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Universités
nord-américaines. Paru dans [[Scilicet ]] n°6/7, 1975, pp. 7-31, sous le titre : « Yale [[University]], Kanzer[[Seminar ]] ».
<sup>(7)</sup>Ce n’est pas facile… ''It is not easy to
[[speak ]] in a country which is perfectly strange for me''. Vous voyez, j’essaye de me
faire entendre par chacun, quoique mon anglais soit plutôt élémentaire et bien
que je tente de l’améliorer – je tente de l’améliorer cette année de façon
un peu paradoxale par la lecture – par la lecture de [[Joyce ]] (''rires''). Un de mes auditeurs, inspiré par
ma récente conférence (une conférence qui me fut demandée pour ouvrir le
congrès sur Joyce) – un auditeur de mon séminaire où les gens se pressent
comme ça. Mais parfois des choses paraissent dans cette revue qui font
sens – parfois beaucoup de sens – et en particulier ce qui fut avancé
par mon auditeur : il avança qu’après Joyce la [[langue ]] anglaise n’existait
plus.
Évidemment, ce n’est pas vrai puisque, jusqu’à ''Finnegan’s Wake'', Joyce respecta ce que
[[Chomsky ]] appelle la « [[structure ]] grammaticale ». Mais, naturellement,il en a fait [[voir ]] de dures au mot anglais. Il alla jusqu’à injecter dans son
propre genre d’anglais des mots appartenant à un grand nombre d’autres langues,
y inclus le norvégien, et même certaines langues asiatiques ; il força les
mots de la langue anglaise en les contraignant à admettre d’autres vocables,
vocables qui ne sont pas du tout respectables, si je puis [[dire]], pour quelqu’un
qui use de l’anglais.
On peut dire qu’en anglais il existe, dans l’ensemble, deux
sortes de vocables : ceux de racine latine et ceux dits germaniques, qui,
de fait, ne sont pas germaniques, mais appartiennent à une [[autre ]] branche de
l’indo-européen : l’anglo-saxon.
C’est du côté saxon qu’on trouve les racines germaniques,
mais, <sup>(8)</sup>au terme, il y a quelque [[chose ]] de spécifique à l’anglais à
étudier en tant que tel pour saisir ce qui le caractérise en opposition aux
autres langues.
qui ont choisi de se poser comme psychanalystes, je voudrais leur demander, et
j’aurai nécessairement à répondre d’abord, comment ils en étaient venus à ce
qui peut après tout être raisonnablement appelé leur… ''job''. Être un [[analyste ]] est un ''job''
et, de fait, un ''job'' très dur. C’est
même un travail inhabituellement fatigant et, si je reprends les mots du
dernier analyste que je vis avant cette visite aux États-Unis, il me confia
qu’il avait [[besoin ]] de se reposer un peu entre chacune de ses [[analyses ]] et que
cela donnait son rythme à son travail.
beaucoup de gens viennent pour être analysés, pour me demander de les analyser.
Hier soir, dans la maison de Shoshana Felman, un groupe de jeunes gens m’a
demandé comment je choisissais mes [[patients]]. Je répondis que je ne leschoisissais pas comme ça tout [[droit]], mais qu’ils avaient à témoigner de ce
qu’ils attendaient pour résultat de leur requête.
Maintenant, laissez-moi répondre à ma question :
comment suis-je devenu [[psychanalyste ]] ? J’y suis venu sur le tard, pasavant trente-cinq ans. J’avais commis ce qui est appelé en [[France ]] une thèse de
doctorat en médecine. Ce n’était pas mon premier écrit, car une thèse a à être
réellement écrite. Une thèse est, par définition, ce qui a à être écrit et
défendu. En ce [[temps]], une thèse était affaire sérieuse, par laquelle ons’exposait à la [[contradiction]].
<sup>(9)</sup>Aujourd’hui, on se présente devant un jury
composé habituellement de deux ou trois de ses anciens patrons, parfaitement
informés du [[sujet ]] qu’ils vous ont le plus souvent suggéré. Ce n’était pas mon
cas. J’ai dû réellement imposer ma thèse. Je l’avais appelée – c’est pour
les psychiatres présents – ''De la
[[psychose ]] paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité''. J’étais naïf
alors. Je croyais que la personnalité était chose aisée à saisir. Je n’oserais
plus donner ce titre à ce dont il était question car, de fait, je ne crois pas
Cela va évidemment assez loin puisque ça suppose que les
logiciens, par exemple, qui tendent vers ce but, les géomètres aussi, partageraient
en dernière [[analyse ]] une certaine forme de psychose. Aujourd’hui, je pense comme
ça. Pour cette thèse, je ne l’avais pas entreprise imprudemment, j’avais
rassemblé trente-trois cas de psychose : dans aucun, je n’ai trouvé
Un certain nombre de gens ici savent, je pense, ce qu’est
une érotomane : l’érotomanie implique le [[choix ]] d’une personne plus ou
moins célèbre et l’idée que cette personne n’est concernée que par vous. Il
serait nécessaire de trouver comment cette idée prend racine, quoique ce soit
[[impossible ]] jusqu’à présent.
Ce qui est certain est que, une fois le mécanisme mis en
marche, chaque fait prouve que l’illustre personnage (dans ce cas une [[femme]]) est
en relation amoureuse, non avec la personnalité, mais avec la personne nommée,
désignée par un certain nom. À cette époque, cette personne avait son nom dans
actrice alors célèbre, de façon cohérente avec son érotomanie dirigée sur cette
actrice – de même qu’elle avait été dirigée auparavant sur d’autres
célébrités (il n’est pas rare de voir opérer ce [[glissement ]] d’une [[figure ]] à une
autre). En tout cas, elle avait un peu blessé cette actrice et fut envoyée en
prison. Je me permis à moi-même d’être cohérent et pensai qu’une personne qui
À l’évidence, c’était peut-être pousser la logique un peu
loin. Et cela me fit remarquer qu’il y avait chez [[Freud ]] quelque chose du même[[ordre]].
Freud n’a pas principalement étudié les psychotiques. Mais il
a, comme moi, en fait, étudié les écrits d’un psychotique, le fameux président
[[Schreber]]. Et, à l’endroit du président Schreber, Freud n’adopte pas le mêmetype de [[position ]] que moi. Il est [[vrai ]] que c’était un cas de logique beaucoupplus poussé. Mais je remarquai, à [[cause ]] de ce qui fait le fond de sa pensée,
que Freud n’était pas psychotique. Il n’est pas psychotique, contrairement à
beaucoup, parce qu’il s’intéressait à quelque chose de différent. Son premier
Ce fut pendant qu’il écoutait les hystériques qu’il lut
qu’il y avait un [[inconscient]].
comme ça – de faire est de reconnaître ce que cet inconscient postulé par
Freud pouvait bien être. Maintenant que les analystes sont si nombreux, chacun
peut [[savoir ]] ce qu’est la lecture de l’inconscient car, après tout, depuis le
temps que les analystes ont émergé, les gens ont commencé à comprendre quelque
chose ; mais ce phénomène, pratiquement impensable, que tant de gens
viennent à l’analyse, soulève un [[réel ]] problème. Non seulement ils viennent à
nous, mais ils y retournent. Qu’est-ce qui peut bien les induire à trouver une
telle [[satisfaction ]] dans l’analyse, quand passer par l’analyse est une
expérience si inconfortable ? Chacun n’est pas capable de le faire. Il
faut en avoir une certaine dose, en avoir entendu assez sur elle pour savoir
qui embarrassent leur chemin, choses qui ont affaire avec… je ne dirai pas la
pensée, mais plutôt avec ce qui l’empêche de fonctionner logiquement, avec ce
qui la parasite (par exemple, une [[phobie]], ou des obsessions, étudiées
maintenant de façon quasi exhaustive, telles que les implique cette forme très
spéciale de maladie mentale qui est précisément une névrose) ou, dans le cas
des hystériques, des choses qui se manifestent elles-mêmes par le [[corps]].
consigne que nous leur donnons est de dire simplement ce qu’ils… je ne dirais
pas ce qu’ils pensent, mais ce qu’ils croient penser car, en vérité, personne
ne pense et c’est pure [[illusion ]] de penser qu’on pense, une illusion qui a été
la source d’un certain nombre de systèmes philosophiques.
Nous imaginons que nous pensons ; nous imaginons que
nous croyons ce que nous disons. Savoir et [[croyance ]] sont des mots clés dans la
bouche des penseurs, logiciens et… psychotiques, en dernière analyse. La seule
chose que je ne puisse comprendre est comment ils peuvent parler de savoir et
Il y a un excellent écrivain, un logicien nommé Hintikka,
qui a écrit un livre ainsi intitulé dans lequel il poursuit avec intrépidité la
tentative de distinguer ''[[Knowledge ]] and[[Belief]]. ''Il ''croit'' profondément
qu’il y a une différence. Mais pourquoi ne voit-il pas que les trois quarts du
soi-disant savoir ne sont rien que croyance, il y a là quelque chose qui
En tout cas, ce que nous entendons au cours d’une analyse
est un effort pour sortir de tout cela par un chemin qui n’a rien à faire ni
avec la [[connaissance ]] ni avec la croyance – en sortir en disant seulement
ce qui est réellement dans son esprit.
ce chemin, ils sont toujours ramenés à quelque chose qu’ils associent
essentiellement à la manière dont ils ont été élevés par leur famille. Les
premières hystériques de Freud étaient très préoccupées par leur [[père ]]
tout ce qu’on a à faire est de lire la première percée, les ''Études sur l’hystérie'', c’est tout à fait
remarquable. Ensuite, à cause de ces hystériques, Freud vint à s’intéresser aux
Essayons d’approcher ces choses correctement, c’est-à-dire
en prenant Freud au commencement, avant qu’il s’engage dans <sup>(13)</sup>la
métapsychologie. La métapsychologie implique la [[construction ]] de quelque chosequi présuppose l’hypothèse d’une âme – c’est ce que signifie ''méta''-[[psychologie ]] ; elle suppose la
psychologie comme un donné. Elle évoque la métaphysique, quelque chose qui
permettrait de considérer la psychologie de l’extérieur.
rêve réel est ineffable et, dans de nombreux cas, il en est ainsi. Comment peut
être l’expérience réelle du rêve ? C’était l’une des objections faites à
Freud : elle [[manque ]] de validité. Car c’est précisément sur le matériel du
récit lui-même – la manière dont le rêve est raconté – que Freud
travaille. Et, s’il fait une interprétation, c’est de la [[répétition]], la fréquence,le poids de certains mots. Si j’avais ici un exemplaire de ''La [[Science ]] des rêves'', je pourrais l’ouvrir à n’importe quelle page
et vous verriez que c’est toujours le récit du rêve comme tel – comme
matière verbale – qui sert de base à l’interprétation.
Dans la''
Psychopathologie de la vie quotidienne'', c’est exactement la même chose.
S’il n’y avait pas compte rendu du [[lapsus ]] ou de l’acte l’[[acte]] manqué, il n’y aurait
pas interprétation.
L’exemple majeur est donné par le mot d’esprit dont la
qualité et le sentiment de satisfaction montré par le rieur – Freud
insiste là-dessus – viennent essentiellement du matériel [[linguistique]].
Cela m’a fait affirmer, ce qui me semble évident, que
l’inconscient est structuré comme… (j’ai dit « est structuré comme »,
ce qui était peut-être exagérer un peu puisque présupposant l’existence l’[[existence]] d’une
structure – mais il est absolument vrai qu’il y a une structure)…
l’inconscient est structuré comme un [[langage]]. Avec une réserve : ce qui
crée la structure est la manière dont le langage émerge au départ chez un être
[[humain]]. C’est, en dernière analyse, ce qui nous permet de parler de structure.
Les langages ont quelque chose en commun – peut-être pas tous puisque nous
ne pouvons les connaître tous, il y a peut-être des exceptions – mais c’est
différent de celui qu’ils ont fini par parler. De façon assez curieuse, Freud
remarque dans sa pratique qu’il pouvait en résulter une forme curieuse de
[[perversion ]] – nommément le [[fétichisme ]] – qui n’est pas ordinairement
causée par ce type d’ambiguïté. Mais je pense qu’il y a assez de gens ici qui
se souviennent du fameux ''Glanz auf der
dans la tentative de construire quelque chose qui serait scansion régulière du
[[développement ]] pour chaque [[enfant]].
soi-disant relations sexuelles de l’être humain a affaire avec le langage, en
ce sens que ce n’est pas pour rien que nous appelons le langage dont nous usons
notre langue maternelle. C’est une vérité élémentaire de la [[psychanalyse ]] que,malgré l’idée d’instinctd’[[instinct]], il est très problématique qu’un [[homme ]] soit d’aucune
façon intéressé par une femme s’il n’a eu une mère. C’est l’un des mystères de
la psychanalyse que le petit garçon soit immédiatement attiré par la mère,
tandis que la petite fille est dans un état de reproche, de dysharmonie avec
elle. J’ai assez d’expérience [[analytique ]] pour savoir combien la relation
mère/fille peut être ravageante. Si Freud choisit d’accentuer cela, de bâtir
toute une construction là autour, ce n’est pas pour rien.
Je peux seulement témoigner de ce que ma pratique me
fournit. Une analyse n’a pas à être poussée trop loin. Quand l’analysant l’[[analysant]] pense
qu’il est heureux de vivre, c’est assez.
Puisque j’ai cette occasion de rencontrer un certain nombre
de collègues, j’aimerais avoir une idée de ce qui correspond ici à ce que j’ai
institué dans mon école et que j’appelle « la [[passe ]] ».
Ce qui me frappe est à quel point nous ignorons comment nous
finissons par trouver notre [[place ]] ici ou là – au pifomètre –, pourquoi
nous sommes aspirés par quelque chose.
poussé vers ceux qui n’y ont pas réussi, puisqu’on peut certainement dire que
la psychose est une sorte de faillite en ce qui concerne l’accomplissement de
ce qui est appelé « [[amour ]] ».
Dans le mot ''fatalité'' –
''fatum – ''il y a déjà une sorte de
préfiguration de la [[notion ]] même d’inconscient. ''Fatum'' vient de ''fari'', lamême racine que dans ''[[infans]]'', qui
naturellement ne se rapporte pas, comme on le suppose communément, à quelqu’un
qui ne parle pas ; mais, à partir du [[moment ]] où ses premiers mots ont
cristallisé – cristallisation matérielle de ce qui le conditionne comme
être humain –, on ne peut dire qu’il est ''infans.''
Vous pouvez dire simplement : j’appartiens à une
[[association ]] psychanalytique car ça m’a semblé une belle [[situation ]] et m’a donné
un travail pas désagréable puisqu’il intéresse tout le monde…
D<sup>r</sup>
Stanley Leavy – J’ai une question, Dr [[Lacan]]. Quand nous analysons,
nous essayons toujours de trouver les fantasmes inconscients.
J. Lacan – J’ai
essayé de donner une formule du [[fantasme]], mais je ne veux pas imposer ma façon
de l’écrire, ce soir.
serait secourable d’inventer quelque chose, mais on finit toujours par tourner
en rond. Par exemple, jusqu’où peut bien mener le fantasme de poignarder son
voisin, de l’envoyer à la [[mort]], de mille coups ? Il a existé et a étépratiqué depuis des temps immémoriaux, et évidemment il stimule l’imaginationl’[[imagination]]
de certains, mais chacun sait que ceux-ci ne sont jamais ceux qui le mettent
réellement en [[action]]. Pour le faire, il faut être effectivement établi quelque
part comme exécuteur patenté ; de telles choses sont faites seulement par
des gens qui sont payés pour ça.
En fait, la chose terrible est que l’analyse en elle-même
est actuellement une plaie : je veux dire qu’elle est elle-même un
symptôme [[social]], la dernière forme de démence sociale qui ait été conçue.
faire avec le corps, mais seulement avec ceci que l’humain est affligé, si je
puis dire, du langage. Par ce langage dont il est affligé, il supplée à ce qui
est absolument incontournable : pas de [[rapport sexuel ]] chez l’humain.
Turkell – Pourquoi dites-vous que Freud ne faisait pas de la
science quand votre propre [[intention]], si je comprends correctement, est derendre à la psychanalyse son véritable [[objet]], l’inconscient, précisément comme
l’objet d’une science ?
qu’essayais-je de faire ? de réussir, naturellement, je suis comme tout le
monde, naïf – j’imaginais que la linguistique était une science. Elle
aurait cette [[ambition]]. Elle essaie de faire comme si elle était une science.Regardez seulement les esprits les plus sérieux en linguistique, [[Jakobson]],
Chomsky – on m’a dit qu’il était sur une nouvelle piste maintenant, mais
Chomsky lui-même n’a pu trouver mieux que répéter la logique de Port-Royal. Il
J. Lacan – Ce
qu’on appelle l’histoire est l’histoire des épidémies. L’empire L’[[empire]] romain, par
exemple, est une épidémie. Le christianisme est une épidémie.
Sans le document écrit, vous savez que vous êtes dans un
rêve. Ce que l’historien exige est un texte : un texte ou un bout de
papier ; de toute façon, il doit y avoir quelque part, dans une [[archive]],
quelque chose qui certifie, par l’écrit, et dont le défaut rend l’histoire
impossible… Ce qui ne peut être certifié par l’écrit ne peut être considéré
Je ne suis pas sûre que ça ait à être écrit pour être de l’histoire. Il
y a des traditions orales ; les gens qui n’ont pas l’écriture peuvent
aussi avoir une histoire, une [[tradition ]] qu’ils se transmettent. Vous pouvez
aussi faire l’histoire en rassemblant des artefacts. En d’autres mots je
crois – je pourrais ne pas être sur un bon terrain – qu’en
J. Lacan – L’art
[[oral ]] se termine toujours par une forme écrite. L’historien en tant que tel
exige un document écrit ; il ne fait pas de l’histoire de l’art.
L’histoire de l’art est quelque chose de totalement imprécis. Pour que
P<sup>r</sup>
Edward Casey – Quelle est la place de l’imaginaire l’[[imaginaire]] en histoire ?Croyez-vous que l’histoire est totalement [[symbolique ]] pour reprendre vos propres
termes ?
J. Lacan – Heureusement,
il y a des édifices qui ne se sont pas [[encore ]] écroulés. Cela viendra, mais…
J. Lacan – Je
ne tente pas une [[philosophie ]] de l’art. Je suis déjà trop occupé avec les
conséquences de ma pratique, qui est absolument punctiforme – c’est
seulement en un nombre limité de points spécifiques qu’elle touche le domaine
P<sup>r</sup>
Casey – Il y a là néanmoins une analogie dans cette [[discussion]]
entre histoire et psychanalyse, en ce sens que dans les deux domaines se
rencontrent des choses qui sont imaginaires et non des événements réels.
langage. Nous ne savons jamais ; un souvenir tel qu’il est imaginairement
revécu – ce qu’est un souvenir-écran – est toujours suspect. Une
[[image ]] bloque toujours la vérité. J’use ici de termes que tout analyste connaît.Le [[concept ]] même de souvenir-écran montre la méfiance de l’analyste à l’égard de
tout ce que la mémoire pense qu’elle reproduit. Ce qu’on appelle, à strictement
parler, la mémoire est toujours suspect. Incidemment, c’est pourquoi Freud se
heurta au fameux [[trauma ]] originel. Le cas de l’Homme aux loups est si long
seulement parce que Freud essaye désespérément de rendre quelque chose clair et
ne peut savoir si l’Homme aux loups ne rapporte, sur la copulation de ses
[[parents]], qu’un souvenir-écran. Un trauma est toujours suspect.
trauma est évidemment celle dont Freud donne le témoignage – après tout,
donnons tout leur poids aux ''Cinq
Psychanalyses.'' En quoi donc consiste la phobie du petit [[Hans ]] ? Dans le
fait qu’il constate soudainement qu’il a un petit organe qui bouge. C’est
parfaitement clair. Et il veut lui donner un sens. Mais, aussi loin qu’aille ce
l’histoire avec l’''insight'' psychanalytique,
et je crois qu’il y a là un dilemme fondamental concernant la façon dont on
aborde la [[symbolisation ]] ; si on prend au sérieux ce que vous appelez le
symbolique, on le trouve en discordance avec le concept analytique classique de
[[formation ]] symbolique, car le vôtre envisage la totalité du mentisme humain
comme pris dans ce procès symbolique de création et recréation, et, si on
aborde l’histoire, il devient de moins en moins satisfaisant.
D<sup>r</sup>
lifton – Aussi, dans ce dilemme sur la façon dont on use de l’''insight'' psychanalytique pour aborder
l’histoire, ma propre visée est de m’écarter des [[concepts ]] de [[défense ]] et
d’instinct au profit de la continuité et discontinuité de la vie telle qu’elle
est symbolisée. Et je crois qu’on peut aborder…
L.Ritvo – Je
pense, en tant qu’historienne des [[sciences]], que les gens ont toujours
pris – quels qu’ils soient – des découvertes scientifiques pour
tenter de les accorder à d’autres phénomènes que ceux qui les avaient
provoqués. La physique newtonienne, par exemple, a été la base de la
[[Constitution ]] américaine. Je ne crois pas que Newton avait rêvé chose pareille.
pour lequel la théorie fut développée, moins elle est applicable. Aussi je
pense que ce que la psychanalyse et l’histoire ont en commun est l’être humain,
mais la psychanalyse le considère en tant qu’individu qu’[[individu]] tel qu’il se révèle dans
une situation très particulière et c’est la responsabilité de quiconque désire
s’en servir dans un autre [[champ ]] de tester et de voir si elle est applicable et
encore valide dans ce champ. Je ne crois pas qu’on puisse la prendre comme un
tout et attendre qu’elle s’accorde à une situation différente de celle dans
C’est vrai, elle est valable pour un ensemble particulier
d’observations ; par exemple, la théorie de Newton est valable pour un
certain ensemble d’observations, au-delà convient la théorie d’Einstein d’[[Einstein]] et non
plus celle de Newton. Ainsi Newton est invalidé au-delà de ce point.
que vous avez dit ? Dans le cas de nombreuses interprétations analytiques
dans l’art et la littérature, je me suis souvent demandé si l’interprète
n’avait pas réduit le [[symbole ]] à un symptôme et ainsi opéré une simplification
qui ne répond plus à l’original.
P<sup>r</sup>
Dupré – Qui tendent à réduire le [[signifiant ]] à un simple signifié…
P<sup>r</sup> Dupré –
… Réduit à un simple [[signe ]] qui n’est plus un symbole. Et ainsi onmanque la vraie [[nature ]] du signifiant comme tel.
M<sup>me </sup>Y. –
Elle élimine aussi la [[biologie]].
Blatt – La question n’est pas que ce soit une science ou non, tout
dépend de la façon dont on définit la science ; la question est que la
différence est de [[discours]]. La différence de discours est qu’en psychanalyse,
en psycholinguistique et en d’autres domaines, l’homme tente de réfléchir sur
lui-même plutôt que <sup>(27)</sup>sur un objet extérieur. Cela exige un
sentiment d’évidence et à des principes ou concepts construits autour de
l’évidence d’une façon qui relève toujours de la tradition scientifique, mais
qui exige des critères différents pour la science du ''[[self]]'', en tant qu’opposée à la science des objets extérieurs.
Non, mais la science en un sens plus large est une approche pour évaluer
si vos formulations sont d’ordre spéculatif, hypothétique ou suffisamment
prouvées pour faire une théorie. Comme le disait [[Darwin ]] : « Vous ne
pouvez nuire à la science <sup>(28)</sup>avec une fausse théorie, seulement
avec une falsification des faits ».
phrases et qu’elles ont la même structure, sais-je qu’elles signifient des
choses différentes ? Ou bien : j’entends deux phrases qui ont des
[[structures ]] différentes et je sais qu’elles signifient la même chose ? En
essayant de répondre à ces questions, j’ai la théorie d’une structure
abstraite, l’esprit : ce qui relève de mon esprit me permet de faire ces
concepts ; ce n’est pas moins scientifique. Si je suis dans un monde où
j’ai à comprendre les choses par des concepts tels que « règles » et
« [[signification ]] », ce sont encore des concepts qui m’aident à
comprendre. Cela ne me fait pas a-scientifique. Freud parle du sens ou de la
signification des symptômes plutôt que de leur cause. C’est toujours la
Les constructions logiques que nous faisons pour comprendre la réalité
inconnue deviennent en leur temps réalité. Ce qui a été [[fiction ]] logique en
physique est aujourd’hui réalité.
D<sup>r</sup>
Blatt – Oui, mais c’est parce que le psychotique s’efforce de faire
sens – s’astreint à la [[fonction ]] synthétique – pour rester en relation
avec le monde.
P<sup>r</sup>
Dupré – Mais ça a commencé avec [[Descartes]], en France, ça n’est pas…
P<sup>r</sup>
Dupré – Mais c’est le problème : quel est le statut exact du
symbolisme des mathèmes ? Est-ce un symbolisme [[universel ]] ou un…
J. Lacan – Il
y a néanmoins un monde entre le mot et la [[lettre]].
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