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Les noms du père

40,178 bytes added, 01:01, 18 May 2006
no edit summary
<font size="+2">LES NOMS DU PERE</font></font>

<p><font size="+2">Jacques Lacan</font>
</p><center><font size="+2">20 novembre 1963</font></center>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
</blockquote>
<!-- eStat Javascript Début -->
<dir><b><sup><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">"Les Noms du Père",
séance du 20 novembre 1963, il s'agit d'un point pivot dans l'oeuvre
de Lacan : le séminaire interrompu en tant que tel, - il va proposer
le reste de l'année 63-64 "Les fondements de la psychanalyse" à
l'E.N.S. - suite aux relations conflictuelles entre la Société
psychanalytique de Paris et la Société Française de
psychanalyse, et à l'interdiction votée la nuit précédente
de poursuivre ce séminaire à Sainte-Anne.</font></font></sup></b>
<br><b><sup><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">A l'origine, le
titre choisi par Lacan est "Le nom du père<a></a>", au singulier.</font></font></sup></b>
<dir>
<dir>

<dir>
<dir>
<hr size="3" width="100%">
<br><font size="-1">Texte non relu par Lacan, il s'agit juste de notes photocopiées
qui nous ont été transmises telles.</font>
<br><font size="-1">Un certain nombre de mots manquent. Les remarques et
la lecture de quelques-un(e)s dans le groupe Lutecium ont permis de proposer
cette transcription, sous la forme qui suit, sans garantie par rapport
à ce qui fut énoncé par Lacan le 20 nov. 1963.</font>
<dir>&nbsp;</dir>
</dir>
</dir>
</dir>
</dir>
<font size="-1">Je n'ai pas l'intention aujourd'hui de me livrer à
aucun jeu qui ressemble à un coup de théâtre, je n'attendrai
pas la fin de ce séminaire pour vous dire que ce séminaire
est le dernier que je ferai. Aussi bien pour certains, initiés aux
choses qui se passent, ceci ne sera-t-il pas une surprise, pour les autres,
c'est par égard pour leur présence que je ferai cette déclaration.
Jusqu'à la nuit dernière très tard... une certaine
nouvelle m'a été annoncée... J'ai pu croire que je
vous donnerai cette année ce que je vous donnais depuis dix ans,
il était préparé, je ne ferai rien de mieux que de
vous donner le premier : j'ai annoncé que je vous parlerai cette
année des Noms du Père.</font>
<br><font size="-1">Pas possible de le faire entendre : pourquoi ce pluriel
concernant les noms ? Ce que j'entendais apporter de progrès dans
une notion que j'ai amorcée dès la troisième année
de mon Séminaire, quand j'ai abordé le cas Schreber, la fonction
des Noms du Père ponctuer dans mon enseignement passé les
repères où vous avez pu voir se fonder les linéaments
:</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - premièrement, 15, 22, 29
janvier et 5 février 1958, la&nbsp;<a name="metapa"></a><b><a href="../../unar/logisi2.htm#metapa">métaphore
paternelle</a></b>.</font>

<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - deuxièmement, les séminaires
du 20 décembre 1961 et ceux qui suivent, janvier 62, concernant
la&nbsp;<a name="nompro"></a><b>fonction du nom propre.</b></font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - troisièmement, les séminaires
de mai de mon année sur le transfert concernant ce qui est intéressé
du drame du père dans la trilogie claudélienne.</font>
<p><font size="-1">Vous référer à ces séminaires
pour voir dans quelle direction je voulais poursuivre mon discours ...
Il y a là, d'une façon déjà très avancée
dans sa structuration, quelque chose qui eût pu me permettre de faire
le pas suivant. Ce séminaire s'enchaîne à celui sur
l'angoisse. Avant d'aller plus loin, ce qu'a apporté mon séminaire
sur l'angoisse... On a pu donner tout leur poids à des formules
telles que <i>l'angoisse est un affect du sujet</i>. L'ordonner en fonction
aussi de la structure, celle du sujet défini comme le sujet qui
parle, qui se fonde, qui se détermine dans un effet du signifiant.
Où et à quel temps, référence au niveau de
la synchronie, à quel temps ce sujet est-il affecté de l'angoisse
?</font>
</p><center><font size="-1">voir le schéma cerné au tableau :</font>
<p><img src="ndpa.gif" height="91" width="185"></p></center>

<p><br>
<br>

<br>
<br>
</p><p><font size="-1">Ce dont, quel que soit ce temps, ce temps sur lequel nous
allons nous étendre, ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté,
c'est vous ai-je dit, par le désir de l'Autre. Il en est affecté
d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable
et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne
trompe pas.</font>
</p><p><font size="-1">Je vous ai dit de l'angoisse dont vous voyez ainsi se
dessiner dans ce qui ne trompe pas à quel niveau plus radical -
que tout ce qui a été dérivé dans le discours
de Freud - s'inscrit sa fonction de signal. Pas moyen de situer cette fonction,
sinon à ce niveau. A le poser ainsi se confirme et reste valable
comme Freud lui-même l'a ressenti assez pour le maintenir, que toutes
les premières formulations qu'il a données de l'angoisse,
transformation directe de la libido, etc. restent encore compréhensibles.
Que n'ai-je dit d'autre part concernant l'angoisse, m'opposant à
la tradition psychologisante qui distingue l'angoisse de la peur de par
ses corrélats, spécialement corrélat de la réalité,
je change ici les choses, disant de l'angoisse : <i>elle n'est pas sans
objet</i>. Cet objet <i>a
</i>dont j'ai dessiné aussi bien que j'ai
pu les formes fondamentales : ce qui est chu du sujet dans l'angoisse,
cet objet a, qui est la (? <font color="#ff0000">cause</font>) que je désigne
comme la cause du désir.</font>
</p><p><font size="-1">A l'angoisse, à l'angoisse qui ne trompe pas se
substitue pour le sujet ce qui doit s'opérer au moyen de cet objet
<i>a</i>,
il peut s'opérer plus d'une chose ... ceci est suspendu, - ce qui
était réservé pour l'avenir - et que vous ne perdrez
pas tout à fait, car vous le trouverez dans un livre à paraître
dans six mois, c'est à ceci qu'est suspendue la fonction de l'acte
et encore quelque chose d'autre. L'année dernière et pour
l'instant ce à quoi je me suis tenu : la fonction de ce petit <i>a</i>

dans le fantasme, dans la fonction qu'il prend d'être le soutien
du désir, du désir en tant que ce qu'il est donné
au sujet d'atteindre de plus intensif dans sa réalisation de sujet
au niveau de la conscience... c'est par cette chaîne que s'affirme
une fois de plus sa dépendance au désir de l'Autre, du désir.</font>
</p><p><font size="-1">Ai-je besoin, ne suis-je pas trop tenté de rappeler
pour qu'il n'y ait pas trop de confusion, le caractère radical,
tout à fait restructurant, qu'ont ces conceptions tant du sujet
que de l'objet.</font>
<br><font size="-1">Bien sûr, nous-mêmes parlons depuis longtemps
et nous nous détachons de toute conception du sujet qui en fait
un pur corrélat de l'intelligent à l'intelligible, du nous
antique, de toute foi faite à la connaissance. Ici, l'angoisse se
montre en position cruciale. Dans Aristote, pour la tradition antique,
[<i>agonia</i>], <i>pathos</i> local qui s'apaise dans l'impassibilité
du Tout. Il reste quelque chose de la position antique jusque dans la pensée
positiviste, celle sur laquelle se fonde et vit maintenant encore la science
dite psychologique.</font>
</p><p><font size="-1">Assurément quelque chose y reste fondé de
cette correspondance de l'intelligence à l'intelligible et ce n'est
pas sans fondement qu'elle peut nous montrer que l'intelligence humaine
n'est pas autre dans son fondement que l'intelligence animale ; - cf. les
théories de l'évolution, les progrès de l'intelligence,
son adaptation -.</font>
<br><font size="-1">Ceci nous permet une théorie partant de cet intelligible
supposé dans les données des faits, de déduire que
ce procès se reproduit chez chaque individu, hypothèse même
pas aperçue de la pensée positiviste, c'est que ces faits
soient intelligibles. L'intelligence, dans cette perspective, n'est rien
de plus qu'un affect parmi d'autres, un affect fondé sur un (?<font color="#ff0000">mot
manquant</font>).</font>

<br><font size="-1">D'où cette psychologie de tireuses de cartes,
même du haut des chaires universitaires. L'affect n'est ici qu'intelligence
obscure ; il n'y a qu'une chose qui échappe à celui qui reçoit
cet enseignement : c'est son effet d'obscurantisme subsistant de cette
perspective. C'est une entreprises de technocrates, étalonnage psychologique
des sujets en mal d'emploi entrés courbés sous l'étalon
du psychologue dans les cadres de la société existante.</font>
</p><p><font size="-1">L'essence de la découverte de Freud est à
ceci, dans une opposition radicale. Les premiers pas de mon enseignement
ont cheminé dans les pas de la dialectique hégélienne
; étape nécessaire pour faire brèche dans ce monde
dit de la positivité. La dialectique hégélienne se
ramène à des racines logiques, déficit intrinsèque
de la logique de la prédication : à savoir que l'universel
ne se fonde que de la négation ; que le particulier seul à
y trouver l'existence y apparaît comme contingent. Toute la dialectique
hégélienne faite pour combler cette faille y montre - dans
une prestigieuse transmutation - comment l'universel, par la voie de la
scansion : thèse, antithèse, synthèse, peut arriver
à se particulariser. Mais quels qu'en soient les effets de prestige
de la dialectique hégélienne, que par Marx elle soit entrée
dans le monde, achevant ce qui de Hegel était la signification,
par la subversion d'un ordre politique et social fondé sur l'ecclésial,
l'Eglise quelle que soit sa nécessité, la dialectique hégélienne
est fausse et contredite tant par l'observation des sciences de la nature
que par le progrès historique de la science fondamentale, à
savoir des mathématiques.</font>
</p><p><font size="-1">C'est ici que l'angoisse est le signe comme l'a vu tout
aussitôt un contemporain du développement du système
de Hegel, Kierkegaard, l'angoisse est pour nous le témoin d'une
béance essentielle qui porte le témoignage que la doctrine
freudienne est celle qui en donne l'éclaircissement.</font>
</p><p><font size="-1">Cette structure du rapport de l'angoisse au désir,
cette double béance du sujet à l'objet chu de lui où
au-delà de l'angoisse il doit trouver son instrument, la fonction
initiale de cet objet perdu sur lequel insiste Freud, là est la
faille qui ne nous permet pas de traiter du désir dans l'immanence
logicienne.</font>
</p><p><font size="-1">De la seule violence comme dimension à forcer les
impasses de la logique, là Freud nous ramène au coeur de
ce quelque chose sur quoi fonder les bases de ce qui était pour
lui l'illusion, qu'il appelait selon le mode de son temps l'alibi, la Religion,
que j'appelle quant à moi l'Eglise.</font>
</p><p><font size="-1">C'est sur ce champ même par lequel l'Eglise tient
intacte et dans tout l'éclat que vous lui voyez, contre la révolution
hégélienne, c'est là que Freud s'avance au fondement
même de la tradition ecclésiale, qu'il nous permet de tracer
le clivage d'un chemin qui aille au-delà, infiniment plus loin,
structuralement plus loin que la borne qu'il a posée sous la forme
de mythe du meurtre du père.</font>
</p><p><font size="-1">C'est sur ce terrain scabreux, mouvant, que là,
cette année, je voulais m'avancer avant de reprendre l'ordre ecclésial.
Car, pour ce qui est du père, leur père, les servants de
l'Eglise, les pères de l'Eglise, qu'ils me laissent leur dire que
sur le père je ne les ai pas trouvés suffisants. Certains
savent que je pratique depuis mon âge pubertaire la lecture de Saint-Auqustin.
<i>De
Trinitate</i>,il y a à peu près dix ans que j'en ai pris
connaissance. Je l'ai rouvert ces jours-ci pour ne pouvoir que m'étonner
combien sur le père il dit peu de choses. Il a su nous parler du
Fils et combien du Saint-Esprit mais je ne sais quelle fuite se produit,
automaton sous sa plume quand il s'agit du père. Comment ne pas
protester, chez un esprit si lucide, contre l'attribution radicale à
Dieu du terme de <i>causa sui</i>. Absurdité ponctuée qu'à
partir du relief de ceci que je vous ai dit, qu'il n'y a de cause qu'après
l'émergence du désir.</font>

</p><p><font size="-1">Ce qui est cause et cause du désir - pas équivalent
de l'antinomie cause et cause de soi - ne pourrait être en aucune
façon tenu pour équivalent antinomique de la cause pour lui.
Augustin contre toute piété intellectuelle, fléchit
sur ce que je voulais vous articuler avec toutes sortes d'exemples : <i>Acher
Ehyé</i><sup><nobr><a href="#1">(1)</a></nobr></sup>, l'hébreu.
Je suis ce que je suis, <i>ego sum qui sum</i>, je suis.</font>
</p><p><font size="-1">Qu'on y trouve un <i>je suis celui qui suis</i> dit Saint
Augustin - déjà en français sonne faux et boiteux
- par quoi Dieu s'affirme identique à l'Etre, ce Dieu, au moment
où Moïse parle, ne serait qu'une pure absurdité.</font>
</p><p><font size="-1">Voici donc le sens de cette fonction du petit <i>a</i>
dans les formes diverses dont je vous ai parlé l'an [<font color="#ff0000">dernier
? mots manquants</font>, ...elle s'arrêtait].</font>

</p><dir>
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<dir>&nbsp;</dir>
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</dir>
</dir>

<dir><font size="-1">Dans l'angoisse, l'objet petit <i>a</i> choit. Cette
chute est primitive ; la diversité des formes que prend cet objet
de la chute est dans une certaine relation au mode sous lequel s'appréhende
pour le sujet le désir de l'Autre. C'est ce qui explique la fonction
de l'objet oral. Elle ne se comprend - j'y ai longtemps insisté
- que si cet objet, le sein, que le sujet lâche, dont il se détache,
cet objet fondamentalement est de son appartenance.</font>

<dir>&nbsp;</dir>
<font size="-1">Si à ce moment-là cet objet s'introduit dans
la demande à l'Autre, dans l'appel vers la mère elle dessine
sous un voile l'au-delà où se noue le désir de la
mère : étonné le bébé renverse la tête
en se détachant du sein.</font>
<p><font size="-1">Ce sein, il n'est qu'apparemment appartenance à
l'Autre ; voir les références biologiques, le complexe nourricier
se constitue différemment dans un contexte animal. Ici le sein est
une partie profonde et une partie plaquée au thorax de la mère.</font>
</p><p><font size="-1">Une seconde forme : l'objet anal. Phénoménologie
du cadeau, du don : en lâchant les fèces, lui concédant
comme à un ordre dominant la demande de l'Autre évidemment
imposteur, non pas la demande à l'Autre, un temps plus avant, ce
qui chez l'Autre est encore ambigu, le désir. Comment les auteurs
n'ont-ils pas reconnu que c'est là que s'accroche le support de
ce qu'on appelle oblativité, que c'est par une véritable
ambiguïté, par un escamotage révélateur de fuite
panique devant une angoisse qu'on a pu situer la conjonction oblative au
niveau de l'acte génital. Par ailleurs c'est là que l'enseignement
de Freud d'une traduction qui s'en conserve nous situe la béance
de la castration.</font>
</p><p><font size="-1">L'année dernière j'ai insisté sur
ceci que tout ce que Freud a dit nous montre, c'est que l'orgasme n'est
pas seulement ce que les psycho-biologistes de son époque ont appelé
le mécanisme de la détumescence. Il faut savoir articuler
que ce qui compte de l'orgasme représente exactement la même
fonction, quant au sujet, que l'angoisse. L'orgasme est en lui-même
angoisse, pour autant qu'à jamais par une faille centrale le désir
est séparé de la jouissance.</font>
</p><p><font size="-1">Qu'on ne nous objecte pas les moments de paix, de fusion
du couple, où chacun même peut se dire que l'autre est bien
content. Nous analystes allons y regarder de plus près pour voir
ce qu'il y a dans ces moments d'alibi fondamental : un alibi phallique.</font>
<br><font size="-1">La femme se sublime en quelque sorte, dans sa fonction
de gaine, elle résout quelque chose, quelque chose qui va plus loin
et reste infiniment au dehors. C'est pourquoi je vous ai longtemps commenté
ce passage d'Ovide où se fabule le mythe de Tirésias. Aussi
bien faut-il indiquer ce qui se voit de traces de cet au-delà inentamé
de la jouissance féminine dans le mythe masculin de son prétendu
masochisme.</font>
</p><p><font size="-1">Plus loin, symétrique, comme sur une ligne courbe
redescendante par rapport à ce sommet de la béance du désir
- jouissance au niveau génital - j'ai ponctué la fonction
du petit <i>a</i> dans la pulsion scopique.</font>

</p><p><font size="-1">Son essence est résumée en ceci que plus
qu'ailleurs le sujet est captif de la fonction du désir. C'est qu'ici,
l'objet est étrange, l'objet <i>a</i> pour ceux qui ne m'ont pas
suivi dans ma première approximation, c'est cet oeil qui dans le
mythe d'Oedipe est l'équivalent de l'organe à castrer. Ce
n'est pourtant pas tout à fait de cela qu'il s'agit. Dans la pulsion
scopique où le sujet rencontre le monde comme spectacle qu'il possède,
il rit... que ce leurre par quoi ce qui sort de lui et ce qu'il affronte,
est, non pas ce vrai petit <i>a, </i>mais son complément l'<i>i(a),</i>
son image spéculaire, voilà ce qui paraît être
chu de lui.</font>
</p><p><font size="-1">Il est pris, il se réjouit, il s'esbaudit dans
ce que Saint-Augustin dénonce et désigne d'une façon
si sublime - j'eusse voulu aussi vous faire parcourir ce texte - désigne
comme concupiscence des yeux. Il croit désirer parce qu'il se voit
comme désirant et qu'il ne voit pas que ce que l'Autre veut lui
arracher, c'est son regard. La preuve, c'est ce qui arrive dans le phénomène
de l'<i>Unheimlich : </i>chaque fois que soudain, par quelque incident
fomenté par l'Autre, cette image de lui dans l'Autre apparaît
au sujet comme privée de son regard ; ici se défait toute
la trame de la chaîne dont le sujet est captif dans la pulsion scopique
et c'est le retour à l'angoisse la plus basale, l'<i>Aleph </i>de
l'angoisse. Tel est ce à quoi se rassemble dans sa structure la
plus fondamentale, le rapport du sujet au petit<i> a</i> et l'<i>Aleph</i>

sera là pour nous aider à le symboliser.</font>
<br><font size="-1">Je n'ai pas encore dépassé la pulsion scopique,
le franchissement que je désigne de ce qui s'y manifeste et va à
y pointer vers l'imposture : ce fantasme que j'ai articulé sous
le terme de l'<i>agalma</i>, sommet de l'obscurité où le
sujet est plongé dans la relation du désir, l'<i>agalma</i>
est cet objet dont il croit que son désir le vise et il porte à
son extrême la méconnaissance de cet objet comme cause du
désir.</font>
</p><p><font size="-1">Telle est la frénésie d'Alcibiade et le
renvoi que lui fait Socrate: "occupe-toi de ton âme", de ce que Platon
fera plus tard : ".. ton âme et occupe-toi de cet objet que tu poursuis,
ce n'est que ton image"; cet objet dans sa fonction de visée et
de cause mortelle. "Fais ton deuil de cet objet ; alors tu connaîtras
les voies de ton désir, car moi, Socrate je ne sais rien ; c'est
la seule chose que je connais de la fonction de l'Eros".</font>
</p><p><font size="-1">C'est ainsi que je vous ai menés à la porte,
cinquième terme de cette fonction du petit <i>a</i>, par quoi va
se montrer l'éventail, l'épanouissement, de ce petit <i>a
</i>dans
le rapport prégénital à la demande de l'Autre.</font>

<br><font size="-1">Nous allons voir le petit <i>a</i> venir de l'Autre,
seul témoin, de ce lieu de l'Autre qui n'est pas seulement le lieu
du mirage, ce petit
<i>a,
</i>je ne l'ai pas nommé ; pourtant je
l'ai montré dans une des réunions de notre société,
j'aurais pu l'éclairer aux journées sur la paranoïa,
je me suis abstenu. A savoir ce dont il s'agissait, à savoir de
la voix.</font>
</p><p><font size="-1">La voix de l'Autre doit être considérée
comme un objet essentiel. Tout analyste sera appelé à lui
donner sa place, ses incarnations diverses, tant dans le champ de la psychose
que dans la formation du sur-moi.</font>
</p><p><font size="-1">Ceci, abord phénoménologique, ce rapport
de la voix à l'Autre, le petit <i>a</i> comme chu de l'Autre, nous
pouvons en épuiser la fonction structurale à porter l'interrogation
sur ce qu'est l'Autre comme sujet. Par la voix, cet objet chu de l'organe
de la parole, l'Autre est le lieu où ça parle. Ici nous ne
pouvons plus échapper à la question : qui ?, au-delà
de celui qui parle au lieu de l'Autre, et qui est le sujet, qui y a-t-il
au-delà dont le sujet, chaque fois qu'il parle, prend la voix ?</font>
</p><p><font size="-1">Il est clair que si Freud, au centre de sa doctrine, met
le mythe du père, c'est en raison de l'inévitabilité
de cette question. Il n'est pas moins clair que, si toute la théorie
et la praxis de la psychanalyse nous apparaissent aujourd'hui comme en
panne, c'est pour n'avoir pas osé sur cette question, aller plus
loin que Freud.</font>
</p><p><font size="-1">C'est bien pourquoi l'un de ceux que j'ai formés
comme j'ai pu a parlé à propos d'un travail, qui n'est point
sans mérite, de la "question du père".</font>

</p><p><font size="-1">Cette formule était mauvaise, c'est même
un contresens sans qu'on puisse le lui reprocher. Il ne peut être
question de la question du père, pour la raison que nous sommes
au-delà de la formule que nous puissions formuler comme question.</font>
</p><p><font size="-1">Comment nous aurions pu aujourd'hui dessiner l'abord du
problème ici introduit ? Il est clair que l'Autre ne saurait être
confondu avec le sujet qui parle au lieu de l'Autre, ne fût-ce que
par sa voix, l'Autre, s'il est ce que je dis, le lieu où ça
parle, il ne peut poser qu'une sorte de problème : celui du sujet
d'avant la question.</font>
</p><p><font size="-1">Or Freud, cela, il l'a admirablement ressenti. Puisque
je dois à partir d'aujourd'hui rentrer dans un certain silence,
je ne manquerai pas de vous signaler ici qu'un de mes élèves,
Conrad Stein, a dans ce champ, tracé la voie. Je vous eusse priés
de vous reporter à son travail, car il est bien satisfaisant.</font>
</p><p><font size="-1">Ce qu'il a fait, comment malgré tout l'erreur et
la confusion du temps, Freud a mis le doigt sur ce qui mérite de
rester malgré toute la critique sans doute fondée du spécialiste,
sur la question du Totem, cf. Lévi-Strauss. Il n'en reste pas moins,
et Freud est la vivante démonstration, combien celui qui est au
niveau de la recherche de la vérité peut dépasser
de haut tous les avis du spécialiste. Qu'en resterait-il sinon qu'il
doit s'agir du sujet d'avant la question ?</font>
</p><p><font size="-1">Si mythiquement le père ne peut être qu'un
animal, le père primordial, le père d'avant l'interdit de
l'inceste ne peut être avant l'avènement de la culture, et
conformément au mythe de l'animal sa satisfaction est sans fin :
le père est ce chef de horde.</font>
</p><p><font size="-1">Mais qu'il l'appelle Totem, et justement à la lumière
des progrès apportés par la critique de l'anthropologie structurale
de Lévi-Strauss qui met en relief l'essence classificatoire du Totem,
ce qu'il faut en second terme, c'est mettre au niveau du père la
fonction du nom (référez-vous à un certain de mes
séminaires, celui où j'ai défini le nom propre.)</font>
<br><font size="-1">Le nom, c'est cette marque, déjà ouverte
à la
<i>lecture,
</i>c'est pour cela qu'elle se lira de même
en toutes les langues, y est imprimé quelque chose, peut- être
un sujet qui va parler. Bertrand Russel s'y trompe quand il dit <i>on pourrait
appeler John un point géométrique sur un tableau</i>, il
peut toujours l'interroger avec l'espoir qu'il lui réponde !</font>

</p><p><font size="-1">J'avais aussi marqué comme référence
les caractères que A.Gardiner<sup><a href="#1bis">1bis</a> </sup>a
découverts sur des poteries phéniciennes de Haute-Egypte,
antérieures à la découverte de l'alphabet, ceci pour
illustrer que la poterie n'a jamais pris la parole pour dire sa marque
de fabrique, mais qu'il y a dans le signifiant ce côté qui
attend la lecture et que c'est à ce niveau que se situe le nom.
Ici je vous désigne quelque chose de la direction à suivre,
voyez quel apport nous donne maintenant la voie que nous abordons.</font>
</p><p><font size="-1">Car ce père, est-ce que nous ne pouvons pas nous,
aller au-delà du mythe pour prendre comme repère ce qu'implique
le mythe dans ce registre que donne notre progrès sur ces trois
termes de la jouissance, du désir et de l'objet. Car tout de suite
nous verrons concernant le père, le père pour que Freud trouve
ce singulier équilibre, cette sorte de con... conformité
de la loi et du désir vraiment conjoints, nécessités
l'un par l'autre dans l'inceste, sur la supposition de la jouissance pure
du père comme primordiale.</font>
<br><font size="-1">Mais ceci, qui est censé nous donner l'empreinte
de la formation du désir chez<i> </i>l'enfant dans son procès
normal, est-ce que ce n'est pas là qu'il vaut qu'on se pose la question
de savoir pourquoi ça donne des névroses.</font>
</p><p><font size="-1">C'est ici que l'accent aussi que j'ai permis de mettre
sur la fonction de la perversion quant à sa relation au désir
de l'Autre comme tel qui représente la mise au pied du mur de la
prise au pied de la lettre de la fonction du Père - être suprême,
cf. Sade - sens toujours voilé et insondable. Mais de son désir
comme intéressé dans l'ordre du monde, c'est là le
principe où pétrifiant son angoisse, le pervers s'installe
comme tel.</font>
</p><p><font size="-1">Arcature première : comment se composent et se
conjuguent le désir dit normal et celui qui se pose au même
niveau, Ie désir pervers ? Position d'abord de cette arche d'où
par la suite, pour comprendre un éventail de phénomènes
qui vont depuis la névrose inséparable à nos yeux
d'une fuite devant le terme du désir du père, auquel on substitue
le terme de la demande, celui du mysticisme aussi, dans toutes les traditions,
sauf celles vous verrez ascèse, assomption plongées vers
la jouissance de Dieu.</font>
</p><p><font size="-1">Ce qui fait l'entrave dans le mysticisme juif et plus
encore dans le chrétien, et plus encore pour l'amour, c'est l'incidence
du désir de l'Autre.</font>

</p><p><font size="-1">Je ne peux pas vous quitter sans avoir au moins prononcé
le nom, le premier nom, par lequel je voulais introduire l'incidence spécifique
de la tradition judéo-chrétienne, pas celle de la jouissance,
mais du désir d'un Dieu, le dieu Elohim.</font>
</p><p><font size="-1">C'est devant ce Dieu premier terme, que Freud sûrement
au-delà de ce que nous transmet sa plume, s'est arrêté.
Ce Dieu dont le nom n'est que le nom <i>Chaddaï</i><sup><nobr><a href="#2">(2)</a></nobr></sup>
que je n'aurais jamais prononcé.</font>
</p><p><font size="-1">Ce nom dans l'Exode au Chapitre VI, l'Elohim qui parle
dans le buisson ardent qu'il faut concevoir comme son corps, qu'on traduit
par la voix et dont on n'a pas voulu vous expliquer qu'il est bien autre
chose, ce Dieu parlant à Moïse lui dit à ce moment :</font>
<br><font size="-1">"Quand tu iras vers eux, tu leur diras que je m'appelle
<b><i>Je
suis</i></b>,
<i>Ehyé</i><sup><nobr><a href="#3">(3)</a></nobr></sup>,
<b><i>Je
suis ce que je suis</i></b>".</font>

</p><p><font size="-1">La propriété de ces termes : désigner
des lettres qui composent le nom, toujours certaines lettres choisies parmi
les consonnes. Je suis, je suis le cortège, il n'y a aucun autre
sens à accorder à ce <b><i>Je suis</i></b> que d'être
le nom : <b><i>Je suis</i></b>.</font>
</p><p><font size="-1">Mais ce n'est pas sous ce nom que je me suis annoncé
à vos ancêtres. "Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et non
Dieu des philosophes et des savants", dit Pascal en tête des Pensées.
De celui-là, on peut dire qu'un Dieu ça se rencontre dans
le réel, comme tout réel est inaccessible, ça se signale
par ce qui ne trompe pas : l'angoisse. Ce Dieu qui s'est annoncé
à Abraham, d'abord, l'a fait par un nom de l'Elohim au buisson ardent
:<i> El Chaddaï </i><sup><nobr><a href="#4">(4)</a></nobr></sup>,
les Grecs, ceux qui ont fait la traduction des Septantes étaient
beaucoup plus au courant que nous.</font></p></dir>

<dir><font size="-1">Ils n'ont pas traduit <i>Ehyé</i> par : <i>je
suis celui qui suis</i>, comme Saint-Augustin, mais par l'étant,

<sup><nobr><a href="#5">(5)</a></nobr></sup>[eimi
to on], et non pas [einai]<sup><nobr><a href="#6">(6)</a></nobr></sup>,
l'être ; ça a un sens, ils ont pensé comme des Grecs
que Dieu, c'est l'étant suprême, on ne détache pas
les gens de leurs habitudes. Ils ne l'ont pas traduit comme de nos jours
par <i>Tout-Puissant </i>mais prudemment par <i>theos</i>. Tout le reste
étant seigneur, <i>kirios</i>, le
<i>chem</i>, le nom qu'on ne prononce
pas.</font>
<br><font size="-1">Qu'est-ce qu'<i>El Chaddaï</i> ?</font>

<br><font size="-1">Il n'était pas prévu que je vous le dise
aujourd'hui. Je ne forcerai pas la porte, fût-elle de l'enfer, pour
vous le dire, mais j'entends introduire ce que j'eusse pu vous dire par
quelque chose d'essentiel : - rendez-vous à Kierkegaard - la <i>Akeda</i>,
le sacrifice d'Abraham sous la forme où l'on pénètre
dans une tradition où les images ne sont pas interdites, - la figuration
de ces choses est interdite chez les Juifs - pourquoi de temps en temps
dans le&nbsp; , on a quelque fièvre à s'en débarrasser
? Voir les images d'Epinal, Michelet, etc. Ce qu'on voit sur les images
à ce niveau, tout ce qu'il faut en somme, non pas pour suppléer
à mon séminaire car les noms n'y sont pas, mais les images
y sont, en éventail de tout ce que je vous ai dit. J'ai assez avancé
pour que vous y retrouviez ce que j'ai annoncé de la métaphore
paternelle.</font>
<br><font size="-1">Il y a un fils, la tête bloquée contre le
petit autel de pierre (tableau de Caravage), il grimace, il souffre, le
couteau d'Abraham est levé au-dessus de lui, l'ange qui est là,
présence de celui dont le nom n'est pas prononçable.</font>
<br><font size="-1">L'ange, un ange, qu'est-ce qu'un ange ? Ces anges, comment
les supprimerez-vous de la bible ? disais-je à un père éminent,
je l'ai rendu fou. Mon dernier dialogue avec le père Teilhard de
Chardin, j'ai cru que je le ferai pleurer, cet homme.</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - Est-ce que vraiment vous me parlez
sérieusement ?</font>
<br><font size="-1">&nbsp;&nbsp;&nbsp; - Oui, mon père, il s'agit
des textes. Avec son nominateur de la planète, qu'est-ce qu'il faisait
des anges ?</font></dir>

<dir><font size="-1">Cet ange retient le bras d'Abraham et sans le consentement
du père Teilhard, quoiqu'il en soit de cet ange, c'est bien au titre
d'El Chaddaï qu'il est là. Toujours vu traditionnellement là.
C'est bien à ce titre que se déroule tout le pathétique
du drame où nous entraîne Kierkegaard. Avant ce geste qui
retient, Abraham est venu là pour quelque chose. Dieu lui a donné
un fils et lui donne I'ordre d'amener son garçon pour un mystérieux
rendez-vous, les mains aux pieds liées comme à une brebis,
pour le sacrifier. Avant de nous émouvoir, nous pourrions nous souvenir
que, d'aller sacrifier son petit garçon à l'Elohim du coin
à l'époque, c'était courant. Ca a continué
si tard qu'il a fallu pour que ça cesse que l'ange et les prophètes
arrêtassent les Israélites sur la voie de recommencer.</font>
<p><font size="-1">Voyons plus loin, ce fils me direz-vous, c'est son fils
unique. Ce n'est pas vrai, Ismaël a déjà quatorze ans,
mais Sarah est restée inféconde jusqu'à l'âge
de quatre-vingt-dix ans. Ismaël est né du couchage du patriarche
avec une esclave.</font>
</p><p><font size="-1">Le son déjà de la primauté d'El Chaddaï,
celui qui a tiré Abraham du milieu de ses frères et de ses
pères, il y avait tellement de pères qui vivaient encore
: Sem qui a vécu cinq cents ans, et, dans toutes les lignées,
ils ont eu des enfants vers l'âge de trente ans - quoiqu'il en soit
cet El Chaddaï s'il est bien pour quelque chose dans cet enfant du
miracle de Sarah qui dit : "je suis flétrie" - cherchez du côté
du corps jaune, la ménopause existait à l'époque !
-, on peut concevoir qu'Abraham y tenait donc à Isaac, c'est l'enfant
de la promesse.</font>
</p><p><font size="-1">Sarah meurt quelque temps après. Beaucoup de monde
se trouve là et Ismaël fait sa rentrée. Après
la mort de Sarah, Abraham, ce patriarche, va se montrer tel qu'il est,
un formidable géniteur. Il épouse et aura cinq enfants, mais
ce n'est pas des enfants qui ont reçu la baraka de Sarah. Cette
toute puissance tombe à la limite même du territoire de son
peuple. Un autre élohim d'à côté donne le bon
truc pour repousser l'envahisseur, El Chaddaï<i> </i>y décampe
avec les tribus qui l'ont amené à l'assaut.</font>
</p><p><font size="-1">El Chaddaï<i> </i>est celui qui élit et promet
et fait passer par son nom une certaine alliance transmissible d'une seule
façon par la baraka paternelle, c'est celui qui fait attendre un
fils même à une femme de quatre-vinqt-dix ans et bien autre
chose encore.</font>
</p><p><font size="-1">Un petit livre qui date de la fin du XIè siècle
de Scholomo Ben Isaac de Troyes, un ashkénaze, vous lirez d'étranges
commentaires du malheur d'Abraham. Dans la Michna, il y a un dialogue d'Abraham
avec Dieu, quand l'ange dit "n'étends pas", Abraham dit :</font>
<br><font size="-1">"Si c'est ainsi, je suis venu ici pour rien ; je vais
lui faire au moins une légère blessure pour te faire plaisir,
Elohim...".</font>

</p><p><font size="-1">Ce n'est pas tout ce qu'on peut voir sur l'image d'Epinal,
il y a encore autre chose, à droite et à gauche dans le tableau
de Caravage, cette tête de bélier que j'introduis sous la
forme du schofar, la corne lui est incontestablement arrachée.</font>
</p><p><font size="-1">Quant à ce qu'est ce bélier, c'est là-dessus
que je voudrais terminer. Car il n 'est pas vrai que l'animal paraisse
comme métaphore du père au niveau de la phobie. La phobie
n'est qu'un retour ; c'est ce que Freud disait en se référant
au Totem. L'homme n'a pas tellement à être fier d'être
le dernier venu de la création, celui qu'on a fait avec de la boue,
ce qui n'est dit d'aucun être. Il va se chercher des ancêtres
honorables et nous en sommes encore là : il lui faut un ancêtre
animal.</font>
<br><font size="-1">Dans la "Sentence des pères", le "<i>Pirké
Avot</i>"<sup><nobr><a href="#10">(10)</a></nobr></sup>&nbsp; - beaucoup
moins important que le Talmud - traduit en français par Rachi, il
est dit catégoriquement que selon la tradition rabbinique, le bélier
dont il s'agit est le bélier primordial. Il était là
- <i>Hassé Mimé Berechit</i> - <sup><nobr><a href="#11">(11)</a></nobr></sup>
- dès les six jours de la création, ce qui le désigne
pour ce qu'il est : un Elohim. Ce n'est pas celui dont le nom est imprononçable,
mais tous les Elohim. Celui-là est reconnu comme l'ancêtre
de la race de Sem - donc des origines -.</font>

</p><dir>&nbsp;</dir>
<font size="-1">Alors cette tête de bélier aux cornes emmêlées
dans une haie qui l'arrête, ce lieu de la haie, je voudrais vous
le commenter, le texte même fait sentir qu'il se rue sur le lieu
du sacrifice. De quoi vient-il avidement se repaître, quand celui
dont le nom est imprononçable</font>
<br><font size="-1">le désigne, lui, pour le sacrifice ?</font>
<br><font size="-1">Ce qu'Elohim désigne pour sacrifice à Abraham
à la place d'lsaac, c'est son ancêtre, le dieu de sa race.</font>
<br><font size="-1">Ici se marque le tranchant entre la jouissance de Dieu
et ce qui d'une tradition le désigne comme désir, désir
de quelque chose dont il s'agit de provoquer la chute, c'est l'origine
biologique. Ici est la clé de ce mystère où se lie
la version à l'égard de la tradition judaïque, la pratique
des rites métaphysico-sexuels, au regard de ce qui unit la communauté
dans la fête eu égard à la jouissance de Dieu. Quelque
chose se manifeste qui, comme étant le désir, met essentiellement
en valeur cette<i> </i>béance qui sépare la jouissance du
désir et le symbole en est que, c'est dans le même contexte
la relation d'<i>El Chaddaï</i> à Abraham, la circoncision
signe de l'alliance du peuple celui qu'il a élu, la circoncision
désigne ce petit morceau de chair tranchée à l'énigme
duquel je vous avais amené par quelques hiéroglyphes, ce
petit <i>a</i>.</font></dir>

<dir><font size="-1">Je vais vous quitter ici. Avant de vous quitter, je
vous dirai que si j'interromps ce séminaire je ne le fais pas sans
m'excuser auprès de ceux qui depuis des années ont été
mes fidèles auditeurs, ceux qui, nourris des mots, des termes, des
voies et des chemins appris ici, comme ceux qui retournent cette empreinte
contre moi. Dans les débats récents et confus, un groupe
s'est montré véritablement dans sa fonction de groupe mené
deci-delà aux tourbillons aveugles. Un de mes élèves
a essayé de sauver un débat confus au niveau analytique,
il a cru devoir parler... que la vérité, que la véritable
pièce, le sens de mon enseignement, c'est qu'on ne l'attrape jamais.
Quel incroyable contresens ! Quelle impatience enfantine au mieux.</font>
<p><font size="-1">Est-ce là pour autant justifier une fonction métonymique
de la vérité ? Où a-t-on vu, comme en mathématique,
que chaque chapitre renvoie au suivant ? Je m'approchais à un certain
point de la densité où vous ne pouviez pas parvenir - il
n'y a pas que les attributs de l'infatuation et de la sottise, esprit en
forme d'épluchure, comité de rédaction, il y a autre
chose - j'ai en effet cherché ; je la trouve parfois la vérité
de la praxis qui s'appelle psychanalyse. Quelle est sa vérité?</font>
</p><dir>&nbsp;</dir>
<font size="-1">Si quelque chose s'y avère décevant, cette
praxis doit s'avancer vers une conquête du vrai par la voie de la
tromperie, car le transfert n'est pas autre chose, tant qu'il n'y a pas
de nom au lieu de l'Autre, inopérant. Si ma marche est progressive,
prudente, n'est-ce pas tout ce que j'ai tenté de promouvoir dans
cette voie contre quoi j'ai toujours à me prononcer, sans quoi elle
risque de glisser vers la voie de l'imposture.</font>
<br><font size="-1">Depuis deux ans, ayant confié à d'autres
le maniement intérieur d'un groupe, pour laisser la pureté
à ce que j'ai à vous dire : pas de différence entre
le oui et le non.</font>
<hr>
<center><img src="ndpb.gif" alt="CARAVAGE. Le Sacrifice d' Isaac, Musée des Offices, Florence." height="332" width="429">
<br><font size="-1">CARAVAGE. "Le Sacrifice d' Isaac", Musée des Offices,
Florence.</font></center>

<hr>
<br><a name="1"></a><font size="-1">1.&nbsp;</font><img src="ndp4.gif" alt="ndp 4" height="35" width="170">

<p><a name="1bis"></a><font size="-1">1bis. Il s'agirait de Sir Allan H.
Gardiner (et non comme l'indiquent les notes utilisées de <i>Sir
Spaky</i>). Suggestion de Diana Estrin, groupe Lutecium.</font>
<br><a name="2"></a><font size="-1">2.</font><img src="ndp1.gif" alt="ndp1" height="35" width="51">
<br><a name="3"></a><font size="-1">3.</font><img src="ndp5.gif" alt="ndp5" border="0" height="35" width="106">
<br><a name="4"></a><font size="-1">4.</font><img src="ndp8.gif" alt="ndp8" border="0" height="30" width="84">
<br><a name="5"></a>5. <font size="-1">[eimi to on] : je suis l'être</font>
<br><a name="6"></a>6. [<font size="-1">einai] : être</font>
<br><a name="7"></a>7.<font size="-1"> ...</font>

<br><a name="8"></a>8.&nbsp;<img src="ndp3.gif" alt="ndp3" height="35" width="50"><font size="-1">
: nom</font>
<br><a name="9"></a>9.&nbsp;<img src="ndp7.gif" alt="ndp7" height="35" width="86"><font size="-1">
: ligature</font>
<br><a name="10"></a>10<font size="-1">.&nbsp;<img src="ndp9.gif" alt="ndp9" height="35" width="159">
: sentence des pères</font>
<br><a name="11"></a>11.<img src="ndp2.gif" alt="ndp2" height="35" width="281"><font size="-1">
: actes des jours de la création<a></a><a></a><a></a></font>

</p><p>
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