Text/Jacques Lacan/LF07121966.htm

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J.LACAN                        gaogoa

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XIV- La logique du fantasme -1966-1967
    
version rue CB

7 d�cembre 1966                          [#note note]   

(p31->) Vous avez pu la derni�re fois que nous nous sommes rencontr�s ici, entendre ce que vous a propos� J. A. MILLER.

     Je n'ai pu y ajouter des observations. Je pense que vous avez pu remarquer dans cet expos� marqu� d'une surconnaissance de ce qui a �t� inaugur� comme logique moderne par le travail et l'�uvre de BOOLE. Il n'est peut-�tre pas indiff�rent de vous faire savoir que J. A. MILLER qui �tait absent � mon dernier cours n'�tait pas tr�s fix� sur son choix, ces remarques ont leur importance en raison de l'extraordinaire convergence ou encore r�application de ce qu'il a pu �noncer devant vous, sans doute bien s�r en connaissance de cause, c'est-�-dire sachant quels sont les principes et si je puis dire, les axiomes autour desquels tournent maintenant mon d�veloppement. Il  est frappant qu'� l'aide de BOOLE, chez qui est absente cette articulation majeure, qu'aucun signifiant ne saurait se signifier lui m�me, qu'en partant de la logique de BOOLE, c'est-�-dire de ce moment de virage o� en quelque sorte on s'aper�oit � avoir voulu formaliser la formalisation classique, que cette formalisation permet non seulement de lui apporter des extensions majeures et se r�v�le �tre l'essence cach�e sur laquelle cette logique avait pu s'orienter et se construire en croyant quelque chose qui n'�tait pas vraiment sans fondement, en croyant suivre ce que nous allons essayer de cerner aujourd'hui, pour en quelque sorte l'�carter du champ auquel nous allons proc�der : la logique du fantasme.

 La surprenante aisance avec laquelle des champs en blanc de la logique de Boole, Miller a retrouv� la situation, la place o� le signifiant dans sa fonction propre y est �lid� dans ce fameux - 1 dont il a admirablement d�tach� l�exclusion dans la 1ogique de Boole, passant par cette �lision, il laissait la place o� j�articulais ce qui se situe ici.

    Ceci a son importance et vous permet de saisir la coh�rence dans laquelle s�ins�re cette logique au nom des faits de l�inconscient  et si nous sommes ce que nous sommes, c�est-�-dire rationalistes, ce � quoi il faut s�attendre c�est bien �videmment non pas que la logique int�rieure soit en quelque sorte renvers�e, mais nous y fasse retrouver ses propres fondements. Vous avez vu marqu� qu�en ce point qui n�cessite pour nous la mise en jeu d�un certain symbole, ce quelque chose qui r�pond � ce - 1 de Boole, dont il n�est pas s�r que ce soit le meilleur � l�usage. Car le propre d�une logique formelle c�est qu�elle op�re, nous avons � d�gager de nouveaux op�rateurs dans ce qu�� la mesure des oreilles � qui je m�adressais j�ai d�j� essay� d�articuler d�une fa�on maniable pour ce qu�il y avait � manier qui n��tait autre en l�occasion : que la praxis analytique.

    (p32->) Cette ann�e, en partant sur ces limites, sur ces bords, je suis contraint de donner des formulations plus rigoureuses pour cerner ce � quoi nous avons � faire et qui m�rite d��tre pris dans l�articulation la plus g�n�rale qui nous soit donn�e pour l�instant en mati�re de logique, � savoir : ce qui se centre de la fonction des ensembles.

    Je quitte ce sujet de ce que J. A. Miller a apport� moins comme articulation � ce que j�ai d�velopp� devant vous, que comme confirmation, assurance, cadrage, il n�est pas int�ressant de vous pointer qu�en vous d�signant chez J. P. Sartre sous l�appellation de la conscience th�tique de soi la fa�on qu�il a d�occuper la place o� r�side cette articulation 1ogique qui est notre t�che, cette ann�e, il s�agit bien l� de ce qu�on appelle un tenant-lieu. Ce dont nous avons � nous occuper nous autres analystes d�une fa�on �quivalente � celle des autres tenant-lieux quand nous avons � manier ce qui est effet de l�inconscient . C�est bien en quoi l�on peut dire que d�aucune fa�on, ce que je peux �noncer se situe par rapport � J.P- SARTRE puisque ce point fondamental autour duquel tourne le privil�ge qu�il tente de maintenir du sujet. Cette sorte de tenant-lieu ne peut d�aucune fa�on m�int�resser, sinon dans le registre de son interpr�tation.

    Logique du fantasme. Il faudrait presque aujourd�hui rappeler et nous ne pouvons le faire que tr�s rapidement, la fa�on dont touchant du doigt on l'a fait un instant vibrer pour rappeler la vacillation non �teinte de ce qui se rattache � la tradition que le terme d�universitaire �pinglera. I1 n�est pas inutile d�indiquer quels que soient les autres sens qu�on puisse donner � ce terme d�universit�, universitas litterarum, il y a 1� quelque allusion � l�univers du discours. Il est clair que dans cette h�sitation (rappelez-vous la valse que le professeur de philosophie dans l�ann�e o� vous y pass�tes, faisait autour de la logique des 1ois de la pens�e ou de ses normes, de la fa�on dont �a fonctionne et que nous allons extraire scientifiquement, ou la fa�on dont il faut que ce soit conduit). Admettez que pour qu�on en soit encore � ne pas avoir tranch� le d�bat, peut-�tre le soup�on nous peut venir que la fonction de l�universit� au sens o� je l�articulais tout � l�heure est peut-�tre d�en �carter la d�cision. Je veux dire que cette d�cision est peut-�tre plus int�ress�e, je parle de logique dans ce qui se passe au Vi�t-Nam. Qu�il en est de la pens�e, si tant est qu�elle reste encore ainsi suspendue dans ce dilemme entre ces 1ois qui d�s lors nous laissent � nous interroger si elle s�applique au monde, disons plut�t au r�el, autrement dit : si elle ne r�ve pas. Je ne perds pas ma corde psychanalyste. Pour nous, analystes, savoir si l�homme qui pense r�ve, est une question qui a un des sens les plus concrets.

    Pour vous tenir en haleine, sachez que j�ai l�intention de passer cette ann�e � ce qu�il en est de l��veil ; normes de la pens�e � l�autre oppos�. Voil� bien qui nous int�resse aussi et dans sa dimension non r�duite par ce petit travail de pon�age par lequel, g�n�ralement le professeur, quand il s�agit de logique dans sa classe de philosophie, finira par faire que ces lois et ces normes finissent par se pr�senter avec la m�me ligne qui permet de filer du doigt l�un sur l�autre, autrement dit, de manier tout �a � l�aveugle.

     (p33->) Pour nous analystes, cette dimension n�a pas perdu son relief ; qui s�intitule celle du vrai, pour autant qu�apr�s tout elle ne n�cessite pas, n�implique pas en elle-m�me le support de la pens�e et que, si � interroger ce que c�est le vrai dont il s�agit, � propos de quoi j�ai suscit� le fantasme d�une norme, assur�ment, il appara�t bien d�origine que ce n�est pas immanent � la pens�e.

    Si je me suis permis, pour les faire vibrer, d��crire une figure qu�il n��tait pas difficile de faire vivre, celle de la v�rit� sortant du puits, " moi, la v�rit� je parle " c�est pour pointer ce relief o� il s�agit pour nous de maintenir ce � quoi s�accroche notre exp�rience et qui est impossible � exclure de l�articu1ation de Freud, car Freud y est mis tout de suite au pied du mur et on n�est pas forc� d�intervenir pour �a, il n�y �tait mis lui-m�me. La question de la fa�on dont se pr�sume le champ de l�interpr�tation, le mode sous lequel la technique de Freud lui offre l�occasion : l�association libre qui autrement dit, nous porte au c�ur de cette organisation formelle d�o� s��bauchent 1es premiers pas d�une logique math�matis�e qui a un nom : r�seaux, treillis, et l�on pr�cise (que ce n�est pas ma fonction de pr�ciser aujourd�hui) que ce qu�on appelle treillis ou lattis, c�est de cela qu�il s�agit dans ce que Freud aussi bien dans ses premi�res esquisses d�une nouvelle psychologie et dans la fa�on dont il organise le maniement de l�analyse comme telle, qu�il construit avant la lettre, si je puis dire, et comment 1�objection lui est faite en un point pr�cis de la Traumdeutung, il a � r�pondre � l�objection bien s�r avec votre fa�on de proc�der � tout carrefour, vous aurez bien l�occasion de trouver un signifi� qui fera le pont entre deux significations si avec votre fa�on d�organiser les ponts vous irez toujours de que1que part � quelque part. Ce n�est pas pour rien que j�avais mis une petite �tiquette d�une interpr�tation du XVIII �me si�cle, sur les hi�roglyphes �gyptiens, l�arsille et le pont, c�est de cela qu�il s�agit dans Freud, dans ce r�seau o� il nous apprend � fonder 1a premi�re interrogation. C�est en effet un petit pont, c�est comme �a que �a fonctionne. Ce qu�on lui objecte c�est qu�ainsi tout expliquera tout.

    Autrement dit, ce qui s�oppose � l�interpr�tation psychanalytique fondamentalement, ce n�est aucune esp�ce de " critique scientifique ", comme on l�imagine dans ce qui est le bagage de ceux qui entrent dans la m�decine qui ont encore un peu aussi de philosophie. � savoir que le scientifique se fonde sur l�exp�rience. Bien entendu on a pas encore ouvert Claude Bernard, mais on en conna�t le titre !

    C�est une objection qui remonte � la tradition m�di�vale o� on savait ce qu��tait la logique, o� c��tait bien plus r�pandu que de notre temps. Les choses en sont au point qu�ayant gliss� dans une interview que j�avais une certaine pratique de scolastique, j�ai pri� qu�on efface �a, sinon qu�est-ce que les gens auraient cru !

    Il est de la caract�ristique du faux de rendre tout vrai.

    La caract�ristique du faux c�est qu�on en d�duit du m�me pas, du (p34->) m�me pied, le faux et le vrai, il n�exclut pas le vrai, ce serait trop facile de le reconna�tre pour s�apercevoir de �a, il faut avoir fait un petit nombre minimum d�exercice logique, il est regrettable que �a ne fasse pas partie des �tudes de m�decine. Il est clair que fa�on dont Freud r�pond, nous porte tout de suite sur le terrain de la structure du r�seau, il ne1�exprime pas bien s�r dans tous les d�tails, avec les pr�cisions modernes que nous pourrions lui donner.

    Il serait int�ressant de savoir comment il a pu ou n�a pas pu profiter de 1�enseignement de BRENTANO. La fonction de la structure du r�seau comme la fa�on dont les lignes d�association viennent converger en des points, illustrent d�o� se font les d�parts �lectifs, voil� ce qui est indiqu� par Freud. On sait assez, par toute la suite de son oeuvre l�inqui�tude, le v�ritable souci qu�il avait de cette dimension qui est celle de la v�rit�, car du point de vue r�alit� on est � l�aise, m�me � savoir peut-�tre que 1e traumatisme n�est que fantasme d�une certaine fa�on, c�est m�me plus sur un Fantasme comme je suis en train de vous le montrer, c�est structural, mais �a ne 1aisse pas Freud, qui �tait aussi capable que moi de l�inventer, �a ne le laisse pas plus tranquille. O� est le crit�re de v�rit� ? demande-t-il. Il n�aurait pas �crit " l�homme aux loups " si ce n��tait pas sur cette piste, sur cette exigence, est-ce que c�est vrai ou pas .�

Est-ce que c�est vrai qu�il supporte ce qui se d�couvre � interroger la figure fondamentale qui se manifeste dans le r�ve � r�p�tition de l�homme aux loups ? Est-ce que c�est vrai, ne se r�duit pas � savoir si oui ou non, et � quel age il a v�cu quelque chose qui est reconstruit � l�aide de la figure du r�ve ? L�essentiel  est de savoir comment le sujet, l�homme aux loups, a pu cette sc�ne la v�rifier, dessous son �tre et par son sympt�me, ceci veut dire (car Freud ne doute pas de la r�alit� de la sc�ne originelle) comment il a pu l�articuler en termes proprement de signifiant. Vous n�avez qu�� vous rappeler la figure du V romain en tant qu�elle y est en cause entre les jambes �cart�es d�une femme ou d�ailes de papillon, pour comprendre qu�il s�agit du signifiant. Rapport de la v�rit� au signifiant, le d�tour par o� l�exp�rience analytique rejoint le proc�s le plus moderne de la logique, consiste justement en ceci : c�est que ce rapport du signifiant � la v�rit� peut court-circuiter toute pens�e qui le supporte et de m�me qu�une sorte de vis�e se profile � l�horizon de la logique moderne qui est celui qui r�duit 1a logique � un maniement correct de ce qui est seulement �criture, de m�me, pour nous 1a question de la v�rification concernant ce � quoi nous avons � faire passe par ce fil direct du jeu du signifiant pour autant qu�� 1ui seul  reste suspendue la question de la v�rit�. Il n�est pas facile de mettre en avant un terme comme celui du vrai sans faire raisonner imm�diatement tous les �chos o� viennent se glisser " les intuitions ", les plus suspectes, sans aussit�t produire les objections faites de vieilles exp�riences dont ceux qui s�engagent sur ce terrain savent trop (chat �chaud� craint l�eau froide) qui vous disent que par ce que je vous fais dire " moi la v�rit� je vous parle " que par l� j�ouvre sa rentr�e au th�me de l��tre, par exemple. Regardons-y au moins pour 1e savoir, � deux fois. contentons-nous de ce n�ud tr�s express que je viens de faire entre la v�rit�, je n�ai pas impliqu� nulle personne sinon celle � qui je fais dire ces mots : " moi la v�rit� je parle ", nulle personne divine ou humaine est int�ress�e en dehors (p35->) de celle-ci, � savoir : ce point d�origine entre le signifiant et la v�rit�. Quel rapport entre ceci et le point d�o� je suis parti tout � l�heure, est-ce � dire qu�� vous porter sur ce champ de 1a logique la plus formelle j�ai oubli� celui o� se joue � mon dire de tout � l�heure 1a sorte de logique. Il est c1air que Bertrand Russel s�int�resse plus que J-Maritain � ce qui se passe au Vi�t-Nam. Ceci � soi tout seul peut nous �tre une indication.

    En �voquant le "  paysan de la Garonne " sous son dernier habillement (dernier livre de Jacques Maritain) cet auteur qui s�est occup� de scholastique influence de la philosophie de St Thomas, qui n�a pas de raison de ne pas �tre �voqu�e ici dans la mesure o� l��vocation de l��uvre n�a pas d�incidence sur la 1ogigue. Si j��voque J. MARITAINT et si implicitement je vous invite � vous y reporter dans cet esprit du paradoxe qui s�y d�montre, qui maintient chez cet auteur parvenu � son grand age, cette sorte de rigueur qui permet d�y voir pousser jusqu�� une impasse caricaturale, dans un rep�re tr�s exact de tout le relief du d�veloppement de la pens�e moderne, le maintien des espoirs les p1us impensables de ce qui devrait se d�velopper dans sa marge pour que puisse se maintenir ce qu�il appelle l�intuition de l��tre. Il parle � ce propos : d��ros philosophique. Je n�ai pas � r�pudier devant vous, l�usage d�un tel terme, mais son usage en cette occasion, � savoir : au nom de la philosophie de l��tre esp�rer la renaissance corr�lative de la science moderne, d�une philosophie de la nature, participe d�un �ros qui ne peut relever que de la com�die italienne. Ceci n�emp�che nullement au passage, pour reprendre ses distances, que soient point�es des remarques des plus pertinentes concernant ce qu�il en est de la structure de la science que notre science ne comporte rien de commun avec la dimension de la connaissance, voil� qui en effet, est fort juste, mais ne comporte pas une promesse que cette renaissance de la connaissance antique est rejet�e qu�elle comporte une autre perspective dont je reprendrai apr�s cette parenth�se ce qu�il s�agit d�interroger.

    Nulle n�cessit�, pour nous, de reculer devant l�usage de ces tableaux de v�rit� par o� les logiciens introduisent par exemple un certain nombre de fonctions fondamentales de logique de 1a proposition,

Via Ferrata Skuleberget.jpg

    La conjonction de deux propositions implique que si nous mettions les valeurs, �. savoir, que si de deux propositions :

    La valeur P ; vrai ou faux

    La valeur Q : vrai ou faux

    Ce qu�on appelle conjonction est-ce que ce ne sera vrai que si les deux sont vrais ? Dans tous les autres cas, leur conjonction sera fausse. II suffit que vous ouvriez n�importe quel livre de logique moderne pour trouver l�implication, l��quivalence.

(p36->)

    Ceci peut �tre pour nous support, mais n�est que support et appui � ce que nous avons � demander � savoir : est-il licite ce que nous manions par la parole, ce que nous disons, et dire qu�il y a v�rit�, est-il licite d��crire ce que nous disons pour autant que de 1��crire va �tre pour nous le fondement de notre manipulation.

    En effet, la logique moderne, je viens de le dire et de le r�p�ter, entend s�instituer, je n�ai pas dit d�une convention, mais d�une r�gle d��criture, laquelle r�gle d��criture bien s�r, se fonde sur quoi ? Sur le fait qu�au moment d�en constituer l�a1phabet nous avons pos� un certain nombre de r�gles appel�es axiomes concernant leur manipulation correcte et que ceci comporte une parole qu�� nous- m�me nous nous sommes donn�s.

    Avons-nous le droit d�inscrire dans les signifiants : le vrai et le faux, du vrai et du faux comme quelque chose de maniable logiquement.

    Il est s�r que quel que soit le caract�re introductif, pr�miciel de ces " tableaux de v�rit� " qui peuvent nous tomber sous la main, l�effort de cette logique sera-t-il de construire la logique propositionnelle sans partir de ce tableau, d�t-on d�ailleurs apr�s avoir construit autrement les r�gles de la d�ductibilit�, y revenir.

    Mais ce qui nous int�resse c�est aussi de savoir ce que �a voulait dire qu�on s�en soit servi, je dis ici tout sp�cia1ement, dans la logique sto�cienne.

    J�ai fait allusion � :

Il est clair que �� n�a �t� articul� avec une telle force nulle part mieux que chez les sto�ciens .

    Sur le vrai et le faux, les sto�ciens se sont interrog�s par cette voie logique, � savoir : qu�est-ce qu�il faut pour que le vrai et le faux aient un rapport avec la 1ogique au sens propre o� nous  le pla�ons ici, � savoir : que le fondement de la logique n�est pas � prendre ailleurs que dans l�articulation du langage dans la cha�ne signifiante. C�est pourquoi leur logique �tait une logique de proposition et non une logique de classe. Pour qu�il y ait une logique de proposition. pour que �a puisse m�me op�rer, comment faut-il que les propositions s�encha�nent au regard du vrai et du faux, ou cette 1ogique n�a rien � faire avec le vrai ou le faux, ou si elle a � faire, le vrai doit engendrer le vrai, c�est ce qu�on appelle la relation d�implication en un sens o� elle ne fait rien intervenir d�autre que deux temps proportionnels : la protase. pour ne pas dire hypoth�se, il ne s�agit pas de croire, il s�agit de poser que ce qui est affirm� est affirm�  comme vrai et la seconde proposition l�apodose. Nous d�finissons l�implication comme quelque chose o�  il peut y avoir rien de plus : une protase vraie et une apodose vraie. Ceci ne peut donner que quelque chose que nous mettons entre parenth�ses et qui constitue une liaison vraie, cela ne veut pas dire du tout qu�il ne puisse y avoir que �a..

    (p37->) Supposons la m�me protase fausse et l�apodose vraie eh bien ! les sto�ciens vous diront que ceci est vrai, parce que tr�s pr�cis�ment du faux peut �tre impliqu� aussi bien le vrai que le faux, par cons�quent et c�est le vrai, il n�y a pas d�objection logique.

    L�implication ne veut pas dire la cause, l�implication veut dire cette liaison o� s�inscrit d�une certaine fa�on concernant le tableau de la v�rit�, la protase et l�apodose.

    La seu1e chose qui ne peut pas aller est la doctrine du d�nomm� FILON, c�est que la protase soit vraie et l�apodose fausse.

    Le fondement le plus radical de toute possibilit� de manier dans un certain rapport avec la v�rit�, la cha�ne signifiante comme telle, nous avons donc la possibilit� d�un tableau. Alors, la liaison d�implication est connot�e de fausset�. Qu�est-ce que �a veut dire ? Bien s�r les conditions d�existence les plus radicales d�une logique vous ai-je dit.

   Le probl�me tout � fait �vident c�est ce que nous avons, nous, � faire quand nous avons ensuite � parler de ce qui est �crit.

    En d�autres termes, quand le sujet de l��nonciation entre en jeu pour le mettre en valeur, nous n�avons qu�� observer ce qui se passe quand nous disons � qu�il est vrai, qu�il est faux � �a ne bouge pas, � savoir que simp1ement le faux reprend peut-�tre je ne sais quoi de lustre, d�encadrement qui le fait passer au faux rayonnement.

    Dire du faux qu�il est vrai, n�a pas le m�me r�sultat, je veux dire que nous fondons le faux, mais nous dirons plut�t qu�il est faux qu�il soit vrai.        L�emploi du subjonctif nous indique qu�i1 se passe quelque chose.

    Dire qu�il est vrai qu�il est vrai, va bien aussi, nous laisse une v�rit� assur�e encore que tautologique, mais dire qu�il est faux qu�il soit vrai n�assure sans doute pas le m�me ordre de v�rit�.

    Dire qu�il soit faux, ce n�est pas pour autant dire que c�est vrai. Nous nous voyons donc avec la dimension de l��nonciation remise en suspens de quelque chose qui ne demandait qu�� fonctionner d�une fa�on tout � fait automatique, au niveau de l��criture, c�est pourquoi il est tout � fait frappant de noter quel est le c�t� glissant de ce point o� le drame surgit tr�s exactement de cette duplicit� du sujet. Je n�h�siterai pas � illustrer d�une petite histoire de ma carri�re, cette r�clamation d�exigence qui un jour surgissant de la gorge de quelqu�un de tr�s s�duit par ce que j�apportais de l�articulation de mon enseignement, touchante jaculation lanc�e vers le ciel : " Pourquoi ne dit-il pas le vrai sur le vrai ?. "

    ( p38->) Cette sorte d�inqui�tude trouverait sa r�ponse suffisamment, � condition de repasser au signifiant �crit le vrai sur le vrai. Le vrai sur le vrai, le signifiant ne saurait se signifier lui-m�me, sauf � ce que se ne soit pas lui qui le signifie, sauf � user de la m�taphore, qui substitue un signifiant autre � ce V de la v�rit�, et de la faire ressortir, � savoir : la cr�ation d�un signifi� faux.

    A propos du discours aussi rigoureux que j�essaie de faire aujourd�hui, �a peut encore dans vos cervelles engendrer ces sortes de confusions li�es �  la production du signifié dans la m�taphore.

    Il n�est pas �tonnant que me revienne aux oreilles, de la m�me source o� se produisit une invocation concernant ce que j�enseigne de Freud, ce que cette bouche �l�gamment articul� comme " d�layage conceptuel " !

    Il y a une sorte d�abus o� se d�signe que le rapport �troit qu�a avec la structure du sujet, l�objet partiel. Le fait d�admettre qu�il est possible de commenter un texte de Freud en d�1ayant ses concepts �voque ce qui ne saurait satisfaire � la fonction de l�objet partiel, que l�objet  partiel doit pouvoir �tre tranch�. Le pot de moutarde d�fini comme �tant n�cessairement vide de moutarde, ne saurait �tre rempli de fa�on satisfaisante avec un d�layage, avec la merde molle.

    Il est essentiel de voir la coh�rence qu�ont ces objets primordiaux avec tout maniement correct d�une dialectique subjective.

    Pour reprendre ces premiers pas concernant l�implication, il est n�cessaire de voir surgir ce joint entre la v�rit� et l��crit, � savoir : ce qui peut �tre �crit et ce qui ne le peut pas. Que veut dire ce � ne peut pas � dont la 1imite la d�finition reste enti�rement arbitraire. La seule limite pos�e dans la logique moderne au fonctionnement d�un Alphabet dans un certain syst�me, la seule limite �tant celle de la parole donn�e, axiomatique et initiale. Que veut dire le � ne peut- pas � ? Il a un sens dans la parole donn�e, initiale, interdictif. Mais qu�est-ce qui peut s�en �crire ?. Le probl�me de 1a n�gation est � poser au niveau de l��criture en tant qu�elle la r�gle comme fonctionnement logique. Ici tout de suite, bien s�r, nous appara�t la n�cessit� qui a  fait surgir d�abord cet usage de la n�gation dans ses images intuitives, marqu�es par le premier dessin de ce qu�on ne souhaite point �tre bord, les images d�une limite, celle o� la logique premi�re, celle introduite par Aristote, logique du pr�dicat, qui marque le champ o� une classe se caract�rise par un pr�dicat donn� et l�hors ce champ li� par ce joint au pr�dicat. Il n�est pas articul� au niveau d�ARISTOTE, que ceci comporte l�unit� de l�univers du discours, comme je dis � propos de l�inconscient, de faire ressentir l�absurdit� de faire ressortir qu�il y a le noir et ce qui ne l�est pas. C�est le fondement de la 1ogique du pr�dicat.

    Ce n�est pas aujourd'hui, mais dans les s�ances qui vont suivre, que je vais essayer de distinguer pour vous, d�une fa�on compl�te quels sont au niveau logique, � proprement parler, ce qui s�impose de l��criture elle-m�me de discerner (p39->) la n�gation, c�est au moyen de petites lettres que je vous montrerai qu�il y a quatre �chelles diff�rentes de n�gation, dont la n�gation classique, celle qui invoque et parait se fonder uniquement sur le principe de la contradiction, n�est qu�une d�entre elle, cette distinction technique, je veux dire, ce qui peut se formuler strictement en logique formelle, est essentiel pour nous permettre de mettre en question ce que Freud dit, et que depuis qu�i1 l�a dit, on la r�p�te : que l�inconscient ne conna�t pas la contradiction. Il est bien triste que certains propos soient lanc�s sous cette forme de fl�ches illuminant ces formes, nous mettre sur la piste des d�veloppements les plus radicaux et que ce soit rest� � cet �tat, suspendu au point qu�une dame qualifi�e d�un titre qu�elle avait officiellement : Princesse, qu�elle r�p�tait en croyant qu�elle disait quelque chose, c�est le danger !

    Que la logique ne se supporte que l� o� on peut la manier dans 1�usage de l��criture, mais � proprement parler, personne ne peut assurer que quelqu�un qui en parle, dit quelque chose. C�est �a qui le fait prendre en suspicion, c�est pour �a qu�il est n�cessaire de recourir � l�appareil de l��criture.

    Nous devons nous apercevoir du mode sous lequel surgit ailleurs que dans l�articulation �crite, cette n�gation. O� allons-nous pouvoir la saisir ? Ou allons-nous devoir �tre forc�s de l��crire avec les seuls appareils que j�ai d�j� produit devant vous !

    Prenons cette implication : la proposition P implique la proposition : Q. Essayons de voir ce qu�il en est, en partant de Q, � savoir : ce que nous pouvons articuler de la proposition P, si nous la mettant apr�s la proposition Q, nous devons �crire la n�gation avant, ou � cot�. ou au-dessus, quelque part, li�e � Q. P implique Q, indique que si non Q par de P.

    On a donc saisi un exemple, et l�un des plus simples, de la n�cessit� du surgissement dans l��crit, de quelque chose dont on aurait bien tort de croire que c�est le m�me qui fonctionnait tout � l�heure au titre du compl�mentaire, � savoir qui de lui-m�me posait l�univers du discours comme 1 , les deux choses vont si peu ensemble qu�il suffit de les d�cr�ter pour les d�sarticuler l�une et l�autre, et faire que l�une et l�autre fonctionnent distinctement.

    Ceci se propose comme � interroger de l�avant pour ce qui peut �tre �crit, � savoir : du point o� s�illumine la duplicit� du sujet de l��nonciation au sujet de l��nonc�, cette duplicit� o� ce sujet se maintient, nous aurons d�abord la fonction de la n�gation pour autant qu�elle rejette tout ordre de discours en tant que le discours l�articule, ce dont elle parle, �a je vous le ferai remarquer.

Ce que Freud avance et ce qui est m�connu quand il articule le premier pas de l�exp�rience en tant qu�il est structur� par le principe du plaisir, comme s�ordonnant, dit-il d�un moi et d�un non-mais. On est si peut logicien, qu�on ne s�aper�oit pas qu�� ce moment, il ne saurait s�agir, ceci avec une fa�on d�autant (p40->) plus fautive que dans le texte de Freud les deux �tudes sont distingu�es, le moi et le non-moi, lust-unlust, pas d�ordre de compl�mentarit� de l�ordre du discours.

    Si moi et non-moi voulaient dire ; saisie du monde dans un univers du discours celle qui est ce qu�on �voque � consid�rer que le narcissisme primaire peut intervenir dans la science analytique, ceci voudrait dire que le sujet infanti1, au point o� Freud le d�signe d�j� dans 1e premier fonctionnement du principe du plaisir, est capab1e de faire de la logique ! Alors que ce dont il s�agit c�est de l�identification du moi dans ce qui lui plait, dans le lust. Ce qui veut dire que le moi du sujet ici s�ali�ne de fa�on imaginaire, ce qui veut dire que c�est pr�cis�ment dans le dehors, que ce qui plait est isol� comme moi, ce premier non qui est fondateur quant � 1a structure narcissique, pour autant que dans la suite de Freud elle ne se d�veloppera que dans cette sorte de n�gation de l�amour.

    On ne dira pas que je ne dis pas le vrai sur le vrai, mais le vrai sur ce que dit FREUD.

    Que tout amour soit fond� dans ce narcissisme premier, voil� une des demandes o� FREUD nous sollicite de savoir ce qu�il en est de cette fonction pr�tendue universelle, pour autant qu�elle vient donner la main � la fameuse intuition de l��tre.

    Le m� de m�connaissance qui se distingue du comp1�ment en tant que dans l�univers du discours il d�signe et peut d�signer la contre partie. Nous l�appellerons le " contre " pour ne pas dire le contraire. Il est distinct pour FREUD lui-m�me. Ce � quoi je fais allusion dans l�implication pour le r�v�ler dans les r�v�lations opaques dans leur retournement, dans l�implication elle-m�me, le " pas-sans ", l�implication telle que d�finir (?) dans la tradition sto�cienne. Il y a quelque paradoxe � ce qu�elle soit constitu�e telle que n�importe quelle proposition P et Q constitue une implication et qu�il est clair que de dire que si Mme Untel a les cheveux jaunes, les triangles �quilat�raux ont une proportion pour leur hauteur. Mais ce qu�implique la proposition du retournement � savoir que la condition devient n�cessaire de renverser la seconde proposition vers la premi�re, c�est le " pas-sans ".

    Ceci ne va pas sans � Mme Untel peut avoir les cheveux jaunes � �a n�a pas pour nous de liaison n�cessaire avec ceci : que le triangle �quilat�ral doit avoir quelque propri�t�. Reste le fait qu�elle ait les cheveux jaunes, �a ne va pas sans que quelque chose paraisse vrai. Ce pas sans le place, le surgissement de ce qu�on appelle la cause, si on peut donner une existence � cet �tre fantasmatique, c�est la fonction de ce " pas sans " et la place qu�il occupe qui nous permettra de 1e d�busquer.

    Pour terminer sur ce qui fera l�objet de notre prochaine rencontre, qu�est-ce que veut dire le terme : non. Pouvons-nous le faire surgir en tant que forme du compl�mentaire du monde la m�connaissance, si ce terme de ce " pas sans ", quand il viendra � s�appliquer aux termes les plus radicaux sur lesquels je (p41->) fais tourner pour vous la question de l�inconscient, peut-il nous venir � l�id�e que quand nous parlons du non-�tre, il s�agisse de quelque chose qui serait au pourtour de la bulle de l��tre ? Est-ce que le non-�tre c�est tout l�espace � l�ext�rieur ? Est-il possible de sugg�rer que c�est �a que nous voulons dire, ce non �tre que j�aimerais mieux intituler : " le lieu o� je ne suis pas". ?

    Quant au "ne pas penser" qui ira � dire que c�est l� quelque chose qui ne puisse se saisir dans ce autour de quoi la logique du pr�dicat. La compr�hension comme si elle constituait la moins antinomique au registre de l�extension, qu�il est clair que tout pas qu�on a fait dans la logique c�est fait sous l�angle de l�extension. Que la n�gation puisse continuer d��tre dans un questionnement primordial mis en usage, concernant ce dont il s�agit, si elle doit rester li�e � l�extension, que veut dire ce " ne pas penser " . Au point que nous puissions l��crire dans notre logique ? Question autour de quoi, celle du " je ne suis pas " et du " je ne pense pas, " je ferai porter notre prochain entretien.

 
   
note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page]  (revu le 25/10/2004)
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