Text/Jacques Lacan/LF10051967.htm

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J.LACAN                    gaogoa

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XIV- La logique du fantasme. 1966-1967

version rue CB

10 Mai 1967                        [#note note]  

(p245->) Je veux tout d'abord vous annoncer qu'� mon grand regret, je ne ferai pas ce s�minaire mercredi prochain, pour la raison qu'il y a la gr�ve, qu'apr�s tout, j'entends, pour ma part, la respecter, outre les incommodit�s que cela nous donnerait, il n'y aura donc de prochain s�minaire que dans 15 jours : le 24 mai.

    Quelqu'un a-t-il quelque observation � me faire sur ce que je vous ai communiqu� � la derni�re s�ance ? Quelqu'un s'est-il fait une r�flexion concernant ce que j'ai �crit au tableau ? Il ne semble pas. Je ne sais pas si je dois ou non en respirer, est-ce � cause de la profonde distraction avec laquelle on re�oit ce que je fais inscrire ? Je me suis fait en rentrant chez moi un sang d'encre, pour avoir �crit au tableau la formule de "a" 5.jpg, et tout de suite apr�s la valeur de File:52.jpg je me suis livr� � quelques plaisanteries sur la table de logarithme, j'aurais mieux fait de vous pr�ciser que ce que j'�cris l�, n'�tait pas la valeur de � a � mais de File:Rac5.jpg. On ne s'imagine pas que � a � c'est 2,... C'est un chiffre plus �lev� que 6/ l0�me, ceci est utile � conna�tre quand vous voulez inscrire ses longueurs, ses lignes dont je me sers et mettre dans une proportion exacte la longueur du "a" � c�t� de la longueur d�finie pour �quivaloir � l'unit�.

    La seconde erreur que j'ai faite, c'est � la suite d'une longue s�rie d'�galit�s, nomm�ment celle qui s'inscrit par Kriz pobliz vesnice Rouchovany.jpg, � la fin j'ai �crit 1 a alors que c'�tait 1-a.jpg qu'il fallait �crire.  

    Nous continuons de nous avancer dans l'objet de cette ann�e et bien s�r, cette logique que j'�labore sous le nom de logique du fantasme a une fin que j'ai plusieurs fois d�finie, et dont il faut qu'elle vienne � s'appliquer � quelque chose qui ne saurait �tre qu'une oeuvre de criblage, m�me � proprement parler de critique contre ce qui est avanc� � un certain niveau d'exp�rience et sous une forme th�orique qui parfois pr�te � d�faut.

    (p246->) Dans ce dessin j'ai ouvert � votre usage l'ouvrage qui ne m'avait pas manqu� de nous para�tre important au moment o� il a surgi, il est accessible � tout le monde, puisqu'il a �t� traduit en fran�ais sous le nom de la n�vrose de base, de quelqu'un qui ne manque ni de talent, ni de p�n�tration et qui s'appelle M. BERGLER. Ouvrage que je vous recommande, � titre d'exemple, de support occasionnel de ce � quoi peut servir notre travail ici. En vous le recommandant � titre d'exemple, ce n'est pas vous le recommander � titre de mod�le. C'est pourtant un ouvrage d'un grand m�rite, ce n'est pas certes par ces voies que nous verrons d'aucune fa�on s'�clairer ce qu'il en est de la nature de la n�vrose. Ce n'est pas dire non plus qu'il ne soit pas l�, aper�u quelque ressort essentiel.

    Les notions de structure qui sont ici mises en avant, et qui, d'ailleurs, au sens o� j'emploie ce mot, ne sont pas le privil�ge de cet auteur, ce qui s'�nonce dans la notion de couche que pour la m�me raison en �tage superficiel ou profond ou inversement du profond au superficiel. Celle nomm�ment dont part l'auteur, c'est � savoir que dans les cas qu'il envisage, mais encore faut-il ajouter, qu'il les consid�re de beaucoup comme les plus nombreux dans la n�vrose, les cas d�finis � son sens, dans ce qu'il appelle la r�gression orale, se d�finissent par quelque chose, qu'apr�s tout je n'ai pas de raison - puisque c'est le r�sum� en quelques lignes - de ne pas emprunter � son texte, "les n�vros�s font surgir constamment la situation du triple m�canisme de l'oralit� que voici :

    1) je me cr�erai le d�sir masochique d'�tre rejet� par ma m�re, en cr�ant ou d�formant des situations dans lesquelles quelques substituts de l'image pr�-oedipienne de ma m�re refusera mes d�sirs. Ceci est la couche plus profonde, celle dont l'acc�s est le plus difficile, celle contre la r�v�lation de laquelle le sujet se d�fendra le plus fortement et le plus longtemps. Ceci pour les auditeurs les plus novices de cette salle.

    2) Je ne serai pas conscient de mon d�sir d'�tre rejet� et de ce que je suis l'auteur de ce rejet, je verrai seulement que j'ai raison de me d�fendre. Mon indignation est bien justifi�e ainsi que la pseudo-agressivit� que je t�moigne en face de ces refus.

    3) Apr�s quoi, je m'apitoierai sur moi‑-m�me, en raison de ce qu'une telle �injustice� ne peut arriver qu'� moi et je jouirai une fois de plus d'un plaisir masochique�.

    Je passe sur ce que Bergler y ajoute de ce qu'il appelle le point de vue clinique, singuli�re diff�renciation d'ailleurs qu'il consid�re comme r�sumant la gen�se du triple �l�ment g�n�tique, cette forme ou aspect clinique se d�finissant pour nous par l'intervention d'un surmoi dont la vigilance consiste pr�cis�ment � maintenir la pr�sence l'�l�ment qu'ici il d�signe comme masochique, comme �l�ment toujours actif dans le maintien de la d�fense.

(p247->) Ce second point de vue est en lui-m�me � discuter et je ne le ferai pas aujourd'hui. Ce que, aujourd'hui, sur ce sujet, j'avance est ceci : que nulle part, n'est articul� en quoi ceci - qui au reste est juste que dans la pulsion orale le sujet dit-on, veut �tre refus� - pourquoi il n'est pas vrai de dire que la pulsion orale consiste � vouloir obtenir nomm�ment le sein. Si l'observation est fond�e, dans sa position radicale, dans nul point de ce travail de Bergler il n'est de quelque fa�on rendu compte de ce que ceci veut dire au regard d'une pulsion d�finie comme orale et pourquoi en quelque sorte au d�part, ce qui en semble la tendance, disons, naturelle est ainsi renvers�e. Point important en ceci que de sa position naturelle que le sujet  arguera pour soutenir cette agressivit� que Bergler d�nomme justement pseudo, car ce n'est pas une, laissant ouvert ce dont il s'agit au niveau d'une agressivit� qui ne serait pas pseudo.

    Comme sur ce sujet, j'ai introduit un registre qui est � proprement parler celui du narcissisme, �quivalent � ce que dans la th�orie ordinairement re�ue on appelle narcissisme secondaire, j'ai mis l'agressivit� comme �tant sa dimension constitutive et comme distincte � ce titre de la pure et simple agression, nous nous trouvons l� dans un �ventail de notions depuis celle pr�tendue d'agression qui ne convient en presque aucun cas quand il s'agit de ph�nom�nes n�vrotiques. celui d'agressivit� narcissique, enfin de cette pseudo-agressivit� que sp�cifie Bergler comme ressortant � un certain niveau de la n�vrose orale.

    Je pointe simplement ces distinctions sans leur donner, pour l'instant, leur d�veloppement complet. Quoiqu'il en soit la question se pose de ce qu'il convient de maintenir comme le statut jusqu'� pr�sent d�fini comme agressif d'un certain temps le la pulsion orale et pourquoi, dans la n�vrose orale, cet accent de l'�tre r�f�r� est pos� par Bergler comme �tant la plus radicale. La port�e de ma remarque n'est pas d'en trancher quant au fait, qu'en trancher impliquerait de chercher de quoi il parle, � savoir de quelle n�vrose, de quel moment. Mais ceci qui manque dans un th�orique � savoir : s'il n'y aurait pas � se pencher au point o� ici les choses s'arr�tent, � savoir : sur ce que veut dire et pourquoi est pertinent le terme d'�tre refus�. �tre refus� sugg�re quelque suspens, questionnant, �tre refus� � quel titre ? �tre refus� en tant que quoi ? Ce n'est tout de m�me pas pour nous � le supposer au seuil de la th�orie analytique, chose nouvelle que ce qui se passe quand nous nous pr�sentons dans une relation, par exemple, qu'on qualifiera d'intersubjective.

    Vous savez � cet �gard ce qui a pu �tre avanc� dans un certain mode de pens�e qui est celui h�g�lien, dont Sartre, lui-m�me, d�tachant un rameau, a mis en valeur l'accent qu'� un certain niveau il peut prendre, comme celui qui a �t� qualifi� de l'exclusion radicale et mutuelle des consciences, du caract�re incompatible de leur coexistence, que c'est ou lui ou moi qui surgirait d�s qu'� proprement parler appara�t la dimension du sujet.

    C'est assez dire, aussi, combien ce relief, dont sous la port�e des (p248->) critiques, on peut avancer dans la gen�se initialement prise dans la lutte � mort, lutte � mort qui prend son statut de cette conception radicale du Sujet comme absolument autonome, comme celle de Bewustheit; est-ce de quelque chose de cet ordre qu'il s'agit ? Il ne semble pas puisque tout ce que nous apporte l'exp�rience analytique concernant le stade dit oral y fait intervenir une autre dimension, nomm�ment cette dimension corporelle de l'agressivit� orale, du besoin de mordre et de la peur d'�tre d�vor�.

    L�tre refus�, est-il � prendre, dans cette occasion, comme concernant l'objet. A la v�rit�, on en verrait facilement la justification en ceci : qu'�tre refus� serait, dans ce registre, � proprement parler, se sauver soi-m�me de l'engloutissement du partenaire � lui-m�me. Ce serait pour-�tre aussi un peu trop simple que de r�pondre ainsi � la question du statut de l'�tre refus�, et dire que c'est trop simple est suffisamment soulign� par ceci deux fois r�p�t� dans les lignes que je viens de vous lire de Bergler, et qui associe � cette n�vrose orale comme �tant essentielle la dimension du masochisme. L'�tre refus� en question est un refus de d�faite est un refus humiliant �crit encore l'auteur et c'est en ceci qu'il se permet d'introduire l'�tiquette de masochisme, qu'il qualifie de masochisme psychique, en l'occasion, consacrant en quelque sorte un usage arbitraire du terme de masochisme dont je ne dis pas qu'il n'y est pas dans tel texte de Freud pr�texte � l'introduire, mais qui est pris dans cet usage o� il est maintenant de plus en plus courant et � proprement parler : ruineux. L'allusion � la r�f�rence � l'objet au niveau de ce refus est l� ce qui pourrait justifier l'introduction de la dimension du masochisme � ce niveau. Il est inexact de dire que ce qui caract�rise le masochisme c'est le c�t� p�nible, assum� comme tel dans une situation. Aborder les choses sous cet angle aboutit � cet abus de faire, de la dimension sado-masochiste, le registre essentiel par exemple de toute la relation analytique. Il y a l� une v�ritable perversion autant de la pens�e de Freud que de la th�orie et de la pratique et ceci est � proprement parler insoutenable quand la dimension du masochisme est d�finie, sans doute par le fait que le sujet assume une position d'objet au sens le plus accentu� de ce que nous donnons au mot objet, pour le d�finir comme cet effet de chute de d�chet, de reste de l'av�nement subjectif, le fait que le masochiste instaure une situation r�gl�e � l'avance, dans ses d�tails, qui pour aller jusqu'� le faire s�journer sous une table dans la position d'un chien, ceci fait partie d'une mise en sc�ne, d'un sc�nario qui a son sens et son b�n�fice qui est, incontestablement, au principe d'un b�n�fice de jouissance quelque note que nous puissions y ajouter concernant le maintien, le respect de l'int�grit� du principe du plaisir. Que cette jouissance soit �troitement li�e � une man�uvre de lAutre, qui s'exprime le plus commun�ment sous la forme du contrat, - quand je dis du contrat, je dis du contrat �crit -est quelque chose qui dicte tout autant � lautre et bien plus � lAutre qu'au masochiste lui-m�me, sa conduite, c'est ceci qui doit nous instruire concernant le rapport qui donne sa sp�cificit�, son originalit� � la perversion masochique et qui est hautement faite pour nous �clairer jusqu'en son fond sur la part o� joue lAutre au sens o� j'entends ce terme, j'entends lAutre, lieu o� se d�ploie dans l'occasion une parole qui est une parole de contrat. R�duire l'usage du terme masochique apr�s cela � �tre quelque chose qui (p249->) se pr�sente simplement comme �tant une exception, une aberration � l'acc�s du plaisir le plus simple, est quelque chose de nature � engendrer tous les abus dont le premier est ceci, pour lequel je ne croirai pas employer un terme trop fort, ni inappropri� en relevant dans les lignes de Bergler d'un bout � l'autre de ce livre remarquable, rempli d'observations tr�s fouill�es et toutes tr�s instructives, de relever pourtant ce quelque chose que j'appellerai une exasp�ration qui n'est pas loin de r�aliser une attitude m�chante � l'�gard du malade, tous ces gens qu'il appelle, comme si c'�tait l� un grand tort de leur part, collectionneurs d'injustices, - comme si nous �tions apr�s tout, dans un monde o� la justice soit un �tat si ordinaire qu'il faille vraiment y mettre du sien pour avoir � se plaindre de quelque chose ! - Ces collectionneurs d'injustices, chez qui, assur�ment, il d�c�le leur op�ration la plus secr�te dans le fait d'�tre rejet�s, mais apr�s tout, nous ne pouvons pas ne pas nous-m�mes �mettre contre Bergler cette id�e que dans certains cas - apr�s tout �tre rejet� comme nous l'avons d�j� d'ailleurs suffisamment montr� dans le fantasme, c'est autre chose, je parle ici de la r�alit�, il vaut mieux de temps en temps �tre  rejet�   qu'�tre accept� trop vite, telle personne qui ne demande qu'� vous adopter, ce n'est pas toujours la meilleure solution, on ne peut pas toujours y �chapper. Pourquoi cette partialit� qui, en quelque sorte, implique qu'il serait dans la nature des choses dans leur bonne pente de faire toujours tout ce qu'il faut pour �tre admis, ceci supposant qu'�tre admis, c'est toujours bienfaisant. Ceci n'est pas sans �tre de nature inqui�tante, pour ne pas nous para�tre � l'occasion, � pointer pour remarquer que telle chose qui peut se passer dans le monde, comme dans certain petit district de l'Asie du Sud-Ouest, de quoi s'agit-il ? Il s'agit de convaincre certaines gens, qu'ils ont bien tort de ne pas vouloir �tre admis aux bienfaits du capitalisme, ils pr�f�rent �tre rejet�s. C'est � partir de ce moment, semble-t-il, qu'on devrait se poser des questions qui ont une certaine signification.

     Celle-ci par exemple, qui nous montrerait, mais ce n'est pas aujourd'hui que je ferai ce pas, si Freud a �crit quelque part que l'anatomie c'est le destin, il y a peut-�tre un moment o� quand on sera revenu � une saine perception de ce que Freud nous a d�couvert, on dira, je ne dis pas la politique c'est l'inconscient, mais simplement l'inconscient, c'est la politique. Je veux dire, que ce qui lie les hommes entre eux et ce qui les oppose est pr�cis�ment un c�t� de ce dont nous essayons d'articuler pour l'instant, la logique. C'est faute de cette articulation logique que ces glissements peuvent se produire, qui font qu'avant de s'apercevoir que pour �tre rejet� soit essentiel comme dimension pour le n�vrotique, il faut en tous cas ceci : qu'il s'offre. Comme je l'ai �crit quelque part, aussi bien le n�vrotique que ce que nous faisons nous-m�mes, et pour cause, puisque ce sont ces chemins que nous suivons, �a consiste avec de l'offre � essayer de faire de la demande, une telle op�ration ni dans la n�vrose, ni dans la cure analytique ne r�ussit pas toujours, surtout si elle est conduite maladroitement. Ceci est aussi d'ailleurs, de nature, car nul discours analytique est sans pr�senter pour nous l'occasion de nous apercevoir, en l'interrogeant, de ce qu'il implique dans un certain discours innocent, o� il ne sait jamais, ce discours analytique, jusqu'o� il va dans ce qu'il articule; ceci nous permettrait de nous apercevoir en effet que si la cl� de la position n�vrotique tient (p250->� ce rapport �troit � la demande de l'Autre en tant qu'il essaie de la faire surgir, c'est bien comme je le disais, c'est parce que lui s'offre et que nous voyons du m�me coup le caract�re fantasmatique et donc caduque de ce mythe introduit par la pr�cherie analytique et qui s'appelle l'oblativit�. C'est un mythe de n�vros�.

    Qu'est-ce qui motive ces besoins qui s'expriment dans ces biais paradoxaux et toujours si mal d�finis ? Si on les rapporte purement et simplement au b�n�fice recueilli ou non � leur suite de la r�alit�, si on omet cette premi�re �tape essentielle et � la lumi�re seule de laquelle, je dis �tape, ce qui ressort de ce r�sultat dans le r�el, peut se juger, c'est l'articulation logique de la position n�vrotique, dans le cas pr�sent, aussi bien que toute les autres. Sans une articulation logique qui ne fait pas intervenir aucun pr�jug� de ce qui est � souhaiter pour le sujet, qu'en savez-vous ? Qu'en savez-vous si le sujet a besoin de se marier avec tel ou tel ? S'il a loup� son mariage � tel d�tour, si ce n'est pas pour lui une veine ? De quoi vous m�lez-vous ? Autrement dit, alors que la seule chose � quoi vous ayez � faire c'est � la structure logique de ce dont il s'agit. De ce dont il s'agit nomm�ment et quant � une position comme celle, pour la qualifier, du d�sir d'�tre rejet�, c'est � savoir ce que le sujet � ce niveau, poursuit, quel est pour le n�vrotique, la n�cessit�, le bienfait peut-�tre qu'il y a � �tre rejet�. Y �pingler de surplus le terme de masochique est dans l'occasion y introduire une note p�jorative, imm�diatement suivie d'une attitude directive de l'analyste, qui peut aller, jusqu'� l'occasion, devenir pers�cutive.

                Voil� pourquoi il est tout � fait n�cessaire de reprendre les choses comme j'entends le faire cette ann�e, et puisque nous y sommes, rappeler que si je suis parti de l'acte sexuel dans sa structure d'acte, c'est en relation � ceci : que le Sujet ne vient au jour par rapport d'un signifiant � un autre signifiant et que ceci en exige, de ces signifiants, le mat�riel; faire un acte, c'est introduire un rapport de signifiant, par contre, la conjoncture est consacr�e comme significative, c'est-�-dire comme une occasion de penser, met l'accent sur la ma�trise de la situation par ce qu'on imagine que c'est la volont� qui pr�side au fort-da du jeu de l'enfant, par exemple. Ce n'est pas le c�t� actif de la motricit� qui est l� la dimension essentielle, ce c�t� actif de la motricit� ne se d�ploie que dans la dimension du jeu, c'est sa structure logique qui distingue cette apparition du fort-da pris pour exemplaire et est devenu maintenant un bateau. C'est parce que c'est la premi�re th�matisation au signifiant sous forme d'opposition phon�matique de certaines situations qu'on peut qualifier d'actives, seulement au sens o� d�sormais nous appellerons actif ce qui a, au sens o� je l'ai d�finie, la structure de l'acte.

        La mise en question de l'acte dans cette relation, si distordue, cach�e, exclue, mise � l'ombre, qu'est la relation entre deux �tres appartenant � deux classes qui sont d�finitives pour l'�tat civil, et pour le conseil de r�vision puisque pr�cis�ment notre exp�rience nous a appris � voir pour n'�tre absolument plus �vidente, pour la vie familiale par exemple qui est assez brouill�e, ce qui d�finit l'homme et la femme, la th�orie et l'exp�rience analytiques apportent ici la notion de satisfaction, (p251->je veux dire comme essentielle � cet acte. Satisfaction - dans le texte de Freud : Befriedigung - ce qui introduit la notion d'une paix survenant. Cette satisfaction est-elle la satisfaction de la d�charge de la d�tumescence ? Satisfaction simple en apparence et tout � fait propre � �tre re�ue. N�anmoins il est clair que tout ce que nous d�veloppons en termes plus ou moins propres ou impropres, implique que la satisfaction, puisque nous distinguons celle qui serait de l'ordre pr�-g�nitale de celle qui est g�nitale, implique une autre dimension celle impliqu�e m�me par ces diff�rences. D'abord, assur�ment, qu'un terme comme celui de relation d'objet se soit ici impos� va de soi, ce qui n'�te rien au caract�re bouffon de ce qui se passe quand on essaie d'inscrire ce terme, de le varier, de l'�chelonner, selon le plus ou moins d'aise, o� s'inscrit la relation, car il ne s'agit de rien d'autre quand on distingue la relation g�nitale quand on parle de la pr�tendue tendresse dont on pourrait ais�ment, je me targue de le faire, dire qu'elle n'est en aucun cas que la r�version d'un m�pris, et d'autre part qu'on y accentue la pr�sence de la pr�tendue rupture voire du deuil. Le progr�s de la relation � sexuelle�, en tant qu'elle deviendrait g�nitale serait, qu'on aurait d'autant plus d'aise � penser du partenaire : � tu peux crever�.

        Reprenons les choses sur un autre plan, � quoi l'acte sexuel satisfait-il ? On peut r�pondre l�gitimement et simplement : au plaisir. Je ne connais qu'un seul registre o� cette r�ponse soit pleinement tenable, c'est un plan asc�tique qui est tenu dans l'histoire par Diog�ne qui fait le geste public de la masturbation, comme le signe cette affirmation th�orique d'un H�donisme en raison-m�me de ce mode de satisfaction cynique, qu'on peut consid�rer comme un traitement m�dical du d�sir. Il n'est pas sans se payer d'un certain prix, puisque j'ai introduit la dimension politique, chose curieuse, il est tout � fait sensible que ce type philosophique s'exclut lui-m�me, comme il se voit non pas seulement aux anecdotes mais � la position du personnage dans son tonneau, eut-il un visiteur comme Alexandre qui se paie d'une exclusion de la dimension de la Cit�.

        II y a l� quelque chose dont on aurait tort de sourire, c'est une face � proprement parler asc�tique, un mode de vivre, il n'est pas si courant qu'il para�t, je n'en sais rien, je n'ai pas essay�.

    Il ne faudra pas oublier ce lieu du plaisir, de la moindre tension. Seulement, il est clair qu'il n'est pas suffisant ce lieu que bien d'autres modes, une tr�s grande vari�t� de modes apparaissent de satisfaction au niveau de la recherche impliqu�e par l'acte sexuel. Celle � laquelle donne corps notre cours de cette ann�e est ceci : de l'impossibilit� de saisir l'ensemble de ces modes en dehors d'une scrutation logique, seule capable de rassembler dans leurs vari�t�s comme dans leur ampleur, les diff�rents modes de cette satisfaction. L'ensemble dont il s'agit qui instaure ce que nous appellerons provisoirement et sous r�serve un �tre masculin, et un �tre f�minin dans cet acte fondateur, que nous avons �voqu� au d�part de notre discours de cette ann�e, en l'appelant l'acte sexuel. Si j'ai dit qu'il n'y a pas d'acte sexuel c'est au sens o� cet acte conjoindrait sous une forme de r�partition simple dans la technique comme celle du serrurier constituant le pacte (p252->) si l'on peut dire, inaugural, par o� la subjectivit� s'engendrerait comme telle, m�le ou femelle.

    J'ai fait �tat en son temps, et en son lieu, du fameux � tu es ma femme�. Il ne suffit pas que je le dise pour que je reste son homme. Mais enfin, cela suffirait-il, que �a ne r�soudrait rien, je me fonde de ceci en quelque chose. C'est un v�u d'appartenance, d'un pacte de pr�f�rence, au minimum, �a ne situe absolument rien de l'homme ni de la femme. Tout au plus, peut-on dire que ce sont deux termes oppos�s, il est indispensable qu'il y en ait deux, mais ce qu'est chacun ou aucun est tout � fait exclu du fondement dans la parole quant � ce qui est de l'union matrimoniale si vous voulez de toute une certaine dimension, jusqu'� la dimension du sacrement, ne change absolument rien � ce dont il s'agit, c'est � savoir de l'�tre de l'homme ou de la femme. �a laisse en particulier, si compl�tement � c�t�, la cat�gorie de la f�minit�, puisque j'ai pris l'exemple de : tu es ma femme, qu'il n'est jamais mauvais de rapporter cet exemple, celui du ma�tre m�me de la psychanalyse dont on peut dire que pour lui, ce pacte a �t� extraordinairement pr�valent, la chose a frapp� tous ceux qui font approch�, uxorious, uxorieux, ainsi le qualifie Jones apr�s tant d'autres, mais dont apr�s tout, ce n'est pas un myst�re non plus que sa pens�e a but� jusqu'� la fin sur le th�me : que veut une femme, ce qui revient � dire, qu'est-ce �tre une femme.

        Il faut ajouter que depuis 67 ans les forgeries psychanalytiques n'ont rien fait pour que nous en sachions plus sur la jouissance f�minine, quoique de la femme, de la m�re, on ne sait pas trop comment on s'exprime, nous parlions sans arr�t. C'est quelque chose qui vaut qu'on le rel�ve. C'est pourquoi il est important de s'apercevoir, et ce sch�ma heuristique que je vous ai donn� sous la forme du : a - du 1 qui suit - et de l'autre, je vous rappelle ceci qui est la monnaie de ce que nous articulons � cours de journ�es : que l'acte sexuel implique un, �l�ment tiers � tous les niveaux, savoir, par exemple, que ce qu'on appelle la m�re, dans l'�dipe, � laquelle est accroch� tout le ravalement de la vie amoureuse, en tous cas l'interdit qui reste toujours pr�sent dans le d�sir de ce fait, ou encore, le phallus en tant qu'il doit manquer � celui qui l'a, c'est-�-dire � l'homme en tant que le complexe de castration veut dire quelque chose qui n'est pas encore mis au jour, puisqu'il implique que nous inventions � son propos, la port�e d'une n�gation sp�ciale, s'il ne l'a pas dans le registre et pour autant que l'acte sexuel peut exister, �a n'est pas dire pour autant qu'il le perde. Le sujet de cette n�gation pourra, j'esp�re, �tre abord�, avant la fin de cette ann�e.

    Que ce phallus, d'autre part, devient l'�tre du partenaire qui ne l'a pas, c'est ici que nous trouvons sans doute la raison, pourquoi Aristote, si soumis � la grammaire projective qu'il fut, nous dit-on � d�velopper, l'�ventail, la liste, le catalogue des cat�gories, apr�s avoir tout dit : la qualit�, la quantit�, etc, ce qui suit dans la baraque, n'a absolument pas soulev�, encore que la langue grecque soit, comme la n�tre, soumise � ce que Pichon appelle la sexui-semblance, � savoir qu'il y a le fauteuil et qu'il y a la photo. Amusez-vous � renverser l'orthographe �a vous (p253->) amusera sur une dimension tout � fait dissimul�e de la relation analytique : le photeuil, et la fauto...

    Quoiqu'il en soit, Aristote n'a jamais song� � soutenir � propos d'aucun �tant, de savoir s'il y avait une cat�gorie du sexe. Ou il n'�tait pas autant qu'on dit guid� par la grammaire, ou bien il y a une omission.

Quand j'ai parl� d'�tre masculin ou d'�tre f�minin, qu'il y avait l� un emploi fautif, � savoir que l'�tre, est-il, comme dit Pichon, insexuable, que la quiddit� du sexe est peut-�tre manquante, qu'il n'y a peut-�tre que le phallus, �a expliquerait bien des choses, en particulier, cette lutte sauvage qui s'�tablit autour et qui est la raison visible, sinon derni�re, de ce qu'on appelle la lutte des sexes. Je crois aussi, que l� encore la lutte des sexes est quelque chose auquel d'ailleurs l'histoire d�montre que ce sont les psychanalystes les plus superficiels qui s'y sont arr�t�s, n�anmoins il reste qu'une certaine Aleteia � prendre dans le sens avec l'accent que lui donne Heidegger, qui est peut-�tre � proprement parler � instaurer quant � ce dont il s'agit concernant l'acte sexuel. C'est ce qui justifie l'emploi par nous de ce sch�ma pour ne pas faire de confusion avec d'autres choses concernant la fonction de la coupure dont je vous ai dit parfois que telle que je la symbolise, je fais jouer le plan projectif, je pr�tends non pas faire une m�taphore, mais parler du support r�el de ce dont il s'agit. Ce a , ce un, cet Autre, cette trinicit� autour de laquelle

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peut et doit se d�velopper un certain nombre de points que nous avons � mettre en relief � ce propos, concernant ce qu'il en est, ce qui se rapporte au sexe, ce qui est du sympt�me et dont j'entends vous faire �couter, je ne saurais trop r�p�ter les choses quand il s'agit d'une cat�gorie nouvelle, r�p�ter ce qui va servir de base.

          Le Un pour commencer par le milieu, est le plus litigieux, concernant cette pr�tendue union sexuelle. C'est-�-dire le champ o� il est mis en question de savoir s'il peut se produire l'acte de partition que n�cessiterait la r�partition des fonctions d�finies comme m�le et femelle, nous avons dit d�j� avec la m�taphore du chaudron que j'ai rappel�e la derni�re fois, qu'il y a ici, provisoirement, quelque chose que nous ne pouvons d�signer que de la pr�sence d'un trou.

    Il y a quelque chose qui ne colle pas, qui ne va pas de soi, et qui est ce que j'ai rappel� tout � l'heure : l'ab�me qui s�pare toute promotion, toute proclamation de la bipolarit� m�le et femelle de tout ce que nous donne l'exp�rience concernant l'acte qui la fonde. C'est de l�, de ce champ Un, de ce Un fictif, de ce Un auquel se cramponne tout une th�orie analytique dont vous m'avez entendu � maintes reprises d�noncer les fallaces, il importe de poser que c'est de ce champ (p254->) d�sign�, num�rot�, non assum� comme unifiant, au moins jusqu'� ce que nous en ayions fait la preuve, que c'est de l� que parle toute v�rit� en tant que pour nous analystes et pour bien d'autres avant m�me que nous soyions apparus quoique pas bien longtemps pour une pens�e qui date du tournant marxiste, la v�rit� n'a pas d'autre forme que le sympt�me. Le sympt�me, c'est-�-dire la signifiance des discordances entre le R�el et ce pourquoi il se donne, l'id�ologie si vous voulez, mais � une condition c'est que pour ce terme, vous alliez jusqu'� y inclure la perception elle-m�me, la perception c'est le mod�le de l'id�ologie, c'est un crible par rapport � la r�alit�, pourquoi s'en �tonner, puisque tout ce qui existe d'id�ologie depuis que le monde est plein de philosophes, n'est jamais construite que sur une r�flexion premi�re qui portait sur la perception. J'y reviens, ce que Freud appelle, le fleuve de boue concernant le plus vaste champ de la connaissance, toute cette part de la connaissance inondante, dont nous �mergeons � peine pour l'�pingler du terme de connaissance mystique, � la base de tout ce qui s'est manifest� au monde de cet ordre, il n'y a que l'acte sexuel, envers de la formule : il n'y a pas d'acte sexuel. La position freudienne, il est tout � fait superflu de pr�tendre s'y rapporter en quoi que ce soit, si ce n'est pas prendre � la lettre ceci : qu'� la base de tout ce qu'a apport� jusqu'� pr�sent de satisfaction, la connaissance, je dis la connaissance, je l'ai �pingl�e ici pour la distinguer de ce qui est n� de nos jours sous la forme de la science, de tout ce qui est de la connaissance, il n'y a � son origine que la sexualit�.

                    Lire dans Freud qu'il y a dans le psychisme des fonctions  desexualis�es, �a veut dire qu'il faut chercher le sexe � leur origine, �a ne veut pas dire qu'il y a ce qu'on appelle en tel lieu, pour des besoins politiques, la fameuse sph�re non conflictuelle, par exemple, un moi plus ou moins fort, plus ou moins autonome qui pourrait avoir une appr�hension plus ou moins aseptique de la r�alit�.

            Dire qu'il y a des rapports � la v�rit�, je dis la v�rit�, que l'acte sexuel n'int�resse pas ceci, est proprement, ce qui n'est pas vrai, il n'y en a pas. Je m'excuse de ces formules � propos desquelles je sugg�re que leur tranchant peut-�tre un peu trop vivement senti, mais je me suis fait cette observation, d'abord que tout �a est impliqu� dans tout ce que j'ai �nonc�, pour autant que je sais ce que je dis, mais aussi cette remarque que le fait que je sache ce que je dis, �a ne suffit pas pour que vous l'y reconnaissiez, parce que dans le fond, la seule sanction de ce que je sais de ce que je dis, c'est ce que je ne dis pas, ce n'est pas mon sort propre, mais celui de tous ceux qui savent ce qu'ils disent. C'est cela qui rend la communication tr�s difficile - c'est ce qu'on dit et on le dit - mais dans bien des cas, il faut consid�rer que c'est inutile parce que personne ne remarque que le nerf de ce que vous avez � faire entendre, c'est justement ce que vous ne dites jamais. C'est ce que les autres disent qui continue � faire son bruit, et plus encore, entra�ne des effets, c'est ce qui nous force de temps en temps et m�me plus souvent qu'� notre tour, � nous employer au balayage, une fois qu'on s'est engag� dans cette voie, on a aucune raison de finir, il y a eu autrefois un nomm� Hercule qui a, para�t-il, achev� son travail dans les �curies du nomm� Augias, c'est le seul cas que je connaisse : le nettoyage dans les �curies.

(p255->) Quand il s'agit d'un certain domaine, il n'y a qu'un seul domaine, semble-t-il, et je n'en suis pas s�r, qui n'ait pas de rapport avec l'acte sexuel en tant qu'il int�resse la v�rit�, c'est la math�matique au point o� elle conflue avec la logique, mais je crois que c'est ce qui a permis � Russell de dire qu'on ne sait jamais, si ce qu'on y avance est vrai. Je ne dis pas vraiment vrai, c'est vrai en fait, � partir d'une position d�finitionnelle de la v�rit�. Si tel, tel, axiomes sont vrais, alors un syst�me se d�veloppe, dont il y a � juger s'il est ou non consistant. Quel est le rapport de ceci avec ce que je viens de dire, � savoir, avec la v�rit� pour autant qu'elle n�cessiterait la pr�sence, la mise en question de l'acte sexuel comme tel. Je ne suis pas s�r - m�me apr�s avoir dit �a - que ce merveilleux, ce sublime d�ploiement moderne de la math�matique logique, soit tout � fait sans rapport avec le suspens de s'il y a ou non, un acte sexuel. Il suffirait d'entendre le g�missement d'un Cantor, c'est sous la forme d'un g�missement, qu'� un moment donn� de sa vie, il �nonce qu'on ne sait pas que la grande difficult�, le grand risque de la math�matique, c'est d'�tre le lieu de la libert�. On sait que Cantor l'a pay� tr�s cher. De sorte que la formule, que le vrai concerne le r�el en tant. que nous y sommes engag�s par l'acte sexuel, par cet acte sexuel dont j'avance d'abord qu'on est pas s�r qu'il existe, quoiqu'il n'y ait que lui qui int�resse la v�rit�, me para�trait la formule la plus juste au point o� nous en arrivons; donc le sympt�me, tout sympt�me, c'est en ce lieu de lun trou� qu'il se noue. C'est en cela qu'il comporte toujours - quelque �tonnant que �a nous paraisse - sa face de satisfaction, je dis au sympt�me. La v�rit� sexuelle, est exigeante, et il vaut mieux y satisfaire un peu plus que pas assez du point de vue de la satisfaction un sympt�me � ce titre, nous pouvons concevoir qu'il soit plus satisfaisant que la lecture d'un roman policier. Il y plus de rapports entre un sympt�me et l'acte sexuel, qu'entre la v�rit� et le � je ne pense pas� fondamental dont je vous ai rappel� au d�but de ces r�flexions, que l'homme y ali�ne son � je ne suis pas� trop peu supportable. C'est par rapport � quoi notre alibi de l'�tre rejet� tout � l'heure, encore que pas tellement agr�able, peut nous para�tre plus supportable. Fini pour l'instant avec lUn, il fallait qu'ici je l'indique.

        Passons � l'Autre comme le lieu o� prend place le signifiant. Je ne vous ai pas dit jusqu'ici, qu'il �tait l� le signifiant. Parce que le signifiant n'existe que comme r�p�tition, parce que c'est lui qui fait venir la chose dont il s'agit comme vraie. A l'origine on ne sait pas d'o� il sort. Il n'est rien, que ce trait qui est aussi coupure, � partir duquel la v�rit� peut na�tre.

    L'Autre, c'est le r�servoir de mat�riel pour l'acte. Le mat�riel, s'accumule, tr�s probablement du fait que l'acte est impossible. Quand je dis �a, je ne dis pas qu'il n'existe pas, �a ne suffit pas pour le dire, puisque l'impossible c'est le R�el, simplement. Le R�el pur. La d�finition du possible exigeant toujours une premi�re symbolisation. Si vous excluez cette symbolisation, elle vous appara�tra plus naturelle, cette formule : l'impossible c'est le R�el.

        Il est un fait qu'on n'a pas prouv� que l'acte sexuel, la possibilit�, dans aucun syst�me formel. Qu'est-ce que �a prouve qu'on ne puisse pas le prouver ?

(p256->)   maintenant que nous savons tr�s bien que non-d�cidabilit� n'implique pas du tout  irrationalit�, qu'on d�finit, qu'on cerne, parfaitement, qu'on �crit des volumes entiers sur ce domaine du statut de la non-d�cidabilit�, et qu'on peut parfaitement la d�finir logiquement. En ce point, alors, qu'est-ce que c'est, cet Autre ? Quelle est sa substance ? Je me suis laiss� dire - car � la v�rit�, faut croire que je m'en laisse de moins en moins dire, puisque je ne l'entends plus - pendant un temps, que je camouflais dans ce lieu de lAutre l'esprit. L'ennuyeux, c'est que c'est faux. LAutre,  � la fin des fins, vous ne l'avez pas encore devin�, c'est le corps.

    Pourquoi appellerait-on quelque chose comme un volume, un objet, en tant que soumis aux lois du mouvement, en g�n�ral, comme �a, un corps. Pourquoi parlerait-on de la chute des corps ? Quelle curieuse extension du mot corps ! Quel rapport entre une petite balle qui tombe de la tour de Pise et le corps ? Si ce n'est qu'� partir de ceci : que c'est d'abord le corps, notre pr�sence de corps animal qui est le premier lieu o� mettre des inscriptions. Le premier signifiant, comme tout est l� pour nous le sugg�rer dans notre exp�rience - � ceci pr�s que nous passionnons toujours les choses quand on parle de la blessure, on ajoute narcissique et on pense tout de suite que �a doit bien emb�ter le sujet qui est naturellement un idiot - il ne vient pas � l'id�e que l'int�r�t de la blessure c'est la cicatrice. La lecture de la Bible devrait �tre l� pour nous rappeler avec les roseaux mis au fond du ruisseau o� vont pa�tre les troupeaux de Jacob, que les diff�rents trucs pour imposer au corps, la marque, ne datent pas d'hier, que si on ne part pas de l'id�e que le sympt�me hyst�rique sous sa forme la plus simple, n'a pas � �tre consid�r� comme un myst�re mais comme le principe m�me de toute possibilit� signifiante qu'il n'y a pas � se casser la t�te, que le corps est fait pour inscrire quelque chose qu'on appelle la marque. Le corps est fait pour �tre marqu�. On l'a toujours fait, et le premier commencement du geste d'amour c'est toujours, un petit peu, d'�baucher plus ou moins ce geste.

    Ceci dit, quel est le premier effet, l'effet le plus radical de cette irruption de l'Un en tant qu'il repr�sente l'acte sexuel au niveau du corps, eh bien c'est ce qui fait quand m�me notre avantage sur un certain nombre de sp�culations dialogu�es, sur les rapports de lUn et du Multiple, nous savons que ce n'est pas du tout si dialectique que �a. Quand cet Un fait irruption au champ de lAutre, c'est-�-dire au niveau du corps, le corps tombe en morceaux, le corps morcel�, voil� ce que notre exp�rience nous d�montre exister aux origines subjectives. L'enfant r�ve de d�pe�age, il rompt la belle unit� de l'empire du corps maternel, ce qu'il ressent comme menace c'est d'�tre par elle d�chir�. Il ne suffit pas de d�couvrir ces choses et de les expliquer par une petite m�canique, un petit jeu de balle, l'agression, se refl�te, se r�fl�chit, revient, repart, qui a commenc� ? Avant cela, il pourrait �tre utile de mettre en suspens sa fonction � ce corps morcel�, c'est-�-dire le seul biais par o� il nous a int�ress� en fait, � savoir : sa relation � ce qui peut en �tre de la v�rit� en tant qu'elle-m�me est suspendue, � l'Alete�a et au caract�re recel� de l'acte sexuel. A partir de l�, bien s�r, la notion de l'�ros sous la forme que j'ai (p257->) r�cemment raill�e d'�tre la force qui unirait d'un attrait irr�sistible toutes les cellules et organes que rassemble notre sac de peau, conception pour le moins mystique, nous ne faisons pas la moindre r�sistance pour nous en distraire et le reste ne s'en porte pas plus mal, c'est une fantaisie compensatrice des terreurs li�es � ce fantasme orphique que je viens de vous d�crire. Ce n'est pas du tout explicatif d'ailleurs, il ne suffit pas que la terreur existe pour qu'elle explique quoi que ce soit.

    Il vaut mieux se diriger dans la voie de ce que j'appelle syst�me consistant, logique. Car en effet, il faut que nous en arrivions maintenant � ceci pourquoi y a-t-il cet Autre ? Qu'est-ce que c'est que la position de cet �trange double que prend - remarquez-le - le sein, car lAutre, lui n'est pas deux, cette position de double que prend le sein quand il s'agit d'expliquer ce curieux Un qui, lui, se noue dans la b�te � deux dos, autrement dit dans l'�treinte de deux corps. C'est de cela qu'il s'agit. Ce n'est pas de ce dr�le dUn qu'il est lui lAutre, encore plus dr�le ! II n'y a entre eux, je veux dire ce champ de lUn, ce champ de lAutre, aucun lien, au contraire. C'est pour cela m�me, que lAutre c'est aussi l'inconscient, c'est-�-dire, le sympt�me sans son sens, priv� de sa v�rit�, mais par contre charg�, toujours plus de c,e qu'il contient de savoir. Ce qui les coupe l'un de l'autre, c'est ce qui constitue le Sujet. Il n'y a pas de Sujet de la v�rit�, sinon de l'acte en g�n�ral, de l'acte qui peut-�tre ne peut pas exister en tant qu'acte sexuel.

    Ceci est sp�cifiquement cart�sien, le Sujet ne sait rien de lui, sinon qu'il doute, le doute, comme dit le jaloux qui vient de voir par le trou de la serrure, un arri�re-train en position d'affrontement avec les jambes qu'il connait bien ! Il se demande si ce n'est pas Dieu et son �me ! Le fondement du sujet de Descartes, son incompatibilit� avec l'�tendue n'est pas raison suffisante � identifier � l'�tendue le corps, mais son exclusion de sujet est par contre par l�, fond�e, et � le prendre par le biais que je vous pr�sente, la question de son intime union avec le corps, je parle du Sujet, non pas de l'�me, n'en est plus une. Il suffit de r�fl�chir � ceci qu'il n'y a, quant au signifiant, c'est-�-dire � la structure, aucun autre support d'une surface par exemple que le trou qu'elle constitue par son bord, il n'y a que cela qui la d�finit. �levez les choses d'un degr�, prenez les choses au niveau d'un volume, il n'y a d'autre support du corps que le tranchant qui pr�side � son d�coupage.

    Ce sont l� des v�rit�s topologiques dont je ne trancherai pas ici si elles ont rapport ou non avec l'acte sexuel, mais toute �laboration possible de ce qu'on appelle l'alg�bre de Boole exige ceci; qui nous donne l'image de ce qu'il en est du sujet � ce joint entre ce que nous avons d�fini comme lUn et lAutre. Le Sujet est toujours d'un degr� structural au-dessous de ce qui fait son corps, c'est ce qui explique aussi que d'aucune fa�on sa passivit� � savoir ce fait par quoi il d�pend d'une marque du corps ne saurait �tre d'aucune fa�on compens� par aucune activit� fut-elle son affirmation en acte.

    De quoi lAutre est-il lAutre ? - J'en suis chagrin, le temps d'une (p258->) d�mesure, peut-�tre aussi un certain usage paradoxal de la coupure dans ce cas, prenez-le pour intentionnel, fera que je vous  laisse aujourd'hui avec le terme de leurre. LAutre n'est lAutre que de ceci : qui est le premier temps des trois lignes � savoir ce  "a" , c'est de l� que je suis parti lors de nos derniers entretiens, pour vous dire que sa nature est celle de l'incommensurable, plut�t, que c'est de son incommensurable que surgit toute question de mesure, c'est sur ce � a  �, un objet ou non, que nous reprendrons notre entretien la prochaine fois.

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
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