Text/Jacques Lacan/NDP12031974.htm

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J.LACAN                           gaogoa

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'XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

                                        version rue CB

12 mars 1974                        [#note note]

(p102->) Le docteur Lacan ordonne quatre croquis au tableau.
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    BON ALORS J'ENTRE dans le vif du sujet, quoique j'aie bien s�r envie plut�t, de parler d'autre chose. Dire par exemple que . . . que j'ai pas � me plaindre, enfin que, que . . . que je donne, enfin, du m�me coup que je vous donne, je m'en excuse, je vous donne � manger du foin, c'est du foin, tout �a. C'est des trucs qui s'entrecroisent, et qui ne passent pas, enfin. De sorte que je n'ai pas � me plaindre en ce sens que, de deux choses l'une : ou on me rend mon foin tout de suite, c'est ce qui arrive, comme �a, mon foin tel quel, enfin, c'est pas du tout quelque chose qu'on ne supporte pas, on me le ressert tel que, tel que je l'ai propos� - c'est ce qui arrive � certains - et alors il y a des personnes , par exemple que ce foin chatouille tellement � l'entr�e de la gorge, qu'elles me vomissent du Claudel, par exemple. C'est parce qu'elles l'avaient d�j� l� . . . Je suis emb�t�, je suis emb�t� parce que la personne � qui j'ai fait vomir du Claudel a t�l�phon� - � Gloria naturellement - au moment . . . pour lui demander o� se tenait mon s�minaire. Je suis absolument d�sol�, enfin, j'esp�re qu'elle a fini par le savoir, elle est peut-�tre l�, en tout cas si elle n'est pas 1�, qu'on lui porte mes excuses, parce que Gloria l'a envoy�e aux pelotes, et c'est pas du tout ce que . . . ce que j'aurais d�sir� : pourquoi est-ce qu'elle ne serait pas venue manger du foin avec tout le monde . . . Bon. bon. eh bien mon foin en question, en fin, c'est ce que vous savez qui est � l'ordre du jour, n 'est-ce pas, par mon fait c'est le noeud borrom�en.

(p103->)

    Je peux dire que je suis g�t�, parce que, on vient de m'en apporter un , africain. C'est le noeud borrom�en en personne, n'est-ce pas. Il est . . . je vous en certifie l'authenticit�, par ce que depuis le temps que je le manie, je commence � en conna�tre un bout . . . et �a me plait beaucoup, parce que s'il y a une chose autour de quoi je me casse la t�te - j'ai m�me interrog� l�-dessus, enfin, c'est . . . c'est de savoir d'o� �a vient. On l'appelle [http://www.mathcurve.com/courbes3d/borromee/borromee.shtml borrom�en], c'est pas du tout qu'il y a un type qui un jour l'ait d�couvert, c'est bien entendu d�couvert depuis longtemps, et ce qui m'�tonne c'est que, c'est qu'on ne s'en soit pas plus servi, enfin, parce que c'�tait vraiment, c'�tait vraiment une fa�on de prendre ce que j'appelle les trois dimensions. On les a prises autrement, il doit y avoir des raisons pour �a. Il doit y avoir des raisons pour �a, parce qu'on ne voit pas du tout pourquoi - enfin, on ne voit pas au premier abord - on ne voit pas pourquoi on n'aurait pas essay� de serrer le point, de faire le point, si vous voulez, avec �a, plut�t qu'avec des choses qui se coupent. C'est un fait que �a ne s'est pas pass� comme �a. Quel sort �a aurait eu si �a s'�tait pass� comme �a, il est probable que �a nous aurait dress�s tout diff�remment.

    C'est pas du tout que ceux qu'on appelle les philosophes, c'est-�-dire, mon Dieu, ceux, ceux qui essayent de dire quelque chose � notre . . . � nos �tats, enfin, d'y r�pondre, c'est pas du tout qu'on n'ait pas trace que ces histoires de noeuds, justement , �a ne les ait pas int�ress�s, parce que : il y a vraiment, il y a vraiment tr�s longtemps que des personnes qui se trouvent curieusement avoir autant qu'on le sache - s'�tre class�es depuis longtemps autant qu'on le sache, parmi les femmes, enfin, ce que j'appelle " les femmes " - et c'est au pluriel comme vous le savez, enfin, il y en a quelques-uns qui sont l� depuis longtemps - que les femmes, elles s'y entendent, � �a, � faire des trames, des tissus. Et �a aurait pu mettre sur la voie, c'est tr�s curieux que, bien au contraire, �a ait inspir� plut�t intimidation. Aristote, enfin, en parle, et c'est tr�s curieux qu'il ne l'ait pas pris pour objet. Parce que �a aurait �t� un d�part qui n'aurait pas �t� plus mauvais qu'un autre. Qu'est-ce qu'il y a , qu'est-ce qu'il y a qui fait que, les noeuds, les noeuds, �a s'imagine mal ? Ça comme �a, parce que c'est fait d'une certaine fa�on, �a se soutient ( le docteur Lacan parle ici du noeud africain qu'il tient en main ) . . . Mais c'est une fois que c'est mis � plat que c'est pas commode � manier, et c'est probablement pas pour rien, enfin, que, avec ces noeuds c'est toujours des choses qui font tissu, c'est-�-dire qui font surface, qu'on a essay� de fabriquer. C'est probablement que la chose mise � plat, la surface, c'est tr�s li�, enfin, � toutes sortes d'utilisation. Oui.

    Que les noeuds s'imaginent mal - je vais tout de suite vous en donner une preuve. Bon.

    Vous faites une tresse. Une tresse � deux. Vous (p104->) n'avez pas besoin d'en faire beaucoup, il suffit que vous entrecroisiez une fois, puis une seconde, au bout de deux, vous retrouvez vos deux dans l'ordre. Nouez-les maintenant bout � bout, � savoir le m�me avec le m�me. Eh bien, c'est nou�. C'est m�me nou�, on peut dire, deux fois. �a fait double boucle. Ca tient ensemble, les . . . ce que vous avez rejoint, c'est-�-dire, comme l'a un jour mis en titre de mon dernier s�minaire de l'ann�e derni�re mon fid�le Achate, il a appel� �a " les ronds de ficelle ". Je ne sais pas si dans le texte j'avais appel� �a comme �a ou autrement, c'est probable que je l'avais appel� comme �a, mais il l'a mis en titre. Bon.

      Bien. Faites maintenant une tresse � trois. Avant que vous retrouviez, dans une tresse � trois, les trois brins appelons �a des brins, aujourd'hui, par exemple - les trois brins dans l'ordre, il faut que vous fassiez six fois le geste d'entrecroiser ces brins, moyennant quoi, apr�s que vous ayez fait six fois ce geste, vous retrouvez les trois brins dans l'ordre Et l�, de nouveau, vous les joignez. Eh bien, c'est quand m�me quelque chose qui ne va pas de soi, qui ne s'imagine pas tout de suite : c'est que, si une fois ce noeud que je vous ai dit tout simplement �tre un noeud borrom�en, � savoir tel qu'il est sous la forme la plus simple, celui qui est l� � gauche, �a ne va pas de soi qu'ayant tress� comme dans le premier cas, voyez � la fin du compte que �a tient d'un double noeud, �a ne va pas de soi qu'il suffise que vous rompiez un de ces brins pour que les deux autres soient libres. Parce qu'au premier regard, ils ont l'air tr�s bien tortill�s l'un autour de l'autre, et on pourrait pr�sumer qu'ils tiennent tout aussi bien que dans la tresse � deux. Eh bien pas du tout : voyez tout de suite qu'ils se s�parent. Il suffit qu'on coupe un des trois pour que les deux autres s'av�rent n'�tre pas nou�s. Et ceci reste vrai quelque soit le multiple de six dont vous poursuiviez la tresse. Il est bien certain en effet que, puisque vous avez retrouv� vos trois brins dans l'ordre au bout de six gestes de tressage, vous allez �galement les retrouver dans l'ordre quand vous en ferez six de plus. Ca vous donnera, quand vous en ferez six de plus ce noeud borrom�en-l� ( croquis n� 3). C'est-�-dire que ce que vous voyez ici passer une fois, � l'int�rieur des deux autres noeuds, dont vous pouvez voir qu'ils sont - c'est pour �a que je les ai pr�sent�s comme �a - libres l'un de l'autre, vous faites �a, en r�alit� ici vous voyez, deux fois. 

Et c'est toujours un noeud dit borrom�en, en ceci que quelque soit celui que vous rompiez, les deux autres seront libres. Avec un tout petit peu d'imagination, vous pouvez voir pourquoi, c'est parce que, ils sont prenons ces deux-ci par exemple, ils sont tels que, disons pour dire les choses simples, qu'ils ne se coupent pas, qu'ils sont l'un au dessus  de l'autre. Vous pouvez vous vous apercevoir que c'est vrai pour chaque

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(p105->) couple de deux. Bon. Voil� deux fa�ons de faire le noeud borrom�en, mais qui ne sont en r�alit� qu'une seule, c'est � savoir de les tresser un nombre ind�fini de fois multiple de six, �a sera toujours un aussi authentique noeud borrom�en.

    Je m'excuse pour ceux que �a peut fatiguer, �a a tout de m�me une fin, ce que je vous raconte-l�. Je voudrais seulement vous faire remarquer ceci : c'est que le compte n'est pas fait pour autant. Vous pouvez tresser aussi longtemps que vous voudrez, pourvu que vous vous en teniez � un multiple de six, aussi longtemps que vous voudrez, la tresse en question ce sera toujours un noeud borrom�en. D�j� � soi tout seul, �a semble ouvrir la porte � une infinit� de noeuds borrom�ens.

    Eh bien, cette infinit� d�j� r�alis�e virtuellement puisque vous pouvez la concevoir, cette infinit�, ne se limite pas l�. Tel exemple que je vous en donne au tableau sous la forme de cette fa�on (on ne peut pas dire que les instruments soient commodes, bon . . .) sous 1a forme de cette fa�on de l'inscrire, c'est � savoir que vous voyez qu'ici ( croquis n� 2 ) , la boucle, si je puis dire, est double, et que le noeud borrom�en, s'il se

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r�alise d'une fa�on que, j'avais en tirant d'ici d'abord trac�e d'une fa�on telle qu'on voie bien, en tirant d'ici que �a fait deux. Vous pourriez aussi bien le dessiner en faisant ici revenir la boucle dont vous voyez qu'elle passe sous un des niveaux de mes ronds de ficelle, et de revenir toutes les deux, elle ferait le tour, alors, d'un de ces ronds, et reviendrait ici s'inscrire en croisant par en-dessous les deux boucles qui se trouvent ici, � cause de l'arrangement, �tre parall�les, et donner une forme, en somme, en croix. Si vous arrangez le noeud borrom�en de cette fa�on - j'esp�re que j'ai �t� . . . j'ai fait imaginer ce que pourrait �tre ce dessin  , si vous voulez  que je le trace, je vous le tracerai - il devient enti�rement sym�trique, et il a l'int�r�t de nous pr�sentifier sous une autre forme  la mat�rialisation qu'il peut donner sous cette forme � la sym�trie ,

pr�cis�ment (la sym�trie , en deux mots, n'est-ce pas :  la - sym�trie d'un autre c�t� ) c'est-�-dire de nous montrer que  il y a une fa�on de pr�senter le noeud borrom�en qui, dans son  trac� m�me, nous impose le surgissement de la sym�trie, � savoir  du deux.

    (p106->) Il n'y avait pas besoin d'aller si loin pour nous en apercevoir. C'est � savoir que, � simplement , je dirai " tirer " sur cette partie du rond de ficelle, vous pouvez - �a facilement - vous imaginer le r�sultat que �a va avoir, � savoir ce rond de droite ( croquis n� 1 ) de le plier en deux. A savoir, d'obtenir ce r�sultat qui se pr�sente comme tel :

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Moyennant quoi, vous voyez que ce qui en r�sulte est ceci : � savoir qu'un des ronds tire le noeud pli� en deux, la boucle pli�e en deux dans ce sens : ----->tandis que l'autre se pr�-

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sente ainsi , que vous avez l�, manifeste, peut-�tre d'ailleurs moins saillant � vos yeux, le quelque chose qui fait que, � trois, ces noeuds, vous ne pouvez pas les d�nouer, mais qu'il suffit qu'un, un quelconque d'entre eux manque pour que les deux autres soient libres. C'est m�me   une des fa�ons les plus claires d'imager  ceci que vous pouvez, si vous faites passer votre rond � l'int�rieur du noeud que  j'appelle . . . de la, boucle que j'appelle  " boucle pli�e ", si vous faites passer une  autre boucle pli�e de la m�me fa�on, vous pourrez nouer un nombre ind�fini de ces ronds de ficelle, et qu'il suffira qu'un soit rompu, qu'un fasse d�faut, qu'un manque, pour que tous les autres se lib�rent.

  Moyennant quoi, moyennant quoi, ce qui ne peut que vous venir � l'esprit, c'est que, puisque vous avez ajout� un nombre ind�fini de fois, ce sont des noeuds pli�s pris les uns dans les autres, vous n'�tes pas forc�s de terminer par ce que vous voyez ici fonctionner, � savoir un simple rond de ficelle. Vous pouvez boucler le cercle complet d'une fa�on qui fasse . . . se fermer la chose par un cercle pli�. A savoir que, si vous en aviez plus de trois, il vous serait tout � fait facile d'imaginer que pour clore, c'est avec un de ces cercles pli�s que vous feriez la cl�ture. Si vous faites la cl�ture avec trois, ce que vous obtenez, c'est justement tr�s pr�cis�ment ce r�sultat ( croquis n� 2 ) � savoir qu'� partir de l� vous pouvez r�aliser cette boucle, , c'est-�-dire que du maniement � trois du noeud borrom�en - dont vous voyez qu'il peut fonctionner sur un beaucoup plus grand nombre, du maniement � trois vous faites surgir cette figure dont je vous ai dit qu'elle pr�sentifiait la sym�trie dans le noeud borrom�en m�me. C'est-�-dire qu'elle y inscrit le deux.

Ce qu'il faut souligner, avant de clore cette d�monstration, disons " figur�e ", ce qu'il convient de souligner, c'est ceci. C'est (p107->) que � chacun de ces trois ronds de ficelle - pour les appeler ainsi de la fa�on qui image le mieux - � chacun de ces ronds de ficelle vous pouvez donner, par une manipulation suffisamment r�guli�re (vous ne pourrez pas vous �tonner de la patience qu'il vous faudra) � chacun des trois, � savoir aussi bien � ce rond de ficelle l� qu'� ce rond de ficelle-l� aussi, vous pouvez donner exactement la m�me place qui est celle que vous voyez ici figur�e du troisi�me.

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A quoi me sert ce noeud, ce noeud borrom�en � trois ? Il me sert, si je puis dire � inventer la r�gle d'un jeu, de fa�on telle que puisse s'en figurer le rapport du R�el tr�s proprement � ce qu'il en est de l'Imaginaire et du Symbolique. C'est � savoir que le R�el, comme l'Imaginaire et le Symbolique, c'est ce qui en fait trois. Ça en fait trois, et rien de plus.

    Il est frappant que jusqu'ici il n'y ait pas d'exemple qu'il y ait jamais eu un dire qui pose le R�el, non pas comme ce qui est troisi�me, car ce serait trop dire, mais ce qui, avec l'Imaginaire et le Symbolique, fait trois. Ce n'est pas tout . . . : " avec l'Imaginaire et le Symbolique fait trois " . . . ce n'est pas tout ! Par cette pr�sentation, ce que j'essaie d'accrocher, c'est une structure telle que le R�el, � se d�finir ainsi, soit le R�el d' avant l'ordre, que la nodalit� nous donne ce quelque chose qui, � le dire d'avant l'ordre ne suppose nullement un premier, un deuxi�me, un troisi�me. Et comme je viens de vous le souligner, m�me pas un moyen avec deux extr�mes. Car m�me dans la premi�re forme du noeud borrom�en, celle que je vous ai . . . dont je vous ai montr� qu'elle permet de figurer comme terme moyen nouant deux extr�mes, ce cercle pli�, que je vous montre ici, m�me dans ce cas

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n'importe lequel des trois cercles peut jouer ce r�le. C'est-�-dire que ce n'est nullement li�, si ce n'est pour vous le faire imaginer, la figure de gauche n'�tant l� que pour vous rendre accessible ceci, n'est-ce pas qu'il y a moyen dans le cercle pli� ; mais n'impo-(p108->)te lequel des deux autres peut remplir la m�me fonction , les autres prenant d�s lors la position d'extr�mes .

    A quoi ceci nous m�ne-t-il ?    

    C'est � remarquer que , si nous nous int�ressons au " deux " - qui est bien le probl�me pr�sentifi� par quelque chose qui est vraiment , on peut le dire , " insistant " dans ce que nous livre l'exp�rience du discours analytique ; ce n'est pas pour rien qu'elle introduit ce deux par excellence qu'est l'amour de sa propre image , c'est bien l'essence de la sym�trie elle-m�me ; est-ce que ceci ne nous introduit pas, du fait de ceci, ce noeud, � cette consid�ration que l'Imaginaire n'est pas ce qu'il y a de plus recommand� pour trouver la r�gle du jeu de l'amour. Ce qui s'en livre � l'exp�rience, si c'est marqu� sp�cifiquement de la repr�sentation imaginaire, comme nous sommes arriv�s de l'exp�rience elle-m�me � nous le faire imposer , on s'imagine que l'amour c'est deux . Est-ce que c'est tellement prouv�, si ce n'est par l'exp�rience imaginaire ? Pourquoi est-ce que �a ne serait pas ce moyen - comme d'ailleurs l'indique que c'est au niveau de ce moyen que se produit , cette fois , deux fois deux , pourquoi est-ce que ce ne serait pas ce moyen - dont je viens de vous souligner qu'il est d'ailleurs gyrovague, c'est-�-dire vagabond, qu'il peut aussi bien �tre rempli par un quelconque des trois - pourquoi est-ce que ce ne serait pas ce moyen qui, � se pourvoir d'une suspecte fa�on de cette forme , de cette forme d'image de lui-m�me ce moyen qui livrerait correctement pens�, � savoir � travers le R�el de ces connections, le ressort de ces noeuds ? . . .    

    En d'autres termes, est-ce que le noeud borrom�en n'est pas le mode sous lequel se livre � nous le un du rond de ficelle comme tel, le fait d'autre part qu'ils sont trois, ces Uns, et que c'est � �tre nou�s , seulement � �tre nou�s , que nous est livr� le deux . Il y a l� beaucoup de consid�rations o� je pourrais m'�garer, si je puis dire , parce qu'elles ne serreraient pas encore de plus pr�s ce caract�re , si je puis dire premier , du trois .    

    II est premier, non pas au sens de ce qu'il serait le premier � �tre premier , puisque comme chacun le sait il y en a un autre qui est dit tel , mais s'il est dit tel , le deux , c'est d'une fa�on qui est bien singuli�re , puisqu'il n'est pas dit , d'aucune fa�on , qu'on puisse y acc�der � partir du Un . Ne serait-ce que de ceci que - comme on l'a remarqu� depuis longtemps - dire qu'un et un �a fait deux . . c'est du seul fait de la marque de l'addition , suppos�e r�union , c'est-�-dire d�j� le deux .    

    En ce sens , le deux est quelque chose d'un ordre , si l'on peut dire , vicieux , puisqu'il ne repose que sur sa propre supposition . Joindre par un p1us deux un, c'est d�j� installer le deux.    

    Mais tenons-nous en simplement pour l'instant � ceci, c'est que ce que le noeud borrom�en nous illustre, c'est que le deux ne se produit que de la jonction de l'un  au trois. Ou plus exacte- (p109->)ment , disons que si l'on dit que - comme on l'a fait humoristiquement , que " le num�ro deux se r�jouit d'�tre impair ", ce n'est certainement pas sans raison, il se r�jouit - il aurait tort de se r�jouir d'�tre impair, car s'il se r�jouissait pour cela, �a serait dommage pour lui, il ne l'est s�rement pas, mais qu'il soit engendr� par les deux impairs un et trois , c'est en somme ce que le noeud borrom�en nous fait saillir , si je puis dire .    

    Vous devez tout de m�me bien sentir le rapport que cette �lucubration a avec notre exp�rience analytique. Freud est assur�ment g�nial. Il est g�nial en ceci que ce que le discours analytique a fait saillir sous sa plume, c'est ce que j'appellerai des termes sauvages. Lisez Psychologie des masses et Analyse du Moi et tr�s pr�cis�ment le chapitre l' IDENTIFICATION, pour saisir ce qu'il peut y avoir de g�nial dans la distinction qu'il y formule de trois sortes d'identifications , c'est � savoir celles que j'ai d�not�es , que j'ai mises en valeur du trait unaire, de l' Einziger Zug, et la fa�on dont il les distingue de l'amour en tant que port� � un terme qui, assur�ment, est bien celui qu'il s'agit pour nous d'atteindre, � savoir cette fonction de l'Autre en tant qu'elle est livr�e par le p�re, et d'un autre c�t�, l'autre forme, celle de l'identification dite hyst�rique, � savoir du d�sir au d�sir , en tant que toutes les trois , ces formes d'identification, il les distingue.    

    Qu'ainsi pr�sent� , �a ne soit qu'un noeud d'�nigmes , je dirai raison de plus pour travailler, c'est-�-dire essayer de donner � cela une forme qui comporte un algorithme plus rigoureux. Cet algorithme, c'est pr�cis�ment celui que je tente de livrer dans le trois-m�me, en tant que ce trois, comme tel, fait noeud. C'est �videmment la raison, si je puis dire, raison pour travailler. Mais raison qui, si je puis dire, n'est pas sans nous porter tort , non pas parce que les ronds de ficelle, c'est d�j� une figure torique, sinon tordue, c'est bien plus loin encore de ce fait tr�s singulier que m�me la math�matique n'est pas arriv�e � trouver encore l'algorithme, l'algorithme le plus simple, � savoir celui qui nous permettrait , en pr�sence , certes , d'autres formes de noeuds que celle du noeud borrom�en, de trouver ce quelque chose qui nous livrerait pour les noeuds, en tant qu'ils int�ressent p1us d'un rond de ficelle - car pour un seul rond de ficelle, se nouant � lui-m�me , elle l'a , cet algorithme , je pourrais facilement , je l'ai d�j� fait , vous mettre au tableau la figure de quelque chose qui aurait � peu pr�s le m�me aspect que la figure centrale, et qui ne serait n�anmoins qu'un seul rond de ficelle -je dis " � peu pr�s ", car �videmment elle ne serait pas pareille - � un seul rond de ficelle, elle peut savoir ce qui est hom�omorphique : � plusieurs ronds de ficelle l'algorithme n'est pas trouv�. Ce n'est pas pourtant une raison pour abandonner une t�che qui n'engage rien d'autre que ce deux qui est ce qu'il y a de plus int�ress� dans la figure de l'amour comme je viens de vous le rappeler .

    L'amour - j'esp�re que d�j� vous vous sentez plus � l'aise - l'amour, c'est passionnant. Dire �a, c'est simplement dire une v�rit� d'exp�rien -(p110->) ce,  , mais le dire " comme �a ", �a n'a l'air de rien, mais c'est quand m�me, c'est quand m�me faire un pas. Parce que, pour qui a un petit peu, enfin, ses esgourdes ouvertes, c'est pas du tout la m�me chose que de dire que c'est une passion. D'abord il y a des tas de cas o� l'amour ce n'est pas une passion. Je dirai m�me plus : je mets en  doute que ce soit jamais une passion. Je le mets en doute, mon Dieu, � cause de mon exp�rience. A cause de mon exp�rience - qui ne tient pas seulement � la mienne - je veux dire que mon exp�rience dans le discours analytique me donne assez de mat�riel - pourquoi ? pour qu'en somme je puisse me permettre de faire ce dont j'ai d�fini la  derni�re fois le savoir, � savoir l'inventer. Ce qui ne vous met nullement � l'abri, surtout si vous �tes en analyse avec moi, de me le supposer, ce savoir, comme quelque chose que je n'inventerais pas. - Mais si le savoir, m�me inconscient, est justement ce qui s'invente pour suppl�er � quelque chose qui n'est peut-�tre que le myst�re du deux, on peut voir qu'il y a quand m�me un pas de franchi, � oser dire que si l'amour est passionnant, ce n'est pas qu'il soit passif. C'est un dire qui, comme tel, implique en lui-m�me une r�gle. Puisque dire que quelque chose est passionnant, eh bien, c'est en parler, comme d'un jeu, o� l'on est en somme " actif " qu'� partir des r�gles.    

    I1 y a quand m�me quelques personnes qui se sont aper�ues de �a depuis longtemps. A propos de tout ce qui se dit, il y a un nomm� Wittgenstein, particuli�rement, qui s'est distingu� l�-dedans.    

    Donc, ce que j'avance, c'est que ma formule, l�, " l'amour est passionnan ", si je l'avance, c'est comme strictement vrai. Oui. Strictement vrai : il y a tout de m�me longtemps que j'ai marqu� l�-dessus quelques r�serves, c'est-�-dire que " strictement vrai " n'est jamais vrai qu'� moiti�, qu'on ne peut, le vrai, jamais que le mi-dire. Il faudra quand m�me qu'on arrive, qu'on arrive avant la fin de l'ann�e , � formuler ce que �a comporte, et que je vous expliquerai plus tard. C'est que tout mi-dire, mi-dire du vrai, a la mort pour principe. Car le vrai - c'est quand m�me l� quelque chose dont l'exp�rience analytique peut nous donner le contact - ouais . . . le vrai n'a aucune autre fa�on de pouvoir �tre d�fini que ce qui en somme fait que le corps va � la jouissance, et qu'en ceci, ce par quoi il y est forc�, ce n'est pas autre chose que le principe, le principe par quoi le sexe est tr�s sp�cifiquement li� � la mort du corps. Il n'y a que chez les �tres sexu�s que le corps meurt. Et ce for�age de la reproduction, c'est bien l� � quoi sert le peu que nous pouvons �noncer de vrai.    

    Je dirai m�me plus, comme il s'agit de la mort - c'est m�me pour �a que nous n'avons jamais que la vraisemblance, parce que cette mort, principe du vrai, cette mort chez l'�tre parlant en tant qu'il parle, c'est jamais que du chiqu� - la mort, vraiment, pour l'avoir devant soi, c'est pas � la port�e du vrai. La mort le pousse. Pour l'avoir devant soi, pour avoir affaire � la mort, �a ne se passe qu'avec le Beau o� là �a fait touche. (p111->) J'ai d�j� d�montr� �a dans un temps, du temps o� je faisais l' �thique de la Psychanalyse , et �a fait touche, pourquoi ? Parce que les choses �tant dans un certain ordre rotatoire, �a fait touche en tant que �a glorifie le corps. L� le principe de la jouissance, ce qui est forc�, c'est le fait de la mort, et chacun sait . . . que ce soit " au nom du corps " que tout �a se produise, c'est bien ce que j'ai autrefois illustr� de la trag�die d'Antigone , et ce qui curieusement est pass� dans le mythe chr�tien - car je ne sais pas si vous vous �tes bien aper�us que ce pourquoi c'est fait, toute cette histoire, cette histoire du Christ qui ne parle que de la jouissance : ces lys des champs qui ne tissent ni ne filent - qui traverse, lui, le mythe l'affirme, la mort, tout �a en fin de compte n'a de fin, ce que nous voyons, enfin, s'�taler sur des kilom�tres de toile, n'a de fin que de produire des corps glorieux dont on se demande ce qu'ils vont faire pendant l'�ternit�, m�me mis en rond dans un cercle de th��tre, ce qu'ils vont bien pouvoir faire � contempler on ne sait quoi. C'est tout de m�me curieux que ce soit par cette voie, cette voie non pas du vrai, mais du beau , que ce soit par cette voie que se soit pour la premi�re fois manifest� le dogme de la Trinit� divine, il faut dire que c'est un myst�re ! c'est un myst�re que . . . dont on s'est approch�, mais, mais pas sans un certain nombre de glissements. Si dans la logique d'Aristote, l'autre jour, je vous ai d�montr� l'irruption de, de je ne sais quelles th�ories de l'amour de je ne sais quelles th�ories de l'amour o� sont fort bien distingu�s l'amour et la jouissance, c'est d�j� pas mal, hein ?    

   C'est d�j� pas mal, mais �a ne fait que deux, �a ne fait pas du tout une trinit�. Mais c'est bien amusant de lire dans un trait� De la Trinit� d'un certain Richard de Saint Victor, la m�me irruption, incroyable, enfin, du retour de, du retour de l'amour, le Saint-Esprit consid�r� comme " petit ami ", c'est quelque chose que, que je vous prie d'aller voir dans le texte, enfin - je vous le sortirai un jour, je ne vous ai pas tra�n�s l� ce matin parce que, parce que j'ai assez � dire aujourd'hui, mais �a vaut le coup, �a vaut le coup de toucher �a. Comment est-ce que c'est par le beau, que quelque chose qui est la . . . la v�rit� m�me, et qui plus est ce qu'il y a de vrai dans le R�el, � savoir ce que j'essaie de, d'articuler ce matin, comme �a, en boitant : c'est tout de m�me bien curieux. Oui.    

    En quoi le Symbolique, l'Imaginaire et le R�el, est-ce quelque chose qui, au moins aurait la pr�tention, enfin d'aller un peu plus loin que . . . que ce tournage en rond de la jouissance, du corps et de la mort. Est-ce qu'il y a l� quelque chose dont nous puissions atteindre atteindre mieux que ce qu'il ne . . . que ce qu'il nous appara�t comme signal, comme trace, je viens de parler du vrai, du beau, d'une fa�on qui pour tout dire nous les fait fonctionner comme moyens il faudra que je traite ce qu'il en est , ce qu'il en est du Bien.  

    Est-ce que le Bien, dans cette histoire de noeud borrom�en, �a peut se situer quelque part ? Je vous le dis tout de suite, il y a tr�s peu de chances, hein : si le vrai et le beau n'ont pas te-(p112->)nu le coup, je ne vois pas pourquoi le Bien s'en tirerait mieux. La seule vertu que . . . que je vois sortir de cette interrogation - et je vous l'indique l� pendant que, qu'il en est temps, parce qu'on ne la verra plus - la seule vertu, si . . . si il n'y a pas de rapport sexuel, comme je l'�nonce, c'est la p u d e u r .    

    Voil�, c'est bien en quoi je . . . je trouve du g�nie � la personne qui a fait sortir une certaine [javascript:; atterita] sur la couverture de ma T�l�vision , c'est un . . . �a fait partie d'une sc�ne o� le personnage central, celui qui donne son sens � tout le tableau, c'est, c'est un d�mon, enfin qui . . . �tait parfaitement reconnu par les Anciens pour �tre le d�mon de la pudeur. I1 n'est pas sp�cialement dr�le, c'est m�me pour �a que la personne, l' atterita , �carte les bras avec un peu d'affolement. Oui.     

    Alors, les non-dupes errent, c'est peut-�tre les non-pudes errent . . . Moyennant quoi �a promet, hein. Ca promet parce que comme d'autre part je pense que, enfin, nous ne devons attendre de rien, absolument de rien aucun progr�s... J'ai dit �a comme �a, � une personne qui a recrach� ce foin, tr�s gentiment, parce que c'est une personne qui n'a recrach�, vraiment, strictement que le foin que je lui ai mis dans la bouche. C'est pas plus mal qu'autre chose. C'est . . . c'est mon foin, quoi Alors, �a ne veut quand m�me pas dire qu'il n'y a pas des choses qui changent. Je suis en train d'interroger l'amour. Et je commence � lire des choses, comme �a, qui sont une petite approche, simplement, je ne sais pas comment est-ce qu'i peut arriver . . . j'en dirai peut-�tre plus long . . . si le r�sultat d'une extension du discours psychanalytique, puisqu'apr�s tout je ne vais pas � moins que le consid�rer - mais comme un chancre ! Je veux dire que �a peut foutre en l'air un tas de choses, si le bien dire n'est gouvern� que par la pudeur, ben �a choque, forc�ment. Ca choque mais �a ne viole pas la pudeur . . .    

    Alors essayons de nous interroger sur ce qui pourrait arriver si on gagnait s�rieusement de ce c�t� que . . . que l'amour c'est passionnant, mais que �a implique qu'on y suive la r�gle du jeu. Bien s�r, pour �a, il faut la savoir. C'est peut-�tre ce qui manque : c'est qu'on en a toujours �t� l� dans une profonde ignorance, � savoir qu'on joue un jeu dont on ne conna�t pas les r�gles. Alors si ce savoir, il faut l'inventer pour qu'il y ait savoir, c'est peut-�tre � �a que peut servir le discours psychanalytique.    

    Seulement, si c'est vrai que ce qu'on gagne d'un c�t� on le perd de l'autre, il y a s�rement un truc qui va �coper. C'est pas difficile � trouver : ce qui va �coper, c'est la jouissance. Parce que, � ce machin � l'aveugle, enfin, n'est-ce pas, qu'on poursuit sous le nom d'amour, la jouissance, �a, on n'en manque pas '. On en a � la pelle ! Ce qu'il y a de merveilleux, c'est qu'on n'en sait rien : mais c'est peut-�tre le propre de la jouissance, justement. qu'on ne puisse jamais rien en savoir . . . Ce qui est tout de même surprenant. C'est �a, justement qu'il n'y ait pas eu de discours sur la jouissance. On a parl� de tout ce qu'on veut, de substance �tendue, (p113->) de substance pensante, mais la premi�re id�e qui pourrait venir, � savoir que s'il y a quelque chose dont puisse se d�finir le corps, c'est pas la vie, puisque la vie nous ne la voyons que dans des corps qui sont, apr�s tout, quoi ? des choses de l'ordre des bact�ries, des choses qui foisonnent comme �a, enfin, on en a rapidement trois kilos quand on a eu un milligramme . . . c'est . . . on ne voit pas bien quel rapport il y a entre �a et notre corps . . . Mais que la d�finition m�me d'un corps, c'est que ce soit une substance jouissante, comment est-ce que �a n'a �t� encore jamais �nonc� par personne ? C'est la seule chose en dehors d'un mythe qui soit vraiment accessible � l'exp�rience. Un corps jouit de lui-m�me, il en jouit bien ou mal, mais il est clair que cette jouissance l'introduit dans une dialectique o� il faut incontestablement d'autres termes pour que �a tienne debout, � savoir rien de moins que ce noeud dont je vous, que je vous sers en tartines . . .    

    Que la jouissance puisse �coper � partir du moment o� l'amour sera quelque chose d'un peu civilis�, c'est-�-dire o� on saura que, que �a se joue comme un jeu, enfin, c'est pas s�r que �a arrive . . . c'est pas s�r que �a arrive, mais �a pourrait quand m�me venir � l'id�e, si je puis dire. �a pourrait d'autant plus venir � l'id�e qu'il y en a des petites traces, comme �a. Il y a quand m�me une remarque que j'aimerais bien vous faire, concernant la pertinence de ce noeud : c'est que dans 1'amour, ce � quoi les . . . les corps tendent - et il y a quelque chose de piquant que je vais vous dire apr�s -. ce � quoi les corps tendent, c'est � se nouer. Ils n'y arrivent pas, naturellement, parce que . . . vous voyez bien . . . ce qu'il y a d'inou�e c'est qu'� un corps, �a ne lui arrive jamais, de se nouer. I1 n'y a m�me pas trace de noeud dans le corps ! S'il y a quelque chose qui m'a frapp� au temps o� je faisais de l'anatomie, c'�tait bien �a : je m'attendais toujours � voir au moins, comme �a, dans un coin, une art�re, ou un nerf, qui . . . qui huipp ? , qui ferait �a . . . Rien ! Je n'ai jamais rien vu de pareil, et c'est m�me pour �a que l'anatomie, je dois vous le dire, m'a pendant deux ans passionn�. Ça emmerde �norm�ment les gens qui font leur m�decine comme une corv�e, comme �a, moi pas. Naturellement, je ne m'en suis pas aper�u tout de suite, que c'�tait pour �a que �a me passionnait, je m'en suis aper�u apr�s ; on ne sait jamais qu'apr�s. Et c'est absolument certain que ce que je cherchais dans la dissection, c'�tait de trouver un noeud. Ouais.    

    En quoi ce noeud borrom�en rejoint quand m�me le " pourquoi " du fait que, que l'amour, enfin, c'est . . . c'est pas fait pour �tre abord� par l'Imaginaire. Parce que le seul fait que quand il bafouille, n'est-ce pas, faute de conna�tre la r�gle du jeu, il articule les noeuds de l'amour, hein . . . C'est quand m�me dr�le que �a en reste � la m�taphore, que �a n'�claire pas, que �a ne donne pas l'id�e que, du c�t� de cette chose dont je vous ai j'esp�re, comme �a, un petit peu fait sentir le c�t� de consistance �trange, et le fait que . . . que �a se surprend, enfin que que le R�el , en fin de compte, ce n'est que �a, histoire de noeuds ; tout le reste �a peut se r�ver, enfin. Dieu sait si le r�ve, enfin a de la place dans l'activit� de l'�tre parlant.    

    (p114->) Je me laisse comme �a, un tout petit peu aller, comme �a � faire des parenth�ses - vous me le pardonnerez, puisque vous me le pardonnez habituellement - mais c'est quand m�me, c'est quand m�me incroyable que la puissance du r�ve ait �t� jusqu'� faire d'une fonction corporelle, le sommeil, un d�sir. Personne ne s'est encore, n'a jamais mis en relief que quelque chose qui est un rythme, enfin manifestement, puisque �a existe chez bien d'autres �tres que les �tres parlants, l'�tre parlant arrive � en faire un d�sir. Il lui arrive de poursuivre son r�ve comme tel, et pour  �a , de d�sirer ne pas se r�veiller. Naturellement, il y a un moment o� �a l�che. Mais que Freud ait pu aller jusque l�, c'est ce dont personne n'a , n'a vraiment relev� l'autonomie, enfin, l'originalit� . Bon .    

    Ben revenons � nos noeuds m�taphoriques. Est-ce que vous ne sentez pas que ce que j'essaie de faire, � y recourir, c'est � faire quelque chose qui ne comporterait aucune supposition. Parce que on a pass� son temps � poser, mais � ne jamais pouvoir poser qu'� supposer. C'est-�-dire qu'on posait le corps - �a s'imposait - et on y supposait l'�me. Il faudrait quand m�me �a c'est un machin, l� comme �a, que j'ai brass�, parce qu'au niveau o� j'�tais dans cette T�l�vision, hein , de parler de l'�me et de l'inconscient . . . - l'inconscient, �a pourrait �tre tout � fait autre chose qu'un suppos�, parce que le savoir (si c'est vrai ce que j'en ai avanc� la derni�re fois), c'est pas du tout forc� de, c'est pas du tout forc� de le supposer c'est un savoir en cours de construction.    

    S'il arrivait, s'il arrivait que l'amour devienne un jeu dont . . . dont on saurait les r�gles, �a aurait peut-�tre, au regard de la jouissance, beaucoup d'inconv�nients. Mais �a la rejetterait, si je puis dire, vers son terme conjoint. Et si ce terme conjoint est bien ce que j'avance du R�el dont, vous le voyez, je me contente de ce mince petit support du nombre (j'ai pas dit le chiffre), du nombre trois. Si l'amour, devenant un jeu dont on sait les r�gles, se trouvait un jour - puisque c'est sa fonction - au terme de ceci qu'il est un des Uns de ces trois - s'il fonctionnait � conjoindre la jouissance du R�el avec le R�el de la jouissance, est-ce que ce ne serait pas l� quelque chose qui vaudrait le jeu ?    

    La jouissance du R�el, �a a un sens, hein. S'il y a quelque part jouissance du R�el comme tel, et si le R�el est ce que je dis, � savoir pour commencer le nombre trois - et vous savez, c'est au trois que je tiens, hein : vous pourriez le . . . y ajouter 1416 que ce serait toujours le m�me nombre, hein pour ce qu'il me sert, et vous pourriez aussi l'�crire 2 ,7l8 , c'est un certain logarithme n�p�rien, �a joue le m�me r�le - les seuls gens qui jouissent de ce R�el, c'est les math�maticiens. Alors. il faudrait que les math�maticiens passent sous le joug du jeu de l'amour, qu'ils nous en �noncent un bout, qu'ils fassent un peu plus de travail sur le noeud borrom�en - car je dois vous l'avouer. enfin, j'en suis vraiment embarrass�, plus que vous ne pouvez croire, je passe ma journ�e � en faire, des noeuds borrom�ens, pendant que c'est . . . l�, comme �a, je tricote . . .    

    (p115->) Seulement voil�, la jouissance du R�el ne va pas sans le R�el de la jouissance. Parce que pour que un soit nou� � l'autre, il faut que l'autre soit nou� � l'un. Et le R�el de la jouissance, �a s'�nonce, comme �a. Mais quel sens donner � ce terme : " le R�el de la jouissance "    

    C'est l� que je vous laisse pour aujourd'hui avec un point d'interrogation.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 9 août 2005