Text/Jacques Lacan/RSI14011975.htm

From No Subject - Encyclopedia of Psychoanalysis
Jump to: navigation, search

'J.LACAN'                         gaogoa

[RSI17121974.htm <] [RSI21011975.htm >]

XXII- R.S.I    1974-1975
      
version rue CB                             [#note note]

14 janvier 1975

(p33->) [../../images/14011975/irs.jpg p33]

File:Irs.jpg

    (p34->) Voil�. Ce que je dis, �a int�resse, vous en �tes la preuve, �a int�resse tout le monde. Ça ne m'int�resse, moi, pas comme tout le monde. Et c'est bien pour �a que �a int�resse tout le monde, c'est que �a se sent dans ce que je dis. Pourquoi est-ce que �a se sent ? Parce que ce que je dis est un frayage qui concerne ma pratique, un frayage qui part de cette question, que bien s�r je ne me poserais pas si je n'avais pas dans ma pratique la r�ponse. C'est : qu'est-ce qu'implique que la psychanalyse op�re ?

    Vous venez de me voir, mais �a n'a rien � faire avec ce que je fais de psychanalyse, vous venez de me voir op�rer au tableau. Ça n'a certes pas �t�, comme vous avez pu le voir, une petite affaire. Je m'y suis repris � 36 fois, encore que j'avais un petit papier dans ma poche, pour me guider, sans �a je me serais encore plus foutu dedans, j'aurais encore plus cafouill� que je n'ai fait. Effectivement.

    Ce que vous voyez � droite, c'est ce bon petit noeud borrom�en p�p�re, noeud borrom�en � quatre, dont il est facile imm�diat de voir, si vous coupez un quelconque de ces ronds de ficelle, les trois autres sont libres ( et qu'� ) il n'y a donc pas la moindre complication � faire un noeud borrom�en aussi long que vous voudrez, c'est-�-dire, c'est-�-dire � nouer l'un � l'autre, un nombre quelconque de ronds de ficelle, tel que, et j'ai d�j� fait la remarque, tel que je le dessine l�, le nombre, le nombre de ronds de ficelle n'est pas, si je puis dire, homog�ne.

    Comme vous pouvez le voir, rien qu'� regarder ce sch�ma, il y en a - ce que vous appelleriez - un premier et un dernier. Tel que c'est fait, comme �a, il ne peut pas y en avoir plus de quatre et si je proc�de de la m�me fa�on pour qu'il y en ait cinq, il faudra en quelque sorte que je donne � celui que, si vous voulez, celui tout � fait � droite, que nous appellerons le dernier, une autre fa�on de se nouer. Parce qu'en fin de compte, c'est le dernier qui tient toute la cha�ne qui fait que il y en a l� quatre, et si je proc�de un peu plus loin, il y en aura cinq, � condition que je ne donne pas au dernier le m�me r�le, puisqu'il en tiendra cinq au lieu de quatre.

    (p35->) [../../images/14011975/bbr.jpg p35]

File:Bbr.jpg

(p36->) Vous le savez par, j'ai d� au passage y faire allusion, la fa�on d'articuler l'essence du nombre qu'a faite Peano au moyen d'un certain nombre d'axiomes, il semble qu'ici le n + 1 , le successeur que Peano met en valeur comme structurant le nombre entier ceci � une seule condition, c'est qu'il y en ait un au d�part qui ne soit le successeur de personne, c'est-�-dire ce qu'imite fort bien ce rond de ficelle, ce qu'il d�signe par le z�ro.

    C'est de fa�on axiomatique que s'�nonce Peano, que Peano fait son �nonciation, c'est-�-dire qu'il pose un certain nombre d'axiomes et que c'est de l�, conform�ment � l'exigence math�matique, arithm�tique en l'occasion, qu'il construit quelque chose qui nous donne  la d�finition d' une s�rie qui sera au nombre , au nombre entier, disons parce que nous sommes ici, homologique, c'est-�-dire que tout ce qui sera fait au moyen de tels axiomes sera homologique � la s�rie des nombres entiers.

    Mais qu'est-ce que je vous montre l� ? Quelque chose d'autre, puisque l� se sp�cifie la fonction de ce plus un comme tel, c'est ce plus un qui fait que , supprimez lui par exemple , il n' y a plus ici de cha�ne, il n'y a plus de s�rie, puisque du seul fait de la section de ce un entre autres, tous les autres, disons, se lib�rent comme un. C'est une fa�on, la dirais-je mat�rielle, de faire sentir que un n'est pas un nombre, quoique cette suite de nombre soit faite d'une suite de uns.

    A me servir de ronds de ficelle, disons que j'illustre quelque chose, quelque chose qui n'est pas sans rapport avec cette suite des nombres que, vous le savez, on a la plus grande peine � ne pas tenir pour constituante du R�el. Tout abord du R�el rend  tr�s difficile de ne pas tenir compte du nombre. Le nombre semble, pourquoi ne pas accueillir ce mot qui me vient ici pr�matur�ment, tout abord du R�el est tiss� par le nombre.

    Il  y a dans le nombre une consistance qui est bien d'une nature que nous pouvons dire pas naturelle du tout, puisque pour que je vous fasse sentir que j'aborde cette cat�gorie du R�el, en tant que il y a quelque chose qui noue ce � quoi je suis amen� � donner aussi consistance, l'Imaginaire et le Symbolique, comment se fait-il que ceci, si je puis dire, me pousse d'abord � me ser-(p37->)vir du noeud ?

    C'est au titre d'�tre la m�me, la m�me consistance dans ces trois quelques closes que j'originalise du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el, c'est � ce titre d'�tre la m�me, la m�me consistance que je produis, et ce pourquoi, pour me rendre raison de ma pratique, que je produis ce noeud borrom�en. On n'a jamais fait �a. Jamais fait �a qui consiste, consiste en quoi ? Faire abstraction de la consistance comme telle. J'isole la consistance comme ce quelque chose que j'appellerais comme �a, pour vous, pour faire image, car de faire image, je ne m'en prive pas. Qu'est-ce que c'est ce qu'il y a l� au tableau, si ce n'est des images, des images dont le plus �tonnant, c'est que vous vous y rep�riez, car ne croyez pas que ces images aillent toutes seules. Sans doute, vous avez l'habitude du tableau noir. Mais qu'est-ce que vous y voyez ? La peine m�me que vous avez vue qu'il a fallu que je me donne pour ces images, qui ont cette propri�t� que mises � plat, n�anmoins, il faut qu'une ligne passe dessus ( crossing over ) ou passe dessous ( under-crossing ). Que �a fasse, image est d�j� en soi-m�me miraculeux, je ne suis d'ailleurs pas tout � fait s�r que ces deux images, vous les saisissiez si ais�ment que cela.

  Vous voyez bien que il y a une diff�rence, n�anmoins, je vous pose le probl�me. Est-ce que tel que c'est l�, ce noeud-ci tel qu'il est fait, de la fa�on p�p�re que je vous avais d�j� depuis longtemps signal�e, est-ce que c'est le m�me, autrement dit, � simplement trifouiller le machin, est-ce que vous pouvez en celui-l�, je ne dirais pas le transformer puisque �a serait le m�me. Imposez-vous �a comme petit exercice. Est-ce qu'en d'autres termes, c'est le sens de ce que je vous demande, � quatre �a marche, c'est le m�me noeud, ou est-ce qu'il en faut un de plus ? Car je vous dis d�j� que dans une cha�ne faite comme celle l�, la transformation, �a s'obtient, mais je ne vous dis pas, pour vous en laisser � vous-m�me le r�gal, je ne vous dis pas � partir de combien, car il y a une chose qui est certaine, c'est qu'avec trois, vous ne produirez pas cette petite complique tr�s particuli�re qui distingue apparemment la figure de gauche de la figure de droite.

    (p38->) S'il y a quelque chose qui illustre que la consistance, ce quelque chose qui est en quelque sorte sous-jacent, � quoi, � tout ce que nous disons, que cette consistance est autre chose que ce qu'on qualifie dans le langage de la non-contradiction, c'est bien cette sorte de figure, en tant qu'elle a ce quelque chose que je suis bien forc� d'appeler une consistance r�elle, puisque c' est �a qui est suppos�.

      C'est qu'une corde, �a tient. On y pense jamais, on ne pense jamais � ce qu'il y a de m�taphore dans le terme de consistance. Voil� quelque chose qui, qui est plus fort que �a, c'est que, c'est que moi, cette consistance r�elle, c'est par la voie d'une intuition dont je peux tout de m�me dire que puisque je vous la transmets par l'image, c'est par la voie d'une intuition imaginaire que je vous la communique. Et, le fait que je suis s�r que vous ne soyez pas plus familiers, plus familiers que moi avec ces sortes de figures, les quelque frayage que je vous y donne, en la dessinant au tableau, je suis s�r que pour, disons, la grande majorit� d'entre vous, la question que je pose, celle de la transformation qui n' est pas une transformation, qui serait une transformation s'il fallait refaire le noeud pour que celle de gauche se transforme en celle de droite, ou inversement, je vous l'ai pos�e cette question, est-ce le m�me noeud, il y en a pas beaucoup qui puissent, tout � trac comme �a, me le dire. Encore bien moins me dire pourquoi.

    Nous voil� donc avec, si je puis dire, en main cette corde comme fondement suppos�e de la consistance, d'une fa�on telle que on ne puisse dire qu'il s'agisse l� de quelque chose � quoi nous soyons d�j� habitu�s, � savoir la ligne g�om�trique, c'est tout de m�me bien autre chose, non seulement la ligne g�om�trique �a n'est pas �a, mais chacun sait que ce qu'elle engendre, c'est c'est toute sorte de probl�mes concernant sa continuit�, qui ne sont pas rien et qui ne sont pas rien pourquoi, justement de ce qu'elle, la ligne, nous ne pouvons pas ne pas la supporter de quelque chose qui ait cette consistance justement, qui fasse corde, c'est m�me l�  le principe, le principe de ceci que la premi�re poudre aux yeux qui fut donn�e des fonctions dites continues, il semblait, il semblait qu'on ne pouvait pas construire de ligne qui n'ait quelque part une tangente, que cette tangente (p39->) fut droite ou courbe, d'ailleurs peu importait. C'est de cette id�e que la ligne n'�tait tout de m�me pas sans �paisseur que se sont produites, que se sont produits ces mirages avec lequel les math�maticiens ont d� longtemps se battre et que d'ailleurs il a fallu du temps pour qu'ils s'�veillent � ceci qu'on pouvait faire une ligne parfaitement continue et qui n'e�t pas de tangente.

    C'est dire quand m�me l'importance qu'a cette image. Mais est-ce bien une image ? Apr�s tout, c'est pas pour rien qu'on vous dit " Tenez bien la corde "  hein ! " Tenez bien la corde ", �a veut dire qu'une corde, quand � l'autre bout c'est nou�, on peut s'y tenir. Ça a quelque chose � faire avec le R�el, et c'est bien l� que, mon Dieu, mon Dieu, �a ne me para�t pas � c�t� de la plaque de vous rappeler que dans sa R�gle, " Les Bonnes R�gles pour la direction de l'esprit ", un nomm� Descartes, un nomm� Descartes n'avait pas cru superflu dans cette R�gle X de faire la remarque que " comme tous les esprits ne sont pas �galement port�s � d�couvrir spontan�ment les choses par leur propre force ", cette r�gle, celle qu'il �nonce, apprend qu'il ne faut pas " s'occuper tout de  suite des choses plus difficiles et ardues, ( moins importantes ), mais qu'il faut approfondir tout d'abord les arts les moins importants et les plus simples, ceux surtout o� l'ordre r�gne davantage comme sont ceux des artisans qui font de la toile et des tapis, ou chez des femmes qui brodent ou font de la dentelle ainsi que toutes les combinaisons des nombres et toutes les op�rations qui se rapportent � l'arithm�tique et autres choses semblables. "

    Il n'y a pas le moindre soup�on qu'en disant ces choses, Descartes eut le sentiment qu'il y a un rapport entre l'arithm�tique et le fait que les femmes font de la dentelle, voire que les tapissiers font des noeuds. Il est d'autre part certain que jamais Descartes ne s'est le moindrement du monde occup� des noeuds, qu'il a fallu bien au contraire �tre d�j� assez avanc� dans le vingti�me si�cle pour que quelque chose s'�bauche qui puisse s'appeler [http://www.eetopologie.org/ th�orie des noeuds]. Vous savez d'autre part, dans ce que je vous ai dit, que cette th�orie des noeuds est dans l'enfance, est extr�mement maladroite et que telle qu'elle est fabriqu�e, il y a ( suite page suivante ) (p40->) bien des cas o� sur le vu de simples figures, telles que celles que je viens de faire au tableau, vous ne pouvez d'aucune fa�on rendre raison de ceci, si oui ou non, l'embrouilli que vous avez trac� est ou n'est pas un noeud. Ceci, quelque soient les conventions que vous vous soyez donn� par avance pour rendre compte du noeud comme tel. C'est qu'aussi bien il y a quelque chose qui vaut qu'on s'y arr�te, c'est ceci, c'est que est-ce du fait de l'intuition, mais ce que je vous d�montre, c'est que �a va bien plus loin que �a. C'est pas seulement que la vision fasse toujours plus ou moins surface, c'est pour des raisons plus profondes et qu'en quelque sorte ces noeuds vous rendent tangibles, c'est pour des raisons plus profondes pour ce qui est de la nature de la nature des choses comme on dit. L'�tre qui parle puisqu' apr�s tout nous ne pouvons pas dire grand chose des autres, au moins jusqu'� ce qu'on soit entr� d'une fa�on un peu plus aigu� dans le biais de leur sens - pour l'�tre qui parle - il est toujours quelque part mal situ� entre deux et trois dimensions.

    C'est bien pourquoi , vous m'avez entendu produire ceci qui est la m�me chose, la m�me chose que mon noeud, cette �quivoque sur dit-mension , que j'�cris, vous le savez parce que je vous l'ai serin�, que j'�cris d-i-t tiret et puis mension, mension du dire. On ne sait pas tr�s bien si dans le dire, les trois dimensions �crites comme � l'accoutum�e, nous les avons bien. Je veux dire si nous sommes si ais�s � nous y d�placer.

    ( Ta Z�a Trekhei )        . Et nous sommes assur�ment l� z�on , nous marchons. Mais faut pas s' imaginer que parce que nous marchons que nous faisons quelque chose qui a le moindre rapport avec l'espace � trois dimensions. Que notre corps soit � trois dimensions, c'est ce qui fait aucun doute, pour peu que de ce corps, on cr�ve la boudouille ; mais �a ne veut pas du tout dire que ce que nous appelons espace, �a ne soit pas toujours plus ou moins plat. I1 y a m�me des math�maticiens pour l'avoir �crit en toutes lettres : tout espace est plat.

    Toute manipulation de quelque chose de R�el se situe dans ce cas dans un espace dont, dont c'est un fait que nous savons tr�s mal le manier, en dehors de techniques qui imposent cet espace � (p41->) trois dimensions. C'est �videmment tout � fait frappant que ce soit une technique, une technique qu'on peut r�duire � ce qu'elle est apparemment, � savoir le jaspinage, qui � moi me force la main sur cette sous-pes�e, si je puis dire, de l'espace comme tel.

      Si nous repartons de quelque chose qu'il faut bien dire �tre la science, est-ce que la science ne nous permet pas de soup�onner, de soup�onner que c'est � traiter l'espace de la m�me fa�on que celle qui s'impose du fait d'une technique, qui s'impose � moi tout au moins, que ce qu'elle rencontre c'est le paradoxe. Car enfin, on ne peut dire que la mati�re, vous en avez un, petit peu entendu parler, que la mati�re ne lui fasse pas probl�me � tout instant, probl�me, c'est-�-dire, c'est �a que �a veut dire, probl�me : d�fense avanc�e, chose � concasser pour qu'on arrive � voir ce que �a d�fend. La science ne s'est peut �tre pas encore tout � fait rendu compte que si elle traite la mati�re, c'est comme si elle avait un Inconscient, la-dite mati�re, comme si elle savait quelque part ce qu'elle faisait. Naturellement, naturellement c'est une v�rit� qui s'est tr�s rapidement �teinte. On s'en est aper�u, il y a eu un petit moment de r�veil, au moment de Newton on lui a dit, mais enfin, cette histoire de cette sacr�e gravitation que vous nous racontez, enfin, comment d'ailleurs pouvait-on se la repr�senter avant ? Mis � part le topos d'Aristote. Enfin, c'est � nous impensable, impensable parce que pourquoi, parce que nous avons les petites formules de Newton, et que nous n'y comprenons rien, c'est ce qui en fait la valeur. Car quand ces formules ont fait leur entr�e, c'est tout de suite �a qu'on y a fait objection, c'est � savoir, mais comment est-ce que chacune de ces particules peut savoir � quelle distance elle est de toutes les autres, c'est-�-dire que ce qu'on �voquait c'est ; c'�tait l'Inconscient, enfin, de la particule bien s�r. Tout �a, tout �a s'est �teint.

    Parce que pourquoi ? Parce qu'on a simplement renonc� � rien y comprendre, et que, d'ailleurs, c'est dans la mesure o� on y est revenu qu'on a pu parvenir � des formules plus compliqu�es et nouant un petit peu plus de dimensions dans l'affaire, c'est bien le probl�me. Qu'est-ce que c'est, que, que cette analyse, au sens proprement de ma technique, celle que j'ai en commun avec un cer-(p42->)tain nombre des personnes qui sont ici et quelle place occupe cette technique au regard de ce que fait la science ?' La science compte, elle compte la mati�re, mais qu'est-ce qu'elle compte dans 'cette mati�re ?  A savoir s'il n'y avait pas le langage qui d�j� v�hicule le nombre, quel sens �a aurait-il de compter ? Est-ce que l'Inconscient par exemple a du comptable en lui ? Je ne dis pas quelque chose qu'on puisse compter, je dis s'il y a un comptable au sens du personnage que vous connaissez qui scribouille des chiffres. Est-ce qu'il y a du comptable dans l'Inconscient ? C'est tout � fait �vident que oui. Chaque Inconscient n'est pas du comptable, est un comptable, et un comptable qui sait faire les additions, naturellement la multiplication, il n'en est pas encore l� bien s�r, c'est m�me bien ce qui l'embarrasse. Mais pour ce qui est de compter les trucs, de compter les coups, je ne dirai pas qu'il sait y faire, il est extr�mement maladroit, mais il doit compter dans le genre, dans le genre de ces noeuds.

    C'est de la que proc�de, que proc�de le fameux sentiment de culpabilit�' dont vous avez probablement quelquefois entendu parler. Le sentiment de culpabilit� est quelque chose qui fait les comptes qui fait les comptes et bien entendu ne s'y retrouve pas, ne s'y retrouve jamais. Il se perd dans ses comptes. Mais c'est bien l� o� se touche qu'il y a au minimum un noeud, ce noeud dont, si vous me permettez de le dire, la nature a horreur, j' entends, une autre chanson que la nature a horreur du vide, la nature a horreur du noeud. La nature a horreur du noeud, tout sp�cialement borrom�en et, chose �trange, c'est en cela, c'est e (?) , cela que je vous repasse le machin, le machin, �a n' est rien de moins que 1 ' " Urverdr�ngt ", le refoul� originaire, le refoul� primordial, et c'est bien pour �a que je vous conseille de vous exercer avec mes deux petits machins, c'est non pas que �a vous donnera quoique ce soit du refoul�, puisque ce refoul�, c'est le trou. Jamais vous ne l'aurez. Mais en route, � manipuler ce petit noeud, vous vous familiariserez, au moins avec vos mains, avec ce quelque chose auquel de toute fa�on vous ne pouvez rien comprendre, puisqu''il est tout � fait exclu que ce noeud, vous le sachiez. C'est m�me bien pour �a, l'histoire en t�moigne, c'est bien pour �a que la g�om�trie (p43->) est pass�e par tout, par les cubes, par les pyramides, les diverses formes de h�rissons enfin que autour desquelles enfin on a cogit�, enfin, la rigueur, c'est ce qui ne veut rien dire d'autre que les solides. Alors que elle avait � la port�e de sa main, � la port�e de sa main quelque chose qui, qui valait bien , mon Dieu, les pierres, dont elle faisait le charroi, ou les champs justement qu'on pouvait pas mesurer sans tendre des cordes. Jamais � ces cordes, personne ne semble avoir r�serv� avant une �poque tr�s moderne, la moindre attention.

      En un certain sens, je dirai qu'il y a quelque chose de nouveau, � ce qu'on s'int�resse � des mots, � des termes, comme celui par exemple de la m�sologie, qu'est-ce qu'il y a entre, entre quoi et quoi ? Il s'agit de d�finir qu'est-ce que c'est, entre, ouaih ! Je t'entre, c'est mon tentrisme � moi. Entre, c'est une cat�gorie qui a fait son apparition enfin tout r�cemment dans la math�matique et c'est bien, c'est bien en cela, enfin, que de temps en temps, je vais consulter un math�maticien pour, pour qu'ils me disent o� ils en sont � cet �gard.

    Oui ! Il y a quelque chose que pour prendre - vous voyez, je fais des progr�s, je suis presque arriv� � dessiner un  noeud borrom�en, sans �tre forc� de faire des petits effa�ages. Je voudrais aujourd'hui, puisque d�j� l'heure avance, annoncer ce que j' ai � dire, et qui nous prendra notre ann�e.

    Ici ([javascript:; Fig.I]) au joint de l'Imaginaire et du Symbolique, et pas dans n'importe quel joint, dans ce joint-ci, o� vous pouvez confondre ces deux points - encore qu'ils ne proc�dent pas du m�me mouvement, du m�me mouvement relatif de l'Imaginaire et du Symbolique - ici, dans ces deux points qui d'ailleurs se confondent, quand de l'Imaginaire et du Symbolique, le coincement se produit, en ces deux points, il y a le sens. Faut bien que je fende un peu les choses, puisque je m'en excuse, j'ai d� tra�ner pour vous donner un peu une dit-mension, une dit-mension qui me tracasse, celle du noeud.

    Ici, et l�, vous voyez comme c'est difficile, faut quand m�me que je fignole un peu, nous avons quelque chose qui s'appelle la (p44->) jouissance phallique. Voil�. Pourquoi est-ce que nous l'appelons la jouissance phallique ? Parce que il y a quelque chose qui s'appelle l'ex-sistence. L'ex-sistence, je dois dire, que �a a une, une histoire. C'est pas un mot qu'on employait si ais�ment, ni volontiers au moins dans la tradition philosophique, et comme nous ne savons pas comment parlaient les gens des premiers si�cles, je veux dire que nous avons certes des aper�us, sur une certaine langue latine, langue vulgaire. Peut-�tre qu'elle a �t� parl�e dans une surface enfin consid�rable, cette langue-noyau d' o� sont sortis d'o� sont sorties par diff�renciation les langues romanes, cette langue latine vulgaire, nous n'avons aucun t�moignage qu'on y employ�t l'existo, ni l'existere. N�anmoins, il est curieux que ce terme ait fait son �mergence, et son �mergence dans un champ que nous appellerons philosophico-religieux. C'est tout � fait dans la mesure o� la religion humait, l'hu-mante religieuse, o� la religion humait la philosophie que nous avons vu sortir ce mot d'existence, qui semble pourtant avoir eu, c'est le cas de le dire, bien des raisons d'�tre.

      Qu'est-ce que c'est que cette existence, et o� pouvons-nous bien la situer ? Cette existence est tr�s importante en soi. Parce que si nous avons l'id�e, l'id�e de quelque chose qui vient � la place de cette esp�ce de, de production na�ve, de production na�ve et qui ne part que des mots, � savoir ce dans quoi on s'est avanc� avec Aristote, � savoir que " dictum de omni et nullo " s'exprime-t-il quelque part, voil� ce qu'est l'Universel. Ce qu'on dit de tout peut aussi bien s'appliquer � quiconque. C'est de l� que le premier d�brouillage linguistique s'est fait. Le grave, c'est que la suite a consist� � d�montrer � Aristote qui n'en pouvait mais depuis longtemps que l'universalit� n'impliquait pas l'existence. Mais c'est pas �a qu'il y a de grave dans une certaine appr�hension des choses. Que l'universalit� n'implique pas l'existence, nous en faisons le balayage tous les jours. C'est que l'existence implique l'universalit� qui est grave. C'est que dans ce qui est l'existence, nous jaspinions quelque chose qui, qui participe du g�n�ral. Alors que tout ce pour quoi c'est fait, mon petit noeud l� borrom�en, c'est pour vous montrer, c'est pour vous montrer que l'existence, c'est de sa nature, ce qui ex-. Ce qui tourne autour du consistant mais ce qui fait intervalle, et qui, dans cet (p45->) intervalle a 36 fa�ons de se nouer, justement dans la mesure o� nous n'avons pas avec les noeuds, la moindre familiarit� ni manuelle, ni mentale. C'est la m�me chose d'ailleurs .

    Beaucoup de gens ont soup�onn� enfin, n'est-ce pas, que l'homme n'est qu'une main, s'il �tait encore une main, il y a tout son corps, il pense aussi avec  ses pieds, je vous ai m�me conseill� de le faire, parce que c'est apr�s tout ce qu'on peut vous souhaiter de mieux.

      L�, qu'est-ce qui r�siste � l'�preuve de l'existence, � prendre comme, comme ce qui se coince dans le noeud ? Il y a quand m�me l� un frayage  le frayage fait par Freud . Freud n' avait certainement pas de l'Imaginaire, du Symbolique et du R�el, la notion que j'ai, la notion que j'ai, parce que c'est le minimum qu' on puisse avoir. Appelez-les comme vous voudrez, pourvu qu'il y ait trois consistances, vous aurez le noeud.

    Ce que Freud a fait, n'est pas sans se rapporter � l'existence et, de ce fait, � s'approcher du noeud. Je vais, je vais comme �a, parce que je suis gentil et parce que je vous ai assez emmerd� aujourd'hui, je vais tout de m�me vous montrer un truc que je trouve moi assez rigolo, et c'est naturellement de mon invention. Et, � mon avis, �a illustre bien quelque chose qui donne tout son prix � ce sur quoi je vous ai (pri�s) de vous interroger � savoir si c' est le m�me noeud, les deux du milieu ? Freud n' avait pas l'id�e du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el, mais il en avait quand m�me un soup�on, le fait que j'ai pu vous en extraire avec le temps, sans doute et de la patience, que j'ai commenc�  par  l'Imaginaire, et qu'apr�s �a, j'ai assez d� m�cher cette histoire de Symbolique avec toute cette r�f�rence, cette r�f�rence linguistique sur lequel j'ai pas effectivement trouv� enfin tout ce qui m'aurait bien arrang�. Et puis, ce fameux R�el que je finis par vous sortir sous la forme m�me du noeud.

    I1 y a chez Freud une r�f�rence � quelque chose qu' il consid�re comme le R�el. C'est pas ce qu'on croit. C'est pas le " Realit�tsprinzip ", parce qu'il est trop �vident que cette " Realit�tsprinzip " est une histoire, est une histoire, est une histoire de dire, c'est-�-dire sociale. Mais, supposons qu'il ait eu le soup-(p46->)�on, simplement qu'il ne se soit pas dit que �a pouvait faire noeud. Bref, Freud, contrairement � un nombre prodigieux de personnes, depuis Platon jusqu'� Tolsto�, Freud n'�tait pas lacanien. Faut bien que je le dise, mais � lui glisser sous le pied cette peau de banane, enfin, n'est-ce pas durcie, du R�el, du Symbolique et de l'Imaginaire, essayons de voir comment il s'en est, mais effectivement d�brouill�.

      Ceux-l� (Fig.II) ne tiennent pas, hein, je vous fais remarquer, ils sont pos�s l'un sur l'autre, le R�el est l�, l'Imaginaire est l� et le Symbolique est l�, tout comme dans le sch�ma de tout � l'heure. Ah ! Qu'est-ce qu'il a fait Freud ? Ah ! Je vais vous le dire. Il a fait le noeud � quatre avec ses trois, ces trois que je lui suppose peau de banane sous le pied. Mais alors, voil� comment il a proc�d� : il a invent� quelque chose qu'il appelle r�alit� psychique. I1 conviendrait que j'aie mis ici le troisi�me noeud, le troisi�me champ de l'ex-sistence , � savoir la jouissance de l'Autre. Puisque ces deux figures, puisque figures il y a, ce sont les m�mes , vous voyez que c' est d'une ligne qui se trouve parcourir, parcourir les champs qui sont dessin�s de l'ex-sistence de quelque chose autour de la consistance, de parcourir tous ces champs, � savoir : ici, d'�tre dans la jouissance de l'Autre, puis dans l'Imaginaire, puis dans le sens, puis du trou du Symbolique et le franchissant, d'�tre quelque part (dans) une existence              qui est ext�rieure au Symbolique et au R�el, qu'il fait retour vers ce point qui n'est autre que celui que je d�signe de l'objet  a. C'est ce qui peut nouer d'un quatri�me terme, le S, l'Imaginaire et le R�el, en tant que Symbolique, Imaginaire et R�el sont laiss�s ind�pendants, sont � la d�rive, dans Freud, c'est en tant que cela qu'il lui faut une r�alit� psychique qui noue ces trois consistances.

    J'ai dit, j'ai dit ici ou si ce n'est pas ici, c'est ailleurs c'est dans mon discours de Rome, le dernier que j'ai fait, celui que j'appelle le troisi�me, j'ai dit que si j'avais fait les Noms du P�re �crits cette fois correctement, j'aurais �nonc� une consistance telle qu'elle nous donnerait raison de certains glissements de Freud : Il a fallu � Freud, non pas trois, le minimum, (p47->) mais quatre consistances pour que �a tienne, � le supposer initi� � la consistance du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el. Ce qu'il appelle la r�alit� psychique a parfaitement un nom, c'est ce qui s'appelle Complexe d'Oedipe. Sans le complexe d'Oedipe,  rien ne tient, rien ne tient de l'id�e qu'il a de la fa�on dont il  se tient � la corde du Symbolique, de l'Imaginaire et du R�el. Ce par quoi je, avec le temps, j'ai tenu � proc�der, vient de ceci que je crois que de ce que Freud a �nonc�, non pas, non pas, dis-je, le complexe d'Oedipe est � rejeter. I1 est implicite et ceci se d�montre et chacun de ces points peut en lui-m�me se pr�ciser, il est implicite en ceci que pour avoir le m�me effet, mais cette fois au minimum, il y suffit, il y suffit de faire passer en ces deux points ce qui �tait dessous dessus, en d'autres termes, il faut que le R�el surmonte, si je puis dire, le Symbolique pour  que le noeud borrom�en soit r�alis�. C'est ce que pour avoir quatre termes, Freud lui-m�me n'a pu faire, mais c'est tr�s pr�cis�ment ce dont il s'agit dans l'analyse, c'est de faire que le R�el  non pas la r�alit� au sens freudien, que le R�el en deux points, que je nommerai comme tels, que le R�el en deux points surmonte le Symbolique : I1 est clair que ceci que j'�nonce ici sous cette  forme n' a rien � faire avec un surmontement au sens imaginaire que le R�el devrait, si je puis dire, dominer. Parce qu'il suffit que vous retourniez ce petit machin pour que vous vous aperceviez que dans le sens contraire, bien s�r �a ne marche pas, et on  ne voit pas pourquoi le noeud borrom�en serait moins r�el, si vous retournez le truc . Je vous fais remarquer, je vous l'ai d�j� dit une fois, au passage, que si vous le retournez, il a toujours exactement le m�me aspect, c'est-�-dire, que si vous le retournez, ce n'est pas � son image en miroir que vous avez � faire,

  c'est exactement le m�me machin l�vogyre que vous avez dans le noeud borrom�en que vous trouvez au dos.

       Ceci pour pr�ciser qu'il ne s'agit pas, bien s�r, d'un d'un changement d'ordre, d'un changement de plan, entre le R�el et le Symbolique, c'est simple-

File:Trisk.jpg

(p48->)ment qu'ils se nouent autrement. Se nouer autrement, c'est �a qui fait l'essentiel du complexe d'Oedipe, et c'est tr�s pr�cis�ment ce en quoi op�re l'analyse elle-m�me, c'est � entrer dans la finesse de ces champs d'ex-sistence, que cette ann�e nous proc�derons.

    I1 est d�j� une heure assez avanc�e, je renonce, si je puis dire, vu la difficult� de ce, la lenteur de ce que je vous ai aujourd'hui pr�sent�, je renonce � aller plus loin, remettant � notre prochaine rencontre qui aura lieu dans huit jours la suite de ce que je voulais vous dire aujourd'hui.

    Je peux quand m�me marquer quelque chose, c'est que si l'ex-sistence se d�finit par rapport � une certaine consistance, si l'ex-sistence n'est en fin de compte que ce dehors qui n'est pas un non-dedans, si cette ex-sistence est en quelque sorte ce autour de quoi s'�vapore une substance, si l' ex-sistence, telle qu'un Kierkegaard nous l'avance est essentiellement path�tique, il n'en reste pas moins que la notion d'une faille, que la notion d'un trou, m�me dans quelque chose d'aussi ext�nu� que l'existence garde son sens. Que si je vous ai dit d'abord qu'il y a dans le Symbolique un refoul�, il y a aussi dans le R�el quelque chose qui fait trou, il y a aussi dans l'Imaginaire, Freud s'en est bien aper�u, et c'est bien pourquoi il a fignol� tout ce qu'il en est des pulsions dans le corps comme �tant centr�es autour du passage d'un orifice � l'autre.

note: bien que relu, si vous d�couvrez des erreurs manifestes dans ce s�minaire, ou si vous souhaitez une pr�cision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un [mailto:gaogoa@free.fr �mail]. [#J.LACAN Haut de Page] 
[../../erreurs.htm commentaire]
relu ce 17 août 2005