Text/Jacques Lacan/RSI17121974.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

'J.LACAN'                         gaogoa

[RSI10121974.htm <] [RSI14011975.htm >]

XXII- R.S.I    1974-1975
      
version rue CB                                       [#note note]

17 d�cembre 1974

    (p19->) Voil�. Euh, comme �a, comme j' aime pas beaucoup �crire au tableau, je vous �cris le minimum. Ce minimum est, est assez pour, pour que vous y reconnaissiez, � gauche, le noeud borrom�en. I1 me semble, enfin, pour autant que vous vous souveniez de ce que je dis, enfin, vous prenez des notes, ou tout au moins certains, il me semble que j'ai justifi� en quoi le noeud borrom�en peut, peut s'�crire, puisque, puisque c'est une �criture. Une �criture qui, qui supporte, qui supporte un R�el. Ceci d�j� � soi tout seul d�signe, d�signe ceci, c'est que non seulement le R�el peut se supporter d'une �criture, mais que il n'y a pas d'autre, d'autre id�e sensible du R�el.

    Ce R�el, ce R�el qu'est le noeud, noeud qui est une construction, ce R�el se suffit � laisser ouvert ce trait, ce trait d'�crit (d apostrophe), ce trait qui est �crit, ce trait qui est �crit qui, qui du R�el supporte l'id�e. Ceci, de ce fait que le noeud n'�tant fait que, que de ce que chacun de ces �l�ments n'est nou� que par un troisi�me, on peut, l'un de ces trois, le laisser ouvert.  Puisque, puisque c'est un fait que j'ai mis en valeur, que je crois avoir remis en valeur la derni�re fois, que chacun de ces �l�ments peut avoir deux formes : la forme de droite infinie, et la forme que je d�signe, parce que �a me semble la meilleure, pour votre imaginaire, que je d�signe du rond de ficelle, ce qui s'av�re, � l'�tude, �tre celle d'un tore.

    Ayant fait ce, ce petit bout de noeud avec ce que j'ai dit la derni�re fois, histoire de, de vous le faire resurgir, je me trouve, comme �a, ce matin, avoir pr�f�r�, plut�t que, que de vous lire ce que j'ai �labor� enfin, � votre intention, il me semble qu'il y a des remarques, des remarques en somme pr�liminaires, qui pourraient bien vous servir �, � r�pondre, � justifier. comme questions, des questions que je suppose que, que vous avez d� vous poser.

    Alors ces remarques pr�liminaires, je vais pas les faire (p20->) nombreuses, je vais en faire trois. Ça peut venir � l'esprit, enfin, de certains qui ouvrent des bouquins, ils n'ont m�me pas besoin de les ouvrir, �a tra�ne sur les couvertures. Ils peuvent se demander, ce noeud, ce noeud que je prof�re, au titre d'y unir le R.S.I. de la fa�on la plus certaine, � savoir quand le S, c'est le, c'est le rond rouge, non, le S c'est le rond blanc, c'est le rond blanc que vous voyez l�, et que l'Imaginaire, c'est le rond rouge, ce noeud se tient d'�tre suffisamment d�fini de ne pas pr�senter d'ambigu�t�, quand il est travers�, quand les deux ronds sont travers�s par le R�el d'une fa�on telle, comme je l'ai �nonc� la derni�re fois, que ce R�el le traverse, d'�tre dessous celui qui est dessous de ces deux ronds, et d'�tre dessus celui qui est dessus. Ceci suffit au coincement, que vous le fassiez � gauche ou � droite, je vous signale en passant, que cette gauche comme cette droite, il est impossible de ce seul noeud d'en donner caract�risation, sans �a, nous aurions, nous aurions le miracle, le miracle attendu qui nous permettrait de faire message de la diff�rence de la gauche et de la droite � d'�ventuels sujets capables de recevoir ledit message. Le noeud, le noeud borrom�en ne peut � rien, en rien servir de base � un dit message, � celui qui permettrait, qui permettrait la transmission d'une diff�rence entre la gauche et la droite. Il est donc indiff�rent de placer � droite ou � gauche, ce qui r�sulte du fait de ce noeud, c'est � savoir quelque chose que nous d�signerons comme externe, d'�tre le sens, en tant que c'est � partir de lui que se d�finissent les termes R�el, Symbolique et Imaginaire.

    Le seul fait, que je m'avance en ces termes, est quelque - chose qui doit vous faire poser la question, me semble-t-il, je veux dire � seulement avoir lu quelques titres de livres : le noeud est-il un mod�le ? un mod�le, au sens, au sens o� cela s'entend, par exemple, des mod�les math�matiques, ceux qui fr�quemment nous servent � extrapoler quant au R�el, c'est-�-dire, comme dans ce cas, � fonder d'une �criture ce qui peut �tre imagin� du fait m�me de cette �criture, et qui trouve, d�s lors, � permettre de rendre compte des interrogations qui seront port�es par l'exp�rience � ce R�el lui-m�me qui, de toute fa�on, n'est l� que supposition, supposition qui consiste dans ce sens du mot R�el.

    (p21->) Je pr�tends, pour ce noeud, r�pudier la qualification de mod�le. Ceci, au nom, au nom du fait de ce qu'il faut que nous supposions au mod�le. Le mod�le, comme je viens de le dire, et ce, du fait de son �criture, se situe de l'Imaginaire. Il n'y a pas d'Imaginaire qui ne suppose une substance. C'est l� un fait �trange, mais c'est toujours dans l'Imaginaire, � partir de l'esprit qui fait substance � ce mod�le, que les questions qui s'en formulent sont secondement pos�es au R�el.

    Et c'est en cela que je pr�tends que cet apparent mod�le qui consiste dans ce noeud, ce noeud borrom�en, fait exception, quoique situ� lui-aussi dans l'Imaginaire, fait exception � cette supposition, de ceci, que ce qu'il propose, c'est que les trois qui sont l�, fonctionnent comme pure consistance, c'est � savoir que ce n'est que de tenir entre eux qu'ils consistent. Les trois tiennent entre eux r�ellement. Ce qui implique la m�taphore tout de m�me, et ce qui pose la question de quelle est l'erre, au sens o� je l'entendais l'ann�e derni�re, quelle est l'erre de la m�taphore. Car si j'�nonce, ce qui ne saurait se faire que du Symbolique, de la parole, que leur consistance, � ces trois ronds, ne se supporte, que du R�el, c'est bien que j'use de l'�cart de sens qui est permis entre R . S . I . , comme individualisant ces trois ronds, les sp�cifiant comme tels. L'�cart de sens est l�, suppos� pris d'un certain maximum. Quel est le maximum admis d'�cart de sens ? C'est l� une question que je ne peux, dans l'�tat actuel des choses, que poser aux linguistes. Comment le linguiste - et j'en ai un qui m'honore aujourd'hui de sa pr�sence au premier rang - comment un linguiste saurait-il d�finir les limites de la m�taphore ? Qu'est-ce qui peut d�finir un maximum de l'�cart de la m�taphore au sens o� je l'ai �nonc�, r�f�rence � " L'Instance de la Lettre ", dams mes �crits, quel est le maximum permis de la substitution d'un signifiant � un autre ? Je m'excuse, peut-�tre ai-je l� �t� un peu vite. Mais il est certain que, que nous ne pouvons pas tra�ner, nous ne pouvons pas tra�ner, et de ce fait, il faut que je passe � ma deuxi�me remarque.

    Pour op�rer avec ce noeud d'une fa�on qui convienne, il faut que vous vous fondiez sur un peu de b�tise. Le mieux est encore d'en user b�tement, ce qui veut dire d'en �tre dupe. Il ne faut (p22->) pas entrer � son sujet dans le doute obsessionnel, ni trop chipoter . Une chose m'a frapp� � la lecture d'un ouvrage, dont il se trouve que ma fille avait eu vent, par son travail sur Buffon. Elle l'a r�clam� � une personne qui lui a d'ailleurs promptement donn� des indications, des indications sur la parution de ce texte. Ce texte est donc de Maupertuis, lequel � l'Acad�mie de Berlin, fait sous le titre de La V�nus Physique une relation de ce qui en somme est � la pointe, � son �poque, de ce qui est connu sur le ph�nom�ne de la reproduction des corps vivants. Pour qu'il l'ait introduit du terme de la V�nus Physique, c'est qu'il se plait � ne faire �tat que de la reproduction sexu�e.

      Il est tout � fait frappant, � mes yeux tout au moins, de voir qu'� cette lecture, de voir � cette lecture que Maupertuis qui, dans l'occasion, pour quelqu'un qui se rep�re dans l'histoire, et certainement  la premi�re chose qui s'impose, c'est la date de cet �nonc�, 1756, est le t�moignage du temps qu'ont mis qu'ont mis ces b�tes parlantes que sont les hommes, tenons-les pour ainsi d�finis, du temps qu'elles ont mis ces b�tes, pour se rendre compte du sp�cifique de la reproduction sexu�e.

    Il est � mes yeux tout � fait clair que c'est de ne pas �tre simplement dupe , de ne pas s'en tenir � ce que son temps lui fournit comme mat�riel, c'est � savoir d�j� beaucoup, � savoir le rep�rage, au microscope, par Loewenhoeck et Swammerdam, de ce qu'il en est de ce qu'on appelle � l'�poque les animalcules, c'est-�-dire les spermatozo�des, et les oeufs d'autre part, c'est � savoir ce qui est ordinairement support� par deux corps qui, de ce fait, se d�finissent d'�tre de sexes oppos�s, sauf exception bien s�r, � savoir que le m�me corps, ce qui arrive aux escargots comme vous ne l'ignorez pas, puisse supporter les deux.

    C'est assur�ment de ne pas se tenir � ce massif de la distinction de l'animalcule et de l'oeuf, pourtant d'ores et d�j� pr�sente dans la simple diversit� des th�ories, que Maupertuis, de n'�tre pas dupe, de ne pas s'en tenir � ce fait massif, et pour tout dire de ne pas �tre assez b�te, ne sent pas le point � proprement parler de d�couverte que constitue pour ce qu'il en est d'une appr�hension r�elle de la distinction des sexes, ne s'en (p23->) tient pas � ce qui lui est apport�. S'il �tait/dupe, il errerait moins. Non pas certes que son erre soit sotte, car il arrive � quelque chose qui est, en quelque sorte, la pr�figuration, si l'on peut dire, de ce qui s'est, � un examen ult�rieur, � de plus puissants microscopes, r�v�l� comme constituant l'existence des g�nes. Entre l'ovisme et l'animalculisme, � savoir � ce qui met tout l'accent sur un de ces �l�ments ou tout l'accent sur l'autre, il va jusqu'� imaginer que des faits d'attraction et de r�pulsion peuvent mener les choses � cette composition dont par ailleurs 1'exp�rience, l'exp�rience men�e par Harvey, sur l'examen de ce qui se d�nonce comme existant d'une premi�re manifestation de ce qu'il appelle le point vivant au fond de l'ut�rus des biches que Charles II a mis au dit Harvey, � sa disposition ; il arrive certes � se faire une id�e, � la sugg�rer tout au moins, de ce qui peut se passer et dont on pourrait dire que �a se passe effectivement au niveau de, de ce qui serait une morula par exemple, voire � un stade plus loin qui est celui de la gastrula, mais justement � deviner, � deviner il n'avance pas.

       C'est � savoir que ce qui lui �chappe, c'est que chaque cellule de ce qu'un Harvey enfin d�couvre, et pour lui s'en aveugler comme �tant la substance de l'embryon et le puzzle, la bigarrure apparemment qu'on pourrait en imaginer, c'est � savoir ceci, et que Maupertuis ne manque pas d'imaginer, c'est que dans ce puzzle, dans ces �l�ments cellulaires, il y en aurait de m�les et d'autres de femelles. Ce qui n'est certainement pas vrai. Il  faut que soit pouss� beaucoup plus loin, et � vrai dire, d'une fa�on telle que de ce que le point soit vivant  puisse d'aucune fa�on se reconna�tre, c'est � savoir que nous en soyons au niveau de ces g�nes distinguables dans le cariosome, au plus intime de la cellule, c'est parce que il faut en venir l� que l'id�e de la bigarrure vers laquelle verse Maupertuis, est une id�e simplement pr�matur�e. Non pas une erre justement, c'est, si je puis dire, d'�tre non-dupe qu'il imagine fort mal. Il n'est pas dupe dans la mesure o� il ne s'en tient pas, o� il s'en tient pas strictement � ce qui lui est fourni, qu'il fait en somme des hypoth�ses. " L'hypotheses non fingere ", la r�pudiation des hypoth�ses me para�t �tre ce qui convient et ce que je d�signe proprement de ce conseil d'�tre (p24->) assez b�te pour ne pas se poser de question concernant l'usage de mon noeud, par exemple. Ce n'est certainement pas � l'aide de ce noeud qu'on peut aller plus loin que de l� d'o� il sort, � savoir de l'exp�rience analytique. C'est de l'exp�rience analytique qu'il rend compte, et c'est en cela qu'est son prix.

     Troisi�me remarque, pr�liminaire �galement. En quoi consiste dans ce noeud, tel qu'il se pr�sente, ce quelque chose qui, de premi�re remarque, a pu me faire poser la question de savoir si c'est un mod�le. C'est bien entendu que, apparemment y domine l'Imaginaire. Y domine l'Imaginaire, est quelque chose en effet qui repose sur le fait que �a en fonde la consistance. Ce que j'introduis par cette remarque est ceci : c'est que la jouissance au regard de cette consistance imaginaire, la jouissance aupr�s ne peut rien faire qu'ex-sister, soit parodier ceci : c'est qu'au regard du R�el,  c'est d'autre chose que de sens qu'il s'agit dans la jouissance. A quoi le signifiant est ce qui reste, car si le signifiant, de ce fait, est d�pourvu de sens, c'est que le signifiant, tout ce qui reste, vient � se proposer comme intervenant dans cette jouissance. Non certes, que le " Je pense " suffise � assurer l'ex-sistence - ce n'est pas pour rien que Descartes a l� achopp� - mais jusqu' � un certain point, c'est tout de m�me vrai que ce ne soit qu'� effacer tout sens que l'ex-sistence se d�finisse, aussi bien d'ailleurs lui-m�me a-t-il flott� entre le " Sum, ergo " ; et l ' " Exsisto ". Assur�ment, la notion de l'ex-sister ce n'�tait pas assur�e alors. Pour que quelque chose ex-siste, il faut qu'il y ait quelque part un trou. C'est autour de ce trou simul� par le " Je pense " de Descartes, puisque ce " Je pense ", il le vide, c'est autour de ce trou que se sugg�re l' ex-sistence.

    Assur�ment, ces trous, nous les avons ici, au coeur de chacun de ces ronds. Puisque sans ce trou, il ne serait m�me pas pensable que quelque chose se noue. I1 s'agit de situer, non pas ce qu'a pens� Descartes, mais ce que Freud a touch�, et pour cela, je propose, je propose que ce qui ex-siste au R�el, au R�el du trou, soit symbolis� dans l'�criture par un champ interm�diaire, interm�diaire comme mise � plat, parce que c'est tout ce que l'�criture nous permet, il est tout � fait frappant, en effet, que l'�criture impose comme telle cette mise � plat.

(p25->)

Offset printing press.jpg

    (p26->) Et si ici, je sugg�re que quelque chose suppose, incarne, dirais-je, que le Symbolique, par exemple, montre dans l'espace � deux dimensions, d�fini par ceci, que quelque chose ex-siste de n'�tre supposable dans l'�criture que de l'ouverture, l'ouverture du rond en cette droite ind�finie, ceci est l� ce qui aussi bien par rapport � l'un des �l�ments du noeud que � tous les autres, est ce qui permet de situer ce qui rel�ve de l'ex-sistence.

    Pourquoi donc, � droite, ai-je marqu� que ce qui est de l'ex-sistence est quelque chose qui se metaphorise, qui se metaphorise de la jouissance phallique ? Ceci est une proposition, est une proposition qui suppose que j'en dise plus sur cette jouissance. Pour la situer d'une fa�on qui ne fasse pas d'ambigu�t�, c'est d'un trait bleu que je dessine ce qu'il en est du R�el. Et d'un trait rouge, du Symbolique. Je propose, f�t-ce � dessein de le compl�ter ult�rieurement, de situer ici, comme telle, la jouissance phallique, en tant qu'elle est en relation � ce qui au R�el ex-siste, � savoir ce qui se pose du champ, du champ produit de ce que le rond R�el, j'appelle comme �a le rond connot� du R�el de ce qu'il s'ouvre � se poser comme cette droite infinie, isol�e, si l'on peut dire, dans sa consistance. C'est au R�el, comme faisant trou, que la jouissance ex-siste.

    Ceci est le fait de ce que l'exp�rience analytique nous a apport� comme tel. Il n'y a dans Freud, je ne vais pas, tout simplement faute de les avoir ici recueillis, il y a, dans Freud, prosternation, si je puis dire, devant la jouissance phallique, comme telle ; c'est ce que d�couvre l'exp�rience analytique, la fonction nodale de cette jouissance en tant que phallique, et c'est autour d'elle que se fonde ce qu'il en est de cette sorte de R�el auquel l'analyse a � faire. Ce qui est important � voir c'est que s'il y a quelque chose dont le noeud se supporte, c'est justement qu'il y ait au regard, au regard de cette jouissance phallique, comme R�el, ce quelque chose qui ne la situe que du coincement qui r�sulte de la nodalit�, si je puis dire, du noeud bo . . . propre . . . la nodalit� propre au noeud borrom�en, et en ceci que quelque chose qui ici se dessine du rond, du rond de ficelle, du rond, en tant que consistance que constitue le Symbolique. C'est dans la mesure o� un point tiers, qui se d�finit comme se d�finit (p27->) le sens, est ext�rieur au plus central des points de cette nodalit�, c'est en ce sens que se produit ce qui s'appelle jouissance phallique. La jouissance phallique int�resse toujours le noeud qui se fait avec le rond du Symbolique, pour ne le nommer que tel qu'il doit se faire. Que cette jouissance comme telle soit li�e � la production de l'ex-sistence, c'est ce quelque chose que je vous propose, cette ann�e, de mettre � l'�preuve, car vous voyez ce qui en r�sulte, c'est que ce noeud, tel que je l'�nonce, ce noeud se redouble d'une autre triplicit�, celle qui au sens, en tant que c'est du sens que part la distinction des sens qui de ces termes font trois termes, c'est de l� que nous devons, pouvons partir, pour que le noeud consiste comme tel, il y en a, il y a trois �l�ments, et c'est comme trois que ces �l�ments se supportent ; nous les r�duisons � �tre trois, l� seulement est ce qui fait leur sens. Par contre, � titre d'ex-sistence, ils sont chacun distincts , et aussi bien est-ce � propos de la jouissance comme R�el qu'ils se diff�rencient, et que � ce niveau ce que nous apporte l'exp�rience analytique, c'est que c'est de la mesure o� la jouissance est ce qui ex-site, qu'elle fait le R�el, qu'elle le justifie justement de ceci, d'ex-sister. Assur�ment, il y a l�-dessus un passage qui importe, car � quoi ex-siste l'ex-sistence, certainement pas � ce qui consiste. L'ex-sistence comme telle se d�finit, se supporte de ce qui, dans chacun de ces termes, R . S . I . , fait trou, il y a dans chacun quelque chose par quoi c'est du cercle, d'une circularit� fondamentale qui se d�finit, et ce quelque chose est ce qui est � nommer.

    I1 est frappant qu'au temps de Freud, ce qui s'en nomme n'est qu'imaginaire. Je veux dire que la fonction par exemple dite du moi est ce quelque chose dont Freud, conform�ment � cette n�cessit�, � ce penchant qui fait que c'est � l'Imaginaire que va la substance comme telle, Freud d�signe du moi, quoi, rien d'autre que ce qui dans la repr�sentation fait trou. I1 ne va pas jusqu'� le dire, mais il le repr�sente dans cette topique fantasmatique qui est la seconde, alors que la premi�re marquait toute sa distance �merveill�e aupr�s de ce qu'il d�couvrait de l'Inconscient. C'est dans le sac, le sac du corps, c'est de ce sac que se trouve figur� le moi, en quoi d'ailleurs ceci l'induit � devoir (p28->) sur ce moi sp�cifier quelque chose qui justement y ferait trou d'y laisser rentrer le monde, de n�cessiter que ce sac soit, en quelque sorte, bouch� de la perception ; c'est en tant que tel que Freud, non pas d�signe, mais traduit que le moi n'est qu'un trou.

    Quels sont les trous qui constituent d'une part, R�el, et de l'autre, Symbolique ? C'est ce qu'il nous faudra assur�ment examiner de tr�s pr�s. Car quelque chose s'ouvre bien s�r � nous, qui semble, en quelque sorte aller de soi. C'est � savoir, ce trou du R�el, de le d�signer de la vie. Et aussi bien, est-ce une pente � quoi Freud lui-m�me n'a pas r�sist�, opposant instincts de vie aux instincts de mort. Je remarque qu'� interroger par notre noeud ce qu'il en est de la structure n�cessit�e par Freud, c'est du c�t� de la mort que se trouve la fonction du Symbolique. C'est en tant que quelque chose est " Urverdr�ngt " dans le Symbolique, qu'il y a quelque chose � quoi nous ne donnons jamais de sens, bien que nous soyons, c'est presque rengaine que de l'�noncer, que nous soyons capables logiquement de dire que " Tous les hommes sont mortels " ; c'est en tant que " Tous les hommes sont mortels " n'a, du fait m�me de ce tous, � proprement parler aucun sens, qu'il faut au moins que la peste se propage � Th�bes, pour que ce tous devienne quelque chose d' imaginable et non pas de pur Symbolique, qu'il faut que chacun se sente concern� en particulier par 1a menace de la peste, que se r�v�le du m�me coup ce qu'� supposer ceci, � savoir que si Oedipe a forc� quelque chose, c'est tout � fait sans le savoir, c'est, si je puis dire, qu'il n'a tu� son p�re que faute d'avoir, si vous me permettez de le dire, faute d'avoir pris le temps de la�user. S'il l'avait fait le temps qu'il fallait, mais il aurait fallu certainement un temps qui aurait �t� � peu pr�s le temps d'une analyse, puisque lui-m�me, c'�tait justement pour �a qu'il �tait sur les routes, c'est � savoir, qu'il croyait par un r�ve justement qu'il allait tuer celui qui sous le nom de Polibe �tait bel et bien son v�ritable p�re.

    Ce que Freud nous apporte, nous apporte concernant ce qu'il en est de l'Autre, c'est justement ceci, qu'il n'y a d'Autre qu'� le dire. Mais que ce Tout-autre, il est tout � fait impossible de  (p29->) le dire compl�tement, qu'il y a un" Urverdr�ngt ", un Inconscient irr�ductible, et que celui-l�, de le dire, c'est � proprement parler ce qui, non seulement se d�finit comme impossible, mais introduit comme telle la cat�gorie de l'Impossible.

    Que la religion soit vraie, c'est ce que j'ai dit � l'occasion. Elle est s�rement plus vraie que la n�vrose, en ceci qu'elle refoule ce fait que ce n'est pas vrai que Dieu soit, seulemcnt, si je puis dire, ce que Voltaire croyait dur comme fer. Elle dit qu'il ex-siste, qu'il est l'ex-sistence par excellence, c'est-�-dire qu'en somme il est le refoulement en personne, il est m�me la personne suppos�e au refoulement. Et c'est en �a qu'elle est vraie. Dieu n'est rien d'autre que ce qui fait qu'� partir du langage, il ne saurait s'�tablir de rapport entre sexu�s. O� est Dieu l�-dedans ? Je n'ai jamais dit qu'il soit dans le langage. Le langage, eh bien justement, c'est ce sur quoi nous aurons � nous interroger cette ann�e, d'o� �a peut-il bien venir ? Je n'ai certes pas dit que �a venait pour boucher un trou, celui constitu� par le non-rapport, le non-rapport constitutif du sexuel, parce que ce non-rapport, il n'est suspendu qu'� lui. Le langage n'est donc pas simplement un bouchon, il est ce dans quoi s'inscrit ce non-rapport. C'est tout ce que nous pouvons en dire. Dieu, lui, comporte l'ensemble des effets de langage, y compris les effets psychanalytiques, ce qui n'est pas peu dire !

    Pour fixer les choses, n'est-ce pas, qu'on appelle des id�es, n'est-ce pas, et qui ne sont pas du tout des id�es, pour fixer les choses, l� o� elles m�ritent d'�tre fix�es, c'est-�-dire dans la logique, Freud ne croit pas en Dieu. Parce qu'il op�re dans sa ligne, � lui, comme en t�moigne la poudre qu'il nous jette aux yeux pour nous enmo�ser. L'enmo�sement peut �tre aussi bien l'enmo�sement dont je parlais tout � l'heure. Non seulement, il perp�tue la religion, mais il la consacre comme n�vrose id�ale. C'est bien ce qu'il en dit d'ailleurs, en la rattachant � la n�vrose obsessionnelle, qui est la n�vrose id�ale, qui m�rite d'�tre appel�e id�ale � proprement parler. Et il ne peut pas faire autrement parce que c'est impossible, c'est-�-dire qu'il est dupe lui, de la bonne fa�on, celle qui n'erre pas. C'est pas comme moi, moi je (p30->) ne peux que t�moigner que, que j'erre, j'erre dans ces intervalles que j'essaie de vous situer du Sens, de la Jouissance Phallique, voire du Tiers Terme, que je n'ai pas �clair�, parce que c'est lui qui nous donne la cl� du trou, du trou tel que je le d�signe. C'est la Jouissance en tant qu'elle int�resserait, non pas l'Autre du signifiant, mais l'Autre du corps, l'Autre de l'autre sexe.

    Est-ce quand je dis, j'�nonce, j'annonce, qu'il n'y a pas de rapport sexuel, ceci ne veut pas dire ce fait qui est dans l'exp�rience, que tout le monde sait, mais dont il faut savoir pourquoi Freud n'en a pas rendu compte, pourquoi Freud a qualifi� de l'un l'Eros, en se livrant au mythe du corps, du corps uni, du corps � deux dos, du corps tout rond, en osant se r�f�rer � cette �normit� platonicienne ; est-ce que ce n'est pas le fait que d'un autre corps quelqu'il soit, nous avons beau l'�treindre, ce n'est rien de plus que le signe du plus extr�me embarras. I1 arrive que gr�ce � un fait que Freud catalogue, bien �videmment, comme il s'impose, de la r�gression, nous le su�otions par dessus, le march�, qu'est-ce que �a peut bien faire, mis � part de le mettre en morceau, on ne voit pas vraiment ce qu'on peut faire d'un autre corps, j'entends d'un autre corps dit humain. S'y justifie que, que si nous cherchons de quoi peut �tre bord�e cette jouissance de l'autre corps, en tant que celle-l� s�rement fait trou, ce que nous trouvons, c'est l'angoisse.

    C'est bien en quoi, dans un temps, un temps o� c'�tait pas pour rien que j'avais choisi ce th�me de l'Angoisse, je l'avais choisi, parce que, parce que je savais que �a durerait pas, je savais que �a durerait pas parce que j'avais, j'avais des fid�les, j'avais des fid�les qui s'employaient �, � faire surgir les motions d'ordre, qui pouvaient dans la suite me rendre d�clar� inapte � transmettre la th�orie analytique. C'est pas du tout que �a m'ait angoiss�, ni m�me embarrass�, �a peut revenir tous les jours enfin. Ça ne m'angoisse, ni ne m'embarrasse, mais je voulais quand m�me justement � ce propos de l'angoisse, " L'Inhibition, Sympt�me, Angoisse ", dire certaines choses qui doivent maintenant enfin t�moigner de ceci que ; qu'il  est tout � fait compatible avec l'id�e que l'Inconscient est conditionn� par le langage, qu'il est tout � fait compatible non seulement de, d'y situer des affects. Ca veut simplement dire ceci (p31->) c'est que c'est au langage et que c'est du langage que nous sommes manifestement et d'une fa�on tout � fait pr�valente, affect�s , et en plus, que dans ce temps de mon s�minaire sur l'Angoisse, si j'ai introduit quelque chose, c'est justement des qualit�s d'affect, qu'il y avait longtemps que les affectueux, l�, les affectionn�s, que il y avait longtemps qu'ils ne les avaient non seulement pas trouv�s, mais qu'ils �taient tout � fait exclus de pouvoir m�me les entrevoir. C'est bien pourquoi, vous pouvez trouver dans le rep�rage que j'ai fait � l'�poque, de ce qu'il en est d ' " Angoisse, Inhibition, Sympt�me " que j'ai d�cal� sur trois plans  

Inhibition  

Sympt�me  

Angoisse  

pour pouvoir justement d�montrer ce qui est, d�s cette �poque, sensible, c'est � savoir, que ces trois termes, Inhibition, Sympt�me, Angoisse, sont entre eux aussi h�t�rog�nes que mes termes de R�el, de Symbolique et d'Imaginaire ; et que nomm�ment, l'angoisse c'est �a, c'est ce qui, c'est ce qui est �vident, c'est ce qui de l'int�rieur du corps ex-siste, ex-siste quand il y a quelque chose qui l'�veille, qui le tourmente, voyez Petit Hans, quand il se trouve que se rend sensible l'association � un corps, nomm�ment m�le dans l'ooccasion, d�fini comme m�1e, l'association � un corps d'une Jouissance Phallique. Si Petit Hans se rue dans la phobie, c'est �videmment pour donner corps, je l'ai d�montr� pendant tout une ann�e, pour donner corps � l'embarras qu'il a de ce phallus, et pour lequel il s'invente toute une s�rie d'�quivalents diversement piaffants sous la forme de la phobie dite des chevaux, le Petit Hans, dans son angoisse, principe de la phobie, principe de la phobie et en ce sens que c'est � la lui rendre cette angoisse si l'on peut dire, pure, qu'on arrive � le faire s'accommoder de ce phallus dont, en fin de compte, comme tous ceux qui se trouvent en avoir la charge, celle que j'ai un jour qualifi� de la bandouill�re, bon il faut bien qu'il s'en accommode, � savoir qu'il soit mari� avec ce phallus. Ça c'est � quoi l'homme ne peut rien. La (p32->) femme, qui n'ex-siste pas, elle peut r�ver � en avoir un, mais l'homme, il en est afflig�. I1 n'a pas d'autre femme que �a.

    C'est ce que Freud a dit, n'est-ce pas, sur tous les tons, qu'est-ce qu'il dit, en disant enfin que la pulsion phallique, c'est pas la pulsion g�nitale, si ce n'est que ceci, que la pulsion g�nitale, chez l'homme, c'est bien le cas de le dire, elle est pas naturelle du tout. Non seulement elle est pas naturelle, mais s'il y avait pas ce diable de symbolisme � le pousser au derri�re, pour qu'en fin de compte, il �jacule, et que �a serve � quelque chose, mais il y a longtemps qu'il y en aurait plus, n'est ce pas, de ces parle-�tres, de ces �tres qui ne parlent pas seulement � �tre, mais qui sont par l'�tre (/lettre) ? Ce qui est vraiment le comble du comble de la futilit�.

    Bon ! Ben, il est deux heures moins le quart. Moi je trouve que aujourd'hui comme je vous ai � peu pr�s tout improvis� de ce que je vous raconte, je suis assez fatigu� comme �a. Tout �a para�tra sous une autre forme, puisqu'apr�s tout de celle-ci, je ne suis pas tellement satisfait.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]
relu ce 15 août 2005