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J.LACAN                          gaogoa[1]

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XXVII- Dissolution

Le s�minaire de Caracas  12 au 15 juillet 1980

                Version rue CB                   [#note note]

 

Ouverture de la rencontre de Caracas

 

        Je n�ai pas la bougeotte. La preuve en est que j�ai attendu ma quatre-vingti�me ann�e pour venir au Venezuela. J�y suis venu parce qu�on m�a dit que c��tait  le lieu propice pour que j�y rencontre  mes �l�ves d�Am�rique Latine.

        Est-ce que vous �tes mes �l�ves ? Je ne le pr�juge pas. J�ai l�habitude de les �lever moi-m�me.

        Ca ne donne pas toujours des r�sultats merveilleux.

        Vous n��tes pas sans savoir les probl�mes que j�ai eu avec mon �cole � Paris. Je l�ai r�solu comme il faut � en le prenant � la racine. Je veux dire en d�racinant ma pseudo-Ecole. Tout ce que j�en ai depuis obtenu  me confirme que j�ai bien fait. Mais c�est d�j� de l�histoire ancienne.

 

        A Paris, j�ai coutume de parler � un auditoire o� beaucoup de t�tes me sont connues pour �tre venues me visiter chez moi, 5 rue de Lille, o� est ma pratique.

        Vous, vous �tes para�t-il, de mes lecteurs. Vous l��tes d�autant plus que je ne vous ai jamais vu m�entendre.

        Alors �videmment je suis curieux de ce qui peut me venir de vous.

        C�est pourquoi je vous dis : Merci, merci d�avoir r�pondu � mon invitation.

 

        Vous y avez du m�rite, puisque plus d�un s�est mis en travers du chemin de Caracas. Il y a apparence, en effet, que cette Rencontre emb�te beaucoup de gens, et  en particulier ceux qui font profession de me repr�senter sans me demander mon avis. Alors quand je me pr�sente, forc�ment, ils en perdent les p�dales.

        Il faut par contre que je remercie ceux qui ont eu l�id�e de cette Rencontre, et nomm�ment Diana Rabinovitch. Je lui associe volontiers Carmen Otero et son mari Miguel, � qui j�ai fait confiance pour tout ce qui va avec un tel Congr�s. C�est gr�ce � eux que je me sens ici chez moi.

 

        Je viens ici avant de lancer ma Cause freudienne. Vous voyez que je tiens � cet adjectif. C�est � vous d��tre  lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien.

        C�est pourquoi je crois bienvenue de vous dire quelques mots du d�bat que je soutiens avec Freud, et pas d�aujourd�hui.

 

        Voil� : mes trois ne sont pas les siens. Mes trois sont le r�el, le symbolique et l�imaginaire. J�en suis venu � les situer d�une topologie, celle du n�ud, dit borrom�en.

        Le n�ud borrom�en met en �vidence la fonction de l�au moins trois. C�est celui qui noue les deux autres d�nou�es.

        J�ai donn� �a aux miens. Je leur ai donn� �a pour qu�ils se retrouvent dans la pratique. Mais s�y retrouve-t-il mieux que de la topique l�gu�e par Freud aux siens ?

 

        Il faut le dire : ce que Freud a dessin� de sa topique, dite seconde, n�est pas sans maladresse. J�imagine que c��tait pour se faire entendre sans doute des bornes de son temps.

        Mais ne pouvons-nous pas plut�t tirer profit de ce qui figure l� l�approche de mon n�ud ?

        Qu�on consid�re le sac flasque � se produire comme lien du Ca dans son article � se dire : Das Ich und das Es.

 

        Ce sac, ce serait le contenant des pulsions. Quelle id�e saugrenue que de croquer �a ainsi ! Cela ne s�explique qu�� consid�rer les pulsions comme des billes, � expulser des orifices du corps, apr�s avoir fait une ingestion.

 

        L�-dessus se broche un Ego, o� semble pr�par� le pointill� de colonnes � en faire le compte. Mais cela n�en laisse pas moins embarrass� � ce que le m�me se coiffe d�un bizarre �il perceptif, o� pour beaucoup se lit aussi bien la tache germinale d�un embryon sur le vitellus.

        Ce n�est pas tout encore. La boite enregistreuse de quelque appareil � la Marey est ici de compl�ment. Cela en dit long sur la difficult� de la r�f�rence au r�el.

        Enfin deux barres hachurent de leur joint la relation de cet ensemble baroque au sac de bille lui-m�me. Voil� qui est d�sign� du refoul�.

 

        Cela laisse perplexe. Disons que ce n�est pas ce que Freud a fait de mieux. Il faut m�me avouer que ce n�est pas en faveur de la pertinence de la pens�e que cela pr�tend traduire. Quel contraste avec la d�finition que Freud donne des pulsions, comme li�es aux orifices du corps. C�est l� une formule lumineuse, qui impose une autre figuration que cette bouteille. Quelqu�en puisse �tre le bouchon.

        N�est-ce pas plut�t, comme il m�est arriv� de le dire, bouteille de Klein, sans dedans ni dehors ? Ou encore, seulement, pourquoi pas le tore ?

 

        Je me contente de noter que le silence attribu� au Ca comme tel, suppose la parlotte. La parlotte � quoi s�attend l�oreille, celle du � d�sir indestructible � � s�en traduire.

 

        Il est remarquable pourtant que ce brouillage n�ait pas emp�ch� Freud de revenir apr�s �a aux indications les plus frappantes sur la pratique de l�analyse, et nomm�ment ses constructions.

        Dois-je m�encourager � me souvenir qu�� mon �ge Freud n��tait pas mort.

 

        Bien s�r, mon n�ud ne dit pas tout. Sans quoi je n�aurais m�me pas la chance de me rep�rer dans ce qu�il y a : puisqu�il n�y a, dis-je, pas-tout. Pas-tout s�rement dans le r�el, que j�aborde de ma pratique.

        Remarquez que dans mon n�ud, le r�el reste constamment figur� de la droite infinie, soit du cercle non ferm� quelle suppose. C�est ce dont se maintient qu�il puisse �tre admis que comme pas-tout.

 

        Le surprenant est que le nombre nous soit fourni dans lalangue m�me. Avec ce qu�il v�hicule du r�el.

        Pourquoi ne pas admettre que la paix sexuelle des animaux, � m�en prendre � celui qu�on dit �tre leur roi, le lion, tient � ce que , le nombre ne s�introduit pas dans leur langage, quel qu�il soit. Sans doute le dressage peut-il en donner apparence. Mais rien que �a.

 

        La paix sexuelle veut dire qu�on sait quoi faire du corps de l�Autre. Mais qui sait que faire d�un corps de parl�tre ? � hormis le serrer plus ou moins pr�s ?

        Qu�est-ce que l�Autre trouve � dire, et encore quand il veut bien ? Il dit : � Serre moi fort �. B�te comme chou pour la copulation. N�importe qui sait y faire mieux. Je dis n�importe qui- une grenouille par exemple.

 

        Il y a une peinture qui me trotte dans la t�te depuis longtemps. J�ai retrouv� le nom propre de son auteur, non sans les difficult�s propres � mon �ge. Elle est de Bramantino.

        Eh bien, cette peinture est bien faite pour t�moigner de la nostalgie qu�une femme ne soit pas une grenouille, qui est mise l� sur le dos, au premier plan du tableau.

Ce qui m�a frapp� le plus dans ce tableau, c�est que la Vierge, [javascript:; la Vierge � l�enfant], y a quelque chose comme l�ombre d�une barbe. Moyennant quoi elle ressemble � son fils, tel qu�il se peint en adulte.

La relation figur�e de la Madone est plus complexe qu�on ne le pense. Elle est d�ailleurs mal support�e.

Ca me tracasse. Mais reste que je m�en situe, je crois mieux que Freud, dans le R�el int�ress� � ce qu�il en est de l�inconscient.

Car la jouissance du corps fait point � l�encontre de l�inconscient.

 

D�o� mes math�mes, qui proc�dent de ce que le symbolique soit le lieu de l�Autre, mais qu�il n�y ait pas d�Autre de l�Autre.

 

Il s �ensuit que ce que lalangue peut faire de mieux, c�est de se d�montrer au service de l�instinct de mort.

C�est l� une id�e de Freud. C�est une id�e g�niale. Ca veut dire aussi que c�est une id�e grotesque.

Le plus fort, c�est que c�est une id�e qui se confirme de ceci, que lalangue n�est efficace que de passer � l��crit.

C�est ce qui m�a inspir� mes math�mes- pour autant qu�on puisse parler d�inspiration pour un travail qui m�a co�t� des veilles o� pas une muse que je sache ne m�a visit� �mais il faut croire que �a m�amuse.

Freud a l�id�e que l�instinct de mort s�explique par le d�placement au plus bas du seuil tol�r� de tension par le corps. C�est ce que Freud nomme d�un au-del� du principe de plaisir - c�est-�-dire du plaisir du corps.

Il faut bien dire que c�est tout de m�me chez Freud l�indice d�une pens�e plus d�lirante qu�aucune de celles dont j�ai jamais fait part.

Car bien entendu, je ne vous dis pas tout. C�est l� mon m�rite.

 

Voil�.

Je d�clare ouverte cette Rencontre, qui porte sur ce que j�ai enseign�.

C�est vous, par votre pr�sence, qui faites que j�ai enseign� quelque chose.

[javascript:; File:Madonna1520-2.jpg.jpg.jpg] (<-- ajout du scribe )

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J.LACAN Haut de Page]