Text/Jacques Lacan/OP15031972.htm

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J.LACAN                             gaogoa

[OP08031972.htm <] [OP19041972.htm >]

XIX- ...Ou Pire    1971-1972
      
version rue CB                                   [#note note]

15 mars 1972

(p73->)

    La derni�re fois, je vous ai racont� quelque chose qui �tait centr� sur l�Autre, ce qui est plus commode que ce dont je vais parler aujourd�hui, dont je vous ait d�j� caract�ris� ce qu�on pourrait appeler le rapport, le rapport � l�Autre, tr�s pr�cis�ment en ceci qu�il n�est pas inscriptible, ce qui ne rend pas les choses plus faciles. Il s�agit de l�UN, l�UN pour autant que d�j� je vous ai indiqu�, vous indiquant aussi comment la trace s�en est fray�e dans le Parm�nide de Platon, dont le premier pas pour y comprendre quelque chose, c�est de vous apercevoir que tout ce qu�il en �nonce comme dialectisable, comme se d�veloppant de tout discours possible au sujet de l�UN, c�est d�abord, et � ne le prendre qu�� ce niveau qui n�est rien en dire d�autre, comme il s�exprime, que � c�est UN �, et peut-�tre y en a-t-il un certain nombre d�entre vous � avoir sur mes adjurations ouvert ce livre et de s��tre aper�us que c�est pas la m�me chose de dire que " l�UN est ". " C�est UN ", c�est la premi�re hypoth�se et � l�UN est �, c�est la seconde ; elles sont distinctes. Naturellement pour que ceci porte, il faudrait que vous lisiez Platon, avec un petit bout de quelque chose qui viendrait de vous. Il ne faudrait pas que Platon ne soit pour vous que ce qu�il est, un auteur. Vous �tes form�s depuis votre enfance � faire de l� " auteur-stop ". Depuis le temps que c�est pass� dans les m�urs, cette fa�on de vous adresser aux machins-l� comme autoris�s, vous devriez savoir que �a ne m�ne nulle part, encore bien s�r que �a puisse vous mener tr�s loin.

    Ces observations �tant faites, c�est de l�UN donc pour des raisons dont il va falloir encore que je m�excuse � car au nom de quoi est-ce que je vous occuperais avec �a ? � c�est de l�UN que je vais vous parler aujourd�hui. C�est m�me pour �a que j�ai invent� un mot qui sert de titre à ce que je vais vous le dire. Je ne-suis pas tr�s s�r, je suis m�me s�r du contraire, je n�ai pas invent� l�UNAIRE, le trait unaire qu�en 1962 j�ai cru pouvoir extraire de Freud qui l�appelle " einzig ", en le traduisant ainsi, ce qui a paru, � l��poque, miraculeux � quelques-uns. C�est bien curieux que l�einziger Zug, la deuxi�me forme d�identification distingu�e par Freud, ne les ait jamais retenus jusque-l�.

    Par contre, le mot dont je ferai accolade � ce que je vais vous dire aujourd�hui, est tout � fait nouveau. Et il est fait comme d�une pr�caution, parce qu�� la v�rit�, il y a beaucoup de choses qui sont int�ress�es � l�UN de sorte qu�il n�est pas possible... Je vais essayer pourtant de frayer tout de suite quelque chose qui situe l�int�r�t que mon discours, pour autant qu�il est lui-m�me frayage du discours analytique, l�int�r�t que mon discours a, � passer par l�UN.

    Mais d�abord prenez-en le champ en gros d�sign� donc de l�UNIEN, U- N - I - E - N. C�est un mot qui ne s�est jamais dit, qui a pourtant son int�r�t d�amener une note, une note d��veil pour vous chaque fois que l�UN sera int�ress� et qu�à le prendre ainsi sous une forme �pith�te, �a vous rappellera ce que Platon d�abord promeut, c�est que de sa nature il a des pentes directes. Que, dans l�analyse, il en soit parl�, c�est ce qui ne vous �chappe pas, je pense, � nous souvenir de ce qu�il y r�side � cette (p74->) bizarre assimilation de l��ros � ce qui tend � coaguler. Sous pr�texte que le corps, c�est tr�s �videmment une des formes de l'UN, que �a tient ensemble, que c�est un individu sauf accident, il est � c�est singulier � promu par Freud, et c�est bien, à vrai dire, ce qui met en question la dyade avanc�e par lui d��ros et de Thanatos, si elle n��tait pas soutenue d�une autre figure qui est tr�s pr�cis�ment celle o� �choue le rapport sexuel, à savoir celle de l�UN et de PAS-UN, c�est � savoir z�ro, on voit mal la fonction que pourrait tenir ce couple stup�fiant. Il est de fait qu�il sert. Il sert au profil d�un certain nombre de malentendus, d��pinglages de la pulsion de mort, ainsi dite � tort et � travers. Mais il est certain qu�en tout cas, l�UN ne saurait dans ce discours sauvage qui s�institue de la tentative d��noncer le rapport sexuel, il est strictement impossible de consid�rer la copulation de deux corps comme n�en faisant qu�un. Il est extraordinaire qu�� cet �gard, le � Banquet � de Platon, alors que les savants ricanent du Parm�nide, le " Banquet " de Platon soit pris au s�rieux comme repr�sentant quoi que ce soit qui concerne l�amour.

    Certains se souviennent peut-�tre encore que j�en ai us� dans une ann�e, exactement ce!le qui pr�c�de celle que j�ai avanc�e tout � l�heure, l�ann�e 61-62. C�est en 1960-1961 que j�ai pris le " Banquet " pour terrain d�exercice, et je n�ai rien song� � en faire d�autre qu�� en fonder le transfert. Jusqu�� nouvel ordre, le transfert, qu�il y ait quelque chose de l�ordre du deux peut-�tre � son horizon, ne peut pas passer pour une copulation. Je pense tout de m�me avoir un petit peu indiqu� alors le mode de d�rision sur lequel se d�roule cette sc�ne � tr�s proprement parler d�sign�e comme bachique.

    Que ce soit Aristophane qui promeut, qui  invente la fameuse bipartition de l��tre qui de prime abord n�e�t �t� que b�te � deux dos qui se tient serr�e et dont c�est !a jalousie de Zeus qui en fait deux � partir de l�, c�est assez dire dans quelle bouche est mis cet �nonc� pour indiquer qu�on s�amuse, on s�amuse bien d�ailleurs ! Le plus �norme, c�est qu�il n�apparaisse pas que celle qui couronne tout le discours, la nomm�e Diotime ne joue pas un autre r�le, puisque ce qu�elle enseigne, c�est que l�amour ne tient qu�� ce que l�aim�, qu�il soit homo ou h�t�ro, on n�y touche pas, qu�il n�y a que l�Aphrodite uranienne qui compte. Ce n�est pas pr�cis�ment dire que ce soit l�UN qui r�gne sur l��ros. Ce serait d�j� à soi tout seul une raison d�avancer quelques propositions d�j� fray�es d�ailleurs sur l�UN, s�il n�y avait pas en outre ceci, c�est ce que, dans l�exp�rience analytique, le premier pas c�est d�y introduire UN, en analyste qu�on est, on lui fait faire le pas d�entr�e, moyennant quoi l�analysant dont il s�agit, cet UN, le premier mode de sa manifestation est �videmment de vous reprocher de n��tre qu�UN entre autres, moyennant quoi ce qu�il manifeste, mais bien s�r sans s�en apercevoir, c�est tr�s pr�cis�ment que ces " autres " il n�a rien �  faire avec eux et que c�est pour �a qu�avec vous l�analyste, il voudrait �tre le seul pour que �a fasse deux, et qu�il ne sait pas que ce dont il s�agit c�est justement qu�il s�aper�oive que " deux " c�est cet UN qu�il se croit et o� il s�agit qu�il se divise.

    Alors donc il y a de l�UN. Il faudrait �crire �a � aujourd�hui je suis pas tr�s port� � �crire, mais enfin pourquoi pas � :

                                     Y A D� L�UN  

(p75->)

    Pourquoi pas l��crire comme �a ?

    L��crire comme �a, vous allez le voir, �a a un certain int�r�t, qui n�est pas sans justifier le choix de cet UNIEN tout � l�heure, c�est qu � y a d� l�un �, �crit comme �a, �a met en valeur une chose propice de la langue fran�aise, et dont je ne sais pas si on peut tirer le m�me avantage du " There is " ou du � Es Gibt �. Les gens qui en ont le maniement pourront peut-�tre me l�indiquer. " Es Gibt " commande l�accusatif, n�est-ce pas, on dit : � es gibt einen... " quelque chose, quand c�est au masculin. " There is ", on peut dire " there is one ", " there is a... " quelque chose, je sais bien qu�il y a le " There " qui est une amorce de ce c�t�-l�. Mais c�est pas simple. En fran�ais, on peut dire " il y en a ". Chose tr�s �trange, je n�ai pas r�ussi � �a ne veut pas dire que �a ne soit pas trouvable, mais enfin comme �a de la fa�on assez h�tive dont je proc�de, malgr� tout la fonction de la h�te en logique, j�en sais un petit quelque chose ! il faut bien que je me presse, le temps, me presse �, je n�ai pas r�ussi � voir, � trouver quelque chose ni � simplement, � je vais vous dire ce que j�ai consult� : le Littr�, le Robert, pendant que j�y �tais, le Damourette et Pichon et quelques autres quand m�me �, l��mergence historique � c�est ce qu�un dictionnaire comme le Bloch et von Wartburg est fait pour vous donner � l��mergence d�une formule aussi capitale que " il y a ", qui veut dire �a : " y en a ". C�est sur le fond de l�ind�termin� que surgit ce que d�signe, pointe � proprement parler l� " il y a ", dont curieusement y a � je vais dire n�y a pas � n�y a pas d��quivalent � c�est vrai �, d��quivalent courant dans ce que nous appellerons les langues antiques. Au nom de quoi, justement se d�signe que le discours, eh bien, comme dit et comme le d�montre le Parm�nide, le discours �a change. C�est bien en �a que le discours analytique peut repr�senter une �mergence et qu�il s�agirait peut-�tre que vous en fassiez quelque chose, si tant est que, d�s ma disparition � aux yeux de beaucoup d�esprits, bien s�r, toujours pr�sente comme possible, sinon imminente � d�s ma disparition enfin on s�attend, dans le m�me champ, � la v�ritable pluie d�ordure qui d�j� s�annonce, parce qu�on croit que �a ne peut plus tarder, dans la trace de mon discours. Il vaudrait peut-�tre mieux que se confortent ceux qui pourraient donner � ce frayage une suite dont heureusement aussi j�ai dans un endroit, un endroit bien pr�cis, quelques pr�mices, mais rares. Parce qu�on passe son temps � me casser les pieds et les oreilles avec le fait de savoir le rapport du discours analytique avec la r�volution. C�est peut-�tre justement lui qui porte le germe d�aucune r�volution possible, parce qu�il ne faut pas confondre la r�volution avec le vague-�-l��me qui peut vous prendre comme ça � tout bout de champ sous cette �tiquette. C�est pas tout � fait la m�me chose.

    " Y en a " donc, c�est sur fond, sur fond de quelque chose qui n�a pas de forme. Quand on dit " y en a ", �a veut dire d�habitude " y en a du... " ou " y en a des... ", on peut m�me ajouter de temps en temps � ce " des " " des qui ", � des qui pensent �, � des qui s�expriment �, " des qui racontent ", des machins comme �a ; �a reste un  fond d�ind�termination. La question commence sur ce que �a veut dire � de l�UN �. Car d�s que l'UN est �nonc�, le � de � n�est plus l� que comme un mince p�dicule sur ce qu�il en est de ce fond. D�o� est-ce que cet UN surgit ?C�est tr�s pr�cis�ment ce que, en premi�re hypoth�se Platon essaye d�avancer � dire, comme il peut, faute qu�il ait � sa disposition d�autres mots : Name.jpg

(p76->" s�il est UN ", car Hausnummer 17 (Gießen, Deutschland).jpg , un a manifestement la fonction de suppl�ance de ce qui ne s�accentue pas, comme en fran�ais, de l� � il y a �, et de ce qu�il faudrait s�rement le traduire � je comprends le scrupule qui y arr�te les traducteurs � il faudrait s�rement le traduire � s�il y a UN ou l�UN � � c�est � vous de choisir. Mais ce qui est certain, c�est que Platon choisit et que son UN n�a rien � faire avec ce qui englobe. Il y a m�me quelque chose de remarquable, c�est que ce qu�il en d�montre imm�diatement, c�est qu�il ne saurait avoir aucun rapport avec quoi que ce soit dont il a fait sous mille formes la recension m�taphysique et qui s�appelle la dyade, en tant que dans l�exp�rience de la pens�e elle est partout : le plus grand � le plus petit, le plus jeune � le plus vieux, etc. l�incluant � l�inclus et tout ce que vous voudrez de cette esp�ce. Ce qu�il commence par d�montrer est tr�s pr�cis�ment ceci qu�� prendre l�UN par le moyen d�une interrogation discursive, et qui est l� interrog� ? Ce n�est �videmment pas le pauvre petit, le cher mignon, le d�nomm� Aristote, si mon souvenir est bon, dont il semble difficile de croire que �a puisse �tre � ce moment-l� celui qui nous a laiss� sa m�moire. Il est bien clair que comme dans tout dialogue, dans tout dialogue platonicien, il n�y a pas trace d�interlocuteur. Ca semble ne s�appeler dialogue que pour illustrer, ce que j�ai depuis longtemps �nonc�, que le dialogue, justement, il ny en a pas. Ca ne veut pas dire qu�il n�y ait pas pr�sente au fond du dialogue platonicien une bien autre pr�sence � pr�sence humaine, disons-le � que dans bien d�autres choses qui se sont �crites depuis. Il ne nous en faudrait pour t�moignage que ceci, que dans les premi�res approches, la fa�on dont se pr�pare ce qui constitue l�os du dialogue, ce que j�appellerai l�entretien pr�liminaire, celui qui nous explique, comme dans tous les dialogues, comment c�est arriv� que cette chose folle qui ne ressemble en rien � quoi que ce soit qu�on puisse appeler dialogue � c�est l� vraiment qu�on peut le sentir, si d�j� on ne savait pas, par le commun de la vie qu�on a jamais vu un dialogue aboutir � quoi que ce soit � il s�agit dans ce qu�on appelle dialogue, dans cette litt�rature qui a sa date, justement de serrer quel est le r�el qui peut faire croire, qui donne l�illusion qu�on peut arriver � quelque chose en dialoguant avec quelqu�un. Alors �a vaut qu�on pr�pare le truc, qu�on dise de quel zin-zin il s�agissait. Le vieux Parm�nide et sa clique qui est là, il fallait rien moins que �a pour que puisse s��noncer quelque chose qui fait parler qui ? Eh bien, l�UN, et � partir du moment o� vous le faites parler, l�UN, �a veut la peine de regarder � quoi �a sert celui qui tient l�autre crachoir ! Il ne peut que dire des trucs comme �a : File:1.jpg; " oh l� l�, encore trois fois plus vrai que vous ne le disiez... " c�est �a le dialogue ! Naturellement quand c�est l�UN qui parle. Ce qui est curieux, c�est la fa�on dont Parm�nide l�introduit : l�UN, il lui passe la main dans le dos, il lui explique : � Cher mignon, viens ici parler, cher petit un, tout cela n�est que bavardage � parce que vous ne traduisez pasName.jpg n�est-ce pas, par l�id�e qu�il s�agit d�adolescent. Je dis �a pour ceux qui ne sont pas avertis. Surtout que comme en face de la page, on vous dit qu�il s�agit de se conduire comme des innocents, comme des jeunots, vous pourriez confondre. Ils ne sont pas nomm�s comme �a, les jeunots, dans le texte grec. Name.jpg, �a veut dire bavardage. Et on peut consid�rer que c�est l� quelque chose qui est comme l�amorce, la pr�figuration, la pr�figuration de ce que nous appelons dans notre rude langage comme �a, tress� par ce qu�on a pu, la ph�nom�nologie qu�on pouvait � ce moment-l� avoir � la port�e de sa main, ce qu�on a traduit par � asso-(p77->)ciation libre �. Naturellement l�association n�est pas libre. Si elle �tait libre, elle n�aurait aucun int�r�t, mais c�est la m�me chose que le bavardage : c�est fait pour apprivoiser 1e moineau. L�association, il est bien entendu qu�elle est li�e. On ne voit pas quel serait son int�r�t si elle �tait libre. Le bavardage en question, il est certain qu�il ne fait aucun doute que comme ce n�est pas quelqu�un qui parle, mais que c�est l�UN, on peut voir l� � quel point c�est li�, parce que c�est tr�s d�monstratif.

    A mettre les choses dans ce relief, �a permet de situer pas mal de choses et en particulier le pas qui se franchit de Parm�nide � Platon, parce qu�il y avait d�j� un pas de franchi par Parm�nide dans ce milieu ou il s'agissait en somme de savoir ce qu�il en est du R�el. Nous en sommes toujours tous l�. Apr�s qu�on ait dit que c��tait l�air, l�eau, la terre, le feu et puis qu�apr�s �a on n�avait plus qu�� recommencer, il y a quelqu�un qui s�est avis� que le seul facteur commun � toute cette substance dont il s�agissait, c��tait d��tre dicible. C�est �a, le pas de Parm�nide. Seulement le pas de Platon, c�est diff�rent. C�est diff�rent : c�est de montrer que, d�s qu�on essaye de dire d�une fa�on articul�e, ce qui se dessine, la structure, comme on dirait dans ce que j�ai appel� tout � l�heure notre rude langage � le mot " structure " ne vaut pas mieux que le mot d�association 1ibre � mais ce qui se dessine fait difficult� et que le R�el, c�est dans cette voie qu�il faut le chercher : File:4.jpg, qu�on traduit improprement la forme, c�est quelque chose qui d�j� nous promet le serrage, le cernage de ce qui fait b�ance dans le dire. En d�autres termes, Platon �tait pour tout dire Lacanien !

    Naturellement il ne pouvait pas le savoir. En plus, il �tait un peu d�bile, ce qui ne facilite pas les choses, mais ce qui s�rement l�a aid�. J�appelle d�bilit� mentale, le fait qu�un �tre, un �tre parlant, ne soit pas solidement install� dans un discours. C�est ce qui fait le prix du d�bile. Il n�a aucune autre d�finition qu�on puisse lui donner, sinon d��tre ce  qu�on appelle un peu � c�t� de la plaque, c�est-�-dire qu�entre deux discours il flotte. Pour �tre solidement install� comme sujet, il faut s�en tenir � un ou alors bien savoir ce qu�on fait. Mais c�est pas parce qu�on est en marge qu�on sait ce qu�on dit. De sorte que pour ce qui est de son cas, �a lui a permis solidement parce qu�apr�s tout il avait des cadres, il ne faut pas croire que dans son temps les choses ne fussent pas prises dans un tr�s solide discours et il en montre le bout de l�oreille quelque part dans les entretiens pr�liminaires de ce Parm�nide. C�est tout de m�me lui qui l�a �crit. On ne sait pas si il se marre ou non, mais enfin, il n�a pas attendu Hegel pour nous faire la dialectique du ma�tre et de l�esclave. Et je dois dire que ce qu�il en �nonce est d�une autre assiette que ce qu�avance toute la " Ph�nom�nologie de l�Esprit ". Non pas qu�il conclue, mais qu�il donne les �l�ments mat�riels. Il avance, il avance et il le peut parce que de son temps, ce n�est pas du chiqu�. On se demande si c��tait mieux ou plut�t que pire de penser que les ma�tres et les esclaves s��taient l� affirm�s. Ça permettait de s�imaginer que �a pouvait changer � tout instant et en effet �a changeait � tout instant. Quand les ma�tres �taient faits prisonniers, ils devenaient esclaves et quand les esclaves �taient affranchis, eh bien, ils devenaient ma�tres ! Gr�ce � quoi, Platon s�imagine � et il le fait dans les pr�liminaires de ce dialogue � que l�essence ma�tre, l �File:4.jpg, et celle de l�esclave, eh bien, on peut consid�rer qu�elles n�ont rien � faire avec ce qu�il en est r�ellement. Le ma�tre (p78->) et l�esclave sont entre eux dans des rapports qui n�ont rien � faire avec le rapport de l�essence-ma�tre et de l�essence-esclave. C�est bien en cela qu�il est un peu d�bile, c�est que nous avons vu faire le grand m�lange, qui s�op�re toujours par une certaine voie dont il est curieux qu�on ne voie pas � quel point elle promet la suite, c�est qu�on est tous fr�res, hein ? Il y a une r�gion comme �a de l�histoire, du mythe historique, je veux dire du mythe en tant qu�il est histoire, �a ne s�est vu qu�une fois : chez les Juifs o� on sait, la fraternit�, � quoi �a sert ! Ça a donn� le grand mod�le : elle est faite pour qu�on vende son fr�re, ce qui n�a pas manqu� de se produire dans la suite de toutes les subversions qui sont dites tourner autour du discours du ma�tre.

    Il est tout � fait clair que l�effort dont Hegel s�ext�nue au niveau de la " Ph�nom�nologie ", la crainte de la mort, la lutte � mort de pure prestance, et j�t�en raconte et j�t�en remets ! Moyennant quoi � c�est l�essentiel � obtenir � il y a un esclave. Mais je le demande � tous ceux qui ont des fr�missements comme �a de changer les r�les, je le demande enfin : qu�est-ce qui peut faire, puisque l�esclave survit, qu�il devienne pas tout de suite apr�s la lutte � mort de pure prestance venant de lui et la crainte de la mort qui change de camp, tout �a ne subsiste, n�a chance de subsister qu�� condition qu�on voie tr�s pr�cis�ment ce que Platon �carte � ce que Platon �carte, mais qui saura jamais au nom de quoi, parce qu�on ne peut pas, mon dieu, sonder son c�ur, c�est peut-�tre d�bilit� mentale simplement � il est clair qu�au contraire que c�est l� la plus belle occasion de marquer ce qu�il en est de ce qu�il appelle le ,Name.jpg, la participation.

    Jamais l�esclave n�est esclave que de l�essence du ma�tre, de m�me que le ma�tre sans... � j�appelle �a l�essence, appelez-le comme vous voudrez, j�aime beaucoup mieux l��crire Sl : le Signifiant � Ma�tre � et quant au Ma�tre, s�il n�y avait pas S2, le savoir de l�esclave, qu�est-ce qu�il en ferait ?

    Je m�attarde. Je m�attarde pour vous dire l�importance de cette chose invraisemblable qu�il y en ait, de l�UN. C�est là le point � mettre en relief, car d�s qu�on interroge cet UN, ce qu�il devient, enfin, comme une chose qui se d�fait, c�est qu�il est impossible de le mettre en rapport avec quoi que ce soit hors la s�rie des nombres entiers, qui n�est rien d�autre que cet UN.

    Bien s�r, ceci ne survient, n�arrive, ne surgit qu�� la fin d�une longue �laboration du discours. Dans la logique de Frege, celle qui s�inscrit dans les � Grundlagen der Arithmetik �, vous verrez � la fois l�insuffisance de toute d�duction logique de UN, puisqu�il faut qu�elle passe par le z�ro dont on ne peut tout de m�me pas dire que ce soit l'UN et pourtant d�o� se d�roule que c�est de ce UN qui manque au niveau du z�ro que proc�de toute la suite arithm�tique, alors que parce que d�j� de 0 � l �a fait 2 ; d�s lors �a fera 3, parce qu�il y aura 0, l et 2 avant et ainsi de suite. Et ceci tr�s pr�cis�ment jusqu�au premier des aleph qui curieusement � et pas pour rien � ne peut se d�signer que d�Aleph 0.

    Bien s�r, ceci peut vous para�tre à une distance savante. C�est bien pour �a qu�il faut l�incarner et que j�ai mis d�abord ; " yad�lun ", " y a (p79->) d�lun " et que vous ne sauriez trop vous exclamer de cette annonce qu�autant de points d�exclamation � la suite que tr�s pr�cis�ment l�aleph 0 (x) sera juste suffisant pour sonder ce qu�il peut en �tre, si vous l�approchez suffisamment, de l��tonnement qui m�rite qu�il y ait � d�l�UN �.

    Oui, �a ne m�rite bien que d��tre salu� de cet � ouille � puisque nous parlons en � langue d�ouille � ! Je veux dire " hoc en ille ". Ici est bien celui-l� dont il s�agit, l�UN, le responsable. C�est � l�attraper par les oreilles que " y en a " montre bien le fond dont il existe. Lc fond dont il existe tient en ceci qui ne va pas de soi : c�est que pour prendre d�abord le premier meuble que j�avais � port�e de ma main, l�UN d�bile mental, vous pouvez y ajouter une grippe � tiroirs, un pied de nez, une fum�e, un " Bonjour de ta Catherine ", une civilisation, voire une jarreti�re d�pareill�e, eh bien, �a fait huit ! Si �pars que �a vous paraisse, il y en a comme �a � la pelle, mais ils tiennent tous � l�appel : petits ! petits ! petits ! Et l�important � parce qu�il faut �videmment que je rende sensible les choses autrement que par un 0, l et par x � l�important, c�est que �a suppose toujours le m�me UN, l�UN qui ne se d�duit pas, contrairement à la poudre aux yeux que peut vous jeter John Stuart Mill, simplement de prendre des choses distinctes � les tenir pour identique, parce que �a, c�est simplement quelque chose qu�illustre, dont donne le mod�le, le boulier, mais le boulier a �t� fait expr�s pour que �a se compte et qu�� l�occasion se comptent les huit �pars que je vous ait fait surgir tout � l�heure. Seulement ce que le boulier ne vous donnera pas, c�est ceci qui se d�duit directement et sans aucun boulier de UN, c�est � savoir qu�entre ces huit meubles dont je vous ai parl� tout � l�heure, eh bien, il y a, parce qu�ils sont huit, 28 combinaisons deux par deux, pas une de plus, et que ça c�est comme �a, du fait de l�UN. Naturellement j�esp�re que �a vous frappe et, comme j�en ai pris huit, �a vous emp�che, �a vous sid�re. Vous saviez pas d�avance que ça ferait 28 combinaisons, encore que �a soit facile : c�est, je ne sais pas quoi : 5.jpg

non, voyez-vous, �a ne fait pas 28, �a fait 21. Bon. Et alors ! Ca change rien ! Le chiffre, on peut le conna�tre, c�est ce dont il s�agit. Si j�en avait mis moins, c�est quelque chose qui vous aurait port� � travailler, � me dire que peut-�tre que m�me il faudrait que je compte les rapports de chacun � l�ensemble. Pourquoi je ne le fais pas, c�est ce que je serai forc� d�attendre la prochaine fois pour vous expliquer. Parce que les rapports de chacun � l�ensemble, ça n��limine pas justement qu�il y a UN ensemble et que, de ce fait, �a veut dire que vous en remettez UN, ce qui aboutirait à en effet augmenter consid�rablement le nombre des combinaisons deux par deux. Au niveau du triangle, si je vous avais mis seulement trois UN, �a aurait fait trois combinaisons seulement. Vous en avez tout de suite six si vous prenez l�ensemble pour UN. Mais justement ce dont il s�agit, c�est de s�apercevoir l� d�une autre dimension de l�UN que j�essaierai de vous illustrer la prochaine fois du triangle arithm�tique.

    En d�autres termes, l�UN donc n�a toujours m�me sens. Il a le sens par exemple de ce UN de l�ensemble vide qui, chose curieuse, � notre num�ration d��l�ments ajoutera deux. Je vous montrerai pourquoi et � partir d�o�.

(p80->) N�anmoins nous approchons d�j� de quelque chose qui, à ne pas partir du tout de l�UN comme tout, nous montre que l'UN dans son surgissement n�est pas univoque. En d�autres termes, nous renouvelons la dialectique platonicienne. C�est bien ainsi que je pr�tends vous mener quelque part � poursuivre par cette bifidit� de l'UN. Encore faut-il voir si elle tient. Cet UN que Platon si bien distingue de l��tre, c�est assur�ment que l��tre, lui, est UN toujours en tous les cas, mais que l�UN ne sache �tre comme �tre, voil� qui est dans le Parm�nide parfaitement d�montr�. C�est bien historiquement d�o� est sortie la fonction de l�existence. Ce n�est pas parce que l�UN n�est pas qu�il ne pose pas la question et il la pose d�autant plus qu�o� que ce soit, � jamais, qu�il doivent s�agir d�existence, ce sera toujours autour du UN que la question tournera.

    La chose dans Aristote ne s�approche que timidement au niveau des propositions particuli�res. Aristote s�imagine qu�il suffit de dire que " quelques " � quelques seulement, pas tous � sont comme ci ou comme �a, pour que �a les distingue, que ce n�est qu�en les distinguant de ce qui, lui, est comme �a, si celles-ci ne le sont pas par exemple, que �a suffit � assurer leur existence. C�est bien en quoi l�existence d�j� d�s sa premi�re �mergence s�amorce tout de suite, s��nonce de son inexistence corr�lative. Il n�y a pas d�existence, sinon sur fond d�inexistence et inversement.
" Ex-sistere ", ne tenir son soutien que d�un dehors qui n�est pas, c�est bien l� ce dont il s�agit dans l�UN. Car � la v�rit�, d�o� surgit-il ? En un point o� Platon arrive � le serrer. Il ne faut pas croire que ce soit, comme il semble, seulement � propos du temps. Il l�appelle Name.jpg.  Traduisez �a comme vous voudrez = c�est l�instant c�est le soudain, c�est le seul point o� il peut faire subsister, c�est bien en effet toujours o� toute �lucidation du nombre � et Dieu sait qu�elle a �t� pouss�e assez loin pour nous donner l�id�e qu�il y a d�autres aleph que celui des nombres. Mais celui-l�, cet instant, ce point � car c�est cela qui en serait la v�ritable traduction � c�est bien ce qui ne se trouve d�cisif qu�au niveau d�un aleph sup�rieur, au niveau du continu.

    L�UN donc ici pr�cis�ment semble se perdre et porter � son comble ce qu�il en est de l�existence jusqu�� confiner � l�existence comme telle en tant que surgissant du plus difficile � atteindre, du plus fuyant dans l��non�able. Et c�est ce qui m�a fait trouver, � me reporter � cet Name.jpg, dans Aristote lui-m�me, � m�apercevoir qu�en fin de compte, il y a eu �mergence de ce terme d� � exister � quelque part dans la Physique o� vous pourrez le trouver, � o� vous pourrez le trouver surtout si je vous le donne, c�est quelque part au livre IV de la Physique d�Aristote * � Aristote le d�finit comme justement ce quelque chose qui a "6.jpgName.jpg" dans un temps qui ne peut pas �tre senti File:8.jpg" en raison de son extr�me petitesse est File:9.jpg. Je ne sais si ailleurs qu�en cet endroit du livre IV de la � Physique �, le termeFile:10.jpg  est prof�r� dans la litt�rature antique. Mais il est clair qu�il vient � c�est un participe pass�, le participe pass� de l�aoriste second Name.jpg , de cet aoriste qui se dit The number 12.jpg, c�est Number 13 (1).jpg et je ne sache pas qu�il y ait de verbe14.jpg, c�est � contr�ler.

15.jpg

(p81->) Quoi qu�il en soit, le, " sistere " est d�j�, l� l��tre stable. �tre stable � partir d�un dehors : 21.jpg, ce qui n�existe qu�à n��tre pas. C�est bien de cela qu�il s�agit. C�est cela que j�ai voulu ouvrir aujourd�hui sous le chapitre g�n�ral de l�Unien et je vous en demande pardon : si j�ai choisi l�Unien, pardonnez-moi, c�est que c�est l�anagramme d�ennui.

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN
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] relu ce 19 juillet 2005 (consultez [../../erreurs%20reperees.htm#19 notes] )