Text/Jacques Lacan/ID17011962.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
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'J.LACAN'                        gaogoa

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IX- L'IDENTIFICATION

            Version rue CB                                    [#note note]

S�minaire du 17 janvier 1962

(->p155) (VIII/1)          Je ne pense pas que pour paradoxal     puisse    appara�tre au premier abord la symbolisation sur laquelle j'ai termin� mon discours la derni�re fois, faisant supporter le sujet par le symbole math�matique du racine de -1,  je ne pense pas que tout pour vous puisse n'�tre l�-dedans que pure surprise. Je veux dire qu'� se rappeler la d�marche cart�sienne elle-m�me, on ne peut oublier ce � quoi cette d�marche m�ne son auteur. Le voil� parti d'un bon pas vers la v�rit�, plus encore : cette v�rit� n'est nullement, chez lui comme chez nous, mise en la parenth�se d'une dimension qui la distingue de la r�alit� cette v�rit� sur quoi Descartes s'avance de son pas conqu�rant, c'est bien de celle de la chose qu'il s'agit, et ceci nous m�ne � quoi ? � vider le monde jusqu'� n'en plus laisser ce vide qui s'appelle l'�tendue. Comment cela est-il possible ?

                       Vous le savez, il va choisir comme exemple : faire fondre un bloc de cire. Est-ce par hasard qu'il choisit cette mati�re si ce n'est pas qu'il y est entra�n� parce que c'est la mati�re id�ale pour recevoir le sceau, la signature divine. Pourtant, apr�s cette op�ration quasi alchimique qu'il poursuit devant nous, il va la faire s'�vanouir, se r�duire n'�tre plus que l'�tendue pure, plus rien qui puisse s'imprimer. Si justement dans sa d�marche, il n'y a plus de rapport entre le signifiant et aucune trace naturelle, si je puis m'exprimer (->p156) (VIII/2) ainsi, et tr�s nomm�ment trace naturelle par excellence qui constitue l'imaginaire du corps, ce n'est pas dire justement que cet imaginaire puisse �tre radicalement repouss�. Mais il est s�par� du jeu du signifiant. I1 est ce qu'il est : effet du corps, et comme tel r�cus� comme t�moin d'aucune v�rit� ; rien � en faire que d'en vivre, de cette imaginaire th�orie des passions, mais ne surtout pas penser avec : l'homme pense avec un discours r�duit aux �vidences de ce qu'on appelle la lumi�re naturelle, c'est-�-dire un groupe logistique qui, d�s lors, aurait pu �tre autre si Dieu l'avait voulu (Th�orie des passions).

            Ce dont Descartes ne peut encore s'apercevoir, c'est que nous pouvons le vouloir � sa place, c'est que quelques 150 ans apr�s sa mort na�t la th�orie des ensembles - elle l'aurait combl�e - ou m�me les chiffres un et z�ro ne sont que l'objet d'une d�finition litt�rale, d'une d�finition axiomatique purement formelle, �l�ment neutre. I1 aurait pu faire l'�conomie du Dieu v�ridique, le Dieu trompeur ne pouvant �tre que celui qui tricherait dans la r�solution des �quations elles-m�mes. Mais personne n'a jamais vu �a : il n'y a pas de miracle de la combinatoire, si ce n'est le sens que nous lui donnons ; c'est d�j� suspect chaque fois que nous lui donnons un sens. C'est pourquoi le Verbe existe, mais non pas le Dieu de Descartes . Pour que le Dieu de Descartes existe, il faudrait que nous ayons un petit commencement de preuve de sa volont� cr�atrice � lui dans le domaine des math�matiques. Or, ce n'est pas lui qui a invent� le transfini, le quantum, c'est nous. C'est bien pourquoi l'histoire nous t�moigne que les grands math�mati-(->p157) (VIII/3)ciens , qui ont ouvert cet au-del� de la logique divine, Euler tout le premier, ont eu tr�s peur ; ils savaient ce qu'ils faisaient, ils rencontraient, non pas le vide de l'�tendue du pas cart�sien, qui finalement, malgr� Pascal, ne fait plus  peur � personne parce qu'on s'encourage � aller l'habiter, de plus en plus loin, mais le vide de l'Autre, lieu infiniment redoutable puisqu'il y faut quelqu'un. C'est pourquoi, serrant de plus pr�s la question du sens du sujet tel qu'il s'�voque  dans la m�ditation cart�sienne, je ne crois l� rien faire - m�me si j'empi�te sur un domaine tant de fois parcouru  qu'il fini par para�tre en devenir r�serv� � certains -  je ne crois pouvoir  faire quelque chose dont il puisse se d�sint�resser, cela pour autant que la question est actuelle, plus actuelle qu'aucune, et plus actualis�e encore - je crois pouvoir vous le  montrer - dans la psychanalyse qu'ailleurs.

                Ce vers quoi je vais donc aujourd'hui vous ramener, c'est � une consid�ration, non de l'origine, mais de la position du sujet, pour autant qu'� la racine de l'acte de la parole il y a quelque chose, un moment o� elle s'ins�re dans une structure de langage, et que cette structure de langage, en tant qu'elle est caract�ris�e  � ce point originel, j'essaie de la resserrer, de la d�finir autour d'une th�matique qui, de fa�on imag�e, s'incarne, est comprise dans l'id�e d'une contemporan�it� originelle de l'�criture et du langage, et que l'�criture est connotation signifiante, que la parole ne la cr�e pas tant qu' elle ne la lie, que la gen�se du signifiant � un certain niveau du r�el qui est un de ses axes ou racines, c'est pour nous  sans doute le principal � connoter la venue au jour des effets, (->p158) (VII/4) dits effets de sens.

                            Dans ce rapport premier du sujet, dans ce qu'il projette devant lui, nachtr�glich par le seul fait de s'engager par sa parole, d'abord balbutiante, puis ludique, voire confusionnelle dans le discours commun, ce qu'il projette en arri�re de son acte, c'est l� que se produit ce quelque chose vers quoi nous avons le courage d'aller pour l'interroger au nom de la formule : "wo es war, soll ich werden", que nous tendrions � pousser vers une formule tr�s l�g�rement diff�remment accentu�e dans le sens d'un �tant ayant �t�, d'un Gewesen qui subsiste pour autant que le sujet s'y avan�ant ne peut ignorer qu'il faut un travail de profond retournement de sa position pour qu'il puisse s'y saisir. D�j� l�, quelque chose nous dirige vers quelque chose qui est tr�s contrevers�, nous sugg�re la remarque qu'� soi toute seule, dans son existence, la n�gation n'est pas depuis toujours sans rec�ler une question. Qu'est-ce qu'elle suppose ? Suppose-t-elle l'affirmation sur laquelle elle s'appuie ? Sans doute. Mais cette affirmation, est-ce bien elle seulement l'affirmation de quelque chose du r�el qui serait simplement �t� ? Ce n'est pas sans surprise, ce n'est pas non plus sans malice que nous pouvons trouver sous la plume de Bergson quelques lignes par lesquelles il s'�l�ve contre toute id�e de n�ant, position bien conforme � une pens�e dons son fond attach�e � une sorte de r�alisme na�f.

                        I1 y a plus, et non pas moins, dans l'id�e d'un objet con�u comme n'existant pas, que dans l'id�e de ce m�me  objet con�u comme existant, car l'id�e de l'objet n'existant (->p159) (VIII/5) pas est n�cessairement l'id�e de l'objet existant avec, en plus , la repr�sentation d'une exclusion de cet objet par 1a r�alit� actuelle prise en bloc".

                Est-ce ainsi que nous pouvons nous contenter de le situer ? Pour un instant, portons notre attention vers la n�gation elle-m�me. C'est ainsi que nous pouvons nous contenter, dans une simple exp�rience de son usage, de son emploi d'en situer les effets.

             Vous mener � cet endroit par tous les chemins, d'une enqu�te  linguistique est quelque chose que nous ne pouvons nous refuser. Au reste, d�j�, nous sommes-nous avanc�s dans ce sens, et si vous vous en souvenez bien, l'allusion a �t� faite d�s longtemps aux remarques certainement tr�s suggestives ,  sinon �clairantes, de Pichon ou de Damourette, dans leur collaboration � une grammaire fort riche et tr�s f�conde � consid�rer, grammaire sp�cialement de la langue fran�aise dans laquelle leurs remarques viennent � pointer qu'il n'y a pas, disent-ils, � proprement parler de n�gation en fran�ais.
 Ils entendent dire que cette forme simplifi�e � leur sens de l'ablation radicale, telle qu'elle s'exprime � la chute de certaines phrases allemandes, j'entends � la chute parce que c'est bien le terme nicht qui � venir d'une fa�on surprenante, � la conclusion d'une phrase poursuivie en registre a permis � l'auditeur de rester jusqu'� son terme dans la plus parfaite ind�termination et fonci�rement dans une position de cr�ance ; par ce nicht qui la rature, toute la signification de la phrase se trouve exclue, exclue de quoi ? du champ de l'admissibilit� de la  v�rit�.

(->p160) (VIII/6)     Pichon remarque, non sans pertinence, que la division, la schize plus ordinaire en fran�ais de la n�gation entre un "ne" d'une part, et un mot auxiliaire, le "pas'", la "personne", le "rien", le "point", la "mie", la "goutte", qui occupent une position dans la phrase �nonciative qui reste � pr�ciser par rapport au "ne" nomm� d'abord, que ceci vous sugg�re nomm�ment, � regarder de pr�s l'usage s�par� qui peut en �tre fait, d'attribuer � l'une de ces fonctions une signification dite discordantielle, � l'autre, une signification exclusive .

        C'est justement d'exclusion du r�el que serait que serait charg� le "pas", le "point", tandis que le "ne" exprimerait cette dissonnance parfois si subtile qu'elle n'est qu'une ombre, et nomm�ment dans ce fameux "ne" dont vous savez que j'ai fait grand �tat pour essayer pour la premi�re fois justement d'y montrer quelque chose comme la trace du sujet de l'inconscient, le "ne" dit expl�tif. Le "ne" de ce "je crains qu'il ne vienne" vous touchez aussit�t du doigt qu'il ne veut rien dire d'autre que "j'esp�rais qu'il vienne", il exprime la discordance de vos propres sentiments � l'endroit de cette personne, qu'il v�hicule en quelque sorte la trace combien plus suggestive d'�tre incarn�e dans son signifiant puisque nous l'appelons en psychanalyse ambivalence : "je crains qu'il ne vienne" ce n'est pas tant exprimer l'ambigu�t� de nos sentiments que par cette surcharge montrer combien, dans un certain type de relations, est capable de ressurgir, d'�merger, de se reproduire, de se marquer en une b�ance, cette distinction du sujet de l'acte de l'�nonciation en tant que tel, par rapport au sujet de l'�nonc� ! M�me s'il n'est pas pr�sent au niveau de l'�nonc� d'une (->p161) (VIII/7) fa�on qui le d�signe. "Je crains qu'il ne vienne" c'est un tiers ; ce serait s'il �tait dit "je crains que je ne fasse" - ce qui ne se dit gu�re, encore que ce soit concevable - qui serait au niveau de l'�nonc� ; pourtant, ceci importe peu qu' il soit d�signable - vous voyez d'ailleurs que je peux l'y faire rentrer - au niveau de l'�nonc� ; et un sujet, masqu� ou pas au niveau de l'�nonciation, repr�sent� ou non, nous am�ne � nous poser la question de la fonction du sujet, de sa forme, de ce qu'il supporte, et � ne pas nous tromper, � ne pas croire que c'est simplement le je qui, dans la formulation de l'�nonc�, le d�signe comme celui qui, dans l'instant qui d�finit le pr�sent, porte la parole

        Le sujet de l'�nonciation a peut-�tre toujours un autre support. Ce que j'ai articul�, c'est que, bien plus, ce petit "ne", ici saisissable sous la forme expl�tive, c'est l� que nous devons en reconna�tre, � proprement parler dans un cas exemplaire le support, et aussi bien ce n'est pas dire, bien s�r, non plus que dans ce ph�nom�ne d'exception nous devons reconna�tre son support exclusif .

        L'usage de la langue va me permettre d'accentuer devant vous d'une fa�on tr�s banale, non pas tant la distinction de Pichon - � la v�rit�, je ne la crois pas soutenable jusqu'� son terme descriptif ; ph�nom�nologiquement elle repose sur l'id�e, pour nous, inadmissible qu'on puisse en quelque sorte fragmenter les mouvements de la pens�e. N�anmoins, vous avez cette conscience linguistique qui vous permet tout de suite d' appr�cier l'originalit� du cas o� vous avez seulement, o� vous pouvez dans l'usage actuel de la langue - cela n'a pas toujours �t� ainsi : dans des temps archa�ques la forme que je vais, (->p162) (VIII/8)  maintenant formuler devant vous �tait la plus commune ; dans toutes les langues, une �volution se marque comme d'un glissement que les linguistes essaient de caract�riser des formes de la n�gation. Le sens dans lequel ce glissement s'exerce - j'en dirai peut-�tre tout � l'heure la ligne g�n�rale, elle s'exprime sous la plume des sp�cialistes, mais pour l'instant prenons le simple exemple de ce qui s'offre � nous tout simplement - dans la distinction entre deux formules �galement admissibles, �galement re�ues, �galement expressives, �galement communes : celle du "je ne sais" avec le "j'sais pas". Vous voyez, je pense tout de suite quelle en est la diff�rence, diff�rence d'accent. Ce "je ne sais" n'est pas sans quelque mani�risme, il est litt�raire, il vaut quand m�me mieux que "jeunes nations" mais il est du m�me ordre. Ce sont tous les deux Marivaux, sinon rivaux.

        

            Ce qu'il exprime, ce "je ne sais", c'est essentiellement quelque chose de tout � fait diff�rent de 1'autre code d'expression de celui du "j'sais pas" : il exprime l'oscillation, l'h�sitation, voire le doute. Si j'ai �voqu� Marivaux, ce n'est pas pour rien : il est la forme ordinaire sur la sc�ne o� peuvent se formuler les aveux, voil�s. Aupr�s de ce "je ne sais", il faudrait s'amuser � orthographier, avec (->p163) (VIII/9) 1"ambigu�t� donn�e par mon jeu de mots, le "j'sais pas" par l'assimilation qu'il subit du fait du voisinage du s inaugural du verbe, le j du je qui devient che aspirant qui est par l� sifflante sourde. Le ne ici aval� dispara�t : toute la phrase vient reposer sur le "pas" lourd de l'occlusive qui la d�termine, L'expression ne prendra son accent d'accentuation un peu d�risoire, voire populassi�re � l'occasion, justement que de son discours avec ce qu'il y aura d'exprim� alors. Le "j'sais pas" marque, si je puis dire, m�me le coup de quelque chose o� tout au contraire le sujet vient se collapser, s'aplatir.

"Comment �a t'est-il arriv�" demande l'autorit�, apr�s quelque triste m�saventure, au responsable : "j'sais pas"
C'est un trou, une b�ance qui s'ouvre au fond de laquelle ce qui dispara�t, s'engouffre, c'est le sujet lui-m�me, mais ici  il n'appara�t plus dans son mouvement oscillatoire, dans le support qui lui est donn� de son mouvement originel. Mais tout au contraire, sous une forme de constatation de son ignorance proprement parler exprim�e, assum�e, plut�t projet�e, constat�e, c'est quelque chose qui se pr�sente comme un n'�tre pas l�, projet� sur une surface, sur un plan o� il est comme tel reconnaissable.

    Et ce que nous approchons par cette voie dans ces  remarques contr�lables de mille sortes, par toutes sortes d'autres exemples, c'est quelque chose dont au minimum nous devons retenir l'id�e d'un double versant. Est-ce que ce double versant est vraiment d'opposition, comme Pichon le laisse entendre, quant � l'appareil lui-m�me, est-ce qu'un examen plus (->p164) (VII/10) pouss� peut nous permettre de le r�soudre  ?

        Remarquons d'abord que le "ne" de ces deux termes a l'air d'y subir l'attraction de ce qu'on peut appeler le groupe de t�te de la phrase, pour autant qu'il est saisi, support� par la forme pronominale ; ce peloton de t�te en fran�ais est remarquable dans les formules qui l'accululent (?-le claviste)  telles que "je ne le" "je le lui", ceci group� avant le verbe n'est certainement pas sans refl�ter une profonde n�cessit� structurale : que le ne vienne s'y agr�ger, je dirais que ce n'est pas l� ce qui nous parait plus remarquable. Ce qui nous parait le plus remarquable est ceci : c'est qu'� venir s'y agr�ger, il en accentue ce que j'appellerai la signification subjective.

        Remarquez en effet, que ce n'est pas un hasard si c'est au niveau d'un "je ne sais", d'un "je ne puis" d'une certaine cat�gorie qui est celle des verbes o� se situe, s'inscrit la position subjective elle-m�me comme telle, que j'ai trouv� mon exemple d'emploi isol� de "ne". Il y a en effet tout un registre de verbes dont l'usage est propre � nous faire remarquer que leur fonction change profond�ment d'�tre employ�s � la premi�re ou � la seconde ou � la troisi�me personne. Si je dis "je crois qu'il va pleuvoir" ceci ne distingue pas de mon �nonciation qu'il va pleuvoir, un acte de croyance ; je crois qu'il va pleuvoir connote simplement le caract�re contingent de ma pr�vision. Observez que les choses se modifient si je passe aux autres personnes : "tu crois qu'il va pleuvoir" fait beaucoup plus appel � quelque choses : celui � qui je m' adresse, je fais appel � son t�moignage. "Il croit qu'il va (->p165) (VIII/11) pleuvoir" donne  de plus en plus de poids � 1'adh�sion du sujet � sa cr�ance. L'introduction du "ne" sera toujours facile quand il vient s'adjoindre � ces trois supports pronominaux de ce verbe qui a ici fonction vari�e : au d�part de la nuance �nonciative jusqu'� l'�nonc� d'une position du  sujet ;  le poids du  "ne" sera toujours pour le ramener vers la nuance �nonciative.
"Je ne crois pas qu'il va pleuvoir", c'est encore plus li� au caract�re de suggestion dispositionnelle qui est la mienne. Cela peut n'avoir absolument rien � faire avec une non-croyance, mais simplement avec ma bonne humeur.
"Je ne crois pas qu'il va pleuvoir",  "je ne crois pas qu'il pleuve", cela veut dire que les chose  me paraissent pas mal se pr�senter.

            De m�me, � l'adjoindre  aux deux autres formulations, ce qui d'ailleurs va distinguer deux autres personnes, le "ne"' tendra � "je-iser" ce dont dans les autres formules il s'agit. "Tu ne crois pas qu'il va pleuvoir", "il ne croit pas qu'il doive pleuvoir". C'est bien en tant que, c'est bien attir� vers le "je" qu'ils seront par le fait que c'est avec l'adjonction de cette petite particule n�gative qu'ils sont ici introduits dans le premier membre de la phrase.

            Est-ce � dire qu'en face, nous devions faire du "pas" quelque chose qui, tout brutalement, connote le pur et simple fait de la privation ? Ce serait assur�ment la tendance de l'analyse de Pichon, pour autant qu'il en trouve en effet � grouper les exemples � donner toutes les apparences. En fait (->p166) (VIII/12)   je ne le crois pas pour des raisons qui tiennent d'abord �  l'origine m�me des signifiants dont il s'agit. S�rement, nous avons la gen�se historique de leur forme d'introduction dans l'usage. Originellement, "je n'y vais pas" peut s'accentuer par une virgule "je n'y vais pas pas", si je puis dire ; "je n'y vois point" : m�me pas d'un point  ; "je n'y trouve goutte", "il n'en reste mie", il s'agit bien de quelque chose qui, loin d' �tre dans son origine la connotation d'un trou de l'absence, exprime  bien au contraire la r�duction, la disparition sans doute, mais non achev�e, laissant derri�re elle le sillage du  trait le plus petit, le plus �vanouissant.

En fait , ces mots faciles � restituer � leur valeur positive, au point qu'ils sont couramment employ�s avec cette valeur, re�oivent bien leur charge n�gative du glissement qui se produit vers eux de la  fonction du "ne", et m�me si le "ne" est �lid�, c'est bien sur eux de sa charge qu'il s'agit dans fonction qu'il exerce. Quelque chose si l'on peut dire, de r�ciprocit�, disons, de ce "pas" et de ce "ne" nous sera apport� par ce qui se passe quand nous inversons leur ordre dans l'�nonc� de la phrase.

            Nous disons -exemple de logique- "pas" un homme qui ne mente. C'est bien l�  le "pas" qui ouvre le feu. Ce que j'entends ici d�signer, vous faire saisir, c'est que le "pas" pour ouvrir la phrase ne joue absolument pas la m�me fonction qui lui serait attribuable, au dire de Pichon, si celle-ci �tait celle qui s'exprime dans la formule suivante : j'arrive et constate : "il n'y a ici pas un chat".
Entre nous, laissez-moi vous signaler au passage la valeur (->p167) (VIII/13)
�clairante, privil�gi�e,  voir redoublante de l'usage m�me d'un tel mot : pas un chat. 
Si nous avions � faire le catalogue des moyens d'expression de la n�gation, je proposerais que nous mettions � la rubrique ce type de mots pour devenir comme un support de la n�gation, ils ne sont pas du tout sans constituer une cat�gorie. Qu'est-ce que le chat a � faire dans la question ?

Mais laissons cela pour le moment.

        "Pas un homme qui ne mente" montre sa diff�rence avec ce concert de carence, quelque chose qui est tout � fait �  un autre niveau et qui est  suffisamment indiqu� par l'emploi du subjonctif.

Le "pas un homme qui ne mente" est du m�me niveau qui motive, qui d�finit toutes les formes les plus discordantielles, pour employer 1a terme de Pichon, que nous puissions attribuer au "ne" depuis le "je crains qu'il ne vienne" jusque le "avant qu'il ne vienne", jusqu'au "plus petit que je ne le croyais", ou encore, "il y a longtemps que je ne l'ai vu", qui posent - je vous le dis au passage -  toutes sortes de questions que je suis, pour l'instant, forc� de laisser de c�t�.
Je vous fais remarquer en passant ce que supporte une formule comme "il y a longtemps que je ne l'ai vu", vous ne pouvez pas  le dire � propos d'un mort ni d'un disparu ; "il y a longtemps que je ne l'ai vu" suppose que la prochaine rencontre est toujours possible.

    Vous voyez avec quelle prudence l'examen l'investigation de ces termes doit �tre mani�e et c'est pourquoi, au (->p168) (VII/14) moment de tenter d'exposer, non pas la dichotomie, un tableau g�n�ral des divers niveaux de la n�gation, dans laquelle notre exp�rience nous apporte des entr�es de matrices autrement riches que tout ce qui s'�tait fait au niveau des philosophes depuis Aristote jusqu'� Kant, et vous savez comment elles s'appellent, ces entr�es de matrices : privation, frustration, castration, c'est elles que nous allons essayer de reprendre pour les confronter avec le support signifiant de la n�gation tel que nous pouvons essayer de l'identifier.

           "Pas un homme qui ne mente", qu'est ce que nous sugg�re cette formule "homo mendax", ce jugement, cette proposition que je vous pr�sente sous la forme type de l'affirmative universelle, � laquelle vous savez peut-�tre que dans mon tout premier s�minaire de cette ann�e, j'avais d�j� fait allusion � propos de l'usage classique du syllogisme "tout homme est mortel", Socrate, etc... avec ce que j'ai connot� au passage de sa fonction  transf�rentielle.

            Je crois que quelque chose peut-�tre apport� dans l'approche  de cette fonction de la n�gation au niveau de l'usage originel, radical, par la consid�ration du syst�me formel des propositions telles qu'Aristote les a class�es dans les cat�gories dites de l'universelle affirmative et n�gative et de la particuli�re dite �galement n�gative et affirmative : AEIO

            Disons-le tout de suite : ce sujet dit de l'opposition des propositions, origine  chez Aristote de toute son (->p169) (VII/15) analyse, de toute sa m�canique du syllogisme, n'est pas sans pr�senter malgr� l'apparence les plus nombreuses difficult�s : dire que les d�veloppements de la logistique la plus moderne ont �clair� ces difficult�s serait tr�s certainement dire quelque chose contre quoi toute l'histoire s'inscrit en faux.
Bien au contraire, la seule chose qu'elle peut faire appara�tre �tonnante, c'est l'apparence d'uniformit� dans l'adh�sion que ces formules dites aristot�liciennes ont rencontr�e jusqu'� Kant, puisque Kant  gardait l'illusion que c'�tait l� un �difice inattaquable.

                        Assur�ment, ce n'est pas rien de pouvoir par exemple faire remarquer que l'accentuation de leur fonction affirmative et n�gative n'est pas articul�e comme telle dans Aristote lui-m�me et que c'est beaucoup plus tard, avec Averro�s probablement, qu'il convient d'en marquer l'origine. C'est vous dire qu'aussi bien les choses ne sont pas aussi simples quand il s'agit de leur appr�ciation. 
Pour ceux � qui besoin est de faire un rappel de la fonction de ces propositions, je vais les rappeler bri�vement.

                     "Homo mendax", puisque c'est ce que j'ai choisi pour introduire ce rappel. Prenons le donc : homo, et m�me omnis homo : "Omnis homo mendax" = tout homme est menteur. Quelle est la formule n�gative ? Selon une forme qui porte et en beaucoup de langues : "omnis homo non mendax" peut suffire.  Je veux dire que "omnis homo non mendax" veut dire que de tout homme, il est vrai qu'il ne soit pas menteur. N�anmoins, pour la clart�, c'est le terme nullus que nous employons :

(p170) (VIII/16)

"nullus homo non mendax".

  A                                     : omnis homo mendax
universelle affirmative

  E                                     : nullus homo non mendax
universelle n�gative

                    Voil� ce qui est connot� habituellement par la lettre respectivement A et E de l'universelle affirmative et de l'universelle n�gative.

                    Que va-t-il se passer au niveau des affirmatives particuli�res ?

                    Puisque nous nous int�ressons � la n�gative, c'est sous une forme n�gative que nous allons pouvoir ici les introduire : "non omnis homo mendax" ce n'est pas tout homme  qui est menteur, autrement dit, je choisis et je constate qu il y a des hommes qui ne sont pas menteurs. En somme, ceci ne veut pas dire que quiconque, aliquis, ne puisse �tre menteur, "aliquis homo mendax". Telle est la particuli�re affirmative habituellement d�sign�e dans la notation classique par la lettre I. Ici, la n�gative particuli�re sera, le "non omnis" �tant ici r�sum� par "nullus", : "non nullus homo non mendax" = il n'y a pas aucun homme qui ne soit pas menteur. En d'autres termes, dans toute la mesure o� nous avons choisi de dire que pas tout homme n'�tait menteur (1er cas), ceci exprime d'une autre (->p171) (VIII/17) fa�on , � savoir que ce n'est pas aucun qu'il y ait � �tre non menteur.

            Les termes ainsi organis�s se distinguent dans la th�orie classique par les formules suivantes, qui les mettent r�ciproquement en position dite de contrelle ou de subcontrelle, c'est-�-dire que les propositions universelles s'opposent �  leur propre niveau comme ne sachant et ne pouvant �tre vraies en m�me temps. I1 ne peut en m�me temps �tre vrai que tout homme puisse �tre menteur et que nul homme ne puisse �tre menteur, alors que toutes les autres combinaisons sont possibles.

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     I1 ne peut en m�me temps �tre  faux qu'il y ait des hommes menteurs et des hommes non menteurs.

            L'opposition dite contradictoire est celle par  laquelle les propositions situ�es dans chacun de ces quadrants s'opposent diagonalement en ceci que chacune exclut, �tant vraie, la v�rit� de celle qui lui est oppos�e � titre de contradictoire, et �tant fausse exclut la fausset� de celle qui lui est oppos�e � titre de contradictoire.  

            S'il y a des hommes menteurs, ceci n'est pas compatible avec le fait  que nul homme ne soit menteur. Inversement, le rapport est de la particuli�re n�gative avec l'af-(->p172) (VIII/18) firmative universelle.

        Qu'est-ce que je vais vous proposer pour vous faire sentir ce qui, au niveau du texte aristot�licien, se pr�sente toujours comme ce qui s'est d�velopp� dans l'histoire d'embarras autour de la d�finition comme telle de l'universelle ? Observez d'abord que si ici je vous ai introduit le non omnis homo mendax :  le pas tout, le terme pas portant sur la notion du tout comme d�finissant la particuli�re, �a n'est pas que ceci soit l�gitime, car pr�cis�ment Aristote s'y oppose d'une fa�on qui soit contraire � tout le d�veloppement qu'a pu prendre ensuite la sp�culation sur la logique formelle, � savoir un d�veloppement, une explication en extension faisant intervenir la carcasse symbolisable par un cercle, par une zone dans laquelle les objets constituant son support sont rassembl�s :  Aristote, tr�s pr�cis�ment, avant les "Premi�res Analytiques", tout au moins dans l'ouvrage qui ant�c�de dans le groupement de ses oeuvres, mais qui apparemment l'ant�c�de logiquement, sinon chronologiquement qui s'appelle "De l'Interpr�tation", fait remarquer que - et non sans avoir provoqu� l'�tonnement des historiens - ce n'est pas sur la qualification de l'universalit� que doit porter la n�gation. C'est donc bien d'un quelqu'homme qu'il s'agit et d'un quelqu'homme que nous devons, interroger comme tel, comme menteur.

        La qualification donc de l'omnis, de l'omnitude, de la parit� de la cat�gorie universelle est ici ce qui est en cause. Est-ce que c'est quelque chose qui soit du m�me niveau, du niveau d'existence de ce qui peut supporter, ne pas sup-(->p173) (VIII/p19)porter l'affirmation ou la n�gation, est-ce qu'il y a homog�n�it� entre ces deux niveaux ? 
Autrement dit, est-ce que c'est de quelque chose qui simplement suppose la collection comme r�alis�e qu'il s'agit dans la diff�rence qu'il y a de l'universelle � la particuli�re ?

                Bouleversant la port�e de ce que je suis en train d'essayer de vous expliquer, je vais vous proposer quelque chose, quelque chose qui est fait en quelque sorte pour r�pondre � quoi ? � la question qui lie justement la d�finition du sujet comme telle � celle de l'ordre d'affirmation ou de n�gation dans lequel il entre dans l'op�ration de cette division propositionnelle.

            Dans l'enseignement classique de la logique formelle, il est dit et si l'on recherche � qui �a remonte, je vais vous le dire, ce n'est pas sans �tre quelque peu piquant - il est dit que le sujet est pris sous l'angle de la qualit� et que l'attribut que vous voyez ici incarn� par le terme mendax est pris sous l'angle de la quantit�. Autrement dit, dans l'un, ils sont tous, ils sont plusieurs, voire il y en a un. C'est ce que Kant conserve encore au niveau de "la Critique de la Raison pure" dans la division ternaire. Ce n'est pas sans soulever de la part des linguistes de grosses objections.

            Quand on regarde les choses historiquement, on s'aper�oit que cette distinction qualit�-quantit� a une origine : elle appara�t pour la premi�re fois dans un petit trait� paradoxalement sur les doctrines de Platon, et cela - c'est au contraire l'�nonc� aristot�licien de la logique formelle qui  (->p174) (VIII/20) est reproduit, d'une fa�on abr�g�e mais non sans p�riode didactique, et l'auteur n'est ni plus ni moins qu'Apul�e, l'auteur d'un trait� sur Platon - se trouve avoir ici une singuli�re fonction historique, c'est � savoir d'avoir introduit une cat�gorisation, celle de la quantit� et de la qualit�, dont le moins qu'on puisse dire c'est que c'est de s'�tre introduit et d'�tre rest� aussi longtemps dans l'analyse des formes logiques qu'on l'y a introduit.

                    Voici en effet le mod�le autour duquel je vous propose pour aujourd'hui de centrer votre r�flexion. Voici un cadran dans lequel nous allons mettre des traits verticaux (sujet). La fonction trait va remplir celle du sujet et la fonction verticale, qui est d'ailleurs choisie simplement comme support, celle d'attribut. J'aurais bien pu dire que je prenais comme attribut le terme unaire mais pour le c�t� repr�sentatif et imaginable de ce que j'ai � vous montrer, je les mets verticaux.  

File:174.jpg

(->p175) (VIII/21)

                    Ici, nous avons un segment de cadran o� il y a des traits verticaux, mais aussi des traits obliques, ici il n'y a pas de trait.

Ce que ceci est destin� � illustrer, c'est que la distinction universelle/particuli�re, en tant qu'elle forme un couple distinct de l'opposition affirmative/n�gative est � consid�rer comme d'un registre tout diff�rent de celui qu'avec plus ou moins d'adresse des commentateurs � partir d'Apul�e, ont cru devoir diriger dans ces formules si ambigu�s, glissantes et confusionnelles, qui s'appellent respectivement la qualit� et la quantit�, et de l'opposer en ces termes. Nous appellerons l'opposition universelle/particuli�re une opposition de l'ordre de la lexis, ce qui est pour nous File:175.jpg : je lis aussi bien je choisis, tr�s exactement li�e � cette fonction d'extraction, de choix du signifiant qui est ce sur quoi pour l'instant, le terrain, la passerelle sur laquelle nous sommes en train nous avancer. Ceci pour la distinguer de la phasis, c'est-�-dire de quelque chose qui ici se propose comme une parole par o� je m'engage quant � l'existence de ce quelque chose qui est mis en cause par la lexis premi�re .

Et en effet, vous allez le voir, de quoi est-ce que je vais pouvoir dire tout est vrai est vertical  ?

            Bien s�r, du premier secteur du cadran 1, mais observez-le aussi du secteur vide 2 : si je dis, tout trait est vertical, �a veut dire quand il n'y a pas de verticale, il n'y a pas de traits ? En tous cas, c'est illustr� par le secteur  vide du cadran : non seulement le secteur vide ne contredit pas, n'est pas contraire � l'affirmation : "tout trait est vertical" , (->p176) (VIII/p22) mais l'illustre. I1 n'y a nul trait vertical dans ce secteur du cadran.

                Voici donc illustr�e par les deux premiers secteurs l'affirmative universelle. La n�gative universelle va �tre illustr�e par les deux secteurs de droite, mais ce dont il s'agit l� se formulera par l'articulation suivante :                nul trait n'est vertical, il n'y a l� dans ces deux secteurs nul trait. Ce qui est � remarquer, c'est le secteur commun 2 que recouvrent ces deux propositions qui, selon la formule, la doctrine classique, en apparence, ne sauraient �tre vraies en m�me temps.

                Qu'est-ce que nous allons trouver suivant notre mouvement giratoire, qui a ainsi fort bien commenc� ici comme formule ainsi qu'ici, pour d�signer les deux autres groupements possibles 2 par 2 des cadrans. 
Ici, nous allons voir le vrai de ces deux cadrans sous une forme affirmative. I1 y a - je le dis d'une fa�on phasique
File:176.jpg              : je constate l'existence de traits verticaux - Il y a des traits verticaux, il y a quelques traits verticaux, que je peux trouver soit ici, soit ici ?

                Ici, si nous essayons de d�finir la distinction de l'universelle et de la particuli�re, nous voyons quels sont les deux secteurs qui r�pondent � l'�nonciation particuli�re. L� il y a des traits non verticaux "non nullis, etc..."

                De m�me que tout � l'heure, nous avons �t� un instant suspendus � l'ambigu�t� de cette r�p�tition de n�gation, le non non est tr�s loin d'�tre �quivalent forc�ment au oui et (->p177) (VIII/23) c'est quelque chose vers quoi nous aurons � revenir dans la suite.

            Qu'est-ce que cela veut dire ? Quel est l'int�r�t pour nous de nous servir d'un tel appareil  ?
Pourquoi est-ce que j'essaie pour vous de d�tacher ce plan de la lexis du plan de la phasis ?
Je vais y aller tout de suite et pas par quatre chemins. Et je vais l'illustrer.

            Qu'est-ce que nous pouvons dire, nous analystes, qu'est-ce que Freud nous enseigne puisque le sens en a �t� compl�tement perdu de ce qu'on appelle proposition universelle  , depuis justement une formulation dont on peut mettre la t�te de chapitre � la formulation eul�rienne qui arrive � nous repr�senter toutes les fonctions du syllogisme par une s�rie de petits cercles, soit s'excluant les uns les autres, se recoupant, s'intersectant en d'autres termes, et � proprement parler en extension � quoi on oppose la compr�hension qui serait distingu�e simplement par je ne sais quelle in�vitable mani�re de comprendre, de comprendre quoi ? que le cheval est blanc, qu'est-ce qu'il y a � comprendre .

            Ce que nous apportons qui renouvelle la question c'est ceci : je dis que Freud promulgue, avance la formule qui est la suivante : le p�re est Dieu ou tout p�re est Dieu.
Il en r�sulte, si nous maintenons cette proposition au niveau universel, celle qu'il n'y a d'autre p�re que Dieu, lequel d'autre part quant � l'existence est dans la r�flexion freudienne plut�t aufgehoben, plut�t mis en suspension, voire en doute (->p178) (VIII/24)  radical. Ce dont il s'agit, c'est que l'ordre de fonction que nous introduisons avec le nom du p�re est ce quelque chose qui, � la fois, a sa valeur universelle, mais qui vous remet � vous, � l'autre, la charge de contr�ler s'il y a un p�re ou non de cet acabit. S'il n'y en a pas, il est toujours vrai que le p�re soit Dieu, simplement la formule n'est confirm�e que par le secteur vide du cadran, moyennant quoi au niveau de la phasis nous avons : il y a des p�res qui remplissent plus ou moins la fonction symbolique que nous devons d�noncer comme telle, comme �tant celle du nom du p�re, il y en a qui, et il y en a que pas. Mais qu'il y en ait que pas, qui soient pas dans tous les cas, ce qui ici est support� par ce secteur 4, c'est exactement la m�me chose qui nous donne appui et base � la fonction universelle du nom du p�re ;

File:178.jpg

car group� avec le secteur dans  lequel il n'y a rien 2, c'est justement ces deux secteurs pris au niveau de la lexis qui  se trouvent en raison de celui-ci, de ce secteur support� qui compl�mente l'autre, qui  donnent sa pleine port�e � ce que nous pouvons �noncer comme affirmation universelle.  

                         Je vais illustrer autrement, puisqu'aussi bien, jusqu'� un certain point, la question a pu �tre pos�e de sa valeur, je parle par rapport � un enseignement traditionnel qui doit �tre ce que j'ai apport� la derni�re fois concernant le petit i.

                 (->p179) (VIII/25)  Ici, les professeurs discutent : qu'est-ce que nous allons dire ? le professeur, celui qui enseigne, doit enseigner quoi ? ce que d'autres ont enseign� avant lui, c'est-�-dire qu'il se fonde sur quoi ? sur ce qui a d�j� subi une certaine lexis. Ce qui r�sulte de toute lexis, c'est justement ce qui nous importe en l'occasion, et au niveau de quoi j'essaie, de vous soutenir aujourd'hui : la lettre. Le professeur est lettr� dans son caract�re universel, il est celui qui se fonde sur  la lettre au niveau d'un �nonc� particulier, nous pouvons dire maintenant qu'il peut l'�tre moiti� moiti�, il peut ne pas �tre tout lettr�. Il en r�sultera que quand m�me on ne puisse dire qu'aucun professeur soit illettr�, il y aura toujours dans son cas un peu de lettres.
I1 n'en reste pas moins que si, par hasard, il y avait un angle sous lequel nous puissions dire qu'il y en a �ventuellement sous un certain angle qui se caract�risent comme donnant lieu � une certaine ignorance de la lettre, ceci ne nous emp�cherait pas pour autant de boucler la boucle et de voir que le retour et le fondement, si l'on peut dire, de la d�finition universelle du professeur est tr�s strictement en ceci, c'est que l'identit� de la formule que le professeur est celui qui s'identifie � la lettre impose, exige m�me le commentaire qu'il peut y avoir des professeurs analphab�tes. La case n�gative 2 comme corr�lative essentielle de la d�finition de l'universalit�, est quelque chose qui est profond�ment cach� au niveau de la lexis primitive.

                    Ceci veut dire quelque chose : dans l'ambigu�t� du support particulier que nous pouvons donner dans l'engagement de notre parole au nom du p�re comme tel, il n'en reste (->p180) (VIII/26) pas moins que nous ne pouvons pas faire que quoi que ce soit qui aspir� dans l'atmosph�re de l'humain, si je puis m'exprimer ainsi, puisse, si l'on peut dire, se consid�rer comme compl�tement d�gag� du nom du p�re, que m�me ici (vide) o� il n'y a que des p�res pour qui la fonction du p�re est, si je puis m'exprimer ainsi, de pure perte, le p�re non p�re, la cause perdue, sur laquelle a termin� mon s�minaire de l'ann�e derni�re, c'est n�anmoins en fonction de cette d�ch�ance, par rapport � une premi�re lexis qui est celle du nom de p�re, que se juge cette cat�gorie particuli�re.

                L'homme ne peut faire que son affirmation ou sa n�gation avec tout ce qu'elle engage : celui-l� est mon p�re, ou celui-l� est son p�re, ne soit pas enti�rement suspendue � une lexis primitive dont, bien entendu, �a n'est pas du sens commun, du signifi�, du p�re qu'il s'agit, mais de quelque chose � quoi nous sommes provoqu�s ici de donner son v�ritable support et qui est l�gitime m�me aux yeux des professeurs, qui, vous le voyez, seraient en grand danger d'�tre toujours mis en quelque suspens quant � leur fonction r�elle m�me aux yeux des professeurs, doit justifier que j'essaie de donner, m�me � leur niveau de professeurs, un support algorithmique � leur existence de sujet comme tel.

(->p181) (VIII/27)

 

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]            relu et corrig� en ao�t 2002