Text/Jacques Lacan/LF07061967.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

J.LACAN                    gaogoa

[LF30051967.htm <] [LF14061967.htm >]

XIV- La logique du fantasme. 1966-1967

version rue CB

7 Juin 1967                       [#note note]  

(p285->)     Ce qu'il y a de commun � ce qu'on appelle en derni�re heure le structuralisme, c'est de faire d�pendre la fonction du Sujet de l'articulation signifiante. C'est dire qu'apr�s tout ce signe distinctif peut rester plus ou moins �lid� qu'en un sens il l'est toujours. Bien s�r, je sais que certains d'entre vous peuvent trouver qu'� cet �gard les analyses de L�vy-Strauss laissent justement ce point central en suspens, nous laissent pour tout dire devant cette question pour autant que depuis quelques ann�es elle est centr�e sur le mythe, cette analyse. Faut-il penser enfin que le miel attendait - j'entends depuis toujours - dans le tabac la v�rit� de son rapport avec la cendre ?

    En un certain sens c'est vrai, c'est pourquoi la mise en suspens du Sujet d�coule, c'est ce qui suffit � nous faire contribuer � quelque chose qui n'est pourtant pas une doctrine qui est seulement la reconnaissance d'un efficace qui semble bien �tre de la m�me nature que celui qui fonde la science. Il n'en reste pas moins qu'une notion de classe telle qu'elle impliquerait structuralismes qu'un minimum de caract�ristiques ne saurait d'aucune fa�on, conjoindre en un ensemble un certain nombre de recherches pour autant que pour prendre la mienne par exemple, apr�s tout ce n'est que comme office, comme appareil adjuvant qu'elle a d� d'abord rencontrer pour l'articuler cette n�cessit� de l'articulation subjective dans le signifiant.

    Elle en est, en quelque sorte, la pr�face, rien ne saurait y �tre correctement pens� sans cela, pourtant ce n'est pas sans raison que nous devons produire enfin ce qui dans le m�me champ a �t� articul� trop vite, qui est le rapport fondamental du sujet ainsi constitu� avec le corps.

    Ceci d'o� sort que symbolisme veut toujours dire enfin symbolisme corporel, ceci � quoi j'arrive, a d� pendant des ann�es, �tre par moi �cart� pr�cis�ment en raison du fait que c'est ainsi depuis toujours, que c'est ainsi traditionnellement qu'�tait articul� le symbolisme, c'est-�-dire d'une fa�on qui manquait l'essentiel comme il arrive pour �tre trop pr�cipit�, les membres et l'estomac, il y a bien longtemps, depuis toujours, j'ai �voqu� � l'horizon la fable de Mennenius et d'Aggripa. Ce n'�tait pas si mal. Comparer la noblesse � l'estomac c'est mieux que de la comparer � la t�te, puis �a remet la t�te � sa place parmi les membres. C'est aller quand m�me un peu vite.

(p286->) Si nous le savons c'est en raison du fait que ce qui est au centre de notre recherche � nous analystes, c'est quelque chose qui sans doute ne passe pas par ailleurs que par les voies de la structure des incidences du signifiant dans le r�el en tant qu'il y introduit le Sujet mais que son centre, c'est un signe, que je ne puisse le rappeler avec cette force qu'au moment o� � proprement parler j'installe mon discours dans ce que je puis l�gitimement appeler une logique. C'est � ce moment que je puis rappeler que tout tourne pour nous autour de ce qu'il en est de ce qu'il faut appeler la difficult� non pas d'�tre comme disait l'Autre en son grand �ge, la difficult� inh�rente � l'acte sexuel. I1 y a d'autres difficult�s qui ont annonc� celles-l�, introduire cette fonction de la difficult� ce n'est pas rien, le jour o� la difficult� de l'harmonie sociale a pris ce nom l�gitime : la lutte des classes, un pas �tait franchi.

    La difficult� de l'acte sexuel ce peut �tre d'un certain poids si on s'y arr�te, je veux dire si tout ce que nous avons � articuler dans ce champ se centre effectivement sur cette difficult�. Je soup�onne l'une des raisons pourquoi les psychanalystes pr�f�rent s'en tenir � ce que posait la Chose. A ce que posait la Chose au centre il en r�sulte de lumi�re pour toute une r�gion zonale. Je soup�onne que mis � part quelque chose qu'il faudra bien que je signale tout � l'heure, c'est d'abord une difficult� logique. On pourrait � ce propos tenir pour indiciel que l'institution du mariage se r�v�le comme d'autant plus, je ne dirai pas solide, c'est bien plus que �a r�sistante, que droit est donn� dans notre soci�t� de s'articuler � toutes les aspirations comme disent les psychologues � toutes les aspirations vers l'acte sexuel.

    Puisqu'il s'est trouv� que quelque chose a �t� franchi dans l'�claircissement de la difficult� de l'harmonie sociale, il est en effet tout � fait frappant que ce n'est pas sp�cialement l� qu'ait �t� plus ouvert le droit � s'articuler des aspirations vers l'acte sexuel que le mariage s'y montre, je ne dirai pas plus r�sistant, il n'a pas � r�sister, plus institu� qu'ailleurs et que dans le champ o� les aspirations s'articulent sous mille formes efficaces dans tous les champs de l'art, du cin�ma, de la parole, sans compter dans celui du grand malaise n�vrotique de la civilisation, le mariage bien s�r, reste au centre, n'ayant pas boug� n'ayant pas boug� d'un pouce dans son statut fondamental. Autrement dit pour la r�sumer, cette institution, de voir qu'elle est fond�e sur cette seule �nonciation une fois prononc�e, dont je me suis servi autrement comme exemple pour indiquer la structuration du message en lui-m�me , "tu es ma femme" . Ce qui n'a m�me pas besoin d'�tre redoubl� d'une autre annonce, ce qui rend presque purement formel qu'on lui demande si elle est d'accord. A ceci tient sous toutes les formes o� persiste au moins pour l'instant cette institution, � ceci tient l'inauguration de ce que nous appellerons un couple d�fini comme producteur.

    Ce n'est pas tout � fait dire seulement qu'il s'agit du couple au sens o� il s'agit de l'affaire sexuelle. Bien s�r elle est exigible. Mais il faut remarquer que nous pouvons dire que son produit est autre chose que l'enfant r�duit au rejeton (p287->) biologique, � l'effet de la fonction de reproduction. Et c'est ce que nous voulons dire en d�signant comme "a", ce que nous avons � interroger au d�part, de son entr�e dans l'acte sexuel. Il en est d�j� le produit et non pas seulement comme rejeton biologique. Ce �a� que je vous ai dit que vous pouvez grossi�rement, si vous voulez absolument le situer dans vos cases philosophiques, l'identifier � ce � quoi est arrive le r�sidu de cette tradition au dernier terme, apr�s avoir port� jusqu'� sa perfection l'isolation de la fonction du sujet et avoir d� au-del� rester coit, il n'en reste pas moins qu'avant de nous faire signe : bye-bye, voguez maintenant, sur ce qui me succ�de, et o� vous �tes un tant soit peu plong� dans ce monde qui remue, qui va sortir de la derni�re de ses contradictions, �a commence ! � ce moment-l�, elle vous indique quand m�me qu'un petit r�sidu restait de cette b�n�fique dialectique � quoi �tait offert d'avance l'ordre total : le savoir absolu qui s'appelle le Dasein. Ce r�sidu de pr�sence en tant que li� avec la tradition philosophique nous le recueillons de sa main, nous qui le retrouvons pr�cis�ment comme le sous produit de ce quelque chose qui �tait rest� masqu� dans la dialectique du sujet � savoir : qu'elle a � faire � l'acte sexuel; ce r�sidu subjectif est d�j� l� au moment o� se pose la question du mode dont il va jouer dans l'acte sexuel. Si tout le discours humain est ainsi structur� qu'il laisse b�ant la possibilit� m�me de l'instauration subjective impliqu�e dans l'acte sexuel, tout le discours humain a d�j� produit non pas dans chaque sujet, au niveau de son effet subjectif en soi, cette pluie, ce ruissellement de r�sidu qui accompagne chacun des sujets int�ress�s dans le processus, et il se trouve, je pense que vous vous en souvenez, parce que c'est par cet abord que nous l'avons d�j� approch� ce r�sidu, c'est en fin de compte la jonction la plus s�re, toute partielle qu'elle soit dans son essence, la jonction la plus s�re du sujet avec le corps. Que ce �a� se pr�sente certes comme corps, mais non comme on le dit comme corps total, comme chute, �gar� au regard de ce corps dont il d�pend selon une structure qui est fortement � maintenir si l'on veut la comprendre. On ne peut la comprendre qu'� se r�f�rer au centre, et c'est bien ce que maintiennent certaines indications comme celles de l'incidence de ces objets que j'appelle du �a�, sont toutes li�es, on ne dit pas � l'acte, bien s�r, puisque , c'est moi qui l'ai dit le premier, � quelque chose quand m�me qui s'y destine, puisque c'est tout entier autour de la pr�maturation biologique, pour autant qu'elle invoque cet appel fait au corps vers le lieu de l'acte, non pas seulement pr�maturation de sa tentative, pr�pubert�, nous dit-on, premi�re pouss�e qui en indique l'avenir et l'horizon et � soi seul, mais non sans invoquer toute une conjonction, toute une circonstance sociale de r�pression, d'appr�ciation, tout au moins de r�f�rences dites cursives de demande et de d�sir, d�j� pr�forme, fait arriver le sujet comme �a�, comme sous produit que ce point central fait difficult� � la difficult� m�me. Peut-�tre la carence relative est que si m�me elle est relative, elle n'en reste pas moins radicale, je dis peut-�tre, les psychanalystes eu �gard � leur t�che tient-elle � ce qu'ils ne se pose pas eux-m�mes comme engag�s � en �prouver � l'extr�me la difficult� de l'acte sexuel. Car la psychanalyse didactique si, bien s�r elle est plus qu'exigible pour chez eux, disons, cicatris�s, les effets de hasards comme il en est chez chacun de cette difficult�, ce n'est pas dire qu'elle constitue en elle-m�me le fait de s'�prouver � cette difficult�.

(p288->) Il est assez commode de franchir, le nettoyage, la purification pr�alable, de retourner � ses pantoufles qui ne sont, quoiqu'on en dise, pas le lieu �lu de l'acte sexuel. Certes c'est d�j� un acc�s que d'�tre en �tat de penser le d�sir.

    Allez-vous croire que je vous donne ce mot d'ordre : qu'il s'agit de penser l'acte sexuel ? Un acte, remarquez-le si vous vous souvenez de la fa�on o� je l'ai introduit, n'a pas besoin d'�tre pens� pour �tre un acte. La question se soul�ve m�me de savoir si ce n'est pas pour �a qu'il est un acte. Je n'irai pas plus loin dans ce sens, qui ne favorise que trop les semblants d'acte. Le faire n'est pas commode, mais il est certain qu'il faille ou non le penser, on peut le penser qu'apr�s, nature de l'acte, c'est qu'il faut le conna�tre d'abord ce qui peut-�tre n'exclut pas qu'il soit pens�, c'est vous dire si l'on part de la difficult� de l'acte sexuel ce n'est pas mettre � la port�e de la main le temps de la penser.

    Alors reprenons au niveau le plus ras, comment �a se pose si c'est un acte, constitution en acte d'un signifiant � partir de quelques motions dirons-nous n'invoquant l� que le registre du mouvement, quelque chose de mesurable dans la pens�e d'un corps, il doit y avoir, si le signifiant se r�duit � la plus simple cha�ne, cette opposition que j'ai d�j� inscrite sur deux petites plaques inattendues dans un de mes articles et que nous traduirons ici par �suis un homme� et son rapport avec "suis une femme".

    Nous revenons � ce qui tout � l'heure se pr�sentait comme le message sous une forme invers�e. Est-ce qu'il n'est pas absolument fabuleux que nous ne puissions pas en aucun cas absolument pas rendre compte d'un lien entre ces termes qui justifie que nous les prenions pour l'un de l'autre l'inverse, et qu'il faut bien d�s lors que nous les interrogions tels qu'ils sont, c'est-�-dire, que nous ne l'ignorez pas et comme c'est articul� dans chaque ligne de Freud, dans la totale incapacit� de leur donner quelque corr�lat sur que ce soit, activit�, passivit� ne sont que des substituts, dont chaque fois qu'il les emploie Freud souligne le caract�re, je ne dirai pas inad�quat, suspect.

    Reposons les questions avec les appareils que nous ont fourni notre bonne petite tradition du maniement du sujet. Elle doit pouvoir ici �tre mise � l'�preuve et m�me si elle ne peut servir � rien, la fa�on dont elle sera rebut�e par l'objet, nous instruira peut-�tre de quelque chose concernant l'objet lui-m�me son �lasticit� par exemple. L'�tre m�le, aussi bien l'�tre femelle, sont � ce niveau du discours exactement dans la m�me position, nous allons lui trouver quelque chose d'analogue � quoi, ce � quoi, nous a men� notre maniement du sujet. Il doit bien y avoir deux faces, il y a un en soi et un pour quelque chose, mais ce qui se voit tout de suite, c'est que ce n'est pas du tout l� le pour soi, en raison m�me de l'exigence fondamentale de l'acte sexuel qui ne peut pas rester pour soi, mais ne disons pas qu'il est celui pour qui fait la paire, c'est l� que doit nous servir l'introduction de la fonction du grand Autre, ce qui correspond ici � notre interrogation comme oppos�e � cet en soi, plut�t d�rapant qui correspond � l'�tre m�le et bien (p289->plus encore � l'�tre femme, c'est un pour l'Autre, c'est-�-dire ce qu'il nous a fallu �voquer d'abord, c'est-�-dire le lieu d'o� le message lui revient sous une forme invers�e. Je vous fais remarquer, c'est un petit rappel, je le ferai plus accentu� la prochaine fois, mais je ne peux ici que l'amorcer en passant.

    A cette alternative dont j'ai �tendu la port�e en montrant qu'elle n'est pas celle simplement de l'ali�nation puisqu'elle nous a permis d'ores et d�j� au premier trimestre � situer cette op�ration logique de l'ali�nation dans sa relation avec deux autres. Vous l'avez peut-�tre oubli� qui forme avec elle quelque chose que j'ai interrog� � la mani�re d'un groupe de Klein. Bref, le d�part de ce petit rectangle, o� j'ai situ� l'ali�nation fondamentale du Sujet, pr�cis�ment dans son rapport avec une passibilit� qui n'�tait que la place marqu�e de l'acte sexuel sous la forme logique de la sublimation, cette alternative o� je ne pense pas, ou je ne suis pas, choix s�duisant, comme vous le voyez, qui est le d�part de ce qui est offert au sujet, d�s que la perspective s'introduit d'un inconscient en tant qu'il est fait de cette difficult� de l'acte sexuel vous voyez ici comme elle se r�partit. Le "je ne pense pas", c'est assur�ment l'en soi, le pour soi, si jamais il se manifeste de l'�tre m�le ou de l'�tre femme, le "je ne suis pas" �tant de l'autre c�t�, � savoir du c�t� du pour l'autre, ce que l'acte sexuel est appel� � assurer, puisqu'il s'y fonde, c'est quelque chose que nous pourrons appeler un signe venant du �je ne pense pas� d'o� je suis comme ne pensant pas, pour arriver au �je ne suis pas� l� o� je suis comme n'�tant pas. Si je suis o� je ne pense pas et si je pense o� je ne suis pas, c'est bien l'occasion de s'en rappeler dans ce rapport qui a beau arriver au "je ne suis pas", c'est‑-�-dire, moi, m�le au niveau de la femme, c'est quand m�me l� que quelqu'aient �t� les pr�tentions des philosophes � d�tacher le tophronen, je cogite, du ,to kaeren, je jouis, c'est quand m�me l� que mon destin au niveau du tophronen se joue.

    Le fait d'avoir dialogu� avec Socrate n'a jamais emp�ch� personne d'avoir des obsessions qui chatouillent, qui d�rangent grandement son tophronen.

    Le pas suivant est celui-ci : qui nous est offert, et c'est pour �a que je l'ai rappel�, par la fonction du message, c'est un fait qu'imprudent et ne sachant absolument pas ce que je dis, je m'annonce comme �tant homme l� o� je ne pense pas sous cette forme du : tu es ma femme l� o� je ne suis pas, �a a quand m�me l'int�r�t que �a donne � la femme la possibilit� de s'annoncer elle aussi, c'est �a qui exige qu'elle soit l� au titre de sujet, car elle le devient, elle comme moi, d�s lors qu'elle s'annonce. Cette rencontre sous la forme pure, d'autant plus pure, j'y insiste qu'on ne sait absolument pas ce qu'on dit, c'est l� ce qui met au tout premier plan la fonction du Sujet dans l'acte sexuel. C'est m�me comme pur Sujet que nous nous apercevons pr�cis�ment au niveau du fondement de cet acte, que ce pur sujet se situe au joint ou pour mieux dire au disjoint du corps et de la jouissance.

    Si vous vouliez me dire ici m�me qu'apr�s tout, cet acte, nous pouvons bien nous passer de ses exigences d'acte, qu'on a pas besoin peut-�tre de l'acte sexuel pour foutre d'une fa�on parfaitement convenable.

(p290->) I1 s'agit en effet de savoir dans le relief de l'acte, ce qui exige le Sujet, c'est peut-�tre peu dire que de dire que tout tient dans l'opposition des signifiants homme-femme, si nous ne savons pas encore m�me, ce qu'ils veulent dire.

    En effet, l� o� se voit l'incidence du Sujet n'est pas tellement dans le mot femme que dans le mot m�le. La jouissance est un terme ambigu, il glisse de ceci qui fait dire qu'il n'y a de jouissance que du corps, et qui ouvre le champ de la jouissance o� vient s'inscrire ces limites s�v�res o� le Sujet se contient des incidences du plaisir, ce sens o� jouir, ai je dit, c'est poss�der le m�le. Je jouis de quelque chose, ce qui laisse en suspens la question de savoir si ce quelque chose de ce que je jouisse de lui, jouit, l� autour du �me� et tr�s pr�cis�ment cette s�paration de la jouissance et du corps, car ce n'est pas pour rien que je vous y ai introduit la derni�re fois par le rappel de cette articulation fragile d'�tre limit�e au champ traditionnel de la gen�se du Sujet, de la ph�nom�nologie de l'esprit du Ma�tre et de l'esclave, moi, je jouis de to corps, c'est-�-dire que ton corps devient la m�taphore de ma jouissance.

    Hegel tout de m�me n'oublie pas que ce n'est qu'une m�taphore, c'est-�-dire que si Ma�tre je suis, ma jouissance est d�j� d�plac�e, qu'elle d�pend de la m�taphore du serf et qu'il reste que pour lui comme pour ce que j'interroge dans l'acte sexuel, il y a une autre jouissance qui est � la d�rive.

        Est-ce que j'ai besoin de l'�crire.

        mon corps - corps 

                             ma jouissance 

                                                 jouissance 

il s'agit de savoir ce qui est l� sous la forme de mon corps. Je ne pense m�me pas, innocent que je suis, � l'appeler "mon", �a � voir avec le rapport de m�taphore qui fonderait tout de la fa�on la plus �l�gante et la plus ais�e avec la jouissance qui est en question et qui fait la difficult� de l'acte sexuel.

    Vous allez me dire : pourquoi est-ce que c'est au niveau de la femme qu'elle fait question ?

    Nous allons le dire tr�s vite et simplement, tout de suite, tous les psychanalystes le savent, ne savent pas le dire forc�ment, mais ils le savent, par ceci : c'est que homme ou femme ils n'ont pas encore �t� capables d'articuler la moindre chose qui tienne sur le sujet de la jouissance f�minine.

    Je ne suis pas en train de dire que la jouissance f�minine ne peut pas prendre cette place, c'est l� la difficult� de l'acte sexuel. Cette r�f�rence du Ma�tre et de l'esclave � savoir la jouissance � la d�rive, il n'y a pas de raison qu'elle ne soit pas toujours l� la jouissance et ceci d'autant plus que lui n'a pas eu comme le Ma�tre, (p291->l'idiotie de la mettre dans le risque. Pourquoi ne l'aurait-il pas gard�e ? Ce n'est pas parce que sa jouissance � lui ne continue pas sa petite vie, comme tout le prouve.

    Si vous lisez la com�die antique, si vous relisez le cher T�rance, par exemple, qui n'est pas pr�cis�ment un primitif, qui est m�me tout le contraire, dont on peut m�me dire que les choses sont pouss�es si loin chez lui, que �a d�passe en simplicit� tout ce que nous pouvons cogiter. C'est plus simplet qu'un film de M. Robbe-Grillet, m�me quand il est b�cl�. Mais il n'est pas b�cl�. Seulement, nous ne nous apercevons plus de quoi il s'agit, il y a une certaine histoire d'Adrienne, par exemple, vous allez lire et vous allez dire : "Mon dieu, quelle histoire" ! Tout �a parce qu'un gar�on qui a un p�re, doit ou non �pouser une fille de la bonne ou de la mauvaise soci�t�, et comme � la fin celle qui est de la mauvaise soci�t�, s'av�re �tre de la bonne, � cause de cette histoire �ternelle des reconnaissances, qu'elle a �t� enlev�e toute petite, patati et patata . quelle histoire ! et quelle histoire idiote ! seulement ce qu'il y a de f�cheux si vous raisonnez ainsi, c'est que vous ne voyez pas une chose, c'est qu'il n'y a qu'une seule personne int�ressante dans toute cette com�die et qui s'appelle Davus, c'est bel et bien un esclave, car on prend tout � fait au s�rieux lui qui m�ne tout, lui qui est le seul intelligent parmi toutes ces personnes, et on ne songe m�me pas � sugg�rer que les autres pourraient commencer de l'�tre. Le p�re joue le r�le paternel au degr� d'abrutissement souhaitable, superf�tatoire, le fils est un pauvre mignon compl�tement �gar�, les filles en jeu on ne les voit m�me pas, elles n'int�ressent personne. Il y a un esclave qui se bat pour son Ma�tre � ceci pr�s qu'il risque, d'une minute � l'autre (c'est �crit) d'�tre crucifi�, et il m�ne l'affaire de main de Ma�tre, c'est le cas de le dire !

    Voil� de quoi il s'agit dans la com�die antique, � ceci pr�s que �a n'a pour nous aucun int�r�t, � savoir de vous montrer qu'il peut y avoir une question de ce qu'il advient de la jouissance quand il s'est produit ce petit mouvement de d�calage, qui est � proprement parler constitu� d�s que s'introduit entre le corps et la jouissance, la fonction du Sujet.

    Ce n'est pas avec la jouissance propre � un corps en tant que cette jouissance le d�finit, un corps c'est quelque chose qui peut jouir. Seulement, on le fait devenir la m�taphore de la jouissance d'un autre.

    Qu'est-ce que devient la sienne ? Est-ce qu'elle s'�change ? Toute la question est l�. Mais elle n'est pas r�solue. Elle n'est pas r�solue, pourquoi ? Tout de m�me nous, analystes, nous le savons. Cela ne veut pas dire que nous pouvons toujours le dire, c'est une observation g�n�rale. Il ne faut pas tout le temps la r�p�ter. La fonction du corps, nous l'avons toujours rappel�, c'est le lieu de l'Autre.

(p292->)

Name.jpg

Nous ne savons pas si elle vient l�.

Dans le "tu es ma femme", savoir si le corps de la femme est la m�taphore de sa jouissance � lui.

    En effet, pour des raisons qui tiennent � ceci : qu'il n'y a pas que le couple en jeu dans l'acte sexuel, � savoir, que comme d'autres structuralistes qui fonctionnent dans d'autres champs o� l'ont rappel�, ce rapport de l'homme et de la femme est soumis � des fonctions d'�changes, qui impliquent du m�me coup une valeur d'�change et que le lieu o� quelque chose qui est d'usage est frapp� de cette n�gativation qui en fait une valeur d'�change est ici pour des raisons prises dans la constitution naturelle de la fonction de copulation, est ici, prise sur la jouissance masculine en tant qu'elle on sait o� elle est, enfin, on le croit. Il y a un petit organe qu'on peut attraper. C'est ce que fait le b�b� tout de suite avec le plus grand aise.

     Je fais une parenth�se, il faudra que je vous la n...........m (mots effac�s!) (la montre, on m'a)   apport� un petit livre romantique sur la masturbation avec figures,  ..elqu....(idem!) (c'est quelque) chose de tellement ravissant, que je ne peux pas croire que si je le fais ici circuler, il me reviendra.

Manque une page.

(Hilarité bruyante .) Alors je ne sais que faire, je ne sais que faire ...Il faudra, il doit y avoir des appareils, où on peut projeter, comme ça, des objets, et l'ouvrir à la page. Il faut que vous voyez cela . Ca s'appelle " Le livre sans titre. " C'est fait pour, il y a au moins vingt cinq figures, ou une vingtaine, qui démontrent les ravages qu'exerce sur un malheureux, sur tout malheureux jeune homme, bien sûr ( vous savez combien la masturbation avait mauvaise réputation au début du siècle dernier ) , les ravages, les horreurs enfin, que ça produit . Et tout ça, avec un trait et des couleurs, enfin, voir le malheureux jeune homme vomir du sang ! parce que c'est une des choses qui sont les conséquences ... ( C'est quelque chose de sublime )
Je vous demande pardon : ça n'a rien à faire avec mon discours, absolument rien . Ca va me couter horriblement cher, pour des raisons aussi pourquoi je ne voudrais pas m'en séparer . ( Nouvelle hilarité.) Et c'est d'une beauté qui dépasse tout. Et s'il existe des appareils avec lesquels on peut projeter, sans même que la chose soit transparente, je voudrais vous montrer ça ; je n'ai jamais rien vu de pareil ! (rires )

     Enfin, bref . . . Enfin, bref, vous le savez cet embargo sur la jouissance masculine, en tant qu'elle est appréciable quelque part, voilà quelque chose qui est structural, quoique caché, pour la fondation de la valeur .

      Si une femme, qui est un sujet, quand même, dans l'acte sexuel (je dirai même plus : je viens d'articuler (p16) qu'il ne saurait y avoir d'acte sexuel si elle n'est pas, fondée comme sujet ) , pour qu'une femme puisse prendre la fonction de valeur d'échange, il faut qu'elle recouvre quelque chose qui est, - ce qui est déjà institué comme valeur et qui est ce que la psychanalyse révèle sous le nom de " complexe de castration " .

      L'échange des femmes, je ne suis pas en train de vous dire qu'il se retraduit aisément par échange des phallus . Sans ça, on ne voit pas pourquoi les ethnologues ne feraient pas aussi bien leurs tableaux de structures en appelant les choses par leur nom .

    . . . C'est l'échange des phallus en tant que symbole d'une jouissance soustraite comme telle . C'est-à-dire non pas le pénis, mais ce qui ( puisque la femme devient la métaphore de la jouissance ) fait qu'on peut à sa place prendre une nouvelle métaphore, à savoir, cette partie du corps négativée que nous appelons le phallus pour le distinguer du pénis.

    Et ceci n'en laisse pas moins le problème ouvert, que nous venons d'articuler . En d'autres termes, quelque chose s'instaure . Sur quoi, un autre processus : celui de l'échange social, dans la fondation du " matériel " - si je puis dire ! destiné à l'acte sexuel . Et ceci ne laisse pas moins en suspe(nd,) nous pouvons, en raison de cet élément externe, situer quelque chose concernant concernant la femme dans sa fonction de métaphore par rapport à une jouissance, passée à la fonction de valeur . Ce qui est exprimé dans maints mythes . Je n'ai pas besoin de vous rappeller Isis et son deuil éternel, de ce qu'il en est de cette dernière partie du corps qu'elle a rassemblé . Je vous signale seulement, au passage, que , dans ce mythe extrême, où précisément la déesse se définit comme étant, elle ( c'est ce qui la distingue du mortel ) , " jouissance pure " , certes séparée elle aussi du corps, ( mais pourquoi ? parce que . . . ) il n'est pas question, pour elle, de ce qui constitue un corps de son statut comme corps mortel .

    Ceci ne veut pas dire que les dieux . . . - selon la version proposée par ELP)

Dieux n'ont pas de corps, simplement comme vous ne l'ignorez pas ils en changent. M�me le Dieu d'Isra�l a un corps, il faut �tre fou pour ne pas s'en apercevoir. Ce corps est une colonne de feu, la nuit, et de fum�e, le jour, ceci nous est dit dans le livre et ce dont il s'agit l� est � proprement parler son corps. Ce sont des choses que j'aurais mieux d�velopp�es si j'avais pu faire le s�minaire sur le nom du p�re.

    La d�esse est jouissance. Il est important de le rappeler. Son statut de d�esse est d'�tre jouissance et le m�conna�tre c'est proprement se condamner � ne rien comprendre de ce qui est de la jouissance, c'est pourquoi le phil�be est exemplaire o� une r�plique nous annonce qu'en aucun cas les dieux n'ont que faire de la jouissance, ce ne serait pas digne d'eux. C'est l� si l'on peut dire qu'est le point faible du d�part du discours philosophique. C'est d'avoir radicalement m�connu le statut de la jouissance dans l'ordre des �tant.

(p293->) Je ne fais ces remarques que dune fa�on incidente et pour vous rappeler la port�e que cette lecture du phil�be permet de rep�rer avec une exactitude exemplaire le champ limit� dans lequel se d�veloppe tout ce qui va en �tre du statut du Sujet et de ce que signifie la r�cup�ration des questions qui ont �t� de son fait, isol�es.

    Nous voici donc autour de cette question de ce qu'il en est de la jouissance dans l'acte sexuel, disons, pour introduire ce qui est la fin de ce discours, mais qu'il est essentiel d'abord d'articuler avec la plus extr�me scansion, ce qui est la fin de ce discours et de nous permettre de rep�rer en quoi les actes qu'on met et l�gitimement au registre de la perversion concernent l'acte sexuel. S'ils concernent l'acte sexuel c'est parce qu'au point o� il est question de la jouissance, vous verrez que du fait qu'il y a ce point il peut n'en �tre pas moins question au niveau du corps de la femme, mais que c'est par un second biais que nous pouvons l'aborder �tant donn� que la prise, le mod�le qui nous est donn� de ce qui va appara�tre dans les tentatives de solution est dans l'instauration de la valeur de jouissance, c'est-�-dire dans le fait qu'est n�gativ�e la fonction d'un certain organe qui est l'organe m�me par o� la nature par l'offre d'un plaisir assure la fonction copulante d'une fa�on qui est parfaitement contingente, accessoire, chez d'autres esp�ces animales elle l'assure diff�remment, avec des crochets par exemples, et rien ne peut nous assurer que dans cet organe il y ait quoi que ce soit qui concerne � proprement parler la jouissance. Ici, nous avons ce terme par o� s'introduit la valeur, c'est par l� qu'au niveau o� est la question de la jouissance tr�s pr�cis�ment cette jouissance entre en jeu sous forme de question. Se poser la question de la jouissance f�minine eh bien, c'est d�j� ouvrir la porte de tous les actes pervers.

                    Ceci r�sulte pour �a, que les hommes ont en apparence tout au moins, le privil�ge des grandes positions perverses, qu'on pose la question, c'est d�j� quelque chose qu'on puisse la poser, si la femme m�me en a soup�on. Bien s�r, par la r�flexion de ce qu'introduit en elle ce manque de la jouissance de l'homme, elle entre dans ce champ par la voie du d�sir, qui comme je l'enseigne, est le d�sir de l'Autre, c'est-�-dire le d�sir de l'homme, mais c'est plus primitivement que pour l'homme se pose la question de la jouissance, elle se pose en ceci qu'elle est int�ress�e au d�part, au fondement de la possibilit� de l'acte sexuel, et la fa�on dont il va l'interroger c'est au moyen d'objets, de ces objets que j'appelle �a� en tant qu'ils sont marginaux, qu'ils �chappent � une certaine structure du corps, � savoir : � celle que j'appelle sp�culaire, et qui est le mirage par quoi je dis que l'�me est la forme du corps, que tout ce, qui du corps passe dans l'�me, l� est ce qui   peut �tre retenu, l� est l'image du corps, l� est ce par quoi tant d'analystes croient pouvoir saisir ce qu'il en est dans notre r�f�rence au corps, d'o� tant d'absurdit�s, car c'est pr�cis�ment dans cette partie du corps dans ces �tranges limites qui, comme je le dirai, en commentant ces images font boule, font symphyse, dans ces parties du corps que nous appellerons par rapport � la r�flexion sp�culaire partie anesth�sique, c'est l� que se, r�fugie la .question de la jouissance et c'est � ces objets que le Sujet pour qui cette question se pose au premier rang, le sujet m�le, que (p294->) ce sujet s'adresse pour poser la question de la jouissance, bien s�r, ceci au moment o� je vous quitte peut vous para�tre une formule ferm�e, et c'est vrai. Pour autant qu'� tout le moins faudrait-il sur chacun de ces objets majeurs que je viens d'�voquer qui sont ceux que je d�signe sous le nom d'objets �a�, le d�montrer de fa�on exemplaire. Mais ce que je vous d�montrerai ce sera, pour notre prochaine rencontre, c'est comment ces objets servent d'�l�ments questionneurs, ceci ne peut nous �tre donn� qu'� partir de ce que j'ai d'abord articul� la derni�re fois et encore aujourd'hui comme s�paration constitutive du corps et de la jouissance, ai-je seulement besoin de commencer � en indiquer quelque chose pour que vos pens�es aillent tout de suite sur la voie de la pulsion qu'on appelle, � tort, sado-masochique, mais qui est tout de m�me pourtant avec la scoptophyllie, les seuls termes dont Freud se sert comme pivot quant il a � d�finir la pulsion.

            Que la pulsion sado-masochiste joue toute enti�re un jeu o� ce  ce qui est en question est dans le point de disjonction marqu� par mon signe du SA2.jpg� savoir, la disjonction de la jouissance et du corps, c'est pour autant, vous le verrez la prochaine fois dans ces d�tails, que le masochiste, c'est de lui que je partirai, interroge la compl�tude et la rigueur de cette s�paration et la soutient comme telle. C'est par l� qu'il vient � soutirer si je puis dire, du champ de l'autre ce qui reste pour lui de disponible d'un certain jeu de la jouissance, c'est en tant que le masochiste donne une solution qui n'est pas voie de l'acte sexuel, mais  qui se passe sur cette voie que nous pourrons situer de la fa�on juste ce qui se dit de toujours approximatif sur cette position fondamentale du masochiste en tant qu'elle est structure perverse et qu'en son niveau pour l'avoir articul� en son temps, qui est ici primordiale, 1ui seul nous permet de distinguer, car il faut les distinguer, ce qu'il en est de l'acte pervers et ce qu'il en est de l'acte n�vrotique.

    Vous le verrez, je vous l'indique, car j'ai le sentiment de ne pas vous en avoir tant dit aujourd'hui, je vous l'indique pour autant que cela peut � certains servir d�j� de th�me de r�flexion, il faut radicalement distinguer l'acte pervers de l'acte n�vrotique.

    L'acte pervers se situe au niveau de cette question sur la jouissance. L'acte n�vrotique m�me s'il se r�f�re au mod�le de l'acte pervers, n'a pas d'autre fin que de soutenir ce qui n'a rien � faire avec la question de l'acte sexuel � savoir l'effet du d�sir. Ce n'est qu'� poser les questions de cette fa�on radicale, et elle ne peut �tre radicale que d'�tre articul�e logique que nous pouvons distinguer la fonction fondamentale de l'acte pervers, je veux dire, nous apercevoir qu'il est distinct de tout ce qui y ressemble parce que cela  y emprunte son fantasme.

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]