Text/Jacques Lacan/ID13061962.htm

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'J.LACAN'                        gaogoa

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IX-L'IDENTIFICATION

            Version rue CB                                    [#note note]

S�minaire du 13 juin 1962

  (->p498) (XXIV)  Voici trois figures. La fig. 1 r�pond � la coupure simple en tant que le plan projectif n'en saurait tol�rer plus d'une sans �tre divis�. Celle-l� ne se divise pas, elle ouvre. Cette ouverture est int�ressante � montrer sous cette forme parce qu'elle permet de visualiser pour vous, de mat�rialiser la fonction du point.

    La fig. 2 vous aidera � comprendre l'autre. I1 s'agit de savoir ce qui se passe quand la coupure ici d�sign�e � ouvert la surface. Bien entendu, il s'agit l� d'une description de la surface li�e � ce qu'on appelle ses relations extrins�ques, � savoir la surface pour autant que nous essayons de l'ins�rer dans l'espace � trois dimensions. Mais je vous ai dit que cette distinction des propri�t�s intrins�ques de la surface et de ses propri�t�s extrins�ques n'�tait pas aussi  radicale qu'on y insiste quelquefois dans un souci de formalisme, car c'est justement � propos de sa plong�e dans l'espace, comme on dit, que certaines propri�t�s intrins�ques de la surface apparaissent dans toutes leurs cons�quences. Je ne fais que vous signaler le probl�me. Tout ce que je vais vous dire en effet sur le plan projectif, la place privil�gi�e qu'y occupe le point, ce que nous appellerons le point qui est ici figur� dans ce cross-cap ici, point terminal de la ligne, pseudo-p�n�tration de la surface sur elle-m�me. Ce point, vous voyez sa fonction dans cette forme ouverte du m�me objet d�crit � la fig. 1. Si vous l'ouvrez selon la coupure, ce que vous allez voir appara�tre c'est un fond qui est en bas, celui de la demi-sph�re. En haut, c'est le plan de cette paroi ant�rieure pour autant qu'elle se continue en paroi post�rieure, apr�s avoir p�n�tr� le plan qui lui est, si l'on peut dire, sym�trique dans la composition de cet objet. Pourquoi le voyez-vous ainsi d�nud� jusqu'en haut ? Parce qu'une fois la coupure pratiqu�e. Comme ces deux plans qui se croisent comme ceci au niveau de (->p499) (XXIV/2) la ligne de p�n�tration, ne se croisent pas r�ellement, il ne s'agit pas d'une r�elle p�n�tration, mais d'une p�n�tration qui n'est n�cessit�e que par la projection dans l'espace de la surface dont il s'agit. Nous pouvons, � notre gr�, remonter, une fois qu'une coupure a dissout la continuit� de la surface, un de ces plans � travers l'autre puisqu'aussi bien non seulement il n'est pas important de savoir � quel niveau ils se traversent, quels points correspondent dans la travers�e, mais au contraire il convient express�ment de ne pas tenir compte de cette co�ncidence des niveaux des points en tant que la p�n�tration pourraient les rendre, � certains moments du raisonnement, superposables. I1 convient au contraire de remarquer qu'ils ne le sont pas. Le plan ant�rieur de la figure 1 et qui passe de l'autre c�t� s'est trouv� abaiss� vers le point que nous appelons d�s lors le point tout court, tandis qu'en haut nous voyons se produire ceci : une ligne qui va jusqu'en haut de l'objet et qui, derri�re, passe de l'autre c�t�. Lorsque nous pratiquons, dans cette figure, une travers�e nous obtenons quelque chose qui se pr�sente comme un creux ouvert vers l'avant. Le trait en pointill�s va passer derri�re cette sorte d'oreille et trouve une sortie de l'autre c�t�, � savoir la coupure entre ce bord-ci et ce qui, de l'autre c�t�, est sym�trique de cette sorte de panier, mais en arri�re. I1 faut consid�rer que derri�re il y a une sortie.

    Voil� la figure 3 qui est une figure interm�diaire. Ici vous voyez encore l'entrecroisement � la partie sup�rieure du plan ant�rieur, qui devient post�rieur pour revenir ensuite. Et vous pouvez relever cela ind�finiment, je vous l'ai d�j� fait remarquer. C'est bien ce qui s'est produit au niveau extr�me. C'est la m�me chose que ce bord l� que vous trouvez d�crit � la figure 1. Cette partie que je d�signe � la figure 1, nous allons l'appeler A. c'est cela qui se maintient � cet endroit de la figure. La continuit� de ce bord se fait avec ce qui derri�re la surface en quelque sorte oblique ainsi d�gag�e, se replie en arri�re une fois que vous avez commenc� � l�cher le tout. De sorte que si on les recollait, cela se rejoindrait comme � la figure 3. C'est pourquoi je l'ai indiqu� en bleu sur mon dessin. Le bleu est, en somme, tout ce qui perp�tue la coupure elle-m�me.

    Qu'en r�sulte-t-il ? C'est que vous avez un creux, une poche dans laquelle vous pouvez introduire quelque chose. Si vous passez la main celle-ci passe derri�re cette oreille qui est en continuit� par l'avant avec la surface : ce que vous rencontrez derri�re c'est une surface qui (->p500) (XXIV/3) correspond au fond du panier mais s�par� ce ce qui reste sur la droite, � savoir cette surface qui vient en avant l�, et qui se replie en arri�re � la figure 2. En suivant un chemin comme celui-l� vous avez une fl�che pleine, puis en pointill� parce qu'elle passe derri�re l'oreille qui correspond � A. Elle sort ici parce que c'est la partie de la coupure qui est derri�re. C'est la partie que je peux d�signer par B. L'oreille  

File:Oreilles.jpg


qui est dessin�e ici par les limites de  ce pointill� � la figure 2 pourrait se  trouver de l'autre c�t�. Cette possibilit�  de deux oreilles, c'est ce que vous re trouverez lorsque quand vous avez r�alis� la double coupure et que vous isolez dans le cross-cap quelque chose qui se fabrique ici. Ce que vous voyez dans cette pi�ce centrale ainsi isol�e de la figure 4, c'est en somme un plan tel que vous effacez maintenant le reste de l'objet, de sorte que vous n'aurez plus � mettre de pointill�s ici ni m�me de travers�e : il ne reste que la pi�ce centrale.  

    Qu'avez-vous alors ? Vous pouvez l'imaginer ais�ment vous avec une sorte de plan qui en gauchissant vient, � un moment, � se recouper lui-m�me selon une ligne qui passe alors derri�re. Vous avez donc, ici aussi, deux oreilles, une lamelle en avant, une lamelle en arri�re. Et le plan se traverse lui-m�me selon une ligne strictement limit�e par un point. I1 se pourrait que ce point f�t plac� juste � l'extr�mit� de l'oreille post�rieure, ce serait, pour le plan une mani�re de se recouper lui-m�me qui serait tout aussi int�ressante par certains c�t�s puisque c'est ce que j'ai r�alis� � la figure 5  pour vous montrer tout � l'heure la fa�on dont il convient de consid�rer la structure de ce point.

    Je sais personnellement que vous vous �tes inqui�t�s d�j� de la fonction de ce point puisque vous m'avez un jour pos� en priv� la question de savoir pourquoi toujours, moi-m�me et les auteurs, nous ne repr�sentons sous cette forme, indiquant au centre une sorte de petit trou. Il est bien certain que ce petit trou donne � r�fl�chir. Et c'est justement sur lui que nous allons insister, car il livre la structure tout-� -fait particuli�re de ce point qui n'est pas un point comme les autres.

(->p501) (XXIV/4)

C'est ce sur quoi, maintenant, je vais �tre amen� � m'expliquer.

    Sa forme un peu oblique, tordue, est amusante, car l'analogie est frappante avec l'h�lix, l'hant�lix et m�me le lobule, de la forme de ce plan projectif coup�, si l'on consid�re, qu'on peut retrouver cette forme qui, fonci�rement est attir�e par la forme de la bande de Moebius.

    On la retrouve beaucoup plus simplifi�e dans ce que j'ai appel� un jour l'arum ou encore l'oreille d'�ne. Ceci n'est fait que pour attirer votre attention sur ce fait �vident que la nature semble en quelque sorte aspir�e par ses structures, et dans des organes particuli�rement significatifs, ceux de ces orifices du corps qui sont en quelque sorte laiss�e � part, distincts de la dialectique analytique. A ces orifices du corps, quant ils montrent cette sorte de ressemblance pourrait se raccrocher une sorte de consid�ration de rattachement � la Naturwissen de ce point, lequel doit bien y attenir, s'y refl�ter s'il a effectivement quelque valeur.  

File:3fig.jpg

  L'analogie frappante de plusieurs de ces dessins que j'ai faits avec les figures que vous trouvez � chaque page des livres d'embryologie m�rite aussi de retenir l'attention. Lorsque vous consid�rez ce qui se passe, � peine franchi le stade de la plaque germinative, dans l'oeuf des serpents ou des poissons pour autant que c'est ce qui se rapproche le plus, � un examen qui n'est pas absolument complet dans l'�tat actuel de la science, du d�veloppement de l'oeuf humain - vous trouvez quelque chose de frappant, c'est l'apparition, sur cette plaque germinative, � un moment v donn�, de ce qu'on appelle la ligne primitive qui est �galement termin�e par un point, le noeud de Hensen, qui est un point tout � fait significatif et vraiment probl�matique dans sa formation pour autant qu'il est li� par une sorte de corr�lation avec la formation du tube neural. Il vient en quelque sorte � sa rencontre par un processus de repli de l'ectoderme : c'est, comme vous ne l'ignorez pas

(->p502) (XXIV/5)

Tub.jpg
quelque chose qui donne bien l'id�e de la formation d'un tore, puisque � un certain stade ce tube neural reste ouvert comme une trompette des deux cot�s. Par contre la formation du canal chordal qui se produit au niveau de ce noeud de Hensen, avec une fa�on de se propager lat�ralement, donne l'id�e qu'il se produit l� un processus d'entrecroisement, dont l'aspect morphologique ne peut pas manquer de rappeler la structure du plan projectif, surtout si l'on songe que le processus qui se r�alise de ce point appel� noeud de Hensen, est en quelque sorte un processus r�gressif, � mesure que le d�veloppement s'avance, c'est dans une ligne, dans un recul post�rieur du noeud de Hensen que se compl�te cette fonction de la ligne primitive, et qu'ici se produit cette ouverture vers l'avant, vers l'entoblaste, de ce canal qui chez les sauropsid�s se pr�sente comme l'homologue, sans �tre du tout identifiable au canal neuroent�rique qu'on trouve chez les batraciens, � savoir ce qui met en communication la partie terminale du tube digestif et la partie terminale du tube neural, bref ce point si hautement significatif pour conjoindre l'orifice cloacal, cet orifice si important dans la th�orie analytique, avec quelque chose qui se trouve devant la partie la plus inf�rieure de la formation caudale �tre ce qui sp�cifie le

vert�br� et le pr�vert�br� plus fortement que n'importe quel autre caract�re, � savoir l'existence de la chorde dont cette ligne primitive et le noeud de Hensen sont le po�nt de d�part. I1 y a l� certainement toute une s�rie de directions de recherches qui, je crois, m�riteraient de retenir l'attention. En tout cas, si je n'y ai point insist�, c'est qu'assur�ment ce n'est pas dans ce sens que je d�sire m'engager. Si j'en parle � l'instant, c'est � 1a fois pour r�veiller chez vous un peu plus d'int�r�t pour ces structures si captivantes en elles-m�mes (->p503) (XXIV/6) et aussi bien authentifier une remarque qui m'a �t� faite sur ce que l'embryologie aurait ici � dire son mot, au moins � titre illustratif.

    Cela va nous permettre d'aller plus loin et tout de suite, sur la fonction de ce point.

    Une discussion tr�s serr�e sur le plan du formalisme de ces constructions topologiques ne ferait que s'�terniser et peut-�tre pourrait vous lasser. Si la ligne que je trace ici sous la forme d'une sorte d'entrecroisement de fibres, est quelque chose dont vous connaissez d�j� la fonction dans ce cross-cap, ce que j'entends vous signaler c'est que le point qui le termine, bien s�r, est un point math�matique, un point abstrait. Nous ne pouvons lui donner aucune dimension. N�anmoins nous ne pouvons le penser que comme une coupure � laquelle il faut que nous donnions des propri�t�s paradoxales, d'abord du fait que nous pouvons la concevoir comme ponotiforme. D'autre part elle est irr�ductible. En d'autres termes, pour la conception m�me de la surface nous ne pouvons la consid�rer comme combl�e. C'est un point-trou, si l'on peut dire. De plus, si nous la consid�rons comme un point trou, c'est-�-dire fait  

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de l'accolement de deux bords, elle serait en quelque sorte ins�cable dans le sens qui la traverse et on peut en effet l'illustrer de ce type de coupure unique qu'on peut faire dans le cross-cap ; il y en a qui sont faites normalement pour expliquer le fonctionnement de la surface dans les livres techniques qui s'y consacrent - s'il y a une coupure qui passe par ce point, comment devons nous la concevoir ?

 Est-ce qu'elle est en quelque sorte l'homologue et uniquement l'homologue de ce qui se passe quand vous faites passer une de ces lignes plus haut, traversant la ligne structurale de fausse p�n�tration, c'est-�-dire en quelque sorte si quelque chose existe que nous pouvons appeler point trou de telle sorte que 

la coupure, m�me lorsqu'elle s'en rapproche jusqu'� confondre avec ce point, fasse le tour de ce trou ? C'est en effet ce qu'il faut bien concevoir

(->p504) (XXIV/7)

File:Crossab.jpg

car lorsque nous tra�ons une telle coupure, voici � quoi nous aboutissons : prenez si vous voulez, la figure       transformez-la en figure 3 et consid�rez ce dont il s'agit entre les deux oreilles qui restent l� au niveau de A. et de B qui serait derri�re. C'est quelque chose qui peut encore s'�carter ind�finiment au point que l'ensemble de l'appareil prenne cet aspect, figure 5 , ces deux parties de la figure repr�sentant les replis ant�rieur et post�rieur que j'ai dessin�s en figure 4. Ici, au centre, cette surface que j'ai dessin�e en figure 4 appara�t ici aussi en figure 5. Elle est l� en effet, derri�re.  

    Il reste qu'en ce point quelque chose doit �tre maintenu qui est en quelque sorte l'amorce de la fabrication mentale de la surface, � savoir par rapport � cette coupure qui est celle autour de laquelle elle se construit r�ellement. Car cette surface que vous voulez montrer, il convient de la concevoir comme une certaine fa�on d'organiser un trou, ce trou dont les bords sont ici figur�s. L'amorce est le point d'o� il convient de partir pour que puissent se faire d'une fa�on qui construise effectivement la surface dont il s'agit, les jointements bord � bord qui sont ici dessin�s, � savoir que ce bord-l�, apr�s bien s�r toutes modifications n�cessaires � sa descente � travers l'autre surface, et ce bord-l� viennent se joindre avec celui que nous avons amen� dans cette partie de la figure 4 : a avec a'. L'autre bord, au contraire, doit venir se conjoindre, selon le sens g�n�ral de la fl�che verte, avec ce bord-l� : d avec d' c'est un conjointement qui n'est concevable qu'� partir d'une amorce de quelque chose qui se signifie comme le recouvrement, aussi ponctuel que vous le voudrez de cette surface par elle-m�me en un point, c'est-�-dire de quelque chose qui est ici en un petit point o� elle est fendue et o� elle vient � se recouvrir elle m�me. C'est autour de cela que le processus de construction s'op�re. Si vous n'avez pas cela, si vous consid�rez que la coupure B que vous avez faite ici traverse le point-trou non pas en le contournant comme les autres coupures � un tour mais au contraire en venant le couper ici, � la mani�re dont, dans un tore, nous pouvons consid�rer qu'une coupure se produise ainsi :

(->p505) (XXIV/8)

Cross2.jpg

    Que devient cette figure ? Elle prend un autre et tout diff�rent aspect. Voici ce qu'elle devient :

File:Segements.jpg

    Elle devient purement et simplement la plus simplifi�e du reploiement en avant et en arri�re de la surface figure 4, c'est-�-dire que ce que vous avez vu figure 4 s'organiser selon une forme qui vient s'entrecroiser bord � bord selon quatre segments, le segment a venant sur le segment a' : c'est un segment qui porterait le n� 1 par rapport � un autre qui porterait le n� 3 par rapport � la continuit� de la coupure ainsi dessin�e ; puis un n� 2 avec le segment n� 4.

    Ici derni�re figure, vous n'avez que deux segments. Il nous faut les concevoir comme s'accolant l'un � l'autre par une compl�te inversion de l'unpar rapport � l'autre. C'est fort difficilement visualisable. Mais le fait que ce qui est d'un c�t� dans un sens doive se conjoindre � ce qui de l'autre c�t� est dans le sens oppos� nous montre ici la structure pure, encore que non visualisable, de la bande de Moebius. La diff�rence de ce qui se produit quand vous pratiquez cette coupure simple sur le plan projectif avec le plan projectif lui-m�me, c'est que vous perdez un des �l�ments de sa structure : vous n'en faites qu'une pure et simple bande de Moebius, � ceci pr�s que vous ne voyez nulle part appara�tre ce qui est essentiel dans la structure de la bande de Moebius : un bord.

( Or ce bord est tout � fait essentiel dans la bande de Moebius. En effet, dans la th�orie des surfaces - je ne peux pas m'y �tendre de fa�on enti�rement satisfaisante - pour d�terminer des propri�t�s telles que le genre, le nombre de connections, la caract�ristique, tout ce qui fait l'int�r�t de cette topologie, vous devez faire entrer en ligne de compte que la bande de Moebius a un bord et n'en a qu'un, qu'elle est construite sur un trou. Ce n'est pas pour le plaisir du paradoxe que je dis que les surfaces sont des organisations du trou. Ici donc, s'il (->p506) (XXIV/9) s'agit d'une bande de moebius cela signifie que, quoique nulle part, il n'y ait lieu de le repr�senter, il faut bien que le trou demeure. Pour que ce soit une bande de Moebius vous mettrez donc l� un trou, si petit soit-il. Si punctiforme qu'il soit, il remplira topologiquement exactement les m�mes fonctions que celles du bord complet dans ce quelque chose que vous pouvez dessiner quand vous dessinez une bande de Moebius, c'est-�-dire � peu pr�s quelque chose comme ceci :

         Comme je vous l'ai fait remarqu� une bande de Moebius est aussi simple que cela. Une bande de Moebius n'a qu'un bord. Si vous suivez son bord vous avez fait le tour de tout ce qui est bord sur cette bande et en fait ce n'est qu'un trou, une chose qui peut appara�tre comme purement circulaire ; en soulignant les deux cot�s, en inversant l'un par rapport � l'autre s'accolant, il resterait qu'il serait n�cessaire pour qu'il s'agisse

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bien d'une bande de Moebius, que nous conservions sous une forme aussi r�duite que possible l'existence d'un trou. C'est bien effectivement ce qui nous indique le caract�re irr�ductible de la fonction de ce point. Et si nous essayons de l'articuler, de montrer sa fonction nous sommes amen�s, en le d�signant comme point-origine de l'organisation de la surface sur le plan projectif, � y retrouver des propri�t�s qui ne sont pas compl�tement celles du bord de la surface de Moebius, mais qui sont tout de m�me quelque chose qui est tellement un trou que si on entend le supprimer par cette op�ration de section par la coupure passant par ce point, c'est en tout cas un trou qu'on fait appara�tre de la fa�on la plus incontestable.

    Qu'est-ce que cela veut dire encore ? Pour que cette surface fonctionne avec se,s propri�t�s compl�tes, et particuli�rement celle d'�tre unilat�re comme la bande de Moebius, � savoir qu'un sujet infiniment (->p507) (XXIV/10)  plat s'y promenant peut, partant d'un point quelconque, ext�rieur de sa surface, revenir par un chemin extr�mement court et sans avoir � passer par aucun bord au point envers de la surface dont il est parti, non que cela puisse se produire, il faut que dans la construction de �'appareil que nous appelons plan projectif il y ait quelque part, si r�duit que vous le supposiez, cette sorte de fond qui est repr�sent� ici, ce cul de l'appareil, la partie qui n'est pas structur�e par l'entrecroisement il doit en rester un petit morceau, si petit soit-il, sans quoi la surface devient autre chose et nomm�ment ne pr�sente plus cette propri�t� de fonctionnement comme unilat�rale.

    Une autre fa�on de mettre en valeur la fonction de ce point : le cross-cap ne peut pas se dessiner purement et simplement comme quelque chose qui serait divis� en deux par une ligne ou s'entrecroiseraient les deux surfaces. I1 faut qu'il reste ici quelque chose qui au-del� du point l'entoure, quelque chose comme une circonf�rence, si r�duite soit-elle une surface qui permette de faire communiquer les deux lobes sup�rieurs, si l'on peut dire, de la surface ainsi structur�e. C'est cela qui nous montre la fonction paradoxale et organisatrice du point.

    Mais ce que ceci nous permet d'articuler maintenant, c'est que ce point est fait de l'accolement des deux bords d'une coupure, coupure qui ne saurait elle-m�me d'aucune fa�on �tre retravers�e, �tre s�cable, coupure que vous voyez ici � la fa�on dont je l'ai pour vous imag�e, comme d�duite de la structure de la surface et qui telle qu'on peut dire que si nous d�finissions arbitrairement quelque chose comme int�rieur et comme ext�rieur - en mettant par exemple en bleu sur le dessin ce qui est int�rieur et en rouge ce qui est ext�rieur - � l'un des bords de ce point l'autre se pr�senterait ainsi puisqu'il est fait d'une coupure, si minimale que vous puissiez la supposer, de la surface qui vient se superposer � l'autre. Dans cette coupure privil�gi�e ce qui s'affrontera sans se rejoindre ce sera un ext�rieur avec un int�rieur, un int�rieur avec un ext�rieur.

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    Telles sont les propri�t�s que je! vous pr�sente. On pourrait exprimer celle-ci sous une forme savante, plus formaliste, plus dialectique, (->p508) (XXIV/11) sous une forme qui me para�t non seulement suffisante, mais n�cessaire pour pouvoir ensuite imager la fonction que j'entends lui donner pour notre usage.

    Je vous ai fait remarquer que la double coupure est la premi�re forme de coupure qui introduise dans la surface d�finie comme cross-cap du plan projectif la premi�re coupure, la coupure minimale qui obtienne la division de cette surface. Je vous ai d�j� indiqu� la derni�re fois ce � quoi aboutissait cette division et ce qu'elle signifiait. Je vous l'ai montr� dans des figures tr�s pr�cises que vous avez je l'esp�re, toutes prises en note, et qui consistaient � vous prouver que cette division a justement pour r�sultat de diviser la surface en 1�) une surface de Moebius, c'est-�-dire une surface unilat�re du type de la figure que voici :

     Celle-ci conserve, si l'on peut dire, en elle une partie seulement des propri�t�s de la surface appel�e cross-cap, et, justement cette partie particuli�rement int�ressante et expressive qui consiste dans la propri�t� unilat�re ; et dans celle que j'ai depuis toujours mise en valeur lorsque j'ai fait circuler parmi vous de petits rubans de Moebius de ma fabrication, � savoir qu'il s'agit d'une surface gauche, qu'elle est, dirons nous dans notre langage, sp�cularisable, que son image dans le miroir ne saurait lui �tre superpos�e, qu'elle est structur�e par une dissym�trie fonci�re. Et c'est tout l'int�r�t de cette structure que je vous d�montre c'est que la partie centrale au contraire, ce que nous appellerons la pi�ce centrale, isol�e par la double coupure, tout en �tant manifestement celle 

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qui emporte avec elle la v�ritable structure  de tout l'appareil appel� cross-cap, il suffit  de la regarder, dirai-je pour le voir, il  suffit d'imaginer que, dune fa�on quelconque,  se rejoignent ici les bords dans les points  de correspondance qu'ils pr�sentent visuelle ment pour que ce soit aussit�t reconstitu�e la forme g�n�rale de ce plan projectif ou cross-cap.  

    Mais avec cette coupure, ce qui appara�t, c'est une surface qui a cet aspect que vous pouvez, je pense, maintenant consid�rer comme quelque (->p509) (XXIV/12) chose qui, pour vous, arrive � une suffisante familiarit� pour que vous la projetiez dans l'espace, cette surface qui se traverse elle-m�me selon une certaine ligne qui s'arr�te en un point. C'est cette ligne et c'est surtout ce point qui donne � la forme � double tour de cette coupure sa signification privil�gi�e du point de vue sch�matique parce que c'est � celle-l� que nous allons nous fier pour nous donner un sch�ma de repr�sentation sch�matique de ce qu'est la relation S coupure de a, ce que nous n'arrivons pas � saisir au niveau de la structure du tore, � savoir de quelque chose qui nous permet d'articuler sch�matiquement la structure du d�sir, la structure du d�sir en tant que formellement nous l'avons d�j� inscrite dans ce quelque chose dont nous disons qu'il nous permet de concevoir la structure du fantasme S coupure de a.  S <> a

    Nous n'�puiserons pas aujourd'hui le sujet, mais nous essaierons d'introduire aujourd'hui pour vous que cette figure, dans sa fonction sch�matique, est assez exemplaire pour nous permettre de trouver la relation de S coupure de a, la formalisation du fantasme dans son rapport avec quelque chose qui s'inscrit dans ce qui est le reste de la surface dite plan projectif ou cross-cap quand la pi�ce centrale en est en quelque sorte �nucl��e. Il s'agit d'une structure sp�culisable, fonci�rement dissym�trique qui va nous permettre de localiser le champ de cette dissym�trie du sujet par rapport � l'Autre, sp�cialement concernant la fonction essentielle qu'y joue l'image sp�culaire.

    Voici en effet ce dont il s'agit la vraie fonction imaginaire, si l'on peut dire, en tant qu'elle intervient au niveau du d�sir, est une relation privil�gi�e avec a, objet du d�sir, terme du fantasme.  Je dis terme puisqu'il y en a deux, S et a, li�s par la fonction de la coupure. La fonction de l'objet du fantasme, en tant qu'il est terme de la fonction du d�sir, cette fonction est cach�e.

    Ce qu'il y a de plus efficient, de plus efficace dans la relation � l'objet telle que nous l'entendons dans le vocabulaire actuellement re�u de la psychanalyse, est marqu� d'un voilement maximum. On peut dire que la structure libidinale, en tant qu'elle est marqu�e de la fonction narcissique, est ce qui pour nous recouvre et masque la relation � l'objet. C'est en tant que la relation narcissique, narcissique secondaire, la relation � 1'image du corps comme tel est li�e par quelque chose de structural � cette relation � l'objet qui est celle du fantasme fondamental, qu'elle prend tout son poids. Mais ce quelque chose de structural (->p510(XXIV/12) dont je parle est une relation de compl�mentaire, c'est en tant que la relation du sujet marqu� du trait unaire trouve un certain appui qui est de leurre, qui est d'erreur, dans l'image du corps comme constitutive de l'identification sp�culaire qu'elle a sa relation indirecte avec ce qui se cache derri�re elle, � savoir la relation � l'objet, la relation au fantasme fondamental. Il y a donc deux imaginaires, le vrai et le faux ; et le faux ne se soutient dans cette sorte de subsistance � laquelle restent attach�s tous les mirages du "m�-conna�tre" - j'ai d�j� introduit ce jeu de mots, m�-connaissance : le sujet se "m�-conna�t" dans la relation du miroir. Cette relation du miroir pour �tre comprise comme telle, doit �tre situ�e sur une base de cette relation � l'Autre qui est fondement du sujet, tant que notre sujet est le sujet du discours, le sujet du langage. C'est en situant ce qu'est S coupure de a  par rapport � la d�ficience fondamentale de l'Autre comme lieu de la parole, par rapport � ce qui est la seule r�ponse d�finitive au niveau de l'�nonciation, le signifiant de l , du t�moin universel en tant qu'il fait d�faut et qu'� un moment donn� il n'a plus qu'une fonction de faux t�moin, c'est en situant la fonction de a en ce point de d�faillance, en montrant le support que trouve le sujet dans ce a qui est ce que nous visons dans l'analyse comme objet qui n'a rien de commun avec l'objet de l'id�alisme classique, qui n'a rien de commun avec l'objet lu sujet h�g�lien.

    C'est en articulant de la fa�on la plus pr�cise ce a au point de carence de l'Autre, qui est aussi le point o� le sujet re�oit de cet autre, comme lieu de la parole, sa marque majeure, celle du trait unaire, elle qui distingue notre sujet de la transparence connaissante de la pens�e classique comme sujet enti�rement attach� au signifiant en tant que ce signifiant est le point tournant de son rejet, � lui sujet, de toute la r�alisation signifiante c'est en montrant, � partir de la formule S <> a comme structure du fantasme, la relation de cet objet avec la carence de l'Autre que nous voyons comment � un moment tout bascule, tout s'efface dans la fonction signifiante devant la mont�e, l'irruption de cet objet. C'est l� ce vers quoi nous pouvons avancer quoique ce soit la zone la plus voil�e, la plus difficile � articuler de notre exp�rience. Car justement nous en avons le contr�le en ceci que par ces voies qui sont celles de notre exp�rience, voies que nous parcourons, le plus habituellement celles du n�vros�, nous avons une structure qu'il ne s'agit pas du tout de mettre ainsi sur le dos de (->p511) (XXIV/13) boucs �missaires. A ce niveau, le n�vros� comme le pervers, comme le psychotique lui-m�me, ne sont que des faces de la structure normale. On me dit souvent apr�s ces conf�rences ; quand vous parlez du n�vros� et de son objet qui est la demande de l'Autre, � moins que sa demande ne soit l'objet de l'Autre, que ne nous parlez-vous du d�sir normal ! Mais justement, j'en parle tout le temps. Le n�vros�, c'est le normal en tant que, pour lui, l'Autre avec un A, a toute l'importance. Le pervers, c'est le normal en tant que pour lui le Phallus, - le grand que nous allons identifier � ce point qui donne � la pi�ce centrale du plan projectif toute sa consistance - le Phallus a toute l'importance. Pour le psychotique le corps propre, qui est � distinguer dans sa place, dans cette structuration du d�sir, le corps propre a toute l'importance.

    Et ce ne sont ici que des faces o� quelque chose se manifeste de cet �l�ment de paradoxe qui est celui que je vais essayer d'articuler devant vous au niveau du d�sir.  

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    D�j�, la derni�re fois, je vous en ai donn� un avant-go�t en vous montrant ce qu'il peut y avoir de distinct dans la fonction en tant qu'elle �merge du fantasme, c'est-�-dire de quelque chose que le sujet fomente, essaie de produire � la place aveugle, � la place masqu�e qui est celle dont cette pi�ce centrale  donne le sch�ma. D�j� � propos du n�vros�  et pr�cis�ment de l'obsessionnel, je vous  indiquais comment peut se concevoir que la  recherche de l'objet soit la v�ritable vis�e,

  dans le fantasme obsessionnel, de cette tentative toujours renouvel�e et toujours impuissante de cette destruction de l'image sp�culaire en tant que c'est elle que l'obsessionnel vise, qu'il sent comme obstacle � la r�alisation du fantasme fondamental. Je vous ai montr� que ceci �claire fort bien ce qui se passe au niveau du fantasme non point sadique mais sadien, c'est-�-dire celui que j'ai eu l'occasion d'�peler devant vous, pour vous avec vous, dans le s�minaire sur l'�thique, pour autant que, r�alisation d'une exp�rience int�rieure qu'on ne peut enti�rement r�duire aux contingences du cadre connaissable d'un effort de pens�e concernant la relation du sujet � la nature, c'est dans l'injure � la nature que Sade essaie de d�finir l'essence du d�sir humain. Et c'est bien l� ce par (->p512) (XXIV/15) quoi, aujourd'hui d�j�, je pourrais pour vous introduire la dialectique dont il s'agit. Si quelque part nous pouvons encore conserver la notion de connaissance, c'est assur�ment hors du champ humain. Rien ne fait obstacle � ce que nous pensions, nous autres positivistes, marxistes, tout ce que vous voudrez, que la nature elle se conna�t. Elle a s�rement ses pr�f�rences. Elle ne prend pas, elle, n'importe quel mat�riau. C'est bien ce qui nous laisse depuis quelque temps le champ, nous, pour en trouver des tas d'autres, et de dr�les qu'elle avait dr�lement laiss� de c�t� !

    De quelque fa�on qu'elle se connaisse, nous n'y voyons aucun obstacle. Il est bien certain, que tout d�veloppement de la science, dans toutes ses branches, se fait pour nous d'une fa�on qui rend de plus en plus claire la notion de connaissance. La connaturalit� avec quelque moyen que ce soit dans le champ naturel, est ce qu'il y a de plus �tranger, de toujours plus �tranger au d�veloppement de cette science. Est-ce que ce n'est pas justement cela qui rend si actuel que nous avancions dans la structure du d�sir telle que notre exp�rience justement, effectivement, nous la fait sentir tous les jours ? Le noyau du d�sir inconscient et son rapport d'orientation, d'aimantation, si l'on peut dire, est absolument central par rapport � tous les paradoxes de la m�connaissance humaine. Et est-ce que son fondement ne tient pas en ceci que le d�sir humain est une fonction acosmique ?

    C'est pourquoi, quand j'essaie pour vous de fomenter ces plastiques, il peut vous sembler voir une remise � jour d'anciennes techniques imaginaires qui sont celles que je vous ai appris � lire sous la forme de 1a sph�re dans Platon. Vous pourriez vous dire cela. Ce petit point double, ce poin�on nous montre que l� est le champ o� se cerne ce qui est le v�ritable ressort du rapport entre le possible et le r�el. Ce qui a fait tout le charme, toute la s�duction longuement poursuivie de la logique classique, le v�ritable point d'int�r�t de la logique formelle -j'entends celle d'Aristote - c'est ce qu'elle suppose et ce qu'elle exclut et qui est vraiment son point-pivot, � savoir le point de l'impossible en tant qu'il est celui du d�sir. Et j'y reviendrai. Donc vous pourriez vous dire que tout ce que je suis en train de vous expliquer l� est la suite du discours pr�c�dent. C'est - laissez-moi employer cette formule c'est des trucs � Th�o. Car enfin de compte, il convient de lui donner un nom � ce Dieu dont nous nous gargarisons un petit peu trop romantiquement la gorge sous cette prof�ration que nous aurions fait un joli coup en disant que Dieu est mort. I1 y a dieu et dieu. Je vous ai d�j� dit qu'il y en a qui sont tout � faits r�els. Nous aurions tort d'en (->p513) (XXIV/16) m�conna�tre la r�alit�. Le dieu qui est en cause et dont nous ne pouvons pas �luder le probl�me comme un probl�me qui est notre affaire, un probl�me dans lequel nous avons � prendre parti, celui-l�, pour la distinction des termes, faisant �cho � Beckett qui l'a appel� un jour Godot, pourquoi ne pas l'avoir appel� de son vrai nom, l'�tre supr�me ? Si je me souviens bien d'ailleurs, la bonne amie de Robespierre avait ce nom pour nom propre, je crois qu'elle s'appelait Catherine Th�ot. Il est bien certain que toute une partie de l'�lucidation analytique et, pour tout dire, toute l'histoire du p�re dans Freud, c'est notre contribution essentielle � la fonction de Th�o dans un certain champ, tr�s pr�cis�ment dans ce champ qui trouve ses limites au bord de la double coupure en tant que c'est elle qui d�termine les caract�res structurants, le noyau fondamental du fantasme dans la th�orie comme dans la pratique. Si quelque chose peut s'articuler qui met en balance les domaines de Th�o, qui s'av�rent n'�tre pas si totalement r�duits, ni r�ductibles puisque nous nous en occupons autant, � ceci pr�s que, depuis quelque temps, nous en perdons, si je puis dire l'�me, le suc et l'essentiel. On ne sait plus bien que dire. Ce p�re semble se r�sorber dans une nu�e de plus en plus recul�e et du m�me coup laisser singuli�rement en suspens la port�e de notre pratique. Qu'il y ait bien en effet l� quelque corr�latif historique, il n'est pas du tout superflu que nous l'�voquions lorsqu'il s'agit de d�finir ce � quoi nous avons affaire dans notre domaine. Je crois qu'il est temps. I1 est temps parce que, d�j� sous mille formes concr�tis�es, articul�es, cliniques et praticiennes, un  certain secteur se d�gage dans l'�volution de notre pratique, qui est distinct de la relation � l'Autre, A , comme fondamentale, comme structurante de toute 1'exp�rience dont nous avons trouv� les fondements dans l'inconscient. Mais son autre p�le a toute la valeur que j'ai appel�e tout � l'heure compl�mentaire celle sans laquelle nous vaguons, je veux dire sans laquelle nous revenons, comme un recul, une abdication, � ce quelque chose qui a �t� l'�thique de l'�re th�ologique, celle dont je vous ai fait sentir les origines certainement gardant tout leur prix, toute leur valeur dans cette fra�cheur originelle que leur a conserv�e les dialogues de Platon. Que voyons-nous apr�s Platon, si ce n'est la propotion de ce qui maintenant se perp�tue sous la forme poussi�reuse de cette distinction dont c'est v�ritablement un scandale qu'on puisse encore la trouver sons la plume d'un analyste, du moi-sujet et du moi-objet ! Parlez-moi du cavalier et du cheval, du dialogue de l'�me et du d�sir, mais justement il s'agit de cette �me et de ce d�sir, ce renvoi du d�sir � l'�me au moment o� pr�cis�ment, il ne s'agissait que du d�sir, bref, tout ce que je vous ai montr� l'ann�e derni�re dans le Transfert. Il s'agit de voir cette (->p514) (XXIV/17) clart� plus essentielle que nous, pouvons, nous, y apporter : c'est que le d�sir n'est pas d'un c�t�. S'il a l'air d'�tre ce non-maniable que Platon d�crit d'une fa�on si path�tique, si �mouvante et que l'�me sup�rieure est destin�e � dominer, � captiver, bien s�r, c'est qu'il y a un rapport, mais le rapport est interne, et le diviser, c'est justement se laisser aller � un leurre, � un leurre qui tient � ce que cette image de l'�me qui n'est rien d'autre que l'image centrale du narcissisme secondaire telle que je l'ai tout � l'heure d�finie et sur laquelle je reviendrai, ne fonctionne que comme voie d'acc�s, voie d'acc�s leurrante, mais voie d'acc�s orient�e comme telle au d�sir. Il est certain que Platon ne l'ignorait pas. Et ce qui rend son entreprise d'autant plus �trangement perverse, c'est qu'il nous la masque. Car je vous parlerai du Phallus dans sa double fonction, celle qui nous permet de le voir comme le point commun d'�version si je puis dire, d'�vergence, si je puis avancer ce mot comme construit � l'envers de celui de convergence ; si ce Phallus je pense pouvoir vous articuler d'un c�t� sa fonction au niveau du S du 

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fantasme et au niveau du a que pour le d�sir  il authentifie, d�s aujourd'hui je vous indiquerai la parent� des paradoxes avec cette  image m�me que vous donne ce sch�ma de la figure puisqu'ici rien d'autre que ce point n'assure � cette surface ainsi d�coup�e son caract�re de surface unilat�re, mais le lui assure enti�rement, faisant vraiment de S la coupure de a.  

 

    Mais n'allons pas trop vite, a , lui, assur�ment est la coupure de S. La sorte de r�alit� que nous visons dans cette objectalit� ou cette objectit� que nous sommes seuls � d�finir, est vraiment pour nous ce qui unifie le sujet. Et qu'avons-nous vu dans le dialogue de Socrate avec Alcibiade ? Et qu'est-ce que cette comparaison de cet homme port� au pinacle de l'hommage passionn� avec une bo�te : cette bo�te merveilleuse, comme toujours, elle a exist� partout o� l'homme a su se construire des objets figures de ce qu'est pour lui l'objet central, celui du fantasme fondamental, elle contient quoi, dit Alcibiade � Socrate ? L'Agalma.jpg. Commen�ons � entrevoir ce que cet Agalma.jpg est : quelque chose qui ne doit pas avoir un mince rapport avec ce point central qui donne son accent, sa dignit� � l'objet a. Mais les choses, en fait sont � inverser au niveau de l'objet. Ce Phallus, s'il est si paradoxalement constitu� (->p515) (XXIV/18) qu'il faut toujours faire tr�s attention � ce qui est la fonction enveloppante et la fonction envelopp�e, je crois que c'est plut�t au coeur de l'Agalma.jpg qu'Alcibiade cherche ce � quoi il fait appel, en ce moment o� le Banquet se termine, dans ce quelque chose que nous sommes seuls � �tre capables de lire, quoique ce soit �vident puisque ce qu'il cherche, ce devant quoi il se prosterne, ce � quoi il faisait cet appel impudent, c'est � quoi ? Socrate comme d�sirant, dont il veut l'aveu. Au coeur de l'Agalma.jpg ce qu'il cherche dans l'objet se manifeste comme �tant le pur eron, car ce qu'il veut ce n'est pas nous dire que Socrate est aimable, c'est nous dire que ce qu'il a d�sir� le plus au monde c'est de voir Socrate d�sirant. Cette implication subjective la plus radicale au coeur de l'objet lui-m�me du d�sir o� je pense que tout de m�me vous vous retrouvez un peu, simplement parce que vous pouvez le faire rentrer dans le vieux tiroir du d�sir de l'homme et du d�sir de l'Autre. C'est quelque chose que nous allons pouvoir pointer plus pr�cis�ment. Nous voyons que ce qui l'organise c'est la fonction ponctuelle, Centrale du Phallus. Et l�, nous avons notre vieil enchanteur pourrissant ou pas, mais enchanteur assur�ment, celui qui sait quelque chose sur le d�sir, qui envoie notre Alcibiade sur les roses en lui disant quoi ? De s'occuper de son �me, de son moi, de devenir ce qu'il n'est pas : un n�vros� pour les si�cles plus tard, un enfant de Th�o.

    Et pourquoi ? Qu'est-ce que c'est que ce renvoi de Socrate � un �tre aussi admirable qu'Alcibiade ? En ce que l'Agalma.jpg c'est manifestement lui qui l'est, comme je crois l'avoir manifest� devant vous, c'est purement et manifestement que le Phallus, Alcibiade l'est. Simplement, personne ne peut savoir de qui il est le Phallus. Pour �tre Phallus � cet �tat-l�, il faut avoir une certaine �toffe. Il n'en manquait pas assur�ment et les charmes de Socrate restent sans prise sur Alcibiade, sans aucun doute. Il passe sur les si�cles qui ont suivi de l'�thique th�ologique vers cette forme �nigmatique et ferm�e, mais que le banquet pourtant nous indique au point de d�part et avec tous les compl�ments n�cessaires, � savoir qu'Alcibiade, manifestant son appel du d�sirant au coeur de l'objet privil�gi� ne fait rien d'autre que d'appara�tre dans une position de s�duction effr�n�e par rapport � celui que j'ai appel� le con fondamental, que pour comble d'ironie Palton a connot� du nom propre du Bien lui-m�me Agathon - le Bien supr�me n'a pas d'autre nom dans sa dialectique. Est-ce qu'il n'y a pas l� quelque chose qui montre suffisamment qu'il n'y a rien de nouveau dans notre recherche ? Elle retourne au d�part, pour cette fois, comprendre tout ce qui s'est pass� depuis.

(->p516) (XXIV/19)

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note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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