Text/Jacques Lacan/LF01021967.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

J.LACAN                                               gaogoa

[LF25011967.htm <] [LF15021967.htm >]

 XIV-LOGIQUE du FANTASME- 1966-1967    
   version rue CB

1 F�vrier 1967                   [#note note]

 
(p111->) File:0102193.jpg

����Je vous remercie d��tre venus aussi nombreux aujourd�hui alors que nous sommes, personne ne l�ignore, un jour de gr�ve. Je vous remercie d�autantplus que j�ai aussi � m�en excuser puisque c�est sur l�annonce que j�ai faite queje ferai ce qu�on appelle mon s�minaire que certainement une partie des personnes qui sont ici y sont. J�avais en effet l�intention de le faire, de le faire sur le th�me humoristique.

     J�avais �crit en haut ce Cogito Ergo Es, qui, comme vous le soup�onnez est un jeu de mot et joue sur l�homonymie, l�homophonie approximative du Es latin et Es allemand qui d�signe ce que vous savez dans Freud, � savoir ce qu�on a traduit en Fran�ais par la fonction du Ca. (lire : �a )

     Sur une logique qui n�est pas une logique, qui est une logique totalement in�dite, une logique � laquelle je n�ai pas encore donn�, je n�ai pas voulu donner, avant qu�elle ne soit instaur�e sa d�nomination.

    J�en tiens une qui me semble valable par devers moi, encore est-il apparu convenable d�attendre de lui avoir donn� un suffisant d�veloppement pour lui donner sa d�signation. Sur une logique dont le d�part curieux, le fait de ce choix (p112->) ali�nant, soulignai-je, qui vous est offert d�un � je ne pense pas �, � un  � je ne suis pas �, on peut se demander quelle est la place du fait que nous sommes ici pour quelque chose qui pourrait bien s�appeler un � nous pensons �. D�j� �a nous m�nerait loin, puisque ce nous s�rement, vous le sentez, dans les chemins o� je m�avance qui sont ceux de l�Autre barr�, pose une question, quoiqu�il en soit ce n�est certainement pas sans �tre motif � une aussi large audience que je fasse quelque chose qui ressemble fort � vous entra�ner dans les voies de la pens�e.

     Ce statut de la pens�e m�riterait bien, d��tre en quelque sorte, au moins indiqu�, comme faisant question � partir de tels pr�mices. Mais aujourd�hui, je me limiterai � ceci ; c�est que comme tout homme qui s�emploie, qui s�imagine en tous cas s�employer, � cette op�ration de la pens�e, je suis fort ami de l�ordre et qu�un des fondements le plus essentiel de notre ordre, de l�ordre existant, c�est toujours le seul auquel on a � se rapporter : c�est la gr�ve. Or cette gr�ve �tant suivie, je l�ai appris malheureusement un peu tard, par l�ensemble de la fonction publique, je n�ai pas l�intention d�y faire exception. C�est pourquoi, je ne ferai pas aujourd�hui la le�on � laquelle vous pouviez vous attendre, sauf � vous l�annoncer comme telle, sur ce Cogito ergo es.

     Que d��tre ici pour une cause, celle qui m�a rendu aveugle un peu plus tard qu�il ne fallait, le fait qu�il �tait mieux que je ne fasse pas ma le�on, qui est la chose suivante : � savoir la pr�sence parmi nous, aujourd�hui du Professeur Roman JAKOBSON, auquel vous savez tous quelle est notre dette eu �gard � ce qui se poursuit ici comme enseignement. Il est arriv� � Paris hier soir, il me fait l�honneur d��tre mon h�te et je me faisais une joie de faire devant lui ma le�on ordinaire. Il est bien d�accord avec moi, tout � fait d�accord sur ceci : qu�il vaut mieux que je ne la fasse pas, � tout le moins est-il venu ici et quiconque a ici une question � lui poser il est tout pr�t � y r�pondre; acte de courtoisie qui n�a rien � faire avec le maintien aujourd�hui, de notre r�union.

     Si quelqu�un a le bon esprit d�avoir pr�te une question � poser nomm�ment et comme � lui-m�me, le Pr R. JAKOBSON, ici au premier rang, il a le temps pendant que je vais de quelques mots amuser le tapis, de la mijoter pour tenir en haleine, si la question est une v�ritable question, peut avoir un int�r�t pour tout le monde.

     J�indiquerai pour vous tenir en haleine quelle voie, pourquoi seriez-vous si assidus si nous ne pr�voyez pas � quel moment br�lant la suite de notre discours nous conduit, comme j�avais d�j� pr�vu que mercredi prochain je ne ferai pas mon s�minaire, c�est au 15 f�vrier que je vous donne rendez-vous, j�esp�re que le fil ne se sera pas trop d�tendu, de ce qui nous unit cette ann�e sur une ligne d�attention.

    Pour pointer ce dont il s�agit, ce cogito ergo es, vous voyez dans quel sens il nous m�ne, et c�est une faon de reposer la question de ce que c�est (p113->) que ce fameux � es � qui ne va pas tout de m�me tellement de soi, puisque aussi bien je me suis permis de qualifier d�imb�ciles ceux qui trouvent trop ais�ment � s�y retrouver, � voir une sorte d�autre sujet, pour tout dire, de moi autrement constitu�, de qualit� suspecte, de mauvais moi, comme certains l�ont tout cr�ment dit.

     Bien s�r, il n�est pas facile de donner son statut � une telle entit�. Vous pensez qu�il convient de le substantifier seulement de ce qui nous vient d�une obscure pouss�e interne, �a n�est nullement �carter le probl�me du statut de ce �es �, car � la v�rit�, si c��tait �a, ce ne serait rien d�autre que ce qui depuis toujours tr�s l�gitimement a constitu� cette sorte de sujet qu�on appelle le moi.

     Vous sentez bien que c�est � partir de l�Autre barr� que nous allons avoir non pas � le repenser, mais � le penser tout simplement, et que cet Autre barr�, pour autant que nous en partons comme du lieu o� se situe l�affirmation de la parole, c�est bien quelque chose qui met en question pour nous le statut de la deuxi�me personne.

     Depuis toujours une sorte d�ambigu�t� s�est instaur�e de la n�cessit� m�me de la d�marche qui m�a fait introduire par la voie de fonction et champ de la parole et du langage ce dont il s�agit concernant l�inconscient. Le terme d�intersubjectivit� assur�ment r�de encore et r�dera longtemps puisqu�il y est �crit en toutes lettres dans ce qui fut le parcours de mon enseignement, ce n�est jamais sans l�accompagner de quelque r�serve qui n��tait pas pour l�auditoire que j�avais intelligible alors que je me suis servi de ce terme d�intersubjectivit�, chacun sait qu�il n�est que trop ais�ment re�u et que bien s�r, il restera la forteresse de tout ce que je combats de la fa�on la plu pr�cise.

     Le terme d�intersubjectivit� avec les �quivoques qu�il maintient dans l�ordre psychologique est au premier plan pr�cis�ment, celle que je d�signe comme dangereuse � marquer, � savoir : le statut de la r�ciprocit�, rempart de ce qui dans la psychologie est le plus fait pour asseoir toutes les m�connaissances concernant le d�veloppement psychique. Pour vous le symboliser, le marquer en quelque sorte, d�une image �clatante et grossi�re � la fois, je dirai que le statut de la r�ciprocit� en tant qu�il marque, que la maturit� du sujet s�instaurerait quelque part dans le d�veloppement, pour ceux qui auront vu ce quelque chose, il y en a suffisamment dans l�assembl�e pour que ma parole porte, que les autres se renseignent, pour ceux qui ont lu ou vu au cin�ma les d�sarrois de l��l�ve T�rless, je dirai que le statut de la r�ciprocit� c�est ce qui fait la bonne assiette, ce coll�ge des professeurs qui supervisent, et qui ne veut rien savoir, n�avoir rien � toucher de cette atroce histoire, ce qui ne rend que plus manifeste que pour ce qui est de la formation d�un individu, et tout sp�cialement d�un enfant, les �ducateurs feraient mieux de s�enqu�rir de quelles sont les meilleures voies qui lui permettent de se situer comme �tant de par son existence m�me, la proie des fantasmes de ses petits camarades avant de chercher � s�apercevoir � quelle �tape, � quel stade il sera capable de consid�rer que le je et le tu sont r�ciproques.

(p114->) Voil� ce dont il s�agit dans ce sur quoi nous avan�ons cette ann�e sous le nom de logique du fantasme, il s�agit de quelque chose qui emporte avec soi des int�r�ts d�importance, bien s�r ceci ne va nullement dans le sens d�un solipsisme, mais justement dans le sens de savoir ce dont il s�agit concernant de grand Autre dont la place a �t� soutenue dans la tradition philosophique par l�image de cet Autre divin vide que Pascal d�signe sous le nom de Dieu des philosophes et dont nous ne saurions absolument plus nous contenter, ceci non pas pour des raisons de pens�e, de libre pens�e, la libre pens�e c�est comme la libre association, n�en parlons pas.

     Si nous sommes ici pour suivre le fil et la trace de la pens�e de Freud, je profite de l�occasion pour le dire, � savoir pour en finir avec une je ne sais quelle forme de taon dont je pourrais � l�occasion me trouver la victime d�sign�e.

     Ce n�est pas la pens�e de Freud au sens o� l�historien de la philosophie peut, fusse � l�aide de la critique de textes la plus attentive, la d�finir au sens en fin de compte de la minimiser c�est-�-dire de faire remarquer qu�en tel ou tel point, Freud n�est pas all� au-del�. On ne saurait lui imputer quelque chose d�autre que je ne sais quelle faille, trou, reprise mal faite en tel tournant de ce qu�il a �nonc�.

 

    Si Freud nous retient, ce n�est pas de ce qu�il a pens� en tant qu�individu � tel d�tour de sa vie, ce qui nous int�resse c�est l�objet qu�a d�couvert Freud. La pens�e de Freud a pour nous son importance de ce qui nous constatons qu�il n�y a pas de meilleure voie pour retrouver les ar�tes de cet objet, que d�en suivre la trace de cette pens�e de Freud. Mais ce qui l�gitime cette place que nous lui donnons c�est qu�� tout instant ces traces vont nous marquer de fa�on d�autant plus d�chirante, d�autant plus que ces traces sont d�chir�es, que l�objet dont il s�agit est de nous ramener � ceci, � savoir : qu�il s�agit de ne pas le m�conna�tre. Ce qui est assur�ment la tendance irr�sistible et naturelle dans l��tape actuelle des choses de toute subjectivit� constitu�e.

 

    C�est bien ce qui redouble le drame de ceci qui s�appelle recherche et dont vous savez aussi que le statut pour moi n�est pas sans �tre suspect, nous sommes tout pr�s d�y revenir et de reposer la question du statut que nous pouvons donner � ce mot recherche derri�re 1equel s�abrite chez nous la plus grande mauvaise foi. Qu�est-ce que la recherche ? Rien d�autre que ce que nous pouvons fonder comme l�origine radicale de la d�marche de Freud concernant son objet, rien d�autre ne peut nous donner que ce qui appara�t comme le point de d�part irr�ductible de la nouveaut� freudienne, � savoir : la r�p�tition.

     C�est bien cette recherche qui est en quelque sorte r�p�t�e par la question que soul�ve ce que j�appellerai nos rapports, � savoir ce qu�il en est d�un enseignement qui suppose qu�il y a des sujets pour qui le nouveau statut du sujet qu�implique l�objet freudien est r�alis�; autrement dit qui suppose qu�il y a des analystes, c�est-�-dire des sujets qui soutiendraient en eux-m�mes quelque chose qui (p115 -> ) se rapproche d�aussi pr�s que possible de ce nouveau statut du sujet, celui que commande l�existence et la d�couverte de l�objet freudien. Le Sujet, ce serait ceux qui soient � la hauteur de ceci : que l�autre, le grand Autre traditionnel, n�existe pas, et pourtant il a bien une bedeutung, cette bedeutung pour tous ceux qui m�ont jusqu�ici assez suivi pour que les mots que j�emploie aient un sens, cette bedeutung, il suffit que je l��pingle ici de ce quelque chose qui n�a pas d�autre nom que celui-ci : � savoir la structure en tant qu�elle est r�elle.

     Si je fais �taler ces images sur lesquelles devaient aujourd�hui courir ma le�on, vous reconna�trez une fois de plus la bande de M�bius qui une fois coup�e en deux pour autant que �a ne la divise pas, la bande de M�bius une fois coup�e en deux qui se glisse en quelque sorte sur elle-m�me pour se redoubler de la fa�on la plus ais�e comme vous pouvez le constater, et � la fin du compte pour obtenir ce quelque chose qui est parfaitement clos, qui a un dedans et un dehors et qui est la quatri�me figure, qui est celle d�un tore.

     La structure c�est que quelque chose qui est comme �a est r�el. Ce qui est r�el sous le nom de structure est de la nature de ce qui est ici dessin�. Il y a en quelque sorte une substance structurale que ceci n�est pas une m�taphore, et que c�est dans la mesure o� � travers ceci est possible ce quelque chose que nous pouvons r�unir comme un ensemble du mot coupure, c�est ce � quoi nous avons � faire est existant. Qu�en est-il d�un enseignement qui suppose lui aussi, l�existence de ce qui n�existe pas, car il n�y a encore, selon toute apparence, nul analyste qui puisse dire, supporter en lui-m�me cette position du sujet.

  Qu�est-ce qui m�autorise � prendre la parole comme m�adressant � ces sujets encore non existants ? Vous voyez que les choses ne sont pas sans �tre support�es comme on le remarque en ricanant, de quelques suppositions dont le moins qu�on puisse dire sont dramatiques, ce n�est pourtant pas pour en faire du psychodrame. Nous avons � le clore d�une cl�ture logique.

     Quel que soit ce qui m�autorise, et peut-�tre pourrons-nous l�-dessus en dire un peu plus, il est clair que je ne suis pas seul, si j�avais � poser une question moi-m�me au Pr R. JAKOBSON, je donne ma parole que je ne la lui ai m�me pas en venant ici en voiture, laiss� entrevoir, ce n�est pas qu�elle me vienne maintenant, mais c�est maintenant qu�il me vient de la lui poser. Je lui demanderai si lui, dont l�enseignement sur le langage a pour nous de telles cons�quences, il pense lui aussi que cet enseignement est de nature � exiger un changement de position radicale au niveau de ce qui constitue le sujet chez ceux qui le suivent.

    Je lui poserais aussi la question de savoir, c�est une question tr�s ad ominem, si du fait m�me de ce que comporte d�inflexion, je ne veux pas employer de grands mots et je me garde de mots qui peuvent sugg�rer l�ambigu�t� qui s�attache au mot : asc�se, voire au mot qui tra�ne dans les romans de science-fiction : de mutation, certes nous n�en sommes pas � ces balivernes ! Il s�agit du (p116->) sujet logique et de ce qu�il comporte de discipline de pens�e chez ceux qui � cette position sont par leur pens�e introduits, est-ce que si les choses pour lui dans les cons�quences de ce qu�il enseigne vont aussi loin ? Est-ce que pour lui a un sens le mot disciple ? car je dirai pour moi, qu�il n�en a pas. En droit, il est litt�ralement dissout, �vapor�, par le mode de rapport qu�inaugure une telle pens�e, je veux dire que disciple peut �tre distingu� du mot de discipline. Si nous instaurons une discipline qui est aussi une nouvelle haie dans la pens�e, quelque chose qui le distingue de ceux qui nous ont pr�c�d�s en ceci : que notre parole n�exige pas de disciple.

       Si Roman veut commencer par r�pondre � moi, si �a lui chante..........

     Il est d�cid�, que les personnes ayant des questions � poser, les pr�senteront et M. Jakobson r�pondra ensuite.

Mme AUBRY � Psychanalyste � Psychiatre infantile

    Je voulais demander, �tant donn� que je m�int�resse particuli�rement aux probl�mes de difficult�s de lecture et d��criture, d�accession au langage �crit, de sa valeur symbolique, si dans ces difficult�s et en dehors des erreurs qui peuvent �tre rep�r�es comme des lapsus, il pense qu�une structure du langage se rapporte � la structure m�me du sujet, ou plus exactement � sa position vis-�-vis de l�autre.

    Je m�explique par des exemples d�ordre clinique : je ne lis pas l�allemand et je n�ai pu lire .........

   J�en ai retenu d�apr�s ce qui m�en a �t� dit, que par exemple les confusions des phon�mes : B-P � D-P � M-N sont des confusions existant lors de l�apprentissage de la parole, l�enfant apprenant les phon�mes dans un ordre d�termin� en commen�ant par les consonnes vocaliques, minimales communes � toutes les langues, puis �largissant son registre dans un ordre constant selon les caract�ristiques de la langue maternelle.

     Je pensais que la persistance de telles confusions � l��ge de l�apprentissage de la lecture pouvait marquer le d�sir de l�enfant de se maintenir dans cette position infantile. Que ceci se rapporte aussi dans une certaine mesure � la non accession au stade du miroir compris comme identification premi�re, narcissique, et avant qu�apparaisse le je.

     Or les carences maternelles, c�est-�-dire dans une certaine mesure l�absence de discours de l�Autre, entre 6 et 18 mois d�terminent l�incapacit� d�acc�der au stade du miroir � l�image du corps propre, et naturellement aux identifications. Elles ont pour corollaire constant, une d�ficience du langage, et certaines particularit�s de structure du langage, lorsque l�unit� du son, du mot, de la phrase n�est pas respect�e dans le langage oral comme dans le langage �crit, si cette rupture n�est pas celle d�un lapsus, est-ce qu�elle n��voquerait pas l�image morcel�e du corps et ce stade pr� narcissique ? De m�me les erreurs portant sur l�usage des pronoms personnels, ressortiraient � l�incapacit� � distinguer le je et l�autre, l�incapacit� (p117->) � distinguer les verbes d��tat et d�action, l��tre et l�agir, r�pondrait � ce statut non de sujet mais d�objet agi par l�autre. C�est la d�finition m�me de l�ali�nation.

     Toutes ces questions je me les pose non-seulement pour les dyslexies ; mais pour d�autres probl�mes en particulier pour les psychoses de l�enfant avant le stade du langage.

    Une derni�re chose : l�inversion dans les syllabes de deux ou trois lettres marquant effectivement une difficult� d�organisation  temporo-spatiale, mais tout enfant qui ne reconna�t pas la droite et la gauche de son propre corps de celui de l�autre � des chances d�avoir des difficult�s � l��crire. C�est plus �vident encore pour ceux qui �crivent en miroir. On peut supposer que l�enfant gaucher qu rencontre toujours l�autre en miroir, aura plus de difficult�s � franchir ce cap et qu�au niveau de l��criture la s�nestralit� favorise l�inversion.

  Le moment de l�accession au langage �crit est en principe contemporain de la r�solution du complexe d�Oedipe o� l�enfant dans la situation triangulaire a accept� et reconnu la loi du p�re, symbolique en m�me temps que loi sociale lorsque cette �volution n�est pas faite, est-ce que ce n�est pas l� le refus d�une incapacit� d�accession au savoir et � la repr�sentation symbolique ?

Melle L. IRIGARAY
  
Je voudrais demander � M. Jakobson comme il fait l�articulation entre le sujet de l��nonciation et le sujet de l��nonc�, ne croit-il pas qu�on peut pourrait faire �tablir une diff�renciation dans les chifters en fonction de cette articulation de l��nonciation � l��nonc�.

Dr OURY :
  
Je voudrais demander une pr�cision � M. Jakobson, depuis quelque temps, dans les probl�mes d�analyse des groupes � l�int�rieur des institutions on n'a pas tellement d�outils, de concepts th�oriques et on fait quelque fois usage d�une fa�on peut-�tre hasardeuse de notions linguistiques; depuis quelque temps, j�essaie d�introduire la notion de contexte pour essayer d�y voir un peu plus clair dans ce qu�on pourrait appeler l�effet de sens � l�int�rieur d�un groupe. Cette notion de contexte, j�aimerais qu�on puisse la pr�ciser davantage, je veux donner simplement quelques points de rep�re : j�ai �t� frapp� par l�usage assez pratique de votre article sur la po�tique, qui pourrait �tre tr�s utile dans la compr�hension de ce qui se passe dans les groupes. D�autre part, il semble que ce qui est en jeu dans une institution ce sont des messages po�tiques, c�est-�-dire une sorte de critique de phonologisme, et la mise en place d�un passage qui tienne compte de la syntaxe, autrement dit de la notion de message syntactique. Ce qui pose comme probl�me : les relations entre le plan s�mantique et le plan syntactique, est-ce qu�il y a l� un vrai probl�me, ou une s�rie de faux probl�mes ? En particulier avec toutes les notions actuelles (p118->) d�op�rateurs qu�on met en jeu entre le plan s�mantique et le plan syntactique, autrement dit, le remaniement syntactique, (c�est une image) des structures d�un groupe, changent le message et donnent un certain sens � ce qu�on fait dans l�institution.

     En restant dans cette perspective, est-il possible de mieux pr�ciser la notion de sujet de l��nonciation, cette notion de sujet de l��nonciation, peut-elle s�articuler clairement avec cette notion de contexte d�une part, et de message syntactique ?

M. MEDEZE :
    Ma question se situerait autour de la musique concr�te, c�est-�-dire la possibilit� d�entendre quelque chose qui n�avait pas �t� pr�vu, le support vocal hors de ce qui peut �tre de l�ordre du r�bus, si le support vocal est quelque part comme repr�sentant d�une position du sujet par rapport au corps de l�autre repr�sent� dans sa voix.

  Dr STOIANOFF :

    Historiquement la d�pendance prolong�e d�un groupe ethnique sur un autre pourrait-elle influer sur le langage du premier de faon � ce qu�on obtienne un discours tr�s particulier, comme dans la langue bulgare. Y a-t-il des facteurs historiques de d�pendance qui pourraient expliquer cette introduction dans la langue une fa�on de voir m�diatis�e.

M. JAKOBSON :

     Je me sens dans une position assez difficile parce que je ne m�attendais pas � parler, puisqu�il y a la gr�ve que c�est moi qui devrais parler, en dehors du contexte je ne sais pas ce qu�est une strike. Je r�pondrai plut�t en bloc. Que la question qui me para�t surtout rapprocher la question de la linguistique et de la psychanalyse, c�est vraiment celle du d�veloppement du langage chez l�enfant. L� il y a des probl�mes sur lesquels il faudra travailler chacun des deux domaines, ces questions ont un rapport de compl�mentarit�. Il faut saisir les deux aspects. Nous arrivons maintenant dans le domaine du langage enfantin, ce que nous voyons de plus en plus, c�est le grand pourcentage des ph�nom�nes universels, l�universalit� domine, que change m�me le probl�me de l�enseignement du langage parce que nous voyons maintenant que pour saisir n�importe quel langage, chaque enfant est pr�par� par un certain mod�le inn�, car la limite entre la nature et la culture change de place, on a pens� que dans la communication des animaux c�est uniquement le ph�nom�ne des instincts, les ph�nom�nes de la nature, tandis que chez l�homme c�est la question de l�enseignement, de la culture. Il se montre que la chose est bien plus compliqu�e. Qu�on a chez les animaux un grand  (p119-> ) r�le de ce mod�le inn�, de ces pr�dispositions, de cette possibilit� d�apprendre la langue qui existe � un certain �ge de l�enfance, qui existe quelques mois apr�s sa naissance, la possibilit� d�acqu�rir un code, et d�autre part, (c�est un ph�nom�ne plus curieux) c�est qu�� un certain �ge, l�enfant perd la capacit� d�apprendre sa premi�re langue. Si l�enfant �tait dans une situation artificielle, dans les premi�res ann�es de sa vie o� i1 n�aurait pas connu un langage humain il peut le regagner enti�rement, mis dans une situation normale, jusqu�� 7 ans � peu pr�s. Apr�s 7 ans il ne sera plus capable d�apprendre la premi�re langue. Tous ces ph�nom�nes sont importants et nous montrent que nous devons analyser chaque �tape de l�acquisition du langage du point de vue des ph�nom�nes biologiques, psychologiques et intrins�quement linguistiques. Permettez-moi de m�arr�ter � 2 ou 3 probl�mes touch�s ici.
  
Lorsque l�enfant commence � parler, il y a deux ph�nom�nes tout � fait r�volutionnaires du point de vue de la mentalit� de l�enfant. L�une de ces �tapes est celle de l�acquisition des pronoms personnels. C�est une grande g�n�ralisation c�est la possibilit� d��tre moi en un instant, et d�entendre l�autre devenir moi, vous connaissez cette discussion entre les enfants qui lorsqu�ils apprennent les pronoms disent : ce n�est pas toi qui es moi, c�est moi qui est moi et toi tu n�es que toi etc... D�autre part, l�incapacit� de certains enfants quand ils ont appris le pronom de la premi�re personne de parler d�eux-m�mes et de dire leur propre nom, car l�enfant pour lui-m�me n�est que moi. Ces choses changent l�enfant compl�tement.

  Je me souviens lorsque des professeurs et Mme KAST qui sont venus au d�but de la derni�re guerre � Stockholm, m�ont montr� un enfant qui �tait �gocentrique d�une fa�on �tonnante, il voulait tout dominer, avoir toutes les maisons, !es jouets, etc... Je l�ai �tudi� du point de vue linguistique et je me suis aper�u qu�il n�avait aucune trace de pronom personnel: Je leur ai dit enseignez-lui le pronom personnel, il saura ses limites, il saura que ce n�est pas lui l�unique, qu�il y a l��change, le moi n�est que l�auteur du message en question. Ca a march�.

    Il y a une autre op�ration, celle qui est la question du changement dans la vie linguistique d�un enfant. Il y a un cas connu qu�on conna�t dans les pays tr�s diff�rents, d�un enfant de 3 ans qui accourt vers son p�re et dit : le chat aboie, le chat : ouah, auah. Si le p�re est p�dant, il dit : non, c�est le chien qui boit et le chat qui fait miaou. L�enfant pleure, on lui a d�truit son jeu. Si le p�re au contraire dit : oui, le chat aboie, maman dit miaou etc, l�enfant est tr�s heureux. J�ai racont� cette histoire � Cl. LEVY-STRAUSS, peu de temps apr�s il a son gar�on qui avait trois ans � l��poque qui est venu faire la m�me chose, LEVY-STRAUSS a voulu faire le p�re lib�ral, il n�a pas r�ussi, car son fils consid�rait ce jeu comme un privil�ge d�enfant et le p�re a d� parler d�une autre fa�on.

  (p120->) De quoi s�agit-il ? de la d�couverte que fait l�enfant � un certain �ge, 1a d�couverte de la pr�dication. On peut attacher � un sujet un pr�dicat et la chose essentielle est qu�on peut attacher au m�me sujet divers pr�dicats et le m�me pr�dicat peut �tre employ� par rapport aux divers sujets, le chat court, dort, mange, il aboie aussi, la question est que l�enfant comprend que la pr�dication ce n�est plus la d�pendance d�un conte, la pr�dication c�est d�j� une libert� individuelle, alors l�enfant emploie de fa�on exag�r�e cette libert�. L�enfant ne conna�t pas la d�finition de la libert� donn�e par l�Imp�ratrice Russe, CATHERINE, que la libert� c�est le droit de faire ce que les lois permettent. Alors le chat aboie. Nous retrouvons les m�mes probl�mes dans l�aphasie, dans l�anthropologie parce que dans certains peuples le fait d�attribuer des actions aux animaux, ou d�attribuer les actions de certains types d�animaux aux autres, est consid�r� comme un p�ch� comme par exemple chez les Dayates, et qui est puni comme l�inceste. C�est justement l� que la libert� veut rompre la loi.

     Si on veut discuter sur la question du d�veloppement phonologique, nous nous trouvons devant les m�mes probl�mes de ces diff�rents stades, et je pourrais dans une discussion plus d�taill�e vous montrer les �tapes, les r�gles universelles, la possibilit� de d�velopper une certaine libert� parce qu�il n�y a pas de r�gle universelle, il y a l� aussi la question importante de l�ordre temporel, non pas des acquisitions, mais l�ordre temporel d�une s�quence, d�une s�rie, d�un groupe, des lois.

     Pour la lecture on se trouve dans un nouveau domaine, il ne faut pas oublier que la lecture et l��criture c�est toujours une super structure; une structure secondaire, si on ne parle pas, c�est de la pathologie, si on ne lit pas, c�est de l�analphab�tisme (si on n��crit pas non plus) d�apr�s les derni�res statistiques de l�UNESCO dans 60 % de la population du monde, ce ph�nom�ne existe. Il ne faut pas oublier que ce sont des ph�nom�nes compl�tement diff�rents, c�est-�-dire que l��criture, la lecture, renvoient d�j� � la base qui est le langage parl�, mais ce qui ne veut pas dire que l��criture est simplement un miroir du langage parl�. Il y a de nouveaux probl�mes qui apparaissent, et l�un de ces probl�mes, c�est la question de l�espace ? L��criture n�est pas seulement temporelle, mais aussi spatiale, et ce qui appara�t c�est la question droite-gauche, gauche-droite, �a introduit une quantit� de principes nouveaux, qui du point de vue par exemple, de la structure de l��criture, ce qui est le plus int�ressant c�est l�analyse de diff�rentes formes de dyslexies et d�agraphie. qui montrent les m�canismes et les d�viations individuelles et personnelles et les d�viations mentales, ces d�viations sont en rapport. Pour la question du rapport entre le probl�me s�mantique et le probl�me syntactique, je crois de plus en plus, que nous voyons l�opposition de ces deux ph�nom�nes qui risque de devenir trop rigides, dans le domaine syntactique il s�agit d�ordre de combinaisons, de groupements, mais chaque combinaison s�oppose  (p121->) � une autre combinaison possible et les rapports entre ces deux ph�nom�nes syntactiques est n�cessairement un ph�nom�ne s�mantique. Nous sommes aussi n�cessairement en m�me temps dans le domaine du s�mantique et du syntactique et du grammatical.

Il est impossible de s�parer ces choses. Pour un linguiste en g�n�ral, il n'y a pas de ph�nom�ne dans le langage qui ne poss�de pas un aspect s�mantique, la signification est un ph�nom�ne qui concerne n'importe quel niveau de langage, vous savez qu'il y a ce probl�me qui a �t� pos� de tr�s belle fa�on, la plus belle peu-�tre dans l'ancienne doctrine des grammairiens et philosophes du langage Hindou, c'est que la langue a plusieurs articulations, et particuli�rement une articulation selon cette vielle terminologie hindoue, la double articulation des �l�ments qui ne sont pas significatifs mais qui sont n�cessaires pour construire des unit�s significatives.

Ces �l�ments qui ne sont pas significatifs, ils sont comme l'a bien dit les hindous, et comme �a l'a �t� r�p�t� au Moyen-Age, dans la linguistique moderne d�s les ann�es trente, c'est que les �l�ments sont distinctifs, et participent � la signification, si on ne respecte pas ces �l�ments on obtient l'effet d'une homonymie. La signification commence d�s le d�but, et le ph�nom�ne ou le trait distinctif, sont �galement des signes, des signes d'un autre niveau, des signes auxiliaires, mais quand m�me des signes.

Si on me demande quel est le probl�me le plus actuel de la linguistique, le probl�me interdisciplinaire, envers la psychologie, la psychanalyse, l'ethnologie, c'est le probl�me du contexte.

Le contexte a deux aspects : le contexte verbalis� qui est donn� dans le discours et le contexte non verbalis�, la situation, le contexte non verbalis� mais toujours verbalisable.

Je pense que cette question de verbalisation, je ne dis pas que la psychanalyse se r�duit au  probl�me de la verbalisation, mais ce que la psychanalyse a en commun avec la linguistique c'est que le probl�me de la verbalisation joue le r�le essentiel, principal dans ces deux domaines. Maintenant au sujet de l'�nonciation et au sujet de l'�nonc�, pour que cette distinction soit atteinte, l'enfant a besoin d'�laborer les pronoms personnels, mais c'est un probl�me plus compliqu�.

C'est un probl�me en g�n�ral de l'�nonciation qui implique des citations, et quand nous parlons, ou bien nous disons : Jean a dit �a, ou comme l'a dit Jean, on pr�tend que, ou bien nous ne citons pas, mais nous disons des choses que nous n'avons pas vues, et qui dans un certain ordre doivent avoir des suffixes sp�ciaux, "nous l'avons entendu dire", nous n'avons pas vu comment Jules C�sar a �t� tu�, mais si nous en parlons c'est que nous citons. Si nous analysons mieux nos �nonciations, nous nous apercevons que la question des citations joue le r�le (p122->) primaire, essentiel. L�oratio, direct, l�oratio obliquae, ce sont des probl�mes plus larges que la place qui leur est indiqu�e par la grammaire classique. C�est un des probl�mes qui n�est pas encore �lucid� jusqu�au bout. C�est une question que le psychanalyste et le linguiste doivent travailler ensemble.
    Un ph�nom�ne tr�s curieux c�est qu�en Bulgare, on a de diff�rentes formes verbales pour indiquer le ph�nom�ne dont on est s�r qu�on a vue et les ph�nom�nes qu�on suppose, qu�on a ou�-dire. La question se pose de savoir pourquoi en Bulgare cela a �t� d�velopp�, il y a des raisons historiques � ce surgissement. C�est justement l�influence d�une langue sur une autre langue : du Turc sur le Bulgare et sur certaines autres langues. Question int�ressante non seulement du point de vue historique, mais du point de vue structural, chaque conte verbal, chaque langue n�est pas une langue monolithique, chaque langue suppose plusieurs sub contes, et chez les bilingues c�est la possibilit� de parler en deux langues diff�rentes, et il n�y a pas de courtine de fer entre les deux langues qu�on emploie, il y a l�interaction, le jeu des deux langues, il y a un ph�nom�ne important qui joue un r�le, c�est comment une langue du bilingue change par l�autre langue. Il y a une quantit� de possibilit�s. C�est le prob1�me de notre attitude envers les langues qu�on parle.

 

    Si par exemple, je parle de ma g�n�ration des intellectuels russes, je dois dire que pour notre g�n�ration, nous avons pu �tre bilingues, ou avoir plusieurs langues : russe et allemand, russe et anglais, mais c��tait une impossibilit� du code du russe d�employer dans le m�me message le russe et l�anglais, le russe et l�allemand, introduire des mots, des expressions allemandes dans une phrase russe �tait consid�r� comme un ph�nom�ne comique. Tandis qu�on pouvait introduire tant de phrases, tant de mots fran�ais dans le russe, comme vous le savez par la � guerre et la paix � de TOLSTO�, c��tait possible. �a choque parfois en France quand je dis du point de vue de ma g�n�ration des intellectuels russes, le fran�ais n��tait pas une langue, mais simplement un style du russe parl�. C�est important ces rapports entre les langues, �a montre que l�attitude est diff�rente, qu�un mot joue un grand r�le dans toute l�attitude non seulement envers les langues et leur structure, envers la culture etc...

    Cette question de la complexit� du code joue un r�le essentiel.

    Par exemple ce ph�nom�ne bulgare qu�est-ce que �a change ? Dans les ph�nom�nes grammaticaux que nous employons, les ph�nom�nes grammaticaux qui apparaissent dans une langue, chacun a sa fonction, mais si on parle l�autre langue on peut tr�s bien exprimer ce qui est absent dans la grammaire de la premi�re langue. Si je parle du bulgare, le fran�ais ou le russe : je peux tr�s bien dire j�ai vu le bateau venir, ou bien je crois que le bateau est arriv�. Il y a l� une grande diff�rence qui s�est donn�e dans la grammaire ou si c�est seulement une possibilit� de l�expliquer par des moyens lexicaux.  

  (p123->) Pour illustrer cette diff�rence j�emploie toujours un exemple tr�s simple :  

Si je raconte en anglais que j�ai pass� la derni�re soir�e avec neighbour avec un voisin. Si on me demande : est-ce que c��tait un homme ou une femme ? Je me dois de r�pondre : is not your business. Tandis que si je le dis en fran�ais je dois dire que c��tait un voisin ou une voisine. Ce que nous devons dire et ce que nous pouvons omettre, ce n�est pas ici dans cet auditoire que je dois expliquer l��norme diff�rence...
    La question de mon ami que j�admire tellement et dont les travaux sont pour moi toujours une source d�instruction, je me sens, pour employer le mot du Docteur LACAN, je me sens son disciple. Je dois dire que j�ai de grandes difficult�s � r�pondre � sa question. Je voudrais qu�il me la formule de fa�on plus br�ve, sinon sa demande pour  r�pondre (d�) un livre aussi volumineux que son dernier livre. Je lui promets de r�pondre � cette question � mon prochain voyage � Paris.

  Dr LACAN :
    Est-ce que vous pensez qu�un linguiste form� � la discipline linguistique, cela engendre chez lui une marque telle que son mode d�abord de tous les probl�mes est quelque chose qui porte un cachet absolument original. Vous �tes celui qui transmettez cette sorte de discipline qui est la plus proche de la n�tre, est-ce que le mode de rapports que fait surgir chez vous, du fait que vous �tes celui qui transmet cette discipline, est-ce que pour vous c�est quelque chose qui est de la dimension de ce que c�est qu��tre un disciple est quelque chose d�essentiel d�exigible et qui compte pour vous.

  Pr JAKOBSON :

    Je r�pondrai � cette question de la m�me fa�on que j�ai r�pondu � celle de la diff�rence entre les structures grammaticales des diverses langues. C�est possible pour un linguiste de t�cher de cesser � certains moments, d��tre seulement linguiste et de voir les probl�mes d�un autre c�t�, sous l�aspect d�un psychologue, d�un anthropologue, etc. Tout cela est possible, mais la pression de la discipline est �norme. Quel est le type mental du linguiste, c�est curieux qu�un linguiste, �a n�existe presque pas, qu�on devient linguiste. Les psychologues ont montr� que les math�matiques, la musique, sont des pr�occupations des capacit�s qui apparaissent � l��ge enfantin, si vous lisez les biographes des linguistes vous voyez qu�on les voit d�j� pr�dispos�s � devenir linguistes � 6 � 7 -8 ans. C�est l�avis de Saussure, d�une grande quantit� de linguistes.

  (p124->) Qu�est-ce que �a veut dire ? Je me permets de dire que la grande majorit� des enfants sait tr�s bien peindre et dessiner, mais � un certain �ge, la majorit� perd cette capacit� et ceux qui deviennent des peintres gardent une certaine acquisition infantile, un certain trait infantile.

    Le linguiste c�est un homme qui garde une attitude infantile envers la langue, que la langue elle-m�me int�resse le linguiste comme elle int�resse l�enfant, elle devient pour lui le ph�nom�ne le plus essentiel dans une complexit�, et cela permet au linguiste de voir les rapports internes, les lois structurales de la langue, mais il y a l� aussi un danger, que le rapport entre ce qui est le 1angage et les autres ph�nom�nes peuvent �tres d�form�s facilement, � cause de l�accent un peu trop unilat�ral pos� sur la langue. C�est l� qu�est 1a grande n�cessit� du travail qu�on appelle de ce terme bien ambigu, bien vague mais important en m�me temps : celui de l�interdisciplinaire.

  Mes exp�riences � New-York, mes rencontres avec les psychanalystes, un anthropologue comme LEVY-STRAUSS, moi et quelques autres linguistes, quand nous discutions nos probl�mes j�ai vu qu�il �tait important de devenir pour un instant le disciple de ces autres disciplines pour voir la langue de dehors comme on voit la terre de dehors en montant dans un spoutnik. 

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J.LACAN Haut de Page
]
[../../erreurs.htm commentaire]

texte revu le 3 juin 2001