl&eacute; du mot : d&eacute;ploiement.</font>
<br>
<font size="-1">Il pose avec Goldstein que "l'int&eacute;gration, c'est
l'&ecirc;tre". D&egrave;s lors dans cette int&eacute;gration il lui
faut
comprendre non seulement le psychique, mais tout le mouvement de
l'esprit
et, de synth&egrave;ses en structures, et de formes en
ph&eacute;nom&egrave;nes,
il y implique en effet jusqu'aux probl&egrave;mes existentiels. J'ai
m&ecirc;me
cru, Dieu me pardonne, relever sous sa plume le terme de
"hi&eacute;rarchisme
dialectique", dont l'accouplement conceptuel e&ucirc;t, je crois,
laiss&eacute;
r&ecirc;veur le regrett&eacute; Pichon lui-m&ecirc;me, dont ce n'est
pas
faire tort &agrave; sa m&eacute;moire que de dire que l'alphabet
m&ecirc;me
de Hegel lui &eacute;tait rest&eacute; lettre morte.</font>
<br>
<font size="-1">Le mouvement d'Henri Ey est entra&icirc;nant certes,
mais on ne le peut suivre longtemps pour la raison qu'on
s'aper&ccedil;oit
que la r&eacute;alit&eacute; de la vie psychique s'y &eacute;crase dans
ce n&#339;ud, toujours semblable et effectivement toujours le m&ecirc;me,
qui
se resserre toujours plus s&ucirc;rement autour de la pens&eacute;e de
notre ami, &agrave; mesure m&ecirc;me de son effort pour s'en
d&eacute;livrer,
lui d&eacute;robant ensemble par une n&eacute;cessit&eacute;
r&eacute;v&eacute;latrice
la v&eacute;rit&eacute; du psychisme avec celle de la folie.</font>
<br>
<font size="-1">Quand Henri Ey commence en effet &agrave;
d&eacute;finir
cette tant merveilleuse activit&eacute; psychique comme "notre
adaptation
personnelle &agrave; la r&eacute;alit&eacute;", je me sens sur le monde
des vues si s&ucirc;res que toutes mes d&eacute;marches s'y manifestent
comme celles d'un prince clairvoyant. Vraiment de quoi ne suis-je
capable
&agrave; ces hauteurs o&ugrave; je r&egrave;gne ? Rien n'est impossible
&agrave; l'homme, dit le paysan vaudois avec son accent inimitable, ce
qu'il ne peut pas faire, il le laisse. Qu'Henri Ey m'emporte par son
art
de "trajectoire psychique" en "champ psychique" et m'invite &agrave;
m'arr&ecirc;ter
un instant avec lui pour consid&eacute;rer "la trajectoire dans le
champ",
je persiste dans mon bonheur, pour la satisfaction d'y
reconna&icirc;tre
des formules parentes de celles qui furent les miennes, quand en exorde
&agrave; ma th&egrave;se sur les psychoses parano&iuml;aques, je
tentais
de d&eacute;finir le ph&eacute;nom&egrave;ne de la personnalit&eacute;,
- sans plus m'apercevoir que nous ne tirons pas aux m&ecirc;mes fins.</font>
<br>
<font size="-1">Certes, je "tique" un peu &agrave; lire que "pour le
dualisme" (toujours cart&eacute;sien je suppose) "l'esprit est un
esprit
sans existence", me souvenant que le premier jugement de certitude que
Descartes fonde sur la conscience qu'a d'elle-m&ecirc;me la
pens&eacute;e,
est un pur jugement d'existence : cogito ergo sum, - et je
m'&eacute;meus
&agrave; cette autre assertion que "pour le mat&eacute;rialisme
l'esprit
est un &eacute;piph&eacute;nom&egrave;ne", me reportant &agrave; cette
forme du mat&eacute;rialisme pour laquelle l'esprit immanent &agrave;
la
mati&egrave;re se r&eacute;alise par son mouvement.</font>
<br>
<font size="-1">Mais quand, passant &agrave; la conf&eacute;rence
d'Henri
Ey sur la notion des troubles nerveux</font><sup><font size="-2"><a
href="#3">3</a></font></sup><font size="-1">,
j'arrive &agrave; "ce niveau que caract&eacute;rise la cr&eacute;ation
d'une causalit&eacute; proprement psychique", et que j'apprends que
"s'y
concentre la r&eacute;alit&eacute; du Moi" et que par l&agrave; "est
consomm&eacute;e
la dualit&eacute; structurale de la vie psychique, vie de relation
entre
le monde et le Moi, qu'anime tout le mouvement dialectique de l'esprit
toujours s'&eacute;vertuant dans l'ordre de l'action comme dans l'ordre
th&eacute;orique &agrave; r&eacute;duire sans jamais y parvenir cette
antinomie,
ou tout au moins &agrave; tenter de concilier et d'accorder les
exigences
des objets, d'Autrui, du corps, de l'Inconscient et du Sujet
conscient",
alors je me r&eacute;veille et je proteste : le libre jeu de mon
activit&eacute;
psychique ne comporte aucunement que je m'&eacute;vertue si
p&eacute;niblement.
Car il n'y a aucune antinomie entre les objets que je per&ccedil;ois et
mon corps, dont la perception est justement constitu&eacute;e par un
accord
avec eux des plus naturels. Mon inconscient me m&egrave;ne le plus
tranquillement
du monde &agrave; des d&eacute;sagr&eacute;ments que je ne songe
&agrave;
aucun degr&eacute; &agrave; lui attribuer, du moins jusqu'&agrave; ce
que
je m'occupe de lui par les moyens raffin&eacute;s de la psychanalyse.
Et
tout ceci ne m'emp&ecirc;che pas de me conduire envers autrui avec un
&eacute;go&iuml;sme
irr&eacute;ductible, toujours dans la plus sublime inconscience de mon
sujet conscient. Car si je ne tente pas d'atteindre &agrave; la
sph&egrave;re
enivrante de l'oblativit&eacute;, ch&egrave;re aux psychanalystes
fran&ccedil;ais,
ma na&iuml;ve exp&eacute;rience ne me donnera tien &agrave; retordre de
ce fil qui, sous le nom d'amour-propre, fut par le g&eacute;nie pervers
de La Rochefoucauld d&eacute;tect&eacute; dans la trame de tous les
sentiments
humains, f&ucirc;t-ce dans celui de l'amour.</font>
<br>
<font size="-1">Vraiment toute cette "activit&eacute; psychique"
m'appara&icirc;t
alors comme un r&ecirc;ve, et ce peut-il &ecirc;tre le r&ecirc;ve d'un
m&eacute;decin qui mille et dix mille fois a pu entendre se
d&eacute;rouler
&agrave; son oreille cette cha&icirc;ne b&acirc;tarde de destin et
d'inertie,
de coups de d&eacute;s et de stupeur, de faux succ&egrave;s et de
rencontres
m&eacute;connues, qui fait le texte courant d'une vie humaine ?</font>
<br>
<font size="-1">Non, c'est plut&ocirc;t le r&ecirc;ve du fabricant
d'automates,
dont Ey savait si bien se gausser avec moi autrefois, me disant
joliment
que dans toute conception organiciste du psychisme, on retrouve
toujours
dissimul&eacute; "le petit homme qui est dans l'homme", et vigilant
&agrave;
faire r&eacute;pondre la machine.</font>
<br>
<font size="-1">Ces chutes du niveau de la conscience, ces &eacute;tats
hypno&iuml;des, ces dissolutions physiologiques, qu'est-ce donc
d'autre,
cher Ey, sinon que le petit homme qui est dans l'homme a mal &agrave;
la
t&ecirc;te, c'est-&agrave;-dire mal &agrave; l'autre petit homme, sans
doute, qu'il a lui-m&ecirc;me dans sa t&ecirc;te, et ainsi &agrave;
l'infini
? Car l'antique argument de Polyx&egrave;ne</font><sup><font size="-2"><a
href="#4">4</a></font></sup><font size="-1">,
garde sa valeur sous quelque mode qu'on tienne pour donn&eacute;
l'&ecirc;tre
de l'homme, soit dans son essence comme Id&eacute;e, soit dans son
existence
comme organisme.</font>
<br>
<font size="-1">Ainsi je ne r&ecirc;ve plus, et quand je lis maintenant
que "projet&eacute; dans une r&eacute;alit&eacute; plus spirituelle
encore,
se constitue le monde des valeurs id&eacute;ales non plus
int&eacute;gr&eacute;es,
mais infiniment int&eacute;grantes : les croyances, l'id&eacute;al, le
programme vital, les valeurs du jugement logique et de la conscience
morale",
- je vois fort bien qu'il y a en effet des croyances et un id&eacute;al
qui s'articulent dans le m&ecirc;me psychisme avec un programme vital
tout
aussi r&eacute;pugnant au regard du jugement logique que de la
conscience
morale, pour produire un fasciste, voire plus simplement un
imb&eacute;cile
ou un filou. Et je conclus que la forme int&eacute;gr&eacute;e de ces
id&eacute;aux
n'implique pour eux nulle culmination psychique et que leur action
int&eacute;grante
est sans nul rapport avec leur valeur, - donc que l&agrave; encore il
doit
y avoir erreur.</font>
<br>
<font size="-1">Certes il n'est pas, Messieurs, dans mon propos de
rabaisser
la port&eacute;e de vos d&eacute;bats, non plus que les
r&eacute;sultats
auxquels vous &ecirc;tes parvenus. Pour la difficult&eacute; en cause,
j'aurais bient&ocirc;t &agrave; rougir de la sous-estimer. En
mobilisant
gestaltisme, behaviourisme, termes de structure et
ph&eacute;nom&eacute;nologie
pour mettre &agrave; l'&eacute;preuve l'organo-dynamisme, vous avez
montr&eacute;
des ressources de science que je parais n&eacute;gliger pour un recours
&agrave; des principes, peut-&ecirc;tre un peu trop s&ucirc;rs, et
&agrave;
une ironie, sans doute un peu risqu&eacute;e. C'est qu'il m'a
sembl&eacute;
qu'&agrave; all&eacute;ger les termes en balance, je vous aiderais
mieux
&agrave; desserrer le n&#339;ud que je d&eacute;non&ccedil;ais tout &agrave;
l'heure. Mais pour y r&eacute;ussir pleinement dans les esprits qu'il
&eacute;treint,
ne faudrait-il pas que ce f&ucirc;t Socrate lui-m&ecirc;me qui vint ici
prendre la parole, ou bien plut&ocirc;t que je vous &eacute;coute en
silence.</font>
<br>
<font size="-1">Car l'authentique dialectique o&ugrave; vous engagez
vos termes et qui donne son style &agrave; votre jeune Acad&eacute;mie,
suffit &agrave; garantir la rigueur de votre progr&egrave;s. J'y prends
appui moi-m&ecirc;me et m'y sens combien plus &agrave; l'aise que dans
cette r&eacute;v&eacute;rence idol&acirc;trique des mots qu'on voit
r&eacute;gner
ailleurs, et sp&eacute;cialement dans le s&eacute;rail psychanalytique.
Prenez garde pourtant &agrave; l'&eacute;cho que les v&ocirc;tres
peuvent
&eacute;voquer hors de l'enceinte o&ugrave; votre intention les anima.</font>
<br>
<font size="-1">L'usage de la parole requiert bien plus de vigilance
dans la science de l'homme partout ailleurs, car il engage l&agrave;
l'&ecirc;tre
m&ecirc;me de son objet.</font>
<br>
<font size="-1">Toute attitude incertaine &agrave; l'endroit de la
v&eacute;rit&eacute;
saura toujours d&eacute;tourner nos termes de leur sens et ces sortes
d'abus
ne sont jamais innocents.</font>
<br>
<font size="-1">Vous publiez, - je m'excuse d'&eacute;voquer une
exp&eacute;rience
personnelle - un article sur "l'Au-del&agrave; du principe de
r&eacute;alit&eacute;",
o&ugrave; vous ne vous attaquez &agrave; rien de moins qu'au statut de
l'objet psychologique, en vous essayant d'abord &agrave; poser une
ph&eacute;nom&eacute;nologie
de la relation psychanalytique telle qu'elle est v&eacute;cue entre
m&eacute;decin
et malade. Et de l'horizon de votre cercle vous reviennent des
consid&eacute;rations
sur la "relativit&eacute; de la r&eacute;alit&eacute;", qui vous font
prendre
en aversion votre propre rubrique.</font>
<br>
<font size="-1">C'est dans un tel sentiment, je le sais, que le grand
esprit de Politzer renon&ccedil;a &agrave; l'expression
th&eacute;orique
o&ugrave; il aura laiss&eacute; sa marque ineffa&ccedil;able, pour se
vouer
&agrave; une action qui devait nous le ravir irr&eacute;parablement.
Car
ne perdons pas de vue, en exigeant apr&egrave;s lui qu'une psychologie
concr&egrave;te se constitue en science, que nous n'en sommes encore
l&agrave;
qu'aux postulations formelles. Je veux dire que nous n'avons encore pu
poser la moindre loi o&ugrave; se r&egrave;gle notre efficience.</font>
<br>
<font size="-1">C'est au point qu'&agrave; entrevoir le sens
op&eacute;ratoire
des traces qu'a laiss&eacute;es aux parois de ses cavernes l'homme de
la
pr&eacute;histoire, il peut nous venir &agrave; l'esprit que nous en
savons
r&eacute;ellement moins que lui sur ce que j'appellerai tr&egrave;s
intentionnellement
la mati&egrave;re psychique. Faute donc de pouvoir comme Deucalion</font><b><sup><font
size="-2"><a href="#5">5</a></font></sup></b><font size="-1">
avec des pierres faire des hommes, gardons-nous avec soin de
transformer
les mots en pierres.</font>
<br>
<font size="-1">Il serait d&eacute;j&agrave; beau que par une pure
men&eacute;e
de l'esprit nous puissions voir se dessiner le concept de l'objet
o&ugrave;
se fonderait une psychologie scientifique. C'est la d&eacute;finition
d'un
tel concept que j'ai toujours d&eacute;clar&eacute;e n&eacute;cessaire,
que j'ai annonc&eacute;e comme prochaine, et qu'&agrave; la faveur du
probl&egrave;me
que vous me proposez, je vais tenter de poursuivre aujourd'hui en
m'exposant
&agrave; mon tour &agrave; vos critiques.</font>
</p>
<p></p>
<hr width="100%">
<p><font size="-1">1<a name="1"></a>.&nbsp; On peut lire le dernier
expos&eacute;
actuellement paru des points de vue d'Henri Ey dans la brochure qui
donne
le rapport pr&eacute;sent&eacute; par J. de Ajuriaguerra et
H.H&eacute;caen
aux Journ&eacute;es de Bonneval de 1943 (soit de la session
imm&eacute;diatement
ant&eacute;c&eacute;dente). A ce rapport qui est une critique de sa
doctrine,
H.Ey apporte en effet une introduction et une longue r&eacute;ponse.
Certaines
des citations qui suivront leur sont emprunt&eacute;es. (Rapports de la
Neurologie et de la Psychiatrie. H. Ey, J. de Ajuriaguerra et H.
H&eacute;caen,
Hermann &eacute;dit., 1947. No 1018 de la collection bien connue :
Actualit&eacute;s
scientifiques et industrielles".) D'autres citations ne se trouvent
pourtant
que dans des textes dactylographi&eacute;s o&ugrave; s'est poursuivie
une
tr&egrave;s f&eacute;conde discussion qui a pr&eacute;par&eacute; les
Journ&eacute;es
de 1945.</font>
<br>
<font size="-1">2.<a name="2"></a> Cf. loc. cit., p.14.</font>
<br>
<font size="-1">3.<a name="3"></a> loc.cit., p.122, Cf. le texte
publi&eacute;
dans le pr&eacute;c&eacute;dent num&eacute;ro de cette Revue, voir p.
71.</font>
<br>
<font size="-1">4.<a name="4"></a> Polyx&egrave;ne : fille de Priam et
d'H&eacute;cube. Venue r&eacute;clamer avec Priam et Andromaque le
cadavre
d'Hector &agrave; Achille, elle s'offrit comme esclave et le fit
fl&eacute;chir
(la trahison d'Achille !)</font>
<br>
<font size="-1">5.<a name="5"></a> Deucalion, fils de
Prom&eacute;th&eacute;e,
apr&egrave;s le d&eacute;luge de neuf jours, d&eacute;barqua en
Thessalie
avec Pyrrha sa femme. Herm&egrave;s lui dit de jeter les os de leurs
m&egrave;res
pour repeupler la terre, ce qu'il fit comprenant que ce
n'&eacute;taient
que des pierres ; et des pierres jet&eacute;es naquirent hommes et
femmes.</font>
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