Text/Jacques Lacan/Seminar XX/Acheronta 12 - Encore - Séminaire de Jacques Lacan - Mardi 26 juin 1973

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Encore

S?minaire de Jacques Lacan
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Mardi 26 juin 1973

Gr?ce ? quelqu?un qui veut bien se consacrer, comme ?a, au brossage de ce que je vous raconte, il est l? au premier rang, j?ai eu il y a quatre, cinq jours, la truffe bross?e dans mes ?locutions ici, je parle de celles de cette ann?e. ?a m?int?ressait parce qu?apr?s tout, sous ce titre d?Encore, je n??tais pas s?r d??tre dans le champ que j?ai d?blay? pendant vingt ans, puisque justement ce que ?a disait c??tait que ?a pouvait durer encore longtemps. ? le relire, j?ai trouv? que c??tait pas si mal, et sp?cialement, mon Dieu, d??tre parti de ceci qui me paraissait un peu mince pour le premier de mes s?minaires de cette ann?e, c?est que la jouissance de l?Autre n??tait pas le signe de l?amour. C??tait un d?part. Un d?part sur lequel peut-?tre je pourrai revenir aujourd?hui en fermant ce que j?ouvrais l?.

J?ai en effet quelque peu parl? de l?amour. Mais le point pivot de ce que j?ai avanc? cette ann?e concerne ce qu?il en est du savoir dont j?ai accentu? que l?exercice ne pouvait repr?senter qu?une jouissance. C?est l? la clef, le point tournant, et c?est ? quoi je voudrais aujourd?hui contribuer par une sorte de r?flexion sur ce qui se fait de, de t?tonnant dans le discours scientifique, au regard de ce qui peut se produire de savoir. Je vais droit ? ce dont il s?agit. Le savoir c?est une ?nigme, c? est une ?nigme qui nous est pr?sentifi?e par l?inconscient, tel qu?il s?est r?v?l? par le discours analytique, et qui s??nonce ? peu pr?s ainsi, c?est que pour l??tre parlant le savoir c?est ce qui s?articule. De ?a on aurait pu s?en apercevoir depuis un bon bout de temps puisqu?en somme, ? tracer les chemins du savoir, on ne faisait rien qu?articuler toutes sortes de choses qui pendant longtemps se sont centr?es sur l??tre, dont il est ?vident que rien n?est, sinon dans la mesure o? ?a se dit que ?a est.

S2, j?appelle ?a. Il faut savoir l?entendre. Est-ce bien d?eux que ?a parle ? Parce qu?apr?s tout, si nous partons du langage, il est g?n?ralement ?nonc? que le langage ?a sert ? la communication. Communication ? propos de quoi, faut-il se demander, ? propos de quels eux ? La communication implique la r?f?rence. Seulement il y a une chose qui est claire, je prends l? les choses par le bout de, de l??tude scientifique du langage, le langage c?est l? effort fait pour rendre compte de quelque chose qui n?a rien ? faire avec la communication, et qui est ce que j? appelle lalangue. Lalangue sert ? de toutes autres choses qu?? la communication. C?est ce que l?exp?rience de l?inconscient nous a montr? en tant qu?il est fait de lalangue, cette lalangue dont vous savez que je l??cris en un seul mot pour d?signer ce qui est notre affaire ? chacun ? l??gard de ce qui, pour nous, est la langue, la langue dite maternelle, et pas pour rien dite ainsi. La communication, elle, si on voulait un peu la rapprocher de ce qui s?exerce effectivement dans la jouissance de lalangue, ?a serait qu?elle implique quelque chose ? savoir la r?plique autrement dit le dialogue. Mais comme je l?ai autrefois, pas sp?cialement cette ann?e, comme je l?ai autrefois express?ment articul?, il n?y a rien de moins s?r que lalangue ?a serve d?abord et avant tout au dialogue.

J?ai pu, comme ?a recueillir au passage parce qu?il arrive que me viennent sous la main des choses dont j?ai entendu parler depuis bien longtemps, j?ai donc eu sous la main le travail, un livre important d?un nomm? Bateson 151 dont on m?avait rebattu les oreilles, assez pour m?agacer un peu, parce qu ?? vrai dire ?a venait de quelqu?un qui avait ?t? touch? de la gr?ce d?un, d?un certain texte de moi et qui l?avait traduit, traduit en ajoutant autour quelques commentaires, et qui avait cru, dans le Bateson en question, trouver quelque chose qui allait sensiblement plus loin que ce que j?avais, j?avais cru devoir ?noncer concernant l?inconscient, l?inconscient ai-je dit structur? comme un langage. Ce n?est pas si mal ce nomm? Bateson. ?a va bient?t se traduire, Dieu merci, ?a permettra comme ?a de voir jusqu?? quel point il s?ins?re admirablement dans ce que je dis, dans ce que je dis concernant l?inconscient, l?inconscient dont l?auteur, faute de savoir qu?il est structur? comme un langage, dont l?auteur se d?montre comme n?ayant qu?une assez m?diocre id?e. Mais il faut dire que il y a des choses qu?il a forg?es dans de tr?s jolis artifices, et qu?il appelle lui-m?me des m?talogues. Mmh !. C?est pas mal. C?est pas mal pour autant que, comme il le dit lui-m?me, ces m?talogues comporteraient, s?il faut l?en croire, quelque sorte de progr?s, interne, dialectique qui consisterait justement ? ne se produire que d?interroger l??volution du sens d?un terme. Il en r?alise l?artifice, bien s?r, comme il s?est toujours fait dans tout ce qui s?est intitul? dialogue, des dialogues platoniciens entre autres, c?est-?-dire ? faire dire par l?interlocuteur suppos? tout ce qui en somme motive la question m?me du locuteur, c?est ? savoir ? incarner dans l?autre la r?ponse qui est d?j? l?. C?est bien en quoi le dialogue, le dialogue classique, dont les plus beaux sont pr?sent?s par le legs platonicien, c?est bien en quoi le dialogue classique se d?montre n??tre pas un dialogue.

Si j?ai dit que le langage, c?est ce comme quoi l?inconscient est structur?, c?est bien parce que le langage d?abord ?a n?existe pas. Le langage c?est ce qu?on essaye de savoir concernant la fonction de lalangue. C?est bien ainsi que le discours scientifique l?aborde, ? ceci pr?s que ce qui lui est difficile c?est de, c?est de le r?aliser pleinement, car l?inconscient c?est le t?moignage, le t?moignage d? un savoir en tant qu?il ?chappe pour une grande part ? l??tre qui donne l?occasion de s?apercevoir jusqu?o? vont les effets de lalangue. C?est en effet, c?est vrai, c?est en effet que cet ?tre rend compte par toute sortes d?affects qui restent ?nigmatiques, ce qui r?sulte de cette pr?sence de lalangue en tant que, de savoir, elle articule des choses qui vont beaucoup plus loin que tout ce que lui-m?me, ? titre de savoir ?nonc?, il supporte. Le langage sans doute est fait de lalangue, c?est une ?lucubration de savoir sur lalangue elle-m?me, mais l?inconscient est un savoir, un savoir-faire avec lalangue. Ce qu?on sait faire avec lalangue d?passe en d?autres termes de beaucoup ce dont on peut rendre compte au titre du langage, mais il pose la m?me question qui est pos?e par le terme de langage, il est sur la m?me voie ? ceci pr?s qu?il va d?j? beaucoup plus loin, qu?il anticipe sur la fonction du langage que lalangue nous affecte d?abord par tout ce qu?elle comporte comme effets qui sont affects, et si l?on peut dire que l?inconscient est structur? par, comme un langage c?est tr?s pr?cis?ment en ceci que ses effets de lalangue, d?j? l? comme savoir, comme savoir qui n?a rien ? faire, va bien au-del? de tout ce que l??tre, l??tre qui parle est susceptible d?articuler comme tel, c?est bien en ?a que l?inconscient, en tant qu?ici je le supporte de son d?chiffrage, que l?inconscient ne peut que se structurer comme un langage, comme un langage toujours hypoth?tique au regard de ce qui le soutient, ? savoir lalangue, ? savoir ceci m?me qui fait que tout ? l?heure j?ai pu de mon S2 faire une question et demander, est-ce bien d?eux, en effet, qu?il s?agit dans le langage, autrement dit, le langage est-il seulement communication ?

La m?connaissance de ce fait qui a surgi de par le discours analytique a pr?t?, a pr?t? ? ce dont je vais faire aujourd?hui le pivot de ma question sur le savoir, a pr?t? ? ceci que dans les bas-fonds de la science, il ait surgi cette grimace qui consiste ? interroger comment l??tre peut savoir quoi que ce soit. Il est comique de voir comment cette interrogation pr?tend ? se satisfaire. J? en prendrai comme exemple ceci que puisque la limite, je l?ai pos?e d?abord, est faite de ceci qu?il y a des ?tres qui parlent, on se demande ce que peut bien ?tre le savoir de ceux qui ne parlent pas. On se le demande. On ne sait pas pourquoi on se le demande, mais on se le demande quand m?me, et on fait, pour des rats, un petit labyrinthe gr?ce ? quoi on esp?re ?tre sur le chemin de ce que c?est qu?un savoir. Qu?est-ce qui arrive alors ? On esp?rait ?tre sur ce chemin parce qu?on esp?re qu?il va montrer quelle capacit? il a pour apprendre, quelle capacit? il a pour apprendre, apprendre ? quoi, ? ce qui l?int?resse bien s?r, et l?on suppose que ce qui l?int?resse, supposition qui n?est pas absolument infond?e, ce doit ?tre, puisqu?on le prend, ce rat, non pas comme ?tre, mais bel et bien comme corps, ce qui suppose qu?on le voit comme unit?, comme unit? rati?re. On ne se demande absolument pas ce qui peut soutenir l??tre du rat, encore que depuis toujours on avait bien eu l?id?e que l??tre, que l??tre ?a devait contenir une sorte de, de pl?nitude qui lui soit propre, puisque c?est de l? que dans le premier abord de ce qu?il en ?tait de l??tre on ?tait parti, ? savoir que l??tre c?est un corps. On avait ?lucubr? toute une hi?rarchie, toute une ?chelle des corps, et on ?tait parti, mon Dieu, de cette notion que chacun devait bien savoir ce qui le maintenait ? l??tre. Autrement dit, on n??tait pas all? plus loin que cette id?e que il y ?tait maintenu par quelque chose qui devait ?tre son bien, qui devait lui faire plaisir.

Mais comment se fait-il, qu?est-ce qu?il y a eu comme changement dans le discours pour que tout d?un coup on interroge, on interroge cet ?tre sur le moyen qu?il aurait de se d?passer, ? savoir d?en apprendre plus, qu?il n?en a besoin dans son ?tre pour survivre comme corps. Gr?ce au montage du labyrinthe et ? quelques accessoires, c?est ? savoir que le labyrinthe n?aboutit pas seulement ? la nourriture mais ? quelque chose comme un bouton ou un clapet dont il faut que le sujet suppos? de cet ?tre trouve le truc pour acc?der ? sa nourriture. Autrement dit, on transforme la question d?un savoir en la question d?apprendre. Est-ce qu?un rat, non plus consid?r? dans son ?tre mais dans son unit?, car tout va aboutir au pressage du bouton, c?est la m?me chose s?il s?agit de la reconnaissance de quelque trait auquel on concevra qu ?alors l??tre est susceptible de r?agir, qu?il s?agisse d?un trait lumineux ou d?un trait de couleur, et l?on constatera qu?apr?s une s?rie d?essais et erreurs, trials and errors, comme vous savez ?a s?appelle, on a laiss? la chose en anglais vu ceux qui se sont trouv? frayer cette voie concernant le savoir, on va voir si le taux des trials and errors, combien de temps ce taux va se mettre ? diminuer assez pour que s? enregistre que l?unit? rati?re est capable d?apprendre quelque chose.

Ce qui n?est pos? que secondairement comme question c?est la question que je pose, c?est ceci, c?est si l?unit?, l?unit? rati?re en question, va apprendre ? apprendre. C?est l? que g?t le vrai ressort de l?exp?rience, est-ce qu?un rat, une fois que il a subi ou que cesse cette ?preuve, mis en pr?sence d?une ?preuve du m?me ordre, nous verrons tout ? l?heure ce qu?est cet ordre, est-ce qu?il va apprendre plus vite, ce qui se mat?rialise ais?ment par une d?croissance du nombre d?essais qui sont n?cessaires pour que le rat sache comment il a ? se comporter dans tel montage, appelons montage l?ensemble du labyrinthe et des clapets et des boutons qui, dans cette occasion, fonctionnent.

Il est clair que la question a ?t? si peu pos?e, quoi qu? elle l?ait ?t? bien s?r, qu?on n?a m?me pas song? ? interroger la diff?rence qu?il y a selon que celui qui apprend ? apprendre au rat en question, selon que celui-ci est ou non le m?me exp?rimentateur. En d?autres termes, ce qui est laiss? de c?t? c?est ceci, c?est que ce qu?on propose au rat comme th?me pour d?montrer ses facult?s d?apprendre, si ?a surgit de la m?me source ou de deux sources diff?rentes, car si nous nous reportons ? ceci que l?exp?rimentateur, il est bien ?vident que c?est lui qui l?-dedans sait quelque chose, c?est m?me avec ce qu?il sait qu?il invente le montage du labyrinthe, des boutons et des clapets. S?il n??tait pas quelqu?un pour qui le rapport au savoir est fond? sur un certain rapport qui est, je l ?ai dit, pourquoi ne pas le r?p?ter, d?habitation ou de cohabitation avec la lalangue, il est clair qu?il n?y aurait pas ce montage, et que tout ce que l?unit? rati?re apprend en cette occasion c?est ? donner un signe, un signe de sa pr?sence d?unit?. Que ce soit le bouton ou autre chose, l?appui de la patte sur ce signe, que ce soit bouton ou bien clapet, que le clapet soit reconnu, reconnu il ne l?est que par un signe, c?est toujours en faisant signe que l?unit? acc?de ? ce dont on conclut qu?il y a apprentissage. Mais, mais ce rapport qui est en somme d?ext?riorit?, d?ext?riorit? telle que rien ne confirme qu? il puisse y avoir saisie du m?canisme ? quoi aboutit la pouss?e sur le bouton, comment ne pas saisir que la question est d?importance, et de la plus haute importance, que c?est la seule qui compterait, c?est ? savoir s?il n?y a, dans ces successifs m?canismes ? propos de quoi l?exp?rimentateur peut constater non seulement qu ?il a trouv? le truc, mais qu?il a, seule chose qui compte, appris la fa?on dont ?a se prend, qu?il a appris ce qui est apprendre. Il est clair que, je dirai la, la coh?rence, la symbiose que r?alise une telle exp?rience, si nous tenons compte de ce qu?il en est du savoir inconscient, ne peut pas manquer d??tre interrog?e ? partir de ceci que ce qu?il faut savoir c?est comment l?unit? rati?re r?pond ? ce qui n?a pas ?t? cogit? ? partir de rien par l?exp?rimentateur. Qu?en d?autres termes, on n?invente pas n?importe quelle composition labyrinthique, que le fait que ?a sorte du m?me exp?rimentateur ou de deux exp?rimentateurs diff?rents ?a m?rite d??tre interrog?, et rien dans ce que j?ai pu recueillir jusqu?? pr?sent de cette litt?rature n?implique que ce soit dans ce sens que la question ait ?t? pos?e. Mais l?int?r?t de cet exemple ne se limite pas ? ce fait, ? ce fait d?interrogation qui laisse enti?rement intacts et diff?rents ce qu?il en est du savoir et ce qu?il en est de l?apprentissage. Ce qu?il en est du savoir pose des questions et nomm?ment celle-ci de comment ?a s?enseigne. Il est bien clair que la question de comment ?a s?enseigne, ? savoir la notion d?une science enti?rement centr?e sur ceci du savoir qui se transmet, se transmet int?gralement, c?est elle qui a produit dans ce qu?il en est du savoir, ce tamisage gr?ce ? quoi un discours qui s?appelle le scientifique s?est constitu?. Il s?est constitu? non pas du tout sans de nombreuses m?saventures. Si cette ann?e j?ai rappel? o? il a pu surgir, cela n?est certainement pas sans qu?ait ?t? feinte, fingere, fingo, dit Newton, non fingo, croit-il pouvoir dire, hypotheses non fingo, je ne suppose rien, et ce n?est pas par hasard que cette ann?e j?ai sp?cifi? que c? est bien sur une hypoth?se, au contraire que tout tourne que la fameuse r?volution qui n?est point du tout copernicienne mais newtonienne a jou?, elle a jou? sur ceci qui est de substituer ? un ?a tourne un ?a tombe. C? est l?hypoth?se newtonienne comme telle, quand il l?a reconnue dans le ?a tourne astral des cycles, qu?il a bien marqu? que c?est la m?me chose que de tomber. Mais pour le constater, ce qui une fois constat? permet d??liminer l?hypoth?se, il a bien fallu que d?abord il la fasse cette hypoth?se.

La question d?introduire un discours scientifique concernant le savoir c?est de l?interroger l? o? il est, ce savoir, et ce savoir l? o? il est ceci veut dire l?inconscient en tant que c?est dans le g?te de lalangue que ce savoir repose. Je fais remarquer que l?inconscient, je n?y entre pas plus que Newton sans hypoth?se. L?hypoth?se que l?individu qui en est affect?, de l?inconscient, c?est le m?me qui fait ce que j?appelle le sujet d?un signifiant. Ce que j??nonce sous cette formule minimale qu?un signifiant repr?sente un sujet pour un autre signifiant. Je r?duis, autrement dit, l?hypoth?se selon la formule m?me qui la substantifie, ? ceci que l?hypoth?se est n?cessaire au fonctionnement de lalangue. Dire qu?il y a un sujet ce n?est rien d?autre que dire qu?il y a hypoth?se. La seule preuve que nous en ayons est ceci, que le sujet se confonde avec cette hypoth?se, et que ce soit l?individu, l?individu parlant qui le supporte, c?est que le signifiant devienne signe. Le signifiant en lui-m?me n?est rien d?autre de d?finissable qu?une diff?rence, une diff?rence avec un autre signifiant. C?est l?introduction comme telle de la diff?rence dans le champ qui permet d?extraire de lalangue ce qu?il en est du signifiant. Mais ? partir de l?, et parce qu?il y a l?inconscient, ? savoir lalangue en tant que c? est de cohabitation avec elle que se d?finit un ?tre appel? l??tre parlant, que le signifiant peut ?tre appel? ? faire signe, et entendez ce signe comme vous l?enten?, comme il vous plaira, soit le mot signe, soit le t-h-i-n-g, de l?anglais thing, ? savoir la chose. Le signifiant, si d?un sujet en tant que signifiant il fait le support formel, il atteint quelque chose d?autre en tant qu?il l?affecte. Un autre, un autre que ce qu?il est tout cr?ment lui comme signifiant, un autre fait sujet ou du moins passe pour l??tre. C?est en cela qu?il est, et seulement pour l??tre parlant, qu?il se trouve ?tre comme ?tant, c?est-?-dire quelque chose dont l??tre est toujours ailleurs comme, comme le montre le pr?dicat. Le sujet n?est jamais que ponctuel et ?vanouissant, il n?est sujet que par un signifiant et pour un autre signifiant.

C?est ici que nous devons revenir ? ceci qu?apr?s tout, par un choix dont on ne sait pas ce qui l?a guid?, Aristote a pris le parti de ne donner pas d?autre d?finition de l?individu que le corps. Le corps en tant qu?organisme, en tant que ce qui se maintient comme Un, et non pas en tant que ce qui se reproduit. Il est frappant de voir qu?entre l?id?e platonicienne et la d?finition aristot?licienne de l?individu comme fondant l? ?tre, la diff?rence est proprement celle autour de quoi nous sommes encore, c?est ? savoir la question qui se pose au biologiste, ? savoir comment un corps se reproduit. Car c?est bien l? ce dont il s?agit dans toute tentative de chimie dite mol?culaire, c?est ? savoir comment il se fait qu?en combinant un certain nombre de choses dans un bain unique, quelque chose va se pr?cipiter qui fera qu?une bact?rie par exemple se reproduira comme telle.

Le corps, qu?est-ce donc ? Est-ce ou n?est-ce pas le savoir de l?Un ?

Le savoir de l?Un se r?v?le ne pas venir du corps, le savoir de l?Un, pour le peu que nous en puissions dire, le savoir de l?Un vient du signifiant Un, car le signifiant Un vient-il du fait que le signifiant comme tel ne soit jamais que l?un entre autres, r?f?r? comme tel ? ces autres, et comme en ?tant la diff?rence d?avec les autres? La question est si peu r?solue jusqu?? pr?sent que j?ai fait tout mon s?minaire de l?ann?e derni?re pour interroger, mettre l?accent sur ce y?a d?l?Un. Qu?est-ce que veut dire y?a d?l? Un. Ce que veut dire y?a d?l?Un est ceci que permet de rep?rer l?articulation signifiante que de Un entre autres, et il s?agit de savoir si c?est quel qu?il soit, se l?ve un S1, un essaim de signifiants, un essaim bourdonnant li? ? ceci que ce Un de chaque signifiant avec la question de est-ce d?eux que je parle, ce S1 que je peux ?crire d?abord de sa relation avec S2, eh bien c?est ?a qui est l?essaim.

S1 (S1 (S1 (S1 ----------------? S2 )))

Vous pouvez en mettre ici autant que vous voudrez, c?est l?essaim dont je parle. Le signifiant comme ma?tre, ? savoir en tant qu?il assure l?unit?, l?unit? de cette copulation du sujet avec le savoir, c?est cela le signifiant ma?tre, et c?est uniquement dans lalangue, en tant qu?elle est interrog?e comme langage, que se d?gage, et pas ailleurs, que se d?gage l?existence de ce dont ce n?est pas pour rien que le terme stoikeion , stoieon, ?l?ment, soit surgi d?une linguistique primitive, ce n?est pas pour rien, le signifiant Un n?est pas un signifiant quelconque, il est l?ordre signifiant en tant qu?il s?instaure de l?enveloppement par o? toute la cha?ne subsiste.

J?ai lu r?cemment un travail de quelqu?un qui s?interroge ? propos de la, ce qu?elle prend pour une relation qui est celle du S1 avec le S2, ? savoir relation de repr?sentation, le S1 serait en relation avec le S2 pour autant qu?il repr?sente un sujet. La question de savoir si cette relation est asym?trique, antisym?trique, transitive ou autre, ? savoir si le sujet se transf?re du S2 ? un S3 et ainsi de suite, c?est une question qui est ? reprendre, ? reprendre ? partir du sch?me que j?en donne ici. Le Un incarn? dans lalangue est quelque chose qui justement reste ind?cis entre le phon?me, le mot, la phrase, voire toute la pens?e, c?est bien ce dont il s?agit dans ce que j?appelle signifiant ma?tre, c?est le signifiant Un, et ce n?est pas pour rien que l?avant-derni?re de nos rencontres, j?ai amen? ici pour l?illustrer le bout de ficelle, le bout de ficelle en tant qu?il fait ce rond, ce rond dont j?ai commenc? d?interroger le n?ud possible avec un autre. Je n?irai pas plus loin aujourd?hui puisque nous avons, gr?ce ? une question en somme ext?rieure, question de notre abri ici, puisque nous avons ?t? priv?s d?un de ces s?minaires c?est quelque chose que je reprendrai dans la suite ?ventuellement.

L?important, pour virer, faire tourner ici le volet, l?important de ce qu?a r?v?l? le discours psychanalytique consiste en ceci, ceci dont on s??tonne qu?on ne voie pas la fibre partout, c?est que ce savoir qui structure d?une cohabitation sp?cifique ce qu?il en est de l??tre qui parle, ce savoir a le plus grand rapport avec l?amour. Car ce dont se supporte tout amour est tr?s pr?cis?ment ceci, d?un certain rapport entre deux savoirs inconscients.

Si j?ai ?nonc? que le transfert c?est le sujet suppos? savoir qui le motive, ce n?est l? que point d?application tout ? fait particulier, sp?cifi? de ce qui est l? d?exp?rience, et je vous prie de vous rapporter au texte de ce que j?ai ?nonc? ici sur le choix de l? amour. C?est au milieu de cette ann?e que je l?ai fait. Si j?ai parl? de quelque chose ? ce propos c?est en somme de la reconnaissance, la reconnaissance ? des signes qui sont ponctu?s toujours ?nigmatiquement, de la fa?on dont l??tre est affect?, en tant que sujet, de ce savoir inconscient.

S?il est vrai qu?il n?y a pas de rapport sexuel parce que simplement la jouissance, la jouissance de l?Autre prise comme corps, que cette jouissance est toujours inad?quate, perverse d?un c?t? en tant que l?Autre se r?duit ? l?objet petit a, je dirai folle de l?autre, pour autant que ce dont il s?agit c?est de la fa?on ?nigmatique dont se pose cette jouissance de l?Autre comme telle. Est-ce que ce n ?est pas de l?affrontement ? cette impasse, ? cette impossibilit? d?finissant comme tel un r?el, qu?est mis ? l??preuve l?amour en tant que du partenaire il ne peut r?aliser que ce que j?ai appel?, par une sorte de, de po?sie pour me faire entendre, ce que j?ai appel? le courage au regard de ce destin fatal. Est-ce bien de courage qu?il s?agit ou des chemins d ?une reconnaissance, d?une reconnaissance dont la caract?ristique ne peut ?tre rien d?autre que ceci, que ce rapport dit sexuel devenu l? rapport de sujet ? sujet, ? savoir du sujet en tant qu?il n?est que l?effet du savoir inconscient, de la fa?on dont ce rapport de sujet ? sujet cesse de ne pas s??crire.

Ce cesser de ne pas s??crire, vous le voyez, ce n?est pas formule que j?ai avanc?e au hasard. Si je me suis complu au n?cessaire comme ? ce qui ne cesse pas de ne pas, ne pas s??crire, qui ne cesse pas, ne cesse pas de s??crire 152 en l?occasion, le n?cessaire n?est pas le r?el, c?est ce qui ne cesse pas de s??crire. Le d?placement de cette n?gation qui pose, qui nous pose au passage la question de ce qu?il en est de la, la n?gation, quand elle vient prendre la place d?une inexistence, si le rapport sexuel r?pond ? ceci dont je dis qu?il, non seulement, il ne cesse pas de ne pas s??crire, c?est bien de cela et de lui dans l?occasion qu?il s?agit, qu?il ne cesse pas de ne pas s??crire, qu?il y a l? impossibilit?, c?est aussi bien que quelque chose ne peut non plus le dire, c?est ? savoir qu?il n?y a pas d?existence dans le dire de ce rapport.

Mais que veut dire, que veut dire de le nier ? Y a-t-il d?aucune fa?on l?gitimit? de substituer une n?gation ? l?appr?hension ?prouv?e de l?inexistence ? C?est l? aussi une question qu?il s?agira pour nous d?amorcer. Le mot interdiction veut-il plus dire, est-il plus permis, c?est ce qui non plus ne saurait, dans l?imm?diat, ?tre tranch?. Mais l?appr?hension de la contingence telle que je l?ai d?j? incarn?e de ce cesse de ne pas s??crire, ? savoir de ce quelque chose qui, par la rencontre, la rencontre il faut bien le dire de sympt?mes, d?affects, de ce qui chez chaque individu marque la trace de son exil, non comme sujet mais comme parlant, de son exil de ce rapport, est-ce que ce n?est pas dire que c?est seulement par l?affect qui r?sulte de cette b?ance que quelque chose dans tout cas o? se produit l?amour, que quelque chose qui peut varier infiniment quant au niveau de ce savoir, que quelque chose se rencontre qui, pour un instant, peut donner l?illusion de cesser de ne pas s??crire, ? savoir que quelque chose non seulement s?articule mais s?inscrive, s?inscrive dans la destin?e de chacun, par quoi pendant un temps, un temps de suspension, ce quelque chose qui serait le rapport, ce quelque chose trouve chez l??tre qui parle, ce quelque chose trouve sa trace et sa voie de mirage. Qu?est-ce qui nous permettrait, cette implication, de la conforter ? Assur?ment ceci que le d?placement de cette n?gation, ? savoir le passage ? ce que tout ? l?heure j? ai manqu? si bien d?un lapsus lui-m?me bien significatif, ? savoir le passage de la n?gation au ne cesse pas de s??crire, ? la n?cessit? substitu?e ? cette contingence, c?est bien l? le point de suspension ? quoi s ?attache tout amour. Tout amour de ne subsister que de cesser de ne pas s??crire tend ? faire passer cette n?gation au ne cesse pas, ne cesse pas, ne cessera pas de s??crire. Et tel est en effet le substitut qui, par la voie de l?existence, non pas du rapport sexuel mais de l?inconscient qui en diff?re, qui par cette voie fait la destin?e et aussi le drame de l?amour.

Vu l?heure o? nous sommes arriv?s, et qui est celle o? normalement je d?sire prendre cong?, je ne pousserai pas ici les choses plus loin. Je ne pousserai pas les choses plus loin sauf ? indiquer que ce que j?ai dit de la haine est quelque chose qui ne rel?ve pas du m?me plan dont s?articule la prise du savoir inconscient, mais qui,

dans ce qu?il en est du sujet, du sujet dont vous le remarquez il ne se peut pas qu?il ne d?sire pas ne pas trop en savoir sur ce qu?il en est de cette rencontre ?minemment contingente,

qu?il en sache plus, un peu plus,

que de ce sujet il aille ? l??tre qui y est pris,

le rapport de l??tre, de l??tre ? l??tre,

bien loin qu?il soit ce rapport d?harmonie que depuis toujours, on ne sait trop pourquoi, nous m?nage, nous arrange une tradition dont il est tr?s curieux de constater la convergence, la convergence d?Aristote qui n?y voit que la jouissance supr?me, avec ce que la tradition chr?tienne nous refl?te de cette tradition m?me comme b?atitude, montrant par l? son emp?trement dans quelque chose qui n?est vraiment qu?une appr?hension de mirage. La rencontre de l??tre comme tel, c?est bien l? que par la voie du sujet l?amour vient ? aborder. Quand il aborde, j? ai pos? express?ment la question, est-ce que ce n?est pas l? que surgit ce qui fait de l??tre, pr?cis?ment quelque chose qui ne se soutient que de se rater. J?ai parl? de rat tout ? l?heure, c? ?tait de ?a qu?il s?agissait, ce n?est pas pour rien qu?on a choisi le rat, c?est parce que le rat ?a se rature, on en fait facilement une unit?, et puis que d?un certain c?t?, j?ai d?j? vu ?a dans un temps, comme ?a j?avais un concierge quand j?habitais rue de la Pompe, le rat, il ne le ratait lui jamais, il avait pour le rat une haine ?gale ? l??tre du rat.

L?abord de l??tre, est-ce que ce n?est pas l? que r?side ce qui en somme s?av?re ?tre l?extr?me, l?extr?me de l?amour, la vraie amour, la vraie amour d?bouche sur la haine, assur?ment ce n?est pas l?exp?rience analytique qui en a fait la d?couverte, la modulation ?ternelle des th?mes sur l?amour en porte suffisamment le reflet.

Voil? je vous quitte. Est-ce que je vous dis ? l?ann?e prochaine ? Vous remarquerez que je ne vous ai jamais jamais dit ?a, que je remarque aujourd?hui, car c?est de cela qu?il s?agit, je remarque aujourd?hui que je vous ai jamais dit ?a. Plus exactement je porte ? votre connaissance cette remarque, car moi je me suis toujours priv? de la faire, pour une tr?s simple raison c?est que j?ai jamais su, depuis vingt ans que j?articule pour vous des choses, j?ai jamais su si je continuerai l?ann?e prochaine. Ah, ?a, ?a fait partie de mon destin d?objet a. Alors, comme ben apr?s tout, ces vingt ans enfin j?en ai boucl? le cycle, apr?s dix ans, on m?avait en somme retir? la parole, et il se trouve comme ?a que pour des raisons pour lesquelles il y avait eu une part de destin et aussi de ma part une part d?inclination ? faire plaisir ? quelqu?un, j?ai continu? pendant dix ans encore. Est-ce que je continuerai l?ann?e prochaine ? Pourquoi pas arr?ter l? l?encore ? Ce qu?il y a d?admirable c?est que personne n?a jamais dout? que je continuerai encore. Que je fasse cette remarque en pose pourtant la question. Il se pourrait apr?s tout qu?? cet Encore j?adjoigne un c?est assez.

Eh bien ma foi, je vous laisse la chose ?, ? votre pari, parce qu?apr?s tout, il y en a beaucoup qui croient me conna?tre et qui pensent que je trouve l?-dedans une infinie satisfaction narcissique. ? c?t? de la peine que ?a me donne, je dois dire que ?a me para?t, ?a me para?t peu de choses. Faites vos paris, et puis quel sera le r?sultat, est-ce que ?a voudra dire que ceux qui auront devin? juste, ceux-l? m?aiment ? Eh bien c?est justement ?a le sens que je viens de vous ?noncer aujourd?hui, c?est que de savoir ce que le partenaire va faire c?est pas une preuve de l?amour.

Notes

151 Bateson G., Perceval le fou, autobiographie d?un schizophr?ne, Mayenne, Payot, 1976.

152 Voil? le lapsus dont Lacan parle quelques lignes plus loin, et qu?il corrige tout de suite.

 

Index

NOMS PROPRES

  • Aristote [XIII, p. 5, 7]
  • Bateson [XIII, p. 2]
  • Newton [XIII, p. 4]

OUVRAGES CIT?S

  • Bateson, G., Perceval le fou, autobiographie d?un schizophr?ne. Mayenne, Payot, 1976. [XIII, p. 2]

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Revista de Psicoan?lisis y Cultura

N?mero 13 - Julio 2001
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