Text/Jacques Lacan/RSI18021975.htm

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'J.LACAN'                         gaogoa

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XXII- R.S.I    1974-1975
      
version rue CB                                       [#note note]

18 f�vrier 1975

(p82->) La  derni�re fois, la derni�re fois, je vous ai t�moign� de mes exp�riences " errantes ", et comme j'�tais d��u que le mardi-gras n'ait pas rar�fi� la pl�nitude de cette salle - comme j'en �tais d��u - je me suis laiss� glisser � vous raconter ce que je pense.

    N�anmoins, aujourd'hui pour des raisons qui me sont, je dois dire, personnelles, pour la raison que mon travail a �t� un peu d�rang� cette semaine, j'aimerais bien prendre le relais de ce qui me semblait d�j� s'imposer et qui, apr�s tout, je peux le concevoir, demandait un temps, aujourd'hui, ce temps me semble, je vous le r�p�te, pour de simples raisons personnelles, ce temps pourrait bien venir - du moins, je le souhaite - que certains, certains parmi vous, me posent, me posent des questions, auxquelles, je vous le r�p�te, je serais heureux, je serais heureux au moins de pouvoir r�pondre, ce qui, ce dont il me semblerait que dans l'�tat actuel j'ai la r�ponse.

    Je serais vraiment tr�s tr�s reconnaissant � ces certains qui certainement au sens o� je l'entends, ex-sistent, � ces certains s'ils me lan�aient la balle, si je puis dire ; et la personne qui s'y d�vouerait la premi�re ; parce que, apr�s tout, il suffit que un se d�cide, pour que d'autres s'en trouvent fray�e la voie.

    Voil�, je fais appel � qui voudrait bien parler le premier ou la premi�re. J'aimerais beaucoup. J'aimerais beaucoup que on me pose une question. D'abord, �a me donnerait la note de ce qui peut accrocher. I1 me semble que la derni�re fois d�j�, en avan�ant ce que j'ai dit d'un effort fait pour distinguer, non seulement distinguer ce que ce dont je vous montrerai � l'occasion d'o� �a part.

    Ça part d'une mise � plat du noeud. Il faut dans le noeud distinguer ceci, c'est que si c'est tr�s difficile d'en faire rentrer la th�orie dans la math�matique, ceci au point que, disons, je n'ai pas trouv� quoique ce soit qui r�ponde � ce noeud, � ce noeud qui, j'y ai �t� men� enfin, pas � pas, � ce noeud � quoi (p83->)  j'ai abouti, en tant que le noeud borrom�en. Comment j'y ai abouti il est certain que actuellement, enfin si moi bien s�r , j'en sais la suite, si moi bien s�r j'en sais la suite, seul pourra permettre d'en trouver le fil, c'est-�-dire, ce qui en fait la consistance, seul permettra d'en trouver le fil la suite, la suite des s�minaires dont vous avez le premier et le dernier, gr�ce au soin de quelqu'un et aussi, celui qui n'est pas le m�dian, celui qui est le onze. C'est assur�ment ce qui en donnera ce que je d�signe de la consistance.

    Comment se fait-il que quelque chose qui, je l'ai �voqu�e, aurait pu, aurait pu �tre le d�part d'un autre mode de penser avec rigueur - " more geometrico " - c'est ce que, c'est ce qu'un Spinoza, par exemple, se targuait de, de filer, de d�duire quelque chose selon le mode et le mod�le donn� par les Anciens. Il est clair que ce " more geometrico " d�finit un mode d'intuition qui est proprement le math�matique, et que ce mode d'intuition, apr�s tout, ne va pas de soi.

    La fa�on dont le point, la ligne, est en quelque sorte foment�e dune fiction, et aussi bien la surface qui ne se soutient que de la fente, que de la cassure, d'une cassure sans doute sp�cifi�e, sp�cifi�e d'�tre � deux dimensions. Mais comme la ligne n'est une dimension que d'�tre sans consistance � proprement parler, ce n'est pas beaucoup dire que de dire qu'on en ajoute une, et d'autre part, la troisi�me, celle qui en somme s'�difie dune perpendiculaire � la surface, est quelque chose de bien �trange.

Comment sans que quelque chose  donne support � ce qu'il faut bien dire, �tre abstraction fond�e sur un coup de scie, comment sans retrouver la corde, sans retrouver la corde, faire tenir cette construction ? Mais, d'un autre c�t�, ce n'est pas non plus par hasard que les choses se sont ainsi produites, sans doute y-a-t-il l� une n�cessit� qui est, disons,  disons mon Dieu, parce que je trouve pas mieux, qui est de la faiblesse d'un �tre manuel - " Homo Faber "- comme on l'a dit. Mais pourquoi cet �tre manuel, l'homo faber qui est aussi bien, ne serait-ce que pour, je l'ai fait remarquer, v�hiculer ce � quoi il s'attaque, ce qu'il manipule, part bien de ce qui a consistance, part de la corde ? Quelle n�cessit� fait que  cette corde, cette corde

(p84->) dont dans la dixi�me R�gle, celle de Descartes, que j'ai �voqu�e Descartes �voque qu'aussi bien, apr�s tout, l'art du tisserand, 1'art de la tresse, l'art de la fileuse pourraient donner le mod�le - comment se fait-il que des choses s'ext�nuent, s'ext�nuent � ce point que le fil en devienne inconsistant ?

    Peut-�tre y a-t-il l� ce quelque chose qui est en rapport avec un refoulement ? Avant de s'avancer jusqu'� dire que ce refoul�, c'est le primordial, c'est l' " Urverdr�ngt ", c'est ce que Freud d�signe comme l'inaccessible de l'Inconscient. ( rumeur au fond de la salle ) Ce ne serait peut-�tre pas mal que quelqu'un du fond prenne la parole et me pose une question, �a me montrerait � quelle hauteur il faut �lever la voix pour que moi j'entende, puisque les choses semblent mal fonctionner. Est-ce que quelqu'un du fond ne pourrait pas frayer cette voie que j'ai souhait�e tout � l'heure ?

    Il faut partir de ceci, n'est-ce pas, de combien ais�ment on rate la figuration de ce noeud, de ce noeud sp�cial que je d�signe d'�tre borrom�en et qui a cette propri�t� singuli�re qu'il suffit de rompre quelque chose qui pourtant s'y figure simplement � savoir d'un tore, � savoir d'un tore qui, dont justement il suffit de le couper pour avoir en main cette �paisseur, cette consistance, � savoir ce qui fait corde.

    C'est bien pourquoi interrogeant, interrogeant mon noeud ainsi dessinable ([../../images/18021975/86.jpg Fig.l]) et de fait dessin�, j'ai marqu� ceci qu'il n'�tait pas moins dessinable et qu'il restait noeud � cette seule condition qu'une de ces boucles, on l'ouvre (Fig. 2) et qu'elle se transforme en une droite - nous retrouvons la question que j'ai pos�e au d�part, celle de la droite et de son peu de consistance math�matique, g�om�trique, ici cette consistance restitu�e suppose, suppose que nous l'�tendions � l'infini pour qu' elle continue � jouer sa fonction. Il faut donc voir infiniment prolong�e cette corde, en haut et en bas, pour que le noeud reste tel, reste noeud. C'est bien en quoi la droite, la droite sur quoi en somme prend appui cette corde dans son �tat pr�sent, la droite n'est gu�re consistante, et c'est bien l�-dessus d'ailleurs que la g�om�trie a, si l'on peut dire gliss�, soit � partir du (p85->) moment o� cette droite infinie on en a, dans une g�om�trie dite sph�rique, restitu� l'infini, en en faisant un nouveau rond, sans s'apercevoir que d�s la position du noeud, du noeud borrom�en, ce rond est impliqu� et qu'il n'y avait donc pas peut-�tre � faire tout ce d�tour.

      Quoiqu'il en soit, la derni�re fois vous m'avez vu �tendre cette g�om�trie du noeud borrom�en � trois � la figuration de ce qui est exig� pour que �a vaille pour quatre. C'�tait vous donner l'exp�rience de la difficult� de ce que j'ai appel� le noeud mental. Mais, je sais bien que c'est � la tentative de le mettre � plat, le mettre � plat ce noeud mental, c'est-�-dire se soumettre � ce que la pr�tendue pens�e, c'est-�-dire quelque chose qui colle qui colle � l'�tendue, � une condition - bien loin d'en �tre s�par�e comme le suppose Descartes - la pens�e n'est qu'�tendue, et encore, il lui faut une �tendue, pas n'importe laquelle, une �tendue � deux dimensions, une �tendue qui puisse se barbouiller. Car c'est bien l� la fa�on dont il ne serait pas d�plac�, dont il ne serait pas inopportun de d�finir cette surface dont tout � l'heure je montrais, dans la g�om�trie, celle qui s'imagine, qui s'est soutenue essentiellement d'un Imaginaire, c'est bien comme �a qu'on pourrait aussi bien la d�finir cette surface, ce trait de scie sur un solide, c'est que �a offre quelque chose, quelque chose � barbouiller.

    Il est singulier, il est singulier que la seule fa�on dont on soit arriv� en somme, cette surface id�ale � la reproduire, ce soit justement ce devant quoi on recule, � savoir la tresse d'une toile et que ce soit sur une toile que le peintre ait en somme � barbouiller, puisque c'est tout ce qu'il trouve � faire pour dompter le regard, comme je l'ai exprim� dans un temps ce qu'il en est de la fonction du peintre, et que ici aussi c'est sur quelque chose de sp�cifi� que, le tableau noir, que je me trouve forc�ment mettre � plat, mettre � plat ce que j'ai � vous communiquer du noeud. C'est bien l� qu'en effet se sent d'une fa�on particuli�re, se sent ceci, c'est que ce noeud que je vous ai d'autre part figur� gr�ce � votre imagination perspective, � savoir comment �a tient le noeud borrom�en � trois, comment c'est

(p86->)  

'Monkey with her child' by Ohara Koson.jpg

(p87->) fait, c'est fait de deux noeuds qui sont ind�pendants l'un de l'autre, et il s'agit de savoir par o� passe le troisi�me pour que �a fasse noeud.

     Je vous ai pos� la m�me question concernant ce qu'il faut pour que �a fasse noeud, m�me si au d�part, nous laissons les trois ronds de ficelle du premier probl�me, nous les laissons ind�pendants, et je vous ai figur�, en le mettant � plat �galement quoique d'une fa�on qui en portait la perspective en vous figurant ce qu'il en est de ce qui se passe pour ces trois ronds que j'ai dessin�s ind�pendants, en me contentant, pour vous simplifiez  les

File:87.jpg

choses, de montrer comment  il faut les tracer pour que le  quatri�me, le quatri�me que  j'ai repr�sent� un peu diff�remment de ce que, de la fa�on dont je le fais maintenant, de la fa�on dont je le fais maintenant vous mettant en valeur la fonction quadriple du quatri�me rond de ficelle (Fig.3).

     Mais quand j'ai voulu le mettre � plat dune fa�on qui  reproduise en la modifiant,  c'est � dire en rendant ind�pendants les trois noeuds, les trois ronds de ficelle de d�part je me suis trouv� faire une erreur, et cette erreur, je puis dire que il s'agissait plut�t d'un ratage, li� � ceci que en �tant las,  las de me souvenir des trucs que je m'�tais donn�  � moi-m�me pour correctement  figurer ce qui r�sulte de la mise � plat, d'une mise � plat  model� a sur celle du noeud �  trois, j'ai omis, j'ai rat�,  

 

(p88->) si je puis dire, j'ai rat� expr�s, par lassitude, et aussi bien pour vous donner, mon Dieu, l'exemple du peu de naturel avec lequel ces choses fonctionnent, � savoir la repr�sentation du noeud .

    Voici donc, pour en prendre le truc mental, la fa�on d'abord dont ceci s'op�re : si du sup�rieur � l'inf�rieur, vous notez par un, deux, trois, (Fig. 4) ce qui bien s�r n'a rien � faire avec un sup�rieur et un inf�rieur, puisqu'aussi bien il suffirait de les retourner pour que le probl�me se renouvelle, voici comment il convient de proc�der, cela je le savais, mais justement c'est � le n�gliger du fait que je me suis trouv� op�rer de la fa�on que vous avez vue, et qui laissait hors du noeud le cercle 1, mais du m�me coup aussi bien tous les autres. Il convient de partir de ce qui, des trois cercles mis � plat de cette fa�on, et le 3 hors du 1 et de finir par le 3 dans le 2. Quand on op�re ainsi, les choses fonctionnent.

    Il n'en est pas moins vrai qu'il est facile de voir qu'elles peuvent aussi fonctionner d'une autre fa�on, mais qu'il y en a une troisi�me, justement celle que j'ai prise, que j'ai prise la derni�re fois et qui laisse un de ces noeuds libres et nomm�ment le 1, ce en quoi du m�me coup, il laisse libre les autres.

     Pourquoi en somme, l'acte manqu� ici a-t-il fonctionn�, sinon pour t�moigner que nulle apr�s tout, analyse n'�vite que quelque chose, quelque chose ne r�siste dans cette th�orie du noeud. Et c'est bien ce qu'apr�s tout, je ne crois pas mal de vous avoir fait sentir, et de vous l'avoir fait ressentir en quelque sorte dune fa�on exp�rimentale. I1 est tout � fait clair que l'autre fa�on, l'autre fa�on qui se distingue de ceci, c'est que � inverser ces deux propositions, � savoir � partir de ce qui du 2 est hors du 1, mais ce que je fais l� n'a pas , ce que je fais l� et que je n'avais pas fait d'abord embrouille, puisque aussi bien c'est vous figurer les choses d'une fa�on qui fait que les deux ronds de ficelle roses (repr�sent�s ici par les deux trac�s gras ( pointill� et continu ) ) ont l'air de se recroiser, annulez simplement ces quatre points et vous verrez que dans chaque cas les deux fa�ons de proc�der conviennent bien.

    En quoi conviennent-elles bien ? Elles conviennent bien en ceci, c'est que la fonction du 2 et celle du 3 comme l'autre figure, celle qui est en perspective, le d�montre, comme l'autre

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(p90->) figure le fait appara�tre, la fonction du 2 et du 3 sont strictement �quivalentes, et que, au regard du cercle qui serait ici d�sign� 1, ces deux autres s'�quivalent strictement. A savoir que pour que ce qui est de la fa�on dont le rond rose les contourne, le mode est le m�me, si nous adoptons cette figuration.

    Que dire ? Que dire, sinon que ce que la figure centrale met en �vidence, c'est que la droite infinie qui s'y figure, la droite dite infinie, mais dont j'ai fait remarquer � l'occasion ce que �a suppose, � savoir � proprement parler, l'impossible, que cette droite infinie s'oppose, s'oppose du fait de sa rupture et cette rupture, comment ne pas la consid�rer comme affine � quelque chose qui est bien l'essentiel du noeud, cette droite s'oppose � ce qui fait rond comme ce que j'ai appel� la consistance, � d'autre part quelque chose sur quoi je n'ai pas appuy� la derni�re fois et qui est bien ce qui fait l'essentiel de ce que nous appelons un rond, et nomm�ment un rond de ficelle, c'est �-dire le trou qu'il y a au milieu. D'o� l'interrogation que j'ai pos�e la derni�re fois, de savoir s'il n'y avait pas correspondance, correspondance de la consistance, de l'ex-sistence et du trou � chacun m�me des termes que j'avance comme Imaginaire, Symbolique et R�el. Si la consistance est bien comme je l'ai �nonc� la derni�re fois, de l'ordre de l'Imaginaire, puisqu'aussi bien c'est vers ce point de fuite de la ligne math�matique que la corde s'en va, nous avons � nous interroger sur ce qu'il en est de ce, de ce qui fait le rond de ficelle comme tel, et que si nous disons que c'est le trou, c'est un fait que nous n'en sommes pas satisfaits: qu'est-ce qu'un trou, si rien ne le cerne ?

    Or, la derni�re fois, j'avais bien marqu� que l'ex-sistence, que l'ex-sistence � savoir ce quelque chose qui au regard de l'ouverture et de ce qui fait trou, que l'ex-sistence � savoir, pour mettre les choses � plat ce quelque chose que nous devons, dans la mise � plat, figurer ( Cf. fig 5) que l'ex-sistence appartient � ce champ, � ce champ qui est, si je puis dire, suppos� par la rupture elle m�me et que c'est par l�, c'est l� dans, dans l'a (�crivez la, l-a apostrophe) que se joue si l'on peut dire le sort du noeud, que si le noeud a une ex-sistence, c'est d'appartenir � ce champ et c'est bien en ceci que je l'�non�ais que l'ex-sistence est au (p91->) regard de cette correspondance de l'ordre du R�el, que l'ex-sistence du noeud est R�el � tel point que j'ai pu dire, j'ai pu avancer que le noeud mental, �a ex-siste, que le mens se le figure ou pas, puisque ce que nous voyons c'est que il en est encore � explorer, � explorer cette ex-sistence du noeud, et � l'explorer non sans peine, puisque il n'y a pas � ma connaissance, quoique ce soit, sauf � apprendre � le constituer et � l'apprendre par la tresse, ce qui assur�ment n'est pas � proprement parler une fa�on mentale de r�soudre la question, alors qu'il semble, il semble qu'il y ait � proprement parler une r�sistance du mens � mentaliser ce noeud. Je vous en ai donn� tout � l'heure un exemple.

    Sans doute, est-ce par un proc�d� qui est celui du reste et qui suppose comme fondamental l'ordre explor�, explor� � partir de mon exp�rience, explor� de l'exp�rience � proprement parler analytique, dont j'ai dit qu'elle m'a conduit � cette trinit� infernale, appelons-la par son non, cette trinit� infernale du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el . Je ne pense pas ici jouer d'une corde qui ne soit pas freudienne, " Si flectere . . . , si n�queo superos " �crit en t�te de la Traumdeutung le cher Freud " Acheronta movebor ". Et c'est sans doute l� que prend illustration enfin ce que j'ai appel� la v�rit�, la v�rit� d'une certaine religion, pour laquelle je mettais en valeur que ce n'est pas tout � fait au hasard qu'elle arrive � une notion divine qui soit d'une trinit� ceci contrairement � la tradition sur laquelle elle-m�me se branche, je ne vous dis pas comme je me suis laiss� aller � en faire confidence � un auditoire qui n'�tait autre, si mon souvenir est bon, que celui, je crois, d'Angleterre, � moins que ce ne soit celui de Strasbourg, qu'importe d'ailleurs - je n'ai pas �t� jusqu'� faire cette confidence que le d�sir de l'homme, ce qui est pourtant tangible, c'est l'Enfer, l'Enfer tr�s pr�cis�ment en ceci que c'est l'Enfer qui lui manque, et avec cette cons�quence que c'est � quoi il aspire, et nous en avons le t�moignage, le t�moignage dans la n�vrose qui est tr�s exactement ceci, c'est que le n�vros� c'est quelqu'un qui n'arrive pas � ce qui pour lui est le mirage o� il se trouverait � se satisfaire, c'est � savoir une perversion, qu'une n�vrose c'est une perversion rat�e.

    (p92->) Simple petite illustration du noeud, du noeud et de ce pour quoi c'est au noeud que j'arrive pour essayer de soutenir, si je puis dire, ce qui se produit et dont votre nombre est le t�moignage, � savoir quelque int�r�t. C'est bien parce que vous �tes beaucoup plus int�ress�s enfin que vous le supposez chacun, dans cette nodalisation de l'Imaginaire, du Symbolique et du R�el, que vous �tes l�, ce me semble, car aussi bien, pourquoi prendriez-vous cette �trange, cette �trange satisfaction � entendre sur cette occasion mes balbutiements, car aussi bien c'est ce � quoi aujourd'hui il faut me r�soudre, c'est � savoir que je ne peux que frayer ce que ceci comporte comme cons�quence.

    Si c'est bien en effet sous ce mode que l'ex-sistence, que l'ex-sistence du noeud se supporte, � savoir de ce champ qui, mis � plat, est interm�diaire � ce qui du trou fait cette interrogation, interm�diaire � ce qui du trou fait corps, alors que ce qui supporte le corps, c'est, c'est bien autre chose, c'est la ligne, la ligne de la consistance. Un corps, un corps tel que celui dont vous vous supportez, c'est tr�s pr�cis�ment ce quelque chose qui pour vous n'a d'aspect que d'�tre ce qui r�siste, ce qui consiste avant de se dissoudre. Et si le R�el est � localiser quelque part, � savoir dans ce champ interm�diaire de la mise � plat, que j'ai figur�, d�not� de l'ex-sistence, il reste que ce ne peut �tre que par �limination que nous ferions, et c'est cela qui pour nous fait interrogation, que ce n'est qu'�, � nous poser la question de savoir si le trou c'est bien ce qui est de l'ordre du Symbolique que j'ai fond� du signifiant, c'est bien l� le point que nous nous trouverons avoir au cours de cette ann�e � trancher.

    Nous nous trouvons donc actuellement, sous une forme interrogative, mettre ici le trou avec un point d'interrogation et pas autre chose ; (. . . . . . . .   ) en question ce qui est du Symbolique alors qu' ici le R�el, c'est l'ex-sistence, et que la consistance est ici correspondante � l'Imaginaire.

    Il est certain, il est certain que ces cat�gories ne sont pas ais�ment maniables. Elles ont pour elles pourtant d'avoir laiss� quelques traces dans l'Histoire, � savoir que si c'est au bout du compte, du compte d'une ext�nuation philosophique tradi-(p93->)tionnelle dont le sommet est donn� par Hegel que quelque chose a rejailli sous le nom d'un nomm� Kierkegaard, dont vous savez combien, combien j'ai d�nonc� comme convergente � l'exp�rience bien plus tard apparue d'un Freud, combien j'ai d�nonc� comme convergente sa promotion comme telle de l'ex-sistence - il y a l� quelque chose, semble-t-il, dont on ne puisse dire et dont on ne puisse trouver dans Kierkegaard lui-m�me t�moignage que c'est �, pas seulement � la promotion de la r�p�tition, comme de quelque chose de plus fondamental dans l'exp�rience que la r�solution dite th�se, antith�se, synth�se sur quoi un Hegel tramait l'Histoire, la mise en valeur de cette r�p�tition comme d'une fonction fondamentale dont l'�talon se trouve dans la jouissance et dont les relations, les relations v�cues par le Kierkegaard en question sont celles d'un noeud sans doute jamais avou�, mais qui est celui de son p�re � la faute, � savoir l'introduction non pas de son exp�rience, mais de l'exp�rience de celui qui se trouve par rapport � lui occuper la place du p�re que cette place du p�re du m�me coup ne devienne probl�matique, � savoir que chose singuli�re pour une tradition qui manipulait le Abba ( Abba : terme h�breu ? )  � tort et � travers, que ce soit � cette date et � cette date seulement que se promeuve en m�me temps l'exsistence comme telle, qui sans doute n'a pas le m�me accent que celui que j'y mets � la fragmenter d'un tiret que ce soit � cette �poque que l'existence �merge, si je puis dire, �merge, �merge pour moi, �merge pour que moi j'en fasse quelque chose qui s'�crit autrement, et que ce soit l� ce qui soit touchable, tangible, dans quelque chose qui se d�finisse du noeud, je ne crois pas que ce soit l� quelque chose de nature � me mettre, si je puis dire, en continuit� avec une interrogation philosophique, mais bien plut�t dans un mode de rupture qui est aussi bien ce qui s'impose si l'�mergence de l'Inconscient comme d'un savoir, d'un savoir propre � chacun, � chacun particulier, et de nature � changer compl�tement les conditions dans lesquelles la notion m�me de savoir a domin�, disons, des temps plus antiques disons m�me, l'Antiquit�. Il est entr� ce caract�re de savoir par des voies qu'il faut que nous interrogions, que nous interrogions d'une fa�on qui, de toute fa�on, remet en question sa substance. Si le savoir est quelque chose d'aussi d�pendant, d'aussi d�pendant des rapports de la suite des g�n�rations au Symbolique, ou trou (p94->) dont je parlais tout � l'heure, pour l'appeler par son nom. S'il est aussi d�pendant de ce que la suite des g�n�rations a foment� comme savoir, comment ne pas r�interroger son statut. Y a-t-il un, du savoir dans le R�el ? I1 est bien clair que la supposition de toujours, mais une supposition qui n'�tait, qui n'�tait � proprement parler pas faite, pas avou�e, c'est que selon toute apparence il y en avait puisque le R�el, �a marchait, �a tournait rond, et c'est bien �a qui manifeste que pour nous, il y a un changement, parce que ce, ce dans le R�el, nous y touchons un savoir sous une tout autre forme.

    C'est nomm�ment pour reprendre ici ma construction, c'est nomm�ment ceci que si nous tenons � ce qu'un savoir, �a ait pour support, non pas, je ne dis pas le trou, la consistance du Symbolique, ce qui appara�t dans le R�el,

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ce qui appara�t dans le R�el, c'est � proprement parler ceci, parce que peut-�tre vous souvenez-vous que le R�el, le Symbolique et l'Imaginaire se situent ainsi. C'est le quelque chose qui, mis � plat, mis � plat parce que nous pensons, qui mis � plat appara�t dans le R�el, � savoir � l'int�rieur du domaine que la consistance du rond de ficelle permet seule de d�finir , qui se pr�sente non pas comme le savoir immanent au R�el qu'il n'y a aucune fa�on de r�soudre sinon � d�j� l'y mettre sous la forme du (p95->) duNous.jpg , sous la forme de quelque chose que le R�el saurait ce qu'il a � faire, et quand ce n'est pas le Nous.jpg eh bien c'est la toute-puissance et la sagesse de Dieu. Je n'ai pas � revenir sur le fait que vous savez, que vous savez parce que je vous l'ai serin�, � savoir que le monde n'est pas pensable sans Dieu, je parle du monde Newtonien , car comment chacune des masses saurait-elle � quelle distance elle est de toutes les autres. I1 n'y a pas d'issue. Voltaire croyait � l'�tre Supr�me, je n'ai pas re�u ses confidences, je ne sais pas quelle id�e il s'en faisait, mais �a pouvait gu�re �tre loin de l'id�e de la toute-science, c'est � savoir que c'est lui qui faisait marcher la machine. La vieille histoire du savoir dans le R�el, on sait que c'est ce qui a, ce qui a mon Dieu soutenu enfin toutes ces vieilles m�taphores, ces vieilles m�taphores enfin de compte, il faut bien le dire, Aristote �tait populiste enfin n'est-ce pas. C'est l'artisan qui lui donne le mod�le pour toutes ses causes. Sa cause finale si je puis m'exprimer ainsi, sa cause formelle, sa cause, �a cause m�me � tour de bras, �a cause m�me mat�rielle et �a n'en est que d�sesp�rant. Il est certain que au niveau de la cause, de la cause physique, de ce qui est inscrit par lui dans sa physique, toute la superbe, n'est-ce pas, du Nous.jpg , du Nous.jpg pr�sent au monde se r�duit, se r�duit � ce que j'ai qualifi� enfin d'artisanal, d'artisanal qui fait que �a a �t� accueilli les bras ouverts partout o� c'est la m�taphore du potier qui prime et o� c'est une main divine qui a fait le pot. Comment continue-t-il � tourner pourtant tout seul, c'est bien l� justement la question, et la question sur laquelle les raffinements de savoir si il continue de s'en occuper, � savoir de le faire tourner, ou s'il le laisse tourner tout seul apr�s l'avoir �ject�, est v�ritablement secondaire.

    Mais toute la question du savoir est, est � reprendre, est � reprendre seulement � partir de ceci qu'un savoir n' est suppos� que d'une relation au Symbolique, c'est-�-dire � ce quelque chose qui s'incarne d'un mat�riel comme signifiant, ce qui n'est pas � soi tout seul poser une mince question. Car qu'est-ce qu'un mat�riel signifiant, nous n'en avons que la pointe du museau chez Aristote, au niveau o� il parle du Guy Ritchie and Madonna (September 11 2005).jpg mais il (p96->) est certain que l'id�e m�me de mati�re n'est strictement pensable qu'issue, qu' issue du mat�riel signifiant o� elle trouve ses premiers exemples.

  Alors, pour essayer simplement de noter quelque chose, de noter quelque chose qui sera ce sur quoi se d�roule ma notation, c'est certain que c'est d'une exp�rience, d'une exp�rience de la figuration du sympt�me comme refl�tant dans le R�el le fait qu'il y a quelque chose qui ne marche pas et o�, pas dans le R�el bien s�r, dans le champ du R�el, ce quelque chose qui ne marche pas tient, tient � quoi, tient qu'� ce que je supporte dans mon langage du parle-�tre, de ce qui n'est que parle-�tre, parce que s'il parlait pas, il y aurait pas le mot �tre, et qu'� ce parle-�tre, il y a un champ, un champ connexe au trou - que je figurerai ici je vous demande pardon, je ne tiens pas tout sp�cialement � ce que mes figures soient �l�gantes, ni sym�triques ; c'est dans la mesure o� il n'y a ouverture possible, rupture, consistance issue de ce trou, lieu d'ex-sistence, R�el, que l'Inconscient est l� ([../../images/18021975/94.jpg Fig.6]) et que ce qui s'y, ce qui y fait tenu ( ou tenue) passant derri�re le trou du R�el, derri�re sur cette figure, car si vous la retournez, c'est devant, qu'il y a coh�rence, qu'il y a consistance entre le sympt�me et l'Inconscient. A ceci pr�s que le sympt�me n'est pas d�finissable autrement que par la fa�on dont chacun jouit de l'Inconscient en tant que l'Inconscient le d�termine.

    Chercher l'origine de la notion de sympt�me, qui n'est pas du tout � chercher dans Hyppocrate, qui est � chercher dans Marx, qui le premier dans la liaison qu'il fait entre le capitalisme et quoi, et quoi, le bon vieux temps, ce qu'on appelle, quand on veut enfin t�cher de l'appeler autrement, le temps f�odal - Lisez l� dessus toute la litt�rature, le capitalisme est consid�r� comme ayant certains effets, et pourquoi en effet, n'en aurait-il pas. Ces effets sont, sont somme toute, b�n�fiques, puisqu'il a l'avantage de r�duire � rien l'homme prol�taire, gr�ce � quoi l'homme prol�taire r�alise l'essence de  l'homme, et d'�tre d�pouill� de tout est charg� d'�tre le messie du futur. Telle est la fa�on dont Marx analyse la notion de sympt�me. I1 donne bien s�r des foules d'autres sympt�mes, mais la relation de ceux-ci avec une foi en l'homme est tout � fait incontestable.

    (p97->) Si nous faisons de l'homme, non plus quoique ce soit qui v�hicule un futur id�al, mais si nous le d�terminons de la particularit� dans chaque cas de son Inconscient, et de la fa�on dont il en jouit, le sympt�me reste � la m�me place o� l'a mis Marx, mais il prend un autre sens, il n'est pas un sympt�me social, il est un sympt�me particulier. Sans doute, ces sympt�mes particulier ont-ils des types, et le sympt�me, le sympt�me de l'obsessionnel n'est pas le sympt�me de l'hyst�rique. C'est tr�s pr�cis�ment ce que j'essaierai de faire porter pour vous dans la suite.

    Pour l'obsessionnel, pourtant, je le note tout de suite, il y a un sympt�me tr�s particulier. Personne bien s�r n'a la moindre appr�hension de la mort. Sans �a vous ne seriez pas l� si tranquilles. Pour l'obsessionnel, la mort est un acte manqu�. C'est pas si b�te, car la mort n'est abordable que par un acte, encore pour qu'il soit r�ussi  faut-il que quelqu'un se suicide en sachant que c'est un acte. Ce qui n'arrive que tr�s rarement. Encore que �a  ait �t� fort r�pandu � une certaine �poque, � l'�poque o� la philosophie avait une certaine port�e, une port�e autre que de soutenir l'�difice social. Il y a quelques personnes qui sont arriv�es � se grouper en �cole d'une fa�on qui avait des cons�quences.  Mais il est bien singulier et bien de nature aussi � nous faire suspecter l'authenticit� de l'engagement dans les-dites �coles, qu'il y ait pas du tout besoin d'avoir atteint une sagesse quelconque, qu'il suffise d'�tre un bon obsessionnel pour savoir, pour savoir de source certaine que la mort est un acte manqu�. Non pas, bien s�r, que �a ne suppose que je ne donne l� quelque d�veloppement, mais je m'en tiendrai l� pour aujourd'hui, puisqu'aussi bien je n'ai m�me pas pu, comme il fallait s'y attendre, aborder l'os de ce que je voulais vous dire, � savoir si,  si � force de dire que la femme n'ex-siste pas, comme quelqu'un me l'a object�, je ne la faisais pas ex-sister. N'en croyez rien. Ce sera la chose que j'aborderai la prochaine fois. Je pense pouvoir soutenir, que c'est � l'�tat d'une ( ( ou ) d'unes . . . .  innombrables . . . .   mais d'unes . . . d�nombrables ) ; je ne dirai pas innombrable, mais d'une parfaitement d�nombrable, que les femmes ex-sistent, et non pas � l'�tat de la.

 

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]
relu ce 17 août 2005