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{| width="476"| class="td0" width="470" align="center" valignwidth="middle100%" |[[Image:2Q==]] {| width="468"| class="td1" width="460" align="center" valignwidth="middle100%" |'''<font class="font0">Encore </font>'''<div><centerBR>'''<font class="font1">Seminar by Séminaire de Jacques Lacan </font>'''</center> <div><centerBR>'''Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB</font>'''</center>
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<center>[[Imagepoem style="border:ntUaGlzIGFuaW1hdGVkIEdJRiBmaWxlIHdhcyBjb25zdHJ1Y3RlZCB1c2luZyBVbGVhZCBHSUYgQW5pbWF0b3IsIHZpc2l0IHVzIGF0IGh0dHA6Ly93d3cudWxlYWQuY29tIHRvIGZpbmQgb3V0IG1vcmUuAVVTU1BDTVQAOw==]]</center> <center>'''Tuesday, March 13, 1973</font>'''</center2px solid #d6d2c5; background-color: #f9f4e6; padding: 1em;">
<center>[[Image:yiXmDBsYDtklXAUSSRGos+Ri3xkIyE5SUlWMpKXpCQmLZlJTlpSJjjRZCg7KcpNlpKUpxxlKk2pSlSu0pNA4YyMGOQzttXSlrfEZS51uUte9tKXvwRmMIU8OcxbdqtaxERmMpW5TGY205nN7JZtBjlNalbTmtfEZja1uU1udtOb3wRnOMU5TnKW05znRGc61blOFwYEADs=]]'''Mardi 13 mars 1973'''</center>
Il se trouve tout de même que ce quelque chose,
en l’interprétant selon ce qui est notre fonction dans le discours analytique, c’est-à-dire enregistrer, scander ce qui peut se dire comme allant, allant à l’échec vers la formulation du rapport sexuel
que si nous arrivons à dissocier ceci que c’est en tant que sa jouissance est radicalement Autre que en somme L femme a plus rapport à Dieu que tout ce qui peut se dire en suivant la voie de quoi, de ce qui manifestement dans toute la spéculation antique ne s’articule que comme le Bien de l’Homme. Si en d’autres termes, nous pouvons, ce qui est notre fin, la fin de notre enseignement pour autant qu’il poursuit ce qui se peut se dire et s’énoncer du discours analytique, c’est de dissocier ce petit </font>'''a</font>''' et ce grand A en réduisant le premier à ce qui est de l’imaginaire, et l’autre à ce qui est du symbolique. Que le symbolique soit le support soit de ce qui a été fait Dieu c’est hors de doute, que ce qu’il en est de l’imaginaire c’est ce qui se supporte de ce reflet du semblable au semblable c’est ce qui est certain.
Comment, en somme, ce petit </font>'''a</font>''', de s’inscrire juste au-dessous de ce grand S de A barré < S (A) >, dans notre inscription au tableau, ait pu jusqu’à un certain terme, prêter en somme à confusion, et ceci très exactement par l’intermédiaire de la fonction de l’être, c’est assurément ce en quoi quelque chose, si je puis dire, reste à décoller, reste à scinder, et précisément en ce point où la psychanalyse est autre chose qu’une psychologie.
La psychologie, c’est cette scission non encore faite. Et là pour me reposer je vais me permettre, mon Dieu de vous faire part, je ne dis pas à proprement parler de vous lire, parce que je ne suis jamais sûr de lire jamais quoi que ce soit, de vous lire tout de même ce que je vous ai, il y a quelque temps écrit, écrit justement, écrit sur quoi, écrit là seulement d’où il se peut qu’on parle d’amour, car parler d’amour, on ne fait que ça dans le discours analytique…
et après la découverte du discours scientifique, comment ne pas sentir, toucher du doigt que c’est une perte de temps, très exactement perte de temps au regard de tout ce qui peut s’articuler de scientifique…
mais que ce que le discours analytique apporte, et c’est peut-être ça après tout la raison de son émergence en un certain point du discours scientifique, c’est que parler d’amour est en soi une jouissance. Ce qui se confirme assurément de cet effet, effet tangible, que dire n’importe quoi, consigne même du discours de l’analysant, est ce qui mène au </font>''Lustprinzip</font>'' et ce qui y mène de la façon la plus directe, et sans avoir aucun besoin de cette accession aux sphères supérieures qui est le fondement de l’éthique aristotélicienne pour autant que je vous l’évoquais tout à l’heure brièvement, en tant qu’en somme elle ne se fonde que de la coalescence, que de la confusion de ce petit </font>'''a</font>''' avec le S de grand A barré, < S (A) >.
Il n’est barré, bien sûr, que par nous.
Ça ne veut pas dire qu’il suffise de barrer pour que rien n ’en </font>''ex-siste</font>''. Il est certain que si, ce S de grand A barré je n’en désigne rien d’autre que la jouissance de L femme, c’est bien assurément parce que c’est là que je pointe que Dieu n’a pas encore fait son </font>''exit</font>''.
Alors voici à peu près ce que j’écrivais à votre usage, je vous écrivais quoi, en somme, la seule chose qu’on puisse faire d’un peu sérieux, la lettre d’amour.
Les supposés psychologiques grâce à quoi tout ceci a duré si longtemps, eh bien, je suis de ceux qui ne leur font pas une bonne réputation. On ne voit pas pourtant pourquoi le fait d’avoir une âme serait un scandale pour la pensée si c’était vrai. Si c’était vrai, l’âme ne pourrait se dire, c’est ça que je vous ai écrit, que de ce qui permet à un être, à l’être parlant pour l’appeler par son nom, de supporter l’intolérable de son monde, ce qui la suppose d’y être étrangère, c’est-à-dire fantasmatique. Ce qui cette âme ne l’y considère, l’y dans ce monde, que de sa patience et de son courage à y faire tête, tout ceci s’affirme de ce que jusqu’à nos jours elle n’a, l’âme, jamais eu d’autre sens.
Eh bien, c’est là que le français doit m’apporter une aide, non pas comme il arrive dans la langue quelquefois, d’homonymie, de ce d’eux,
d apostrophe avec le deux d-e-u-x, de ce que avec le peut p-e-u-t, p-e-u il peut peu, qui est tout de même là bien pour nous servir à quelque chose et c’est là que la langue sert. L’âme en français, au point où j’en suis, je ne peux m’en servir qu’à dire que c’est ce qu’on âme : </font>''j’âme</font>'', </font>''tu âmes</font>'', </font>''il âme</font>'', vous voyez là que nous ne pouvons nous servir que de l’écriture, même à y inclure jamais </font>''j’âmais</font>''.
Son existence donc à l’âme peut être certes mise en cause, c’est le terme propre à se demander si ce n’est pas un effet de l’amour. Tant en effet que l’âme </font>''âme</font>'' l’âme, il n’y a pas de sexe dans l’affaire, le sexe n’y compte pas. L’élaboration dont elle résulte est </font>''hommo</font>'' avec deux m, </font>''hommosexuelle</font>'', comme cela est parfaitement lisible dans l’histoire. Et ce que j’ai dit tout à l’heure de ce courage, de cette patience à supporter le monde, c’est le vrai répondant de ce qui fait un Aristote déboucher dans sa recherche du Bien comme ne pouvant se faire que de l’admission de ceci que dans tous les êtres qui sont au monde, il y a déjà assez d’être interne si je puis m’exprimer ainsi, que ils ne peuvent, ahh ! cet être l’orienter vers le plus grand être, que confondre son bien, son bien propre avec celui même dont rayonnerait l’Être Suprême.
Qu’à l’intérieur de cela, il nous évoque la </font>''fila/philia</font>'' comme représentant la possibilité d’un lien d’amour entre deux de ces êtres, c’est bien là ce qui, à manifester la tension vers l’Être Suprême, peut aussi bien se renverser du mode dont je l’ai exprimé, à savoir que c’est le courage à supporter cette relation intolérable à l’Être Suprême que les amis, les </font>''floi</font>'' /</font>''philoi</font>''/ se reconnaissent et se choisissent. L’hors-sexe de cette éthique est manifeste au point que je voudrais lui donner l’accent que Maupassant lui donne, à quelque part énoncer cet étrange terme du </font>''Horla</font>''. L’</font>''Horsexe</font>'', voilà l’homme sur quoi l’âme spécula. Voilà !
Mais il se trouve, il se trouve que les femmes aussi sont </font>''âmoureuses</font>'', c’est-à-dire qu’elles </font>''âment</font>'' l’âme. Qu’est-ce que ça peut bien être que cette âme qu’elles </font>''âment</font>'' dans le partenaire, pourtant </font>''hommo</font>'' jusqu’à la garde, et dont elles se sortiront pas ? Ça ne peut en effet les conduire qu’à ce terme ultime,
et c’est pas pour rien que je l’appelle comme ça </font>''steron</font>'' /</font>''usteron</font>'' que ça se dit en grec, de l’hystérie, soit de faire l’homme comme je l’ai dit, d’être de ce fait </font>''hommosexuelles</font>'', si je puis m’exprimer ainsi, ou </font>''horsexe</font>'' elles aussi. Leur étant difficile de ne pas sentir dès lors l’impasse qui consiste à ce qu’elles se </font>''mêment</font>'' dans l’autre,
car enfin il n’y a pas besoin de se savoir autre pour en être,
puisque là d’où l’âme trouve à être, on l’en diff, on l’en différencie, elle la femme, et ça d’origine n’est-ce pas, on la </font>''diffâme</font>''. Ce qu’il y a de plus fameux dans l’histoire à rester des femmes, c’est à proprement parler tout ce qu’on peut en dire d’infamant. Il est vrai qu’il lui reste l’honneur de Cornélie, mère des Gracques. Mais c’est justement ce qui pour nous autres analystes, j’ai pas besoin de parler de Cornélie à laquelle les analystes ne songent guère, mais parlez à un analyste d’une Cornélie quelconque, il vous dira que ça réussira pas très bien à ses enfants, les Gracques ! Ils feront des </font>''gracques</font>'' jusqu’à la fin de leur existence.
C’était ça le début de ma lettre, c’était un </font>''âmusement </font>''! oui…
Alors bien sûr, là j’aurais pu, je l’ai fait d’ailleurs, mais j ’ai pas le temps, ouais, j’ai refait une allusion à cet amour courtois, à cet amour courtois où quand même, au point où c’en était parvenu, cet </font>''âmusement hommosexuel</font>'', au point où ça en était parvenu était tombé dans la suprême décadence, dans cette espèce de mauvais rêve impossible dit de la féodalité. À ce niveau de dégénérescence politique, il est évident qu’il devait paraître quelque chose, et ce quelque chose c’est justement la perception que la femme… de ce côté-là, il y avait quelque chose qui ne pouvait plus du tout marcher.
Alors l’invention de l’amour courtois, c’est pas du tout le fruit de ce qu’on a l’habitude, comme ça dans l’histoire de symboliser de la thèse, de l’antithèse et de la synthèse, il n’y a pas la moindre synthèse, bien entendu il n’y en a jamais. Tout ce qu’on a vu après l’amour courtois, c’est c’est c’est quelque chose qui a brillé comme ça dans l’histoire, comme un météore resté complètement énigmatique, et puis après ça, on a vu revenir tout le bric-à-brac, tout le bric-à-brac d’une renaissance prétendue des vieilleries antiques.
Oui il y a là une petite parenthèse, c’est que quand un fait deux, il n ’y a jamais de retour, ça ne revient pas à faire de nouveau un, même un nouveau. L’</font>''Aufhebung</font>'', c’est encore un de ces jolis rêves de la philosophie. C’est très évidemment, si on a eu ce météore de l’amour courtois, c’est évidemment d’un troisième, chu d’une tout autre partition qu’est venu ce quelque chose, qui a rejeté tout à sa futilité première, ouais.
C’est pour ça qu’il a fallu tout à fait autre chose, il a fallu rien de moins que le discours scientifique, soit quelque chose qui ne doit rien aux supposés de l’âme antique, pour qu’en surgisse ce qu’est la psychanalyse n’est-ce pas, à savoir l’objectivation de ce que l’être, d’être parlant, passe encore de temps à parler en pure perte je vous l’ai dit, passe encore de temps à parler pour cet office des plus courts, des plus courts dis-je, de ce fait qu’il ne va pas plus loin que d’être en cours encore, c’est-à-dire le temps qu’il faut pour que ça se résolve enfin, car après tout c’est là ce qui nous pend au nez, pour que ça se résolve enfin démographiquement, ouais. Il est bien clair que c’est pas ça du tout qui arrangera les rapports de l’homme aux femmes. C’est ça le génie de Freud, c’est que puisqu’il a été porté par ce tournant, ce tournant enfin il a mis le temps bien sûr, je veux dire mis le temps à venir, il y a eu un Freud, c’est un nom qui mérite bien n’est-ce pas, Freud, enfin c’est un nom rigolard </font>''Kraft durch freudige</font>'', c’est, c’est le son le plus rigolard de la sainte farce de l’histoire. On pourrait peut-être, pendant que ça dure, en voir un petit éclair, un petit éclair de quelque chose qui concernerait l’Autre, l’Autre en tant que c’est à ça que que La barré de la femme, L femme a à faire, ouais.
Il y a quelque chose d’essentiel dans ce que j’apporte comme complément à ce qui a été très bien vu, vu par des voies que ça éclairerait de voir que c’est ça qui s’est vu, ce qui s’est vu c’est rien que du côté de l’homme, à savoir que ce à quoi l’homme avait à faire,
c’était à l’objet petit </font>'''a</font>'''. Que toute sa réalisation de ce rapport sexuel, aboutissait au fantasme, et on l’a vu bien sûr à propos des névrosés. Comment les névrosés font-ils l’amour, c’est de là qu’on est parti. Là-dessus, bien sûr, on n’a pas pu manquer de s’apercevoir que il y avait un corrélat avec les perversions, ce qui, ce qui vient à l’appui de mon petit </font>'''a</font>''', puisque le petit </font>'''a</font>''', c’est celui qui, quelles qu’elles soient lesdites perversions, en est là comme cause, on a d’abord vu ça, c’était déjà pas mal.
L’amusant n’est-ce pas c’est que, c’est que Freud les a primitivement attribuées à la femme. C’est, c’est, c’est très, très amusant de voir ça dans les </font>''Trois essais</font>'' . C’est vraiment une confirmation enfin que, qu’on voit dans le partenaire quand on est homme, exactement ce dont on se supporte soi-même si je puis m’exprimer ainsi, dont on se supporte narcissiquement.
Heureusement, il y a eu dans la suite des fois l’occasion de s’apercevoir que les perversions c’est, les perversions telles qu’on les appréhende dans la névrose telles qu’on croit les repérer, c’est pas du tout ça la névrose. C’est le rêve plutôt que la perversion, la névrose, j’entends. Que les névrosés n’ont aucun des caractères du pervers c’est certain, simplement ils en rêvent, ce qui, ce qui, ce qui est bien naturel, car sans ça comment atteindre au partenaire.
Des pervers, on a commencé quand même à en rencontrer n’est-ce pas, ceux-là que ne voulaient absolument à aucun prix voir Aristote</font><font class="font3"> 127</font>. On a vu là qu’il y a une subversion de la conduite appuyée si je puis dire sur un savoir-faire, qui est lié tout à fait à un savoir et au savoir mon Dieu de la nature des choses, un embrayage direct si je puis dire, de la conduite sexuelle sur, il faut bien le dire, ce qui est sa vérité à la conduite sexuelle, à savoir son amoralité. Mettez de l’âme au départ là-dedans si vous voulez : </font>''âmoralité</font>''.
Il y a une moralité, voilà la conséquence, une moralité de la conduite sexuelle qui est le sous-entendu de tout ce qui s’est dit du Bien. Seulement à force de dire, de dire du bien, eh bien ça aboutit à Kant, où la moralité en deux mots cette fois, la moralité avoue ce qu’elle est, et c’est ce que j’ai cru devoir avancer dans un petit article, « Kant avec Sade », elle avoue qu’elle est Sade la moralité. Vous écrirez Sade comme vous voudrez, soit avec un grand S, pour faire un hommage à ce pauvre idiot qui, qui nous a donné là-dessus d’interminables écrits, soit avec un petit s pour dire que c’est en fin de compte sa façon à elle d’être agréable n’est-ce pas, puisque c’est un vieux mot français</font><font class="font3">128</font> français128 qui veut dire ça, soit mieux c-cédille-a-d-e <çade>, à savoir que la moralité, il faut tout de même bien dire que ça se termine au niveau du ça, et que ceci est assez court. Autrement dit que ce dont il s’agit, c’est que l’amour soit impossible, ouais, et que le rapport sexuel s’abîme dans le non-sens, ce qui ne diminue en rien l’intérêt que nous pouvons avoir pour l’autre.
C’est parce que, il faut le dire, la question est ceci, la question est ceci dans ce qui constitue la jouissance féminine, pour autant qu’elle n’est pas toute occupée de l’homme, et même dirai-je, que comme telle elle ne l’est pas du tout, la question est de savoir justement ce qu’il en est de son savoir.
Si l’inconscient nous a appris tant de choses, c’est d’abord ceci, quelque part dans l’Autre ça sait, ça sait parce que ça se supporte justement de ces signifiants dont se constitue le sujet. C’est là que ça prête à confusion, parce que il est difficile à qui </font>''âme</font>'' de ne pas penser que tout par le monde sait ce qu’il a à faire. La sphère immobile dont se supportait le dieu aristotélicien qui est demandée par Aristote pour suivre son Bien à son image si je puis dire, c’est parce qu’elle est censée savoir son bien. Seulement là c’est justement quelque chose dont après tout la faille du discours scientifique, je ne dirai pas nous permet, nous oblige à nous passer. Il n’y a aucun besoin de savoir pourquoi,
ce dont Aristote part à l’origine,
nous n’avons plus aucun besoin de savoir que,
imputer à la pierre qu’elle sait le lieu qu’elle doit rejoindre pour nous expliquer les effets de la gravitation. L’imputation à l’animal, c’est très sensible à lire dans Aristote le traité </font>''De l’âme</font>''''<font class="font3"> 129</font>'', c’est cette pointe qui fait du savoir l’acte par excellence, de quoi, de quelque chose que, il ne faut pas croire qu’Aristote était si à côté de la plaque, de quelque chose qu’il voit comme n’étant rien que le corps, à ceci près que le corps est fait pour une activité, une </font>''nrgeia/energeia</font>'', et quelque part l’entéléchie</font><font class="font3"> 130</font> de ce corps peut se supporter de cette substance qu’il appelle l’âme.
L’analyse, à cet égard, prête à cette confusion de nous restituer la cause finale, de nous faire dire que tout, tout ce qui concerne au moins l’être parlant, la réalité est comme ça, c’est-à-dire fantasmatique.
Pour qu’elle soit comme ça, il s’agirait tout de même de savoir si c ’est là quelque chose qui, d’une façon quelconque, puisse satisfaire au discours scientifique.
Ce n’est pas parce qu’il y a des animaux qui se trouvent parlants, pour qui d’habiter le signifiant, il résulte qu’ils en sont sujets et que tout pour eux se joue au niveau du fantasme même, d’un fantasme parfaitement désarticulable
d’une façon qui rende compte de ceci qu’il en sait beaucoup plus qu’il ne croit quand il agit lui, il ne suffit pas qu’il en soit ainsi pour que nous ayons là l’amorce d’une cosmologie, c’est l’éternelle ambiguïté du terme inconscient n’est-ce pas. L’inconscient est supposé sous prétexte que l’être parlant, il y a quelque part quelque chose qui en sait plus que lui et bien sûr ce qu’ il sait a des limites, bien sûr, l’être de l’inconscient. Mais enfin ça n’est pas là un modèle recevable du monde. En d’autres termes, c’est pas parce qu’il suffit qu’il rêve pour… qu’il voie ressortir cet immense bric-à-brac, ce garde-meubles avec lequel il a, lui, particulièrement à se débrouiller, ce qui en fait assurément une âme, et une âme à l’occasion aimable quand quelque chose veut bien l’aimer.
La femme ne peut aimer en l’homme ai-je dit que la façon dont il fait face au savoir dont il </font>''âme</font>'', mais pour le savoir dont il est, la question se pose. La question se pose à partir de ceci qu’il y a quelque chose, si ce que j’avance est fondé, qu’il y a quelque chose dont il n’est pas possible de dire si ce quelque chose qui est jouissance, elle peut quelque chose en dire, en d’autres termes ce qu’elle en sait.
Et c’est là où je vous propose au terme de cette conférence d’aujourd’hui, c’est-à-dire comme toujours j’arrive au bord de ce qui polarisait tout mon sujet, c’est à savoir si la question peut se poser de ce qu’elle en sait. Ce n’est pas une toute autre question, à savoir si ce terme dont elle jouit au-delà de tout ce jouer qui fait son rapport à l’homme, si ce terme que j’appelle l’Autre en le signifiant du A barré, si ce terme, lui, sait quelque chose, car c’est en cela qu’elle est elle-même sujette à l’Autre, tout autant que l’homme. Est-ce que l’Autre sait ?
Il y avait un nommé Empédocle dont, comme par hasard Freud se sert de temps en temps comme d’un tire-bouchon, il y avait un nommé Empédocle dont nous ne savons là-dessus que trois vers mais dont Aristote tire très bien les conséquences quand il énonce qu’en somme pour Empédocle, le Dieu, le Dieu était le plus ignorant de tous les êtres et ceci très précisément de ne point connaître la haine. C’est ce que les chrétiens plus tard ont transformé dans des déluges d’amour, malheureusement ça ne colle pas, parce que ne point connaître la haine c’est ne point connaître l’amour non plus. Si Dieu ne connaît pas la haine, il est clair pour Empédocle qu’il en sait moins que les mortels. De sorte qu’on pourrait dire que plus l’homme peut prêter à la femme à confusion avec Dieu, c’est-à-dire ce dont elle jouit, moins il hait,
les deux orthographes h-a-i-t et e-s-t,
et dans cette affaire aussi, puisqu’après tout il n’y a pas d’amour sans haine, moins il aime.
'''Notes</font>''' <font class="font5">127 D’autres versions ont établi : « …ceux-là que ne voulait absolument à aucun prix voir Aristote» ce qui intervertit le sujet et le complément d’objet de la phrase. <font class="font5">128 sade adjectif représente l’aboutissement du latin impérial sapidus « qui a du goût de la saveur » et au figuré « sage et vertueux » dérivé du latin classique sapere et qui a par ailleurs abouti, par une forme populaire, à sage. L’adjectif sorti d’usage au XVII siècle, s’est employé en ancien et moyen français avec le sens propre du latin pour qualifier ce qui est savoureux agréable en parlant des choses et charmant, gracieux en parlant des personnes. Dictionnaire Robert historique de la langue française. <font class="font5">129 Aristote, De l’âme, Paris, Garnier Flammarion, 1993.
<div align="left"> • </font>Aristote, </font>''Éthique de Nicomaque<br /font>'', Vrin, Paris, 1990.
• Guy de Maupassant, ''Le Horla'Index of names cited</font>'''</div>, coll Bouquins tome 2, Robert Laffont, Paris, 1988, p.877 à 984.
{||align="center" width="100%"|{||align="center" width="100%"|'''Revista de Psicoanálisis y Cultura'''<divBR>'''Número 13 - Julio 2001'''<centerBR>'''<font class="font1">www.acheronta.org</font>'''</center>
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