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Maurice Merleau-Ponty par Jacques Lacan

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<font size="+3">Maurice [[Merleau-Ponty]]</font></font></ul>
</ul>
</ul>
<ul>
<ul>
<ul><font face="Arial,Helvetica"><font size="+2">par Jacques [[Lacan]]</font></font>
<ul>
<ul>
<ul><font face="Arial,Helvetica"><font size="+2">Les [[Temps ]] modernes, 1961<a></a></font></font></ul>
</ul>
</ul>
<br>&nbsp;
<ul><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">1. On peut exhaler le cri
qui nie que l'amitié puisse cesser de vivre. On ne peut [[dire ]] la[[mort ]] advenue sans meurtrir [[encore]]. J'y renonce, l'ayant tenté, pour
malgré moi porter au-delà mon hommage.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">Me recueillant pourtant
au souvenir de ce que j'ai senti de l'[[homme ]] en un [[moment ]] pour lui de patience
amère.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">2. Que faire d'[[autre ]] qued'interroger le point que met l'heure soudaine à un [[discours ]]
nous sommes tous entrés ?</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">Et son dernier article qu'on
reproduit ici, titre <i>l'Oeil et l'Esprit</i>, - en parler d'où
il est fait, si<b> </b>j'en crois le [[signe ]] d'une tête propice, pourque je l'entende : de ma [[place]].</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">3. C'est bien la dominante
et la sensible de l'oeuvre entière qui donnent ici leur note. Si
on la tient pour ce qu'elle est : d'un philosophe, au sens de ce qu'un
[[choix ]] qui à seize ans y aperçoit son avenir (il l'attesta),
y nécessite de professionnel. C'est dire que le lien proprement
universitaire couvre et retient son [[intention]], même éprouvé
impatiemment, même élargi jusqu'à la lutte publique.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">4. Ce n'est pas là
pourtant ce qui insère cet article dans le sentiment, pointé
deux fois en son exorde et en sa chute, d'un changement très actuel
à devenir patent dans la [[science]]. Ce qu'il évoque comme ventde mode pour les registres de la [[communication]], complaisance pour les versalitésopérationnelles, n'est noté que comme [[apparence ]] qui doit
conduire à sa raison.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">C'est la même à
quoi nous tentons de contribuer du [[champ ]] privilégié àla révéler qu'est le nôtre (la [[psychanalyse ]] freudienne): la raison par quoi le [[signifiant ]] s'avère premier en toute [[constitution]]d'un&nbsp;<a [[name]]="[[sujet]]"></a>sujet.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">5. L'oeil pris ici pour
centre d'une révision ré[[vision]] du statut de l'esprit comporte cependant toutesles résonances possibles de la [[tradition ]] où la pensée[[reste ]] engagée.</font></font>
<br><font face="Arial,Helvetica"><font size="-1">C'est ainsi que Maurice
Merleau-Ponty, comme quiconque en cette voie, ne peut faire que de se référer
une fois de plus à l'oeil abstrait que suppose le [[concept ]] cartésien
de l'étendue, avec son corrélatif d'un sujet, module divin
d'une [[perception ]] universelle.</font></font>
<br><font size="-1"><font face="Arial,Helvetica">Faire la critique proprement
phénoménologique de l'esthétique qui </font>résulte
de cette raréfaction de la foi faite à l'oeil n'est pas pour
nous ramener aux vertus de [[connaissance ]] de la contemplation proposée
à l'ascèse du <i>nous </i>par la théorie antique.</font>
<br><font size="-1">Ce n'est point non plus pour nous attarder au problème
des illusions optiques et de [[savoir ]] si</font><font size="-2"> </font><font size="-1">le
bâton rompu par la surface de l'eau dans le bassin, la lune plus
grosse d'aborder l'horizon, nous montrent ou non la réalité
: [[Alain ]] dans son nuage de craie y suffit.</font><br><font size="-1">Disons-le parce que même [[Maurice Merleau-Ponty]]
ne semble pas franchir ce pas : pourquoi ne pas entériner le fait
que la théorie de la perception n'intéresse plus la [[structure]]
de la réalité à quoi la science nous a fait accéder
en physique. Rien de plus contestable, tant dans l'histoire de la science
que dans son produit fini, que ce motif dont il se prend à autoriser
sa recherche qu'issue de la perception, la [[construction ]] scientifique y
devrait toujours revenir. Bien plutôt tout nous montre-t-il que c'est
en refusant les intuitions perçues du pondéral et de l'<i>impetus
la dynamique galiléenne a annexé les cieux à la terre,
mais au prix d'y introduire ce que nous touchons aujourd'hui dans l'expérience
du cosmonaute : un [[corps ]] qui peut s'ouvrir et se fermer sans peser en rien
ni sur rien.</font>
<br><font size="-1">6. La phénoménologie de la perception est
donc bien autre [[chose ]] qu'un codicille à une théorie de laconnaissance dont les débris font l'attirail d'une [[psychologie ]] précaire.</font>
<br><font size="-1">Elle n'est pas plus situable dans la visée, qui
n'habite plus à présent que le logicisme, d'un savoir absolu.</font>
et leur stimulation pour la pensée, sinon la dérision où
elles font paraître les bêtifications séculaires sur
l'[[illusion ]] d'Aristote, voire l'examen clinique moyen de l'ophtalmologiste.</font>
<br><font size="-1">Pour en faire saisir l'intérêt, choisissons
un petit fait dans l'immense trame de covariances de même style qui
360 de l'éclairage violent qui apparaît en manière
de cône blanchâtre pour ce que le supporte un disque, àpeine
[[visible ]] d'être noir et surtout d'être le seul [[objet ]] qui l'arrête.
Il suffit d'y interposer un petit carré de papier blanc pour qu'aussitôt
l'aspect laiteux s'en dissipe et que se détache dé[[tache]] comme distinct d'être
éclairé en son contraste le disque noir.</font>
<br><font size="-1">Mille autres faits sont de [[nature ]] à nous imposer
la question de ce qui règle les mutations souvent saisissantesque
nous observons par l'addition d'un élément nouveau dans l'équilibre
de ces facteurs expérimentalement distingués que sont l'éclairage,
les [[conditions ]] fonds-forme de l'objet, notre savoir à son endroit,
et tiers élément, ici le vif, une pluralité de gradations
que le terme de couleur est insuffisant à désigner, puisqu'outre
à l'artifice de laboratoire. Comme il s'éprouve de ce que
le phénomène visuel de la couleur locale d'un objet n'a rien
à faire avec celui de la plage colorée du [[spectre]].</font>
<br><font size="-1">Qu'il nous suffise d'indiquer dans quelle direction le
philosophe tente d'articuler ces faits, en tant qu'il est fondé
<br><font size="-1">7. Cette direction exigée vers ce qui ordonne
les covariances phénoménalement définies de la perception,
le philosophe de notre temps va la chercher, on le sait, dans la [[notion]]
de la présence, ou pour mieux en traduire littéralement le
terme de l'allemand, de l'Être-là, à quoi il faut ajouter
présence (ou Être-là) -dans-par-à travers-un-corps.
[[Position ]] dite de l'[[existence]], en tant qu'elle essaie de se saisir dans
le moment d'avant la réflexion qui dans son expérience introduit
sa [[distinction ]] décisive d'avec le monde en l'éveillant àla [[conscience]]-de-soi.</font>
<br><font size="-1">Même restituée trop évidemment à
partir de la réflexion redoublée que constitue la recherche
- et dont il faut rendre justice à Maurice Merleau-Ponty de n'y
faire plus, au dernier point, de référence à aucune
<i>[[Gestalt]]
</i>naturaliste
- pour non y opposer, mais y accorder le sujet lui-même.</font>
laiteuse, au second temps n'y est plus que refoulé. Et ce, par le
fait du contraste objectivant du disque noir avec le carré blanc
qui s'opère de l'entrée significative de la [[figure ]] de ce
dernier sur le fonds de l'autre. Mais le sujet qui là s'affirme
en formes éclairées est le rejet de l'<a name="Autre"></a>Autre
<br><font size="-1">Pour tout dire, il nous semble que le « je pense
» auquel on entend réduire la présence,<sub> </sub>ne
cesse pas d'impliquer, à quelque indétermination indé[[termination]] qu'on l'oblige,
tous les pouvoirs de la réflexion par quoi se confondent sujet et
conscience, soit nommément le mirage que l'expérience psychanalytique
met au principe de la [[méconnaissance ]] du sujet et que nous-mêmeavons tenté de cerner dans le [[stade du miroir ]] en l'y résumant.</font>
<br><font size="-1">Quoi qu'il en soit, nous avons revendiqué ailleurs,
nommément sur le sujet de l'[[hallucination ]] verbale <sup><a href="#2">2</a></sup>,
le privilège qui revient <i>au perceptum </i>du signifiant dans
la conversion à opérer du rapport du <i>percipiens </i>au
de l'ouvrage de Maurice Merleau-Ponty sur le corps comme être sexué
<sup><a href="#3">3</a></sup>et
sur le corps comme expression dans la [[parole ]] <sup><a href="#4">4</a></sup></font>.
<br><font size="-1">Le premier ne le cède pas en séduction
à la séduction à quoi l'on avoue y céder de
l'[[analyse ]] existentielle, d'une élégance fabuleuse, àquoi J.-P. [[Sartre ]] se livre de la relation du [[désir ]] <sup><a href="#5">5</a></sup>.De l'engluement de la</font> <font size="-1">conscience dans la [[chair ]] àla quête dans l'autre d'un sujet [[impossible ]] à saisir parce
que le tenir en sa liberté, c'est l'éteindre, de cette levée
pathétique d'un gibier qui se dissipe avec le coup, qui ne le [[traverse]]même pas, du [[plaisir]], ce n'est pas seulement l'accident mais l'issuequi impose à l'auteur son virage, en son redoublement d'[[impasse]],dans un</font><font size="-2"> </font><font size="-1">[[sadisme]], qui n'a plus
d'autre échappatoire que masochiste.</font>
<br><font size="-1">Maurice Merleau-Ponty, pour en inverser le mouvement,
semble en éviter la déviation fatale, en y décrivant
le procès d'une révélation directe du corps au corps.
Elle ne tient à [[vrai ]] dire que de l'évocation d'une [[situation]]
pensée ailleurs comme humiliante, laquelle comme pensée de
la situation supplée au tiers, que l'analyse a montré être
inhérent dans</font><font size="-2"> </font><font size="-1">l'[[inconscient]]
à
la situation amoureuse.</font>
un freudien la</font><font size="-2"> </font><font size="-1">reconstruction
de Sartre. Sa critique nécessiterait une précision, même
pas encore bien reconnue dans la psychanalyse, de la [[fonction ]] du [[fantasme]].Nulle restitution [[imaginaire ]] des effets de la cruauté ne peut ysuppléer, et il n'est pas vrai que la voie vers la [[satisfaction]]
normale du désir se retrouve de l'échec inhérent à
la préparation du supplice <sup><a href="#6">6</a></sup>. Sa description
moins du mythe sadianiste. Car son passage par la réduction du corps
de l'autre à l'obscène se heurte au paradoxe, bien autrement
énigmatique à le [[voir ]] rayonner dans [[Sade]], et combien plus
suggestif dans le registre existentiel, de la beauté comme insensible
à l'outrage <sup><a href="#7">7</a></sup>. L'accès&nbsp;<a name="érotologie"></a>érotologique
pourrait donc être ici meilleur, même hors de toute expérience
de [[l'inconscient]].</font>
<br><font size="-1">Mais il est clair que rien dans la phénoménologie
de l'extrapolation perceptive, si loin qu'on l'articule dans la poussée
obscure ou lucide du corps, ne peut rendre compte ni du privilège
du fétiche dans une expérience séculaire, ni du [[complexe]]de [[castration ]] dans la découverte freudienne. Les deux se conjurent
pourtant pour nous sommer de faire face à la fonction de signifiant
de l'organe toujours signalé comme tel par s<a></a><a></a>on occultation dans
le simulacre [[humain]], - et l'incidence qui résulte du [[phallus ]] encette fonction dans l'accès au désir tant de la [[femme ]] que
de l'homme, pour être maintenant vulgarisée, ne peut pas être
négligée comme déviant ce qu'on peut bien appeler
pour sa position doublement celée dans le fantasme,</font> <font size="-1">soit
de ne s'indiquer que là où il n'agit pas et de n'agir que
de son</font> <font size="-1">[[manque]]. C'est en quoi la psychanalyse doit
faire sa preuve d'un</font> <font size="-1">avancement dans l'accès
au signifiant, et tel qu'il puisse revenir sur sa</font> <font size="-1">phénoménologie
mieux filée, la même</font> <font size="-1">thématique
dont je les entretiens sur la primauté du signifiant dans l'effetde
[[signifier]]. Et je me remémore l'appui que j'ai pu y trouver aux primesvacances
d'après la guerre, quand mûrissait mon embarras d'avoir à
ranimer dans un groupe épars encore une communication jusque-là
le sujet comme rejet de la chaîne</font> <font size="-1">signifiante,
qui du même coup se constitue comme refoulé primordial.</font></ul>
<font size="-1">Dès lors ils ne pourront consentir à la [[double]]
référence à des idéalités,</font> <font size="-1">aussi
bien incompatibles entre elles, par quoi ici la fonction du signifiantconverge
vers la nomination, et son matériel vers un geste où sespécifierait
une [[signification ]] essentielle.</font>
<br><font size="-1">Geste introuvable, et dont celui qui porte ici sa parole
à a dignité de</font> <font size="-1">paradigme de son discours,
son audience. Ne savait-il pas au reste qu'il n'est qu'un geste, connu
depuis saint Augustin, qui réponde à la nomination : celui
de l'[[index ]] qui</font> <font size="-1">montre, mais qu'à lui seul ce
geste ne suffit pas même à désigner ce</font> <font size="-1">qu'on
nomme dans l'objet indiqué.</font>
<br><font size="-1">Et si c'était <i>la geste</i> que je voudrais
mimer, du rejet par exemple, pour</font> <font size="-1">y inaugurer le signifiant
: jeter, n'implique-t-elle pas déjà l'[[essence ]] vraie</font><br><font size="-1">du signifiant dans la [[syntaxe ]] instaurant en série
les objets à soumettre au</font> <font size="-1">jeu du jet.Car au-delà
de ce jeu, ce qu'articule, oui, seulement là mon geste,</font>
<br><font size="-1">De tels effets sont, je l'enseigne, les effets de l'inconscient,
y trouvant après coup, de la rigueur qui en revient sur la structure
du [[langage]], confirmation du bien-fondé de les en avoir extraits.</font>
<br><font size="-1">10. Ici mon hommage retrouve l'article sur <i>l'Oeil
et l'esprit</i>, qui, d'interroger la peinture, ramène la vraie
discernés plutôt que la science) n'exclut pas du tout leur
fonction de vérité, dès lors que la réalité,
celle des tables de la science, n'a plus [[besoin ]] de s'assurer des météores.</font>
<br><font size="-1">C'est en quoi la fin d'illusion que se propose le plus
artificieux des [[arts]], n'a pas à être répudiée,
même dans ses œuvres dites abstraites, au nom du malentendu que l'éthique
de l'antiquité a nourri sous cette imputation, de l'idéalité
d'essentiel à portée de se mieux résoudre.</font>
<br><font size="-1">Et là encore de la nature du signifiant, - puisque
aussi bien il faut prendre [[acte ]] de ce que, s'il y a progrès dans
la recherche de Maurice Merleau-Ponty, la peinture intervient déjà
dans la phénoménologie de la perception, entendons dans l'ouvrage,
intéresser le champ du désir que le terrain de l'art prenne
ici cet effet. Sauf à ne pas entendre, comme c'est le cas le plus
ordinairement des psychanalystes eux-mêmes, ce que [[Freud ]] articulede la présence maintenue du désir dans la [[sublimation]].</font>
<br><font size="-1">Comment s'égaler à la pesée subtile
qui se poursuit ici d'un éros de l'oeil, d'une corporalité
de la lumière où ne s'évoquent plus que nostalgiquement
leur théologique primauté ?</font>
<br><font size="-1">Pour l'organe, de son [[glissement ]] presque imperceptible
du sujet vers l'objet, faut-il pour rendre compte s'armer de l'insolence
d'une bonne nouvelle qui, de ses paraboles déclarant les forger
expressément pour qu'elles ne soient point entendues, nous traverse
de cette vérité pourtant à prendre au pied de la [[lettre]]
que l'oeil est fait pour ne point voir ?</font>
<br><font size="-1">Avons-nous besoin du robot achevé de l'Eve [[future]],
pour voir le désir pâlir à son aspect non de ce qu'elle
soit aveugle, comme on le croit, mais de ce qu'elle ne puisse pas ne pas
c'est la place de ce qui ne saurait se voir : encore faudrait-il le nommer.</font>
<br><font size="-1">Quant à la lumière, nous souvenant du [[trait]]
délicat dont Maurice Merleau-Ponty en modèle le phénomène
en nous disant qu'elle nous <i>conduit </i>vers l'objet éclairé
</i>intolérable
à qui le sort me force à rendre la cariatide d'un mortel,
[[barre ]] mon propos, fût brisé.</font>
<center><font size="-1">Les Temps Modernes - 1961</font>
<br><font size="-1">(numéro spécial sur Maurice Merleau-Ponty)</font></center>
<p><br><a name="1"></a><font size="-1">1. <i>Phénoménologie
de la perception,&nbsp; </i>in-8, 531 pages. Gaillard, 1945.</font>
<br><a name="2"></a><font size="-1">2. In <i>[[La Psychanalyse]]. </i>vol. 4,
pp.1-5 et<b> </b>la suite. P.U.F.</font>
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