Text/Jacques Lacan/OP19011972.htm

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  J.LACAN                               gaogoa

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s�minaire XIX- ...Ou Pire    1971-1972
        
version rue CB                                   [#note note]

19 janvier 1972

                AU TABLEAU    (l'art de produire une n�cessit� de discours)
                                                                           (la signification du phallus)
                                                                           (die Bedeutung des Phallus)

 File:39-1.jpg

(p39->) � L�art de produire une n�cessit� de discours � , telle est, la derni�re fois, la formule que j�ai gliss�e, plut�t que propos�e de ce que c�est que la logique. Je vous ai quitt�s dans le brouhaha de tout un chacun qui se levait pour vous faire remarquer qu�il ne suffisait pas que Freud ait not� comme caract�re de l�Inconscient qu�il n�glige, qu�il fait bon march� du principe de contradiction pour que, comme se l�imaginent quelques psychanalystes, la logique n�ait rien � faire dans son �lucidation. S�il y a discours, discours qui m�rite de s��pingler de la nouvelle institution analytique, il est plus que probable que comme pour tout autre discours, sa logique doive se d�gager.

  Je rappelle au passage que le discours, c�est ce dont le moins qu�on puisse dire est que le sens reste voil�. A vrai dire, ce qui le constitue est tr�s pr�cis�ment fait de l�absence de ce sens. Aucun discours qui ne doive recevoir son sens d�un autre et s�il est vrai que l�apparition d�une nouvelle structure de discours prend sens, ce n�est pas seulement de le recevoir, c�est aussi bien s�il appara�t que ce discours analytique tel que je vous l�ai situ� l�ann�e derni�re repr�sente le dernier glissement sur une structure t�tradique,  " quadripode "  , comme je l�ai appel�e dans un texte publi� ailleurs, par le dernier glissement de ce qui s�articule au nom de la signifiance, il devient sensible que quelque chose d�original se produit de ce cercle qui se ferme.

    " L�art de produire, ai-je dit, une n�cessit� de discours ", c�est autre chose que cette n�cessit� elle-m�me. La n�cessit� logique � r�fl�chissez-y, (p40->)  il ne saurait y en avoir d�autre � est le fruit de cette production. La n�cessit�,File:Necesssite.jpg ne commence qu�� l��tre parlant et aussi bien tout ce qui a pu appara�tre, s�en produire, est toujours le fait d�un discours. Si c�est bien ce dont il s�agit dans la trag�die, c�est bien pour autant que la trag�die se concr�tise comme !e fruit d�une n�cessit� qui n�est point autre � c�est �vident, car il ne s�y agit que d��tres parlants � d�une n�cessit�, dis-je, que logique. Rien, il me semble, n�appara�t ailleurs que chez l��tre parlant de ce qui est proprement de File:Necesssite.jpg . C�est aussi bien pour cela que Descartes ne faisait des animaux que des automates, en quoi s�rement il s�agit d�une illusion, illusion dont nous montrerons l�incidence au passage, � propos de ce que nous allons, de cet art de produire une n�cessit� de discours, de ce que nous allons � je vais l�essayer � essayer de frayer.

   Produire, au double sens de d�montrer ce qui �tait l� avant, c�est bien en cela d�j� qu�il n�est point s�r que quelque chose ne se refl�te, ne contienne l�amorce de la n�cessit� dont il s�agit dans le pr�alable, dans le pr�alable de l�existence animale. Mais, faute de d�monstration, ce qui est � produire doit en effet �tre tenu pour �tre avant inexistant, autre sens, sens de produire, celui sur lequel toute une recherche issue de l��laboration d�un discours d�j� constitu�, dit le discours du Ma�tre, a d�j� avanc� sous le terme de " r�aliser par un travail ". C�est bien en quoi consiste ce qui se fait de pour autant que je suis moi-m�me, le logicien en question, le produit de l��mergence de ce nouveau discours, que la production au sens de d�monstration peut �tre devant vous ici annonc�e. Ce qui doit �tre suppos� avoir �t� d�j� l�, par la n�cessit� de la d�monstration, produit de la supposition de la n�cessit� de toujours, mais aussi justement t�moignait de la pas moindre n�cessit� du travail de l�actualiser. Mais dans ce moment d��mergence, cette n�cessit� donne du m�me coup la preuve qu�elle ne peut �tre d�abord suppos�e, qu�au titre de l�inexistant. Qu�est-ce donc la n�cessit� ? Non ! Ce qu�il faut dire, ce n�est pas " ce donc ", c�est " qu�est " et directement, ce � ce dont � comportant en soit trop d��tre. C�est directement " qu�est " la n�cessit� telle que, du fait m�me de la produire, elle ne puisse, avant d��tre produite, qu��tre suppos�e inexistante, ce qui veut dire pos�e comme telle dans le discours.

Il y a r�ponse � cette question, comme � toute question, pour la raison qu�on ne la pose � comme toute question � qu�� avoir d�j� la r�ponse. Vous l�avez donc, m�me si vous ne le savez pas. Ce qui r�pond � cette question � Qu�est la n�cessit�, etc. ? �, c�est ce qu�� faire logiquement, m�me si vous ne le savez pas, dans votre bricolage de tous les jours, ce bricolage qu�un certain nombre ici, d��tre avec moi en analyse � il y en a quelques-uns, bien s�r, pas tous ! � viennent me confier sans pouvoir prendre d�ailleurs, avant un certain pas franchi, sentiment de ce qu�� le faire, de venir me voir, ils me supposent �tre moi-m�me, ce bricolage � le faire donc, c�est-�-dire tous, m�me ceux qui ne me le confient pas, ils r�pondent d�j�. Comment ? A le r�p�ter tout simplement, ce bricolage, de fa�on inlassable. C�est ce qu�on appelle le sympt�me � un certain niveau, � un autre l�automatisme, terme peu propre, mais dont l�histoire peut rendre compte. Vous r�alisez � chaque instant, pour autant que l�inconscient existe, la d�monstration dont se fonde l�inexistence comme pr�alable du n�cessaire. C�est l�inexistence de ce qui est au prin-(p41->)cipe du sympt�me, à savoir c�est sa consistance m�me, au dit sympt�me depuis que le terme, d�avoir �merg� avec Marx, a pris sa valeur, ce qui est au principe du sympt�me, c�est à savoir l�inexistence de la v�rit� qu�il suppose, quoiqu�il en marque la place. Voil� pour le sympt�me en tant qu�il se rattache � la v�rit� qui n�a plus cours. A ce titre, on peut dire que, comme n�importe qui, qui subsiste dans l�art moderne, aucun de vous n�est �tranger � ce mode de la r�ponse.

Dans le second cas, le dit automatisme, c�est l�inexistence de la jouissance que l�automatisme dit de r�p�tition ferait venir au jour de l�insistance de ce pi�tinement à la port�e qui se d�signe comme sortie vers l�existence. Seulement au-del�, ce n�est pas tout � fait ce qu�on appelle une existence qui vous attend, c�est la jouissance telle qu�elle op�re comme n�cessit� de discours et elle n�op�re, vous le voyez, que comme inexistante. Seulement voil�, � vous rappeler ces ritournelles, ces rengaines, ce que je fais, bien, s�r, dans le dessein de vous rassurer, de vous donner le sentiment que je ne ferai l� qu�apporter des speeches sur ce dans quoi..., au nom de ceci qu'i1 y aurait une certaine substance de jouissance, la v�rit� en l�occasion, telle qu�elle serait pr�n�e dans Freud, il n�en reste pas moins qu�� vous en tenir là, ce n�est pas � l�os de la structure que vous pouvez vous r�f�rer. � Qu�est la n�cessit�... �, ai-je dit, " ... qui s�instaure d�une supposition d�inexistence ? ". Dans cette question, ce n�est pas ce qui est inexistant qui compte, c�est justement la supposition d�inexistence, laquelle n�est que cons�quence de la production de la n�cessit�. L�inexistence ne fait question que d�avoir d�j� r�ponse, double certes, de la jouissance et de la v�rit�, mais elle inexiste d�j�. Ce n�est pas par la jouissance, ni par la verit� que l�inexistence prend statut, qu�elle peut inexister, c�est-�-dire venir au symbole qui la d�signe comme inexistence, non pas au sens de ne pas avoir d�existence, mais de n��tre existence que du symbole qui la ferait inexistante et qui, lui existe : c�est un nombre, comme vous le savez, g�n�ralement d�sign� par z�ro. Ce qui montre bien que l�inexistence n�est pas ce qu�on pourrait croire : le n�ant. Car qu�en pourrait-il sortir, hors la croyance, la croyance en soi ? Il n�y en a pas 36, de croyances ! Dieu a fait le monde du n�ant, pas �tonnant que ce soit un dogme : c�est la croyance en elle-m�me. C�est ce rejet de la logique qui s�exprime � il y a un de mes �l�ves qui a, un jour, trouv� �a tout seul �, qui s�exprime, selon la formule qu�il en a donn� � je l�en remercie � : " S�rement pas, mais tout de m�me ". Ca ne peut aucunement nous suffire. L�inexistence n�est pas le n�ant. Comme je viens de vous le dire, c�est un nombre qui fait partie de la s�rie des nombres entiers. Pas de th�orie des nombres entiers, si vous ne rendez pas compte de ce qu�il en est du z�ro. Et ce dont on s�est aper�u dans un effort dont ce n�est pas par hasard s�il est pr�cis�ment contemporain, un peu ant�rieur certes de la recherche de Freud, c�est celui qu�a inaugur�, � interroger logiquement ce qu�il en est du statut du nombre, un nomm� Fr�ge, n� 8 ans avant lui et mort quelques 14 ans avant.

Ceci est grandement destin� dans notre interrogation de ce qu�il en est de la n�cessit� logique du discours de l�analyse, c�est tr�s pr�cis�ment ce que je pointais de ce qui risquait de vous �chapper de la r�f�rence dont � l�instant je l�illustrais comme application, autrement dit usage fonctionnel, de l�inexistence, c�est-�-dire qu�elle ne se produise que dans l�apr�s-coup dont surgit d�abord la n�cessit�, à savoir d�un discours o� (p42->) elle se manifeste avant que le logicien � je vous l�ai dit � y advienne lui-m�me comme cons�quence seconde, c�est-�-dire du m�me temps que l�inexistence elle-m�me. C�est sa fin que de se r�duire o� elle se manifeste d�avant lui. Cette n�cessit� � je le r�p�te, la d�montrant, cette fois, du m�me temps que je l��nonce �, cette n�cessit�, c�est la n�cessit� elle- m�me, en elle-m�me, par elle-m�me, pour elle-m�me, c�est-�-dire ce par quoi la vie se d�montre elle-m�me n��tre que n�cessit� de discours puisqu�elle ne trouve pas pour r�sister � la mort, c�est-�-dire � son lot de jouissance, rien d�autre qu�un truc, � savoir le recours � cette m�me chose que produit une opaque programmation qui est bien autre chose � je l�ai soulign� � que la puissance de la vie, l�amour ou autre baliverne, qui est cette programmation radicale qui ne commence pour nous un peu � se d�sent�n�brer qu�� ce que font les biologistes au niveau de la bact�rie et dont c�est la cons�quence, pr�cis�ment, que la reproduction de la vie.

    Ce que le discours fait, � d�montrer ce niveau o� rien d�une n�cessit� logique ne se manifeste que dans la r�p�tition, nous para�t ici rejoindre comme un semblant ce qui s�effectue au niveau d�un message qu�il n�est nullement facile de r�duire � ce que, de ce terme que nous connaissons et qui est de l�ordre de ce qui se situe au niveau d�une combinatoire courte dont les modulations sont celles qui passent de l�acide d�soxyribonucl�ique à ce qui s�en transmettra au niveau des prot�ines avec la bonne volont� de quelques interm�diaires qualifi�s notamment d�enzymatiques ou de catalyseurs. Que ce soit l� ce qui nous permet de r�f�rer ce qu�il en est de la r�p�tition, ceci ne peut se faire qu�� �laborer pr�cis�ment ce qu�il en est de la fiction par quoi quelque chose nous parait soudain se r�percuter du fond m�me de ce qui a fait un jour l��tre vivant capable de parler.

     Il y en a un, en effet, un entre tous, qui n��chappe pas � une jouissance particuli�rement insens�e et que je dirais locale au sens d�accidentelle, et qui est la forme organique qu�a pris pour lui la jouissance sexuelle. Il en colore de jouissance tous ses besoins �l�mentaires, qui ne sont, chez les autres �tres vivants, que colmatage au regard de la jouissance. Si l�animal bouffe r�guli�rement, il est bien clair que c�est pour ne pas conna�tre la jouissance de la faim. Il en colore donc, celui qui parle � et c�est frappant, c�est la d�couverte de Freud � tous ses besoins, c�est-�-dire ce par quoi il se d�fend contre la mort. Il ne faut pas croire du tout pourtant pour �a que la jouissance sexuelle, c�est la vie. Comme je vous l�ai dit tout � l�heure, c�est une production locale, accidentelle, organique et tr�s exactement li�e, centr�e, sur ce qu�il en est de l�organe m�le, ce qui est �videmment particuli�rement grotesque. La d�tumescence, chez le m�le, a engendr� cet appel de type sp�cial qui est le langage articul� gr�ce � quoi s�introduit dans ses dimensions, la n�cessit� de parler. C�est de l� que rejaillit la n�cessit� logique comme grammaire du discours. Vous voyez si c�est mince ! Il a fallu, pour s�en apercevoir, rien de moins que l��mergence du discours analytique.

" La Signification du phallus " : dans mes �crits quelque part, j�ai pris soin de loger cette �nonciation que j�avais faite tr�s pr�cis�ment � Munich quelque part avant 1960, il y a une paye... J�ai �crit dessous : " Die Bedeutung des Pallus ". C�est pas pour le plaisir de vous faire croire (p43->) que je sais l�allemand, encore que ce soit en allemand, puisque j��tais � Munich, que j�ai cru devoir articuler ce dont j�ai donn� la le texte retraduit. Il m�avait sembl� opportun d�introduire sous !e terme de " Bedeutung " ce qu�en fran�ais, vu le degr� de culture o� nous �tions � l��poque parvenus, je ne pouvais d�cemment traduire que par � la signification �. � Die Bedeutung des Phallus �, c��tait d�j�, mais les Allemands eux-m�mes, �tant donn� qu�ils �taient analystes � j�en marque la distance par une petite note qui est au d�but de ce texte reproduite �, les Allemands n�avaient, bien entendu � je parle des analystes, on �tait au sortir de la guerre et on ne peut pas dire que l�analyse avait fait pendant beaucoup de progr�s � les Allemands n�y ont entrav� que pouic. Tout �a leur a sembl�, comme je le souligne du dernier terme de cette note, � proprement parler � inou� �. C�est curieux d�ailleurs que les choses ont chang� au point que ce que je raconte aujourd�hui est peut-�tre devenu pour un certain nombre d�entre vous, d�j�, � juste titre, monnaie courante.

� Die Bedeutung � pourtant, �tait bien r�f�r� � l�usage, � l�usage que Frege fait de ce mot pour l�opposer au terme de " Sinn ", lequel r�pond tr�s exactement � ce que j�ai cru devoir vous rappeler au niveau de mon �nonc� d�aujourd�hui, � savoir le sens, le sens d�une proposition. On pourrait exprimer autrement � et vous verrez que ce n�est pas incompatible � ce qu�il en est de la n�cessit� qui conduit � cet art de la produire comme n�cessit� du discours. On pourrait l�exprimer autrement : que faut-il pour qu�une parole D�NOTE quelque chose ? Tel est le sens � faites attention, les menus �changes commencent ! � tel est le sens que Frege donne � " Bedeutung " : la d�notation.

    Il vous appara�tra c!air, si vous voulez bien ouvrir ce livre qui s�appelle Les Fondements de l�arithm�tique et qu�une certaine Claude Imbert qui autrefois, si mon souvenir est bon, fr�quenta mon s�minaire, a traduit, ce qui le laisse pour vous � la port�e de votre main enti�rement accessible, il vous appara�tra clair, comme c��tait pr�visible, que pour qu�il y ait � coup s�r d�notation, ce ne soit pas mal de s�adresser d�abord, timidement, au champ de l�arithm�tique tel qu�il est d�fini par les nombres entiers. Il y a un nomm� Kronecker qui n�a pas pu s�emp�cher, tellement est grand le besoin de la croyance, de dire que les nombres entiers c�est Dieu qui les avait cr��s. Moyennant quoi, ajoute-t-il, l�homme a � faire tout le reste et, comme c��tait un math�maticien, le reste, c��tait pour lui tout ce qu�il en est du reste du nombre. C�est justement pour autant que rien n�est s�r qu�il soit de cette esp�ce, � savoir qu�un effort logique peut au moins tenter de rendre compte des nombres entiers, que j�am�ne dans le champ de votre consid�ration le travail de Frege.

    N�anmoins, je voudrais m�arr�ter un instant � ne serait-ce que pour vous inciter � le relire � sur ceci que cette �nonciation que j�ai produite sous l�angle de � la signification du phallus �, dont vous verrez, qu�au point o� j�en suis � enfin �a, c�est un petit m�rite dont je me targue � il n�y a rien � reprendre, bien qu�� cette �poque personne vraiment n�y entendit rien. J�ai pu le constater sur place. Qu�est-ce que veut dire " la signification du pha11us " ? Ceci m�rite qu�on s�y arr�te, car apr�s tout une liaison ainsi d�terminative, il faut toujours se demander si c�est un  (p44->) g�nitif dit objectif ou subjectif, tel que j�en illustre la diff�rence par le rapprochement des deux sens, ici le sens marqu� par deux petites fl�ches : 
         File:FlecheDrte.jpg
� Un d�sir d�enfant �, c�est un enfant qu�on d�sire : objectif. 
         File:FlecheGche.jpg
" Un d�sir d�enfant ", c�est un enfant qui d�sire : subjectif.
    Vous pouvez vous exercer, c�est toujours tr�s utile. La loi du talion que j��cris au-dessous sans y ajouter de commentaires, �a peut avoir deux sens : la loi qu�est le talion, je l�instaure comme loi ; ou ce que le talion articule comme loi, c�est-�-dire � oeil pour oeil, dent pour dent �, �a n�est pas la m�me chose.

    Ce que je voudrais vous faire remarquer, c�est que " la signification du phallus " � et ce que je d�velopperai sera fait pour vous le faire d�couvrir � au sens que je viens de pr�ciser du mot sens, c�est-�-dire la petite fl�che, c�est neutre. � La signification du phallus �, �a a ceci d�astucieux que ce que le phallus d�note, c�est le pouvoir de signification.

     Ça n�est donc pas, ce File:PhiX.jpg, une fonction du type ordinaire, c�est ce qui fait qu�� condition de se servir, pour l�y placer comme argument, de quelque chose qui n�a besoin d�avoir d�abord aucun sens, � cette seule condition de l�articuler d�un prosdiorisme, " il existe " ou bien " tout " � cette condition, selon seulement le prosdiorisme, produit lui-m�me de la recherche de la n�cessit� logique et rien d�autre, ce qui s��pinglera de ce prosdiorisme prendra signification d�homme ou de femme selon le prosdioriszne choisi, c�est-�-dire soit l� � Il existe �, soit l� " Il n�existe pas ", soit le " Tout ", soit le � Pas-tout �.

    N�anmoins il est clair que nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de ce qui s�est produit d�une n�cessit� logique � l�affronter aux nombres entiers, pour la raison qui est celle dont je suis parti, que cette n�cessit� d�apr�s-coup implique la supposition de ce qui inexiste comme tel. Or il est remarquable que ce soit � interroger le nombre entier, � en avoir tent� la gen�se logique, que Frege n�ait �t� conduit a rien d�autre qu�a fonder le nombre 1 sur le concept de l�inexistence.

    Il faut dire que, pour avoir �t� conduit l�, il faut bien croire que ce qui jusque-l� courait sur ce qui le fonde, le 1, ne lui donnait pas satisfaction de logicien. Il est certain que pendant un bout de temps, on s�est content� de peu. On croyait que ce n��tait pas difficile : il y en a plusieurs, il y en a beaucoup, ben, on les compte. Ca pose, bien s�r, pour l�av�nement du nombre entier d�insolubles probl�mes. Car s�il ne s�agit que de ce qu�il est convenu de faire, d�un signe pour les compter � �a existe, on vient de m�apporter comme ça un petit bouquin pour me montrer comment..., un po�me arabe l�-dessus, un po�me qui indique comme ça, en vers, tout ce qu�il faut faire avec le petit doigt, puis avec l�index, puis avec l�annulaire et quelques autres pour faire passer le signe du nombre � mais justement puisqu�il faut faire signe, c�est que le nombre doit avoir une autre esp�ce d�existence que simplement de d�signer, f�t-ce � chaque fois avec un aboiement, chacune des personnes ici pr�sentes. Pour qu�elles aient valeur de 1 , il faut, comme on l�a remarqu� depuis toujours, qu�on les d�pouille de toutes leurs qualit�s sans exception, alors qu�est-ce qui reste ? Bien sur, il y a eu quelques philosophes dits empiristes pour (p45->) articuler �a en se servant de menus objets comme des petites boules, un chapelet, bien s�r, c�est ce qu�il y a de meilleur.

     Mais �a ne r�sout pas du tout la question de l��mergence comme telle du 1. C�est ce qu�avait bien vu un nomm� Leibniz qui a cru devoir partir, comme il s�imposait, de l�identit�, � savoir de poser d�abord : 2 = I + l, 3 = 2 + I, 4 = 3 + 1 , et de croire avoir r�solu le probl�me en montrant qu�� r�duire chacune de ces d�finitions � la pr�c�dente, on pouvait d�montrer que 2 et 2 font 4. Il y a malheureusement un petit obstacle dont les logiciens du XIX si�cle se sont rapidement aper�us, c�est que sa d�monstration n�est valable qu�� condition de n�gliger la parenth�se tout � fait n�cessaire � mettre sur 2 = 1 + l, � savoir la parenth�se enserrant le (l + l), et qu�il est n�cessaire � ce qu�il n�glige �, qu�il est n�cessaire de poser l�axiome que (a + b) entre parenth�se + c = a + , ouvrez la parenth�se, b + c, fermez la parenth�se : ((a + b) + c = a + (b + c)]  (des crochets encadrent cette formule, et non des parenth�ses !)

    Il est certain que cette n�gligence de la part d�un logicien aussi vraiment logicien qu��tait Leibniz m�rite s�rement d'�tre expliqu�e et que, par quelque c�t�, quelque chose la justifie. Quoi qu�il en soit, qu�elle soit omise suffit du point de vue du logicien � faire rejeter la gen�se leibnizienne, outre qu�elle n�glige tout fondement de ce qu�il en est du z�ro.

    Je ne fais ici que vous indiquer � partir de quelle notion du concept, du concept suppos� d�noter quelque chose � il faut les choisir pour que �a colle, mais apr�s tout, on ne peut pas faire que les concepts, ceux qu�ils choisissent, satellites de Mars, voire de Jupiter, n�aient pas cette port�e de d�notation suffisante pour qu�on ne puisse dire qu�un nombre soit à chacun d�eux associ�s.

     N�anmoins la subsistance du nombre ne peut s�assurer qu�� partir de l��quinum�ricit� des objets que subsume un concept. L�ordre des nombres ne peut d�s lors �tre donn� que par cette astuce qui consiste � proc�der, exactement en sens contraire de ce qu�a fait Leibniz. A retirer 1 de chaque nombre, de dire que le pr�d�cesseur, c�est celui � le concept de nombre, issu du concept � le nombre pr�d�cesseur, c�est celui qui, mis a part tel objet qui servait d�appui dans le concept d�un certain nombre, c�est le concept qui, mis � part cet objet se trouve identique à un nombre qui est tr�s pr�cis�ment caract�ris� de ne pas �tre identique au pr�c�dent, disons � 1 pr�s.

    C�est ainsi que Frege r�gresse jusqu�� la conception du concept en tant que vide, qu�il ne comporte aucun objet, qu�il est celui, non du n�ant puisqu�il est concept, mais de l�inexistence et que c�est justement � consid�rer ce qu�il croit �tre le n�ant, � savoir le concept dont le nombre serait �gal � 0, qu�il croit pouvoir d�finir de la formulation d�argument : " X diff�rent de X " (X Different.jpg X), c�est-�-dire diff�rent de lui-m�me, ce qui est une d�notation assur�ment extr�mement probl�matique. Car qu�atteignons-nous, s�il est vrai que le Symbolique soit ce que j�en dis, � savoir tout entier dans la parole, qu�il n�y ait pas de m�talangage, d�o� peut on d�signer dans le langage un objet dont il soit assur� qu�il ne soit pas diff�rent de lui-m�me ? N�anmoins, c�est sur cette hypoth�se que Frege constitue la notion que le concept " �gal � 0 " donne un nombre diff�rent, (p46->) selon la formule qu�il a donn�e d�abord pour celle qui est du nombre pr�d�cesseur � donne un nombre diff�rent de ce qu�il en est du 0 d�fini, tenu, et bel et bien, pour le n�ant, c�est-�-dire de celui auquel convient non pas l��galit� � z�ro, mais le nombre 0.

     D�s lors, c�est en r�f�rence avec ceci que le concept auquel convient le nombre 0 repose sur ceci qu�il s�agit de l�identique à z�ro, mais non identique à z�ro, que celui qui est tout simplement identique � 0 est tenu pour son successeur, et comme tel �gal� � 1. La chose se fonde sur ceci qui est le d�part dit de l��quinum�ricit�, il est clair que l��quinum�ricit� du concept sous lequel ne tombe aucun objet au titre de l�inexistence est toujours � �gal � lui-m�me �. Entre 0 et 0, pas de diff�rence. C�est le pas de diff�rence dont, par ce biais, Frege entend fonder le l, et ceci de toute fa�on. Cette conqu�te est du reste pr�cieuse pour autant qu�elle nous donne le 1 pour �tre essentiellement � entendez bien ce que je dis � le signifiant de l�inexistence.

     N�anmoins, est-il s�r que le 1 puisse s�en fonder ? Assur�ment la discussion pourrait se poursuivre par les voies purement fr�giennes.

     N�anmoins pour votre �claircissement, j�ai cru devoir reproduire ce qui peut �tre dit n�avoir pas de rapport avec le nombre entier, à savoir le triangle arithm�tique. Le triangle arithm�tique s�organise de la fa�on suivante : il part, comme donn�e, de la suite des nombres entiers. Chaque terme � s�inscrire est constitu� sans autre commentaire � il s�agit de ce qui est au-dessous de la barre,

Monade.jpg

par l�addition � vous remarquerez que je n�ai parl� encore jamais d�addition, non plus que Frege �, par l�addition des deux chiffres, celui qui est imm�diatement � sa gauche et celui qui est � sa gauche et au-dessus. Vous v�rifierez ais�ment qu�il s�agit ici de quelque chose qui nous donne par exemple, quand nous avons un nombre entier de points que nous appellerons monades, qui nous donne automatiquement ce qu�il en est, �tant donn� un nombre de ces points, du nombre de sous-ensembles qui peuvent, dans l�ensemble qui comprend tous ces points, se former d�un nombre quelconque choisi comme �tant au-dessous du nombre entier dont il s�agit.

     C�est ainsi par exemple que, si vous prenez ici la ligne qui est celle de la dyade,

0 - 1 - 3 - 6 - 10 - 15 ........

� rencontrer une dyade, vous obtenez imm�diatement qu�il y aura dans la dyade deux monades. Une dyade, c�est pas difficile � imaginer, c�est un trait avec deux termes, un commencement et une fin.


(p47->) Et que si vous interrogez ce qu�il en est � prenons quelque chose de plus amusant � de la t�trade, vous obtenez une t�trade
0 - 1- 5 - 15 .........
vous obtenez quelque chose qui est 4 possibilit�s de triades, autrement dit pour vous l�imaginer, 4 faces du t�tra�dre
0 - l - 4 - 10 - 20 ......,.........
vous obtenez ensuite 6 dyades, c�est-�-dire les 6 c�t�s du t�tra�dre,
0 - 1 - 3 - 6 - 10 - 20 ............
et vous obtenez les 4 sommets d�une monade :
0 - 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 ...........

    Ceci pour donner support � ce qui n�a � s�exprimer qu�en termes de sous-ensembles. Il est clair que vous voyez qu�à mesure que le nombre entier augmente, le nombre des sous-ensembles qui peuvent se produire en son sein d�passe de beaucoup et tr�s vite le nombre entier lui-m�me. Ceci n�est pas ce qui nous int�resse, mais simplement qu�il ait fallu, pour que je puisse rendre compte du m�me proc�d� que la s�rie des nombres entiers, que je parte de ce qui est tr�s pr�cis�ment � l�origine de ce qu�a fait Frege, Frege qui en vient � d�signer ceci que le nombre, le nombre des objets qui conviennent � un concept en tant que concept du nombre, du nombre N nomm�ment, sera de par lui-m�me ce qui constitue le nombre successeur. Autrement dit, si vous compter � partir de 0 : 0, l, 2. 3, 4, 5, 6, ça fera toujours ce qui est l�, � savoir 7, 7 quoi ? 7 de ce quelque chose que j�ai appel� inexistant, d��tre le fondement de la r�p�tition.

    Encore faut-il, pour que soit satisfait aux r�gles de notre triangle, que ce 1 qui se r�p�te ici surgisse de quelque part et, puisque partout nous avons encadr� de 0 ce triangle,
0 - 1 - 1 - 1 - 1 - 1 ...............
il y a donc ici un point, un point � situer au niveau de la lime des 0, un point qui est un et qui articule quoi ? Ce qu�il importe de distinguer dans la gen�se du 1, � savoir la distinction pr�cis�ment du pas de diff�rence entre tous ces 0, � partir de la gen�se
0 - 1 - 0 - 0 - 0 - 0 ..............
de ce qui se r�p�te, mais se r�p�te comme inexistant.

     Frege ne rend donc pas compte de la suite des nombres entiers, mais de la possibilit� de la r�p�tition. La r�p�tition se pose d�abord comme r�p�tition du 1, en tant que 1 de l�inexistence. Est-ce qu�il n�y a pas � je ne peux ici qu�en avancer la question � quelque chose qui sugg�re qu�� ce fait qu�il n�y ait pas un seul 1, mais l�1 qui se r�p�te et l�Un qui se pose dans la suite des nombres entiers, dans cette b�ance nous avons � trouver quelque chose qui est de l�ordre de ce que nous avons interrog� en posant, comme corr�lat n�cessaire de la question de la n�cessit� logique, le fondement de l�inexistence.

note : bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. [#J.LACAN Haut de Page] relu ce 16 juillet 2005