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Bon, aujourd'hui

58,256 bytes added, 23:51, 17 May 2006
no edit summary
<font face="Arial,Helvetica">Séminaire
oral du </font>9 avril 1974</font></font></nobr>

<p><nobr><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000066"><font size="+2">Jacques
Lacan</font></font></font></nobr>
<br><nobr><font face="Arial,Helvetica"><font color="#000066"><font size="+2">1973-74<a></a><a></a></font></font></font></nobr>
</p><p><img src="pipe.jpg" alt="ceci n'est pas une pipe" border="0" height="100" width="144"></p></center>

<p><font size="-1">En rapport avec les documents sonores disponibles en archives
au groupe
<b><i><a href="http://www.lutecium.fr/Accueil.html">Lutecium</a></i></b>,
le texte proposé sur cette page est une transcription écrite
intégrale de la séance énoncée le 9 avril 74,
relue à l'aide de la bande son, (mise à jour 2004).</font>
</p><center>
<p><font size="+1">transcription de la version parlée</font></p></center>

<p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bon, aujourd'hui...
- qu'est-ce qu'il y a ?</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Aujourd'hui,
pour des raisons, comme ça de choix personnel, je vais partir d'une
question, question bien sûr que je me pose, de croire au moins que
la réponse est là, c'est un bateau, vous le savez, et cette
question c'est : qu'est-ce que, qu'est-ce que Lacan, ici présent,
a inventé ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous savez que
ce mot <i>inventé</i>, je l'ai mis en avant, je l'ai fait reconnaître,
si je puis dire, par vous, apparemment tout au moins, de le lier à
ce qui le nécessite, c'est-à-dire le savoir.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le savoir s'invente,
ai-je dit, ce dont me semble assez bien témoigner l'histoire de
la science. Alors, qu'est-ce que j'ai inventé, moi ? Ca ne veut
pas dire du tout que, que je fasse partie de l'histoire de la science,
parce que mon départ est autre, qu'il est celui de l'expérience
analytique.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quoi ?
Je répondrai, puisqu'il est entendu que j'ai déjà
la réponse, je répondrai, comme ça, pour mettre les
choses en train : l'objet <i>petit a</i>. C'est évident que je ne
peux pas ajouter l'objet <i>petit</i> <i>a</i> par exemple. Ça,
ça se touche tout de suite. C'est pas entre autres, que j'ai inventé
l'objet

<i>petit a</i>, entre autres machins, comme certains s'imaginent.
Parce que l'objet
<i>petit</i> <i>a
</i>est solidaire, est solidaire tout
au moins au départ, du graphe, vous savez peut-être ce que
c'est, j'en suis même pas sûr, mais enfin c'est un truc qui
a une forme comme ça, avec deux machins qui traversent, là,
et puis en plus, ça : je dis ça, parce que au point où
nous en sommes, c'est nécessaire. Du graphe, donc, dont il est une
détermination, et nommément au point où la question
se pose : qu'est-ce que c'est que le désir, si le désir est
le désir de l'Autre ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Enfin, c'est
là que c'est sorti.</font></font>
</p><center><img src="ndup11a.jpg" alt="Non dupes errent 11 a : le graphe" height="150" width="119"></center>
<font color="#000066"><font size="-1">&nbsp; Ça ne veut pas dire bien
sûr, qu'il ne soit pas ailleurs. Il est ailleurs aussi, il est aussi
dans le schéma dit <i><a href="#1">schéma L</a><a name="schéma L"></a></i>,
et puis il est aussi dans les quadripodes des discours que... à
quoi j'ai cru devoir faire place, enfin, il y a quelques années.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et puis, qui
sait, hein, peut-être, peut-être est-il question qu'il vienne
se mettre, se mettre à la place du x<b><i> </i></b>dans les déjà
célèbres, les déjà célèbres formules
quantiques que j'appellerai aujourd'hui, comme ça puisque, en me
réveillant ce matin, j'ai écrit quelques notes, que j'appellerai
de la sexuation. Et pendant que j'y étais, en prenant ces notes,
il m'est surgi ceci, ceci qui, dont c'est curieux enfin que je n'entende
jamais les échos, n'est-ce-pas, j'ai évidemment, même,
même à Rome où j'ai été faire un petit
tour, on a entendu parler de ces formules quantiques, ce qui prouve déjà
une assez bonne diffusion. Et on m'a posé des questions, à
savoir si les formules quantiques, parce qu'elles sont quatre, pourraient
bien se situer quelque part d'une façon qui, qui aurait des correspondances
avec les formules des quatre discours.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est... c'est
pas forcément infécond, puisque ce que j'évoque, enfin,
c'est que le <i>petit a</i> vienne à la place des <i>x</i>, des
formules que j'appelle "formules quantiques de la sexuation", est-ce que
j'ai besoin de les réécrire, ce n'est sûrement pas
inutile, j'évoque ceci, c'est que c'est celles qui se marquent de
<b>Il
existe x. non Fx</b> à gauche et qui se continuent par quatre autres
formules qui sont comme ça en carré, bon.</font></font>
<center>
<p><b><font size="-1">&nbsp;<font color="#000066">schéma des quatre
formules de la sexuation :</font></font></b>
</p><p><img src="ndup11b.jpg" alt="Non dupes errent 11 b : les 4 formules de la sexuation" height="63" width="183"></p></center>

<p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il aurait
pu m'en revenir quelque chose si, si bien sûr ça ne demandait
pas un peu de peine, mais s'il est quelque chose que je voudrais vous faire
remarquer, c'est que ces formules dites quantiques de la sexuation pourraient
s'exprimer autrement et ça permettrait peut-être d'avancer.
Je vais vous en donner ce qui s'en implique.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça pourrait
se dire comme ça : "l'être sexué ne s'autorise que
de lui-même."</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est en ce
sens que... qu'il a le choix. Je veux dire que ce à quoi on se limite,
comme ça, pour les classer, mâles ou féminins dans
l'état-civil, n'est-ce pas, ça n'empêche pas qu'il
a le choix. Ça, bien sûr, tout le monde le sait. "Il ne s'autorise
que de lui-même", j'ajouterai "... et de quelques autres".</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quel est le
statut de ces autres, dans l'occasion, si ce n'est que c'est quelque part,
je ne dis pas au lieu de l'Autre, c'est quelque part qu'il s'agit de bien
situer, savoir où ça s'écrit, où ça
s'écrit, mes formules quantiques de la sexuation. Parce que je dirai
même ceci, je vais assez loin : si je ne les avais pas écrites,
est-ce que ça serait aussi vrai que l'être sexué ne
s'autorise que de lui-même ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça
paraît difficile de le contester étant donné qu'on
n'a pas attendu que j'écrive les formules, les formules quantiques
de la sexuation pour qu'il y ait... une sérieuse lampée de
gens qu'on épingle de... comme on peut, enfin, qu'on épingle
de l'homosexualité. Ni d'un côté ni de l'autre.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce serait donc
incontestablement, incontestablement vrai, si ce n'est que, chose curieuse
enfin, il semble, qu'encore que ça se soit étalé depuis
le commencement des siècles, qu'on ait mis un bout de temps justement
à l'épingler de ces termes comme par hasard impropres, de
ces termes d'<i>homosexuel</i> par exemple. C'est curieux que, que je puisse
les dire impropres, enfin c'est impropre tout à fait comme nomination.
Bien avant, on n'avait pas ces termes-là, enfin on appelait ça,
par exemple, enfin pour un côté et le fait qu'on les distinguât
d'une façon sérieuse jusqu'à leur donner une place
différente sur la carte géographique est déjà
suffisamment indicatif, on appelait ça pour un côté
des sodomites : S<i>umus enim sodomitae</i> écrivait un prince qui,
je crois, était lui-même de la famille des Condé, <i>Sumus
enim sodomitae igne tantum perituri</i>. Il disait ça pour rassurer
ses compagnons au moment où ils traversaient une rivière
: il ne peut rien nous arriver, on ne va pas se noyer parce que nous sommes

<i>igne
tantum perituri</i>, on ne doit périr que par le feu donc on est
à l'abri. Bon, en attendant, est-ce qu'il n'aurait pas pu venir
à l'idée dans mon Ecole que c'est ça qui équilibre
mon dire que l'analyste ne s'autorise que de lui-même ? Ça
ne veut pas dire pour autant qu'il soit tout seul à le décider
comme je viens de vous le faire remarquer, vous le faire remarquer pour
ce qui est de l'être sexué. Je dirai même plus, enfin,
ce que j'ai écrit dans les formules implique au moins que pour faire
l'homme, il faut qu'au moins quelque part soit écrite la formule
quantique que je viens là d'écrire et qu'il existe - c'est
une écriture - qu'il existe cet x qui dit que n'est pas vrai, que
n'est pas vrai comme fondement d'exception, que n'est pas vrai que <font face="Symbol">F</font>
(x), à savoir que ce qui supporte dans l'écriture la fonction,
la fonction propositionnelle où nous pouvons écrire ce qu'il
en est de ce choix de l'être sexué, qu'il n'est pas vrai qu'elle
tienne, qu'elle tienne toujours, que même la condition pour que le
choix puisse en être fait au positif, c'est-à-dire qu'il y
ait de l'homme, c'est qu'il y ait quelque part de la castration.</font></font>
<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si je dis donc
que l'analyste ne s'autorise que de lui-même, ce qui est quelque
chose enfin de tellement accablant, enfin à y penser, que si l'analyste
est quelque chose qui est sur le mode de la... d'être
</font><font color="#000000"><b><i>nommé
à</i></b> </font><font color="#000066">l'analyse, si je puis dire,
à l'analyse sous cette forme qui veut dire, enfin membre associé,
membre titulaire, membre je ne sais pas quoi.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Tout ce que
j'ai essayé comme ça, dont j'ai essayé de faire rire
dans un petit article en y marquant l'échelon de ce que j'ai appelé
les Suffisances, les Petits Souliers voire les Béatitudes, être
nommé à la Béatitude, est-ce que ce n'est pas quelque
chose en soi qui peut un peu faire rire ? Ça a fait rire mais pas
très parce que dans ce temps, quand j'ai écrit ça,
ça n'intéressait que les spécialistes, qui eux ne
riaient guère, bien sûr, parce qu'ils étaient dans
le système.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais ça
impliquerait quand même que cette formule que j'ai faite dans une
certaine <i>Proposition</i> tout à fait axiale, que cette formule
reçoive les quelques compléments, les quelques compléments
qu'implique que si assurément on ne peut pas être nommé
à la psychanalyse, ça ne veut pas dire que n'importe qui
puisse rentrer là-dedans comme un rhinocéros dans la porcelaine,
c'est-à-dire sans tenir compte de ceci, c'est qu'il faudrait bien
que s'inscrive, que s'inscrive ce dont moi j'attends que ça vienne
à s'inscrire, parce que c'est pas comme quand j'invente, comme quand
j'invente ce qui préside au choix de l'être sexué,
là, je peux pas inventer, je peux pas inventer pour une raison que,
qu'un groupe, qu'un groupe c'est réel.</font></font>

<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et même
c'est un Réel que je ne peux pas inventer de ce fait que c'est un
Réel nouvellement émergé. Puisque tant qu'il n'y avait
pas de discours analytique, il n'y avait pas </font><b><i><font color="#000000">du</font></i></b><font color="#000066">
psychanalyste.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est pour ça
que j'ai énoncé qu'il y a <b><i>du</i></b> psychanalyste,
dont par exemple moi j'étais le témoignage, mais ça
ne peut pas vouloir dire pour autant qu'il y a un psychanalyste. C'est
une visée proprement hystérique que de dire qu'il y en a
au moins un, par exemple.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je ne suis pas
du tout sur cette pente, n'étant pas de nature dans la position
de l'hystérique. Je ne suis pas Socrate, par exemple. Où
je me situe, enfin, nous verrons ça, nous verrons ça éventuellement,
pourquoi pas enfin, mais pour aujourd'hui je n'ai pas besoin d'en dire
plus long.</font></font>
</p><p><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Donc il y a des
choses,</font> <font color="#000066">il y a des choses au niveau de ce
qui émerge de réel, sous la forme d'un fonctionnement différent.
De quoi ? de ce qu'il en est en fin de compte des lettres, parce que les
lettres, les lettres, c'est de ça qu'il s'agit, c'est ça
que j'ai voulu produire dans mes quadripodes, il peut y avoir une façon
dont un certain lien s'établit dans un groupe, il peut y avoir quelque
chose de nouveau et qui ne consiste qu'en une certaine redistribution des
lettres. Ça, je peux l'inventer.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Mais la façon
de donner suite à ce nouvel arrangement de lettres pour en épingler
un discours, ça suppose, ça suppose, ça suppose une
suite justement et pourquoi pas, comme on me l'a donc demandé, demandé
à Rome, quand on m'a posé la question de savoir quelle était
la liaison des quatre formules quantiques dites de la sexuation, quelle
était leur liaison avec la formule, c'est de celle-là qu'il
s'agit, la formule du discours analytique telle que j'ai cru devoir d'abord
l'avancer.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les brancher,
ça serait en donner ce développement qui ferait dans une
école, la mienne pourquoi pas, avec un peu de chance, que dans une
école s'articulerait cette fonction dont le choix de l'analyste,
le choix de l'être, ne peut que dépendre. Car tout en ne s'autorisant
que de lui-même, il ne peut par là que s'autoriser d'autres
aussi.</font></font>
<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je m'en réduis
à ce minimum parce que précisément j'attends, j'attends
que quelque chose s'invente, s'invente du groupe sans reglisser dans la
vieille ornière, celle dont il résulte qu'en raison de vieilles
habitudes contre lesquelles après tout on est si peu prémuni
que ce sont elles qui font la base du discours dit universitaire, qu'on
est </font><font color="#000000"><b><i>nommé à</i></b>,</font><font color="#000066">
à un titre.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ceci nous pousse,
nous pousse parce que je choisis d'y être poussé - mais vous
pousse en même temps puisque vous m'écoutez - à tenter
de préciser la liaison qu'il y a entre ce que j'appelle l'inventer,
du savoir, et ce qui s'écrit.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est tout
à fait clair qu'il y a un lien, il s'agirait ce lien de le préciser.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Autrement dit,
ce qui, ce qui se touche du doigt, de s'apercevoir, de se poser la question
: où se situe, où se situe l'écriture ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est bien ce
dont j'essaie de vous donner depuis longtemps l'indication, en substituant,
ce que j'ai fait très tôt, en subs... glissant si je puis
dire dans l'énoncé que j'ai tenté de donner de <i>Fonction
et champ de la parole et du langage, </i>je n'ai quand même pas intitulé
un certain article, comme ça, un écrit pivot, je ne l'ai
pas intitulé
<i>L'instance du signifiant dans l'inconscient</i>,
je l'ai intitulé
<i>L'instance de la lettre </i>et c'est autour
de lettres, comme vous vous souvenez peut-être un peu, enfin comme
ça dans la brume, que S, S1, S2, etc. sur
<i>s,
</i>sur
<i>petit
s</i>, enfin, c'est tout ce que, tout ceci impliquant une certaine relation
que j'ai épinglée de la métaphore, une autre de la
métonymie, c'est autour de ça que j'ai fait tourner un certain
nombre de propositions qui peuvent être considérées
comme un forçage, je veux dire de donner une certaine instance non
pas de la lettre mais de la linguistique, mais je vous fais remarquer que
la linguistique ne procède pas autrement que les autres sciences,
c'est-à-dire qu'elle ne procède que de l'instance de la lettre,
d'où l'instance de la linguistique passant par la lettre, enfin,
pour proposer quelques remarques à ceux qui pratiquent l'analyse.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça n'empêche
pas que bien sûr, parce que je croyais qu'avec le temps, enfin n'est-ce
pas, il y a ces surréalistes, n'est-ce pas, dont on me tanne enfin,
quand on veut écrire sur moi des articles, ces surréalistes,
j'en connaissais un qui survivait alors, c'était Tristan Tzara,
je lui ai refilé <i>L'instance de la lettre </i>bien sûr,
ça ne lui a fait ni chaud ni froid, ça ne lui a fait ni chaud
ni froid, pourquoi ? Parce que c'est bien là ce qui démontre
ce que je vous faisais remarquer, vous l'avez peut-être entendu à
mon dernier séminaire, ce que je vous ai fait remarquer, c'est à
savoir qu'en fin de compte, avec tout ce chambard n'est-ce pas, ils ne
savaient pas très bien ce qu'ils faisaient.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais ça,
c'est, ça tient du fait qu'en somme, ils étaient poètes
et comme l'a fait remarquer depuis longtemps Platon, il n'est pas du tout
forcé, il est même préférable que le poète
ne sache pas ce qu'il fait. C'est ce qui, c'est ce qui donne, c'est ce
qui donne à ce qu'il fait sa valeur primordiale. Et devant quoi
il n'y a vraiment, il n'y a vraiment qu'à courber la tête,
je veux dire que...&nbsp; je veux dire que si on peut faire une certaine
analogie, une certaine homologie disons, mais avec pour le mot <i>homo</i>
ce sens approximatif qui est celui que je vous ai déjà souligné
tout à l'heure, une certaine homologie entre, entre ce qu'on a comme
oeuvres de l'art, et ce que nous recueillons dans l'expérience analytique.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Interpréter
l'art, c'est ce que Freud a toujours écarté, toujours répudié,
ce qu'on appelle, ce qu'on appelle psychanalyse de l'art enfin, c'est encore
plus à écarter que la fameuse psychologie de l'art qui est
une notion délirante. De l'art, nous avons à prendre de la
graine.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A prendre de
la graine, à prendre de la graine pour autre chose, c'est-à-dire
pour nous, en faire ce tiers qui n'est pas encore classé, en faire
ce quelque chose qui est, qui est accoté à la science d'une
part, qui prend de la graine de l'art de l'autre, et j'irai même
plus loin, qui ne peut le faire que dans l'attente de devoir à la
fin donner sa langue au chat.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dont témoigne
pour nous l'expérience analytique, c'est que nous avons affaire,
je dirais à des vérités indomptables, à des
vérités indomptables que nous, dont nous avons à témoigner
pourtant, comme telles, est-ce que ce sont les seules qui peuvent nous
permettre de définir comment... dans la science... ce qu'il en est
du savoir, du savoir conscient, comment dans la science ceci peut constituer
ce que j'appellerai un bord, c'est-à-dire ce dont la science même
comme telle est, est, faute d'un meilleur mot, je dirai structurée.
Si ce que j'avance pour vous répond à quelque chose, je veux
dire que vous m'ayez assez attendu avant de ce que j'énonce de ce
qu'il n'y a pas de rapport sexuel, c'est ça que ça veut dire.</font></font>

<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Là encore
je souligne que ça ne va pas jusqu'à dire que le peu de Réel
que nous savons, qui se réduit au nombre, que le peu de Réel
que nous savons, s'il est si peu, ça tient au fameux trou, au fait
qu'au centre il y a ce </font><b><font face="Symbol"><font color="#333333">topos</font></font></b><font color="#000066">
qu'on ne peut que boucher, qu'on ne peut que boucher avec quoi ? avec l'Imaginaire,
mais ça ne veut pas dire pour autant que l'objet <i>petit a</i>,
ça
soit de l'Imaginaire.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est un fait
que ça s'imagine, ça s'imagine avec ce qu'on peut, à
savoir avec ce qui se suce, ce qui se chie, ce qui fait le regard, ce qui
dompte le regard en réalité, et puis, et puis la voix. Les
deux derniers dans le nombre, en tout cas sûrement le dernier, et
c'est moi qui l'ai ajouté à la liste, en tant que ça
s'imagine.</font></font>
<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais le fait
que ça s'imagine n'ôte rien de la portée de l'objet
<i>petit
a</i> en tant que </font><b><font face="Symbol"><font color="#333333">topos</font></font></b><font color="#000066">,
je veux dire en tant que ce qui se squeeze pour en donner l'image, rien
de plus ai-je fait, pour en donner l'image qui n'a qu'un avantage, c'est
que c'est une image écrite, celle que j'ai donnée dans le
noeud borroméen. L'objet <i>petit a, </i>c'est là que ça
se noue. Il y a donc deux faces, ici, à l'objet <i>petit a,</i>

une face qui est aussi réelle que possible, seulement de ce fait
que ça s'écrit...</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">(coupure son 47'20-35... seulement
de ce fait que ça s'écrit.)</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous voyez ce
que j'essaye de faire, j'essaye de vous situer l'écrit et ça
va loin d'avancer là, comme ce bord du Réel, situé
sur ce bord.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour, parce
qu'il faut bien, enfin, vous donner d'autre pâture que cette abstraction,
comme vous diriez, car justement ce qui est là sensible, c'est que
ça n'est pas de l'abstraction. C'est dur comme fer. C'est pas parce
qu'une chose n'est pas succulente qu'elle est abstraite. Il est évidemment
amusant que j'éprouve là le besoin, pour vous, le désir
de l'homme étant le désir de l'Autre, que j'éprouve
là le besoin pour vous d'avoir une petite scansion rigolade, pour
vous faire remarquer que c'est amusant, enfin une chose, un petit échantillon
anecdotique que je vais vous donner, n'est-ce pas.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est assez
curieux par exemple que le savoir en tant qu'il s'invente, que ça
se passe comme ça, comme je vais vous dire, quand Galilée
a aperçu, enfin, certaines de ses inventions, enfin qui bouleversaient
tout à fait le savoir concernant le Réel céleste,
il a pris soin de le noter, sous la forme suivante. Il a envoyé
à quelques personnes un certain nombre de distiques latins, pas
plus, deux vers, dans lesquels, par lesquels il pouvait en quelque sorte
prendre date et en prenant un certain nombre de lettres de trois en trois,
par exemple, démontrer qu'il avait inventé la chose impossible
à faire avaler à son époque, qu'il l'avait inventée
déjà à telle date. Je veux dire que c'était
inscrit indiscutablement par la façon même dont il avait fait
ces distiques, dont peu importe par ailleurs le contenu, étant donné
bien sûr que, on peut dans ce genre enfin écrire n'importe
quoi, ça ne fait rien à personne, tout ce qui intéresse
quelqu'un, quand on reçoit une lettre d'un personnage comme Galilée,
c'est que, ce n'est pas ce qu'il a voulu dire, c'est qu'on a un autographe.</font></font>
<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et la façon
dont sous en quelque sorte ce que nous appellerons l'apparente connerie
des deux vers était inscrite enfin la date, la date de telle chose,
la chose dont il s'agissait, à savoir sur le ciel, n'est-ce pas
et le principe des trajets qu'il offre à voir, est-ce que là
ne s'illustre pas d'une façon certes seulement amusante, mais vous
en avez bien d'autres illustrations, puisque comme je l'ai fait, j'y ai
insisté avec des pieds de plomb, il est bien évident que
si la logique est ce que je dis, la science du Réel et pas autre
chose, si justement le propre de la logique et en tant que science du Réel,
c'est justement de ne faire de la vérité qu'une </font><font color="#000000">valeur</font><font color="#000066">

vide, c'est-à-dire exactement rien du tout, quelque chose dont vous
pouvez simplement inscrire que non-V c'est F, c'est-à-dire que c'est
faux, c'est-à-dire que c'est une façon de traiter la vérité
qui n'a aucune espèce de rapport avec ce que nous appelons communément
vérité, bon...</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cette science
du Réel, la logique, s'est frayée, n'a pu se frayer qu'à
partir du moment où on a pu assez vider des mots de leur sens pour
leur substituer des lettres purement et simplement. La lettre est en quelque
sorte inhérente à ce passage au Réel.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Là, c'est
amusant de pouvoir dire que l'écrit était là pour
faire preuve, faire preuve de quoi, faire preuve de la date de l'invention.
Mais en faisant preuve de la date de l'invention, il y fait preuve aussi
de l'invention elle-même, l'invention, c'est l'écrit, et ce
que nous exigeons dans une logique mathématique, c'est très
précisément ceci que rien ne repose de la démonstration
que sur une certaine façon de s'imposer à soi-même
une combinatoire parfaitement déterminée d'un jeu de lettres.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp; Je pose là
la question : est-ce que donc l'anagramme, puisque c'est de ça qu'il
s'agissait dans les vers de Galilée, que l'anagramme au niveau où
le cher Saussure s'en cassait la tête en privé, est-ce que
l'anagramme n'est pas là simplement pour faire preuve que c'est
là la nature de l'écrit même quand on n'a pas encore
l'idée de rien à prouver.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que l'anagramme
au niveau où Saussure s'en interrogeait, à savoir au niveau
où dans <i>les</i> <i>vers</i> dits <i>saturniens</i>, on peut retrouver
justement le nombre de lettres qu'il faut pour désigner un dieu
sans que rien du ciel ne puisse nous secourir pour savoir si c'était
l'intention, là, du poète, d'avoir truffé ce qu'il
avait, ce qu'il avait à écrire, puisque l'écrit déjà
fonctionnait, de l'avoir truffé d'un certain nombre de lettres qui
fondent le nom d'un dieu.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que là
on ne sent pas que même quand il n'est supporté par rien,
par rien dont nous puissions témoigner, il nous faut bien admettre
que c'est l'écrit qui supporte, qu'il y a, qu'il y a là une
sorte d'entité de l'écrit.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Comment traduirons-nous
entité, est-ce que nous la pousserons du côté de l'être
ou du côté de l'étant, est-ce que c'est&nbsp; <font face="Symbol">ousia</font>
ou est-ce que c'est&nbsp; <font face="Symbol">on</font> ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je crois qu'il
vaut mieux abandonner cette direction, non ...</font></font>

</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et je vous propose
quelque chose qui a son intérêt d'aller dans le même
sens que ce que j'avais déjà tracé. Comme l'a fait
remarquer, comme ça, un vieux sage, du temps où on savait
quand même déjà écrire, ce qui s'imposait du
langage n'est-ce pas, une route qui monte c'est la même que celle
qui descend, alors je pourrais vous proposer comme formule de l'écrit,
le savoir supposé sujet.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'il y ait
quelque chose qui atteste qu'une formule pareille puisse avoir sa fonction,
c'est en tout cas aujourd'hui ce que je trouve de mieux pour vous situer
la fonction de l'écrit, pour ceci et que... à quoi nous a
introduit notre question sur l'entité de l'écrit, <font face="Symbol">ousia&nbsp;</font>
ou&nbsp; <font face="Symbol">on&nbsp;</font> pour situer ceci qu'il se
définit avant tout d'une certaine fonction, d'une place de bord.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Voilà.
Il est bien évident n'est-ce pas que comme, je l'ai souligné
comme ça, incidemment parce que je passe pas mon temps à
m'expliquer avec les philosophes, il est bien évident que c'est
mon matérialisme à moi. Ouais. Je le dis à peine,
je le dis à peine parce que, parce que je m'en fous du matérialisme.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce certain matérialisme,
comme ça, qui est là de toujours, qui consiste comme ça,
à baiser le cul de la matière au nom de ceci que ça
serait quelque chose de plus réel que la forme, enfin ça
bien sûr on l'a déjà maudit. On l'a maudit à
partir du matérialisme historique qui n'est strictement rien d'autre
qu'une résurgence de la Providence de Bossuet. Ouais.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; En tous les
cas, cette matière de l'écrit, enfin de l'écrit supposé
comme ça, comme c'est un peu nouveau, enfin ça mériterait
qu'on lui tire un peu sur les tétines pour en revenir à notre
objet
<i>petit a</i> fondamental. Qu'on l'exploite un peu, tout au moins
un temps, hein.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Qu'elle devienne
possible n'est-ce pas cette exploitation, c'est, ça veut dire justement
si vous traduisez la modalité comme je vous ai appris à le
faire, ça veut dire que... ça veut dire que ça cesse
de s'écrire et pas du tout le contraire.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut que
ça cesse de s'écrire pour que ça prouve, que ça
prouve quelque chose. C'est-à-dire que ça ne cesse pas de
repartir.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais justement
c'est là cette scansion dont j'essaie, dont j'essaie de vous donner
l'idée, c'est une scansion qui est curieuse, parce que la pulsation
que ça implique, à savoir ce que chacun sait, que ne peut
être nécessaire que le possible, à savoir ce que je
situe du "cesser de s'écrire" et justement ceci qui ne cesse pas
de se répéter, ce qui est là quelque chose que nous
avons bien su toucher, n'est-ce pas, dans cette fonction produite génialement
par Freud de la <a href="../../unar/repeti1.htm">répétition</a>.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ça, c'est
une... c'est une chose fondamentale et dont j'essaie ici pour vous l'approche,
l'approche en ce sens que ça institue un temps deux. Loin de faire
le temps linéaire, ça institue un temps deux comme tout à
fait fondamental.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et j'irai même
jusqu'à poser, poser la question, la question à ceux qui
pourraient m'en dire un petit bout et ça m'amuserait bien qu'on
m'y réponde là-dessus, c'est que, à prendre un ensemble
de dimensions, ensemble ne supposant rien de cardinal, mais disons un ensemble
fini, comment déterminer sur cet ensemble de dimensions, pourquoi
ne pas imaginer la dimension telle que je la définis, c'est-à-dire
là où se situe le dire, comment arriver à formuler
ceci : que si nous partons de l'idée que la fonction du deux, deux
dimensions s'y situent d'un côté de la surface, mais du "cesser"
et "non-cesser" comme je viens de vous le dire, est-ce que ce n'est pas
là ce qui fait très exactement la portée de l'écrit
?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Autrement dit,
sur un ensemble de dimensions, que nous ne déterminerons pas d'avance,
comment trouver ce qui fait fonction-surface et ce qui à mon dire
ferait fonction-temps du même <nobr>coup ? </nobr>Ce qui de toute
façon est très proche, très proche du noeud que je
vous suggère.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'avais autrefois
commis un truc qui s'appelait <i>Le Temps logique.</i></font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est curieux
que j'y aie mis au second temps, le temps pour comprendre, le temps pour
comprendre ce qu'il y a à comprendre. C'est la seule chose dans
cette forme que j'ai faite aussi épurée que possible, c'est
la seule chose qu'il y avait à comprendre. C'est que le temps pour
comprendre ne va pas s'il n'y a pas trois. A savoir ce que j'ai appelé
l'instant de voir, puis la chose à comprendre et puis le moment
de conclure. De conclure, comme je crois l'avoir assez suggéré
dans cet article, de conclure de travers.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Sans quoi s'il
n'y a pas ces trois, il n'y a rien qui motive ce qui manifeste avec clarté
le deux, à savoir cette scansion que j'ai décrite, qui est
celle d'un arrêt, d'un cesser et d'un redépart. Grâce
à quoi il est évident que ce sont les seuls mouvements convaincants,
qui ne valent comme preuve, n'est-ce pas que quand les trois personnages
dont vous savez qu'il s'agit qu'ils sortent de prison, comme par hasard,
que ce n'est que dans l'après-coup de ces scansions qu'ils peuvent
le faire fonctionner comme preuve, c'est-à-dire faire ce qui leur
est demandé, non pas seulement qu'ils soient sortis, ce qui est
d'un mouvement bien naturel, mais à quoi ils sont identiques, à
savoir chacun strictement aux deux autres. Ils ont le même disque,
la même rondelle noire ou blanche dans le dos. Ils ne peuvent, ce
qui leur est demandé, en donner l'explication, en donner l'explication
que de ceci qu'ils ont fait tous le même ballet pour sortir. C'est
là la seule explication.</font></font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font color="#000066">C'est une voie
qui est tout à fait, enfin tout à fait charmante, enfin n'est-ce
pas, à expliquer ceci, ceci qui est en plus bien évident,
c'est que ça ne comporte entre eux aucune espèce d'identité
de nature que l'illustration, le commentaire en marge que j'en donne, c'est
à savoir que c'est comme ça que les êtres s'imaginent
une universalité quelconque, il n'y a pas trace dans cet apologue,
puisque d'un apologue il s'agit, il n'y a pas de trace dans cet apologue
du moindre rapport entre les prisonniers puisque c'est justement ce qui
leur est interdit : c'est de communiquer entre eux. Ils sont simplement,
s'identifient ou se distinguent d'avoir ou de n'avoir pas un disque blanc
ou un disque noir dans le dos.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je m'excuse
d'avoir été si long pour les personnes qui n'ont jamais ouvert
les <i>Ecrits</i>, il doit y en avoir pas mal ici dans ce cas, bien sûr.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Définir
donc ce qui dans un ensemble de dimensions fait, fait du même coup
surface et temps, voilà ce que je vous propose comme suite, mon
Dieu, comme suite, comme suite à ce que je vous ai proposé
de "temps logique" de mes <i>Ecrits. </i>Bon. Ouais.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Est-ce que je
suis, est-ce que je suis mauvais juge, quand j'ai répondu que l'objet

<i>petit
a,
</i>c'était peut-être ce que j'avais inventé...
Peut-être, c'est sûrement en tout cas... personne ne l'a inventé
à part moi. Bon, mais... ouais. Je peux être quand même
mauvais juge.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c'est en
ça qu'il n'est pas sans rapport avec l' <font face="Symbol">ousia</font>&nbsp;
comme ça, dont je faisais tout à l'heure usage de chiffon,
c'est que si mon schéma du discours analytique est vrai, cet objet
<i>petit
a</i>, je dois le devenir, c'est ce que j'ai à faire advenir.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est pas le
"je", dans mon cas, c'est-à-dire là au moment où je
suis devant vous. C'est le <i>petit a. </i>Oui. Cette place de personne
est bien entendu, comme le nom de personne l'indique, une place, une place
de rang à tenir, enfin n'est-ce pas de semblant. Il s'agit de tenir
le rôle de l'analyste. Et c'est bien en cela que j'ai avancé
un certain quelque chose, c'est que c'est celle qui se pose de la question
toujours la même : "Puis-je l'être ?" M'autoriser, ça
peut encore aller hein mais l'être, c'est une autre affaire. C'est
là qu'évidemment se forge ce que j'ai énoncé
du verbe "désêtre". L'analyste, je le "dé-suis", l'objet
<i>petit
a </i>n'a pas d'être.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'ai suffisamment
insisté n'est-ce pas, j'ai suffisamment insisté en son temps
sur ce dont les psychanalystes jubilent n'est-ce pas, à savoir cette
face, ce support, ce pathétisme de l'objet
<i>petit a </i>quand
il prend la forme du déchet.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; J'y ai insisté
beaucoup, un jour, je me suis comme ça pointé à Bordeaux
et je leur ai expliqué que la civilisation c'était l'égout,
qu'il n'y en a strictement aucune espèce d'autre trace et que c'est
tout de même quelque chose de bien étrange, qu'il faut s'y
appliquer.</font></font>
<br><font size="-1"><font color="#000066">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Parce qu'on
ne sache pas que tous les autres animaux qui existent encombrent la terre
de leurs déchets, alors qu'il est tout à fait singulier que,
que </font><font color="#000000">tout ce que fait l'homme</font><font color="#000066">
finit toujours dans le déchet, n'est-ce pas. Une seule chose qui
garde une petite dignité, c'est les ruines, mais sortez quand même
un tout petit peu, n'est-ce pas, de vos coquilles pour vous apercevoir
du nombre d'autos à la casse qui s'empilent dans des endroits et
de vous apercevoir que partout où vous mettez le pied, vous mettez
le pied sur quelque chose qui... où on a essayé de toutes
façons de recomprimer d'anciens déchets pour, pour ne pas
en être submergé, littéralement. Bon.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Oui... c'est
une affaire, ça ! C'est toute l'affaire, c'est toute l'affaire de
l'organisation, n'est-ce pas. De l'organisation imaginaire, si on peut
dire. Simuler, simuler avec la foule, parce que c'est l'autre face de ce
que j'ai appelé tout à l'heure le choix, le groupe, simuler
avec la foule, et on a toujours affaire à ça pour y recueillir
un groupe, simuler avec la foule quelque chose qui fonctionne comme un
corps.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ouais. Bon.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais enfin c't
objet <i>petit a</i> quand même, qu'est-ce qui... ou quelle est la
face de ce qui vous intéresse, non pas quand je l'écris,
parce que je l'écris le moins que je peux, j'ai trop le sens de
mes responsabilités pour que cet écrit, je lui laisse pas
sa chance, sa chance que ça cesse, pour que si ça ne cesse
pas, ça fasse sa preuve. Mais là, là, là quand
je jaspine, qu'est-ce qui vous intéresse, de ce <i>petit a </i>dont
je parle ?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y a quelque
chose qui... qui, qui peut bien me venir à la tête parce que...
parce que c'est comme tout le reste, hein, j'invente pour ce qui est du
savoir, mais pour ce qui est de la vérité, j'invente pas,
hein ! la vérité, on me l'apporte, j'en ai des seaux entiers.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et là,
il y a un type qui est venu me voir, je pourrais pas dire il y a combien
de temps, puis je ne voudrais pas qu'il se reconnaisse, il est venu me
dire que ce qu'il lui fallait, c'était ma voix ! C'était
pas une voix pour un vote hein (rires) ! c'était la voix. Non, mais
c'est une question très sérieuse pour moi, est-ce que c'est
la voix, parce qu'il est bien évident qu'il y a là quelque
chose, c'est pas une question de timbre, si<b> </b>l'objet

<i>petit a</i>
est ce que je dis, il ne faut pas confondre la phonétique et le
phonème. La voix se définit d'autre chose que de ce qui s'inscrit
sur un disque et sur une bande magnétique comme il y en a tant qui
s'en régalent, ça n'a rien à faire avec ça.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La voix peut
être strictement la scansion avec laquelle tout ça, je vous
le raconte. Je suis persuadé qu'il y a là une source de votre
accumulation dans cette enceinte, accumulation aujourd'hui décente.
Il y a quelque chose comme ça, qui est lié à... au
temps que je mets à dire les choses, puisque l'objet
<i>petit a</i>
est lié à cette dimension du temps. C'est complètement
distinct de ce qu'il en est du dire.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le dire, c'est
pas la voix. Et être aimé, puisque vous m'aimez bien entendu,
être aimé pour l'un ou pour l'autre, c'est pas du tout pareil,
hein ! Le dire que l'objet <i>petit a </i>comporte, enfin c'est toutes
sortes de choses que j'ai même couchées par écrit,
hein, <i>Subversion du sujet et dialectique du désir</i>,<i> </i>et
patati et patata, bon, ça c'est sur un tout autre chemin, n'est-ce
pas que l'exhibition de la voix. C'est-à-dire comme ça d'un
témoignage, c'est le cas de le dire, pathétique n'est-ce
pas, de son coinçage dans toute l'affaire.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Par contre le
dire, le dire c'est pas l'écrit non plus, hein. Ouais.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le dire c'est
pas l'écrit non plus, il ne suffit pas d'avoir quelque chose à
dire pour être foutu, pour être foutu d'en savoir long. C'est
une distinction n'est-ce pas que j'aimerais beaucoup que vous vous mettiez
dans, dans vos petites têtes. Oui.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais sur ce
qu'il en est de la vérité n'est-ce pas, il y a lieu de savoir.
Il y a lieu de savoir en tant qu'il s'agit à tout instant d'inventer,
n'est-ce pas, pour répondre à son tissu de contradictions
à la vérité, hein ! Et c'est bien pour ça que
le premier pas à faire, c'est de la suivre dans toutes ses simagrées.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il ne s'agit
pas seulement de ceci n'est-ce pas que le mensonge en fait partie, j'ai
assez insisté, n'est-ce pas. Et il faut voir enfin ce qu'elle est
capable de vous faire faire.</font></font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; <font color="#000066">La vérité,
mes bons amis, mène à la religion.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vous entendez
jamais rien de ce que je vous dis de ce truc-là parce que j'ai l'air
de ricaner n'est-ce pas quand j'en parle, de la religion. Mais je ricane
pas, je grince ! Elle mène à la religion et à la vraie,
comme je l'ai dit, déjà. Et comme c'est la vraie, c'est justement
pour ça qu'il y aurait quelque chose à en tirer pour le savoir.
C'est-à-dire à inventer. Ben, vous êtes pas foutus
de le faire, hein ! Et c'est pas demain que vous en viendrez à bout.
Parce que dans tout ça vous ne mettez absolument aucun sérieux.
Il est évident, n'est-ce pas, que ceux qui ont inventé les
plus beaux trucs du savoir, je les nomme, hein, c'est un palmarès,
hein : Pascal, Leibnitz et Newton ! Newton enfin, est-ce que vous vous
rendez compte de ce que Newton a écrit sur le livre de Daniel et
sur l'Apocalypse de Saint Jean ? Vous n'avez jamais regardé ça,
bien sûr, parce qu'on ne vous le donne pas en livre de poche, mais
je le regrette.</font></font>

<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je ne vous reproche
pas non plus de ne pas être allés le chercher. Il faudrait
faire un livre de poche avec ça et bien traduit. Il y croyait dur
comme fer à la religion. Et les deux autres... Il me semble que
c'est difficile de renoncer à l'évidence, hein, ils ne parlent
que de ça. Il n'y a même que ça qui les intéresse.
Quand on voit qu'il faut... quand je pense qu'il faut que j'aille chercher
au milieu d'un, d'une montagne d'adresses au curé de Paris tout
ce que Pascal a écrit sur la cycloïde par exemple, enfin qui
est le type même n'est-ce pas de, de ces pas qui ont fait qu'on a
inventé, rien d'autre, le calcul intégral, est-ce que vous
vous imaginez que le calcul intégral c'est autre chose que de l'écriture
?</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La parabole
d'où c'est parti, la parabole, je parle de la parabole tracée,
la parabole et puis n'importe quelle autre lunule ou truc-muche ou machin,
ça c'est des choses écrites. Il n'y a que là que nous
touchons ce qu'il en est du Réel. Ben ils étaient passionnés,
ces trois-là, pour le vrai. Le vrai de la vraie.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; La voie à
suivre, c'est d'en remettre. Si vous n'interrogez pas comme il convient
le vrai de la Trinité, ben vous êtes faits, vous êtes
faits comme des rats et comme l'Homme-aux-Rats.</font></font>
<br><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est évident,
il est évident quand même que la religion enfin a ses limites,
quand même ! Enfin moi je reviens d'ltalie, vous comprenez, alors
je suis, je suis dans un bain de corps qui ruissellent sur tous les murs,
enfin il y a que ça, il y a des tableaux à s'en étouffer,
enfin c'est d'ailleurs tout à fait magnifique, moi je ne vois pas
pourquoi je ferais [...]</font></font>
<br>
</p><hr align="left" noshade="noshade" width="40%">
<ul><font color="#990000"><font size="-1">Fin de l'enregistrement sonore
(92' 09).</font></font>
<br><font color="#990000"><font size="-1">La suite du texte est une transcription
antérieure inédite de la fin de la séance</font></font>

<ul>&nbsp;</ul>
<font color="#000066"><font size="-1"><i>... pro pudor(e)</i> ! devant ce
ruissellement des corps, mais enfin ça donne quand même sa
limite au machin, ça montre quand même qu'on est dans la vérité,
et qu'on y reste, qu'on n'en sort pas. Ce qu'il faut, qu'il s'agirait,
c'est d'en sortir, de la vérité, alors là, je vois
pas d'autre moyen que d'inventer, et pour inventer de la bonne façon,
de la façon analytique, n'est-ce pas, c'est d'en remettre, d'abonder
dans ce sens, n'est-ce pas. Oui. Oui.</font></font>
<p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il n'y a qu'une
seule chose qui est tout de même bien embêtante et sur laquelle
je voudrais terminer si vous, si vous le voulez bien. C'est pas un hasard
que ce soit dans mes élèves, une femme, elle est, elle est
faite comme ça, celle-là, bon, enfin, qui a fait comme ça
tout un jaspinage sur le désir de savoir ; c'est certainement pas
chez moi qu'elle l'avait pris... J'ai jamais même, même suggéré
un machin pareil, hein. Oui. Il y a pas l'ombre de désir de savoir,
mis à part ceci sur quoi je m'interroge et sur quoi je n'ai rien
à vous dire parce que je n'en sais rien, c'est qu'il y a les mathématiques,
qui ne peuvent procéder, me semble-t-il, à moins que ce soit
un effet de l'inconscient, qui ne produisent pas le moindre désir,
mais c'est quand même curieux de voir que la mathématique,
ça se continue. On s'imagine qu'il y a chez les gens de votre espèce
enfin, c'est-à-dire que les mathématiciens, ils sont, je
pense qu'il n'y en a peut-être pas deux dans cette salle, je parle
de vrais, de mordus : il n'y a pas le moindre désir de savoir. Il
n'y a pas le moindre désir d'inventer le savoir.</font></font>
</p><ul>&nbsp;</ul>
<font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Enfin, il y a un
désir de savoir attribué à l'Autre. Ça, ça
se voit. C'est comme ça que surgissent, enfin, les manifestations
de complaisance que donne l'enfant dans ses "pourquoi". Tout ce qu'il pose
comme question enfin, c'est fait pour satisfaire à ce qu'il suppose
que l'Autre voudrait qu'il demande. C'est pas tous les enfants, hein !
c'est pas tous les enfants, parce que je vais vous faire une petite chose,
il faut bien que de temps en temps je vous donne une petite chose à
vous mettre sous la dent, cette chose attribuée à l'Autre,
ça s'accompagne très souvent d'un "très peu pour moi".</font></font>
<ul>&nbsp;</ul>
<font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et "très
peu pour moi", un "très peu pour moi" dont l'enfant donne la preuve
sous cette forme à laquelle je suis sûr que vous n'avez pas
songé, mais, comme vous savez, moi aussi j'en apprends tous les
jours, je m'éduque, je m'éduque bien sûr dans la ligne
de ce qui me plaît, dans la ligne de ce que j'invente, forcément,
mais enfin la nourriture ne me manque pas et si vous saviez comme je le
sais, n'est-ce pas, à quel point ce que j'ai déjà
illustré de l'anorexie mentale en faisant énoncer par cette
action, car une action énonce "je mange rien".</font></font>
<p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais pourquoi
est-ce que je mange rien ? Ça vous ne vous l'êtes pas demandé,
hein, mais si vous le demandez aux anorexiques ou plutôt si vous
les laissez venir, moi je l'ai demandé, je l'ai demandé parce
que j'étais déjà dans ma petite veine d'invention
sur ce sujet, je l'ai demandé ; alors, qu'est-ce qu'ils m'ont répondu
? Mais c'est très clair : elle était tellement préoccupée
de savoir si elle mange, que pour décourager ce savoir, ce savoir
comme ça, désir de savoir, n'est-ce pas, rien que pour ça
elle se serait laissée crever de faim, la gosse !</font></font>

</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; C'est très
important. C'est très important cette dimension du savoir et aussi
de s'apercevoir que, que c'est pas le désir qui préside au
savoir, c'est l'horreur.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Oui. Vous me
direz que, vous me direz qu'il y a des gens qui travaillent, et qui travaillent
comme ça à obtenir l'agrégation. Mais ça, vous
comprenez, ça n'a rien à faire avec le désir de savoir,
ça, c'est un désir qui est, qui est si je puis dire, comme
toujours est le désir de l'Autre et j'ai déjà expliqué
qu'il suffit que l'Autre désire pour que bien sûr on tombe
sous le coup, le désir de l'homme est le désir de l'Autre,
mais c'est plus ou moins compliqué, le circuit, il y a le désir
de l'Autre, qui, qui, qui se communique de plain-pied parce qu'il nage
<i>déjà
</i>dans
l'Autre, le sujet.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il y a l'hystérique.
Ça l'hystérique, c'est une autre affaire, hein, il faudra
que je reprenne mon schéma, n'est-ce pas, pour vous montrer la place
exacte que tient le savoir, n'est-ce pas pour l'hystérique, c'est
un savoir, enfin particulièrement spécifié, n'est-ce
pas, c'est un savoir dont, dont elle ramasse le machin. Oui. C'est un savoir
qui ne mène pas loin. C 'est un savoir qui, pour nous en tenir à
l'origine - c'est un savoir qui est très souvent, non pas produit
par le discours, le désir de l'Autre, mais refilé, si on
peut dire.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Je veux dire
qu'il se peut très bien qu'une personne enfin qui, qui n'avait pas
le moindre désir de rien savoir que quoi que ce soit, n'est-ce pas,
tout de même se soit aperçue que dans la société,
le discours universitaire assure à ceux qui savent, une bonne place
et qu'elle refile à la gosse, là, à la moutarde qui
devient hystérique, et justement pour ça, qui lui refile
que c'est un moyen de puissance. Naturellement elle reçoit le truc,
elle, sans savoir que c'est pour ça, elle le reçoit dans
sa toute petite enfance et là c'est un cas, c'est un cas de transmission
assez fréquent, enfin n'est-ce pas du désir de, du désir
de savoir, mais c'est quelque chose de tout à fait secondairement
acquis, en d'autres termes, ce que j'essaie de vous mettre dans la tête
et à propos de cette expérience, de cette expérience
de l'enfant, qui naturellement vous parle de ces "pourquoi", de ces "pourquoi"
qui concernent : "pourquoi quoi, pourquoi est-ce qu'il y a des enfants
qui naissent, comment ça se fait, etc." et tout ce qu'ils veulent,
c'est, c'est entendre quelque chose qui, qui, qui fait plaisir, qui...
montrer que, qui, qu'ils font tout comme s'ils s'intéressaient,
mais déjà qu'ils le savent, ils le refoulent, vous le savez
bien, et ils le refoulent immédiatement, enfin ils, ils y pensent
plus, enfin, il faut tout de même avoir une idée un peu plus
claire de ce qui se passe réellement. Ce désir de savoir,
pour autant qu'il prend substance, il prend substance du groupe social.</font></font>
</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; A la vérité,
je n'irai pas à me contenter de cette réponse pour ce qui
est de l'invention mathématique, n'est-ce pas, il est tout à
fait clair que, qu'il y a des mordus, n'est-ce pas, je veux dire que, c'était
pas une façon de se faire valoir à la Sorbonne que de résoudre
les problèmes de la cycloïde, que y avait, comme ça
enfin, temps miraculeux, temps que, dont je voudrais voir se reproduire
n'est-ce pas sous la forme des psychanalystes, je voudrais s'y voir reproduire
cette espèce de République n'est-ce pas, qui faisait que
Pascal correspondait avec Fermat, avec Roberval, avec Carcavi, avec des
tas de gens n'est-ce pas, qui étaient tous entre eux, enfin, pour
ceci qu'on ne sait pas quoi s'était produit, c'est bien ce que je
voudrais un jour tirer de l'histoire, on ne sait pas quoi s'était
produit qui faisait qu'il y avait des gens qui, qui désiraient plus
en savoir à propos de ces choses invraisemblables, n'est-ce pas,
qui se dessinent comme ça, la cycloïde, vous savez ce que c'est,
n'est-ce pas, si c'est un cercle, une roulette qui tourne autour d'une
autre, vous voyez ce que ça peut donner, ça donne, je ne
sais pas, une chose comme ça qui croyez-le, à ce moment-là,
ne rapportait rien, auprès d'aucun seigneur, n'est-ce pas, qui,
qui leur faisait leur réputation, enfin, leur truc, strictement
entre eux, n'est-ce pas, ils ne sortaient pas de là.</font></font>

</p><p><font color="#000066"><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Bien sûr
de là est sortie votre télévision, cette télévision
grâce à quoi vous êtes définitivement abrutis,
bon, bon, mais enfin ils ne le faisaient pas pour ca, ils ont fourni à
l'objet
<i>petit a</i>&nbsp; bien sûr, mais justement c'était
sans le savoir, mais ils ont quand même, enfin d'autant mieux réalisé
que l'objet était l'objet
<i>petit a</i>, c'est-à-dire ce
dont vous êtes étouffés, n'est-ce pas, ils l'ont d'autant
mieux réalisé que, sans savoir où ils allaient, ils
sont passés par la structure, par la structure que je vous ai dite,
à savoir ce bord du Réel.</font></font>
</p><ul>&nbsp;</ul>
</ul>
<a name="1"></a><font color="#000066"><font size="-1">note 1. <a href="../schemaL.htm"><b>Schéma
L </b>("Le Séminaire de <i>la Lettre volée</i> "&nbsp; in

<i>Ecrits</i>,
Seuil, Paris) </a>:&nbsp; <a href="../schemaL.htm">en savoir plus</a></font></font>
<center>
<p><a href="../schemaL.htm"><img src="ndup11i.jpg" alt="Non dupes errent 11i : Schéma L, dit de la dialectique intersubjective, (Ecrits, 1966, p.53, Le séminaire de la lettre volée)" height="147" width="243"></a></p></center>

<p><a name="2"></a><font color="#000066"><font size="-1">note 2. Les <b>cycloïdes
de Pascal</b>, qui figurent en fin de séance, notes de la copiste
(version CB)</font></font>
</p><center>
<p><img src="ndup11h.jpg" alt="Non dupes errent 11 h : Cycloïdes de Pascal, Lettre de A.Dettonville, une méthode générale pour trouver les centres de gravité de toutes sortes de grandeurs." height="215" width="150"></p></center>

<p><b><font color="#000066"><font size="-1">schémas 1, 2, 3 : cycloïdes
extraites des Oeuvres de Pascal sur la cycloïde</font></font></b>

</p><center>
<p><font color="#000066"><font size="-1">1. Et talis linea vocata est Cyclois</font></font><img src="ndup11c.jpg" alt="Non dupes errent 11 c : cycloïde de Pascal 1, Et talis linea vocata est Cyclois" height="124" width="316"></p></center>

<ul>
<ul>
<ul>&nbsp;</ul>
</ul>

<center><font color="#000066"><font size="-1">2.</font></font><img src="ndup11d.jpg" alt="Non dupes errent 11 d : cycloïde 2 de Pascal" height="141" width="222"></center>

<ul>
<ul>&nbsp;</ul>
</ul>

<center><font color="#000066"><font size="-1">3.</font></font><img src="ndup11e.jpg" alt="Non dupes 11 e : cycloïde de Pascal 3" height="151" width="233"></center>

</ul>
<b><font color="#000066"><font size="-1">schéma 4 : cardioïde,
extraite du Dictionnaire des mathématiques, Paris, PUF, 1979</font></font></b>
<center>
<p><font color="#000066"><font size="-1">4.</font></font><img src="ndup11f.jpg" alt="Non dupes errent 11 f : cardioïde de Pascal 4" height="182" width="171"></p></center>

<p><br>
<br>
<br>
</p><p><b><font color="#000066"><font size="-1">schéma 5 : Limaçon
de Pascal : cas particulier de cardioïde découvert par Etienne
Pascal, père de Blaise Pascal.</font></font></b>
</p><ul>
<center><i><font size="-1">Le nom du père est caché dedans</font></i></center>

<ul>

<ul>&nbsp;</ul>
</ul>

<center><font color="#000066"><font size="-1">5.</font></font><img src="ndup11g.jpg" alt="Non dupes errent 11 g : Le limaçon, cardioïde de Pascal 5, le nom du père est caché dedans" height="182" width="171">
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