Text/Jacques Lacan/Acheronta 12 - Encore - Séminaire de Jacques Lacan - Mardi 20 février 1973

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Encore

S?minaire de Jacques Lacan
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Mardi 20 f?vier 1973

Je peux bien avouer que j?esp?rais que les vacances dites scolaires auraient ?clairci votre assistance. Il y a trop longtemps que, que je d?sirerais vous parler comme ?a, en me promenant un petit peu entre vous, ?a faciliterait certaines choses me semble-t-il. Mais enfin, puisque cette satisfaction m?est refus?e j?en reviens ? ce dont je suis parti la derni?re fois de ce que j?ai appel? une autre satisfaction, cette satisfaction de la parole. Une autre satisfaction, celle, je le r?p?te, c?est le d?but de ce que j?ai dit la derni?re fois, celle qui r?pond ? la jouissance qu?il fallait juste, juste pour que ?a se passe entre ce que j?abr?gerai de les appeler l?homme et la femme, et qui est la jouissance phallique. Notez ici la modification qu?introduit ce mot juste. Ce juste, ce justement est un tout juste, tout juste r?ussi, ce qui je pense vous est sensible de donner justement l?envers du rat?. ?a r?ussit tout juste et d?j? nous voici l? port?s, puisque la derni?re fois, du moins je l?esp?re, le plus grand nombre ?tait l? qui sait que j??tais parti d?Aristote, de voir l? en somme justifi? ce qu?Aristote apporte de la notion de la justice comme le juste milieu. Peut-?tre certains d?entre vous ont-ils vu, quand j?ai introduit ce tout qui est dans le tout juste, que j?ai fait l? une sorte de, de contournement

? bonjour !

de contournement qui ?tait pour ?viter le mot de, de prosdiorisme 101 qui d?signe justement, ce, ce tout, ce quelque ? l?occasion, qui ne manque dans aucune langue. Que ce soit le prosdiorisme le ? tout ? qui dans l?occasion vient ? nous faire glisser de la justice d?Aristote ? la justesse, ? la r?ussite de justesse, c?est bien l? ce qui l?gitime ? avoir d?abord produit cette entr?e d?Aristote du fait que ?a ne se comprend pas tout de suite comme ?a. Et que somme toute Aristote s?il ne se comprend pas si ais?ment en raison de la distance qui nous s?pare de lui, c?est bien l? ce qui me justifiait quant ? moi ? vous dire que lire n?est pas du tout quelque chose qui nous oblige ? comprendre, il faut le lire d?abord. Et c?est bien ce qui fait qu?aujourd?hui, enfin, peut-?tre d?une fa?on qui appara?tra ? certains de paradoxe, je vais vous conseiller de lire un livre dont le moins qu?on puisse dire, c?est qu?il me concerne, ce livre s?appelle Le titre de la lettre 102, il est paru aux ?ditions Galil?e, collection : ? la Lettre 103.

Je vous en dirai pas les auteurs qui me semblent en l?occasion jouer plut?t le r?le de sous-fifres, mais ce n?est pas pour autant diminuer leur travail car, je dirai que c?est quant ? moi avec la plus grande satisfaction que je l?ai lu. Et c?est en somme l??preuve ? laquelle je d?sirerais soumettre votre auditoire, plut?t que de recommander de faire clairon ? la parution de tel ou tel livre, ce livre ?crit en somme dans les plus mauvaises intentions, comme vous pourrez le constater ? la trentaine de derni?res pages, est quand m?me un livre dont je ne saurais trop encourager la diffusion.

Je peux dire d?une certaine fa?on que s?il s?agit de lire je n ?ai jamais ?t? si bien lu, au point de pouvoir dire que d?un certain c?t? je pourrais dire avec tellement d?amour. Bien s?r, comme il s?av?re par la chute du livre, c?est un amour dont le moins qu?on puisse dire est que sa doublure habituelle dans la th?orie analytique n?est pas sans pouvoir ?tre ?voqu?e. Il me semble que ?a serait trop dire, et puis peut-?tre m?me, est-ce trop en dire que mettre l?-dedans d?une fa?on quelconque les sujets, ?a serait peut-?tre l? trop les reconna?tre en tant que sujets que d??voquer leurs sentiments. C?est un mod?le de bonne lecture. Au point que je peux dire que je regrette de n?avoir obtenu de ceux qui me sont proches jamais rien qui, ? mes yeux, soit ?quivalent.

Les auteurs, puisqu?il faut bien tout de m?me que je les d?signe, ont cru devoir se limiter, et mon Dieu pourquoi ne pas les en complimenter, puisque la condition d?une lecture c?est ?videmment qu?elle soit en place, qu?elle s?impose ? elle-m?me des limites, et ils se sont attach?s ? mon article, cet article recueilli dans mes ?crits qui s?appelle ? L?instance de la lettre? 104. Je veux dire que pour ponctuer par exemple ce qui me distingue de ce qui peut ?tre compris de Saussure, je ne dis pas plus, ce qui m?en distingue, ce qui fait que je l?ai, comme ils disent, d?tourn?, on ne peut vraiment pas mieux faire. ? quoi cela m?ne de fil en aiguille, ? cette impasse qui est bien celle que je d?signe concernant ce qu?il en est dans le discours, dans le discours analytique de l?abord de la v?rit? et de ses paradoxes. C?est l? sans doute quelque chose o? ? la fin, je ne sais quoi, et je n?ai pas autrement ? le sonder, je ne sais quoi ?chappe ? ceux qui se sont impos?s cet extraordinaire travail, tout se passant donc comme si ce soit justement ? l?impasse o? tout mon discours est fait pour les mener qu?ils se tiennent quitte, qu?ils se d?clarent ou me d?clarent ce qui revient au m?me au point o? ils en parviennent, ?tre quinauds. Mais justement, c?est l? o? je trouve tout ? fait indiqu? que vous vous affrontiez vous-m?mes, je le souligne, jusqu?aux conclusions dont vous verrez que somme toute on peut les qualifier de sans-g?ne, jusqu?? ces conclusions, le travail se poursuit d?une fa?on o? moi, je ne puis reconna?tre qu?une valeur d??claircissement, de lumi?re, tout ? fait saisissant. Si cela pouvait par hasard, enfin, ?claircir un petit peu vos rangs ?tant donn? ce par quoi j?ai commenc?, je n?y verrais pour moi qu?avantage. Mais apr?s tout je ne suis pas s?r parce que?pour, pour, pourquoi puisque vous ?tes toujours ici aussi nombreux, ne pas vous faire confiance que rien enfin ne vous rebute assur?ment. Jusqu?? ces trente ou vingt derni?res pages, je ne les ai pas compt?es parce qu?? la v?rit? ce sont celles-l?, celles-l? seulement que j?ai lues en diagonale, les autres vous seront d?un confort que somme toute je peux vous souhaiter.

L?-dessus, ce que j?ai aujourd?hui ? vous dire c?est bien ce que je vous ai annonc? la derni?re fois, c?est ? savoir de pousser plus loin ce qu?il en est quant ? ce sur quoi j?ai termin?, c?est ? savoir la cons?quence de ce que j?ai cru, non certes sans avoir longtemps chemin? pour autant, de ce que j?ai cru devoir ?noncer de ce qu?il y a entre les sexes, entre les sexes chez l??tre parlant, qui, de rapport, ne fasse pas. Et comment en somme c?est ? partir de l? seulement, que se puisse ?noncer ce qui, ? ce rapport suppl?e.

Il y a longtemps que l?-dessus j?ai scand? d?un certain y?a d ?l?Un105 ce qui fait le premier pas dans cette d?marche. Ce y?a d?l?Un, c ?est le cas de le dire, ?a n?est pas simple. Bien s?r dans la psychanalyse, ou plus exactement puisqu?il faut bien le dire, dans le discours de Freud, ceci s?annonce de l??ros, de l??ros d?fini comme fusion de ce qui du deux fait un, et ? partir de l? mon Dieu de proche en proche, est cens? tendre ? ne faire qu?un d?une multitude immense. Moyennant quoi comme il est clair que m?me tous tant que vous ?tes ici, multitude assur?ment, non seulement ne faites pas qu?un mais n?avez aucune chance, f?t-ce ? communier comme on dit dans ma parole, d?y parvenir comme il ne se d?montre que trop et tous les jours, il faut bien que Freud fasse surgir cet autre facteur qui doit bien faire obstacle ? cet ?ros universel sous la forme du Thanatos, de la r?duction ? la poussi?re. C?est ?videmment chose permise m?taphoriquement ? Freud, gr?ce ? cette bienheureuse d?couverte des deux unit?s du germen, cet ovule et ce spermatozo?de dont, grossi?rement, l?on pourrait dire que c?est de leur fusion que s ?engendre quoi ? un nouvel ?tre. Et aussi bien ? se limiter ? deux ?l?ments qui se conjoignent, ? ceci pr?s qu?il est bien clair qu?? regarder les choses de plus pr?s, la chose ne va pas sans une m?iose, sans une soustraction tout ? fait manifeste, au moins pour l?un des deux je veux dire juste d?avant le moment m?me o? la conjonction se produit, la soustraction de certains ?l?ments qui, bien s?r, ne sont pas pour rien dans l?op?ration finale 106. Mais la m?taphore biologique est assur?ment ici encore beaucoup moins qu?ailleurs ce qui peut suffire ? nous conforter. Si l?inconscient est bien ce que je dis d??tre structur? comme un langage, c?est au niveau de la langue qu?il nous faut interroger cet Un, cet Un dont bien entendu la suite des si?cles a fait retentissement, r?sonance infinie, ai-je besoin ici d??voquer les n?oplatoniciens et toute la suite ? peut-?tre aurai-je encore tout ? l?heure ? mentionner tr?s rapidement cette aventure, puisque ce qu?il me faut aujourd?hui c?est tr?s proprement d?signer d?o? la chose non seulement peut mais doit ?tre prise de notre discours, de ce discours nouveau, de ce renouvellement qu?apporte dans le domaine de l??ros ce que notre exp?rience apporte.

Il faut bien partir de ceci, que ce y?a d?l?Un est ? prendre de l?accent qu?y?a d?l?Un, et justement puisqu?il n?y a pas de rapport, qu?y?a d?l?Un et d?l?Un tout seul, que c?est de l? que se saisit le nerf de ce qu?il en est concernant ce qu?apr?s tout il nous faut bien appeler du nom dont la chose retentit tout au cours des si?cles, ? savoir celui de l?amour. Dans l?analyse nous n?avons affaire qu?? ?a. Et ce n?est pas, ce n?est pas par une autre voie qu?elle op?re, voie singuli?re ? ce qu?elle seule ait permis de d?gager ce dont, moi qui vous parle, j?ai cru devoir le supporter, je veux dire ce transfert, et nomm?ment en tant qu?il ne se distingue pas de l?amour, de la formule : le sujet suppos? savoir. Et l?, je pense que tout au long de ce que je vais aujourd?hui avoir ? ?noncer, je ne puis pas manquer de marquer la r?sonance nouvelle que peut prendre pour vous, ? tout ce qui va suivre, ce terme de savoir.

Peut-?tre m?me, dans ce que tout ? l?heure vous m?avez vu flotter, reculer, h?siter ? faire verser d?un sens ou de l?autre, de l?amour ou de ce qu?on appelle encore la haine?

Pensez qu?en somme, si, comme vous le constaterez, ce ? quoi je vous invite express?ment ? prendre part, ? savoir ? une lecture dont la pointe est faite express?ment pour, disons, me d?consid?rer ce qui n?est certes pas devant quoi peut reculer quelqu?un qui ne parle en somme que de la d?sid?ration et qui ne vise rien d?autre. Qu?en somme, l? o? cette pointe porte, ou plus exactement para?t aux auteurs soutenable, c?est justement d?une d?supposition de mon savoir.

Et pourquoi pas ?

Pourquoi pas s?il s?av?re que ce doit ?tre l? la condition de ce que j?ai appel? la lecture ?

Que sais-je, apr?s tout, que puis-je pr?sumer de ce que savait Aristote ? Peut-?tre mieux je le lirai ? mesure que ce savoir je le lui suppose moins. Telle est la condition d?une stricte mise ? l??preuve de la lecture. Et c?est l? celle dont en somme je ne m?esquive pas.

Il est certes difficile?

Il serait peu conforme ? ce qu?en fait il nous est offert de lire par ce qui du langage existe, ? savoir ce qui vient ? se tramer d?effet de son ravinement, vous savez que c?est ainsi que j? en d?finis l??crit?

Il serait me semble-t-il, d?daigneux de au moins ne pas traverser ou faire ?cho de ce qui au cours des ?ges et d?une pens?e qui s?est appel?e, je dois dire improprement, philosophique, de ce qui au cours des ?ges s??tait ?labor? sur l?amour. Je ne vais pas faire ici une revue g?n?rale. Mais je pense que vu le genre de t?tes, enfin, que je vois ici faire flocon, vous devez quand m?me avoir entendu parler que du c?t? de la philosophie, l?amour de Dieu, dans cette affaire, a tenu une certaine place et qu?il y a l? un fait massif, dont au moins lat?ralement le discours analytique ne peut pas ne pas tenir compte.

Comme ?a, des personnes bien intentionn?es, c?est bien pire que celles qui le sont mal, des personnes bien intentionn?es, quand, comme on dit quelque part dans ce livret, j?ai ?t?, ? ce qu?il y a l? ?crit, exclu de Sainte-Anne, je n?ai pas ?t? exclu, je me suis retir?, c?est tr?s diff?rent 107, mais enfin qu?importe, nous n?en sommes pas l?, d?autant plus que ces termes d?exclu, d?exclure, dans notre topologie, ont toute leur importance. Des personnes bien intentionn?es se sont trouv?es en somme surprises d?avoir ?cho, ce n??tait qu?un ?cho, mais comme ces personnes ?taient, mon Dieu, il faut bien le dire, de la pure tradition philosophique, et de celle qui se r?clame, c?est bien en ?a que je dis pure, il n?y a rien de plus philosophique que le mat?rialisme. Et le mat?rialisme se croit oblig?, Dieu sait pourquoi c?est le cas de le dire, d ??tre en garde contre ce Dieu dont j?ai dit qu?il a domin?, dans la philosophie, tout le d?bat de l?amour.

Le moins qu?on puisse dire est qu?une certaine g?ne, vu le pont, le tremplin, le maintien pour moi d?une audience qui m??tait offert ? partir de cette intervention chaleureuse, c?est que je mettais entre l?homme et la femme un certain Autre, avec un grand A, dont il y avait au dire de ceux qui s?y faisaient les v?hicules b?n?voles de cet ?cho, un certain Autre qui n?avait bien l?air que d??tre le bon vieux Dieu de toujours.

Pour moi il me para?t sensible que pour ce qui est du bon vieux Dieu, cet Autre, cet Autre avanc? alors, alors au temps de ? L?instance de la lettre ?, cet Autre avanc? alors comme lieu o? la parole ne peut s?inscrire qu?en v?rit?, cet Autre ?tait quand m?me bien une fa?on, je peux m?me pas dire de la?ciser, d?exorciser ce bon vieux Dieu. Mais qu?importe, apr?s tout, qui sait. Il y a bien des gens qui me font compliment, dans je ne sais quel des dernier ou avant-dernier s?minaires, d?avoir su poser, enfin, que Dieu n?existait pas. ?videmment, ils entendent, ils entendent mais, h?las ils comprennent, et ce qu?ils comprennent est un peu pr?cipit?.

Je m?en vais peut-?tre plut?t aujourd?hui vous montrer en quoi, justement, il existe ce bon vieux Dieu. Le mode sous lequel il existe plaira peut-?tre pas tout ? fait ? tout le monde et notamment pas aux th?ologiens qui sont je l?ai dit depuis longtemps bien plus forts que moi ? se passer de son existence. Malheureusement, je vais pas tout ? fait dans la m?me position. Parce que justement j?ai affaire ? l?Autre, et que cet Autre, cet Autre qui, s?il n?y en a qu?un tout seul, doit bien avoir quelque rapport avec ce qui alors appara?t de l?autre sexe, cet Autre je suis bien forc? d?en tenir compte et chacun sait qu?apr?s tout je ne me suis pas refus? dans cette m?me ann?e que j??voquais la derni?re fois de l??thique de la psychanalyse, de me r?f?rer ? l?amour courtois.

L?amour courtois, qu?est-ce que c?est 108 ? C??tait cette esp?ce, cette fa?on tout ? fait raffin?e de suppl?er ? l?absence de rapport sexuel en feignant que c?est nous qui y mettions obstacle. ?a, c?est vraiment la chose la plus formidable qu?on ait jamais tent?e mais comment en d?noncer la feinte ?

Bien s?r, je passe sur ceci enfin que, pour ce qui est des mat?rialistes, ?a serait une magnifique fa?on, enfin, au lieu d??tre l? ? flotter sur le paradoxe que ce soit apparu ? l??poque f?odale, de, de voir au contraire comment sans ?a ?a s?enracine, comment c?est du discours de la f?alit?, de la fid?lit? ? la personne et pour tout dire au dernier terme de ce qu?est toujours la personne ? savoir le discours du ma?tre, ce serait la plus splendide fa?on de voir combien ?tait n?cessaire, ? l?homme dont la dame ?tait enti?rement au sens le plus servile asservie l?assujette comment c??tait la seule fa?on de s?en tirer avec ?l?gance concernant ce dont il s?agit et qui est le fondement, ? savoir l?absence du rapport sexuel.

Mais enfin j?aurai affaire, plus tard je le reprendrai, il faut qu?aujourd?hui je fende un certain champ, j?aurai affaire ? cette notion de l?obstacle qui, dans Aristote, parce que malgr? tout je pr?f?re quand m?me Aristote ? Jaufr? Rudel109, hein, ce qui dans Aristote s?appelle justement l?obstacle, nstasi/l?enstasis.

Mes lecteurs, mes lecteurs dont, je vous le r?p?te, il faut tous que vous achetiez tout ? l?heure le livre, mes lecteurs ont m?me trouv? ?a, ? savoir que l?instance qu?ils interrogent avec un soin, une pr?caution? je vous dis, je n?ai jamais vu un seul de mes ?l?ves faire un travail pareil, h?las ! Personne ne prendra jamais au s?rieux ce que j??cris sauf bien entendu ceux dont j?ai dit tout ? l?heure comme ?a incidemment qu?ils me ha?ssent sous pr?texte qu?ils me d?supposent le savoir, qu?importe ? Oui ! Ils ont ?t? jusqu?? d?couvrir l?enstasis, l?obstacle logique aristot?licien que j?avais gard? pour la bonne bouche, pour cette ? Instance de la lettre?. Il est vrai qu?ils ne voient pas le rapport, mais ils le mettent en note. Mais ils sont tellement bien habitu?s ? travailler surtout quand quelque chose les anime, le d?sir par exemple de d?crocher une ma?trise, c?est le cas de le dire plus que jamais, et bien ils ont aussi sorti ?a, la note de je ne sais plus quelle page, ? laquelle vous pourrez vous reporter comme ?a vous permettra d??tudier Aristote et vous saurez tout quand j?aborderai enfin cette histoire de l?enstasis.

? Bon, o? il est ?

? O? il est l?ekstasis 110 ?

? Merde ! C?est tuant ! Encore je retrouverai pas la page quand c?est au moment o? il faudrait que je vous la sorte !

? Bon, attendez ! Oui. Voil? ! Voil? ! Pages 29, 28 et 29, vous pouvez lire ? la suite de ?a le morceau de la Rh?torique et celui des, les deux morceaux des Topiques qui vous permettront de comprendre tout de suite, de savoir en clair ce que je veux dire, ce que je veux dire quand je relirai Aristote et plus exactement quand j?essaierai de r?int?grer dans Aristote mes quatre formules, vous savez la, le $ barr? et la suite?

Oui? Enfin pourquoi les mat?rialistes, comme on dit, s?indigneraient-ils que, comme de toujours, je mette m?me, pourquoi pas, Dieu en tiers dans l?affaire de l?amour humain ? Je suppose que m?me les mat?rialistes, il leur arrive quand m?me d?en conna?tre un bout sur le m?nage ? trois.

Alors essayons d?avancer, essayons d?avancer sur ce qui r?sulte de ce pas ? faire dont en tout cas rien ne t?moigne que je ne sache pas ce que j?ai ? dire encore, ? ce niveau, l?, ici, o? je vous parle.

Le moins que je puisse dire, c?est d??tre au moins?

enfin de pouvoir au moins supposer, vous avoir fait admettre, au moins admettre que j?admets de moins?

que pour ce qui est de l??tre?

Car le d?calage de ce livre, d?calage ouvert d?s le d?part et qui se poursuivra jusqu?? la fin, de sup?, c?est de me supposer, et avec ?a on peut tout faire, c?est de me supposer une ontologie ou ce qui revient au m?me, un syst?me. L?honn?tet? quand m?me fait que, dans le diagramme circulaire o? soi-disant se noue ce que j?avance de ? l?Instance de la lettre ?, c?est en ter?, lignes pointill?es, ? juste titre car ils ne p?sent gu?re, que sont mis les enveloppant, les enveloppant tous mes ?nonc?s, les noms des principaux philosophes dans l?ontologie g?n?rale desquels j?ins?rerais mon pr?tendu syst?me.

Eh bien, pour moi, disons qu?il ne peut pas ?tre ambigu que, au moins pour ce que j?ai articul? dans les derni?res ann?es, cet ?tre, tel qu?il se soutient dans la tradition philosophique, c?est-?-dire qui s?asseoit dans le penser lui-m?me cens? ?tre le corr?lat, bon, qu?? ceci tr?s pr?cis?ment j?oppose que dans cette affaire m?me nous sommes jou?s par la jouissance,

que la pens?e est jouissance,

que ce qu?apporte le discours analytique, c?est ? ceci qui ?tait d?j? amorc? dans la philosophie entre guillemets ? de l??tre ?, ? savoir qu?il y a jouissance de l??tre.

Je dirai m?me plus, si je vous ai parl? de l??thique ? Nicomaque, c?est justement parce que la trace y est, que ce que cherche Aristote, et ce qui a ouvert la voie ? tout ce qu?il a ensuite tra?n? apr?s lui, c?est

qu?est-ce que c?est cette jouissance de l??tre dont un Saint Thomas n?aura ensuite aucune peine ? forger cette, cette th?orie, comme on l?appelle, comme l?appelle l?Abb? Rousselot 111 dont je vous parlais la derni?re fois, comme l?appelle l?Abb? Rousselot : la th?orie physique de l?amour.

C?est ? savoir que, apr?s tout, le premier ?tre dont nous ayons bien le sentiment, ben c?est notre ?tre, et tout ce qui est pour le bien de notre ?tre sera, de ce fait, jouissance de l ??tre supr?me, c?est-?-dire de Dieu. Qu?en aimant Dieu, pour tout dire, c?est nous-m?mes que nous aimons.

Et qu?? nous aimer d?abord nous-m?mes, charit? bien ordonn?e? comme on dit, nous faisons ? Dieu l?hommage qui convient.

A ceci, ce que j?oppose comme ?tre, c?est si l?on veut ? tout prix que je me serve de ce terme ce que, ce dont t?moigne d?s,

ce dont est forc? de t?moigner d?s ses premi?res pages de lecture, simplement lecture,

ce petit volume,

c?est ? savoir l??tre de la signifiance.

Et l??tre de la signifiance, je ne vois pas en quoi, n?est-ce pas, je d?chois aux id?aux, aux id?aux je dis, parce que c?est tout ? fait hors des limites de son ?pure au mat?rialisme, tout ? fait en dehors des limites de son ?pure de reconna?tre que la raison de cet ?tre de la signifiance c?est la jouissance en tant qu?elle est jouissance du corps.

Seulement un corps, vous comprenez, depuis D?mocrite ?a para?t pas assez mat?rialiste, hein ! il faut trouver les atomes, n?est-ce pas, et tout le machin, et la vision, l?odoration et tout ce qui s?ensuit, tout ?a est absolument solidaire, ce n?est pas pour rien qu?? l?occasion Aristote, m?me s?il fait le d?go?t?, cite D?mocrite, il s?appuie sur lui. L?atome, c?est simplement un ?l?ment de signifiance volant. C?est un stoieon /sto?cheion tout simplement. ? ceci pr?s que on a toutes les peines du monde ? s?en tirer quand on ne retient que ce qui fait l??l?ment ?l?ment, n?est-ce-pas, ? savoir qu?il est unique, alors qu?il faudrait introduire un petit peu l?Autre, ? savoir la diff?rence. Bon !

La jouissance du corps, s?il n?y a pas de rapport sexuel, il faudrait voir en quoi ?a peut y servir.

Il me semble avoir d?j? scand?,

je suis press? par le temps,

il me semble avoir d?j? scand? que pour prendre les choses du c?t? o? c?est logiquement? que quanteur a, c?est-?-dire tout x, est fonction, fonction math?matique de F de x?

c?est-?-dire du c?t? o? se range, en somme par choix?

libre aux femmes de s?y ranger aussi si ?a leur fait plaisir, hein  !

Chacun sait ?a, qu?il y a des femmes phalliques  !

Il est clair que la fonction phallique n?emp?che pas les hommes d ??tre homosexuels, mais que c?est aussi bien elle qui leur sert ? se situer comme homme et aborder la femme.

Comme ce dont j?ai ? parler est d?autre chose, de la femme pr?cis?ment, je vais vite parce que je suppose que je vous l?ai d?j? assez serin? pour que vous l?ayez encore dans la t?te,

je dis qu?? moins de castration, c?est-?-dire de quelque chose qui dit non ? cette fonction phallique et Dieu sait que ce n?est pas tout simple, il y a aucune chance que l ?homme ait jouissance du corps de la femme, autrement dit fasse l?amour,

c?est le r?sultat de l?exp?rience analytique,

?a n?emp?che pas qu?il peut la d?sirer de toutes les fa?ons, m?me quand cette condition n?est pas r?alis?e, non seulement il la d?sire mais il lui fait toutes sortes de choses qui ressemblent ?tonnamment ? l?amour.

Contrairement ? ce qu?avance Freud, c?est l?homme, je veux dire celui qui se trouve m?le sans savoir qu?en faire, tout en ?tant ?tre parlant, qui aborde la femme, comme on dit, qui peut m?me croire qu?il l?aborde, parce qu?? cet ?gard les convictions dont je parlais la derni?re fois, les convictions ne manquent pas. Seulement ce qu?il aborde, parce que c?est l? la cause de son d?sir, c?est ce que j?ai d?sign? de l?objet petit a, c?est l? l?acte d?amour, justement. Faire l?amour, comme le nom l?indique, c?est de la po?sie, mais il y a un monde entre la po?sie et l?acte. L?acte d?amour c?est la perversion polymorphe du m?le, ceci chez l??tre parlant. Il n?y a rien de plus assur?, de plus coh?rent, de plus strict quant au discours freudien.

Puisque j?ai encore une demi-heure pour essayer de vous introduire, si j?ose m?exprimer ainsi? c?est ce qu?il en est du c?t? de la femme. Alors de deux choses l?une, ou ce que j??cris n?a aucun sens, c?est la conclusion de ce petit livre 112 et c?est pour ?a que je vous prie de vous y reporter, ou quand j??cris ceci .!, qui se lit, qui se lit d?une fonction, d?une fonction je dois dire inhabituelle, non ?crite, m?me dans la logique des quanteurs, ? savoir la barre, la n?gation portant sur le ? pas tout ? et pas sur la fonction

quand je dis ceci,

que se range, si je puis m?exprimer ainsi,

se range sous la banni?re des femmes un ?tre parlant quelconque,

c?est ? partir de ceci qu?il se fonde de n??tre ? pas tout ?,

et comme tel,

? se ranger dans la fonction phallique c?est ?a qui d?finit la?

attendez l?,

la? la? la? la? la

la quoi ?

la femme justement.

? ceci pr?s que La femme, mettons lui un grand L pendant que nous y sommes ?a sera gentil,

? ceci pr?s que La femme, ?a ne peut s??crire qu?? barrer L. Il n?y a pas La femme, article d?fini pour d?signer l?universel. Il n?y a pas La femme puisque j?ai d?j? risqu? le terme, et pourquoi y regarderais-je ? deux fois ? puisque de son essence, elle n?est pas toute.

De sorte que pour accentuer quelque chose dont? je vois mes ?l?ves beaucoup moins attach?s ? ma lecture n?est-ce pas que le moindre sous-fifre quand il est anim? par le d?sir d?avoir une ma?trise, il n?y a pas un seul de mes ?l?ves qui n?ait fait je ne sais quel cafouillage sur, sur je ne sais pas quoi, le manque de signifiant, le signifiant du manque de signifiant, et autres bafouillages ? propos du phallus. Alors que je vous d?signe dans ce L le signifiant, malgr? tout courant et m?me indispensable, la preuve c?est que d?j? tout ? l?heure j?ai parl? de l?homme et de la femme. Oui il est indispensable?

c?est un signifiant ce L,

c?est par ce L que je symbolise le signifiant,

le signifiant dont il est tout ? fait indispensable de marquer la place qui, qui, qui ne peut, qui ne peut pas ?tre laiss?e vide

de ceci que ce L est le signifiant dont le propre est qu?il est le seul qui ne peut rien signifier, mais ceci seulement de fonder le statut de L femme dans ceci qu?elle n?est pas toute, ce qui ne permet pas de parler de la femme.

Mais par contre, s?il n?y a de femme si je puis dire qu?exclue, dans la nature des choses qui est la nature des mots, il faut bien dire, hein, que ce que j?avance l?, quand m?me ?a peut se dire, parce que s?il y a quelque chose dont elles-m?mes se plaignent assez pour l?instant, c?est bien de ?a, hein ! bon ! simplement elles ne savent pas ce qu?elles disent, c?est toute la diff?rence entre elles et moi !

Oui. S?il n?y a donc de femme qu?exclue par la nature des choses comme L femme, il n?en reste pas moins que si elle est exclue par la nature des choses c ?est justement de ceci que d??tre pas toute, elle s?assure comme L femme, de ceci que par rapport ? ce que d?signe de jouissance la fonction phallique, elles ont, si je puis dire, une jouissance suppl?mentaire. Vous remarquerez que j?ai dit suppl?mentaire parce que si j?avais dit compl?mentaire, o? nous en serions, on retomberait dans le tout.

Ouais. Elles ne s?en tiennent, aucune s?en tient d??tre pas toute, ? la jouissance de, de, de, dont il s?agit quand m?me, et mon Dieu, d?une fa?on g?n?rale quoi, on aurait bien tort quand m?me de ne pas voir que, contrairement ? ce qui se dit c?est quand m?me les femmes qui poss?dent les hommes, non. Au niveau du populaire, et c?est pour ?a que je parle jamais enfin vraiment, sauf de temps en temps probablement, enfin je dois bien un peu baver comme tout le monde, mais enfin en g?n?ral je dis des choses importantes?

et quand je remarque que le populaire appelle, populaire,

moi, je, je, j?en connais, ils sont pas forc?ment ici, mais j?en connais pas mal !

le populaire appelle la femme la bourgeoise, c?est bien ?a que ?a veut dire, c?est que pour ?tre ? la botte, hein, c?est lui qui l?est pas elle.

Donc le phallus, son homme comme elle dit, euh depuis Rabelais on sait que ?a lui est pas indiff?rent. Seulement toute la question est l?. Elle a divers modes de l?aborder ce phallus et de se le garder, hein. Et m?me que ?a joue parce que c?est pas parce qu?elle est pas toute dans la fonction phallique qu?elle y est pas du tout. Elle y est pas pas du tout, elle y est ? plein, mais il y a quelque chose en plus, cet en plus, hein, faites attention, gardez-vous enfin d?en prendre trop vite les ?chos, je peux pas le d?signer mieux ni autrement parce qu?il faut que je tranche et que j?aille vite.

Il y a une jouissance, puisque nous nous en tenons ? la jouissance, jouissance du corps, il y a une jouissance qui est?

si je puis m?exprimer ainsi parce qu?apr?s tout, pourquoi pas en faire un titre de livre, c?est pour le prochain de la collection Galil?e : Au-del? du phallus, ?a serait mignon ?a, hein ! et puis ?a donnerait une autre consistance au M.L.F. ! Une jouissance au-del? du phallus, hein !

Si vous vous ?tes pas encore aper?us, hein, que,

je parle naturellement ici aux quelques semblants d?hommes, enfin qui, que je vois par-ci par-l?, heureusement que pour la plupart je ne les connais pas, comme ?a je pr?juge de rien, pour les autres comme?

Oui. Il y a quelque chose que peut-?tre les quelques semblants d?hommes en question ont pu remarquer, comme ?a de temps en temps enfin entre deux portes, enfin il y a, il y a quelque chose qui les secoue hein ou qui les secourt. Et puis quand vous regardez en plus l??tymologie de ces deux mots dans ce fameux Bloch et Von Wartburg 113 dont je fais mes d?lices et dont je suis s?r que vous ne l?avez m?me pas chacun dans votre biblioth?que, vous verrez que le rapport qu?il y a entre secouer et secourir, c?est pas des choses qui arrivent par hasard, quand m?me !

Il y a une jouissance, disons le mot, ? elle, ? cette elle qui n?existe pas, qui ne signifie rien. Il y a une jouissance, il y a une jouissance ? elle dont peut-?tre elle-m?me ne sait rien, sinon qu?elle l??prouve, ?a elle le sait. Elle le sait bien s?r quand ?a arrive. ?a leur, ?a leur arrive pas ? toutes.

Mais enfin sur le sujet de la pr?tendue frigidit?, apr?s tout faut faire la part de la mode aussi et des rapports entre les hommes et les femmes, c?est tr?s important, puisque bien entendu tout ?a comme dans l?amour courtois est dans le discours h?las de Freud, recouvert par, recouvert comme ?a par de menues consid?rations qui ont exerc? leurs ravages tout comme l?amour courtois, toutes sortes de menues consid?rations sur la, sur la jouissance clitoridienne, sur la jouissance qu?on appelle comme on peut, l?autre justement, celle que je suis comme ?a en train d?essayer de vous faire aborder par la voie logique, parce que jusqu?? nouvel ordre il n?y en a pas d?autre.

Il y a une chose certaine et qui laisse quand m?me depuis le temps quelque chance ? ce que j?avance, que de cette jouissance la femme elle ne sait rien, c?est que depuis le temps quand m?me qu?on les supplie, qu?on les supplie ? genoux, et je parlais la derni?re fois des psychanalystes femmes, d?essayer quand m?me de nous le dire, d?approcher ?a, eh ben pfutt ! motus hein ! on n?a jamais rien pu en tirer. Alors on appelle ?a comme on peut, vaginale, le, le, le, le, le, le, le, le p?le post?rieur du museau de l?ut?rus et autres conneries, c?est le cas de le dire. Mais apr?s tout, si simplement elle l??prouvait et si elle n?en savait rien, ?a permettrait aussi de, de jeter beaucoup de doute, l?, du c?t? de la fameuse frigidit? dont je parlais tout ? l?heure, n?est-ce pas, qui est aussi un th?me, un th?me litt?raire, enfin n?est-ce pas. Enfin bien, ?a vaudrait quand m?me la peine qu?on s?y arr?te, parce que figurez-vous depuis ces quelques jours l? que je passe, enfin ces quelques jours ! Je fais que ?a depuis que j?ai vingt ans, enfin passons !

? explorer les philosophes sur ce sujet de l?amour,

naturellement j?ai pas tout de suite centr? ?a sur cette affaire de l?amour,

enfin c?est venu dans un temps, avec justement l?Abb? Rousselot dont je vous parlais tout ? l?heure et puis toute la querelle de l?amour physique et de l?amour extatique, comme ils disent. Enfin, je comprends que Gilson 114 ne l?ait pas trouv?e tr?s bonne, cette opposition, il a trouv? que peut-?tre Rousselot avait fait l? une d?couverte qui n?en ?tait pas une, que ?a faisait partie du probl?me, que l?amour est aussi extatique dans, dans Aristote que dans Saint Bernard ? condition qu?on sache lire les chapitres sur la fila : philia, sur l?amiti?. Vous pouvez pas savoir, enfin si, vous pouvez savoir, ?a d?pend, il y a certains ici qui doivent savoir quand m?me quelle d?bauche de litt?rature s?est produite autour de ?a, Denis de Rougemont 115, vous voyez ?a, L?Amour et l?Occident, ?a barde. Et puis, et puis il y a un autre, qui est pas, qui est pas, qui n?est pas plus b?te qu?un autre, qui s?appelle Nygren 116, c?est un protestant, oui, ?ros et Agap?. Enfin ! C?est vrai, c?est vrai, c?est vrai naturellement qu?on a fini dans le christianisme par inventer un Dieu, que c?est lui qui jouit ! Il y a quand m?me un petit pont, un pont.

Quand vous lisez certaines personnes s?rieuses, comme par hasard c?est des femmes?

Je vais vous en donner quand m?me une indication que je dois comme ?a, ? une tr?s gentille personne qui l?avait lu et qui me l?a apport?. Je me suis ru? l?-dessus, ru?. Ah ! Il faut que je l??crive parce que sans ?a, ?a vous servira ? rien et vous ne l?ach?terez pas, d?ailleurs vous l?ach?terez moins facilement que le livre qui vient de para?tre sur moi. Vous l?ach?terez moins facilement parce que je crois qu?il est ?puis?. Mais enfin vous arriverez peut-?tre ? le trouver. On s?est donn? beaucoup de mal pour me l?apporter ? moi, cette Hadewijch d?Anvers 117. C?est une B?guine, c?est une B?guine, c?est-?-dire ce qu? on appelle comme ?a tout gentiment une mystique. Moi, je n?emploie pas le mot mystique comme l?employait P?guy 118, hein. La mystique c?est pas tout ce qui n?est pas la politique, la mystique c?est quelque chose de s?rieux, hein.

Il y a quelques personnes, et justement le plus souvent des femmes, ou bien des gens dou?s comme Saint Jean de la Croix?

oui, parce que on n?est pas forc?, quand on est m?le, de se mettre du c?t? du ;!, on peut aussi se mettre du c?t? du ? pas tout ?, oui. Il y a des hommes qui sont aussi bien que les femmes, ?a arrive, et qui du m?me coup s?en trouvent aussi bien, ils entrevoient, disons, malgr?, enfin, je n?ai pas dit malgr? leur phallus, malgr? ce qui les encombre ? ce titre, ils ?prouvent l?id?e en tout cas que, que quelque part il pourrait y avoir une jouissance qui soit au-del?. C?est ce qu?on appelle des mystiques.

Et si vous lisez cette Hadewijch dont je sais pas comment prononcer son nom, mais enfin quelqu?un qui est ici et qui saura le n?erlandais me l?expliquera j?esp?re tout ? l?heure, si vous lisez cette Hadewijch?

Enfin j?ai d?j? parl? d?autres gens qui n??taient pas si mal non plus du c?t? mystique, mais qui se situaient plut?t du c?t?, l?, de ce que je disais tout ? l?heure, ? savoir du c?t? de la fonction phallique, n?est-ce pas. Angelus Silesius, tout de m?me, malgr? tout, enfin, ? force de confondre son ?il contemplatif avec l??il dont Dieu le regarde? C?est quand m?me un peu dr?le, ?a doit quand m?me faire partie de la jouissance perverse. Mais pour la Hadewijch en question, pour Sainte Th?r?se, enfin disons quand m?me le mot, et puis en plus vous avez qu?? aller regarder dans une certaine ?glise ? Rome la statue du Bernin pour comprendre tout de suite, enfin, quoi, qu?elle jouit, ?a fait pas de doute ! Et de quoi jouit-elle ? Il est clair que le t?moignage essentiel de la mystique c?est justement de dire ?a, qu?ils l??prouvent mais qu?ils n?en savent rien 119.

Alors ici comme ?a pour terminer, enfin, ce que je vous propose, ce que je vous propose, c?est que gr?ce ? ce petit frayage, celui que j?essaye de faire aujourd?hui, quelque chose soit fructueux, r?ussisse tout juste, hein? de ce qui se tentait ? la fin du si?cle dernier, au temps de Freud justement. Ce qui se tentait c??tait de ramener cette chose que j?appellerai pas du tout du bavardage ni du verbiage, toutes ces jaculations mystiques qui sont en somme, ouais, qui sont en somme ce qu?on peut lire de mieux, tout ? fait en bas de page, note : y ajouter les ?crits de Jacques Lacan, parce que c?est du m?me ordre? Moyennant quoi naturellement vous allez ?tre tous convaincus que je crois en Dieu. Je crois ? la jouissance de L femme en tant qu?elle est en plus, ? condition que cet en plus, l?, vous y mettiez un ?cran avant que je l?aie bien expliqu?.

Alors tout ce qu?ils cherchaient, l?, comme ?a, toutes sortes de braves gens, l?, dans l?entourage de n?importe qui, de Charcot et des autres, pour expliquer que la mystique, c?est, c??tait des affaires de foutre? mais c?est que si vous y regardez de pr?s, c?est pas ?a, pas ?a, pas ?a du tout. C?est peut-?tre ?a euh qui doit nous faire entrevoir ce qu?il en est de l?Autre, cette jouissance qu? on ?prouve et dont on ne sait rien. Mais est-ce que ce n?est pas ?a qui nous met sur la voie de l?ex-sistence ? Et pourquoi ne pas interpr?ter une face de l?Autre, la face de Dieu puisque c??tait de ?a, par l? que j?ai abord? l?affaire tout ? l?heure, une face de Dieu comme support?e par la jouissance f?minine, hein.

Comme tout ?a se produit n?est-ce-pas, gr?ce ?, ? l??tre de la signifiance, et que cet ?tre n?a d?autre lieu que ce lieu de l?Autre que je d?signe du grand A, on voit la biglerie, hein, de ce qui se produit. C?est comme cela aussi, enfin, que s?inscrit la fonction du p?re en tant que c?est ? elle que se rapporte la castration, alors, alors on, on voit que ?a ne fait pas deux Dieu mais que ?a n?en fait pas non plus un seul. En d?autres termes, c?est pas par hasard que Kierkegaard 120 a d?couvert l?existence dans une petite aventure de s?ducteur. C?est ? se castrer, c?est ? renoncer ? l?amour, n?est-ce pas, qu?il pense y acc?der. Mais peut-?tre qu?apr?s tout, pourquoi pas, R?gine elle aussi peut-?tre existait. Ce d?sir d?un bien, au second degr?, qui n?est pas caus? par un petit a celui-l?, c?est peut-?tre par l?interm?diaire de R?gine qu?il en avait la dimension.

Voil? j?en ai assez de raconter des?

Anexe: Sur la meiose

Anexe

Anexe: Sur l'amour courtois

Anexe: Pierre Rousselot S.J.

Anexe: E. Gilson

Anexe: Th?r?se d'Avila

Notes

101 Lacan a introduit le mot prosdiorisme dans la s?ance du 12-1-72 de ? ou pire. ? Dans la ligne de l?exploration logique du r?el, le logicien a commenc? par les propositions. La logique n?a commenc? qu?? avoir su dans le langage isoler la fonction de ce qu?on appelle les prosdiorismes qui ne sont rien d?autre que le "un", le "quelque", le "tous" et la n?gation de ces propositions. Vous le savez, Aristote d?finit pour les opposer les universelles et les particuli?res, ? l?int?rieur de chacune, affirmatives et n?gatives. Ce que je veux marquer, c?est la diff?rence qu?il y a de cet usage des prosdiorismes, ? ce qui pour des besoins logiques, ? savoir pour un abord qui n??tait autre que de ce r?el qui s?appelle le nombre, ce qui s?est pass? de compl?tement diff?rent ?.

102 P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, Le titre de la lettre. Une lecture de Lacan, Paris, Galil?e, 1973 et 1990.

103 En fait la collection s?appelle : La philosophie en effet.

104Lacan J., ? L?instance de la lettre dans l?inconscient ou la raison depuis Freud ? in ?crits, Paris, Seuil, 1966, pp. 493-530.

105 Lacan a avanc? cette formulation dans la s?ance du 15-3-72 du s?minaire ? ou pire.

106 cf. Annexe 1.

107 cf. Annexe 2.

108 cf. Annexe 3.

109 Po?te proven?al, prince de Blaye (1125-1148). Compositeur de six chansons dans lesquelles ce grand troubadour chantait ? l?amour de loin ?. Il est entr? dans la l?gende pour avoir ?t? amoureux de la comtesse de Tripoli, sans l? avoir vue, ? pour le bien qu?on disait d?elle ?. Il se croisa et s?embarqua vers la Syrie. Tomb? malade en mer, il mourut en d?barquant dans les bras de la comtesse, qui entra dans un clo?tre le jour m?me. L. Tieck en raconte l?histoire dans Sternbald et E. Rostand dans La princesse lointaine.

110 Lacan prononce tr?s clairement ekstasis, qui n?existe pas en grec mais pr?pare ce qu?il dira de l?extase.

111 Rousselot P., Pour l?histoire du probl?me de l?amour au Moyen-?ge, Paris, Vrin, 1981. cf. Annexe 4.

112 P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, op. cit., p. 189.
Les auteurs ne disent pas explicitement que ce que Lacan ?crit n?a aucun sens, ils essayent de disjoindre texte et discours chez lui, et d?une fa?on assez obscure, ils soulignent que par son discours Lacan n?atteint pas le texte. De l? Lacan, en renversant la proposition, lit qu?ils disent que ce qu?il ?crit n?a aucun sens :
? Mais ce n?est plus de v?rit? que d?s lors il s?agit. Dire au juste de quoi il s?agit est d?ailleurs, sans doute, impossible. Nous parlerons donc pour finir, de texte, ? si pr?cis?ment le texte (est ce qui) ne se laisse pas comprendre dans l??conomie de la v?rit?. Rien qui se rapporte, donc, ? ce ? texte ? que, par le sens que lui donne Lacan, il nous a fallu qualifier de discours. Mais le texte que, malgr? les ruptures de son ?nonciation, les ?carts de son langage, les d?tours de son proc?s, le discours de Lacan ne parvient pas ? rejoindre ? ou plut?t, dans lequel il ne se perd jamais ?.

113 O. Bloch et W. Von Wartburg, Dictionnaire ?tymologique de la langue fran?aise, Vend?me, PUF, 1975.

114 Etienne Gilson, La Th?ologie mystique de Saint Bernard, Paris, Vrin, 1934. Cf. Annexe 4.

115 Denis de Rougemont, L?Amour et l?Occident, Paris, Plon 10/18, 1991.

116 Anders Nygrens (1890-1978), ?ros et Agap?, trad. P. Jundt, Paris, Aubier, 1940.

117 Hadewijch d?Anvers, Amour est tout, po?mes strophiques, Paris, T?qui, 1984, et ?crits mystiques des b?guines, Paris, Seuil, 1985.

118 P?guy, qui avait vu dans ? l??tablissement de la R?publique socialiste universelle ? le ? rem?de au mal universel ?, ?crira en 1910 dans Notre jeunesse : ? l?essentiel est que ? la mystique ne soit point d?vor?e par la politique ? laquelle elle a donn? naissance ?. Devant ? la menace d?une invasion allemande ? dans Notre Patrie, il aura d?s 1905 li? sa mystique socialiste ? une mystique de la patrie fran?aise, stigmatis?e comme la figure privil?gi?e de la cit? de Dieu.

119 Le Bernin, ? Extase de Sainte Th?r?se ?, Chapelle Cornaro, transept gauche de l??glise Santa Maria della Vittoria, Rome. Dans Ravissements c?lestes, FMR n? 65, Ed. fran?aise, p.26, Caterina Napoleone propose une autre interpr?tation de cette statue :
? Serait-elle morte ? ou mourante ? ou bien l?iconographie bernienne se r?f?re-t-elle ? cette repr?sentation qui, sous forme de chronique, f?t ?labor?e de son agonie ? Une repr?sentation qui transforme la sainte, au moment o? elle passe de la vie ? tr?pas, en ravissante jeune femme alors qu?elle est une septuag?naire d?allure peu soign?e ?.
Il s?agit de la chapelle fun?raire du Cardinal Cornaro, commanditaire du Bernin. Elle s?organise comme un th??tre selon la tradition baroque : les anc?tres du Cardinal, accoud?s aux balcons de deux loges, sont les spectateurs et les juges de la sc?ne de l?extase de la sainte, comme les th?ologiens qui toute sa vie durant questionn?rent la foi de Th?r?se. Mystique ou d?mon telle ?tait la question ? laquelle devaient r?pondre les ?crits que r?digea Th?r?se sous la pression renouvel?e de ses confesseurs : elle y d?crit ses exp?riences? Cf. Annexe 6.
En affirmant qu?elle ?prouve une jouissance dont elle ne sait rien sinon qu?elle l??prouve, Lacan r??dite la question des th?ologiens du XVIe, mystique ou hyst?rique ?

120 S. Kierkegaard, La Reprise, Paris, Flammarion, 1990.

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Revista de Psicoan?lisis y Cultura

N?mero 13 - Julio 2001
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