Text/Jacques Lacan/NDP23041974.htm

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J.LACAN                          gaogoa

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'XXI-'Les non-dupes errent   1973-1974

                                        version rue CB

'23 Avril 1974'                            [#note note]

(p139->BON, JE VAIS D'ABORD, en commen�ant trois minutes avant l'heure ; je vais d'abord m'acquitter d'un devoir que je n'ai pas rempli la derni�re fois. Je ne l'ai pas fait parce que, parce que j'ai cru que �a se ferait tout seul, mais comme m�me dans mon �cole, j' ai vu que personne n'avait franchi ce pas, alors �a m'incite � en provoquer d'autres � le franchir. Il y a un livre qui vient de para�tre au " Champ freudien ", comme on dit, hein, c'est une collection dont il se trouve que je la dirige. Si c'est paru dans cette collection, je n'y suis �videmment pas pour rien, il a m�me fallu que j'y force l'entr�e. Ce livre s'appelle - c'est un titre, autant celui-l� vaut qu'un autre - s'appelle : L'Amour du Censeur. I1 est du nomm� Pierre Legendre, qui se trouve �tre professeur � la Facult� de Droit. Voil�. Alors, j'incite vivement ceux qui, ceux qui, je ne sais pas trop pourquoi, enfin, s'accumulent ici autour de ce que je dis, je les incite vivement � ce qu'on appelle en prendre connaissance, c'est-�-dire � le lire, � le lire avec un peu de soin parce qu'ils en apprendront quelque chose. Voil�. L�-dessus je commence.

    Je commence, ou plut�t je recommence. C'est bien ce qui m'�tonne le plus. Je veux dire que j'ai l'occasion � chaque fois de m'apercevoir que si j'ai parl� de l'espoir dans certains termes, � propos d'une question qui m'�tait pos�e, kantienne : " que je puisse . . . " . . . " que puis-je esp�rer ? " et j'avais dit que l'espoir, j'avais r�torqu� que l'espoir c'�tait une chose propre � chacun. Il n'y a pas d'espoir commun. C'est tout  � fait inutile d'esp�rer un commun espoir. Alors moi, je vais vous avouer le mien, c'est celui qui me poss�de toute la semaine jusqu'au matin o� je me r�veille � votre intention - c'est-�-dire par exemple ce matin m�me - jusqu'� ce moment, je, j'ai toujours l'espoir que ce sera la derni�re fois, que je pourrai vous dire n, i, ni : fini. Le fait que je sois l�, parce que le jour o� je le dirai, �a sera avant, ce sera avant de commencer, le fait que je sois l� vous prouve que, tout particulier que me soit cet espoir, il est d��u.

    Bon, alors, moyennant quoi, en me r�veillant, j'ai naturellement pens� �, � tout autre chose que, que ce que j'avais foment� pour vous le dire, il m'est surgi comme �a, enfin, que s'il y a - je l'ai d�j� dit, enfin , mais il faut bien que je le r�p�te - que s'il y a, que s'il y a quelque chose dont l'analyse a d�couvert la v�rit�, c'est l'amour du savoir. Puisque tout au moins si ce que je vous (p140->) fais remarquer a quelque accent, accent qui vous �meuve, le transfert r�v�le la v�rit� de l'amour et pr�cis�ment en ceci qu'il s'adresse � ce que j'ai �nonc� du sujet suppos� savoir. Ça pourrait vous para�tre, apr�s ce que j'ai �nonc� la derni�re fois, avec je crois quelque accent, au moins je me l'imagine, enfin j'esp�re que vous vous en souvenez, non seulement j'ai avanc� qu'il n'y avait pas de d�sir de savoir, mais j'ai m�me parl� de quelque chose qui, que j'ai articul� effectivement de l' horreur de savoir. Voil�.

    Alors, comment, comment rejoindre �a, si je puis dire ? Ben justement, �a ne se rejoint pas. C'est le Mariage du Ciel et de l'Enfer . Il y a un nomm� William Blake, vous savez, qui a, dans son temps, � son �poque, avec ses, avec son petit mat�riel � lui qui n'�tait pas mince - a remu� �a ; il lui a m�me donn� exactement ce titre. Voil�. Alors peut-�tre que ce que je suis en train de vous dire, c'est que, c'est que le mariage en question n'est pas tout � fait ce qu'on croit. Ce qu'on croit , � lire William Blake, pr�cis�ment. Ouais. Ceci ne fait que, que r�accentuer quelque chose que je vous ai dit ailleurs, quelque chose qu'implique en tout cas notre exp�rience, et l'exp�rience analytique que je ne suis ici que pour, que pour situer.

    Qu'est-ce qu'une v�rit�, sinon, sinon une plainte ? Au moins est-ce l� ce qui r�pond � ce que, � ce que nous nous chargeons, analystes, si tant est qu'il y en ait du, du psychanalyste, ce que nous nous chargeons de recueillir. Nous ne la recueillons pas tout de m�me sans remarquer que la division la marque. Marque la v�rit�. Qu'elle ne peut pas-toute �tre dite. Voil�. C'est notre voie, la voie, il y a longtemps que de �a, on parle, hein. Et si on la met en premier dans un �nonc� que, qui je l'esp�re enfin est en train de vous corner aux oreilles, si on la met en premier - c'est bien que c'est de �a qu'il s'agit en premier quoique les solutions qui s'en sont avanc�es diff�rent entre elles, et de beaucoup. Il s'agirait de, d'avoir une petite id�e de la n�tre. Et puis tout de suite apr�s, quand on �nonce ce terme, la voie, tout de suite apr�s on parle de la v�rit� qui, si elle est ce que je viens de dire, est quelque chose comme une planche pourrie, et puis en tiers, on ose  enfin quelqu'un, en tout cas, a, a os�, comme �a : un d�nomm� saint Jean, il a parl� de la vie . Ce sont d'imprudentes �mission . �missions de quoi ? de voix. De voix � �crire tout autrement : v, o,i ,x, celles-l�. Ce sont d'imprudentes �missions de voix qui �noncent ces couplages. Vous pouvez remarquer que ce . . . que le couplage, dans l'occasion, �a va par trois. Et qu'est-ce que c'est que la vie, dans l'occasion ? C'est bien quelque chose qui, qui dans ce trois, alors, fait, fait, fait, fait un trou, hein. Je sais pas si vous savez ce que c'est que la vie, hein, mais c'est tout de m�me curieux que, que �a fasse probl�me. Lavie que pour l'occasion j'�crirais bien comme j'ai fait, comme j'ai fait de Lalangue en un seul mot. Ce ne serait que pour sugg�rer que, que nous n'en savons pas beaucoup de choses sinon qu'elle s'lave. C'est � peu pr�s la seul marque sensible de ce qui rentre dans 1a vie.

    (p141->) Enfin, ces couplages, qu'est-ce que je sugg�re ici, � partir de l'exp�rience qui se d�finit d'analytique, qu'est-ce que je sugg�re ici. Est-ce que ces couplages, de les penser ? Ouais. Si c'�tait �a, �a serait, enfin, cette esp�ce de, de bascule, qui serait chute dans le discours universitaire. C'est l� qu'on pense. C'est-�-dire qu'on baise. Bon, je vous fais remarquer que, que dans ce discours, je ne suis comme �a, c'est un petit test, simplement, c'est pas du tout que, que je m'en targue, je ne suis pas re�u, je suis plut�t, plut�t support�, oui, tol�r� - tout �a nous ram�ne au statut, au statut de , de ce que j'�non�ais la derni�re fois, enfin, li� � notre rapport, de vous, de moi, et que je mettais en suspens entre la voix et l'acte de dire. J'ose esp�rer que l'acte de dire y a plus de poids, quoique c'est de cela que je puisse douter, puisque ce doute c'est ce que la derni�re fois j'ai �mis comme tel. Si c'est l'acte de dire, c'est celui-l� que je re�ois d'une exp�rience codifi�e. J'ai aussi �nonc� - vous voyez, j'insiste � me r�p�ter - j'ai aussi �nonc� ceci : que faut-il, au sens de : qu'est-ce qui manque, pour que cette exp�rience codifi�e, elle ne soit pas elle ne soit pas � la port�e de tout le monde ? C'est pas une question de division du travail, � savoir que tout le monde ne puisse pas s'employer �, � analyser le reste. C'est pas � la port�e de tout le monde, d'un fait de . . . de structure dont j'ai essay� de rappeler la derni�re fois, ou tout au moins d'indiquer � quoi j'entends l'emmancher. Il ne peut pas �tre � la port�e de tout le monde de remplir cet office, que j'ai d�fini � l'instant de recueillir la v�rit� comme plainte.

    Quel est le statut de ce mariage que j'ai �voqu� tout � la suite, en le mettant sous le patronage de, de William Blake ? Quand je dis que ce n'est pas � la port�e de tout le monde, �a va loin, cela implique qu'il y en a � qui c'est de fait interdit. Et quand j'�nonce les choses ainsi, j'entends me, me d�marquer de ce qu'il y aurait de ceci, de ceci qu'avance Hegel quelque part, de ce rejet, inscrit, dit-il dans ce qu'il appelle " la loi du coeur ", ce rejet du d�sordre du monde. Hegel montre que si �a se fait, c'est facile. Et il a bien raison. Il ne s'agit pas de produire ici le d�sordre du monde, il s'agit d'y lire le pas-tout. Est-ce l� substitution � l'id�e de l'ordre ? C'est tr�s pr�cis�ment ce que, ce dans quoi je me propose aujourd'hui d'avancer, d'avancer avec cette question laiss�e � l'instant, de ce qui m'y pousse. Ce qui m'y pousse � en t�moigner.

    Ce pas-tout, en quoi consiste-t-il ? I1 est �vident qu'il ne peut se rapporter �, � ce qui ferait tout, � . . . � un monde harmonieux. Alors le pas-tout faut-il le saisir quelque part dans un �l�ment ? Un �l�ment qui p�che justement de n'y pas �tre harmonis� ? Est-ce que �a suffit � ce que, � ce que tout y soit acquis - permettez moi l�, de l'avancer - � la bifurcation, � l'arbre. Ouais. Je vous fais remarquer que l�, mine de rien, � vous poser une question comme �a, cette bifurcation, c'est, c'est aussi bien ce que je viens de faire, un signe, un y , de quelque chose qui, qui est sensible, enfin, avec quoi nous frayons : y a l'arbre, y a le v�g�tal, il fait branche, c'est son mode de pr�sence. Et je vois pas pourquoi j'irais pas � patauger l�, dans, dans quelque chose qui quand m�me se (p142->) recommande � notre attention, parce que c'est le fait de l'�criture, hein : la vieille Urszene , la sc�ne primitive, telle qu'elle s'inscrit de la Bible, au d�but de la dite Gen�se. Le tentateur, hein. Et puis la gourde, n'est-ce pas, la , la nomm�e �ve, et puis le connard des connards n'est-ce pas, l'Adam premier ? Et puis ce qui circule, l�, machin qui lui reste en travers de la gorge, la pomme, qu'on dit. Pis c'est pas tout, hein : y a le grand-papa qui rapplique et puis qui les qui les sonne. Moi. je suis pas contre, de lire �a.

    Je suis pas contre puisque c'est plein de sens. C'est bien justement, ce dont il faudrait le nettoyer. Peut-�tre que si . . . on grattait tout le sens, hein on aurait une chance d'acc�der au R�el. C'est m�me �a que je suis en train de vous enseigner. C'est que c'est pas le sens de la plainte, qui nous importe, c'est ce qu'on pourrait trouver au-del�, de d�finissable comme du R�el, ouais. Seulement pour nettoyer le sens, il faudrait pas en oublier, parce que sans �a c'est �a qui fait rejet, hein, et dans tout �a y a quelque chose qu'on oublie. Et c'est justement l'arbre. Ce qui est �norme, c'est qu'on en s'aper�oive pas que c'�tait �a qui �tait interdit. C'est pas le serpent, c'est pas la pomme, c'est pas la connasse, c'est pas le connard : c'�tait l'arbre, , dont il fallait pas approcher ? Et � lui personne ne pense plus, c'est admirable ? Mais lui, l'arbre, qu'est-ce qu'il en pense ? L� je fais un saut, hein, parce que qu'est-ce que �a veut dire : " qu'est-ce qu'il en pense ? " �a ne veut rien dire que ceci, qui est en suspens, et qui est tr�s pr�cis�ment ce qui me fait suspendre tout ce qui peut se dire au titre de la vie, de la vie qui se lave. Parce que malgr� que l'arbre ne se lave pas - �a, �a se voit ! - est-ce que malgr� cela, l'arbre jouit ? C'est une question que j'appellerai essentielle. Non pas qu'il y ait d'essence en dehors de la question : la question c'est l'essence, il n'y a pas d'autre essence que de question. Comme y a pas de question sans r�ponse, je vous le serine depuis longtemps, �a veut dire que l'essence aussi en d�pend, de la r�ponse. Seulement l�, elle manque. Impossible de savoir si l'arbre jouit, quoiqu'il ne soit pas moins certain que l'arbre c'est la vie. Ouais. 

    Je vous fais mes excuses, d'avoir comme �a imagin� �a, imagin� de vous pr�senter �a, comme �a, � l'aide de la Bible. Moi, la Bible, �a ne me fout pas la trouille. Et je dirai m�me plus, j'ai pour �a une raison. C'est que y a des gens comme �a qui, qui en ont �t� form�s, hein, les Juifs qu'on les appelle g�n�ralement. On peut pas dire qu'ils ! aient pas cogit� sur le machin, la Bible. Je dirai m�me plus : tout prouve, tout prouve dans leur histoire ( � Madame Gloria Gonzal�s Donnez moi un cigare . . . ) tout prouve dans leur histoire qu'il ne se sont pas occup�s de la nature, qu'ils ont talmudis�, comme on dit, c'te Bible. Eh bien je dois reconna�tre que �a leur a r�ussi. Et � quoi est-ce que je le touche ? Je le touche � ceci, oui, qu'ils ont vraiment bien contribu�, quand c'est venu � leur port�e, � ce domaine qui m'int�resse, quoi que ce ne soit pas le mien - le mien au sens de domaine de l'analyse - qu'ils ont vraiment contribu�, avec une particuli�re astuce, au domaine de la science. Qu'est-ce que �a veut dire, �a ? C'est pas eux qui l'ont, qui l'ont invent�e.

    (p143->) L' histoire de la science est partie d'une interrogation sur la ( mettez �a entre guillemets, je vous prie ) sur la " nature ", sur la File:1.jpg � propos de quoi Monsieur Heidegger se tortille les circonvolutions . Qu'est-ce que c'�tait que la nature pour les Grecs, s'interroge-t-il ! La nature, ils s'en faisaient une id�e. Il faut bien le dire que, que l'id�e qu'ils s'en faisaient - comme le m�me Heidegger le sugg�re - elle est, elle est bien perdue. Elle est perdue, perdue, perdue, perdue. Je vois pas pourquoi on la regretterait ! Puisqu'elle est perdue , hein ? Eh ben, on n'a pas un tellement grand deuil � en faire, puisqu'on en sait m�me plus ce que c'est. Ouais. On sait m�me plus ce que c'est parce qu'il est bien �vident que si la science a r�ussi, a r�ussi, a r�ussi � surgir, il semble pas, d'ailleurs, que les Juifs y aient au d�part mis beaucoup d'eux-m�mes. C'est apr�s coup, dans la timbale une fois d�croch�e, qu'ils sont venus mettre leur grain de sel, hein, et qu'on s'est aper�u que, que c'est clair, enfin, quoi l'Einstein, � en remettre au grand machin de Newton, c'est lui qui tient le bon bout. Et puis il est pas le seul, il y en a d'autres - que je vous nommerai � l'occasion, mais je ne peux pas parler de tous � la fois, parce qu'ils pullulent et puis qu'ils sont pas tous dans le m�me coin. Ce qu'il y a de certain c'est que, c'est quand m�me frappant que, qu'il ait suffi de ce , de ce sacr� machin l� , �crit, l'�criture par excellence, qu'on dit ! - qu'il ait suffi de �a pour qu'ils rentrent dans le truc de ce que, de ce que les Grecs ont pr�par� et pr�par� par quelque chose qui n'est � distinguer de l'�criture, de l'�criture en tant que la sp�cifie, enfin, que ce soit possible � lire, que quand �a se lit, �a fait un dire - un dire � dormir debout, naturellement, comme je vous l'ai racont� tout � l'heure � propos de cette sc�ne � la mords-moi-le-doigt , un dire � dormir debout, mais un dire ! Il est tout � fait clair que si le Talmud a un sens, �a consistait pr�cis�ment � vider de sens ce dire, c'est-�-dire � n'�tudier que la lettre. Et de cette lettre induire des combinaisons absolument loufoques, dans le genre d'�quivalence de la lettre et du nombre, par exemple, mais c'est tout de m�me curieux que �a soit �a qui les ait form�s, et qu'ils se trouvent � la page quand ils ont affaire � la science . . . 0uais !

    Alors, c'est ce qui m'autorise, je dirai, je dirai , � faire comme eux, � ne pas consid�rer comme un champ interdit ce que j'appellerai la mousse religieuse, � laquelle je recourais tout � l'heure. Ce que j'appelle " la mousse ", l�, c'est le sens, tout simplement ! Le sens � propos de quoi je, je j'essayais justement de faire, de faire le nettoyage, en posant la question, la question de l'arbre : qu'est-ce qu'il est, l'arbre ? Et qu'est-ce qu'il est sur un point tr�s pr�cis que j'ai d�sign�, parce que je reste pas en l'air : est-ce qu'il jouit ? La mousse religieuse peut donc, enfin, �tre aussi bien du mat�riel de laboratoire ! Et pourquoi pas, et pourquoi pas nous en servir puisque, puisqu'elle nous vient avec ce que j'appelle, ce que j'appelle en la faisant basculer tout enti�re d'un c�t�, ce que j'appelle la v�rit�, parce que bien s�r, c'est pas la v�rit� vid�e, hein, c'est la v�rit� comme �a foisonnante. Voil� . .

    (p144->) Voil�. Je peux quand m�me bien vous indiquer que, que c'est pas pour rien, enfin, qu'il y a , qu'il y a des Juifs biologistes, hein. Moi, je viens de lire un truc dont aussi bien je vous donnerai le titre . . . je vous donnerai le titre, enfin, c'est, c'est, c'est le bouquin, l�, sur la sexualit� et les bact�ries. I1 y a une chose qui m'a frapp�, enfin, � la lecture de ce livre que j'ai lu avec passion de bout en bout, parce que c'�tait dans mon, dans mon fil, comme �a, c'est que si , c'est que si l'amibe, hum . . . cette petite saloperie, l�, que vous regardez au microscope, l�, hein, et puis qui manifestement, fr�tille, hein, elle vous bouffe des trucs . . . elle . . . bon. Ça c'est s�r qu'elle jouit ! Eh ben pour la bact�rie, je m'interroge ! Est-ce que la bact�rie jouit ? Ben c'est marrant, hein, la seule chose qui puisse, enfin, nous en sugg�rer l'id�e, c'est - je peux quand m�me pas dire que c'est dans Jacob que je l'ai d�couvert, faut pas exag�rer, j'avais eu comme �a , une rumeur . . . mais dans ce Jacob, qui d'ailleurs est dans l'occasion associ� � un nom nomm� Wollman , ce qui m'a v�ritablement fascin�, hein, c'est ce qui est la caract�ristique de ladite bact�rie, c'est qu'il y a rien de tel au monde qu'une bact�rie pour pouvoir �tre infect�e. C'est pour tout dire que la bact�rie ne nous apporterait absolument rien s'il n'y avait pas le bact�riophage. Et le lien que fait - que fait : il fait pas, �a se d�gage - mais enfin c'est certain que, le fait que, comme son nom l'indique Jacob soit juif, c'est certainement pas pour rien que son rapport, rapport d'exp�riences accumul�es, minutieuses, foisonnantes enfin, que son rapport sur ce qu'il se passe entre la bact�rie et le bact�riophage, ce soit l� que nous puissions prendre le " sentiment ", disons que de l'infection, de son infection par le bact�riophage, la bact�rie jouisse, �ventuellement.

    Et si on y regarde de bien pr�s - enfin, reportez-vous au texte, moi je vous l'indique, �a va en faire un second qu'il va vous falloir vous fourrer dans les poches, seulement celui-l� il est tr�s difficile � trouver, il est archi-�puis� ce machin-l�, il est paru en Am�rique . . . C'est emmerdant ? Ce serait tout de m�me pas mal que vous vous en fassiez tirer des photocopies. Il y en a aussi peut-�tre un en fran�ais qui circule, mais je peux pas vous dire, moi, je ne m'y suis pas pr�cipit�, puisque j'ai lu la chose en anglais, enfin, il y en a aussi un en fran�ais, dont je sais m�me pas encore s'il se trouve : vous voyez quelle est ma bienfaisance, je vous l'indique au moment o� vous allez donc me faire la plus effroyable concurrence si je veux me le procurer. Enfin tant pis, il y a toujours la photocopie . . .

    C'est en fin de compte de l� que se touche le joint, un joint qui est tr�s particulier. Si Jacob par l� manifeste qu'il y a sexe au niveau de la bact�rie, il ne le manifeste que de ceci, lisez bien le livre : qu'entre deux mutations de bact�ries de la m�me lign�e, soit de ce fameux escherichia coli qui a servi de mat�riel de laboratoire � ce niveau-1�, qu'entre deux mutations de bact�ries de la m�me provenance, ce qui constitue le sexe, c'est qu'entre elles, ces mutations, il n'y ait pas de rapport possible. Ceci veut dire qu'une lign�e de  (p145->) bact�ries dont la mutation consiste en une possibilit� de foisonnement plus grande que dans l'autre, alors que c'est au niveau de cette possibilit� de foisonnement que l'autre se distingue : foisonnement-plus, fertility qu'ils appellent �a en anglais, foisonnement-moins. Les foisonnantes-plus, quand elles se rencontrent avec les foisonnantes-moins, les font muter du c�t� du foisonnement. Alors que les foisonnantes-moins, quand elles vont aux foisonnantes-plus, elles, ne les font pas muter du c�t� du foisonnant-moins. C'est donc essentiellement du non - rap p o r t entre deux rameaux - nous le retrouvons notre petit arbre ! - c'est donc du non-rapport entre deux rameaux d'un m�me arbre, que pour la premi�re fois se sugg�re, au niveau de la bact�rie, l'id�e qu'il y a une sp�cification sexuelle.

    Alors vous voyez dans quelle note �a, �a, �a peut me toucher, parce que, de retrouver ce non-rapport � un tout autre niveau de la pr�tendue �volution de la vie, qui est celui dont je sp�cifie l'�tre parlant, c'est quand m�me quelque chose qui, enfin, qui est bien fait pour me retenir, et pour du m�me coup essayer aussi de vous mettre un peu au parfum . . . Parce qu'en somme, ce que �a veut dire, c'est que dans sa premi�re apparition - qui n'a d'ailleurs, strictement rien � faire avec sa seconde apparition qui est une pure homologie la sexualit�, ce n'est pas du tout la m�me chose, mais que �a puisse �tre � l'occasion � un niveau de l'arbre, une chose li�e � l'infection et � rien d'autre, c'est quand m�me, c'est quand m�me digne de nous retenir. Bien s�r, �a ne veut pas dire non plus nous pr�cipiter, hein, faut pas se pr�cipiter, surtout, parce que c'est, c'est la meilleure fa�on de se foutre le doigt dans l'oeil ! Mais enfin, c'est sensible. Et que, que la question de la jouissance se sugg�re d�s l'infection, sexualit� � port�e limit�e, c'est aussi digne de nous retenir. Bon. Quand je dis : ne pas se pr�cipiter, hein, �a veut dire aussi : ne pas se laisser mener par le bout du nez.

    Y a-t-il - je fais rupture ici, je prends les choses par un autre bout - y a-t-il du savoir dans le R�el ? Il est essentiel qu'ici je rompe, puisque sinon moi du moins vous, vous �tes jusqu'ici laiss�s mener par le bout du nez, c'est-�-dire que vous vous arr�tez l� o� je m'arr�te moi-m�me, pour ne pas me laisser mener du m�me bout. Poser la seconde question, celle que j'avance maintenant, apr�s m'�tre laiss� mener dans la mousse religieuse, en quoi cela a-t-il de l'int�r�t, que maintenant je reparte ? C'est quand m�me - c'est pas difficile �, � sentir, n'est-ce pas, la jouissance, elle fait �ruption (sic) dans le R�el. Et qu'il y aura un moment - qui sera plus tard, parce qu'il faut quand m�me bien s�rier les choses, hein, o� la question se retourne. Le R�el, qu'a-t-il � r�pondre, si la jouissance l'interroge ? Et c'est en quoi je commence - l� vous voyez le lien - en quoi je commence � poser la question : le savoir, c'est pas pareil que la jouissance. Je dirai m�me plus, s'il y a un point o�, o� je vous ai men�s, enfin, en partant de ce savoir qui s'inscrit de l'inconscient, c'est bien que le savoir, c'est pas forc� qu'il jouisse, de lui-m�me.

    (p146->) Et c'est bien pourquoi, maintenant, rupture, je reprends un fil d'un autre bout, dont aucun terme ne se rencontre dans ce que j'ai avanc� d'abord. Je reprends le fil par un autre bout, et je fais question du savoir dans le R�el. I1 est bien clair que cette question comme toutes les autres, ne se pose que de la r�ponse. Je dirai m�me plus : de la r�ponse telle que je viens de l'accentuer. L'inconscient au sens de Freud, c'est au nom de quoi je pose la question du savoir dans le R�el. Mais je ne la pose pas en donnant � l'inconscient de Freud toute sa port�e. Je dis seulement que l'inconscient ne se con�oit d'abord, que de ceci : que c'est un savoir . Mais je me limite � �a. C'est au nom de �a que la question du savoir dans le R�el prend son sens.

    Y en a. Et il n'y a pas besoin de l'inconscient de Freud pour qu'il y en ait. Y en a selon toute apparence, sans quoi le R�el ne marcherait pas. Voil� d'o� je pars qui vous le voyez est d'une tout autre allure. D'une allure grecque, celle-l�, justement. Le R�el, c'est comme le discours du ma�tre: c'est le discours grec. Le R�el il faut que �a marche. Et on ne voit pas comment �a marcherai sans qu'il y ait dans le R�el du savoir. Alors l� aussi, hein, ne pas se pr�cipiter. L� c'est plus de se laisser mener par le bout du nez qu'il s'agit, l�, c'est de s'engluer, avec ce pas. Il faut bien en trancher le cadre. Si j'ai fait ce pas dans le R�el, il faut que je d�coupe le . . . toute la glu tout autour, pour pas y rester coll�, hein. Et �a dans le R�el, c'est, si j'ose dire ce qui ne veut rien dire hors d'un sens.

    Dans le R�el, �a veut dire : ce qui ne d�pend pas de l'id�e que j'en ai. Un pas de plus avec la m�me colle aux pieds : ce � quoi, que j'y pense, n'importe pas. Que je pense � lui, comme �a, le R�el, c'est ce qui s'en fout. Et c'est bien pourquoi que la premi�re fois que j'ai essay� de faire vibrer cette cat�gorie, enfin, aux oreilles de mes auditeurs, ceux de Sainte-Anne, je peux pas dire que j'ai pas �t� gentil, hein , je leur ai dit : le R�el c'est, c'est ce qui revient toujours � la m�me place. Ce qui est justement le mettre en place. La notion de place, elle surgit de l�.

    Alors, en disant �a, je mets le R�el - je le situe, justement, je le mets � sa place, d'un sens, ne l'oublions pas, d'un sens en tant que su : le sens se sait. C'en est m�me au point qu'on est �tonn�, hein, vu le g�nie de lalangue qu'on n'en ait pas fait un seul mot, hein, qu'on ait, qu'on ait pataug� : le sens�, le sensible tout ce qu'on veut, mais que �a n'ait pas fini par se cristalliser : le sensu. Faut croire que �a avait des �chos qui nous plaisaient gu�re.

    Ce que je suis en train de dire par l�, en tout cas de vous avancer concernant le R�el, c'est �a d'abord, c'est que le savoir dont il s'agit dans la question : y-a-t-il savoir dans le R�el, est tout � fait � s�parer de l'usage du su dans le sensu. C'est du sens � partir de l� que je d�tache le r�el, mais �a n'est pas du m�me  (p147->)  savoir que je questionne pour savoir s'il y a du savoir dans le R�el. Le savoir dont il s'agit dans la question n'est pas cet ordre de savoir qui porte sens ou plus exactement, qui, du sens, est port�.

    Et je vais tout de suite l'illustrer. L'illustrer, l'illustrer d'Aristote. Il est tout � fait frappant que dans sa Physique , Aristote ait depuis un bon bout de temps, enfin, fait le saut, le saut par quoi, par quoi se d�montre que sa Physique n'a strictement rien � faire avec la File:1.jpg dont Heidegger essaie de nous faire ressurgir le fant�me. C'est que ce � quoi il s'en prend, il s'en prend pour r�pondre � la question qui est celle que je pose maintenant : y a-t-il du savoir dans le R�el ? - il s'en prend au savoir de l'artisan. C'est que les Grecs n'avaient pas le m�me rapport � l'�criture. La fleur de ce qu'ils ont produit, c'est des dessins, c'est de tirer des plans. C'est leur id�e de l'intelligence. I1 ne suffit pas d'avoir une id�e de I'intelligence pour �tre intelligent. �a vous est sp�cialement adress�, cette recommandation. Et il est surprenant que ce soit Aristote qui nous le prouve.

    Cet artisan, Dieu sait ce qu'il lui impute, c'est le cas de le dire. Il lui impute, d'abord, de savoir ce qu'il veut : ce qui quand m�me est raide ! O� est-ce qu'on a vu que quelqu'un qui se d�p�tre, en artisan, sache ce qu'il veut ? C'est Aristote qui lui, qui lui flanque �a sur le dos. Gr�ce � Aristote, l'artisan " cause final ". Et puis aussi, pendant qu'il y est, je ne vois vraiment pas ce qui l'arr�te, n'est-ce pas, il " cause formel ", aussi, il a de I'id�e, comme on dit. Et puis apr�s �a, il, il, il cause " cause ", il cause m�me " moyen ", il cause " efficient " pour tout dire, et c'est encore heureux si Aristote laisse un bout de r�le � la mati�re. L� c'est elle : elle " cause mat�riel "" ! Ça cause, �a cause, �a cause m�me � tort et � travers.

    Parce que, pour prendre les choses, comme �a, au niveau d'o� �a sort, c'est-�-dire le pot - c'est comme �a que c'est sorti, non pas bien s�r qu'ils savaient faire que �a, les Grecs, ils savaient faire des machins beaucoup plus compliqu�s, mais tout �a , �a sort du pot. Quand je pose la question : s'il y a du savoir dans le R�el, c'est pr�cis�ment pour exclure de ce R�el ce qu'il en est du savoir de l'artisan. Non seulement le savoir de l'artisan ne cause pas, mais c'est exactement de cet ordre de savoir auquel l'artisan sert parce qu'un autre artisan lui a appris � faire comme �a.

    Et loin que le pot ait une fin, une forme, une efficacit� et m�me une mati�re quelconque, le pot, c'est un mode de jouir. On lui a appris � jouir � faire des pots ! Et si on lui ach�te pas son pot et �a c'est le client qui l'a � sa jugeote - si on lui ach�te pas son pot, ben il en est pour sa jouissance, c'est-�-dire qu'il reste avec, et que �a ne va pas tr�s loin. C'est un mode qu'il est essentiel de d�tacher de ce dont il s'agit quand je pose la question : s'il y a du savoir dans le R�el.

    Il faudrait quand m�me seulement qu'il y en ait ici quelques-uns qui ont �t�, qui ont �t�, je sais pas, � l'Exposition des Fouilles chinoises arch�ologiques, qu'on appelait �a, des fouilles chinoises (p148->) qui �taient ce que, ce qu'avait trouv� de mieux � nous envoyer le pays de Mao. L� vous pouvez voir - � ce niveau-l� parce qu'il y a des raisons pour que, dans cette, dans cette zone, enfin, on puisse encore voir les pots au moment de leur surgissement. I1 est tout � fait clair que ces pots absolument saisissants, admirables, n'est-ce pas, ces pots du temps de l'apparition des mots, quand pour la premi�re fois, on a fait des pots - on leur fout trois pieds, comme par hasard, mais c'est des pieds qui sont pas des pieds, des pieds qui se vissent, vous comprenez, c'est des pieds, des pieds qui sont l� dans la continuit� du pot. C'est des pots qui ont, qui ont qui ont des becs dont on peut dire que toute bouche est indigne � l'avance. C'est des pots qui sont eux-m�mes, dans leur av�nement enfin des choses devant quoi on se prosterne.

    Est-ce que vous croyez que ce surgissement-l�, c'est quelque . . . c'est quelque chose qui ait quoi que ce soit � faire avec la d�composition aristot�licienne ? Ces pots, il suffit de les regarder pour voir qu'en somme ils peuvent servir � rien. Mais il y a une chose certaine, c'est que �a a pouss�, n'est-ce pas, �a a pouss�, enfin comme une fleur. Qu'Aristote, enfin, les, les, les d�compose, enfin, n'est-ce pas, les con-cause de quatre causes, au moins, diff�rentes, c'est quelque chose qui � soi seul, enfin, d�montre que les pots sont d'ailleurs.

    Mais pourquoi est-ce que je vous en parle puisque justement je les mets ailleurs ? Je vous en parle parce que si c'est le client qui, qui finalement a � juger du pot, faute de quoi le potier, enfin il peut se mettre la ceinture, �a nous d�montre quelque chose, c'est que c'est le client qui non seulement ach�te le pot, mais qui, l'artisan , le " poti�re ", si je puis m'exprimer ainsi. Et il suffit de voir la suite de cette liaison qu'il y a entre le fait que le pot, enfin, soit si bien fait qu'on imagine que Dieu est un potier, exactement comme l'artisan. Le Dieu dont il s'agit, c'est, c'est . . . autrefois, enfin, mon vieil ami Andr� Breton avait cru prononcer un blasph�me en disant que, en disant que Dieu est un porc. C'est pas pour rien que la derni�re fois je vous ai dit que j'ai jamais encourag� les surr�alistes. Non pas du tout que moi j'abr�gerais et je dirais que Dieu est un pot; Dieu est un empot� ! Dieu est le potier, c'est vrai, mais le potier aussi est un empot�. C'est le sujet, enfin du , du savoir suppos� � son art.

    Mais c'est pas de �a qu'il s'agit quand je vous pose la question : y a-t-il du savoir dans le R�el ? Parce que �a, c'est ce qu'on a rencontr� le jour o� du R�el on a r�ussi � arracher un brin, c'est-�-dire au moment de Newton, o� quand m�me, c'est arriv�, et que l�, pour que le R�el fonctionne, le R�el au moins de la gravitation, c'est-�-dire pas rien, quand m�me, parce que nous y sommes tous viss�s � cette gravitation et rien de moins que par notre corps, jusqu'� nouvel ordre, non pas que c'en soit une propri�t�. comme l'a bien d�montr� la suite - mais on y est viss�s � ce R�el. Et l�, qu'est-ce que c'est , enfin qui a tracass� les gens au moment de (p149->) Newton ? Ça n'est rien moins que ceci, que cette question dont je dirai, enfin, qu'elle concernait ce dont il s' agissait, c'est-�-dire " les masses " - c'est le cas de le dire. Les masses. Comment ces masses pouvaient-elles savoir � quelle distance elles �taient des autres masses pour qu'elles observent la loi de Newton ? Il est absolument clair que, que, qu'il faut Dieu, l�. On peut pas , tout de m�me, pr�tendre que, que, que les masses, les masses comme telles, c'est-�-dire d�finies par leur seule inertie, pour o� leur viendrait la notion de la distance � laquelle elles sont des autres masses ? Et qui plus est, de ce qu'il en est de ces masses elles-m�mes pour se conduire correctement ? Au temps frais o� cette �lucubration newtonienne est sortie, �a n'a �chapp� � personne ! C'�tait la seule notion enfin, que - la seule notion qu'on pouvait lui opposer, c'�tait, c'�tait les tourbillons de Descartes, malheureusement, les tourbilllons de Descartes, ils existaient pas et tout le monde pouvait tr�s bien s'en apercevoir . . . Alors, il fallait Dieu pour, pour informer, enfin n'est-ce pas, � tout instant, enfin c'est m�me au point que non seulement il fallait qu'il soit l� pour informer � tout instant les masses de ce qu'il en �tait des autres, mais . . . on supposait m�me qu'il n'avait peut-�tre pas d'autre moyen que de les pousser du doigt, les masses, lui-m�me . . . Ce qui, bien s�r �tait exag�r�, enfin, �tait exag�r� parce qu'il est clair que du moment qu'il y a l'acc�l�ration inscrite d�j� dans la formule, le temps aussi y �tait, donc il n'y avait pas besoin du doigt de Dieu ! Mais pour l'information quand m�me, c'�tait difficile de, difficile de l'exclure. Et ce dont je vous parle, moi, ici, c'est du savoir dans le R�el.

    Faut pas vous imaginer que, que parce qu'Einstein est venu apr�s et en a remis un bout, hein, faut pas vous imaginer que �a va mieux , hein , parce qu'il y a quand m�me une dr�le d'histoire, n'est-ce pas, c'est que cette relativit� de l'espace, d�sormais d�sabsolutis�, car enfin il y a un bout de temps, enfin qu'on avait pu le dire que, enfin, que, apr�s tout Dieu c'�tait l'espace absolu - enfin �a c'est, c'est des badinages, bon. Mais la relativation de cet espace par rapport �, � la lumi�re, �a vous a une dr�le de touche de fiat lux , et �a , �a a tout l'air de recommencer � , � se foutre le cul dans la mousse religieuse. Alors, n'exag�rons rien. C'est peut-�tre l�, vous comprenez, que - c'est comme �a en tout cas que pour aujourd'hui je me limiterai, enfin � ce que fait surgir l'analyste. Vous avez bien senti, sentu, hein, que tout �a provient de ce fait enfin c'est que nous n'avons parl� jusqu'ici que de ce qui vient du Ciel. Tout ce que nous avons de R�el un tant soit peu s�r, y compris nos montres, hein, c'est, c'est, c'est, c'est uniquement, uniquement descendu du ciel. Si ce n'est pas de l� qu'on �tait parti pour ce qui revient toujours � la m�me place, d�finition que je donne du R�el, nous n'aurions aujourd'hui ni montre ni t�l�vision ni toutes ces choses charmantes gr�ce � quoi vous �tes non seulement minut�s, mais si j'ose dire, " second�s ". Vous �tes tellement bien second�s que vous n'avez m�me plus la place de vivre.

    Heureusement qu'il y a de l'analyste, hein. L'analyste - je vais (p150->) terminer sur une m�taphore : 1'analyste c'est le feu-follet. C'est une m�taphore qui elle, ne fait pas fiat lux . C'est tout ce que j'ai � dire pour l'excuser. Je veux dire qu'elle s'oppose aux �toiles d'o� , d'o� tout est descendu de ce qui vous encombre et vous range ici si bien, enfin, pour �couter mon discours, n'est-ce pas. C'est-�-dire que �a n'a absolument rien � faire avec ce dans quoi vous viendrez vous plaindre chez moi dans un instant.

    Le seul avantage que je trouve � ce feu-follet, c'est que �a ne fait pas fiat lux . Le , le, le feu follet n'�claire rien, il sort m�me ordinairement de quelque pestilence. C'est sa force. C'est ce qu'on peut dire, � partir du feu-follet, dont j'essaierai de reprendre le fil, le fil follet, la prochaine fois.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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relu ce 10 août 2005