Text/Jacques Lacan/LF21061967.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

J.LACAN                      gaogoa

[LF14061967.htm <] [../15-AP/preface.htm >]

XIV-La logique du fantasme -1966-1967
    
version rue CB            

21 juin 1967                          [#note note]   

          (p311->) Il me faut bien aujourd'hui tourner court, j'avais annoncé la dernière fois que ce serait, pour cette année scolaire mon dernier cours . Il faudra clore ce sujet sans avoir fait rien de plus que l'ouvrir.

          Je souhaite que d'aucun le reprenne, si je peux de ce désir les animer.


          Pour tourner court, j'ai l'intention de terminer sur ce qu'on peut appeler un rappel clinique, non pas, certes, que lorsque je parle de logique et nommément de logique du fantasme je quitte, fusse un instant, le champ de la clinique.

          Chacun sait, chacun témoigne, parmi ceux qui sont praticiens que c'est dans l'au jour le jour des déclarations de leurs malades qu'ils retrouvent très communément mes principaux termes aussi bien moi-même n'ai-je pas été les chercher ailleurs. Ce que je place par ce que j'appelle ces termes repères de mon enseignement , ce que je place, je veux dire ce que j'ordonne la place c'est le discours psychanalytique lui-même.

 Au début de cette semaine - c'est un témoignage inverse qui m'est donné très souvent - à savoir : tel malade semblait sonner à son analyste le lendemain de mon séminaire quelque chose qui semble en être une répétition, au point qu'on se demanderait s'il a pu en avoir écho on s'émerveille des cas d'autant plus où c'est impossible , inversement, on pourrait dire, qu'au début de cette semaine je trouvais dans les propos de trois séances des propos dans des psychanalyses - peu importe qu'elles fussent didactique ou thérapeutique - les termes mêmes que je savais, puisqu'on était lundi, que je devais ex-cogiter la veille en ce lieu de campagne où je prépare pour vous mon séminaire.

  Donc ce discours analytique, je ne fais rien que de donner en quelque sorte des coordonnées où il se situe. Mais qu'est-ce à dire ? puisque je peux rapprocher, puisque je peux rapprocher le discours, il ne suffit pas de dire que c'est le discours d'un névrosé , ça ne le spécifie pas ce discours , c'est le discours d'un névrosé dans les conditions, même dans le conditionnement, que lui donne le fait de se tenir dans le cabinet de l'analyste.

 (p312->) Ce n'est pas pour rien que j'avance cette condition de local. Est-ce à dire que ces échos, voire ces décalques, (signif)i(e)raient , quelque chose de bien étrange , chacun sait, chacun peut voir, chacun peut savoir et prouver, que mon discours ici n'est pas celui de l'association libre. Est-ce donc à dire que ce discours auquel nous recommandons la méthode de l'association libre, ce discours des patients, celui qui est ici le mien au moment où il nous manque en quelque sorte et où il spécule, où il introspecte, où il élucubre, où il intellectualise, comme nous disons si aimablement, non sans doute il doit bien y avoir autre chose qui encore puisse dire que le patient obéit à la recommandation de l'association libre, en tant qu'elle est la voie que nous lui proposons, peut tout de même légitimement dire ces choses, et en effet, chacun sait bien que si on le prive de passer par la voie de l'association libre, ce n'est pas dire que ceci commande un discours lâche, ni un discours rompu, mais tout de même, pour que quelque chose atteigne parfois jusque dans les finesses, à telle distinction, les incidences ou son rapport à sa propre demande, la question sur son désir, c'est tout de même bien là quelque chose de nature à nous faire un instant réfléchir à ce qui conditionne ce discours au-delà de nos consignes.

      C'est là qu'il nous faut bien sûr faire intervenir cet élément , aujourd'hui, je resterai au niveau des évidences les plus communes, et qui s'appelle l'interprétation. Avant de se demander ce que c'est, comment il faut la faire, ce qui n'est pas sans provoquer chez l'analyste quelque embarras . Faute de poser la question au temps préalable, celui auquel je vais la poser.

     C'est celui-ci : comment le discours libre qui est recommandé au sujet est-il conditionné de ce qu'il est en quelque sorte en passe d'être interprété .  C'est là ce qui nous amène à évoquer simplement quelques repères que les logiciens depuis longtemps nous donnent, ( c'est bien ce qui m'a poussé, cette année, à parler de logique ) ce n'était pas avec ce que j'avais à recouvrir compatible, j'ai essayé de donner une armature d'une certaine logique qui nous intéresse au niveau de ces deux registres de l'aliénation d'une part, de la répétition de l'autre, ces deux schémas en quadrangle et foncièrement superposés. J'espère avoir incité certains à entrouvrir, à lorgner quelques bouquins ( de logique ) ne serait-ce que pour se rappeler les distinctions de valeurs, que le logicien produit dans le discours quand il distingue par exemple les phrases qu'on appelle assertives, les phrases impératives ou imploratives, simplement pour signaler qu'il peut se passer, qu' il se localise au niveau des premières des questions que les autres ne seront pas moins des paroles pleines d'incidences et qui pourraient aussi les intéresser les logiciens et chose curieuse qu'ils n'abordent qu'à les contourner en quelque sorte de biais et qui fait que ce champ est resté jusqu'à ce jour assez intact . Cette phrase la plus impérative, la plus implorative, qui sollicite bien quelque chose si nous nous en référons à ce que j'ai défini comme acte ne peut qu'intéresser la logique ; si elle sollicite des interventions hâtives c'est peut être qu'une fois au titre d'actes .

         Seules les premières seraient, aux dires des logiciens, susceptibles d'être soumises à ce qu'on peut appeler la trichique ( ?? p-ê : critique ! ) . Laissons celle-ci comme cette critique qui exige une référence aux conditions nécessaires pour que d'un énoncé (p313->) puisse se déduire un autre énoncé, celui qui aujourd'hui serait ici parachuté pour la première fois et qui n'aurait jamais ouï de ces choses pourrait trouver là quelque chose de bien plat , je suppose quand même que pour tous, à vos oreilles résonne ici la distinction de l'énonciation et de l'énoncé, et ceci, que l'énoncé pour m'entendre dans ce que je viens de dire est constitué par une chaîne signifiante. C'est dire que ce qui est dans le discours objet de la logique est donc limité au départ par des conditions formelles, ce qui fait désigner cette logique de logique formelle.

 Là au départ, non pas certes énoncé au départ, car celui qui est ici le grand initiateur, à savoir Aristote, énoncé seulement par lui d'une façon ambiguë, partielle, mais dégagée dans les progrès ultérieurs , au niveau de ce que j'ai appelé les conditions nécessaires, mise en valeur de la fonction de la négation en tant qu'elle exclut le tiers, ceci veut dire quelque chose ne peut être affirmé et nié en même temps sous le même point de vue. C'est là ce que nous énonce Aristote. Ceci expressément après tout nous pouvons là mettre tout de suite en marge ce que Freud nous affirme que ce n'est pourtant pas là ce principe qu'on appelle de non-contradiction, de limite à arrêter.

          Ce qui s'énonce dans l'inconscient , vous le savez, Freud, dès la Science des Rêves le souligne , contradiction , c'est-à-dire qu'une même chose soit affirmée et niée en même temps sous le même angle , c'est là ce que Freud nous désigne comme étant le privilège, la propriété de l'inconscient, s'il était besoin de quelque chose pour confirmer à ceux dans la caboche desquels ça n'a encore pas pu encore entrer, que l'inconscient est structuré comme un langage, je dirais : comment alors pouvez-vous vous-même justifier que Freud prenne soin de souligner cette absence dans l'inconscient du principe de non-contradiction , car le principe de non contradiction ça n'a absolument rien à faire avec le Réel , ce n'est pas que dans le Réel il n'y ait pas de contradiction, il n'est pas question de contradiction dans le Réel ! Si l'inconscient, comme ceux qui ont à parler dans des lieux où on donne un enseignement commencent à dire que ceux qui sont dans cette salle s'ils croient que l'inconscient est structuré comme un langage, sortent certes ils ont bien raison ça prouve qu'ils savent déjà tout , et qu'en tout cas pour apprendre que ce soit autre chose, ils n'ont pas besoin de rester ! C'est d'autre chose, les tendances comme on dit, les tendances pures, l'attention . En tout cas il n'est pas question qu'elle soit autre chose que ce qu'elle est, elle peut se composer à l'occasion selon le parallélogramme des forces de s'inverser , pour autant que nous y supposons une direction mais c'est dans un champ toujours soumis - si l'on peut dire - à composition. Mais, dans le principe de contradiction il s'agit d'autre chose, il s'agit de négation , la négation ça ne traîne pas comme ça dans les ruisseaux si vous aller chercher sous le pied d'un cheval vous ne trouverez pas une négation.

Donc si l'on souligne et Freud devait en savoir un bout, il prend soin de souligner que l'inconscient n'est pas soumis au principe de contradiction c'est bien parce qu'il peut être lui question qu'il y soit soumis , s'il est question qu'il y soit soumis c'est bien à cause de ce qu'on voit . Il est structuré comme un langage, dans un langage, l'usage d'un langage cet interdit, qui peut après tout, participer d'une certaine convention, cet interdit a un sens , le principe de contradiction fonctionne ou ne fonctionne pas.

     (p314->) Si on remarque que quelque part il ne fonctionne pas c'est qu'il s'agit d'un discours . L'invoquer, ça veut dire que l'inconscient viole cette loi ça prouve, du même coup qu'il est installé dans le champ logique , qu'il articule des propositions. Rappeler cela n'est pas, bien sûr , sinon pour revenir aux bases, aux principes, mais pour, à ce propos, rappeler que les logiciens nous apprennent que la loi de non contradiction , encore qu'on a pu s'y tromper assez longtemps ça n'est pas la même chose, c'est à distinguer de ce qu'on appelle la loi de bivalence. Autre chose est interdit dans l'usage logique pour autant qu'il s'est donné les buts limités que je vous ai dits tout à l'heure, limités dans son champ aux phrases assertiques, limités à ceci de dégager les conditions nécessaires pour que d'un énoncé se désigne une chaîne correcte, c'est-à-dire qui permette de faire la même assertion sur un autre énoncé, assertion qui est affirmative ou négative . Autre chose est de dire : loi de bivalence , toute proposition est ou bien vraie, ou bien fausse.

     Je ne veux pas m'étendre ici, je l'ai déjà fait , j'ai indiqué dès mes premières leçons de cette année pour vous le faire sentir, à quel point il est facile de démontrer que ce n'est pas seulement parce qu'on ne sait pas qu'une proposition peut être facilement construite et vous fasse sentir combien cette bivalence comme tranchée est problématique. Les nuances qu'il y a et qui s'inscrivent dans : entre l'est-il vrai qu'il soit faux ou il est faux qu'il soit vrai, ça n'est pas du tout quelque chose de linéaire, d'univoque et de tranché. Mais justement c'est bien cela qui donne toute sa valeur à la présence de cette dimension qui est la nôtre à l'intérieur de laquelle se situe ce discours auquel nous demandons de ne pas regarder plus loin si je puis dire, que le bout de son nez, il suffit que vous ayez à vous poser la question, de ce qui chez moi entrent dans l'analyse, de savoir si vous devez dire ça ou non, c'est tranché, c'est la façon la plus claire d'énoncer la règle analytique. Mais tout de même, ce que je ne lui dis pas et qui est le pied sur lequel il part, c'est que ce n'est que la vérité au dernier terme qui est-là, posée comme devant être cherchée dans les failles des énoncés, failles que je lui donne loisir , que je lui recommande presque, de multiplier mais qui bien sûr, suppose au principe de la règle même que je lui donne , une cohérence impliquant réfection éventuelle des dites failles , réfection qui est à faire selon quelles normes ? sinon celles qu'évoque, que suggère, la présence, la dimension de la vérité. Cette dimension est inévitable, dans l'instauration du discours analytique.

 C'est un discours soumis à cette loi de solliciter cette vérité dont j'ai parlé déjà en des termes qui sont plus appropriés, une vérité plus pâle, de la solliciter, en somme d'énoncer un verdict, un dict véritable. Bien sûr, la règle en prend une toute autre valeur, cette vérité qui parle et dont on attend le verdict, on la caresse, on l'apprivoise, on lui passe la main dans le dos, c'est ça, le vrai sens de la règle . On veut lui faire la pige. Pour lui faire la pige, on fait semblant, ( en somme c'est ça le sens de la règle de l'association libre ) on fait semblant de ne pas s'en soucier et de s'en foutre , de penser à autre chose, comme ça elle lâchera peut-être le morceau.

     (p315->) Voilà le principe. Je rougis presque, d'en faire ici un morceau mais, ne l'oubliez pas, j'ai à faire à des psychanalystes , c'est-à-dire à ceux qui ont le plus de tendance à l'oublier et, ils ont pour cela de fortes raisons, je vais les dire tout de suite.

      Donc, la question est là, je la pointe en passant, c'est qu'en somme on interroge la vérité d'un discours, qui s'élèverait, suivant Freud, ce que j'ai dit tout à l'heure , la vérité d'un discours qui peut dire oui et non, en même temps, puisque c'est un discours non soumis au principe de contradiction et qui se disant, se faisant, comme drôle de discours introduit une vérité. Ça aussi c'est fondamental , la preuve si fondamental , encore bien sûr pas toujours dégagée dans le type d'enseignement que j'évoquais tout à l'heure, c'est si fondamental que c'est de là relève le sursaut auquel on sait on sombre, on a le témoignage que Freud a eu à le faire, quand il a eu à expliquer à sa bande : vous savez, les copains viennois du mercredi que la patiente avait eu des rêves faits exprès pour le mettre dedans, lui, Freud , sursaut dans l'assemblée , même probablement clameur puisqu'aussi bien que Freud qui s'est donné un peu de mal pour résoudre la question, à savoir que les rêves ne sont pas l'inconscients, les rêves peuvent être menteurs, il n'en reste pas moins que le moins qu'on puisse dire, c'est que cet inconscient il ne faut pas le pousser. Je veux dire que si cette dimension doit être préservée , ce que fait Freud , c'est au nom de ceci : que l'inconscient lui, préserve une vérité, si on le pousse, bien sûr , il peut se mettre à mentir à pleins tuyaux avec les moyens qu'il a. Mais qu'est-ce que ça peut faire tout ça ? L'inconscient ça n'a de sens , sauf pour imbéciles qui pensent que c'est le mal , dès lors que si l'on voit que ça n'est pas un sujet à part entière, ou plus exactement qu'il est d'avant. Avant le sujet à part entière il y a un langage que le sujet ne soit supposé savoir quoi que ce soit. Il y a donc une antériorité, logique du statut de la vérité, pour quoi que ce soit qualifiable de sujet qui puisse s'y loger.

Je sais bien que quand je dis ces choses, quand je les ai écrites pour la première fois dans la " Chose freudienne ", ça a une petite résonance romantique, je n'y peux rien, la vérité est un personnage à qui on a donné depuis longtemps une peau, des cheveux et même un puits pour s'y loger et pour y faire le ludion. Il s'agit à ça, de trouver la raison. Je veux simplement vous dire que c'est impossible à exclure pour la raison que vous allez voir ; c'est que si l'interprétation n'a pas ce rapport il n'y a aucun moyen d'appeler autrement que la vérité, si elle n'est que ce derrière quoi on l'abrite, dans la manipulation de tous les jours, on ne va pas tracasser, les petits mignons qu'on contrôle, à leur foutre sur le râble la charge de la vérité, alors on leur dit que l'interprétation a ou non réussie comme on dit, vu son effet de discours qui ne peut rien être d'autre qu'un discours, il y a eu du matériel, le type a continué à déblatérer.

    Si ce n'est que ça alors, si ce n'est que pour effet de discours, ça a un nom que la psychanalyse connaît parfaitement, qui est pour elle un problème, (ce qui est drôle) c'est ce qu'on appelle : la suggestion .

     (p316->) Si l'interprétation n'était que ce qui rend du matériel, je veux dire si on élimine radicalement la dimension de la vérité, toute interprétation n'est que suggestion.

      C'est ce qui met à leur place ces spéculations fort intéressantes , parce qu'on voit bien que c'est pour éviter ce mot de vérité quand M.Glover parle d'interprétation exacte, ou inexacte, il ne peut le faire que pour éviter cette dimension de la vérité, il le fait, le cher homme, ( c'est un homme qui sait très bien ce qu'il dit ) non pas seulement pour éviter la dimension , on peut parler de dimension de la vérité, mais il est bien difficile de parler d'interprétation fausse. La bivalence laisse embarrassé quant au tiers exclu.

     C'est pour ça qu'il admet la fécondité éventuelle ( je dis Glover ) de l'interprétation inexacte. L'inexact ça ne veut pas dire qu'elle soit fausse, ça veut dire qu'elle n'a rien à faire avec ce dont il s'agit à ce moment-là comme vérité , mais quelquefois elle ne tombe pas forcément à côté parce qu'il n'y a pas moyen là, parce que la vérité se rebelle , que toute inexacte qu'elle soit, on l'a tout de même chatouillée quelque part.

Or, dans ce discours analytique destiné à captiver la vérité, c'est la réponse interprétation interprétative qui représente la vérité . Iinterprétation comme étant là, possible, même si elle n'a pas lieu qui oriente ce discours. Le discours que nous avons commenté comme discours libre a pour fonction que lui faire place il tend à instituer un lieu de réserve pour qu'elle s'y inscrive cette interprétation peut préserver de la vérité. Ce lieu est celui qu'occupe l'analyste. Je vous fais remarquer qu'il l'occupe, mais que ce n'est pas là que le patient le met , c'est là l'intérêt de la définition que je donne du transfert, pourquoi ne pas rappeler qu'elle est spécifique , il est placé en position de sujet supposé savoir, il sait très bien que ça ne fonctionne qu'à ce qu'il tienne cette position puisque c'est que se produisent les effets-mêmes du transfert, ceux, sur lesquels il a à intervenir pour les rectifier dans le sens de la vérité, c'est-à-dire qu'il est entre deux chaises : entre la position fausse, d'être le sujet supposé savoir , ce qu'il sait bien qu'il n'est pas, et celle d'avoir à rectifier les effets de cette supposition de la part du sujet, et ceci au nom de la vérité, c'est bien en quoi le transfert est source de ce qu'on appelle résistance, c'est que s'il est bien vrai si je dis que la vérité dans le discours analytique est placée ailleurs à la place, là, de celui qui entend . En fait, celui qui entend ne peut fonctionner que comme relais par rapport à cette place, c'est-à-dire, la seule chose qu'il sache, c'est qu'il est lui-même comme sujet dans le même rapport que celui qui lui parle à la vérité. C'est ce qu'on appelle communément ceci : qu'il est obligatoirement comme tout le monde , en difficulté avec son inconscient, et que c'est là ce qui fait la caractéristique, la fonction boiteuse, de la relation analytique. C'est que justement seule cette difficulté, la sienne propre, peut répondre dignement là où l'on attend où l'on peut attendre longtemps, là où on attend l'interprétation !

 Vous voyez, une difficulté, qu'elle soit d'être ou de rapport avec la vérité , c'est probablement la même chose, une difficulté, ça ne constitue pas un statut, c'est bien pourquoi c'est sur ce point on fait tout pour donner à ceci qui est (p317->) la condition de l'analyste de ne pouvoir répondre qu'avec sa propre difficulté d'être, pourquoi pas, après tout pour camoufler ça on raconte des trucs par exemple bien sûr qu'avec son inconscient tout est réglé, il a eu une psychanalyse et encore, didactique, ça lui a permis d'être un peu plus à l'aise, alors que nous ne sommes pas dans le domaine du plus ou du moins. Nous sommes dans le fondement-même de ce qui constitue le discours analytique.

           Cette vérité, si elle se rapporte au désir ça va peut-être nous rendre compte des difficultés que nous avons à manier ici cette vérité de la même façon que les logiciens peuvent le faire. Qu'il me suffise d'évoquer que le désir c'est pas quelque chose comme ça dont il soit si simple de définir la vérité. Parce que la vérité du désir, ça c'est tangible, nous avons toujours à y faire, puisque c'est pour ça que les gens viennent nous trouver , sur le sujet de ce qui se passe pour eux quand le désir arrive à ce qu'on appelle l'heure de la vérité . Ça veut dire , j'ai beaucoup désiré quelque chose, mais je suis là devant, je peux l'avoir, c'est là qu'il arrive un accident .

  Le désir je l'ai déjà expliqué, est manque ( ce n'est pas moi qui l'ai dit, ) c'est Socrate : le désir est manque dans son essence est, ceci a un sens : c'est qu'il n'y a pas d'objet dont le désir se satisfasse, même s'il y a des objets qui sont cause du désir. Que devient le désir à l'heure de la vérité ? C'est bien à partir de ces accidents bien connus que la sagesse prend avantage et se targue de le considérer comme folie et puis d'instaurer toutes sortes de mesures diététiques pour en être préservée, je dis du désir.

  Seulement le problème est qu'il y a un moment où le désir est désirable c'est quand il s'agit de ce qui se passe, non sans raison, pour l'exécution de l'acte sexuel, et alors là, l'erreur est considérable de croire que le désir a une fonction qu'on insère dans le physiologique. On croit que l'intention ( l'inconscient - selon autre version !) ne fait qu'y apporter le trouble, c'est une erreur qu'aujourd'hui, on s'aperçoit qu'elle reste inscrite dans les esprits les plus avertis, je veux dire des psychanalystes. Il est très étrange qu'on ne comprenne pas que ce qui apparaît comme la mesure, le test du désir, autrement dit l'érection , ça n'a rien à faire avec le désir . Le désir peut parfaitement fonctionner jouer, fonctionner, avoir toutes ses incidences sans en être aucunement accompagné, l'érection est un phénomène qu'il faut situer sur le chemin de la jouissance. Je veux dire que d'elle-même cette érection est jouissance et que précisément il est demandé pour que s'opère l'acte sexuel qu'on ne s'y arrête pas, c'est jouissance auto-érotique. On ne voit pas pourquoi s'il en était autrement, cette jouissance serait marquée de cette sorte de voile ; normalement, je veux dire quand l'acte sexuel, tout au moins faut-il le supposer, a toute sa valeur, les emblèmes priapiques s'élèvent à tous les carrefours .

Ce désir dont il s'agit, le désir inconscient, lui dont on parle dans la psychanalyse et pour autant qu'il a rapport avec l'acte sexuel, il faut d'abord bien le définir et voir d'où ce terme surgit avant qu'il fonctionne.

  (p318->) Il est très important de rappeler ceci : c'est que si l'on ne se souvient pas, si on ne pose pas en ces termes l'opération indispensable à l'acte sexuel, si ce n'est pas au registre de la jouissance et non pas du désir, qu'on met l'opération de la copulation, sa possibilité de réalisation en est absolument condamnée ; à ne rien comprendre de tout ce que nous disons du désir féminin , dont nous expliquons qu'il est comme le désir masculin dans une certaine relation à un manque symbolisé qui est le corps phallique. Comment comprendre, comment situer avec justesse, le sens, la place de ce que nous disons concernant le désir féminin, si on ne part pas de ceci qui, sur le plan de la jouissance , différencie fondamentalement les deux partenaires, met entre eux l'abîme que je désignerai, je pense suffisamment, en prenant deux repères : celui que j'ai défini à l'instant comme l'érection sur le plan de la jouissance et celui pour la femme pour lequel je ne trouverai pas mieux, que ceci (dont heureusement je n'ai pas attendu d'être psychanalyste pour avoir la confidence, c'est ce que vous pouvez avoir chacun ) c'est la façon dont les jeunes filles désignent entre elles ce qui parait le plus proche de ce que je désigne à ce niveau : à savoir ce qu'elles appellent le coup de l'ascenseur , à savoir quelque chose qui se passe, lorsque l'ascenseur descend un peu brusquement elles savent bien que c'est là quelque chose qui est du registre de ce dont il s'agit dans l'acte sexuel.

  C'est de là qu'il faut partir pour savoir à quelle distance placer le désir, c'est-à-dire ce dont il s'agit dans l'inconscient : le désir dans son rapport à l'acte sexuel. Ce n'est pas un rapport d'endroit à l'envers, ce n'est pas un rapport d'épiphénomène, ce n'est pas un rapport de choses qui collent, c'est pour ça qu'il est bien nécessaire de s'exercer pendant quelques années, à savoir que le désir n'a rien à faire qu'avec la demande .

     C'est ce qui se produit comme sujet dans l'acte de la demande.

     Le désir n'est intéressé dans l'acte sexuel que pour autant qu'une demande peut être intéressée dans l'acte sexuel, ce qui, après tout, n'est pas forcé . Enfin, c'est courant , ce qui est courant dans la mesure où l'acte sexuel qui est ce que je vous ai défini , à savoir : ce qui n'aboutit jamais à faire un homme ni une femme ( disons ça pour vous provoquer ) . L'acte sexuel est inséré dans quelque chose qui s'appelle le marché, le commerce - sexuel. Là on a à faire à des demandes, c'est de la demande que surgit le désir, c'est bien pour ça que le désir dans l'inconscient est structuré comme un langage puisqu'il en ressort. Il est malheureux qu'il faille que je gueule ces choses qui sont à la portée de n'importe qui ! Elles sont régulièrement omises dans tout ce qui s'élucubre de théorie la plus simple concernant la psychanalyse.

     Voilà, ceci veut dire du même coup que ce désir qui n'est qu'un sous-produit de la demande, c'est bien là qu'on saisit pourquoi il est de sa nature de n'être pas satisfait. Parce que si le désir surgit de la dimension de la demande, même si la demande est satisfaite sur le plan du besoin qui l'a suscité il est de la nature de la demande parce qu'elle a été langagière d'engendrer cette faille du désir qui vient de ce qu'elle est demande articulée et qui fait qu'il y a quelque chose de déplacé (p319->) qui rend l'objet de la demande impropre à satisfaire le désir, tel le sein qui est ce qui déplace tout ce qui passe par la bouche pour un besoin digestif , qui y substitue ce quelque chose qui est proprement ce qui est perdu . Ce qui ne peut plus être donné. Il n'y a pas de chances que le désir soit satisfait ; on ne peut satisfaire que la demande, c'est pour cela qu'il est juste de dire que le désir, c'est le désir de l'autre ; sa faille se produit au lieu de lAutre, en tant que c'est au lieu de lAutre que s'adresse la demande, c'est là qu'il se trouve devoir cohabiter avec ce dont lAutre est aussi le lieu de la vérité . Dans ce sens, il n'est nulle part d'abri pour la vérité sinon où a place le langage, que le langage c'est au lieu de lAutre qu'il trouve sa place.

 C'est là qu'il faudrait un petit peu comprendre ce dont il s'agit concernant ce désir dans son rapport au désir de l'Autre . J'ai essayé de construire pour vous un petit apologue, que j'ai emprunté, non pas certes par hasard, mais pour des raisons essentielles à ce qu'on appelle l'art du vendeur, c'est-à-dire l'art de l'offre. Dans son dessein de créer la demande, il faut faire désirer à quelqu'un un objet dont il n'a aucun besoin pour le pousser à le demander. Alors je n'ai pas besoin de vous décrire tous les trucs qu'on emploie pour ça, on lui dit qu'il va lui manquer ce qu'un autre le prenne qui de ce fait aura barre sur lui. J'emploie des mots qui vont en écho à mes symboles habituels, c'est pourtant littéralement comme ça que ça fonctionne dans l'esprit de ce qu'on appelle un bon vendeur. Ou bien, on va lui montrer que ce un signe extérieur tout à fait majeur pour le décor qu'il entend donner à sa vie.

     En somme, c'est par le désir de l'Autre que tout objet est présent quand il s'agit de l'acheter. ( C'est curieux, c'est un mot : lâcheté, vous êtes un lâche monsieur ) , il s'agit bien en effet de lâcheté ; mais c'est de toi-même qu'il s'agit. C'est bien de cela qu'il s'agit, ce qui se voit à ceci que le résultat principal , tu le sais très bien qu'il surgit de cette série de malversations, que la vie résume sous le signe du désir , ce résultat principal sera celui qui te poussera toujours plus loin dans le sens de te racheter, de te racheter de la lâcheté.

 J'ai pris soin quand même avant d'amener cette dimension, toujours bien sûr masquée dans l'intervention analytique, mais que les autres ( ceux qui sont dans le coup , celui qui tient le discours analytique ) ne mâchent pas. On sait très bien que la dimension de la lâcheté est intéressée. J'ai pris soin de rouvrir pour vous n'importe quelle observation de Freud, dans l'Homme aux rats , sur le fait que le patient amène tout de suite cette dimension de sa lâcheté. Seulement ce qui n'est pas clair, c'est où elle est la lâcheté. C'est comme pour la dimension de la vérité, le courage du sujet c'est peut-être justement de jouer le jeu du désir de lAutre, c'est de donner la prime à quelque chose qui est peut-être aussi bien la lâcheté de lAutre qui la faite, et de s'y retrouver à la fin. En fin de compte le problème est bien là quand il s'agit de la névrose.

 Il est important de bien saisir, de ramener au premier plan ce que j'ai dit du désir, ce que j'ai dit lorsque j'ai dit que le désir c'est son interprétation. (p320->) On pourrait tout de même objecter, parce qu'après tout ce désir ce désir inconscient dont personne ne veut bien savoir ce que ça veut dire un désir inconscient , qu'est-ce qui doit en principe être plus conscient que le désir ? Si l'on parle de désir inconscient, parce que c'est le désir de lAutre que c'est possible, qu'il y a justement ce que je viens d'évoquer par mon rappel, de la métaphore de l'achat dont on ne sait pas sur qui il a prise, de cette captivation dans le désir de lAutre, c'est qu'il y a un pas à franchir.

Le désir inconscient, s'il est inconscient nous dit-on, c'est que dans le discours qui le supporte on a fait sauter un chaînon pour que le désir de l'Autre soit quoi ? méconnaissable, c'est le truc le meilleur qu'on a trouvé pour stopper cette mécanique il y a un pas, eh bien nous créons en deçà de ce pas un non pas le non-désir, mais le désir pas. Définition du désir inconscient, c'est ça que nous permet d'exprimer les subtilités de la négation en français , de savoir ce point de chute que nous désigne le pas, le point, dont j'ai déjà fait usage sur le sujet du : pas de sens.

 Ce désir-pas, je dirai même - si vous me laissez la bride sur le cou - que cela en fait un nom écrit d'une seule tenue , de lui donner à ce " dès- " le même accent que désespoir ou que désêtre, et dire que le désir inconscient du désir pas, c'est quelque chose qui déchoit par rapport à je ne sais quel " irpas ". Très précisément le désir de l'Autre par rapport à quoi l'interpréter, je verbaliserai assez bien un irpassé. C'est cela autour de quoi peut se faire l'inversion, c'est que l'interprétation en effet c'est elle qui prend la place du désir au sens où tout à l'heure vous m'objectiez qu'il est là tout inconscient qu'il soit d'abord. Mais il est là aussi tel qu'on " irpasse " parce qu'il est là déjà articulé et que l'interprétation quand elle a pris sa place, heureusement, ça n'arrange rien , car il n'est pas du tout sûr que le désir que nous avons interprété ait son issue, nous comptons même bien qu'il ne l'aura pas, et qu'il restera toujours et d'autant mieux un désirpas . Ça nous donne même pour l'interprétation du désir des coudées assez larges, mais alors, il conviendrait quand même de savoir ce que veut dire ce qui est son support sous le nom du fantasme, et quel jeu nous jouons en interprétant les désirs inconscients nommément ceux du névrosé.

 C'est là qu'il s'agit de poser la question concernant le fantasme. Nous l'avons posée sans arrêt , proposons-là ici au terme, d'une dernière fois. Quand les logiciens d'où ce discours aujourd'hui est parti, se limitent aux fonctions formelles de la vérité, je vous l'ai dit, ils trouvent                      (mot manquant)  (un gap, ils trouvent un espace singulier - selon autre version ) singulier entre ce principe de non-contradiction et celui de la bivalence. Vous le trouvez dès Aristote dans le livre qui s'appelle " de l'interprétation " pour être commode, je vous le signale c'est au paragraphe dix-neuf ( a ) dans la notation qui désigne les manuscrits classiques d'Aristote ( page cent ) dans la très mauvaise traduction que je vous recommande. Aristote met en cause la fonction que comporte la bivalence du vrai et du faux dans ses conséquences, je veux dire ce qu'elle comporte quand il s'agit du contingent, dans ce qui va arriver, ce qui va arriver oui ou non je vous poserai que c'est vrai ou faux , c'est vrai ou faux tout de suite, c'est-à-dire que c'est déjà décidé. La solution (p321->) qu'il en donne, celle qui est de mettre en doute la bivalence, n'est pas ce qui est ici en cause, je ne pousserai pas jusqu'ici la discussion, mais par contre, ce que je ferai remarquer, c'est que la solution logicienne, celle qui est donnée dans le volume des mille développements de la logique, celle qui consiste à dire que ce qui est vrai, ce qui est vrai, ce ne saurait être l'articulation signifiante, et ce qu'elle veut dire , cette solution elle est fausse. Cette solution est fausse comme tout le développement de la logique le montre , je veux dire que ce qui se déduit de toute instauration formelle ne saurait en aucun cas se fonder sur la signification pour la simple raison qu'il n'y a pas de possibilité de fixer aucune signification qui soit univoque et quel que soit le signifiant que vous avancez pour l'épingler il est toujours possible de l'impliquer dans une circonstance où la vérité la plus clairement énoncée au titre du contenu signifié sera fausse, plus que fausse . Il n'est possible d'instaurer un ordre qu'à attribuer la fonction de vérité à un groupement signifiant, c'est pourquoi cet usage logique de la vérité ne se rencontre que dans la mathématique comme le dit Bertrand Russel, on ne sait en aucun cas de quoi l'on parle. Si l'on croit le savoir on est vite détrompé , il faudra rapidement faire le ménage et faire ressortir l'intuition.

     Je rappelle ceci pour interroger ce qu'il en est de la fonction du fantasme. Je dis : modèle : " un enfant est battu " , le fantasme n'est qu'un arrangement signifiant dont j'ai donné la formule en y couplant le a   à l'Sedna 2003 VB12.jpgce qui veut dire qu'il a deux caractéristiques : la présence d'un objet " a " et d'autre part rien d'autre que ce qui engendre le sujet comme Sedna 2003 VB12.jpg, à savoir, une phrase. C'est pourquoi " un enfant est battu " est typique  " un enfant est battu " n'est rien d'autre que l'articulation signifiante " un enfant est battu " à ceci près (lisez le texte) que là-dessus vole rien d'autre que ceci , impossible à éliminer , qui s'appelle le regard.

 Avant de faire jouer les trois temps de la genèse de ce produit qui s'appelle le fantasme, il importe quand même de désigner ce qu'il est , ce n'est pas parce que Freud avait affaire à des illettrés que ça ne reste pas intéressant de poser les arêtes fermes du statut du fantasme et de dire : ce n'est strictement rien d'autre que ce je vous ai apporté au début de cette année concernant le couplage d'une part du " je ne pense pas " avec la structure grammaticale, de vous dire que c'est à la place même de cette structure grammaticale, qu'au quatrième sommet du quadrangle surgit l'objet petit " a " et d'ajouter ce que nous venons d'en désigner que l'angle en bas et à droite, celui d'où je ne suis pas laisse la place au niveau de l'inconscient                 à                   (deux espaces blancs)  ceci  l'inconscient à ceci qui est le complément de la structure purement grammaticale, signifiante du fantasme , à savoir ça : dont je suis parti aujourd'hui et qui s'appelle une signification de vérité. Ce qui est à retenir, à monter en épingle dans tout ce qu'énonce Freud concernant le fantasme, c'est simplement ce trait clinique, que celui qui, ici, avance pour nous montrer tant de choses de son usage à le manipuler, mais ce qu'il faut retenir c'est un trait comme celui-ci : que le fantasme, le même, se rencontre dans des structures névrotiques très différentes, et aussi bien, vous le savez que ce fantasme, il reste à une distance singulière de tout ce qui se débat. Ce qui se (p322->) discute dans nos analyses pour autant qu'il s'agit d'y traduire la vérité des symptômes il semble qu'il soit là comme une sorte de béquille, de corps étranger, quelque chose à l'usage, qui a une fonction d'indéterminé, c'est de subvenir à ce qu'après tout on peut bien appeler par son nom, une certaine carence du désir pour autant qu'il est mis en jeu, intéressé, il faut bien qu'il le soit, ne serait ce que pour faire les pas de l'entrée, mettre de l'ordre dans la pièce, à l'entrée de l'acte sexuel.

Cette distance du fantasme par rapport à la zone où se joue ce que j'ai mis en valeur comme primordial de la fonction du désir et de son lien à la demande et c'est si évident que c'est de cela que résulte l'inflexion tout entière de l'analyse autour des registres dits : de la frustration et des termes analogues, c'est ceci qui nous permet de faire le point de la différence qu'il y a de la structure perverse à la structure névrotique.

   Qu'est-ce que je veux dire quand je dis que le fantasme y a rôle de signification de vérité . Je vais vous le dire . Je dis la même chose que disent les logiciens, à savoir , vous loupez la commande à vouloir à tout prix, ce fantasme, l'insérer dans ce discours de l'inconscient quand de toute façon il vous résiste fort bien à cette réduction, et quand vous devez dire qu'au temps médian le temps deux d'un enfant est battu, celui où c'est le sujet qui y est à la place de l'enfant, celui-là vous ne l'obtenez que dans des cas exceptionnels. C'est qu'à la vérité, la fonction du fantasme, je veux dire dans votre interprétation, plus spécialement encore dans l'interprétation générale que vous donnerez de la structure de telle ou telle névrose, il devra toujours au dernier terme s'inscrire dans les registres qui sont ceux que j'ai donnés, à savoir pour la phobie, le désir prévenu, pour l'hystérie : le désir insatisfait, pour l'obsession : le désir impossible.

 Tel est le rôle du fantasme dans cet ordre du désir névrotique . Signification de vérité, ai-je dit , ça veut dire la même chose que quand vous affectez d'un grand V pure convention dans la théorie donnée par exemple de tel ensemble, quand vous affectez de la connotation de vérité quelque chose que vous appellerez un axiome. Dans votre interprétation, le fantasme n'a aucun autre rôle. Vous avez à le prendre aussi littéralement que possible et ce que vous avez à faire, c'est à trouver dans chaque structure à définir les lois de transformation qui assureront à ce fantasme dans la déduction des énoncés du discours inconscient la place d'un axiome. C'est la seule fonction possible qu'on puisse donner au rôle du fantasme dans l'économie névrotique, que sa matière, que son arrangement soit emprunté au champ de détermination de la jouissance perverse c'est cela que j'ai démontré et dont je crois, dans nos entretiens précédents avoir suffisamment fixé la formule au regard de la disjonction, au champ de l'Autre du corps et de la jouissance et de cette part réservée du corps où la jouissance peut se réfugier.

   Que le névrosé trouve dans cet arrangement le support fait pour parer à la carence de son désir dans le champ de l'acte sexuel, c'est là , dès lors, ce qui est moins fait pour nous surprendre, et si vous voulez que je vous donne quelque chose qui vous serve à la fois de lecture ( je ne peux pas dire que ce soit pour vous lecture bien agréable ) comme exemple d'une (p323->) véritable saloperie en matière scientifique, je vous recommanderai la lecture dans Havelock Ellis, du cas célèbre de Florie. On ne peut mieux voir à quel point un certain orgueil d'un champ dont on se targue au nom de je ne sais quelle objectivité de forcer les portes alors qu'on en est intégralement cerné. Certes d'une façon vraiment très singulière, il n'y a pas une des lignes de cette observation célèbre qui ne porte les marques de la lâcheté de son professeur. C'est un texte sensationnel. Ce cas de Florie, vous apparaîtra avec toutes les caractéristiques- après les repères que je vous ai donnés - d'être une névrose, d'aucune façon, au moment où Florie franchit dans le sens de ce quelque chose qui peut en quelque sorte arriver au névrosé sans que jamais il y ait rien d'équivalent à la jouissance perverse, franchir dans le sens ambigu qui en fait à la fois un passage à l'acte et pour nous qui lisons, un acting-out , quelque chose qui fait que Florie affectée de ses fantasmes de flagellation arrive une fois à en franchir l'interdit qu'ils représentent pour elle, ceci vaut d'être confronté avec les carences manifestes de cette observation et jusqu'au point où Florie lui ayant confessé que ce n'est qu'exceptionnellement qu'elle fait entrer dans ses fantasmes une personne réelle qu'elle admire et qu'elle vénère, il est incroyable de voir la plume qui écrit : " de qui il s'agit ? je ne lui ai pas demandé " alors qu'il est clair comme dans le cas du père Ubu on lui voyait encore la queue du cochon dans la bouche, que bien entendu Hellis est roulé dans la farine par cette patiente et après ça, il faut voir le grand personnage et les membres de la communauté analytique qui se sont permis d'opiner sur ce même cas avec un respect injustifié pour le recueil de cette observation .

Ceci est bien de nature à vous montrer à la fois toutes les difficultés que j'ai voulu mettre en relief aujourd'hui concernant ce qu'il en est de l'appréciation du fantasme, si l'on peut dire, je dirai que du fantasme tel que nous l'imaginons nous autres pauvres névrosés du fantasme dans sa fonction au niveau aussi pervers, et celui de sa fonction dans le registre névrotique , il y a maintenant la distance de la chambre à coucher. Est-ce qu'il y a des chambres à coucher ? Il n'y a pas d'acte sexuel, ça laisse la chambre à coucher, mise à part celle d'Ulysse où le lit est un tronc enraciné dans le sol , ça laisse, sur le sujet des chambres à coucher , et surtout à notre époque, où toutes les choses se balancent dans le mur , ça laisse un sérieux doute, mais enfin c'est une place qui au moins théoriquement, existe. Il y a quand même une distance entre la chambre à coucher et le cabinet de toilette. Faites bien attention, que tout ce qui se passe de névrotique se passe essentiellement dans le cabinet de toilette. C'est très important ces questions d'arrangement de logis dans le cabinet de toilette, dans l'antichambre, pour l'homme du plaisir du XVIIIème siècle tout se passait dans le boudoir, chacun a son lieu. Si vous voulez des précisions la phobie ça peut se passer dans l'armoire à vêtements, dans le couloir, la cuisine, l'hystérie, ça se passe dans le parloir, dans le parloir des couvents de mode bien entendu... L'obsession dans les chiottes. . Faites-bien attention à ces choses-là tout à fait importantes.

  Ceci nous amène à la portée de ce que je vous inviterai à franchir (p324->) l'année prochaine, à savoir : une chambre à coucher où il ne se passe rien si ce n'est que l'acte sexuel s'y présente comme forclusion ( ververfung ) c'est ce qu'on appelle communément le cabinet de l'analyste. C'est le titre que je donnerai à ma leçon de l'année prochaine qui s'appelle [../../AP15111967.htm l'acte psychanalytique].

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN
Haut de Page
]  (relu ce 21-11-2004)

[../../erreurs.htm commentaire]