Text/Jacques Lacan/NDP20111973.htm

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J.LACAN                          gaogoa

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' XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

  version rue CB                                                         [#note note]

20 Novembre 1973'                        [#note ]'

    (p13->) IL Y A UN PETIT LIVRE, l� que. . . je vais commencer comme �a sur le ton de la confidence , hein , parce que , �videmment je me demande, je me demande en repartant, n'est-ce pas : suis-je assez dupe - suis-je assez dupe, hein - pour ne pas errer ?

    Errer au sens o� je vous l'ai pr�cis� la derni�re fois, ce qui veut dire : est-ce que je colle assez � . . . au discours analytique , qui n'est quand m�me pas sans comporter une certaine sorte d'horreur froide . Est-ce que je colle assez pour ne pas . . . pour m'en distraire, c'est-�-dire ne pas le suivre vraiment selon son fil , ou m�me , pour employer un terme dont je me servirai plus tard - l� o� on m'attend, sur les espaces vectoriels, je vous le dis tout de suite , enfin , j'aborderai pas �a aujourd'hui, mais les espaces �a introduit une notion, comme �a, un autre espace dans l'espace. On appelle �a " espace fibr� ".

    Mais enfin , ce discours analytique , faut quand m�me pas oublier, pour m'excuser si je n'y colle pas tout � fait, hein, c'est que je l'ai fond�. Je l'ai fond� d'une �laboration �crite, celle qui s'�crit le petit a et le S2.jpg superpos�s � gauche, et puis le S barr� et le S1.jpg � droite .  

File:AsurS2.jpg

Quand il s'agit d'�tre dupe, n'est-ce-pas, il ne s'agit pas en l'occasion d'�tre dupe de mes id�es, parce que ces quatre petites lettres, �a n'est pas des id�es. C'est pas m�me des id�es du tout, la preuve , c'est que c'est tr�s tr�s tr�s difficile d'y donner un sens. Ce qui ne veut pas dire que qu'on ne puisse pas en faire quelque chose. C'est ce qui s'inscrit d'une certaine �laboration de ce que j'appellerai - c'est la m�me chose de dire que �a s'inscrit que de dire

ce que je vais dire maintenant, � savoir : la math�matique de Freud. Ce qui est rep�rable � la logique de son discours. A son errance � lui. C'est-�-dire � la fa�on dont il essayait de rendre ce discours analytique ad�quat au discours scientifique. C'�tait �a son " erre ". C'est ce qui l'a - je ne peux pas dire " emp�ch� " , enfin - d'en faire la math�matique ; puisque la math�matique il la faisait comme �a , fallait un deuxi�me pas pour ensuite pourvoir 1'inscrire.

    (p14->) Alors , pendant que je vous parlais la derni�re fois , il m'est revenu, comme �a, des bouff�es de souvenirs, de quelque chose qui bien s�r ne m'arrivait pas ici, qui m'avait tracass� le matin en pr�parant ce que j'avais � vous dire.

    Voil�, �a s'appelle - tout de suite , disons-le - �a s'appelle die Grenzen der Deutbarkeit. C'est quelque chose qui a un rapport �troit, enfin, avec l'inscription du discours analytique, c'est que si cette inscription est bien ce que j'en dis, � savoir le d�but , le noyau-cl� de sa math�matique , il y a toutes les chances � ce que �a serve � la m�me chose que la math�matique. C'est-�-dire que �a porte en soi sa propre limite. Je savais que j'avais lu �a, parce que je l'avais dans un vieux machin que j'ai rachet� comme �a, d'occasion, dans les d�bris de ce qui surnageait de l'histoire de Freud, apr�s l'histoire nazie, alors j'ai eu ce d�bris... et je me disais que quand m�me �a avait d� �tre recueilli quelque part, vue la date. C'est vrai. Ca a �t� recueilli dans le tome III des Gesamelte Schriften . Mais ! Mais pas ailleurs, � savoir l� o� �a aurait d� para�tre, �tant d�j� �dit� en 1925, en fait, et m�me d�j� paru , enfin , une premi�re fois si mon souvenir est bon dans . . Eh ben , c'est pas paru du tout avant . . . avant " �a " , que j'ai eu , donc.

    Alors c'�tait donc - c'est sorti dans les Gesammelte Schriften mais �a n'a pas paru l� o� �a devait para�tre au moment o� �a sortait , c'est � savoir dans la huiti�me �dition de la Traumdeutung. Et c'est pas paru parce que , dans ces notes additionnelles en question , il y a un troisi�me chapitre - le premier �tant constitu� par ces Grenzen der Deutbarkeit , le second je vous le passe, je vous en reparlerai - et le troisi�me signifie die occulte Bedeutung des Traumes . C'est-�-dire " la signification occulte ". C'est pour �a que ce n'est pas paru .

    Ce qui m'est rest� dans l'esprit , ce qui me tracassait , c'�tait die Grenzen. Mais � cause du fait que ces Grenzen �taient associ� � la signification occulte , �a n'est pas sorti. Jones raconte �a quelque part : l'occulte - enfin , il y a une objection . Il y a une objection de la part du discours scientifique. Et en effet, tel que �a se pr�sente maintenant , l'occulte , �a se d�finit tr�s pr�cis�ment en ceci , enfin : ce que le discours scientifique ne peut pas encaisser . C'est m�me , on peut le dire sa d�finition . Alors , c'est pas �tonnant qu'il y fasse objection . Cette objection est venue , comme �a, par le v�hicule de Jones , et �a peut para�tre une explication toute simple , du fait que �a ne soit pas paru l� o� �a devait para�tre , � savoir dans la huiti�me �dition.

    Freud, vous le savez, c'�tait pas du tout neuf, enfin, qu'il se tracass�t sur l'occulte . Il le faisait , comme �a, par. . . par " erre ". Par erre concernant le discours scientifique. Oui, parce qu'il s'imaginait que le discours scientifique �a devait tenir compte de tous les faits. C'�tait une pure erre. Et une erre plus grave (p15->) encore : une erre pouss�e jusqu'� l'erreur. Ça ne tient compte, le discours scientifique, que des faits qui ne collent pas avec sa structure, � savoir l� o� il a commenc� de s'avancer, son rapport avec sa propre math�matique. Mais pour que �a ne colle pas , encore faut-il que �a vienne � la port�e de cette structure math�matique.

    De sorte qu'il tient compte de tous les faits qui font trou dans son - disons, je vais vite, l�, parce que c'est pas un mot qui vaut . . . mais qui font " trou " parce que c'est plus sensible , tout de suite, de la dire comme �a, qui font " trou " - dans son syst�me ! Mais ce qui n'est pas de son syst�me du tout, il ne veut rien en savoir. Alors, en se tracassant, comme �a, sur les ph�nom�nes occultes - dits occultes - �a ne veut pas dire du tout qu'ils sont " occultes ", qu'ils sont " cach�s ", parce que, ce qui est cach�, c'est ce qui est cach� par la forme du discours lui-m�me, mais ce qui n'a absolument rien � voir avec la forme du discours , c'est pas cach� , c'est " ailleurs ".

    Vous l�, tels que vous �tes , comme �a - je fais appel � votre sentiment , enfin - il y a rien de commun entre l'inconscient et l'occulte. En tout cas au niveau o� vous �tes l� pour m'entendre, je pense que quand m�me vous �tes d�j� assez rompus � cette id�e que l'inconscient... c'est fondamentalement du langage, hein. Et si vous avez pu l'autre jour regarder ce que j'avais commenc� de faire comme �a, vaguement au tableau, avec la ligne dite du " voyage ", et puis que vous avez pu simplement admettre ce que je vous serine depuis vingt ans - enfin, m�me plus -, � savoir ce qui cl�t , ce qui termine la Traumdeutung : ce que j'ai rappel� l'autre jour, � savoir ce fameux d�sir indestructible qui se " prom�ne " , qui, sur la ligne du voyage, d�s lors que l'entr�e dans le champ du langage s'est produite, accompagne d'un bout � l'autre et Ebenb�ld , toujours le m�me, sans variation, accompagne le sujet structurant son d�sir.

    Comme dit Freud , Ebenbild , (on traduit " � l'image ", mais c'est pas " � l'image " , c'est Ebenbild , c'est une image fixe , toujours la m�me ! ) � l'image der Vergangenheit, c'est-�-dire ce qui, � l'image de cet Ebenbild ne peut m�me pas s'appeler du pass� : c'est toujours la m�me chose, il n'y a pas de pass� � partir du moment o� il s'agit de cette fonction spatiale, le croisement de la ligne avec ce r�seau de la structure , qui se d�place , elle, selon la ligne, mais en m�me temps dont on peut dire qu'elle ne se d�place pas , puisque la ligne , elle ne varie pas . C'est par rapport � la vie en tant que voyage qu'on peut dire qu'il y en a une partie qui est pass�e et une autre qui reste , comme �a, � consommer, qu'on appelle l'avenir. Ces inscriptions du d�sir indestructible suivent la glissade. Mais en suivant la glissade , du m�me coup elle l'arr�te , elle la fige , n'est-ce pas , parce que tout mouvement est relatif , n'est-ce pas . Et si la glissade l�-dedans n'est que glissade, elle ne constitue pas un re-(p16->)p�re, hein. Voil�.

    Alors la structure symbolique , n'est-ce pas , elle est � la fin de cette Traumdeutung peut-�tre encore � d�couvrir, mais c'est l�-dessus que Freud conclut sa notion dans ce titre, dans cette conclusion qui vient l� comme la pointe m�me de tout ce que jamais dans la Traumdeutung il a �nonc� du r�ve : sa notion est l�. C'est - bien en �a que ce qui en r�troagit , c'est que - c'est ce qu'il a expliqu� � propos du r�ve, n'est-ce pas - c'est que : il y a de l'inconscient, et que l'inconscient c'est �a ; qu'il a pu dire � l'occasion que l'inconscient , c'est irrationnel , mais que �a veut simplement dire que sa rationalit� est � construire , que m�me si le principe de contradiction, le oui et le non, n'y jouent pas le r�le qu'on croit dans la logique classique, n'est-ce pas - comme la logique classique est d�pass�e depuis longtemps, � ce moment-l�, ben, il faut en construire une autre... Ouais...

  Et moi, je soup�onne que si die Grenzen der Deutbarkeit  " les limites de l'interpr�tation " (c'est ce que �a veut dire) sont pas sorties dans l'�dition suivante de l'Interpr�tation des r�ves, c'est pas simplement parce que c'�tait � l'ombre de l'occulte, c'est parce que quand m�me, l�, �a . . . �a en remettait. Ca d�passait un peu le truc de l'affirmation que " le d�sir est indestructible " �a montrait dans cette structuration du d�sir lui-m�me quelque chose qui justement aurait permis d'en math�matiser autrement la nature . C'est pour �a que �a vaut la peine , quand m�me , que je vous en donne comme �a - il est �vident que devant une pareille assistance il n'est pas possible que je commente vingt-cinq pages de Freud , il n'y en a pas plus , il y en a m�me moins - mais je pourrai quand m�me aborder le premier paragraphe, �a vous incitera � aller le trouver , parce que quand m�me �a a fini par �tre publi� , comme me le fait remarquer ma ch�re amie Nicole Sels , qu'� la suite de la s�ance derni�re j'ai lanc�e sur ce truc , je lui ai dit : " Mais enfin o� diable c'est , cette histoire ? ", cette histoire qui pourtant dans les Gesammelte Schriften, est indiqu�e tout de suite apr�s cette pointe sur laquelle j'ai termin� du d�sir indestructible et i n v a r i a n t , car c'�tait de �a qu'il s'agit .

    Alors, comme me le commente - �a vaut la peine, n'est-ce-pas , comme me le commente la ch�re Nicole , qui en conna�t un bout pour ce qui est de chercher l'�dition d'un texte (qui en conna�t un bout et qui en fout un coup , enfin , c'est inimaginable ce que je la fais cavaler , je veux dire que , elle cavale , et qu'elle me rapporte le truc dans les deux heures : l� elle a mis beaucoup plus longtemps : elle a mis au moins trois jours) . Oui, il ne figure ce chapitre suppl�mentaire - parce que je lui avais dit : " Quand m�me . ce serait curieux que je le trouve pas dans les Gesammelte Werke . Et je 1e trouve pas ! " Elle me r�pond qu'il n'est dans cet ouvrage � aucune place logique, ni au tome qui correspond de la Traumdeutung, �a bien s�r je m' en �tais aper�u , c' est m�me (p17->) ce qui m'avait rendu enrag�, ni dans le tome XIV qui correspond � l'ann�e 1925. " Il a paru in extremis et - ajoute-t-elle sournoisement dans le tome I , car ce tome a �t� le dernier � para�tre : en 1952. " L� elle me rapporte bien s�r l'opinion de Strachey, qui lui-m�me l'a traduit dans la Standard �dition , n'est-ce pas, mais au tome XIX - c'est-�-dire � son ann�e normale, oui , c'est vrai - mais il pense que ce sort est d� aux mines que tout le monde a fait devant l'occulte Bedeutung des r�ves . C'est ce que pense Strachey. Je ne sais pas ce qu'en pense Nicole Sels, mais c'est, au regard des - simplement - des faits qu'elle m'apporte, secondaire.

    Alors, je ne vous lis pas tout de suite la chose en allemand.

    �a se dit comme �a : " La question si on peut donner de tout produit de la vie de r�ve une compl�te et assur�e traduction " vollst�ndige und gesicherte Uebersetzung - d�j� cet emploi de Uebersetzung , c'est pas mal , c'est tr�s lacanien , bon -in die Ausdrucksraeise des Wachslebens : " dans le mode de s'exprimer de la vie de veille " - et il met l� entre parenth�ses : Deutung , c'est-à-dire " sens " ; Deutbarkeit �a veut dire " interpr�tation " mais, Deutung, �a veut dire " sens ", Traumdeutung , �a veut dire " sens des r�ves " -" ne peut pas �tre trait�e abstraitement. " " Mais sous la Beziehung -relation - avec : Verh�ltnisse " - c'est un autre terme pour exprimer " relations " - " avec les relations " - donc d�sign�es par un autre mot, c'est-�-dire pos�es autrement : Beziehung , c'est quelque chose comme �a d'approximatif ; Verh�ltnisse , �a peut �tre pris dans le sens des relations qui s'�crivent , je veux dire de ce qui est constitu� � proprement parler dans une articulation propre au sens du terme, n'est-ce pas, comme quelque chose qui peut arriver � se poser l� " les relations , unter denen, sous le coup desquelles on travaille � l'interpr�tation des r�ves : man an der Traumdeutung arbeitet. "

    Et c'est l� qu'on rentre un peu plus avant .

    " Nos activit�s 'geistige , celles de l'esprit ", c'est comme �a : unsere geistigen T�ztigkeiten. Pour Freud, �a veut dire " ce qu'on pense ". Les activit�s de l'esprit , c'est ce qui est g�n�ralement d�sign� comme les pens�es.

    Streben . Streben, c'est un mot qui a d'autres r�sonances , n'est-ce-pas , que ce par quoi on le traduit en anglais , � savoir - dans cette occasion, n'est-ce pas, c'est la traduction de Strachey justement - pursue . �a ne poursuit rien du tout . �a poursuit rien du tout , streben , quand on suit bien ce que c'est , quand on voit l'�toffe du mot , ce qui �videmment se fait avec ses usages pr�c�dents , c'est quelque chose qui est , � inscrire , quelque chose comme �a : vous comprenez si vous avez une vo�te, comme �a, quelque chose en bois : c'est les tirants. �a a l'air de la supporter comme �a ; si vous aviez la moindre notion d'architecture, vous sau-(p18->)riez que les tirants, dans une vo�te, eh bien, �a tire. Je veux dire que �a tire vers l'ext�rieur . Les tirants , �a ne soutient pas . Enfin , qu'importe, sur le streben , ce qu'ils tirent ; ce qu'ils font tenir ensemble, , c'est " ou bien ein n�tzliches Ziel " et vous retrouvez les fonctions essentiellement lacaniennes de l'utile et du jouir, elles sont pr�cis�es comme telles, c'est l�-dessus qu'au d�part j'ai fait enti�rement pivoter ce que j'ai dit de l'�thique de la psychanalyse  " un but utile " , c'est ou �a, qu'elles anstreben, qu'elles attirent , " ou bien : oder unmittelbaren Lustgewinn " , � savoir, � savoir tout simplement mon " plus-de-jouir "  

  Die Frage, ob man von jedem Produkt des Traumiebens eine volIst�ndige und gesicherte �bersetzung in die Ausdrucksweise des Wachiebens (Deutung) geben kann, soll nicht abstrakt behandelt werden, sondern unter Beziehung auf die Verh�ltnisse, unter denen man an der Traumdeutung arbesset. 
   Unsere geistigin T�tigkeiten streben entweder ein nutzliches Ziel an oder unmittelbaren Lustgewinn

Car qu'est-ce que �a veut dire un Lustgewinn ? Un gain de Lust . Si l'ambigu�t� de ce terme en allemand, n'est-ce pas, ne permet pas d'introduire dans le Lustprinzip , traduit " principe du plaisir " , justement cette formidable divergence qu'il y a entre la notion du plaisir telle qu'elle est comment�e par Freud lui-m�me selon la traduction antique, seule issue de la sagesse �picurienne, ce qui voulait dire jouir le moins possible , parce que qu'est-ce que �a nous emmerde, la jouissance ! C' est justement pour �a qu'ils se faisaient traiter de pourceaux , parce qu'en effet , les pourceaux , mon Dieu , �a jouit pas tellement qu'on s'imagine , n'est-ce pas , �a reste dans sa petite porcherie , bien tranquilles , enfin , �a jouit au minimum . . .

    C'est bien pour �a qu'on les a trait�s de pourceaux, parce que tous les autres, enfin, ils �taient vachement tracass�s par la jouissance . Fallait , enfin , qu'ils en mettent un coup , enfin : ils �taient esclaves de la jouissance. C'est m�me pour �a, tiens . . . l� je me laisse emporter, hein, c'est m�me pour �a qu'il y avait des esclaves, hein. La seule civilisation qui �tait vraiment mordue par la jouissance , il fallait qu'elle ait des esclaves . Parce que ceux qui jouissaient, c'�tait eux ! Sans les esclaves, pas de jouissance hein . Vous , vous �tes tous des employ�s . Enfin , vous faites ce que vous pouvez pour �tre des employ�s. Vous n'�tes pas tout � fait arriv�s, mais croyez-moi, vous y viendrez.

    Bon, je me suis un peu laiss� emballer, l� comme �a. R�fl�chissez quand m�me un peu � �a, enfin, n'est-ce pas, qu'il y a que les esclaves qui jouissent. C'est leur fonction. Et c'est pour �a qu'on les isole , que m�me on n'a pas le moindre scrupule � transformer des hommes libres en esclaves , puisqu'en les faisant esclaves , on leur permet de ne plus se consacrer qu'� jouir . Les hommes libres, ils n'aspirent qu'� �a. Et comme ils sont altruistes, ils font des esclaves. C'est arriv� comme �a dans l'histoire, dans notre histoire � nous . �videmment , il y avait des endroits o� on �tait beaucoup plus civilis�s : il n'y avait pas d'esclavage en Chine. Mais le r�sultat c'est que, malgr� tout ce qu' on dit , ils ne (p19->) sont pas arriv�s � faire la science , hein . Maintenant , ils ont �t� touch�s par un petit peu de Marx , alors ils se r�veillent. Comme disait Napol�on : les r�veillez pas, surtout ! Maintenant, ils sont r�veill�s. Ils n'auront pas eu besoin de passer par le truc des esclaves . Ce qui prouve , quand m�me , qu'il y a des greffes , n'est-ce pas, que c'est pas le pire qu'on peut �viter. On peut �viter le meilleur. Et arriver quand m�me.

    Bon, enfin, ( pour la suite du texte original allemand dont le d�but est reproduit page 18 , voir � la fin du chapitre, p 27 ) unmittelbaren Lustgewinn, �a veut dire " un plus-de-jouir, l�, imm�diat " . " Dans le premier cas , hein , celui du but d'utilite, ce sont, (ces geistigen T�tigkeiten , ces op�rations spirituelles) ce sont des d�cisions intellectuelles, des pr�parations � la manipulation, hein, Handlungen , ou des communications an Andere aux autres " , � savoir que l'on parle pour les - comme je viens de dire - pour les manipuler , comme vous dites .

    " Dans l'autre cas, nous appelons �a - nennen wir sie ( sie, c'est � savoir les gestigen T�tigkeiten) Spielen und Phantasieren nous appelons �a des jeux et le fait de fantasmer. Bien s�r, qu'il dit, bekanntlich , n'est-ce pas, 1'utile, c'est simplement aussi quand m�me un d�tour , ein Umveg, pour une satisfaction de jouissance. " Mais c'est pas en soi qu'elle est vis�e, n'est-ce pas.

    " Le r�ver " - il n'a pas dit le r�ve - le fait de r�ver est donc une activit� de la seconde esp�ce " , � savoir ce qu'il a d�fini par le unmittelbaren Lustgewinn. " Il est une erreur , irref�rhend , de dire que le r�ver s'efforce � ces devoirs pressants toujours imminents de la vie commune, et cherche a mener a bonne fin le travail du jour, Tagesarbeit . De �a se soucie le penser pr�conscient : das vorbewusste Denken. Pour le r�ve , cette utilisation , cette intention utile , n'est-ce pas , est tout a ait aussi �trang�re que la mise en jeu, en oeuvre, la pr�paration, le fignolage, n'est-ce pas, d'une communication einer Mitteiluncg� un autre , an einen Anderen ". En quoi il a ceci de lacanien , notre cher Freud, n'est-ce pas, que, puisque tout ce qu'il vient de nous dire autour du r�ve , c'est uniquement de la construction , du chiffrage, ce chiffrage qui est la dimension du langage n'a rien � faire avec la communication.

    Le rapport de l'homme au langage , lequel ne peut se . . . simplement , s'attaquer que sur la base de ceci : que le signifiant c'est un signe, qui ne s'adresse qu'� un autre signe ; que le signifiant, c'est ce qui fait signe � un signe , et que c'est pour �a que c'est le signifiant . Ça n'a rien � faire avec la communication � quelqu'un d'autre, �a d�termine un sujet , �a a pour effet un sujet . Et le sujet , c'est bien assez qu'il soit d�termin� par �a, en tant que sujet, � savoir qu'il surgisse de quelque chose qui ne peut avoir sa justification qu'ailleurs . A ceci pr�s que dans le r�ve , on la voit , � savoir que l'op�ration du chiffrage , c'est fait p o u r 1 a j o u i s s a n c e . A savoir que les choses sont faites pour que dans le chiffrage on y gagne ce quelque chose qui est l'essentiel du processus primaire , � savoir un Lustgewinn. C'est �a qui est dit l�.

    (p20->) Et puis �a continue . Et non seulement �a continue , mais �a appuie . Et �a montre bien en quoi, pour quoi le r�ve fonctionne, c'est � savoir qu'il n'est fait et n'est fait en rien , et c'est pour �a qu'il fonctionne , pour �a : il n'est fait en rien - " que pour le sommeil, den SchLaf verh�tten , prot�g� ". Il prot�ge le sommeil. Ce que Freud n'a dit , comme �a, qu'incidemment dans divers points , l� il insiste . Je veux dire que la question qu'il introduit , c'est en quoi pr�cis�ment ce qui du r�ve d�pend de l'inconscient , c'est-�-dire de la structure, de la structure du d�sir - ce qui du r�ve pourrait bien incommoder le sommeil.

    Sur le sommeil, il est clair que nous ne savons pas grand-chose . Nous ne savons pas grand-chose justement parce que , parce que ceux qui les �tudient , comme �a , comme faits , avec deux petits enc�phalographes, enc�phalopodes, enc�phalo-tout-ce-que-vou-voudrez, ben, ils lient des choses ensemble, enfin mais . . . c'est quand m�me curieux, n'est-ce pas, qu'une chose aussi r�pandue dans la vie, l�, comme on dit, que le sommeil - enfin je n'avance rien, l�, je constate que : on n'a jamais pos� la question de ce que �a avait � faire avec la jouissance. Tout �a parce que la jouissance , enfin , c'est , faut bien dire qu'on n'en a pas fait un ressort tout � fait majeur de la conception du monde , comme on s'exprime .

    Qu'est-ce que le sommeil ? C'est peut-�tre l� que la formule de Freud pourrait �videmment prendre son sens et rejoindre l'id�e du plaisir : si j'ai parl� des pourceaux tout � l'heure, c'est parce qu'ils roupillent souvent, oui. Ils ont le moins de jouissance possible dans la mesure o� plus �a dort mieux �a vaut. En tout cas �a collerait avec - si mon hypoth�se est bonne � -savoir que c'est dans le chiffrage qu'est la jouissance ; on peut voir aussi, on peut voir par l� , enfin , quelque chose , c'est que en effet le chiffrage du r�ve , apr�s tout , il est pas pouss� si loin que �a , si loin qu'on le dit , enfin ? C'est. . . j'ai d�j� expliqu� la condensation, le d�placement, c'est... c'est la m�taphore, c'est la m�tonymie , et puis c'est toutes sortes de petites manipulations , comme �a , qui �tendent la chose dans l'Imaginaire.

    C'est dans cette direction l�, hein, qu'il faut voir la jouissance. Alors on pourrait peut-�tre s'�lever, n'est-ce pas, � une structure , comme �a conforme , conforme � l'histoire du chiffrage , c'est que si c'est dans le sens de ce quelque chose qui arrive . . . � quoi ? die Grenzen, les limites. L� est l'erreur. Les limites der Deutbarkeit , si vous lisez bien ces quatre pages, car il n'y en a pas plus , vous vous apercevrez que , ce qui la signale , cette limite, c'est exactement le m�me moment quand �a arrive au sens. A savoir que le sens il est en somme assez court. C'est pas trente six sens qu'on d�couvre au bi-du-bout de l'inconscient : c'est le sens sexuel. C'est-�-dire tr�s pr�cis�ment le " sens non-sens ". Le sens o� �a foire la Verh�ltnis . La Beziehung, elle, a lieu (p21->) avec ceci : qu'il n'y a pas de sexuelles Verh�ltnisse , que �a : la Verh�ltnis en tant qu'�crite, en tant que �a peut s'inscrire ou que c'est math�me ; �a, �a foire toujours.

    Et c'est bien pour �a que, il y a un moment o� le r�ve, �a se d�gonfle, c'est-�-dire qu'on cesse de r�ver et que le sommeil, il reste � l'abri de la jouissance. C'est parce qu'en fin de compte on en voit le bout .

    Mais l'important , l'important pour nous , s'il est vrai que ce sens sexuel il ne se d�finit que de ne pas pouvoir s'�crire, c'est de voir justement ce qui, dans le chiffrage - non pas dans le d�chiffrage - ce qui dans le chiffrage n�cessite die Grenzen , le m�me mot, ici employ� dans le titre, le m�me mot sert � ce qui, dans la math�matique , se d�signe comme " limite ". Comme limite d'une fonction, comme limite d'un nombre r�el. Ca peut augmenter tant que �a veut , la variable , - la fonction ne d�passera pas certaines limites.

    Et le langage, c'est fait comme �a. C'est quelque chose qui, aussi loin que vous en poussiez le chiffrage, n'arrivera jamais � l�cher ce qu'il en est du sens, parce qu'il est l� � 1a p 1 a c e  d u   s e n s ; parce qu'il est l� � c e t t e place. Et ce qui fait que le rapport sexuel ne peut pas s'�crire, c'est justement ce trou-l�, que bouche tout le langage en tant que tel, l'acc�s, l'acc�s de l'�tre parlant � quelque chose qui se pr�sente bien, comme en certain point touchant au R�el, l�, dans ce point-l�, dans ce point-l� se justifie que le R�el je le d�finisse de l'impossible, parce que l�, justement, il n'arrive pas, jamais - c'est la nature du langage - il n'arrive pas, jamais � ce que le rapport sexuel puisse s' inscrire . Ouais . . . Ouais . . .

    Alors il reste nos histoires de Freud avec son occulte.

    L'histoire d'occulte, c'est tr�s curieux, n'est-ce pas ? Je vous ai parl� de la huiti�me �dition , mais pas de la septi�me. La septi�me, c'est impossible de mettre la main dessus, non pas � cause des nazis , cette fois , mais parce qu'elle est parue probablement en tr�s peu d'exemplaires, enfin, c'est sorti en 1919, vous vous rendez compte ! La chose fabuleuse, c'est que quand m�me, gr�ce � une autre amie (vous voyez, je n'ai que des amis), Nany Bridgman , Nany Bridgman. qui est � la B . N . a mis la main sur la septi�me. Eh bien, �a m'a soulag�, hein. Parce que la fa�on dont Freud est traduit - il est vrai que �a a surtout commenc� avec Marie Bonaparte, bon . . . mais avant, il y avait eu Isaac Meyerson ; j'avais �t� , je lui en demande pardon , jusqu � penser que pour lui, c'�tait le m�me truc, � savoir qu'il �crivait n'importe quoi ; j'avais �t� jusque l�, et pourquoi ? Parce que ( je ne l'ai pas apport� �, comme �a, c'est malheureux, je l'ai oubli� , voil� la v�rit� ) il y a une petite phrase , il y a une petite phrase au moment o� Freud pose la question, c'est �a qui culmine dans ce dernier paragraphe dont je vous ai parl�, au mo-(p22->)ment o� Freud pose la question de ce qu'il en est , quel est l'ordre de la r�alit� de ce r�ve - il est forc� d'appeler �a " psychique ", mais en m�me temps �a le tracasse de l'appeler psychique, parce qu'il sent bien que l'�me , enfin, �a colle pas cette histoire, enfin que l'�me c'est quand m�me pas diff�rente du corps, bon .

    Alors l�, il �voque la r�alit� mat�rielle, il n'a pas vu tr�s bien � ce moment-l� que le mat�riel , il l'avait l� : c'�tait tout son bouquin, tout simplement � savoir la fa�on dont il avait trait� le r�ve, en le traitant par la manipulation du d�chiffrage, c'est-�-dire apr�s tout avec simplement ce que le langage comporte dimension, de chiffr� .

    Alors l�, il s'engage dans ce qu'il en est, en fin de compte, de cette r�alit�, et il est saisi - il est saisi uniquement l� , c'est la seule �dition o� il y a une phrase comme �a, une phrase o�, tout d'un coup, il r�pudie ce fait : un savant, un savant certes modeste, il le qualifie comme �a, il y a quand m�me deux trucs que de toute fa�on - enfin , il met l� une barri�re, il ne peut pas encaisser - c'est la subsistance de ce qui est mort.

    �a �a vise l'immortalit� de l'�me.

    Et deuxi�mement, le fait que tous les �l�ments de l'avenir soient calculables. Ce qui, �videmment l�, rejoint n'est-ce pas, rejoint le sol solide d'Aristote, hein. L'�me dans Aristote est d�finie de telle sorte qu'elle n'implique nullement son immortalit� , et c'est d'ailleurs gr�ce � �a qu'il peut y avoir un progr�s de la science , c'est � partir du moment o� en effet on s'int�resse au corps - et puis deuxi�mement, deuxi�mement ceci : c'est le maintien du contingent comme essentiel. Et apr�s tout , pourquoi le contingent, � savoir ce qui va se passer demain, nous ne pouvons pas le pr�dire ? En beaucoup de choses nous pouvons le pr�dire. De quoi se sert Aristote dans sa d�finition du contingent ? De savoir qui est-ce qui va demain avoir la victoire, de savoir si d�s aujourd'hui, au nom de ceci, que demain une chose s'appellera " victoire de Mantin�e " , est-ce que nous pouvons �crire d�s aujourd'hui , �crire : victoire de Mantin�e. C'est uniquement de �a qu'il s'agit dans l'argumentation d'Aristote � propos du contingent . C'est tout de m�me une belle occasion de nous interroger sur ce pour quoi des �v�nements qui ne sont pas d'ailleurs n'importe lesquels , qui sont des �v�nements , disons , humains - je ne vois pas pourquoi je r�pugnerais l� � l'�noncer ainsi - pourquoi est-ce que c'est �a le contingent ? Parce qu'apr�s tout, il y a quand m�me des �v�nements humains qui sont d'autant plus pr�visibles qu'ils sont constants. Par exemple j'�tais s�r que vous seriez aussi nombreux aujourd'hui que la derni�re fois - pour des raisons d'ailleurs aussi obscures mais enfin . c'�tait calculable . Pourquoi est-ce qu'une victoire n'est pas calculable ? Qui est-ce qui me r�pond ?...
( A Madame Gloria Gonzal�s, sa secr�taire : Donnez-moi un cigare . )

    (p23->) �coutez : une victoire n'est pas calculable...

    Quelqu'un dans la salle : - Parce qu'il faut �tre deux. .

    - Il y a de l'id�e . . .

    I1 y a de l'id�e, c'est �vident, enfin, c'est vrai, comme vous dites, il faut �tre deux, et m�me parfois un peu plus . . . Mais en allant dans ce sens-l�, n'est-ce pas, vous voyez bien que, malgr� tout, vous glissez tout doucement du c�t�, du c�t� o� ce deux, o� ce deux foire : � savoir du c�t� du rapport sexuel . C'est tout un truc, hein, d'�tre deux. Oui. Quand je pense que je n'aurai pas le temps aujourd'hui de vous raconter toutes les belles choses que j'avais pr�par�es pour vous sur l'amour, eh ben , �a me d��oit un peu mais c'est parce que j'ai tra�n�, et puis j'ai tra�n� comme �a parce que . . . parce que j'ai voulu faire quand m�me un chiffrage soign�, c'est-�-dire ne pas trop errer, hein, alors pour le reste , enfin , vous pourrez peut-�tre un petit peu attendre.

    Mais pour me r�f�rer � quelque chose que j'ai d�j� avanc� je l'ai dit de mille fa�ons, bien souvent, mais un jour je l'ai dit tout � fait cru, comme �a, en clair , j'ai dit que : l'effet de 1'interpr�tation - pour me limiter � ce � quoi, n'est-ce pas, je dois rester coll�, je dois rester dupe , et plus encore d u p e sans  m e  f o r c e r , parce que si je suis dupe en me for�ant, eh bien j'�crirai le Discours sur les passions de l'amour, justement, c'est-�-dire ce qu'a �crit Pascal, et qu'est-ce qu'on voit qu'il se force, hein ? Apr�s �a, naturellement �a a l�ch�, �a a claqu�, il n'a jamais pu y revenir, mais enfin, il est assez probable ( j'en suis pas s�r ) qu'il s'est forc�, quand il a �crit �a, quand m�me. Ça donne des r�sultats absolument stup�fiants, n'est-ce pas. C'est absolument magnifique, enfin : en se for�ant, on arrive � dire . . . on arrive, on arrive vraiment � ne pas errer. Lisez-�a, enfin �a colle, l'amour �a se passe comme �a. Absolument d�concertant, mais �a se passe comme �a. Bon.

    Qu'est-ce que �a veut dire que l'interpr�tation est i n c a l c u l a b l e dans ses effets ? Ca veut dire que son seul sens, c'est la jouissance ; c'est la jouissance, d'ailleurs, qui fait tout � fait obstacle � ce que le rapport sexuel ne puisse d'aucune fa�on s'inscrire, et qu'en somme, �a permet d'�tendre � la jouissance cette formule que l'effet de l'interpr�tation est incalculable. Si vous r�fl�chissez bien, en effet, � ce qui se passe � la rencontre de ces deux troupeaux qui s'appellent arm�e, n'est-ce pas, et qui d'ailleurs sont des discours, des discours ambulants, enfin je veux dire que chacun ne tient que parce qu'on croit que le capitaine, c'est S . Bon . . . I1 est tout de m�me tout � fait clair que si la victoire d'une arm�e sur une autre est strictement impr�visible, c'est que  d u  c o m b a t t a n t  o n  n e  p e u t  p a s  c a 1 c u 1 e r  1 a  j o u i s s a n c e . Que tout est l�, enfin si il y en a qui jouissent de se faire tuer, ils ont l'avantage.

    (p24->) Voil�. C'est un petit aper�u concernant ce qui peut en �tre du contingent, c'est-�-dire de ce qui ne se d�finit que de l'incalculable . . . Ouais.

    Alors maintenant , quand m�me , je ne vais tout de m�me pas vous quitter sans vous dire, enfin quelques petits mots de ce qu'il en est tout � l'oppos� de la ligne, comme �a, o� nous nous sommes , enfin , exerc�s - ou bien je me suis exerc� devant vous - mais o� quand m�me - enfin il y a des chances, comme �a - un peu suivi, au moins suivi par votre silence, n'est-ce pas . . . L'occulte, �a peut quand m�me pas seulement se d�finir par le fait enfin , que c'est rejet� par la science.

    Parce que , comme je viens de vous dire , c'est fou tout ce que �a rejette , la science hein '. En principe tout ce que nous venons de dire , et qui existe pourtant , quand m�me . A savoir la guerre. Ils sont l�, tous, les savants, � se creuser la t�te : Warum Krieg ? Ah ! ah ! pourquoi la guerre ? Ils n'arrivent pas � comprendre �a, les pauvres . . . ouais . . . Ils se mettent � deux pour �a , hein , Freud et Einstein . C'est pas en leur faveur . . .

    Mais enfin , l'occulte , l'occulte c'est bel et bien s�rement �a : cette absence de rapport . Et je vous en dirais bien m�me un petit peu plus , enfin , s'il fallait pas tout de m�me que je pr�cise bien comment �a se pr�sentait du temps de Freud. Parce que l� c'est tout � fait clair. Tout ce qu'il a �crit, n'est-ce pas, Psychoanalyse und Telepathie , Traum and Telepathie, dont ont fait Dieu sait quel mauvais usage les gens qui ont isol� �a sous le nom de ph�nom�ne " psi ", c'est des escrocs , n'est-ce pas . Il faut quand m�me bien voir que Freud , alors - lisez ses textes , n'est-ce pas , ceux dont je viens de donner le titre , quand m�me , ceux-l� , on les trouve , contrairement aux Grenzen der Deutbarkeit.

    C' est tout � fait clair : il dit que le r�ve et la t�l�pathie , par exemple , �a n'a strictement rien � faire . C'est m�me au point qu'il va jusqu'� dire que la t�l�pathie , c'est quelque chose du m�me ordre , enfin , je l'admets , pourquoi pas , c'est de l'ordre de la communication . Et dans le r�ve , c'est trait� comme n'importe quelle autre , � savoir la premi�re partie de ce que je vous avais �nonc� tout � l'heure , � savoir etwass  n�tzliches n'est-ce pas , quelque chose qui sert aux manigances de la journ�e. Et c'est repris de la m�me fa�on dans le r�ve , non seulement il pr�f�re admettre , mais tr�s pr�cis�ment il d�montre que dans tous les cas o� il y a eu t�l�pathie soi-disant " r�v�e " , ce sont des cas o� on peut admettre le fait direct qu'il y a eu message, �  savoir annonce par fil sp�cial si je puis m'exprimer ainsi, car c'est �a la t�l�pathie, n'est-ce pas, c'est le f i l  s p � c i a l !

    (p25->) On peut , il n'y a qu'� traiter le cas , il n'y a qu'� l'envisager, � op�rer avec lui, en pensant que, comme n'importe quel autre r�sidu du jour, il y a eu avertissement t�l�pathique. Que ce soit t�l�pathique ou pas , autrement dit , il s'en fout , la seule chose qui l'int�resse c'est que c'est repris dans le r�ve , ceci (je ne peux pas vous faire la lecture parce qu'il est trop tard, n'est-ce pas) ceci est �nonc� dans Freud il faut consid�rer pour concevoir quelque chose aux rapports de la t�l�pathie et du r�ve, que la t�l�pathie s'est produite comme un reste, r � s i d u  de la journ�e pr�c�dente.

    Il pr�f�re admettre �a, quoique bien s�r, naturellement . . . il pr�f�re admettre le ph�nom�ne t�l�pathique - c'est �a le sens de sa position - que de le faire rentrer dans le r�ve. Et il souligne , il souligne , � savoir il dit pourquoi : parce que le r�ve c'est fait - et il fait toute la liste - avec toute une s�rie de chiffrages et que ces chiffrages ne peuvent porter que sur un mat�riel qui est constitu� par les restes diurnes . Il pr�f�re mettre la t�l�pathie, la ranger dans les �v�nements courants - � ceci : de la rattacher en rien aux m�canismes eux-m�mes de l'inconscient. C'est si facile � confirmer, il suffit que vous vous reportiez - bien s�r naturellement en fran�ais �a n'a jamais �t� traduit mais quand m�me, il y en a certains d'entre vous qui lisent l'anglais, m�me j'esp�re, beaucoup, et d'autre part un certain nombre qui lisent l'allemand - reportez-vous aux textes de Freud sur l'inconscient et la t�l�pathie : il n'y a jamais d'ambigu�t� , il pr�f�re tout � savoir, en somme, non seulement ce qu'il met en doute, mais ce sur quoi-ce dont il se lave les mains, ce dont il dit : je n'ai l�-dessus aucune comp�tence. Mais il pr�f�re admettre que la t�l�pathie existe � simplement la rapprocher de ce qu'il en est de l'inconscient .

    Autrement dit , tout ce qu'il �met , tout ce qu'il avance comme remarquable, consid�rant certains r�ves, tout ce qu'il avance comme remarquable consiste toujours � dire : il n'y a rien eu d ' autre que de rapport au r�ve en tant que chiffrage. Ou encore que de rapport de l'inconscient de l'occultiste ou du diseur de bonne fortune avec l'inconscient du sujet. En d'autres termes il d�nie tout ph�nom�ne t�l�pathique aupr�s de ceci - il d�nie au regard de ceci : qu'il n'y a eu que rep�rage du d�sir. Ce rep�rage du d�sir, il le consid�re comme toujours possible, ce qui veut dire - ce qui veut dire par rapport � mon inscription de l'autre jour de la vie comme voyage et de la structure qui se d�place en m�me temps que le voyage dessin�, dessin� lin�airement.

    La question peut se poser, et comment ne se poserait-elle pas , si vraiment la structure est ponctu�e par le d�sir de l'Autre, en tant que tel, si d�j� le sujet na�t inclus dans le langage, inclus dans le langage et d�j� d�termin� dans son inconscient par le d�sir de l'Autre, pourquoi n'y aurait-il pas entre tout ça une certaine solidarité ? L'inconscient n'exclut pas - (p26->) si l'inconscient est cette structure , cette structure de langage l'inconscient n'exclut pas , et ce n'est que trop �vident , l'inconscient n'exclut pas la reconnaissance du d�sir de l'Autre comme tel, en d'autres termes le r�seau - le r�seau de structure dont le sujet est un d�termin� particulier, il est concevable qu'il communique avec les autres structures : les structures des parents certainement , et pourquoi pas � l'occasion avec ces structures qui sont celles d'un inconnu, pour peu, pour peu, souligne Freud , que son attention soit , comme �a , un peu ailleurs .  

    Et le plus fort, ce qu'il souligne, n'est-ce pas, c'est que ce d�tournement de l'attention, il est justement obtenu par la fa�on dont le diseur de bonne fortune se tracasse lui-m�me avec toutes sortes d'objets mythiques. Ça d�tourne assez son attention pour qu'il puisse enfin , appr�hender quelque chose qui lui permette de faire la pr�diction suivante � une telle jeune femme qui a enlev� sa bague de mariage pour lui faire croire que . . . enfin , pour rester anonyme ; il lui dit qu'elle va se marier et qu'elle aura deux enfants � trente-deux ans . Il n'y a d'explications � cette pr�diction - qui d'ailleurs ne se r�alise absolument pas, mais qui malgr� qu'elle ne se soit pas r�alis�e, laisse le sujet qui en a �t� le destinataire, absolument dans l'enchantement . Chaque fois que Freud souligne un fait de t�l�pathie , c'est toujours un fait de cet ordre , � savoir o� la pr�diction ne s'est nullement r�alis�e ; ne s'est nullement r�alis�e, mais qui par contre laisse le sujet dans un �tat de satisfaction absolument �panouie. On ne pouvait rien lui dire de mieux . Et en effet , ce chiffre trente-deux en l'occasion, �tait inscrit dans son d�sir. Si l'inconscient est ce que Freud nous dit , si ces chiffres choisis au hasard , n'est-ce pas , ne sont en r�alit� jamais choisis au hasard , c'est pr�cis�ment par le certain rapport avec le d�sir du sujet ; c'est ce qu'�tale tout au long la Psychopathologie de la vie quotidienne.

    L'int�r�t . L'int�r�t est ceci que Freud sait tr�s bien souligner �ventuellement, n'est-ce pas, c'est que, le seul point remarquable de ces faits dits d'occultisme , c'est qu'ils concernent toujours une personne � qui on tient , pour qui on a de l'int�r�t. Que l'on aime. Mais il est tout ce qu'il y a de plus concevable que d'une personne que l'on aime, on ait avec elle quelques rapports inconscients. Mais ce n'est pas, ce n'est pas en tant qu'on l'aime . Parce qu'en tant qu'on l'aime , c'est bien connu , n'est-ce pas , on la rate . On n'y arrive pas . Alors il s'agit tout de m�me de deux choses, dans ces pr�tendues informations t�l�pathiques. Il y a le contenu de l'information. Et puis il y a le f a i t de l'information. Le fait de l'information , c'est � tr�s proprement parler ce que Freud repousse. Il veut bien l'admettre comme possible, mais dans un monde avec quoi il n'a strictement rien � faire. Pour (p27->) le contenu de l'information , il n'a rien � faire avec la personne dont il s'agirait d'avoir une information . Il a affaire uniquement avec le d�sir du sujet , en tant que l'amour, �a ne comporte que trop cette part de d�sir, �a d�sirerait �tre possible . Alors , ce que je veux simplement , en vous quittant , accentuer : c'est qu'il y a quand m�me quelque chose qui se v�hicule depuis le fin fond des temps, et qui s'appelle l' i n i t i a t i o n.

    L'initiation c'est ce dont nous avons des d�bris au titre de l'occultisme. �a prouve simplement que c'est la seule chose qui, en fin de compte, nous int�resse encore dans l'initiation . Je ne vois pas pourquoi je ne donnerais pas � l'initiation, que l'Antiquit� connaissait, enfin, un certain statut. Tout ce que nous pouvons entrevoir des fameux Myst�res - et tout ce qui peut nous en rester encore dans des pays ethnologiquement situables, de quelque chose de l'ordre de l'initiation - c'est li� , c'est li� � ce que quelque part , quelqu'un comme Mauss n'est-ce pas, avait appel� " technique du corps " je veux dire que, ce que nous avons et qui nous concerne dans ce discours, autant analytique que scientifique, voire universitaire, voire celui du Ma�tre et tout ce que vous, voudrez . . . c'est que , elle se pr�sente elle-m�me , l'initiation , quand on regarde la chose de pr�s, toujours comme ceci : une approche , une approche qui ne se fait pas sans toutes sortes de d�tours , de lenteurs , une approche de quelque chose o� ce qui est ouvert, r�v�l�, c'est quelque chose qui, strictement, concerne la jouissance. Je veux dire qu'il n'est pas impensable que le corps, le corps en tant que nous le croyons vivant, soit quelque chose de beaucoup plus cal� que ce que connaissent les anatomo-physiologistes . Il y a peut-�tre une science de la jouissance, si on peut s'exprimer ainsi. L'initiation en aucun cas ne peut se d�finir autrement. Il n'y a qu'un malheur, c'est que de nos jours, il n'y a plus trace, absolument nulle part, d'initiation. Voil�.

* Suite du texte allemand de Freud dont Jacques Lacan commence l'explication page 17 ; la premi�re partie du texte a �t� reproduite page 18  :

                              Un ersteren Falle sind es intellektuelle Encscheidungen, Vorbereitunqen zu Handlungen oder Mitteilungen an andere ; im anderen Falle nennen wir sie Spielen and Phantasieren. Bekanntlich ist auch das N�tzliche mur ein Umweg zur lustvollen Befriedigunpg. Das Tr�umen ist nun eine T�tigkeit der zweiten Art, die ja eintwicklungsggeschichtlich die urspr�nglichere ist.  Es ist irref�hrend, ru sagen, das Tr�umen bem�he sich sum die bevorstehenden Aufgaben des Lebens oder suche Probleme der Tagesarbeit zu Ende zu f�hren. Darum k�mmert sich das vorbewuBte Denken. Dem Tr�umen liegt soiche n�tzliche Absicht ebenso ferne die die der Vorbereitung einer Mitteilung an einen anderen. Wenn sich der Traum mit  

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 5 août 2005